Articles du Vendredi : Sélection du 22 novembre 2013 !

Climat : les promesses de Copenhague ne sont pas tenues

Laurence Caramel
www.lemonde.fr/planete/article/2013/11/20/climat-les-promesses-de-copenhague-ne-sont-pas-tenues_3517192_3244.html

Catastrophes climatiques : non au fatalisme

Editorial du « Monde »
www.lemonde.fr/a-la-une/article/2013/11/14/catastrophes-climatiques-non-au-fatalisme_3513886_3208.html

Pascal Canfin: l’organisateur de l’événement «structurant du quinquennat»

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/pascal-canfin-l-organisateur-de-l-evenement-structurant-du-quinquennat,39367?xtor=EPR-9

Les ONG claquent la porte de la conférence sur le climat à Varsovie

AFP
www.lemonde.fr/europe/article/2013/11/21/les-ong-claquent-la-porte-de-la-laborieuse-conference-de-varsovie_3518364_3214.html

Le changement, c’est pour quand ? Oui à la pollutaxe !

Peio Dufau et Jerome Teillary (Délégués CGT au Fret SNCF Bayonne et Hendaye), Nicole Etchegoyhen et Txetx Etcheverry (Membres de la Coordination du mouvement Urgence Climatique Justice Sociale Bizi !)

Pourquoi il faut lutter contre l’acidification des océans

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/pourquoi-il-faut-lutter-contre-l-acidification-des-oceans,39228?xtor=EPR-9

Ces agriculteurs et ingénieurs qui veulent libérer les machines (Révolution «open source»)

Agnès Rousseaux
www.bastamag.net/article3450.html

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Climat : les promesses de Copenhague ne sont pas tenues

Laurence Caramel
www.lemonde.fr/planete/article/2013/11/20/climat-les-promesses-de-copenhague-ne-sont-pas-tenues_3517192_3244.html

Les pays pollueurs ne tiennent pas leurs engagements de réduction d’émissions de CO2 pris en 2009 lors du sommet des Nations unies sur le climat à Copenhague. Les politiques actuelles déployées par les vingt-quatre plus gros pays pollueurs conduisent à un réchauffement de 3,7°C d’ici à 2100, selon le bilan publié mercredi 20 novembre par Climate Action Tracker, à Varsovie en marge de la 19e conférence de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
Ce chiffre est très loin du seuil de 2°C que ce sont fixés les gouvernements dans le cadre des négociations climatiques mais il s’éloigne aussi des engagements pris à Copenhague. Bien qu’insuffisants, ils devaient contenir le réchauffement à 3,1°C. « Il y a un risque sérieux de spirale vers le bas. Certains gouvernements renient complètement leurs engagements. D’autres ne retiennent plus que la fourchette basse des objectifs qu’ils s’étaient fixés », s’est inquiété Niklas Höhne, un des porte-parole de ce réseau d’instituts scientifiques spécialisé dans l’évaluation des politiques climatiques.

FUKUSHIMA ET TAXATION CARBONE

Les deux exemples les plus frappants sont le Japon et l’Australie. Le premier a annoncé que ses émissions de CO2 augmenteraient de 3,8 % d’ici à 2020 après avoir promis de les réduire de 25 %. « L’accident de Fukushima ne peut justifier ce changement. Nous avons calculé que remplacer toutes les centrales nucléaires par des centrales à charbon, n’expliquerait qu’un tiers de ce nouvel objectif », a expliqué M. Höhne.

L’Australie, en abandonnant son système de taxation du carbone, ne sera pas non plus en mesure, selon Climate Action Tracker de tenir ses engagements.

L’UNION EUROPEENNE SUR LA BONNE TRAJECTOIRE

En dépit des signaux positifs envoyés ces derniers mois par la Chine et les Etats-Unis, l’évaluation publiée mercredi montrent cependant que les deux plus gros pollueurs de la planète devront faire davantage pour respecter leurs objectifs. Les Etats-Unis ont promis de réduire leurs émissions de 17 % par rapport à 2005 et la Chine de réduire le contenu en carbone de sa croissance de 40 à 45 % d’ici à 2020.

