Articles du Vendredi : Sélection du 22 décembre 2023

2023, l’année où la géo-ingénierie est devenue le plan A dans la lutte contre le réchauffement climatique
Rémi Noyon
www.nouvelobs.com/idees/20231219.OBS82286/2023-l-annee-ou-la-geo-ingenierie-est-devenue-le-plan-a-dans-la-lutte-contre-le-rechauffement-climatique.html

BILLET. La COP28 clôt une année où l’horizon de la géo-ingénierie solaire, qui vise à tenter de bloquer la hausse des températures avec des techniques controversées, s’est encore précisé. Notre journaliste se demande si nous n’avons pas vécu un basculement : à mesure que nous approchons du seuil de 1,5 °C, c’est la sobriété qui risque d’être considérée comme un projet insensé, tandis que le tout-technologique passera pour raisonnable.

Il y a quelques années, on parlait encore des « apprentis sorciers du climat » pour désigner tous ceux qui, plus ou moins explicitement, désirent « résoudre » le réchauffement climatique avec les approches dites de « géo-ingénierie ». Leur projet ? L’injection de soufre dans la stratosphère, à une vingtaine de kilomètres au-dessus de nos têtes, pour bloquer une partie du rayonnement solaire, et donc refroidir artificiellement la Terre, le temps de développer des aspirateurs à CO2. Ainsi, l’homme prend véritablement le contrôle du climat – après l’avoir déréglé, il module le thermostat.

Dénoncé par plusieurs livres, tels ceux de l’Australien Clive Hamilton ou, en France, de Bertrand Guillaume et Valéry Laramée De Tannenberg, cet horizon apparaissait comme un danger plutôt qu’une certitude. Critiques et promoteurs y voyaient un plan B davantage qu’un plan A. Les premiers faisaient mine de le prendre au sérieux, suivant en cela les recommandations du « catastrophisme éclairé » : il fallait postuler que le pire est certain afin de tout faire pour l’éviter. Les seconds, quant à eux, faisaient grand cas de leur pessimisme : ce « voile solaire » ne pouvait être envisagé que si nous n’arrivions pas à baisser nos émissions, tel un bouton d’urgence, une « solution » de derniers recours. C’était en substance ce qu’écrivait le chimiste Paul Crutzen, qui, auréolé, de son prix Nobel, a défendu cette idée en 2006.

Cette année 2023, quelque chose a changé. On en sort en ayant la sensation que la bataille est en train d’être emportée par les défenseurs du business as usual et, en sous-main, par les géo-ingénieurs. Deux évènements, en particulier, laissent un arrière-goût désagréable. Présentée comme une réussite, la COP28 a été l’occasion de poser tous les jalons du techno-solutionnisme – captage et stockage du CO2, hydrogène, rôle du gaz dans la transition – et le vocabulaire associé (« circular », « unabated », « inefficient subsidies »). Les pétro-gaziers ont sans doute gagné cette manche, il suffit de regarder leurs cours de Bourse (en hausse) ou le prix de la tonne de carbone (en baisse). Récemment, on entendait dans une conférence en faveur du « captage et stockage », cette phrase : « Le secteur du Oil & Gas a été le grand gagnant du XXe siècle, il sera le grand gagnant du XXIe. »

Agir sur les émissions de CO₂ plutôt que sur les énergies fossiles

L’autre élément, passé inaperçu, est la remise, en septembre, du rapport de la Climate Overshoot Commission. Cette structure ad hoc a réuni douze personnes, anciens ministres ou figures de la diplomatie climatique, venues de toutes les régions du monde, sous la présidence du Français Pascal Lamy. Leur mission : réfléchir à ce qu’il faudra faire en cas d’overshoot, c’est-à-dire si nous dépassons le seuil de 1,5 °C visé par l’accord de Paris. Présentée par certaines ONG comme la « commission géo-ingénierie », cette instance a publié des recommandations en apparence mesurées, puisqu’il est question d’un « moratoire » sur la recherche.

