Articles du Vendredi : Sélection du 22 mars 2024

Les émissions de gaz à effet de serre ont reculé de 4,8 % en 2023 en France, soit le double de 2022
Audrey Garric
www.lemonde.fr/planete/article/2024/03/21/climat-les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-ont-recule-de-4-8-en-2023-en-france-le-double-de-2022

Pour la première fois, la baisse est commune à tous les secteurs, pour des raisons tant structurelles, notamment les progrès de la rénovation énergétique et des véhicules électriques, que conjoncturelles, comme les prix de l’énergie ou la météo.

« Je ne crie pas du tout cocorico », minimise Christophe Béchu. Sur le plateau de TF1, mercredi 20 mars, le ministre de la transition écologique peine toutefois à cacher sa satisfaction en annonçant une année « historiquement bonne » sur le front de la lutte contre le dérèglement climatique en France.

Les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 4,8 % en 2023 par rapport à 2022, selon des chiffres provisoires publiés, jeudi, par le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), l’organisme mandaté pour réaliser cet inventaire. Il s’agit de la plus forte diminution depuis 2015 et presque le double de 2022 (– 2,7 %).

Au total, les activités sur le territoire français ont émis 385 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2e) en 2023 – hors importations et hors puits de carbone. C’est moins qu’en 2020, lorsque la pandémie de Covid-19 et les confinements avaient entraîné une chute des émissions, à 392 Mt CO2e. Les rejets carbonés ont été réduits de 29 % depuis 1990.

Pour la première fois, la baisse est commune à tous les secteurs. Elle est la plus marquée dans la production d’énergie (– 14 %), en raison d’une forte production nucléaire mais aussi, « dans une moindre mesure », d’hydraulique, d’éolien et de solaire, précise le Citepa. Il s’agit donc avant tout de la fin d’une situation inédite, qui avait vu, en 2022, l’arrêt d’une grande partie des réacteurs pour des problèmes de maintenance et de corrosion, générant un recours plus important aux centrales à gaz et au charbon.

Les émissions ont également diminué de 8 % dans l’industrie, sous l’effet d’un recul de la production industrielle, notamment dans le ciment, la chimie et la sidérurgie. « De plus, la consommation de gaz naturel a chuté de 19 % dans la grande industrie, et le secteur industriel poursuit ses efforts de décarbonation », ajoute le Citepa.

Sobriété des ménages et des entreprises

Les bâtiments tirent également les chiffres à la baisse (– 6 %). Parmi les raisons de cette bonne performance, l’organisme cite les comportements de sobriété des ménages et des entreprises, la poursuite des rénovations énergétiques « en lien avec les mesures MaPrimeRenov’ et l’installation de pompes à chaleur », des mois de janvier et décembre 2023 plus doux que ceux de 2022, qui ont réduit le recours au chauffage, ainsi qu’un contexte inflationniste et de hausse des prix de l’énergie.

La vraie nouveauté réside dans le secteur des transports – le plus polluant, avec 32 % des émissions nationales –, dont les rejets carbonés n’ont cessé de stagner ou d’augmenter depuis une décennie. En 2023, ils ont enregistré une baisse de 3 %, soit le niveau le plus bas depuis 2009 en dehors du Covid-19. Plusieurs effets se sont combinés : des hausses ponctuelles du prix à la pompe, une baisse des ventes des véhicules diesel compensée par une progression de ceux dotés d’une motorisation électrique ou hybride et une « évolution des comportements (sobriété, report modal, covoiturage notamment) », détaille le Citepa. Seul point noir, le secteur aérien voit ses émissions s’envoler, avec une hausse de 21 % pour les vols domestiques et de 27 % pour ceux internationaux.

Enfin, les émissions des secteurs de l’agriculture et des déchets, dont les données ne seront disponibles qu’en juin, « devraient continuer à baisser, notamment du fait de la diminution des cheptels », annonce Colas Robert, ingénieur au Citepa.