L’Union européenne se trouve sur la bonne trajectoire pour atteindre la réduction de 20% de ses émissions d’ici à 2020 mais ajoute Carbon Action Tracker, elle ne pourra se contenter des politiques actuelles et devra faire des efforts importants si elle veut parvenir à réduire de 80 % ses émissions d’ici à 2050. L’Inde, le Brésil et la Norvège font également partie des rares pays à être classés parmi les bons élèves.

Catastrophes climatiques : non au fatalisme

Editorial du « Monde »
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Combien faudra-t-il encore de catastrophes climatiques pour que la lutte contre le réchauffement devienne une véritable priorité ? Les Etats sont réunis jusqu’au 23 novembre à Varsovie pour la conférence annuelle de la convention climat des Nations unies. Ils sont censés ouvrir la voie à un accord qu’ils se sont engagés à signer en 2015 à Paris. Mais encore une fois, rien n’est acquis, tant les divisions restent importantes entre les grands pollueurs.
Les négociateurs ont tous fait part de leur émotion après le passage du typhon Haiyan, qui vient de dévaster le centre des Philippines. Tout comme un an plus tôt, ils avaient exprimé leur compassion pour les victimes du cyclone Bopha, qui avait déjà ravagé l’archipel asiatique.

Dans les capitales, la machine humanitaire s’est mise en branle pour venir au secours des rescapés, et donner ainsi le spectacle d’une solidarité réconfortante. Mais cette générosité de court terme ne peut plus suffire. Tout comme les larmes de crocodile versées par des responsables politiques qui sont aussi les premiers à ne pas assumer des politiques courageuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les scientifiques s’attendent à des événements extrêmes de plus en plus en intenses. Même s’ils ne peuvent pas aujourd’hui faire le lien direct entre changement climatique et un cyclone en particulier, le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, Michel Jarraud, expliquait le 13 novembre que « l’élévation du niveau de la mer rendait déjà les populations côtières plus vulnérables aux tempêtes, ce qui a eu des conséquences tragiques dans le cas des Philippines ».

Il n’y a pas que les Philippines. Il y a tout juste un an, Manhattan, à New York, était sous 4 mètres d’eau, après l’ouragan Sandy, et les Etats-Unis sortaient alors tout juste de leur pire sécheresse en plus de soixante ans… Dans les mégalopoles chinoises, l’air est devenu irrespirable. L’Europe nous semble pour l’heure relativement préservée. Mais cela n’aura qu’un temps : à l’été 2012, l’Europe centrale endurait déjà ses pires inondations depuis probablement cinq siècles.

Pour insurmontable qu’il semble, le problème du changement climatique n’est pas insoluble a priori. Dans son dernier livre, The Climate Casino, l’économiste américain William Nordhaus – qui fut le mentor du Prix Nobel d’économie Paul Krugman – propose la mise en place immédiate d’une taxe sur le carbone qui serait vouée à croître continûment, jusqu’à doubler en 2030. L’objectif est avant tout de faire du charbon – la source d’énergie la plus polluante et toujours l’une des plus utilisées dans le monde – une ressource trop coûteuse pour être exploitée. Une part du chemin serait ainsi faite.

A l’heure où la pourtant timide écotaxe met la Bretagne en révolte, on mesure toute la difficulté à instaurer ce genre de contraintes. Mais ne pas le faire conduira, à l’évidence, à des situations plus ingérables encore.

Pascal Canfin: l’organisateur de l’événement «structurant du quinquennat»

Valéry Laramée de Tannenberg
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A quelques heures de son départ pour Varsovie, le ministre chargé du développement recevait les membres de l’Association des journalistes de l’environnement (AJE). L’occasion de revenir sur la conférence climatique qui se tient dans la capitale polonaise depuis 10 jours. L’occasion, aussi, de faire le point sur la préparation du sommet de Paris, au cours duquel un nouvel accord sur le climat pourrait être conclu, en décembre 2015.

Le passé lance parfois des clins d’œil au présent. Les services du ministère chargé du développement sont logés dans l’ancienne imprimerie nationale. Et le ministre est un ancien journaliste. Presque quarantenaire, Pascal Canfin gravit sans bruit les échelons gouvernementaux. Il y a quelques mois, un hebdomadaire lui décernait les lauriers de ministre de l’inutile. Aujourd’hui, l’ex-député européen assure la préparation de la 21e conférence des parties à la convention climat de l’ONU: le sommet climatique de Paris qui devra accoucher, en décembre 2015, d’un nouvel accord mondial de protection du climat. C’est du moins l’objectif fixé. En attendant de célébrer cet «élément structurant du quinquennat», le second ministre écolo fourbit ses armes… diplomatiques.

