Articles du Vendredi : Sélection du 21 octobre 2022

Le réchauffement climatique en France s’annonce pire que prévu
Sebastián Escalón
https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-rechauffement-climatique-en-france-sannonce-pire-que-prevu

En adaptant à la France la méthode utilisée par le Giec pour estimer le réchauffement planétaire, des scientifiques viennent de revoir à la hausse les températures qui attendent l’Hexagone. D’ici 2100, cette augmentation serait de 3,8 °C par rapport au début du XX siècle, et ce dans un scénario d’émissions modérées de gaz à effet de serre.

L’optimisme climatique n’est pas de mise ces jours-ci. Le réchauffement climatique au cours du XXIe siècle en France pourrait être 50 % plus intense que ce que l’on pensait. C’est le résultat de nouvelles projections sur le climat futur qui viennent d’être réalisées par une équipe du CNRS, de Météo France et du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique1. Si les tendances actuelles d’émissions de carbone se maintiennent, la température moyenne de l’Hexagone sera 3,8 °C supérieure à celle du début du XXe siècle. Un chiffre qui pose d’immenses défis d’adaptation et qui promet des changements sévères dans l’agriculture et les écosystèmes français.

Pour arriver à ce résultat, le plus robuste dont nous disposons à ce jour, les chercheurs ont employé une méthodologie nouvelle. Développée par cette même équipe, elle a été utilisée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) dans le premier volet de son sixième rapport, paru en 2021. L’innovation principale est l’utilisation de données climatiques observées pour contraindre les modèles. En d’autres termes, à partir d’un éventail de simulations climatiques réalisées grâce aux modèles utilisés par le Giec, les chercheurs identifient celles qui sont en accord avec les mesures de température récoltées depuis plus d’un siècle. Ainsi, les chercheurs peuvent identifier les projections les plus robustes sur l’avenir du climat, et réduire les incertitudes.
L’autre originalité de ces travaux, publiés le 4 octobre dans la revue Earth Systems Dynamics, est qu’ils offrent des projections à l’échelle française. « Le Giec propose des scénarios de réchauffement climatique au niveau planétaire et au niveau de grandes régions comme l’Europe ou le bassin méditerranéen. Mais il ne va pas en-dessous. Or il existe un appétit pour des projections à des échelles plus réduites », explique Aurélien Ribes, chercheur au Centre national de la recherche météorologique2 (CNRM). En effet, les grandes décisions politiques se prennent pour l’essentiel au niveau national. Il était donc urgent d’utiliser cette nouvelle méthodologie pour obtenir des scénarios de réchauffement climatique à l’échelle de l’Hexagone. Pour cela, les chercheurs ont utilisé les données récoltées par une trentaine de stations météorologiques réparties sur toute la France. Ces stations sont connues pour avoir enregistré les températures de façon homogène sur de longues périodes. Ainsi, les premières mesures de température fiables dont disposent les chercheurs datent de 1899.

Grâce à ces données, l’équipe a calculé le réchauffement climatique actuel. Ils ont montré que la température moyenne de la France actuelle est 1,7 °C supérieure à celle de la France entre 1900 et 1930. Ce chiffre est bien au-dessus de la hausse moyenne de températures à l’échelle globale, que le Giec évalue à 1,2 °C. Mais pour les chercheurs, il n’y a rien d’anormal là-dessus. « La hausse globale des températures prend en compte les océans qui se réchauffent moins vite que les continents », explique Aurélien Ribes. La hausse moyenne des températures continentales dans le monde étant de 1,6 °C, la France ne fait donc pas figure d’exception.

Sans surprise, les modèles climatiques montrent que la hausse future des températures est directement proportionnelle aux émissions de gaz à effet de serre. N’en déplaise aux négationnistes du climat, l’origine humaine du changement climatique français ne fait aucun doute. Une chose, en revanche, a surpris les chercheurs : l’impact des aérosols. « On n’imaginait pas qu’ils avaient une telle incidence sur le climat français », affirme Julien Boé, de l’unité ClimatEnvironnement, Couplages et Incertitudes3. « On observe que, jusque dans les années 1980, l’effet des aérosols a masqué le réchauffement climatique, au point qu’il n’apparaît quasiment pas dans les instruments. »

Les aérosols sont les particules en suspension dans l’atmosphère. Les activités humaines polluantes en rejettent de grandes quantités, notamment lors de la combustion des carburants fossiles. Cette pollution a un puissant effet refroidissant. En effet, les particules empêchent les rayons du soleil d’atteindre la surface.

Or, jusque dans les années 1980, pollution et gaz à effet de serre grimpaient de concert. Leurs effets respectifs sur le climat s’annulaient mutuellement. Puis, à la fin du XXe siècle, les nouvelles régulations et les technologies plus propres ont réduit de façon spectaculaire la pollution. Résultat, l’effet des aérosols sur le climat a chuté et la courbe des températures s’est emballée vers le haut à une vitesse qui a surpris les chercheurs.

