Articles du Vendredi : Sélection du 21 mars 2014 !

Climat, l’apocalypse annoncée

Courrier International
www.courrierinternational.com/article/2014/03/18/l-apocalypse-annoncee

Pourquoi des scientifiques prévoient la fin de notre civilisation d’ici quelques décennies


www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/la-nasa-prevoit-l-effondrement-de-notre-civilisation-d-ici-quelques-decennies_556243.html

Les mesures phares de la transition énergétique

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/les-mesures-phares-de-la-transition-energetique,44126?xtor=EPR-9

Femmes, nourriture et soins

Esther Vivas
http://esthervivas.com/francais/femmes-nourriture-et-soins/

« Sozialdemokrazia ez da gehiago existitzen » (Jean Marie Harribey)

Sustrai Colina
http://www.argia.com/argia-astekaria/2408/jean-marie-harribey

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Climat, l’apocalypse annoncée

Courrier International
www.courrierinternational.com/article/2014/03/18/l-apocalypse-annoncee

Dans un rapport fuité de l’ONU, les experts du changement climatique annoncent des situations catastrophiques pour l’humanité, rapporte The Independent.

 

« Changement climatique : la prédiction officielle de la damnation », titre The Independent, se référant à une version non-définitive d’un rapport du Giec, le Groupe d’experts international sur l’évolution du climat, dont le quotidien a pris connaissance. Le rapport, qui devrait être publié à la fin du mois de mars, prévoit que d’ici la fin du siècle la montée des eaux générée par le changement climatique obligera « des centaines de millions de personnes à se déplacer suite aux inondations le long des côtes et suite aux pertes de terres ».
Le réchauffement de la planète générera également des manques d’aliments. Il réduira les récoltes de 2% tous les dix ans tout au long du siècle, tandis que la demande d’aliments enregistrera une forte hausse, de 14% par décennie jusqu’en 2050. En outre, le rapport nous met en garde contre la multiplication de canicules, d’incendies, et de maladies liées à l’alimentation et à la qualité de l’eau. En termes de sécurité, le changement climatique s’annonce aussi catastrophique.

 

On peut s’attendre à « un risque accru de conflits violents comme des guerres civiles, des violences entre groupes, et des protestations violentes, étant donné que la pauvreté et les chocs économiques, les facteurs qui traditionnellement alimentent ce type de conflits, seront exacerbés », explique le journal.
Pour l’économie, le changement climatique générera des pertes qui se chiffrent en milliards de dollars. Une augmentation de la température moyenne à 2.5 C° au-dessus du niveau pré-industriel pourrait mener à un rétrécissement mondial entre 0,2 et 2%, selon les avertissements du rapport.

 

Pourquoi des scientifiques prévoient la fin de notre civilisation d’ici quelques décennies


www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/la-nasa-prevoit-l-effondrement-de-notre-civilisation-d-ici-quelques-decennies_556243.html

La société industrielle serait victime de la surexploitation des ressources et d’une répartition des richesses de plus en plus inégale.

Selon cette étude de la Nasa, le déséquilibre entre les plus riches et les plus pauvres pourrait entraîner, d’ici quelques décennies, des famines, conduisant à terme à la fin de notre civilisation industrielle.

Notre civilisation industrielle touche à sa fin. Elle pourrait s’effondrer au cours des prochaines décennies, rapporte Rue89, qui cite mercredi 19 mars un article du Guardian (en anglais). Selon une étude parrainée par le Goddard Space Flight Center de la Nasa (Etats-Unis), la répartition des richesses de plus en plus inégale et la surexploitation des ressources naturelles seraient en cause. Francetv info détaille ce scénario catastrophe.

Parce que l’histoire se répète

Pour en arriver à ce terrible bilan, les chercheurs se sont appuyés sur l’histoire des civilisations qui ont connu une phase ascendante, comme la nôtre, puis un effondrement. Les auteurs ont fait tourner un modèle conçu par le mathématicien Safa Motesharrei et une équipe d’experts en sciences sociales. Pour chaque civilisation, ils ont étudié les données concernant la population, le climat, l’eau, l’agriculture, l’énergie, la répartition des richesses, et trouvé des similitudes. « La chute de l’Empire romain, des dynasties mésopotamiennes, ou encore de celle des Han en Chine prouvent que les civilisations avancées, sophistiquées, complexes et créatives peuvent être à la fois fragile et éphémère », notent les chercheurs.