En arrivant rue de la Convention, Pascal Canfin s’est livré à une minutieuse analyse de la conférence de Copenhague, source de tant de désillusions. Et en a tiré quelques enseignements. «D’abord, nous préparons cette conférence très en amont, souligne-t-il. En collaboration étroite avec les ministères des affaires étrangères et de l’environnement, nous avons commencé le travail il y a déjà un an.»

Un message abondamment relayé par les 151 ambassades de France et les nombreux forums où agissent diplomates et experts tricolores (OCDE, G20, Banque mondiale, etc.). Paris n’est pas encore officiellement chargé de l’organisation du sommet de 2015 (qui aura lieu sur les pistes de l’aéroport du Bourget) que déjà la planète voit les Français s’activer.

La conférence des solutions

Sous quelque latitude que ce soit, leur mot d’ordre est désormais: organiser la «conférence des solutions». En jargon du Quai d’Orsay, on parle plutôt d’«agenda positif». Qu’importe, le concept est le même. Après plus de deux décennies de négociations au cours desquelles on a cherché à imposer des objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre aux pays riches comme aux pauvres, force est de reconnaître l’inefficacité du procédé. «Si l’on dit que le changement climatique est un fardeau et que chacun doit en porter sa part, il y aura toujours 1 Etat parmi les 193 à ne pas vouloir signer», résume Pascal Canfin.

D’où l’idée de partir des problèmes structurants des pays émergents et en développement pour les inciter à négocier réellement plutôt que de se figer dans des postures stériles. «Lorsque l’on discute avec les dirigeants indiens, on peut regarder nos émissions respectives per capita et se les renvoyer sans fin. Alors que si on leur parle des meilleurs moyens de réduire la fracture énergétique qui frappe 500 millions d’Indiens, on peut tout à la fois travailler sur un problème majeur pour l’Inde et faire avancer la négociation climatique», explique l’ancien rédacteur d’Alternatives économiques. La même démarche devra s’appliquer aux pays riches trop carbonés pour s’engager à alléger significativement leur empreinte carbone. «Prenez un ministre polonais, secouez-le dans tous les sens, il refusera toujours de souscrire à l’engagement de réduire de 40% les émissions de son pays d’ici 2030. Il faudra lui proposer des solutions qui permettent à la Pologne de sécuriser son approvisionnement énergétique, tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis du gaz russe et ses rejets de GES.»

Les diplomates listent donc sans relâche les sujets sensibles des parties à la négociation, les compromis qu’il faudra peut-être faire, les coalitions à constituer ou à torpiller. La NSA n’a qu’à bien se tenir.

Pas trop de têtes couronnées

Plus sérieusement, l’audit de Copenhague conduit les Français à vouloir limiter un certain bonapartisme diplomatique. Plus question, par exemple, d’attendre des chefs d’état et de gouvernement la résolution à tous les problèmes dans les deux derniers jours du dernier sommet, comme l’avait fait Connie Hedegaard, ex-ministre danoise du climat et ordonnatrice du sommet de Copenhague de 2009.

D’où l’organisation, en septembre prochain, d’un sommet des têtes couronnées, en marge de l’assemblée générale des Nations unies. Une réunion qui devrait permettre, espère-t-on à Paris, de liquider bien en amont bon nombre de sujets qui fâchent.

Ne pas payer trois fois

Parmi eux: la délicatissime question du financement. Nombre de pays du Sud veulent faire payer ceux du Nord pour les aider à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, à s’adapter aux changements climatiques et à les dédommager pour les «pertes et dommages» occasionnés par les conséquences du réchauffement (baisse de rendement des cultures, par exemple).

«Il n’est pas possible de nous faire payer trois fois, se défend Pascal Canfin. Surtout qu’avec les pertes et dommages, nous atteignons des montants financiers qui sont hors du réel.» En lieu et place, Paris propose de verdir une bonne partie de son aide publique au développement (APD). Ce qui ne passe pas forcément (on entend déjà les critiques) par un fort accroissement de son APD.