L’insoutenable été 2100

Dans un deuxième temps, les chercheurs se sont projetés vers l’avenir afin d’anticiper le climat français à la fin du XXIe siècle. Ils ont pour cela utilisé les simulations climatiques en fonction de différents scénarios décrivant l’état du monde en 2100. Ces scénarios construits par le Giec vont du plus optimiste – un monde dans lequel un immense effort international a permis d’atteindre la neutralité carbone dès 2050 – au plus pessimiste – un monde divisé par de fortes inégalités et qui continue à carburer au gaz, pétrole et charbon. Entre ces deux extrêmes improbables, un scénario intermédiaire dans lequel les émissions de carbone n’augmentent ni ne diminuent drastiquement. D’après les experts, c’est ce scénario mitigé qui est le plus en accord avec les tendances actuelles et les engagements climatiques pris par les grands pays émetteurs pour les prochaines années.

Sur la base de ce dernier scénario, les chercheurs ont montré que la France de 2100 pourrait être 3,8 °C plus chaude que celle du début du XXe siècle. Une augmentation qui fait frémir. Une telle hausse des températures serait particulièrement marquée en été. En effet, les étés pourraient être en moyenne 5 °C plus chauds par rapport aux décennies 1900-1930. « Ceci aura des impacts très forts sur les écosystèmes et les cultures. On aura des pics de chaleur beaucoup plus fréquents et chauds, et des sécheresses plus intenses et prolongées. Dans ces conditions, l’un de points clés sera comment maintenir les ressources en eau et comment les utiliser », annonce Julien Boé. À 3,8 °C de hausse de températures moyennes, des écosystèmes entiers pourraient disparaître, et le paysage agricole en sera drastiquement modifié.

Ces projections, véritable avertissement, devraient servir à mettre en place des politiques d’atténuation et d’adaptation. À présent, les chercheurs du CNRM veulent descendre encore les échelles et simuler l’avenir climatique des régions françaises. Par ailleurs, ils espèrent que d’autres équipes à travers le monde adopteront leur méthodologie. « Le code à la base de ces travaux est à la disposition de tout le monde. Il permettra à d’autres équipes ou d’autres services météorologiques de refaire ces calculs facilement pour leur pays ou leur région », annonce Aurélien Ribes.

Notes

  • Le Cerfacs est un centre de recherche fondamentale et appliquée, spécialisé dans la modélisation et la simulation numérique
  • Unité CNRS/Météo France.
  • Unité CNRS/Cerfacs.

« Parler gentiment a montré ses limites » : face à la crise écologique et climatique, des scientifiques racontent pourquoi ils entrent en rébellion
Thomas Baïetto
www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/parler-gentiment-a-montre-ses-limites-face-a-la-crise-ecologique-et-climatique-des-scientifiques-racontent-pourquoi-ils-entrent-en-rebellion_5389834.html

Alors que de nouvelles actions de désobéissance civile sont prévues à partir de dimanche, franceinfo est allé à la rencontre de ces scientifiques qui mouillent la blouse blanche. Une dizaine de chercheurs et chercheuses expliquent les raisons de leur colère et de leur engagement.

Les policiers ont eu du mal à masquer leur surprise. Ce 13 mars 2020, trois scientifiques sont en garde à vue au commissariat du 12e arrondissement de Paris. « Ils nous ont dit qu’il n’y avait jamais eu autant de diplômes dans cette cellule », se souvient Milan Bouchet-Valat, sociologue. Avec Jérôme Guilet, astrophysicien, et Kévin Jean, épidémiologiste, il s’est fait interpeller après avoir manifesté devant l’Elysée pour dénoncer, en sa qualité de scientifique, le maigre bilan climatique d’Emmanuel Macron. Un engagement rare pour des « premiers de la classe », plus habitués à la discrétion de leur laboratoire qu’à la détention.

Avec cette manifestation, organisée par l’ONG ANV-COP21, les trois trentenaires mettent en œuvre l’appel à la « rébellion » lancé par 1 000 scientifiques dans une tribune un mois auparavant.

L’opération, bien que rapidement éclipsée par la pandémie de Covid-19, marque ainsi la première manifestation française d’une lame de fond qui agite aujourd’hui la communauté scientifique internationale. 