Parce qu’il n’y aura plus de travailleurs

Les chercheurs ont imaginé deux scénarios. Dans le premier, les plus riches de la planète seraient de moins en moins nombreux, mais de plus en plus riches et consommeraient de plus en plus. Ce déséquilibre entraînerait alors des famines pour les plus pauvres, et des pertes de travailleurs. « Dans ce cas, la destruction de notre monde ne serait donc pas due à des raisons climatiques, mais à la disparition des travailleurs« , note la RTBF.

Parce que les ressources seront surexploitées

Selon la deuxième hypothèse, la surexploitation des ressources naturelles entraînerait le déclin des plus pauvres. Et ce serait leur effondrement complet qui causerait alors le déclin des populations les plus riches.

Parce que le progrès sera incapable d’enrayer le processus…

En général, relève l’étude, la stratification sociale entre les riches et les pauvres mène à la surconsommation des uns, les autres étant condamnés à survivre. Pour les auteurs de cette thèse, le salut ne viendra pas des progrès de la technologie ou de la recherche, car ces progrès ont d’autres conséquences encore plus néfastes. Ils entraînent une plus forte consommation et une plus forte extraction des ressources. « Les changements technologiques augmentent l’efficacité des ressources, mais aussi la surconsommation. »

Cependant, les scientifiques soulignent que les pires scénarios peuvent être évités grâce à des politiques appropriées et des changements structurels. Parmi ces politiques, la répartition plus équitable des ressources et la réduction de la consommation des ressources.

Les mesures phares de la transition énergétique

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/les-mesures-phares-de-la-transition-energetique,44126?xtor=EPR-9

Après des débuts plus que chaotiques, l’élaboration du projet de loi sur la transition énergétique (PLTE) accélère. Selon des documents en possession du JDLE, les membres de la commission spécialisée devraient, demain, prendre connaissance de propositions intéressantes, notamment dans les domaines de la gouvernance, du nucléaire, de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.

Comme nous l’avions déjà annoncé, le gouvernement prévoit, à l’instar de ce que fait déjà le gouvernement britannique, d’établir des budgets carbone nationaux. Il s’agit, en clair, de feuilles de route quinquennales qui nous permettront (rêvons un peu) d’atteindre l’objectif du facteur 4 (division par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre) à l’horizon 2050.

Concernant la période 2015-2021, le premier budget serait largement conditionné par les engagements communautaires de la France (le 3 x 20%). Le second et le troisième (2022-2026 et 2027-2031) «seraient l’occasion de confirmer a minima l’objectif national de diminution de 30% de la consommation des énergies fossiles en 2030», annoncé par le président de la République.

Budget carbone

Ces budgets seraient traduits, au plan opérationnel, dans de nouvelles programmations pluriannuelles de l’énergie (PPI). Ces PPI nouvelle génération encadreraient la production de chaleur, d’électricité, la consommation de gaz, mais aussi l’efficacité énergétique, la sécurité d’approvisionnement, le soutien à l’exploitation des énergies renouvelables (ENR) et le développement des réseaux et du stockage de l’énergie.

Au niveau national, l’application de cette stratégie sera surveillée par un nouvel aréopage: le Conseil d’orientation de la transition énergétique et climatique (Cotec). Au niveau local, le gouvernement prévoit quelques aménagements. D’abord, en donnant aux schémas régionaux Climat Air Energie (SRCAE) un caractère plus opérationnel. Ensuite, en réformant les plans Climat Energie territoriaux (PCET). Ces PCET seraient portés par les intercommunalités, intégreraient des actions en faveur de la qualité de l’air et seraient compatibles avec les SRCAE. Les obligations de bilan d’émission de GES seraient remplacées par un plan Climat Patrimoine et Services.

Service régional de l’efficacité énergétique

Sur le modèle picard, les conseils régionaux pourront créer un service public de l’efficacité énergétique, chargé d’aider les populations à rénover leur logement. Les collectivités locales pourraient enfin être actionnaires de SAS chargées de monter des projets de production d’énergies renouvelables. Le projet de loi préciserait aussi les compétences des collectivités en matière de distribution d’énergie, de maîtrise de la demande et de lutte contre la précarité énergétique.

L’efficacité énergétique est souvent considérée comme le parent pauvre des politiques énergétiques. Cela ne change guère. Au menu des discussions de demain 20 mars, on ne parlera guère que des certificats d’économie d’énergie (CEE). Les représentants de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) rappelleront que le PLTE indiquera le début de la troisième période d’engagement du dispositif: le 1er janvier 2015. Le texte fixera aussi son nouvel objectif: 660 térawattheures cumac pour la période 2015-2017.