Pourtant, quand on se penche sur le détail des mesures, c’est en réalité une avancée majeure pour les géo-ingénieurs : n’est interdite que la recherche de « grande ampleur » en extérieur, que personne ne réclame. De « petites » expériences comme celle voulue en 2021 par le Canadien David Keith (dont le nom n’apparaît étrangement plus sur le site de la commission alors qu’il en a été un conseiller), qui visait à étudier le comportement d’un panache d’aérosols dans la stratosphère, semblent au contraire encouragées. La dimension pro-géo-ingénierie de ce rapport apparaît clairement dans l’invention d’une approche « CARE » pour « cut » (couper les émissions), « adapt » (nos sociétés), « remove » (retirer le carbone) et… « explore » (la géo-ingénierie solaire).

Bien sûr, on peut toujours espérer une chute rapide et drastique de nos émissions, mais à mesure que nous approchons du seuil de 1,5 °C, on voit bien quel pourrait être le cadrage de l’overshoot (dépassement, en français) : nous n’avons pas réussi à empêcher la hausse des températures, pour éviter de passer des « points de bascule », il nous faut stopper d’urgence le réchauffement par la géo-ingénierie solaire avant de développer massivement des solutions technologiques, avec pour graal la fusion nucléaire et le rêve de l’abondance. Si l’on tend l’oreille, on entend même, de plus en plus clairement, dans le discours de nombreux acteurs du monde fossile, la structure argumentative du technofix portée en son temps par le physicien Alvin Weinberg. 1. Le changement technique est plus facile à atteindre que le changement social : « Vous ne croyez tout de même pas qu’on va réussir à changer les habitudes de consommation de millions d’Occidentaux ? » 2. En se focalisant sur le changement technique, on « isole » nettement un sujet (ici, la hausse du CO2 atmosphérique) en le débarrassant des problèmes trop compliqués à résoudre (inégalités, capitalisme, etc.) : « Le problème, ce sont les émissions, pas les fossiles », disent par exemple les producteurs de gaz, de charbon ou de pétrole.

Ceux qui ont un intérêt historique ne peuvent qu’être saisis d’un vertige : et si le plan B avait toujours été, en filigrane, le plan A ? Les premiers rapports consacrés au réchauffement, dans les années 1960, prennent pour acquis notre utilisation des fossiles, et n’envisagent pas d’en sortir « par la force ». Ils misent sur la montée en gamme du nucléaire et sur des solutions techniques intermédiaires (parfois étranges, comme le blanchiment de l’écume marine pour rendre la Terre plus blanche, et donc plus froide [PDF]). Des décennies plus tard, nous raisonnons plus que jamais avec les outils qui guidaient alors ces rapporteurs (l’analyse coût-efficacité). Des décennies plus tard, nous pouvons faire le constat déprimant que la part des fossiles dans la consommation énergétique mondiale n’a quasiment pas baissé. Des décennies plus tard, nous pouvons avoir l’impression sordide que la transition énergétique est telle le bonheur dans le poème de Louis Janmot : elle s’entrevoit et jamais ne s’achève.

Repousser encore les efforts de sobriété

De nombreux signaux confirment cette trajectoire, le plus manifeste étant la position du célèbre James Hansen : en 1988, son discours devant le Congrès américain était resté comme le point de départ de la prise en compte institutionnelle du réchauffement (suivi de la création du Giec). Aujourd’hui, le climatologue défend l’hypothèse suivante, encore très débattue : le réchauffement climatique a battu tous les records cette année parce que nous avons cessé d’émettre des pollutions au soufre, notamment venues des bateaux commerciaux, qui filtraient une partie du rayonnement solaire. En quelque sorte, nous faisions de la géo-ingénierie sans le savoir et nous venons d’arrêter… C’était déjà l’inquiétude de Paul Crutzen dans son article de 2006 : la fin de la pollution aux particules fines au-dessus des villes chinoises n’allait-elle pas amplifier le réchauffement ? Hansen, comme Crutzen avant lui, se demande s’il ne faudrait pas envisager de remettre des aérosols soufrés, mais plus haut : dans la stratosphère.

L’idée est d’intégrer cette « injection » dans un « portfolio » de réponses, et de la lier étroitement aux efforts de sortie des énergies fossiles en espérant que nous manifesterons en la matière une rationalité collective qui n’a pas été, pour le moment, notre caractéristique principale.