Grâce à ces bons résultats, la France est « dans les clous » de la stratégie nationale bas carbone, la feuille de route climatique du pays, observe l’expert. Elle devrait tenir son budget carbone pour la période 2019-2023, c’est-à-dire le plafond d’émissions qu’elle s’est engagée à ne pas dépasser. Le gouvernement avait toutefois relevé ce seuil – après l’échec à respecter ses objectifs pour la période précédente (2015-2018) –, reportant une partie de l’action à plus tard.

« Pas le moment de baisser la garde »

Ces progrès sont-ils conjoncturels ou structurels ? Une fois de plus, le gouvernement et les ONG se divisent sur cette question cruciale. « Structurellement, c’est la preuve que la planification écologique, les mesures qui sont engagées, commencent à produire des effets », assure Christophe Béchu. Cyrielle Denhartigh, la coordinatrice des programmes de Réseau Action Climat (RAC), qui fédère une quarantaine d’organisations, voit au contraire « majoritairement des effets conjoncturels, malheureusement subis, principalement liés aux hausses des prix de l’énergie, et donc à une sobriété non choisie ». « Il y a un effet cumulé des deux », tranche Colas Robert.

« Ces chiffres, s’ils sont confirmés, sont une bonne nouvelle et montrent que les actions pour le climat commencent à accélérer la baisse des émissions de la France », se félicite de son côté Corinne Le Quéré, la présidente du Haut Conseil pour le climat. Dans son rapport annuel de juin 2023, l’instance indépendante avait jugé « insuffisante » la baisse de 2,7 % en 2022 et appelé le gouvernement à doubler le rythme sur la période 2022-2030.

Exploit ou non, la France devra continuer sur cette lancée au cours des prochaines années. Pour tenir ses objectifs de réduction des émissions de 50 % en brut d’ici à 2030 par rapport à 1990, et de – 55 % en net (en incluant l’absorption du CO2 par les puits de carbone, comme les forêts), elle doit renouveler la baisse de 2023 au cours des sept prochaines années. « Ce n’est pas du tout le moment de baisser la garde », a concédé Christophe Béchu sur TF1.

La climatologue Corinne Le Quéré appelle le gouvernement à « publier rapidement les documents de programmation stratégiques sur le climat », notamment la stratégie nationale bas carbone, dont la nouvelle version est attendue depuis près d’une année. Du côté du RAC, Cyrielle Denhartigh plaide pour des « politiques publiques structurantes », qu’il s’agisse de « lever les verrous au développement des énergies renouvelables pour remplacer les fossiles », d’encourager le développement des petits véhicules électriques ou de réformer la fiscalité du secteur aérien.

La tâche s’annonce ardue pour maintenir le rythme, mais aussi parce que les puits de carbone, qui absorbent une partie des émissions, s’effondrent en France sous l’effet des sécheresses à répétition, des attaques de parasites et des incendies.

Se former pour agir
Elise Dilet
www.enbata.info/articles/se-former-pour-agir

Entreprises, associations, collectivités, salarié·e·s… la métamorphose écologique du territoire implique de développer l’éco-formation de tou·te·s. En Pays Basque, des initiatives ont vu le jour. Il nous faut les étendre, les multiplier…

La diminution de notre empreinte écologique et la reprise en main des conditions de nos vies demandent des changements profonds dans nos pratiques individuelles et collectives. Mais par quoi commencer ? Que faut-il prioriser ? Pour faire des choix individuels ou pour s’engager activement dans une démarche collective, que l’on agisse en son nom ou en tant que responsable politique, économique ou associatif, il est utile de savoir dans quelle direction aller afin que nos actions aient le plus d’impact. Cela d’autant que les champs d’action sont divers et complexes, et que nous sommes matraqués de messages contradictoires et pour certains mensongers… (Rouler en SUV électrique sauve la planète !). À l’ère des «alternative facts», la formation de- vient un enjeu majeur.