Il procédera également à quelques aménagements. L’état permettra ainsi aux 2.000 fioulistes de se regrouper pour satisfaire à leurs obligations, comme l’ont déjà fait les stations-services. Il permettra aussi aux sociétés publiques qui proposent un service de tiers-financement pour la rénovation énergétique des bâtiments d’obtenir des CEE. Plus anecdotique, le PLTE alourdira les sanctions «en cas d’absence de mise en place de compteurs de chaleur dans les immeubles collectifs, dans les sous-stations des réseaux de chaleur, pour le gaz et l’électricité». Gare aux réfractaires à Linky et à Gazpar.

 

 

 

 

Financement des renouvelables

Comme on pouvait s’y attendre, les ENR sont un gros morceau. Et notamment leur financement. Pour remplacer les tarifs d’achat, amenés à évoluer, l’hôtel de Roquelaure propose la création d’un «complément de rémunération». Ce mécanisme «vise à permettre la mise en œuvre de dispositifs de soutien sous la forme d’une aide versée en complément de la vente sur le marché de l’électricité produite par les énergies renouvelables».

Le PLTE prévoit une articulation entre ce nouveau type d’aide et les tarifs d’achat nouvelle version (à définir) permettant au gouvernement de choisir le type d’installation qui sera éligible à l’un ou à l’autre de ces dispositifs. Les systèmes construits dans le cadre d’appels d’offres pourront vendre leurs électrons dans le cadre (actuel) d’un contrat d’achat ou d’un contrat «offrant un complément de rémunération».

L’Etat propose la création d’une entité qui serait chargée de la gestion des contrats d’achat de l’électricité produite par les ENR. Une tâche qui n’incomberait plus à EDF. Le texte prévoit, en outre, d’autres formes de rémunération de l’électricité verte: tarifs d’achat variables ou indexés sur les prix du marché, par exemple.

En mer, les réflexions sont, à l’évidence, moins abouties. Le ministère en charge de l’énergie suggère la création d’un régime d’autorisation spéciale, mais seulement pour les sites d’essais. Pour limiter les effets délétères de la guérilla menée, à terre, par les anti-éolien, l’état souhaite limiter les recours possibles.

L’hydroélectricité, la plus ancienne des ENR, n’a pas été oubliée. Le projet de loi prévoit notamment de «regrouper plusieurs concessions préalablement à la mise en concurrence, de façon à créer un ensemble cohérent avec une date d’échéance unique». Ceci ayant pour but de regrouper tous ces contrats à l’échelle d’une vallée, selon la méthode dite du «barycentre». Les modalités de calcul de la redevance sur le chiffre d’affaires des barrages seront revues pour tenir compte, notamment, du produit de la vente de certificats de capacité.

Pacifier le nucléaire

Autre très gros morceau: le nucléaire. Un nucléaire que l’administration Ayrault souhaite pacifier. Pour ce faire, il demandera aux exploitants de toutes les installations nucléaires de base (INB) de communiquer aux riverains de leurs centrales ou de leurs usines toutes les informations habituellement transmises à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN): rapport annuel, incidents, etc.

Sur le modèle imposé par les normes internationales de gestion de la qualité ou de l’environnement (Iso 9000 et 14000), ces mêmes exploitants devront appliquer le principe d’amélioration continue de la sûreté nucléaire.

L’ASN est d’ailleurs la grande gagnante de ce texte. Comme elle le demande depuis longtemps, le texte prévoit de limiter le recours à la sous-traitance, voire de l’interdire dans certaines activités. Toujours suite à ses demandes, la procédure de démantèlement devrait être révisée. L’exploitant voulant arrêter définitivement une installation devra le déclarer au moins deux ans à l’avance. Il devra, en outre, déposer un dossier présentant les conditions du démantèlement. A charge ensuite pour le gouvernement d’autoriser les opérations par décret. Enfin, une installation stoppée depuis deux ans sera considérée comme arrêtée définitivement. L’ASN devrait voir aussi ses pouvoirs de police élargis. L’autorité présidée par Pierre-Franck Chevet devrait pouvoir distribuer des amendes administratives, voire procéder à des saisies d’actifs d’industriels indélicats. Le financement du gendarme du nucléaire devrait être aussi pérennisé.