Certes, un projet de loi d’orientation et de programmation du développement et de la solidarité internationale (présenté début décembre en conseil des ministres) affectera au développement jusqu’à 15% du montant de la taxe sur les transactions financières. De même, la taxe sur les billets d’avion sera revalorisée. Mais le plus important n’est pas là.

Suivant les directives de la Banque mondiale, l’Agence française du développement (AFD) ne financera plus les centrales au charbon. Pas moins de 6 milliards d’euros seront ainsi réorientés vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, ces trois prochaines années. Dans la même veine, le bras financier de l’APD tricolore s’interdit désormais de financer des projets impliquant la destruction de forêts primaire, petits puits de carbone.

A la question de savoir s’il croit en ses chances de réussir en 2015, le nordiste répond qu’il faut essayer. Et ce ne sera pas simple, tant la géopolitique est à géométrie variable. Il y a quelques mois encore, le Japon et l’Australie étaient deux puissances pro-actives dans les négociations. Désormais, «le gouvernement australien est climato-sceptique». Et Tokyo ne propose plus que de limiter à 3% ses émissions en 2020, quand elle prévoyait précédemment de les réduire de 25%. L’Union européenne, elle, doit encore accoucher d’une vision commune. Ce sera en mars, lors du prochain Conseil européen.

Les ONG claquent la porte de la conférence sur le climat à Varsovie

AFP
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Les grandes organisations non gouvernementales environnementales ont claqué la porte de la Conférence internationale sur le climat à Varsovie, jeudi 21 novembre. Un coup d’éclat sans précédent pour dénoncer des pourparlers, censés poser les fondations du grand accord de 2015 mais qui ne « débouchent sur rien ».
« Les organisations et mouvements représentant la société civile aux quatre coins du monde ont décidé de faire un meilleur usage de leur temps en se retirant des pourparlers de Varsovie », ont expliqué Greenpeace, Oxfam, WWF, les Amis de la Terre Europe, la Confédération internationale des syndicats, et ActionAid International.

A la veille de la clôture officielle de la conférence, qui s’est ouverte le 11 novembre en présence de délégations de plus de 190 pays, ce geste des ONG, qui sont des acteurs à part entière de ces grands-messes du climat, renforçait encore le pessimisme ambiant.

UN ACCORD AMBITIEUX MENACÉ

Après une nouvelle nuit de pourparlers dans le grand stade de Varsovie, la commissaire européenne au climat, Connie Hedegaard, a regretté jeudi matin que « les négociations n’avancent pas ».« Nous ne pouvons pas nous offrir de faire marche arrière par rapport à Durban, il faut avancer », a-t-elle averti, faisant allusion à la conférence de l’ONU en 2011 lors de laquelle la communauté internationale s’était donnée pour objectif de sceller un accord en 2015 à Paris.

Cet accord, qui doit entrer en vigueur en 2020, se veut le plus ambitieux jamais obtenu sur le changement climatique : universel, légalement contraignant, il devrait réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Pour l’heure, les émissions sont à la hausse et mettent le monde sur la trajectoire d’un réchauffement de près de 4°C.

PAYS ÉMERGENTS CONTRE PAYS INDUSTRIALISÉS

Les grands pays émergents ne cessent d’insister sur le fait que les pays industrialisés, responsables historiquement du réchauffement, doivent en faire beaucoup plus qu’eux, et mettent aussi en avant leur « droit au développement ».

Cette position est fermement rejetée par les Etats-Unis, deuxième pollueur au monde, qui refusent que la Chine, premier pollueur au monde, bénéficie d’un traitement de faveur. « Nous devons laisser l’idéologie à la porte », a lancé jeudi le négociateur en chef américain, Todd Stern.

Un accord basé sur cette ligne de partage entre pays développés et en développement « ne fonctionnera pas », a-t-il déclaré.

Le changement, c’est pour quand ? Oui à la pollutaxe !

Peio Dufau et Jerome Teillary (Délégués CGT au Fret SNCF Bayonne et Hendaye), Nicole Etchegoyhen et Txetx Etcheverry (Membres de la Coordination du mouvement Urgence Climatique Justice Sociale Bizi !)

En suspendant l’écotaxe, le gouvernement a une nouvelle fois cédé aux exigences des lobbys industriels et routiers qui sont pourtant les premiers responsables de la crise sociale et écologique actuelle. En effet, cette suspension fait suite à l’autorisation de circulation des poids lourds à 44 tonnes accordée en compensation anticipée à l’écotaxe !