« Les scientifiques sont ignorés »

Alors que les émissions de gaz à effet de serre, moteur du réchauffement climatique, continuent de grimper et les espèces animales, de disparaître, de plus en plus de chercheurs ne veulent plus se contenter de chroniquer, rapport après rapport, une catastrophe écologique annoncée. Regroupés sous le label « Scientist rebellion », ils participent activement aux actions des ONG écologiques, quand ils ne les organisent pas eux-mêmes : invasion du tarmac de Roissy en octobre 2020 pour protester contre l’extension (annulée depuis) de l’aéroport, occupation du Muséum d’histoire naturelle et blocage de la banque JP Morgan Chase de Los Angeles, en Californie, en avril 2022. Depuis la mi-octobre, de nouvelles actions sont organisées un peu partout dans le monde, à Toulouse, Paris et bientôt en Allemagne, pour remettre la pression à quelques semaines de la COP27 qui se tiendra en Egypte et réclamer des mesures à la hauteur de l’urgence.

Comment en est-on arrivé là ? En 2022, une enquête sociologique menée dans les laboratoires français (PDF) révélait que 90% des 6 000 répondants estimaient que « si les choses continuent au rythme actuel, nous allons bientôt vivre une catastrophe écologique majeure ». L’inaction des responsables politiques est la première raison avancée par la quinzaine de scientifiques que nous avons interrogés. « Je suis de plus en plus désespéré par l’aggravation des catastrophes climatiques et l’inaction des dirigeants mondiaux », lâche Peter Kalmus, le climatologue de 48 ans qui s’est enchaîné à la porte de la banque JPMorgan Chase, soutien financier des projets d’énergie fossile (charbon, pétrole, gaz).

L’écologue Wolfgang Cramer, qui a signé le manifeste de Scientist rebellion (en anglais) sans aller jusqu’à participer à une action, comprend ses collègues : « Ecrire des rapports, parler raisonnablement et gentiment, ça montre ses limites. Ce modèle qui consiste à fournir de l’information pour des décisions raisonnées marche un peu, mais pas assez ».  Le chercheur de 65 ans est bien placé pour le savoir : il a participé, depuis 1996, à la rédaction de sept rapports du Giec, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

« C’est non violent et symbolique »

Retrouver du sens et être en accord avec le message scientifique est un autre motif d’engagement. « Continuer à vivre et travailler de la même façon, cela peut donner l’impression que la situation n’est pas aussi grave qu’on le dit. C’est important d’avoir des actions en accord avec ce que l’on dit », estime Jérôme Guilet, qui juge les actions de désobéissance civile « proportionnées » : « C’est non violent et symbolique par rapport à l’enjeu qu’est la survie de l’humanité. » L’océanographe Xavier Capet, qui a participé en 2019 au blocage de la tour Total à La Défense, considère enfin que sa communauté a « une responsabilité vis-à-vis du mouvement climat ». Pour ce chercheur de 49 ans, par ailleurs engagé dans la réduction de l’empreinte carbone de son laboratoire, il faut accompagner « cette partie de la population qui a entendu notre alerte »

Si ce discours est de plus en plus audible et s’il est soutenu, de l’avis de nos interlocuteurs, par une majorité silencieuse de la communauté scientifique, ceux qui s’engagent restent une minorité. La désobéissance civile, avec ses risques judiciaires, n’est pas possible pour tout le monde. « J’élève mon fils seul, à temps plein. Je ne peux pas me permettre d’être en garde à vue, il faut que je rentre lui faire à manger », explique Matthieu Latapy. Ce chercheur en informatique de 47 ans a préféré réorienter ses recherches sur l’efficacité des différents types de manifestations.

Pour les plus jeunes, le choix de la rébellion se heurte à la précarité de la profession. Une chercheuse pas encore trentenaire s’interroge sur la suite après avoir participé à plusieurs manifestations : « Bien que l’envie ne manque pas, j’ai un peu peur que ça me ferme des portes. Si je veux tenter le concours du CNRS, je n’ai aucune assurance que ça ne poserait pas problème ». Même installés, les plus actifs redoutent des représailles professionnelles. Peter Kalmus, qui insiste sur le fait qu’il ne parle qu’en son nom propre, se souvient de ce coup de fil d’un responsable de son employeur, la Nasa, voulant s’assurer qu’il avait bien utilisé un jour de congés pour son action chez JPMorgan Chase.

« Au début, j’ai eu très peur pour mon travail », reconnaît Julia Steinberger, 48 ans, autrice du dernier rapport du Giec et chercheuse à l’université de Lausanne. Son employeur la soutient, malgré les menaces d’un élu suisse et les poursuites judiciaires de la banque UBS pour une action de blocage.

« Je ne veux pas nuire au Giec »

Tout le monde ne peut pas, mais tout le monde ne veut pas non plus franchir cette ligne. « Pour l’instant, ma casquette Giec me freine un peu. Même si je ne m’engageais pas au nom du Giec, l’amalgame serait fait et je ne veux pas nuire à l’institution », confie Christophe Cassou, l’un des auteurs du dernier rapport. Le climatologue de 51 ans, très actif pour sensibiliser les élus, se demande aussi comment rester « crédible » dans ce travail avec l’étiquette « désobéissance civile » et s’interroge sur l’endroit où être « le plus efficace ».