L’hôtel de Roquelaure a bien entendu les appels lancés par la Commission nationale du débat public en faveur de l’allongement du calendrier du projet de stockage géologique de déchets nucléaires (Cigéo). Datée du 18 mars, la note rédigée par la DGEC annonce que la loi pourra aborder la gestion des déchets de haute et de moyenne activité à vie longue, notamment en apportant des modifications de jalonnement et de gouvernance sur le projet Cigéo.

Autre gain pour les écologistes: une meilleure prise en compte du risque nucléaire. Le projet de loi prévoit ainsi de porter le plafond de responsabilité de l’exploitant d’une installation nucléaire de 91,5 à 700 millions d’euros.

 

Femmes, nourriture et soins

Esther Vivas
http://esthervivas.com/francais/femmes-nourriture-et-soins/

C’est l’heure de préparer à manger et d’allumer les fourneaux, de dresser la table et de sortir les couverts, de faire la liste des courses et d’aller au supermarché ou au marché. A la maison, ces tâches sont majoritairement réalisées par les femmes. Un travail, celui de nous alimenter, qui est indispensable pour notre vie et notre subsistance. Néanmoins, c’est une tâche invisible, non valorisée. Nous mangeons, bien souvent, comme des automates et comme tels nous ne reconnaissons pas ce que nous avalons ni qui met l’assiette sur la table.

Dans les foyers, l’alimentation est toujours le plus souvent un territoire féminin. Ainsi le démontre la dernière « Enquête d’Emploi du Temps 2009-2010 » de l’Institut National de Statistique : dans l’Etat espagnol, ce sont 80% des femmes qui cuisinent dans les ménages, face à 46% des hommes. Et quand elles sont dans la cuisine, elles y consacrent plus de temps, 1 heure et 44 minutes par jour face à 55 minutes pour les hommes. Les femmes assument aussi dans une plus grande mesure les tâches d’organisation (préparer les aliments à l’avance, prévision d’achat…), tandis que les hommes apportent un appui, quand ils le font, dans l’exécution.

Il s’agit de tâches « alimentaires » qui se situent dans ce que l’économie féministe appelle les « travaux des soins », ces tâches qui ne comptent pas pour le marché mais qui sont indispensable pour la vie : élever les enfants, donner à manger, gérer le ménage, cuisiner, s’occuper de ceux qui en ont besoin (les petits, les malades, les personnes âgées), consoler, accompagner. Il s’agit de travaux sans valeur économique pour le capital, « gratuits », qui ne sont pas considérés comme du travail et qui, en conséquence, sont dépréciés en dépit du fait qu’ils équivalent à 53% du PIB de l’Etat espagnol.

 

Sacrifice et abnégation

Il s’agit ici d’occupations que le patriarcat octroi au genre féminin qui, par « nature », doit assumer ces fonctions. La femme est mère, épouse, fille, grand-mère pleine d’abnégation, elle se sacrifie pour les autres et est altruiste. Si elle ne remplit pas ce rôle, elle porte alors tout le poids de la culpabilité, celle d’être une « mauvaise mère », une « mauvaise épouse », une « mauvaise fille », une « mauvaise grand-mère ». Ainsi, tout au long de l’histoire, les femmes ont développé ces tâches de soin, en fonction de leur rôle genré. La sphère du travail « productif » est, de cette manière, le domaine de la masculinité tandis que le travail considéré comme « improductif », dans le ménage et non rémunéré, est le patrimoine des femmes. Il s’établit une claire hiérarchie entre des travaux valorisés et d’autres de second ordre. On nous impose ainsi des tâches déterminées, valorisées et non valorisées, visibles et invisibles, en fonction de notre sexe.

L’alimentation, la cuisine dans le ménage, acheter des provisions, les petits potagers pour l’auto-consommation, font partie de ces travaux de soins qui ne sont ni valorisés ni visibles mais qui sont pourtant indispensables. C’est sans doute pour cela que nous ne reconnaissons pas comment se produit ce que nous mangeons ni qui le produit : nous optons pour la nourriture fast-food, rapide, « bonne et pas chère ». Nous associons l’image du paysan à un attardé ignorant d’un village perdu. Nos soins, semble-t-il, n’ont pas d’importance. Et nous déléguons les choses au marché qui, au final, fait du profit avec ces droits.