Le Pays Basque foisonne d’initiatives au niveau social, écologique et économique et les acteurs qui les mettent en place, qu’ils soient indépendants, salariés ou bénévoles, développent des compétences très pointues. Beaucoup d’associations ont le souci de proposer des ateliers et des conférences sur les thématiques qui les animent. D’autres, comme Euskal Moneta, s’appuient depuis longtemps sur leur expertise pour proposer des formations. Mais cette offre mérite d’être développée, structurée et pourrait être mieux financée.

Bihar, levier de métamorphose

C’est dans ce but qu’a été créé en 2017 l’organisme Bihar(1), un outil spécialement dédié à la formation autour de deux axes : la transition écologique et sociale au Pays Basque nord et le développement des monnaies locales. Bihar aide les associations du territoire qui le souhaitent à organiser des formations en les accompagnant au niveau pédagogique, logis- tique et administratif. Bihar possède la certification Qualiopi (indispensable depuis 2021 pour tous les organismes de formation continue qui souhaitent obtenir des financements publics), ses stagiaires peuvent donc bénéficier du cadre de la formation professionnelle. Il y a également un intérêt économique pour les associations qui les proposent puisque la majeure partie des bénéfices leur revient.

C’est ainsi que depuis six ans, des formations ont été délivrées dans des domaines très divers : le compostage avec les Carrioles vertes, la pratique du vélo avec Txirrind’ola, l’herboristerie avec l’association Éveiller sa nature…

Former les responsables politiques

Lorsque Bizi! a lancé la campagne du Pacte de métamorphose en demandant aux listes candidates aux élections municipales et donc futures équipes en charge des politiques territoriales de s’engager dans sept domaines de la transition écologique, le contrat était de les accompagner dans cette démarche complexe avec notamment une offre de formation. C’est ce qui a été fait en 2022, en partenariat avec Bihar et CEDIS, un organisme spécialiste dans la formation des élu·e·s. Six journées ont été proposées aux élu·e·s de l’ensemble de l’Agglomération pour leur permettre de mieux appréhender enjeux et leviers, et agir concrètement dans différents domaines de la métamorphose écologique. Une cinquantaine de journées de formation ont été suivies par 33 participant·e·s. On ne peut que féliciter ces 1,4% d’élu·e·s du territoire qui ont estimé qu’elles.ils avaient à apprendre sur le sujet…

Un deuxième cycle intitulé « quelles actions face aux défis écologiques ? », également ouvert aux agent·e·s, sera proposé en 2024. Un meilleur taux de participation serait le signal que les élu·e·s saisissent un peu mieux l’importance des enjeux…

Former les salarié·e·s

À l’issue d’une enquête menée par Bihar l’année dernière auprès des entreprises, as- sociations et collectivités du territoire sur les besoins en éco-formation du Pays Basque, il ressort que la question du changement climatique et des pistes pour s’y préparer est une préoccupation majeure des dirigeant·e·s. Ainsi, 82% pensent que leur organisation va être impactée par le changement climatique, et 70% que les actions mises en place pour y faire face sont insuffisantes. Bihar a donc travaillé sur un parcours modulaire « Éco-responsabilité au travail » autour des principaux besoins de formation identifiés par les entreprises. Les thématiques s’adaptent au type d’activité de la structure, hormis deux modules incontournables, l’un pour initier aux enjeux climatiques, l’autre afin de définir un plan d’actions écoresponsables. Elles vont de la gestion des espaces verts au numérique responsable, en passant par les politiques d’achats ou les mobilités… Si une partie significative de la population se forme, la métamorphose du territoire pourra prendre un grand coup d’accélérateur. Les outils sont là, les financements existent, à nous d’en faire une priorité…

(1) https://institut-bihar.org

 

Résoudre la crise du logement sans artificialiser les sols, c’est possible
Hortense Chauvin
https://reporterre.net/Resoudre-la-crise-du-logement-sans-artificialiser-les-sols-c-est-possible

Surélever des bâtiments existants, taxer davantage les résidences secondaires… La Fondation pour la nature et l’Homme et la Fondation Abbé Pierre dévoilent leurs solutions face au mal-logement et à l’artificialisation.