Membre du Haut Conseil pour le climat, Magali Reghezza-Zitt, 43 ans, comprend « l’écœurement » de ses collègues qui se lancent dans la désobéissance civile, tout en insistant sur « la différence entre [s]on avis de citoyenne et les faits scientifiquement démontrés ». « Je n’ai pas envie que l’un nuise à l’autre, ce serait injuste », avance-t-elle. La géographe met en garde contre la tentation d’« utiliser la légitimité scientifique pour quelque chose qui ne relève pas de la science » et reprend à son compte les mots de sa collègue Valérie Masson-Delmotte devant le gouvernement : « La charge mentale de l’action pour le climat ne doit pas être du ressort des scientifiques, ou des plus jeunes, elle doit augmenter avec le niveau de responsabilités. »

L’océanographe Eric Guilyardi, 56 ans, est encore plus réservé face à cette rébellion.

Engagé dans des actions éducatives via l’Office for Climate Education, il juge que les scientifiques doivent revenir à « beaucoup de modestie » : « Nous sommes le laboratoire d’analyses qui mesure un taux de cholestérol trop élevé. Décider ensuite s’il faut faire du sport ou arrêter le saucisson appartient au patient, pas au laboratoire. »

L’illusoire neutralité scientifique

Au-delà de ces critiques, personne au sein de la communauté scientifique ne pointe du doigt la question de la neutralité, le fait qu’un chercheur ne devrait pas s’exprimer publiquement ou donner son avis. Cet argument est pourtant régulièrement avancé par les détracteurs des scientifiques que nous avons interrogés. Pour ces derniers, cette neutralité est une illusion. « Etre neutre, c’est être dans le courant dominant et soutenir le statu quo actuel », balaye Jérôme Guilet, l’astrophysicien. Chercheuse en agroécologie à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), Isabelle Goldringer, 54 ans, rappelle que la pratique scientifique quotidienne implique « des choix qui reflètent nos valeurs et nos engagements », d’un côté comme de l’autre. « J’ai des collègues qui travaillent avec les industriels de l’agroalimentaire pour développer des innovations visant à rapporter de l’argent et qui ne font pas forcément du bien à la planète », euphémise-t-elle.

Matthieu Latapy, le chercheur en informatique, relève lui que ses voisins de laboratoire travaillent sur la reconnaissance faciale, les drones ou encore la recherche de pétrole dans les océans. « Je ne vois pas pourquoi étudier l’impact des manifestations serait plus politique », ironise-t-il. Tous appellent donc à ne pas confondre la méthode scientifique, basée sur la relecture par les pairs, sur des données et un processus transparent, avec cette prétendue neutralité. Peter Kalmus assure qu’il fait attention « à ne laisser aucun biais influer sur [ses] analyses ». « Je n’ai de toute façon pas la tentation de le faire, les résultats corrects sont suffisamment terrifiants en eux-mêmes et pointent clairement vers l’urgence à agir », assène le climatologue de la Nasa.

Une efficacité à démontrer

Reste une question sans réponse. La « rébellion » des scientifiques est-elle efficace ? Dans son dernier rapport (PDF, en anglais), le Giec constate que les « actions collectives » « soutiennent les changements systémiques », en donnant l’exemple des grèves de la jeunesse pour le climat. « Les scientifiques jouissent d’un certain niveau de confiance. On doit s’en servir pour appuyer des demandes de transformation forte », estime Kévin Jean, l’épidémiologiste. Pour Elodie Vercken, directrice de recherche à l’Inrae, cette implication des scientifiques permet de balayer « les préjugés envers les personnes qui s’engagent ». « C’est plus difficile de traiter de hippies ou de zadistes des personnes installées à des postes de respectabilité », pense la chercheuse, active à Nice (Alpes-Maritimes).

Dans une analyse publiée fin août par la revue Nature Climate Change (en anglais), Julia Steinberger et quelques collègues ont défendu ce mode d’action « efficace comme stratégie de changement », qui « permet de communiquer fortement sur l’urgence », tout en étant « raisonnable et éthique pour les scientifiques ». Au téléphone, la chercheuse suisse tient également à rappeler que cet activisme scientifique a une histoire : son père Jack, prix Nobel de physique, a milité contre l’arme nucléaire. Elle rejette enfin tout effet contre-productif : « La plupart des personnes qui me reprochent mon activisme ne sont pas prêtes à écouter la science. Personne ne m’a jamais dit : ‘J’étais prêt à lire les rapports du Giec, mais là, vous allez trop loin’. »

Biologiste française installée en Suisse, Anaïs Tilquin, 30 ans, est tellement convaincue de l’utilité de cette méthode qu’elle a quitté son laboratoire pour animer la campagne de désobéissance civile « Renovate Switzerland », équivalent suisse de Dernière rénovation. Sous cette bannière, des militants et des scientifiques, comme Julia Steinberger, ont commencé à bloquer périodiquement des axes routiers pour réclamer la rénovation énergétique des logements. Pour la jeune femme, « nous avons toutes les connaissances dont nous avons besoin ; le facteur limitant, c’est la volonté politique et ça ne s’obtient pas en écrivant des rapports ».