Cependant, tous ces travaux sont vitaux. Qu’en serait-il de nous sans possibilité de manger ? Sans une alimentation saine? Sans personne pour cultiver la terre ? Sans cuisiner ? Ou, que ferions-nous si personne ne nous aidait lorsque nous sommes malades ? Sans personne pour nous élever quand nous étions petits ? Sans le soutien des personnes âgées ? Sans vêtements lavés ? Sans maisons propres ? Sans affection ni tendresse ? Nous ne serions rien.

 

L’économie iceberg

Ce travail rendu invisible est celui qui, en définitive, permet la réalisation du profit pour le capital. La métaphore de « l’économie iceberg », forgé par l’économie féministe, le met bien en lumière. L’économie capitaliste fonctionne comme un iceberg où nous ne voyons que la pointe de la banquise de glace, une petite partie ; celle de l’économie productive, du marché, du travail rémunéré associé au masculin. Mais la majeure partie du bloc reste « caché » sous l’eau. Il s’agit de l’économie reproductive, de la vie, des soins, associé au féminin. Sans elle, le marché ne fonctionnerait pas parce qu’il n’y aurait personne pour le faire fonctionner. Un exemple ; comment maintenir des journées de travail infernales et incompatibles avec la vie privée et familiale sans personne pour s’occuper d’entretenir la maison, pour préparer les repas, pour aller chercher les petits à l’école, pour soigner les vieilles personnes dépendantes ? Pour que certains puissent travailler « avec majuscule », d’autres doivent le faire en « minuscule ».

A partir de la métaphore de « l’économie iceberg » et depuis une perspective écologiste, nous voyons également comment la nature fait partie de ce soutien invisible qui permet de maintenir à flot le capital. Sans soleil, ni terre, ni eau, ni air ; il n’y a pas de vie. La richesse de quelques uns et le fétiche de la croissance infinie, reposent sur l’exploitation systématique des ressources naturelles. On revient ici sur la question de ce que nous mangeons ; sans ces ressources, et sans semences, ni plantes, ni insectes, il n’y a pas de nourriture. L’agriculture capitaliste se développe en provoquant la faim, la « dépaysannisation » et le changement climatique à partir de l’abus de ces biens, sans discernement. Une petite poignée y gagne tandis que nous, la majorité, sommes les perdants.

Que faire ? Il s’agit, comme disent les économistes féministes, de placer la vie au centre. De rendre visible, de valoriser et de partager ces travaux de soin ainsi que la nature. De rendre visible ce qui est invisible, de montrer la partie occulte de l’ « iceberg ». De valoriser ces tâches comme étant indispensables, de reconnaître qui les excercent et de leur octroyer la place qu’elles méritent. Et, finalement, de les répartir, d’être co-responsables. La vie et le soutien à la vie est l’affaire de toutes… et de tous. La nourriture également.

 

« Sozialdemokrazia ez da gehiago existitzen » (Jean Marie Harribey)

Sustrai Colina
http://www.argia.com/argia-astekaria/2408/jean-marie-harribey

J.M. Harribey, 1948an Talence-n (Frantzia) sortutako ekonomialari hau Attac eta Copernic fundazioetako kide eta Les Economistes Attérrés elkarteko lehendakaria da.

Mintza gaitezen krisiaz…

Bere dimentsio aniztasuna ikusita krisi sistemikoa da, azken hamarkadetako kapitalismoaren eraldaketaren erro sakonei oihartzun egiten diena. Balore ekoizpenaren krisi baten aitzinean gaude. Batetik, Marxek XIX. mendean azpimarratu legez, kapitalismoak ezin du lan-indarraren ustiapenaz abusatu bere hedapen gaitasuna zapuztu gabe. Horregatik errepikatzen dute periodikoki inbertitzaile kapitalistek kapitalaren errentagarritasuna ez dela nahikoa. Are gehiago, azken urteetan munduko sektore industrial gehienak euren ekoizpen gaitasunetik gora dabiltza, gainprodukzio kronikoan. Lansariak eta lan baldintzak zapaltzeko grinaren poderioz, berauen bilakaera, sortzen duten oparotasuna baino anitzez ttipiagoa da, eta kapitalismoak ezin du bere almazenik hustu. Bestela esanda, kapitalismoak ez du oraindik eguneko 25. ordua asmatu. Bestetik, kapitalismoaren ohiko krisiari krisi ekologikoa lotzen zaio. Sistemak ezin du langileei aberastasuna ekoitzarazi behar diela pentsatzen segi, xehetzen, xehatzen eta xahutzen duen horretan oinarriturik. Horregatik diot balioaren ekoizpenaren krisia ez ezik balioaren ekoizpena gauzatzeko krisia ere badela. Lehengai eta baliabide naturalen urritzea agerikoa izateaz gain, merkatuak ez du jada ekoitzitakoa xurgatzen.