Cette écotaxe (ou plutôt cette pollutaxe) est pourtant plus nécessaire que jamais, en effet :

– C’est une mesure écologique. Le transport routier est responsable de 25 % des émissions des gaz à effet de serre, principales causes du dérèglement climatique en cours. Une telle mesure permettrait de favoriser le report modal vers des moyens de transports moins polluants (ferroviaire, fluvial) en faisant payer aux transports routiers une partie des coûts externes actuellement supportés par la collectivité (l’usure des routes entretenues par les Conseils Généraux, les coûts engendrés par les accidents et la pollution),

– C’est une mesure sociale. Accroître le coût du transport routier aiderait à relocaliser une partie de la production et à diminuer ainsi l’hémorragie d’emplois dont nous souffrons aujourd’hui (exemple des porcs bretons élevés en Bretagne puis transportés vivants jusqu’en Allemagne pour y être abattus et transformés). La pollutaxe doit en outre permettre de créer des emplois de proximité et non délocalisables dans les alternatives au transport routier.

– C’est une mesure de bon sens. Avec la raréfaction du pétrole, le prix du transport routier ne cessera pas d’augmenter. Il faut dès à présent inciter à financer les alternatives au fret routier et à diminuer les transports inutiles ou indécents (exemple des crevettes pêchées au Danemark, décortiquées au Maroc puis revenant au Danemark pour y être préparées).

La pollutaxe doit être appliquée le plus vite possible, en corrigeant ses défauts les plus criants. Par exemple l’éxonération du transport sur autoroutes payantes qui exempte de fait les transports longue distance. Ou encore le partenariat public privé permettant la levée de la taxe par un consortium privé qui empocherait ainsi 20 % des rentrées attendues.

Les recettes de cette pollutaxe doivent être intégralement affectées à l’entretien des infrastructures existantes et au financement d’une politique de transition écologique dans le domaine des transports. Les modes alternatifs au routier représentent aujourd’hui seulement 11% du trafic de marchandises en France contre 30 % en Allemagne. Sur la côte basque, le fret SNCF employait 320 cheminots en 2004 et n’en compte plus que 120 en 2013. Et la direction compte poursuivre les suppressions de postes !

Aujourd’hui, seuls les lobbies productivistes parviennent à se faire entendre dans ce dossier et risquent de gagner la bataille, si nous ne faisons rien. Ce serait là une très mauvaise nouvelle, tant pour l’emploi que pour l’environnement.

Il est temps que les partisans d’une transition sociale et écologique donnions à notre tour de la voix et défendions l’intérêt de l’ensemble de la population, et l’avenir de nos enfants que l’immobilisme actuel compromet gravement.

Le changement, c’est pour quand ?

Pourquoi il faut lutter contre l’acidification des océans

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/pourquoi-il-faut-lutter-contre-l-acidification-des-oceans,39228?xtor=EPR-9

En plus de mettre à mal la biodiversité marine, l’acidification des océans devrait contribuer au réchauffement climatique.

Les politiques n’ont pas le temps. C’est connu. Aussi, pour se faire entendre d’eux, les experts usent-ils de nombreux artifices. Pour dénoncer les insuffisances des éditeurs de revues scientifiques, le physicien Alan Sokal proposa à la publication un article-canular. Ce texte fut publié, sans hésitation, par la rédaction de Social Text, en 1996.

Depuis 1990, les rédacteurs des rapports du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) produisent deux types de littérature. D’un côté, de volumineux rapports dont le nombre de lecteurs assidus est probablement inversement proportionnel au nombre de pages. De l’autre, des résumés qui, en quelques pages, synthétisent pour les décideurs l’état de la connaissance dans les nombreuses disciplines formant la climatologie.

C’est souvent sur la base de ce résumé que les médias du monde entier établissent le bilan de santé de notre climat.

540 experts

Les océanographes ont choisi d’utiliser, eux aussi, ce mode de médiatisation de leurs travaux. Lundi 18 novembre sera donc présenté, dans le cadre du sommet climatique de Varsovie, le summary for policymakers de l’acidification des océans. Cet opus synthétise les actes d’un séminaire durant lequel 540 experts du monde entier ont établi, en septembre 2012, l’état de santé des océans.