Doit-on interdire les jets privés ?
Bon Pote
https://bonpote.com/doit-on-interdire-les-jets-prives

27-8-2022-Voilà une semaine que politiques et médias parlent des jets privés. A l’origine de cet intérêt médiatique, Julien Bayou, député EELV, qui a émis le souhait de “bannir les jets privés”. D’après lui, «c‘est la mesure qui pénalise le moins de monde pour l’impact le plus grand et le plus immédiat en faveur du climat. C’est une question de justice».

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Pour certains, c’est « un attentat aux libertés », un « ayatollah vert », un « khmer vert ». Pour d’autres, c’est une mesure tout à fait logique en pleine urgence climatique. Compte tenu du prix d’un vol en jet privé et de la fortune moyenne des personnes qui les utilisent (1.3 milliard d’euros), ces réactions médiatiques ne sont finalement pas si surprenantes.

A quel point les jets privés polluent-ils ?

Pour avoir un débat éclairé, il faut tout d’abord connaître l’impact de l’aérien, et plus particulièrement celui des vols privés. Un rapport exhaustif a été publié par Transport & Environment en 2021 et nous pouvons en retenir plusieurs points clefs :

  • Les jets privés sont en moyenne 10 fois plus polluants que les avions commerciaux (par passager), eux-mêmes 50 fois plus polluants que le TGV. Un écart qui se creusera au fur et à mesure que les utilisateurs de jets privés se tourneront vers des avions plus grands et plus polluants que leurs alternatives commerciales.
  • En une heure, un seul jet privé peut émettre deux tonnes de CO2. La moyenne annuelle d’émissions d’un Européen est de 8.2 tonnes CO2eq, celle d’un Français est d’environ 10 tonnes.
  • En 2019, un vol sur dix au départ de la France a été effectué en jet privé, et la moitié a parcouru moins de 500 km. Rappelons que les vols les plus courts sont les plus polluants par km parcouru.
  • Le propriétaire moyen d’un jet privé dispose d’une fortune de 1,3 milliard d’euros, et la France et le Royaume-Uni dominent le marché des jets privés. Les vols au départ de ces pays émettent chacun plus de CO2 que 20 autres pays européens réunis.
  • Nice est dans le top 10 des aéroports pour les jets privés. Cela confirme que les jets privés sont utilisés par des personnes fortunées pour profiter du soleil et de la splendeur de Nice, un peu moins pour les affaires…

Jets privés 1 – 0 justification rationnelle

Nous comprenons des chiffres qu’un aller simple Paris-Nice en jet privé, c’est environ 2 tonnes de CO2, soit le budget carbone annuel cible d’un Français pour 2050. C’est émettre en une heure ce qu’il faudrait émettre au maximum en un an. Rappelons également que 1% des voyageurs qui prennent l’avion sont responsables de 50% des émissions du secteur aérien, et oui, les jets privés y sont pour quelque chose.

Peu importe votre bord politique, vous vous rendez vite compte qu’un vol en jet privé est l’une des pires choses que vous puissiez faire pour l’environnement et que ce n’est absolument pas compatible avec l’Accord de Paris et nos engagements climatiques. D’ailleurs, personne (je dis bien personne) n’a été capable de justifier l’usage des jets privés d’un point de vue rationnel : éditorialistes, politiques, haters sur les réseaux sociaux, etc.

Si le débat n’est pas rationnel, il est idéologique, et avantage une certaine catégorie de personnes.

Les jets privés, nouvelle grande cause nationale à défendre

En quittant son poste de ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari avait déclaré en mai dernier “nous avons engagé – pour de bon – la transition vers l’avion bas carbone”. C’est un mensonge, puisque le Haut Conseil pour le Climat dit dans son rapport annuel 2022 que “la stratégie de décarbonation de l’aérien n’est pas engagée, malgré les démonstrateurs technologiques et industriels, et n’intègre pas la maîtrise de la demande”.

Une phrase on ne peut plus claire, qui réfute donc les arguments fallacieux du lobby aéronautique et du gouvernement Macron 1. Y a t-il un changement pour Macron 2 ? C’est ce que nous pourrions espérer, via notamment Clément Beaune, nouveau ministre délégué chargé des Transports : « Il faut changer les comportements et fixer des règles encadrant ces vols privés, au niveau européen, c’est utile et nécessaire». D’après le Canard Enchaîné, il a vite été rappelé à l’ordre par le Président E. Macron :”le plan de sobriété ne doit pas être le concours Lépine de toutes les idées démagos de ministres qui ont envie de faire parler d’eux“.