Des écologistes conséquents pourront rappeler toutes les faiblesses et dangers de ce programme. Ils pourront souligner qu’il est autoréalisateur puisqu’il risque de repousser encore les efforts de sobriété et qu’il augmente notre vulnérabilité à un « choc terminal » (une fois en place, retirer le « voile solaire » sur une atmosphère encore chargée en CO2 revient à ouvrir la porte d’un four en fonctionnement). Ils pourront, mais il leur sera répondu que l’humanité a déjà fait de dangereux paris technologiques au cours du XXe siècle, avec le nucléaire (et son risque de catastrophe subite) et l’utilisation massive des engrais azotés (qui augmentent puissamment les rendements mais génèrent une pollution totale, lente et diffuse). Pourquoi ne pas poursuivre cette fuite en avant puisque pour le moment nous sommes toujours là ?

Sur ce sujet comme sur bien d’autres, la gauche écologiste est tel un lapin pris dans les phares. Chaque prudence scientifique (qui peut être « contre la recherche » ? Qui peut renier complètement le rôle du captage et du stockage du CO2 ?) est malaxée, triturée, digérée pour huiler la pente du business as usual. Et petit à petit, ce qui était vu hier comme une lubie dangereuse devient le consensus des cénacles internationaux et c’est la sobriété qui apparaît comme une folie d’apprentis sorciers.

Alimentation : pourquoi produire plus ne résoudra pas la faim dans le monde
Sophie Chapelle
https://basta.media/Alimentation-pourquoi-produire-plus-ne-resoudra-pas-la-faim-dans-le-monde

L’édito de Sophie Chapelle

Les agriculteurs et agricultrices produisent suffisamment pour nourrir le monde entier, contrairement à ce qu’avancent la FNSEA et certains éditorialistes. Le système agricole est bien défaillant, mais autoriser la culture des jachères ne fera qu’aggraver le problème.

Peut-être habitez vous dans une ville ou un village dont le panneau signalétique d’entrée a été mis à l’envers. L’action menée ces derniers jours par les syndicats agricoles FNSEA et Jeunes Agriculteurs a été reproduite dans des centaines de communes françaises, avec deux mots d’ordre : « On marche sur la tête » et « Pas de transition sous pression ».

« Le mouvement veut dénoncer les incohérences politiques auxquelles est soumise l’agriculture française. “Toujours plus de normes, d’interdictions, de restrictions à respecter’’ », a ainsi expliqué la journaliste de L’Opinion, Emmanuelle Ducros, lors d’une chronique sur Europe 1, le 22 novembre dernier. Avant d’ajouter : « Un exemple, l’obligation de laisser 4 % des terres agricoles européennes en jachère, très mal comprise du monde agricole. C’est la PAC [Politique agricole commune, ndlr] qui l’impose. Absurde, disent-ils quand 900 millions de personnes manquent de nourriture dans le monde. »

L’idée que la France doit produire plus car des millions de gens meurent de faim, est un poncif des tenants de l’agriculture productiviste. Certes, la faim ne cesse de croître partout dans le monde. Mais le paradoxe est le suivant : alors qu’environ 820 millions de personnes dans le monde se trouvent en situation d’insécurité alimentaire, la production de denrées agricoles permettrait aujourd’hui d’en nourrir douze milliards, résume Olivier De Schutter dans son dernier ouvrage, Changer de boussole. La croissance ne vaincra pas la pauvreté (éditions Les Liens qui libèrent, 2023). En France, près d’une personne sur trois a du mal à se payer trois repas par jour. Pour les 9 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, la nourriture est potentiellement une variable d’ajustement. Dans le même temps, d’après l’Ademe, 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont gaspillées chaque année – soit 150 kilogrammes par personne et par an. Comment expliquer cette absurdité ?

Un système agricole défaillant

« Le problème n’est plus la production. L’insécurité alimentaire est aujourd’hui essentiellement liée à des questions de pouvoir d’achat et de protection sociale », précise Olivier De Schutter dans un entretien à Politis. « Les agriculteurs et agricultrices produisent plus qu’assez pour nourrir le monde entier », appuie un rapport d’Oxfam publié en septembre 2022. Les données publiées en novembre 2023 par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) attestent qu’entre les niveaux de production prévus et les stocks disponibles, il y a suffisamment de céréales disponibles en 2023 pour répondre à la demande mondiale. Toujours d’après la FAO, la disponibilité alimentaire à l’échelle mondiale est d’environ 2950 kilocalories (kcal) par personne et par jour sur la période 2018-2020, quand les apports énergétiques recommandés sont en moyenne de 2360 kcal par jour.