Peut-on loger la France sans la couler sous le béton ? Oui, suggèrent la Fondation pour la nature et l’Homme (FNH) et la Fondation Abbé Pierre dans un rapport commun, publié mardi 19 mars. Les deux associations proposent une « palette » de solutions pour offrir un toit aux 4,2 millions de personnes non ou mal logées en France, sans pour autant détruire les derniers îlots de biodiversité du territoire.

Le rapport s’ouvre sur un constat : 400 000 nouveaux logements devraient être construits chaque année pendant environ dix ans, selon les données de la Fondation Abbé Pierre. Malgré la baisse de natalité, la population française devrait en effet augmenter jusqu’en 2040, d’après les projections de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Alors que le nord-est du pays a tendance à se vider, certaines zones – notamment les métropoles et l’arc atlantique – voient leur population augmenter, ce qui génère de nouveaux besoins en hébergements.

Le nombre de résidences secondaires explose

À cela s’ajoute la nécessité de loger convenablement les 330 000 personnes dépourvues de domicile et les plus d’un million vivant en habitat indigne. « Pour ces personnes-là, il faut des logements en plus », insiste Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre.

« Là où c’est compliqué, c’est qu’on a aussi l’objectif de Zéro artificialisation nette à réussir », souligne-t-il. Chaque année, les activités humaines grignotent entre 20 000 et 30 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers en France. Ce phénomène est l’un des principaux responsables de l’effondrement de la biodiversité, aux côtés des pesticides.

La loi Climat et résilience prévoit de diviser par deux, d’ici à 2031, le rythme d’artificialisation des sols observé entre 2011 et 2021. Ce qui signifie que seuls 125 000 hectares peuvent encore être détruits. 47 % de cette surface a déjà été attribué à des communes ou à des projets d’infrastructure. D’où l’intérêt, insistent les auteurs de ce rapport, de produire des logements de la manière la plus sobre possible.

Les deux fondations proposent plusieurs pistes pour cela : d’abord, améliorer l’usage du bâti existant. Le pays compte 1,2 million de logements vacants depuis plus d’un an, et 3,5 millions de résidences secondaires (soit près de trois fois plus qu’il y a cinquante ans). L’accès à ces dernières est très inégal : 10 % des ménages propriétaires détiennent la moitié des résidences secondaires du pays.

« Des logements devenus trop grands et mal adaptés »

Afin de remettre certains de ces logements sur le marché, le rapport propose de rendre leur fiscalité progressive, avec une approche différenciée en fonction des moyens de chacun. Le taux appliqué à la taxe d’habitation pourrait notamment évoluer en fonction du revenu et du nombre de biens détenus. Un propriétaire modeste ayant hérité de la maison de ses parents et n’ayant pas assez d’argent pour la remettre en bon état pourrait par exemple bénéficier d’aides à la rénovation, explique Rémi Guidoum, responsable biodiversité à la FNH. Les multipropriétaires seraient en revanche soumis à des taxes conséquentes et progressives.

Autre manière de produire des logements sans pour autant détruire des espaces naturels : s’intéresser aux 8,5 millions de logements sous-occupés du pays. Les logements de nos aînés constituent un vivier considérable : près de 85 % des seniors disposent de deux, trois, voire plus, de pièces non utilisées au sein de leur domicile. « Quand les enfants s’en vont, ou que le conjoint décède, on se retrouve avec beaucoup de personnes qui vieillissent dans des logements devenus trop grands et mal adaptés », observe Rémi Guidoum.