Nous comprenons donc de ce gouvernement que proposer d‘arrêter d’envoyer des e-mails rigolos à des amis c’est efficace et pas démago. Nous apprenons également que couper le wifi est efficace et pas démago. En revanche, limiter les émissions de CO2 des jets privés, ce n’est pas efficace et c’est démago.

Jets privés et retour du chantage à l’emploi écologique

La pire des défenses est probablement venue d’Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, qui a déclaré “dans la majorité des cas, ce sont des transports commerciaux, c’est créateur d’emplois“. L’emploi est toujours l’argument ultime des politiques et chef(fe)s d’entreprise pour justifier tout et n’importe quoi. Ce fut le cas lors des Ubers Files, et c’est à nouveau le cas pour les jets privés.

Mais qu’est-ce que cela signifie au fond ? Qu’on ne peut rien changer, car des emplois sont en jeu ? TotalEnergies doit continuer ses exploitations gazières et pétrolières ad vitam aeternam car il y a des emplois en jeu ? Pourquoi l’emploi n’est pas un problème quand les entreprises délocalisent pour raisons fiscales ou n’importe quelle coupe dans la masse salariale pour faire plaisir à quelques actionnaires, alors que l’entreprise est très largement profitable ?

Il est d’ailleurs courant que celles et ceux qui demandent à changer de système économique soient comparés à des égoïstes ou des utopistes car ils ou elles ne pensent pas aux “emplois”. C’est faux. C’est au contraire pour cela que ces personnes demandent de l’anticipation et de la planification, pour éviter une casse sociale. Ce chantage à l’emploi des dirigeants irresponsables doit cesser le plus rapidement possible.

Finalement, peu importe le nombre de canicules. Peu importe la sécheresse. Peu importe que la France soit en feu. Le gouvernement Macron, comme tous les précédents, préfèrera toujours faire passer le profit avant la survie et le bien-être de millions de personnes.

Sans justice sociale, pas de transition écologique

Depuis le début de l’été, les “écolos” se font traiter de “khmer vert“, “ayatollah vert“, etc. Le système qui nous dirige vers un monde à +3°C se défend comme il peut. Ce ne sont pas les insultes qui vont vous épargner plus de canicules, mais bien un changement de système.

Ce changement de système sera impossible sans justice sociale. On ne peut pas demander à tout le monde de prendre son vélo si des exilés fiscaux sont sur leur yacht. On ne peut pas demander aux Français de prendre le train au lieu de l’avion quand le Premier ministre fait un aller-retour en jet privé pour voter, ou que les billets sont parfois jusqu’à 5 fois plus cher. Alors que le GIEC a rappelé en février dernier son caractère incontournable, elle ne fait toujours pas partie de la stratégie du gouvernement pour la transition énergétique.

Enfin, un point très important est rarement évoqué. On ne peut pas réduire les émissions des plus riches à leurs seules émissions, les fameux “1%”.

Ils ne font pas qu’émettre du C02, ils tirent tout un système croissantiste et mortifère à faire la même chose par leur mode de vie. C’est le même principe avec les influenceurs, lorsqu’ils font des allers-retours à Dubaï en jet privé et le mettent en story Instagram. C’est ce que rappelle cette étude de Nielsen & al, 2021 :

Les personnes au statut socioéconomique élevé exercent une influence disproportionnée sur le climat en raison de leur rôle de consommateurs, d’investisseurs, de modèles au sein de leurs réseaux sociaux et pour les autres personnes qui observent leurs choix, de participants à des organisations et de citoyens cherchant à influencer les politiques publiques ou le comportement des entreprises.

Chiens de garde et lobbies à la rescousse des jets privés

Compte tenu du fait que le billet d’entrée pour voyager en jet privé soit au minimum de 5 000€ et que même une personne très aisée ne puisse pas se permettre d’en utiliser un fréquemment, nous aurions pu espérer un traitement médiatique objectif de la question. C’était sans compter que la fortune moyenne des utilisateurs de jets privés est de 1.3 milliard d’euros et qu’être aussi riche permet d’avoir de l’influence, y compris dans l’information.

Tour à tour, des politiques et éditorialistes libéraux, conservateurs, principalement de droite et d’extrême-droite ont pris la défense des jets privés, sans jamais apporter une seule fois la preuve que leur utilisation était compatible dans un monde soutenable. Voir des éditorialistes climatosceptiques comme Julie Graziani expliquer en direct sur BFM à Yamina Saheb, autrice principale du dernier rapport du GIEC, comment le GIEC fonctionne… en enchaînant ineptie sur ineptie.