Dans les faits, une alimentation correcte demeure inaccessible aux populations les plus pauvres, dont une partie de la paysannerie elle-même, pointe le rapport « Qui veille au grain ? », publié par Les Greniers d’Abondance. Ce dernier souligne que les trois quarts des personnes souffrant de la faim dans le monde sont des travailleurs agricoles.

L’Inde, par exemple, est à la fois le premier exportateur mondial de riz et le pays où le plus d’humains souffrent de la faim. Dans son livre La France qui a faim (Seuil, 2023), l’anthropologue Bénédicte Bonzi décortique les défaillances du système. Ses conclusions sont claires : « La production de nourriture ne fait pas défaut. C’est la répartition qui est inégalitaire. »

Les jachères, dans le viseur de la FNSEA

S’attaquer aux terres agricoles laissées en jachère fait pourtant partie des priorités de la FNSEA. La France s’est faite le relais de cette demande en portant la proposition le 20 novembre 2023, en conseil des ministres de l’Agriculture de l’Union européenne, de déroger à cette obligation de la politique agricole commune. En mars 2022 déjà, la Commission européenne avait laissé la possibilité « à titre exceptionnel » aux États membres de cultiver les jachères, en pointant la nécessité d’accroitre le potentiel de protection agricole de l’Union européenne face aux impacts de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Le gouvernement français avait ainsi pris dans la foulée un arrêté pour autoriser le broyage et la fauche des « surfaces d’intérêts écologiques ».

Pourtant, « la science témoigne clairement du rôle essentiel des jachères : amélioration de la qualité des eaux, lutte contre l’érosion, restauration des sols, protection intégrée des cultures, séquestration du carbone et bien sûr, accueil de la faune sauvage », alertait Alain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux, dès mai 2022. « L’alouette des champs, la perdrix grise ou encore l’œdicnème criard, trois espèces en très mauvais état de conservation survivent notamment grâce aux jachères. »

Au sein même de la profession agricole, cultiver les jachères n’est pas une option qui fait consensus. « L’Union européenne est globalement autosuffisante au niveau de la production d’aliments de base, sauf pour ses approvisionnements en maïs venant d’Ukraine », témoignait Jean-Bernard Lozier, cultivateur dans l’Eure et membre de la Confédération paysanne [1]. « Pour la France, la production de blé ou de maïs est suffisante pour couvrir la consommation intérieure à plus de 150 % en moyenne. » De plus, observe t-il, ce n’est pas sur les jachères qu’on comblerait les éventuels déficits d’approvisionnement. « Ce qu’on met en jachères dans les régions de grandes cultures, ce sont les terres les moins productives et elles ne représentent que peu de surfaces. » Si elles constituent moins de 2 % de la surface agricole utile française, ces jachères demeurent des territoires indispensables pour la préservation de la biodiversité.

Produire plus d’agrocarburants

En réalité, si la FNSEA tient à cultiver ces terres en jachère, ce n’est pas tant pour nourrir les humains que les voitures ! « Ces surfaces pourraient permettre de produire, particulièrement la biomasse nécessaire pour la transition énergétique », précise ainsi le syndicat dans son communiqué. Entendez par là : produire des agrocarburants.

Or, c’est précisément ce détournement de la vocation nourricière des terres agricoles qui participe à la crise alimentaire mondiale. « La moitié des terres arables dans le monde servent aujourd’hui à produire des agrocarburants, du fourrage et d’autres produits, comme les textiles, plutôt qu’à nourrir les êtres humains » rappelle Oxfam. D’après le Financial Times, la quantité totale de cultures utilisées annuellement pour les agrocarburants équivaut à la consommation de calories de 1,9 milliard de personnes. Chaque jour, l’Europe transforme 10 000 tonnes de blé – l’équivalent de 15 millions de miches de pain – en éthanol destiné aux voitures, et 10 % de sa production céréalière est utilisée comme carburant.

Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, insiste en appelant « à une véritable respiration normative ». En pratique, cette pause a déjà été appelée par Emmanuel Macron lors d’un discours prononcé en mai 2022 : « On s’est donné les objectifs 2050, 2030 pour décarboner, réduire les phytos, etc. Moi, j’appelle à la pause réglementaire européenne.  »

Depuis, « toute l’Union européenne a enclenché la marche arrière sur l’environnement », déplore Stéphane Foucart dans les colonnes du quotidien Le Monde. On peut citer entre autres le report sine die de la réforme de la réglementation sur les produits chimiques, la réautorisation pour une décennie du glyphosate et le rejet du règlement SUR qui visait à réduire de moitié l’usage des pesticides d’ici à 2030.

« La lutte contre le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité ne souffre aucune pause » nous confiait il y a quelques semaines le juriste Dorian Guinard, alors que les conséquences de l’utilisation des pesticides sur les écosystèmes n’ont jamais été si bien documentées scientifiquement.

On vous l’assure : Basta! ne fera aucune pause pour apporter à ses lectrices et lecteurs une information documentée sur les coûts cachés de l’agriculture productiviste et les solutions pour remédier à la crise alimentaire mondiale. Mais pour cela, nous avons besoin de votre aide : si chaque personne qui lit ces lignes accepte de financer notre travail avec un don mensuel de quelques euros, notre campagne de fin d’année serait un succès retentissant ! Et cela décuplerait les moyens dont nous disposons pour enquêter sur l’agro-industrie.

[1] Entretien publié dans la revue Campagnes solidaires N° 382, en juin 2022.

Pirinioetako ibaien ur emaria 2040an %15 murriztera heldu litekeela ohartarazi du ikerketa batek
Izaro Villarreal Lauroba
www.argia.eus/albistea/pirinioetako-ibaien-ur-emaria-2040an-15-murriztera-heldu-litekeela-ohartarazi-du-ikerketa-batek

Proiektua Euskal Herria, Aragoi, Katalunia, Andorra, Akitania Berria eta Okzitaniako erakundeekin lankidetzan garatu da, eta klima-aldaketara egokitzeko neurriak planteatzen ditu.  

Pirinioetako ibaiek gero eta emari txikiagoak izango dituzte, urteko emaria %15 murriztera heldu daiteke 2040an eta %20tik gora mende amaieran, Piragua ikerketak argitaratu duenez. Urtarokotasuna ere gero eta nabarmenagoa izango dela ondorioztatu du, “agorraldi luzeago eta biziagoekin”. Pirinioetako eta mendikate hori hartzen duten eskualdeetako (Euskal Herria, Aragoi, Katalunia, Andorra, Akitania Berria eta Okzitania) ur baliagaiak aztertuz atera dituzte ondorioak, eta klima-aldaketara egokitzeko neurriak planteatu.

Bi argitalpenetan jaso dituzte ikerketaren emaitzak: batek, Pirinioetako ur baliagaien egungo eta etorkizuneko egoera aztertzen du; besteak, klima-aldaketara eta ur-baliagaien gaineko eskari hidrikoen aldaketen kudeaketara egokitzeko neurriak proposatzen ditu.

EHUko Prozesu Hidro/Ingurumenekoen Ikertaldeak ere hartu du parte ikerketan. Taldeko kide Jesús Angel Uriarte, Ane Zabaleta eta Iñaki Antiguedaden esanetan, ibaien erregimen naturaleko emari datuen azterketak erakusten du azken hamarkadetan ur baliagaien adierazle guztien “beherakada orokorra” eman dela. Aldaketa horiek arrazoi klimatikoengatik eta lurzoruaren erabileran izandako aldaketengatik gertatu direla ere gaineratu dute.

Klima aldaketari aurre egiteko neurriak

Ikerketaren arabera beharrezkoa da Pirinioetako baliagai hidrikoen kudeaketa klima-aldaketara egokitzea; bai tokian-tokian, bai ibai-arroetan, bai mendikate osoan. Neurrien artean, “naturan oinarritutako konponbideak” nabarmentzen direla adierazi dute ikertzaileek, “zerbitzu ekosistemikoak mantentzera eta are indartzera bideratuak”. Bestalde, funtsezko egokitzapen-neurri gisara herritarren parte-hartzea sustatzea eta inplikatutako eragileak aintzat hartzea daude.