Les collectivités pourraient mettre en place des projets permettant à la fois d’améliorer l’accès au logement et de réduire l’isolement des personnes âgées : habitats participatifs ou partagés (notamment avec des jeunes adultes), béguinage (ensemble immobilier d’une dizaine de logements, organisés autour d’un jardin et d’espaces de vie communs)…

« Densification verticale »

« Le sujet est très sensible. Derrière ces mètres carrés, on a des personnes qui ont une histoire de vie, un attachement à leur bien », reconnaît le responsable biodiversité de la FNH. Mais ces solutions permettent d’avoir « des loyers moins chers et un espace de vie partagé qui peut sortir de la solitude un grand nombre de seniors ».

En plus de mieux répartir le bâti disponible, les autorités pourraient faire en sorte de construire de nouveaux logements sur des terrains déjà artificialisés. On compte près de 10 000 friches sur le territoire, décompte le rapport, et leur recyclage permettrait d’ouvrir à la construction 170 000 hectares. La « densification verticale », qui consiste à rajouter des étages aux immeubles existants, pourrait aussi être un levier « considérable ». 3 à 5 % du bâti de chaque ville pourrait être surélevé, estiment les auteurs du rapport. En tout, 90 000 nouveaux logements pourraient être produits grâce à la densification « douce » du tissu urbain existant.

En parallèle de ces mesures, les experts conseillent de maîtriser les prix de l’immobilier, notamment en généralisant l’encadrement des loyers, comme c’est déjà le cas à Bordeaux, Lille, Paris ou Montpellier. « Si on ferme un peu plus le robinet du foncier, ça peut alimenter une hausse des prix des loyers, des terrains, des logements, justifie Manuel Domergue. Si on veut que les ménages modestes puissent habiter dans les centre-villes, il faut qu’il y ait un encadrement. »

Logement social « vertueux »

Les auteurs recommandent, enfin, d’augmenter le Fonds vert, destiné à accélérer la transition écologique des territoires et dont le budget a été raboté de 400 millions d’euros par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, en février. Les logements sociaux doivent également être davantage soutenus, selon eux : « On a encore en tête les grands ensembles, les barres, les tours. Mais le logement social qui sort de terre aujourd’hui, ce n’est plus ça du tout, dit Manuel Domergue. Ce sont des formes de densité très vertueuses sur le plan social et environnemental, qui consomment très peu de terres. » L’habitat collectif, souligne-t-il, n’est responsable que de 3 % de l’artificialisation du territoire.

La FNH et la Fondation Abbé Pierre souhaitent présenter leurs résultats au ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, ainsi qu’au premier ministre, Gabriel Attal. Leurs propositions, espèrent-elles, pourraient inspirer les élus locaux. Le directeur des programmes et du plaidoyer de la FNH, Thomas Uthayakumar, insiste : si l’on veut clore le chapitre de l’artificialisation dans les temps, « il faut s’y atteler dès maintenant ».

CO2a atmosferatik kentzeko ingeniaritza: lurra ustiatzen segitzeko aitzakia?
Nicolas Goñi
www.argia.eus/argia-astekaria/2864/co2a-atmosferatik-kentzeko-ingeniaritza-lurra-ustiatzen-segitzeko-aitzakia

Klimaren arazoa ingeniaritza kontu bat soilik ote da? Atmosferaren berotegi efektua indartu du munduaren industrializazioak, karbono dioxido kopuru erraldoiak isuri baititugu airera, gure biziraupena kolokan ezarri arte. Zergatik ez, beraz, karbono dioxido hori berriz harrapatu, hain modu eraginkorrean, erregai fosilak arriskurik gabe erabiltzen jarraitu ahal izateraino? Hori da Carbon Dioxide Removal (Karbono Dioxidoaren Kentzea) teknika  –mundu mailan CDR akronimoz ezaguna– egiteko gai omen dena. Edo beharbada ez.