Déjà disponible en ligne, la brochure détaille, de façon fort compréhensive, les phénomènes en cours et leurs conséquences, tant environnementales qu’économiques. En accroissant de 40% la concentration dans l’atmosphère de gaz carbonique, l’humanité a aussi augmenté de près de 30% l’acidité de l’océan, en moins de deux siècles. Un rythme inédit depuis 300 millions d’années, soulignent les rédacteurs.

Menaces sur le phytoplancton

Les effets de la diminution du pH ont moult conséquences. Ecologiques, tout d’abord. Dans certaines régions de l’océan austral, l’eau de mer commence à corroder la carapace de certaines espèces d’escargot de mer. Alors que certaines variétés de phytoplancton semblent tolérer la vie dans une eau plus acide, d’autres ne la goûtent guère. Problème: cette microflore marine, et premier maillon de la chaîne trophique, joue un rôle non négligeable (via la photosynthèse) dans le transfert du CO2 atmosphérique vers les abysses.

Déjà fragilisés par la pêche, la plaisance, les rejets de phytosanitaires et le réchauffement de l’eau de mer, les coraux pourraient voir leur croissance très ralentie par un environnement acidifié. Or les récifs coralliens ne sont pas qu’un lieu de promenade subaquatique. Ils sont aussi une formidable nurserie pour nombre d’espèces, commercialisables ou non.

Et puisqu’il est question de commerce, les scientifiques utilisent un langage compris de tous: l’argent. Ils rappellent notamment que le chiffre d’affaires annuel des producteurs de mollusques (moules, huîtres), d’échinodermes (oursins), de crustacés (crevettes, crabes) et de poissons flirte avec les 130 milliards de dollars (96,5 Md€). Ils rappellent aussi que la disparition de certaines espèces perturberait la chaîne alimentaire, dont nous sommes l’ultime maillon.

En protégeant le littoral et la faune côtière de la houle, en attirant les touristes et les pêcheurs, les récifs coralliens fournissent des services évalués entre 30 et 375 Md$ (entre 22 et 278 Md€) par an.

Les participants au colloque de Monterey rappellent aussi que l’acidification s’ajoute à d’autres périls qui menacent l’intégrité écologique des océans: réchauffement, baisse de la concentration en oxygène, accroissement de l’exposition aux rayons UV solaires (résultant du mitage de la couche d’ozone), surpêche, pollutions diverses et eutrophisation.

Sans compter qu’un océan réchauffé et acide absorbe moins facilement le dioxyde de carbone atmosphérique. Or mers et océans engloutissent, chaque année, le quart du CO2 que nous émettons. Contribuant ainsi à ralentir la montée du mercure du thermomètre global.

En résumé du résumé, si nous ne ralentissons pas l’acidification des océans, nous contribuerons à accélérer le réchauffement climatique.

Ces agriculteurs et ingénieurs qui veulent libérer les machines (Révolution «open source»)

Agnès Rousseaux
www.bastamag.net/article3450.html

Ils fabriquent des machines libres de droits, sans brevet. Des engins à construire soi-même, sorte de meccano géant, écologique et à moindre coût. Pour bâtir des maisons, produire de l’énergie, faire cuire des aliments, extraire des matériaux ou cultiver la terre. De quoi construire un village. Ou une civilisation. Leur objectif : éditer plans et modes d’emploi, construire des prototypes, expérimenter, partager et diffuser à tous, pour faire vivre cette révolution industrielle d’un nouveau genre. Des États-Unis à l’Isère, bienvenue dans l’univers des pionniers de « l’écologie open source ».

Et si on créait une civilisation en « open source » ? Un monde sans brevets. Des objets, des appareils, des machines, reproductibles à l’infini par tous ceux qui le souhaitent, grâce à la diffusion « libre » de leurs plans. C’est ce que propose Marcin Jakubowski : ce jeune diplômé de physique nucléaire, habitant du Missouri (États-Unis), devenu agriculteur-bricoleur, cherche à constituer et diffuser un kit de 50 machines industrielles – tracteur, bulldozer, moissonneuse-batteuse, four, éolienne, moteur hydraulique, bétonnière ou machine à compacter des briques de terre – pour bâtir, en toute autonomie, l’infrastructure d’un village. Ou les bases d’une civilisation !