Ez al zaio horri azken 40 urteotako munduko ekonomiaren finantzazioa gehitu behar?

Ekoitzitako aberastasunaren araberako lan-sarien uzkurtzeak klase zenbaiten aberaste gupidagabea ekarri du, eta behin aberasturik, kapitalismoaren finantzazioan birziklatu dituzte etekinak, ohiko inbertsioetara mugatu beharrean.

Hala lehertu dira bat bestearen gibeletik burbuila finantzario guztiak 2007-2008ko kolapsora heldu arte. Orduan, munduko banku eta finantza sistema goitik behera eroriko zatekeen estatuek ez balute zor pribatuaren zati handi bat heien gain hartu. Horrek defizit publikoaren eta zor pribatuaren emendatze izugarria eragin zuen herrialde gehienetan. Zer esanik ez, euroguneko estatuetan. Baina ez gaitezen tronpatu, medioek eta diskurtso ekonomiko nagusiak zorpetze publikoaren krisia krisi orokorraren kausa bat dela badiote ere, ondorio bat baizik ez da. Horregatik ez dute zentzurik zulotik jalgitzeko predikatzen dizkiguten austeritate politikek. Ahantzi ote dute atzeraldian gastu eta inbertsio publikoen murrizteak zauria handitu baino ez duela egiten? 30eko hamarkadan frogatu zuen hori Keynes-ek. Inbertsio pribatua mehatxupean denean inbertsio publikoa bakantzen bada, atzeraldiari atzeraldia eransten zaio. Austeritate politiken absurdua eta zinismoa ikusi nahi duenak begiratu dezala Greziara. Troikak Grezia erreskatatu duela diote, baina Troikak ez du Grezia lagundu, ustez negozio borobila zenean Greziako estatu bonoak erosi zituzten banku europarrak salbatu ditu.

Krisiaren aitzakian ez ote dira hamarkadetako lorpen sozialak komunetik behera botatzen ari?
Europar Batasuneko herrialdeak, batez ere sortzaileak, II. Mundu Gerratik landa finkatu zen eredu sozialak ezaugarritzen zituen. Azken 40 urteotan, kapitalismo neolibelarak etengabe egin dio kosk modelo horri: erretretarako baldintzak zailduz, lan-ordu kopurua emendatuz, soldatak jaitsiz, oporrak murriztuz… Azken 20-30 urteetako erreforma gehien-gehienak norabide bakarrekoak izan dira, eta jakina, krisi karratu hau aitzakia borobila da babes sozialaren sistema pitzatua txikitu eta zerbitzu publikoen pribatizazioa bultzatzeko. Austeritate politikak ez datoz ez-dakit-zein egitasmo publiko murriztera soilik, lorpen sozialak dantzan jartzera baizik. Ez dagoela beste modurik, beste biderik, sinetsarazten digute, “erreforma estrukturalez” josten gaituzten bitartean. Lan merkatuaren erreforma estrukturala, babes sozialaren erreforma estrukturala, erretreten erreforma estrukturala… Horiek oro estrategia orokor eta koherentearen parte dira. Ñabardurak ñabardura, eskuineko zein ezkerreko etiketa duten gobernu guztiek jotzen dituzte ontzat. Hortxe dago koska: sozialdemokrazia ez da gehiago existitzen. Orain, gurean, gobernu liberal, ultra-liberal eta eskuin muturrekoak baizik ez daude.

Zein dira, zure ustez, krisitik ateratzeko bideak? Sistema honi oinarri sanoagoa jarri ote dakioke?