Atmosferatik karbonoa kentzeko, lurreko eremuetan garatu daitezken aukeren artean, bi dira nagusiki aurkitzen ditugunak: batak bioenergia karbono harrapatze eta metatzearekin zerikusia du, nazioartean ingelesezko BECCS akronimoz ezaguna. Sistema horrekin, biomasa askoko landare bat hazten da lehenik, gero zentral termikoetan elektrizitatea sortzeko erretzen da, eta erretze horrek isurtzen duen CO2 gehiena harrapatzen da, azkenik lur azpian metatzeko. Harrapatze “geologiko” hori iraunkorra izanez gero, finean CO2a atmosferatik kentzea lortzen da, elektrizitatea ekoiztearekin batera. Karbonoa kentzeko bigarren aukera nagusia, oihanen landatzea edo birlandatzea da –A/R akronimoz ezaguna–, baldin eta egurra ez bada gero erretzen birlandatu gabe.

IPPCren (Klima Aldaketari Buruzko Gobernu Arteko Taldea) hirugarren lantaldeko azken txostenean, aztertu dute zenbat CO₂ kendu litekeen atmosferatik BECCS eta A/R sistemekin: lehenarekin 11,3 eta bigarrenarekin 10 Gt (mila milioi tona) CO2 urtean. Kopuru oso esanguratsuak dira, kontuan hartuta 2023an munduan 37,4 Gt CO₂ isuri zirela. Hau da, isuri horien %57 harrapatuko genituzke, edo bertzela erranik: isuriak %43 murriztea lortuko bagenu “net zero” helburu famatua lortuko genuke. Hori, gehienezko potentzial edo kopurutan oinarrituz gero. Batez bertzeko balioak, aldiz, 5,9 eta 3,9 Gt lirateke BECCS eta A/R sistementzat.

Hala ere, helburu hori ez genuke albo kalterik gabe lortuko, eta IPCCk ez ditu zehazki horiek aztertu. Hain zuzen albo kalte horietako batzuk erraldoiak lirateke eta karbono dioxidoa kentzeko CDR teknikak erabiltzeko asmoak birpentsatu beharko genituzke. Hala dio Science aldizkarian berriki argitaratu duten Sustainability limits needed for CO2 removal (Behar diren jasangarritasun mugak CO2 kentzeko) artikuluak.

Isuri guziak harrapatzearen prezioa

Lan horren egileek diote IPCCk aztertu dituen balizko klima ibilbideetan BECCS eta A/R egitasmoek inplikazio esanguratsuak izanen lituzketela giza jardueretan eta elikadura segurtasunean. Baina IPCCk ez ditu ibilbide horiek sakonki aztertu ingurumen eraginen ikuspuntutik, baizik eta muga tekniko eta ekonomikoen arabera soilik.

Hori horrela, orain arte ez zen oztopotzat jotzen 29 milioi kilometro koadro lur bertze modu batean erabiltzea, bioenergiarako landareak hazteko edo zuhaitz landaketekin estaltzeko kasu. Azalera hori Europar Batasunaren azaleraren ia zazpikoitza da, eta aldaketa horrek 300 milioi pertsonaren elikadura segurtasuna kolokan jarri lezake. Jasangarritasun arazoak –landa eremuei bertze erabilera bat emateak edo biodibertsitate galerak ekar ditzaketenak– agerikoak lirateke BECCS eta A/R sistemek hurrenez hurren urtean 1,3 eta 3,8 Gt harrapatzea lortuz gero: hau da, berotegi efektuan eragin esanguratsuren bat lortu baino askoz gutxiagorekin, jadanik kalteak sortuko lituzke.

Enpresa handientzat erraza da landaketen bidez erregai fosilen erabilera konpentsatzeko kopuruetara iristea; gero publizitatea egiteko baliatzen dute hori

Ikerketarekin argitaratu duten prentsa-agirian irakur daitekeenez, IPCCren iritziz prezio onargarrian egingarria den CDR maila horrek arriskuak sortzen dituela laborantzan, giza-jardueretan eta biodibertsitatean, gure planetan ez baita lur aski CO2a neurri horretan harrapatzeko. Egileen ustez biodibertsitatea, ur gezaren erabilera eta elikadura-segurtasuna izan beharko lirateke CDR egitasmoei mugak ezartzeko irizpideak.