Le principe est simple : il s’agit de fabriquer artisanalement des machines industrielles, à très bas coût (en moyenne 8 fois moins que celles fabriquées industriellement), et d’expliquer à ceux qui le souhaitent comment les reproduire eux-mêmes. Un guide de construction, le « Global Village Construction Set » offre le mode d’emploi de ces innovations. Sur une ferme de 12 hectares dans le Missouri, Marcin Jakubowski et son équipe travaillent à la construction de prototypes, et sur la documentation pour diffuser ces innovations. Avec un mode de fabrication assisté par ordinateur et des imprimantes 3D, « les produits peuvent être conçus comme des Legos », explique Marcin Jakubowski. L’objectif est de penser des outils modulables et adaptables, les plus simples possibles pour pouvoir être reproduits facilement. Une sorte de meccano à taille humaine, permettant de construire des maisons (grâce aux machines fabriquant des briques de terre), de créer un système économique et agricole diversifié, des machines pour répondre aux besoins de base, et même offrir tout le confort moderne possible.(… voir sur le site… )

Ce type de projet essaime, notamment aux États-Unis. Près de Denver, d’anciens associés de Marcin Jakubowski ont créé Open Tech Forever, sur un site agricole en permaculture. Leur objectif est de créer une « fabrique open source », sorte de manufacture pour ceux qui veulent créer des outils. Ce qui les anime ? Relocaliser la production. Car c’est « l’une des étapes les plus importantes pour préparer aux effets déstabilisateurs du changement climatique, et pour rendre les communautés locales capables de construire des systèmes économiques résilients et autonomes », expliquent les fondateurs.

Appropriation technologique et révolution du travail

En développant la capacité des communautés locales à créer des machines avec lesquelles il sera possible de fabriquer des produits, la démarche favorise également le recyclage. « Pour le moment, nous achetons les matériaux en magasin. Mais dans le kit de construction, il y a un four à induction et les procédures de roulage à chaud du métal. Donc vous pouvez prendre de l’acier de récupération, le fondre et en sortir de l’acier neuf, explique Marcin Jakubowski. Ce qui fait que chaque décharge de métal est par essence un endroit où l’on peut reconstruire une civilisation. »

Ces démarches s’inscrivent dans l’histoire du « mouvement des technologies appropriées », né dans les années 1960, lié à la contre-culture américaine, et conceptualisé par l’économiste britannique Ernst Friedrich Schumacher. Ce mouvement revendique une technologie soucieuse de l’environnement, mieux adaptée aux ressources locales, moins coûteuse. Et surtout facilitant l’appropriation : les outils créés, quel que soit leur degré de complexité, devraient pouvoir être compris, contrôlés et entretenus facilement par les populations locales. Une technologie issue de la demande sociale, en quelque sorte, que l’usager peut contribuer à améliorer, et qui permet aux communautés, notamment dans les pays les moins développés économiquement, d’accroître leur autonomie. Dans cette tradition vient aussi s’inscrire le mouvement de l’open source hardware (« matériel open source »), parallèle du mouvement des logiciels libres (« software ») en ce qui concerne les matériaux « en dur ». Comme avec les logiciels, la conception de l’objet, ses plans, son mode d’emploi sont libres, pour que chaque utilisateur puisse étudier, modifier, diffuser, fabriquer, et vendre la conception de cet objet ou le matériel basé sur cette conception.

Derrière ces nouvelles façons de produire et d’échanger, se dessine aussi pour les promoteurs de l’Open source ecology une révolution du travail et des sociétés. « Pour le moment, nous commençons avec des infrastructures simples. Viendra ensuite l’éducation, la santé, un système financier, une gouvernance. Le matériel médical sera probablement le plus dur à obtenir, s’enthousiasme Marcin Jakubowski. Notre but est de montrer qu’avec 12 hectares et 30 personnes, on peut créer ou recréer un standard de vie moderne saine, jusqu’à avoir des semi-conducteurs (utilisés pour les transistors et micro-processeurs) et du métal, le tout à partir des ressources du site. » Et qu’il est possible de créer une société relativement abondante, avec les bases du confort moderne, dans laquelle les gens travailleraient moins de deux heures par jour… Utopie ? Quoi qu’il en soit, la révolution de l’open source ecology est en marche.