Krisi hau kontraesan sozial eta ekologikoen leherketa sinergikoa bada, orain plantan ezartzen ari diren politika anti-sozialak eten eta orain artekoarekin alderatuta oso ezberdina den garapen eredua hausnartu behar genuke. Dagoeneko, ezin gara hazkunde ekonomikoa enegarrenez sustatzearekin konformatu. Ekoizpenaren mamiari, garapen moduari eta kontsumo jendarteari heldu behar diegu. Ezin gara teoria hutsean gelditu. Krisiak azaleratu dituen premia sozialek berehalako erantzunak exijitzen dituzte, ezberdintasun sozialak lehenbailehen ttipitzen hasi behar dugu, fiskalitateak errotikako erreformak zor ditu, sistema bankarioa birpentsatu behar da… Eta batez ere, dinamika zoro honen abiapuntuari egin behar zaio aurre: kapitalen zirkulazio libre eta frenetikoari. Arlo guztietan batera aitzinatzeko marko politikoa balego itxaropentsu egon gintezkeen, baina garapen ekonomikoaren eredua eta joera anti-soziala zalantzan jartzen ez dituguno, nekez aterako gara zulotik. Are okerrago, ez harritu eredu anti-sozialetan eta itsumen produktibistetan tematzen bagara.

Ekonomia merkantilak soilik sortzen du aberastasuna, ala?

Kapitalismoak ezagutzen eta sustatzen duen aberastasun bakarra forma merkantila duena da, etekina sortzeko zoria duena, mozkin hori kapitala bihurtuko delarik. Aberastasun merkantil horren ondoan, alta, marko kolektiboan ekoiztutako zati arras garrantzitsu bat dago. Liberalen kapitalismoak dio marko ez merkantil baten baitako langileen lana (hezkuntza edo osasun publikoan, esaterako) aktibitate parasitarioa dela. Heientzat, aberastasun bakarra merkatuak merkaturako egiten duena da. Enetzat, aldiz, ideia faltsua ez ezik, kapitalaren metatze zentzugabea justifikatzeko baizik balio ez duen arrazonamendua da. Ekonomia politikoaren arabera, aberastasuna eta balore ekonomikoaren arteko bereizketa egin behar da. Aristotelesek berak aipatzen zuen erabilpen eta truke baloreen arteko diferentzia bere oinetakoen adibidea jarriz. Ibiltzeko balio ziotela zioen, hori zen erabilpen balioa, baina aldi berean, beste zerbait lortzeko truke-balore bat ere izan zitezkeen. Hori hala, eskola publikoak erabilpen balore izugarria ekoizten du haurrak heziz, baina horrek ez dauka balore merkantilik, ebaluazio monetarioa duen arren. Horregatik diot liberalen diskurtsoa interesatua dela, eta uste faltsu horrekin egungo kolektibitatearen baitako jarduera ez merkantiletako giza baliabideak zein bitarteko materialak kapitala metatzera bideratu nahi dituztela.

 

 

 

 

Garapen iraunkorra jasangarritasunera bideratuta al dago?

Garapena iraunkorra edo jasangarria izan, iraunkortasunaren ikusmolde ahul eta benetakoaren arteko talka dago. Iraunkortasun ahularen arabera, baliabide naturalak ahitzen ari gara, baina ez dugu zertan kezkatu, aurrerapen zientifiko eta teknologikoekin ordezkatuko baititugu. Ikuskera faltsua bezain hipokrita da, baina tamalez multinazionalek eta NBE bezalako erakundeek aintzat hartzen dutena. Iraunkortasunaren zinezko kontzeptua dago parez pare, baliabide naturalak aurrerapen zientifikoekin ezin direla ordezkatu aldarrikatu, baina bien arteko osagarritasuna onartzen duena. Talka horretatik abiatuta gerra semantiko eta ideologikoak lehertu dira dena suntsitzen duen garapen ekonomikoari lifting bat egin nahi eta zinezko arazoari adarretatik heldu nahi diotenen artean. Berriz diot, ekoizpenaren mamiaz hausnartzen ez duguno, garapen iraunkorraren kontzeptua zentzu-husten ari gara. Ekoizpen egiturei, prozesuei eta kalitateari buruz hausnartzeak soilik itzul diezaioke hitzari bere benetako esanahia. Izan ere, ekoizpenaren kalitatea ezinezkoa da lanaren kalitaterik, lanpostuen kalitaterik eta kalitatezko babes sozialik gabe. Dena da bat. Zuzenbide laborala zein sistema soziala hankaz gora jartzea, kalitatea bost axola zaion produktibismo suntsitzailearen eskutik doa.

Desazkundea zinezko alternatiba ote da?