Que ce soit réduire ou interdire les jets privés, cela s’apparente pour ces personnes à une dictature. Les insultes répétées ont continué toute la semaine, allant même jusqu’à atteindre un point Godwin. Mac Lesggy, animateur de télévision “pro-science”, a utilisé une phrase du pasteur allemand Martin Niemöller, prononcée durant le régime nazi, pour défendre les jets privés et les piscines : Quand ils ont interdit les jets privés, je n’ai rien dit. Puis ils ont interdit les piscines privées, je n’ai rien dit. Puis les maisons à la campagne, je n’ai rien dit. Puis… Christian Gollier, directeur général de la Toulouse School of Economics, a même proposé : “plutôt que d’interdire les jets privés, taxons leurs émissions de CO2 à 500 €/tCO2, plus de 10x la taxe carbone que nous avons dans notre essence à la pompe, et 3x le dommage climatique engendré“. On imagine très bien un milliardaire ne plus prendre son jet privé parce que cela va coûter quelques milliers d’euros de plus…

Festival de whataboutisme

Le discours de l’inaction climatique le plus classique s’appelle le whataboutisme (désolé pour le franglais), et consiste à dire “nous ne représentons que 1% des émissions, regardez “x secteur” c’est 4% !”. C’est valable lorsque certains politiques répètent en boucle que la France ne représente que 1% des émissions, mais c’est aussi valable lorsque le lobby aérien répète en boucle que leur secteur ne représente que 2% des émissions mondiales.

Alors que cet argument a été maintes fois démystifié, la communication choisie est à nouveau la même. Ici par GIFAS (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales), puis répété en boucle par les acteurs et actrices du Business as Usual. Tapez “0,04% des émissions” sur les réseaux, c’est très instructif.

Toute personne commençant sa phrase par « on devrait d’abord réduire les émissions de ce secteur car c’est X% des émissions » n’a pas compris les enjeux climatiques. Nous sommes en urgence écologique : tous les secteurs doivent réduire leurs émissions, en même temps, et sans exception.

C’est valable pour les jets privés, les SUV, le secteur du numérique, la consommation de produits d’origine animale, etc. Cela n’empêche pas bien sûr de prioriser les efforts. Mais la politique de l’autruche, si elle était encore valable en 1990, ne l’est plus en 2022. Pointer du doigt les autres ou un autre secteur ne sert à rien, et ne mène in fine qu’à l’inaction climatique.

Peut-être devrions nous rappeler à toutes ces personnes, si toutefois être rationnel sert encore à quelque chose, que les émissions de CO2 dues aux activités humaines continuent de grimper en 2022 et sont en hausse de +2.9% sur la période Janvier-Juillet par rapport à 2019, dernière année avant la Covid.

Le rêve du jet privé

Les réactions extrêmement virulentes à la suite de la proposition d’interdire les jets privés traduisent un certain paradoxe.

Quelle situation étrange de constater que des personnes qui n’auront probablement jamais les moyens de posséder un jet privé ou même de voyager à bord sont prêtes à traiter de dictateur toute personne qui en propose la suppression. L’argument le plus avancé est celui de la “liberté”. Oui, il y a un changement climatique, “ça se réchauffe, mais je crois qu’il faudrait éviter l’écologie punitive“. Un monde où il fait parfois tellement chaud dans votre ville que vous ne pouvez plus rien faire, ce n’est visiblement pas punitif. La France a subi en 2022 3 canicules en 3 mois, des mégafeux, une sécheresse historique, c’est le bonheur, c’est la liberté, ce n’est pas punitif. La réussite actuelle, le rêve de devenir milliardaire et d’hésiter entre 2 jets privés, comme Kylie Jenner (you wanna take mine or yours?), c’est très exactement ce qui nous conduit à un monde réchauffé de +3°C et condamne par conséquent une partie de l’humanité. Nous sommes à un tournant, et il faudra faire des choix. Pour que ce choix soit juste, il doit être démocratique. Et pour qu’il soit démocratique, il faut que tout le monde soit au courant des conséquences sociales et environnementales du système actuel. Soit on assume et soutient ce monde là, on assume le réchauffement climatique, soit on arrête l’hypocrisie et on se donne les moyens de le limiter. Ce n’est pas plus compliqué que cela.