Arazoari serioski ekitea, gerorako utzi

Orain arte, hainbat estaturen klima estrategietan CDR teknikak eta batez ere zuhaitz landaketa proiektuak nabarmendu dira, merkeak direlako eta azkar garatu daitezkeelako. Science-ko artikuluaren egileetako bat den Melbourneko unibertsitateko Kate Dooleyk dio, enpresa handiek eskala handiko landaketa horiek iragartzen dituztela bereziki, horien bidez erraza baita erregai fosilen erabilera konpentsatzeko kopuruetara iristea, eta gero publizitatea egiteko baliatzen dutela hori.

Baina CDR baliatzea etengabeko erregai fosilen erabilera konpentsatzeko, ezin da zilegi izan Dooleyren iritziz. Hala, gobernuen klima estrategietan ondo banatuta eta gardentasunez azalduta egon beharko lirakete bi eremu: alde batetik isurketa murrizteko xedeak, eta bertzetik CO2 harrapatzekoak. Gainera, azkeneko hori ahalik eta gutxien sostengatu beharko lukete, eta aldiz, ekosistema naturalak babestu eta berrosatzea izan beharko luke helburu nagusia.

Artikuluaren egile nagusietakoa den Pariseko IDDRI garapen jasangarrirako institutuko Alexandra Deprezek, berriz, azpimarratu du gobernu eta industria askok CDR proiektu handiak bultzatzen dituztela, isurketak azkarki murrizteko ahaleginak gerorako uzteko aitzakia izan dezaten. Baina horrek atzerabiderik gabe giltzatu gaitzake 1,5 graduko mugatik gorako berotze globalean, eta era berean biodibertsitate galera emendatuko luke, Kunming-Montreal gailurretako helburuak kolokan jarrita –hori gabe ere, helburuak betetzetik urrun garela kontuan izanik–.

Hiru aholku eman dituzte egileek egoera hori saihesteko. Bat, “zintzotasun” estandar altuak ezarri CDR merkatuan, soilik erabili daitezen saihestu ezin diren hondar-isurketentzako. Bi, estatuak derrigortu, ez bakarrik isurketen murrizketen eta CDRen xedeak ezberdindu ditzaten, baita isurien murrizketa maximizatu, CDR erabilera minimizatu, teknika horiek zer konpentsatzeko erabiltzen diren azaldu, eta CDR proiektuak landa eremuetan ahalik eta kalte gutxien eragiteko pentsa ditzaten ere. Eta hiru, klima eta biodibertsitatearen gobernantzak bateragarri bihurtu, oihanen babesa finantzatu eta, landaketa hutsak baino, oihanen berrosatzea lehenesteko. Hori dena lortzeko, CDR proiektuen gizarte- eta ingurumen-eraginak neurtzeko adierazleak beharko lirateke euren ustez.

Orain arte ez zen oztopotzat jo 29 milioi km² lur aldatzea, bioenergiarako landareen hazteko edo zuhaitz landaketaz estaltzeko

Konpentsazioei dagokienez, David Ho Hawaiiko unibertsitateko ozeanografoak arazoa horrela laburbildu du: kontua ez da CDR gehiago beharko dugula erregai fosilak aski azkar erabiltzen uzten ez baditugu, kontua da erregai fosilak aski azkar erabiltzeari utzi ezean, akabo zibilizazioa. CDR hutsala da ez badugu drastikoki erregai fosilen menpekotasuna murrizten. CDR teknikak hondar-isurketak bakarrik konpentsatzeko erabili behar dira, ez luxuzko isurketak.

Arazoari garaiz eta serioski ekin ezean, zenbat trilioi diru gastatu beharko dira mende erdi barru, XX. mendean dohainik gozatzen genituen klima eta ekosistemen sendotasuna berrosatzen saiatzeko?