Produktibismoaren eta gaudenera ekarri gaituen ideologiaren kritikan desazkundearen teorizatzaileekin bat egin arren, ez zait irtenbidea iruditzen. Ene ustez, trantsizio estrategia bat ezarri behar da plantan, sistema energetiko guztiak birmoldatu, garraio sistemak birdiseinatu, gure hirigintza birpentsatu… Horrek inbertsio izugarriak egin beharko diren denbora tartea eskatzen du, eta nola uztartzen da trantsizio aro hori ekoizpenaren ttipitzearekin? Trantsizio fase horretan jasangarritasuna ekoizpenaren kalitatearen arabera neurtu beharko da, ez ekoizpenaren kantitatearen arabera. Hala, trantsizio hori atzerabiderik gabe abiatzen delarik, ez dut gure ongizatea hazkundearen emendatzearekin lotzerik nahi. Ongizatea aurrerapen teknologikoarekin eta progresoarekin lotzen duen ustea hautsi behar dugu. Baina berriz diot, horiek balizko trantsizio baten ondoko aferak dira. Bitartean, asetzen ez diren behar sozial gorriak daude. Enplegatuak diren langileen %20a sos faltan ez dela gehiago okulistarengana edo dentistarengana joaten irakurtzen dudanean sutan jartzen naiz. Premia sozial horiei gaur erantzun behar zaie, ez bihar. Bestalde, desazkundearen estalpean ilusio faltsuak saltzen ari direnei garbi esan behar zaie, ez dagoela zerutik datorren diru-sarrerarik, eta etekinak ere lanetik datozela. Ke gortina hori oso ongi baliatu dute liberalek hatza zaurian sartu eta urteetan langile mugimenduaren ardatza izan den “lanak soilik dakar mozkina!” goitik behera arrakalatzeko.

Asko hitz egiten da krisi ekonomikoaz, gutxi krisi sozialaz. Karrikak suminez gainezka ez daudelako agian?

Krisi ekonomikoaren ondorioa da krisi soziala, baina aldi berean, krisi sozial hori da krisi ekonomikoaren kausetako bat. Lorpen sozialak kolokan jartzea, soldaten bilakaera produktibitatearen bilakaerarengandik deskonektatzea… Horiek oro krisiaren sustraiak dira, ez soilik adarrak. Jakina krisi ekonomikoak krisi soziala larritzen duela, baina degradazio sozialak ekarri du krisi ekonomikoa. Hori hala, arazoa da kaleak suminez sutan ez egotea. Kapitalismo neoliberalak langile mugimendu eta mugimendu sozialei bataila irabazi die azken hiru hamarkadetan. Behin betiko garaipena ez izatea espero dut. Bitartean, langabezia tasa zeruetan dabil, ezberdintasunak areagotu dira, prekarietatea errutinaren parte bihurtu da, elkartasun sistemak zulatuta daude, sindikatuek euren ekintza gaitasuna galdu dute, tradizionalki langile mugimenduaren ordezkariak izandako erakundeek ez dute eragin-indarrik… Nola nahi duzu baldintza horietan mobilizazio jarraitu eta eraginkorrak antolatzea?

Horretaz gain, sistema neoliberalak behialako klase kontzientzia eta elkartasun kolektiboaren sentimendua indibidualismo zikoitzez ordezkatzen asmatu du. Baina tira, hemen deus ez da behin betikoa.

Herritar gisa, izango dugu noizbait sistema ekonomikoa eta eredu soziala hautatzeko modua ala botere ekonomikoak botere politikoa hankapean dauka?

Menpekotasuna botere ekonomikoak jendarte osoari inposatzen dio, ez politikariei. Nik botere politiko eta ekonomikoaren arteko sinbiosia ikusten dut, bai jokamoldeetan bai aspirazioetan. Klase burgesaren koherentzia ariketa baten aitzinean gaude, ez menpeko-nagusi harreman batean. Hori hala, sistema ekonomikoa eta eredu soziala hautatzeko moduan izango garen ez dakit. Dakidana da ez dagoela betiko den sistema ekonomikorik. Betitik eta betiko dela uste dugun kapitalismoak bi edo hiru mende baizik ez ditu. Zer da hori historian? Alabaina, ez nuke esango kapitalismoa azkenetan dagoenik, bere baitako ziklo baten bukaeran baizik. Finantzarizazioaren zikloaren amaieran gaude, gizateriaren ongizatea merkatuaren pribatizazio libretik zetorrela zioen ideologiaren amaieran. Krisiari esker argi geratu da merkatu finantzarioek ez dutela berdintasuna eta heziketa bermatzen, eta nekez oinarritu daitekeela gizateriaren zoriona horretan. Alta, horrek ez du esan nahi kapitalismoak ezin duela irtenbide berririk kausitu. Egunero asmatzen ditu.