Le mot de la fin

Dans la mesure où les vols en jets privés explosent l’empreinte carbone, il est tout à fait logique de vouloir en réduire l’usage, voire l’interdire. Sans justice sociale, pas de transition écologique. C’est rappelé par le GIEC, le Haut Conseil pour le Climat, etc. Si des exceptions doivent être faites, par exemple pour des transports d’organes ou évacuation sanitaire, cela doit être pris en compte et discuté intelligemment avec tous les acteurs concernés. Mais il s’agirait d’être un peu sérieux et de prendre la mesure des changements structurels nécessaires si nous souhaitons respecter nos engagements climatiques. La fin de “l’abondance” annoncée par Macron doit bel et bien concerner avant tout les ménages les plus aisés, y compris les Français qui prennent des jets privés comme nous pourrions prendre le métro. Les millions de Français vivant dans une passoire énergétique ou devant faire appel à l’aide alimentaire n’ont jamais eu le luxe de l’abondance.

Ekilore-zopa
Gorka Bereziartua
https://blogak.argia.eus/boligrafo-gorria/2022/10/17/van-gogh-baten-aurkako-fake-ekintza

 

Klimaren aldeko ekintzaile batzuek Van Goghen Ekiloreak koadroari zopa poto bat jaurtitzeaz, lehenbizi, zera esan behar da: munduko intentziorik onenarekin egindako ekintza izan dela. Bigarrenik berriz, aurrekoari erantsi behar zaio munduko intentziorik onenak ez duela askorik inporta ekintzara pasatzen zarenean, baloratuko dena egin duzun hori izango delako, ez zer asmorekin egin duzun. Helburu nobleekin sarritan gauza desastrosoak egin baitaitezke, idazten diren maitasun-poema edo, are, tematika bereko bertso-sorta gehienek erakusten duten bezala. Bai, bihotz-bihotzetik atera zaizu, baina cringe pixka bat ematen du. Eta zure buruan ideia bikaina zirudien, e? Ba gauza bera honekin. Egia da komunikazio aldetik “funtzionatu” duela. Joan den astean bideoa zabaldu zenean ez zegoen beste konturik sareetan eta, inoiz asko sinetsi ez dudan kontsignak dioen moduan, “hitz egin dezatela nitaz, gaizki-esaka aritzeko bada ere”. Ekintzak lortu du, bai, larrialdi klimatikoaz hitz eginaraztea. Problema bakarra da 2022an gaudela eta ez, demagun, 1992an. Kontua jada ez dela hainbeste “arazoa ikusaraztea”, “jendea kontzientziatzea”, eta abar, helburu egingarri batzuk agenda politikoan sartzea baizik. Bide askoz malkartsuagoa aktibismo espektakularrean aritzea baino. Bai, badakit; eta ez baneki, Twitterreko sermoilariren bat hor legoke esateko: “Jendea gehiago haserretzen da koadro bati zopa pixka bat bota diotelako klima aldaketak dagoeneko Pakistanen eragin dituen 1.500 hildakoengatik baino; edo azken 50 urteetan munduan desagertu diren animalia-populazioen %70agatik baino”. Ekiloreen errepresentazio piktoriko baten profranazioak asaldatzen gaitu eta, aldi berean, oso posiblea da bizitza osoan benetako ekilore bat ukitu ez izana. Esaldi hori –erdi-arte garaikideko erakusketako jerga, erdi-Paulo Coelho– litzateke azio honen irakaspentxo morala, azaleko geruza batean. Baina oraindik ez dut ulertu zeren kulpa daukaten erabateko miserian eta -1 belarrirekin hil zen margolari batek edo haren koadroak hondamendi ekologikoaren saltsa honetan. Agian ekintzaileek saboteatu izan balute Londresko museo publiko batean dagoen obra baten ordez, nik zer dakit, beraien ekintzak finantzatzen dituen Aileen Gettyren aitonak Los Angelesen fundatutako museo pribatuko piezaren bat… Rubens, Tiziano, Monet edo Degas leuzkakete aukera-aukeran. Baina ez, orduan ere “artea ala planeta” debateak jarraituko luke izaten abiapuntu galtzaile bat, kale itsu bat, ezer ulertzeko edo eraldatzeko balio ez duen marko bat. Hori bai, bilobak pagatu izan balu aitonaren kolekzioko obren kontrako matxinada, gutxienez ekonomia zirkularraz hitz egin ahalko genuke. Ez du horrelakorik egin. Ez du benetako ekintzarik finantzatu ere, zeren hori da bestea, esaten ari garela koadroari zopa bota diotela, baina zehatzak izateko esan behar genuke koadroa babesten duen kristala geratu dela “salda badago” esanez. Ekintzak hasieratik aurreikusi du obra babestuta dagoela, ondare artistikorik ez kaltetzeko pentsatuta dago. Alegia, fakekintza bat da. Lehen momentuko keinu erradikalak eragindako inpresioaren ondoren, berehala nagusitzen da sentsazio erosoago bat: dena ordenan dago, ez da gertatu atzera-bueltarik gabeko ezer. Klima aldaketarekin gerta daitekeenaren justu kontrakoa adierazten du, hortaz. Eta hori nahiko perbertsoa da, segun eta nondik begiratzen duzun.