Articles du Vendredi : Sélection du 21 mai 2010

Mensonges, manipulations et mauvaise foi : la réforme des retraites en trois dimensions

Analyse du « Document d’orientation sur la réforme des retraites » par Attac France le 17 mai 2010


EHLG : l’Etat jette l’éponge

Leçons à chaud d’une belle victoire

Txetx Etcheverry / txetx@wanadoo.fr
Article paru dans l’édition d’Enbata-Alda ! du 20.05.10

La religion du marché

Eric Toussaint (*)
Article paru dans le site du CADTM (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde – www.cadtm.org) le 14.05.10

« Villes en transition » : la révolution écologique, pacifique et optimiste est en marche !

Christian Bucher / secrétaire des Verts-e-s du Finistère
Article paru dans l’édition de Brest-ouVert.net du samedi 15 mai 2010

«Nous allons tous être étonnés par l’essor du solaire»

Jacques-Olivier Martin, Frédéric de Monicault (Le Figaro)/ Interview de Thierry Desmarest PDG de Total quittant la direction du groupe
Article paru dans l’édition du Figaro du 20.05.10

«Helburua bezain inportanta da irabazteko borrokaren estrategia»

Nora Alberbide (Berria) / Mixel Berhokoirigoin. Euskal Herriko Laborantza Ganberako (EHLG) lehendakariarekin elkarrizketa
Berria egunkaria argitaratua maiatzaren 18an

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Mensonges, manipulations et mauvaise foi :
la réforme des retraites en trois dimensions

Analyse du « Document d’orientation sur la réforme des retraites » par Attac France le 17 mai 2010

Le gouvernement vient d’adresser aux syndicats et au patronat son «Document d’orientation sur la réforme des retraites».
Il persiste et signe dans son intention d’aggraver encore les conditions de travail des salariés et celles dans lesquelles ils pourront prendre leur retraite. Trois dimensions caractérisent ce projet : le gouvernement ment, il manipule l’opinion et il fait preuve d’une mauvaise foi sans pareille.

Mensonges
Le gouvernement affirme que «la véritable cause du déséquilibre de nos régimes de retraites est la démographie». C’est doublement faux. Le Conseil d’orientation des retraites a indiqué dans son rapport d’avril 2010 que la principale raison de l’aggravation des déficits sociaux était la crise financière : en 2006, donc avant la crise, le déficit de l’ensemble du système de retraite était de 2,2 milliards d’euros ; en 2008, il atteignait 10,9 milliards et il devrait être de 32,2 milliards en 2010.
D’autre part, l’allongement de l’espérance de vie ne devient une catastrophe que si on refuse de mettre en débat la richesse produite, sa nature, son évolution et la manière dont elle est répartie.

Manipulations
Le gouvernement affirme s’engager à «écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage». Or, prétendre inciter les salariés à travailler plus longtemps, que ce soit en reculant l’âge légal de la retraite ou en augmentant la durée de cotisation, entraîne inéluctablement une baisse du niveau des pensions, malgré tous les serments qui prétendent le contraire. C’est déjà le résultat des contre-réformes de 1993 et de 2003, ce sera le cas avec celle de 2010 si elle est effective.
Alors que le chômage continue d’augmenter, le travail forcé des seniors se substituera à l’emploi des jeunes. Le «travailler plus» des uns se traduira par l’exclusion et la précarité des autres, jeunes, femmes, non diplômés. La reconnaissance de la pénibilité du travail semble se limiter pour le gouvernement aux salariés déjà «cassés» par leur travail, qu’on ne contraindra (peut-être) pas à travailler plus longtemps…
Toute alternative au «travailler plus» est a priori exclue sans possibilité de discussion : toute augmentation des cotisations est interdite. On nous dit que les déficits des régimes de retraite se chiffreront par dizaines de milliards d’euros, voire plus de 100 milliards en 2050 : mais on refuse d’accompagner l’évolution démographique par une augmentation des cotisations au fur et à mesure que la richesse s’accroît. Pourtant la seule application du taux de cotisation patronale aux dividendes distribués comblerait immédiatement tout le déficit actuel de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, le régime général de la Sécurité sociale.
Quant à la «contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital sans restitution au titre du bouclier fiscal», elle restera largement symbolique au regard des sommes nécessaires. Le flou règne sur ces nouveaux financements, mais le choix de reculer l’âge légal de la retraite et/ou de rallonger la durée de cotisation est présenté comme ferme et définitif.

Mauvaise foi
Le gouvernement réaffirme l’impératif de solidarité et sa confiance dans le système par répartition. Mais il organise en même temps la baisse inéluctable du niveau des pensions parce que de moins en moins de salariés pourront satisfaire aux nouvelles obligations de travailler plus longtemps. Il ouvre ainsi la voie à tous ceux qui, comme le Medef ou les compagnies d’assurance, veulent élargir le champ des retraites complémentaires par capitalisation auxquelles pourront souscrire les titulaires de hauts revenus ou de hauts salaires. Les inégalités sociales en seront encore aggravées, dans la société et au sein même du salariat.
Loin de consolider la solidarité du système par répartition, le document gouvernemental met au programme des prochaines années une «réforme systémique» pour transformer notre système en un système «par points» ou «par comptes notionnels». Le Conseil d’orientation des retraites, dans son rapport de janvier, a montré comment une logique individualiste viderait alors de tout son sens le système par répartition. Les pensions seraient calquées sur les contributions personnelles de chaque salarié cotisant : adieu au principe de solidarité qui inspire les fondements de la Sécurité sociale. Alors même que – comme le reconnaît le Conseil d’orientation des retraites – cette réforme systémique n’aurait aucune efficacité face à un choc économique ou démographique.
La logique profonde de la réforme annoncée des retraites n’est donc pas de préserver la solidarité mais au contraire de rassurer les marchés financiers : à l’image de ce qui se passe en Grèce, en Espagne et maintenant partout en Europe, le gouvernement veut montrer sa détermination à faire payer la réduction des déficits publics aux salariés et à la population, en laissant intacts les revenus et le pouvoir de la finance.
L’association Attac, initiatrice, avec la Fondation Copernic, d’un appel pour «Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites» qui se traduit aujourd’hui par de multiples actions de sensibilisation de la population sur l’enjeu des retraites, participera à toutes les initiatives qui seront prises dans les jours et les semaines à venir pour faire échouer le projet du gouvernement.

Pour en savoir plus :
– http://www.france.attac.org/spip.php?rubrique24
– http://www.exigences-citoyennes-retraites.net/

EHLG : l’Etat jette l’éponge

Leçons à chaud d’une belle victoire

Txetx Etcheverry / txetx@wanadoo.fr
Article paru dans l’édition d’Enbata-Alda ! du 20.05.10

Ce mercredi 12 mai, quand j’ai appris que l’Etat renonçait finalement à se pourvoir en cassation dans l’affaire Laborantza Ganbara, et que par conséquence la légalité d’EHLG était définitivement acquise, j’ai ressenti une joie plus intense que le jeudi précédant, en entendant le juge de la Cour d’Appel de Pau confirmer la décision de relaxe prononcée le 26 mars 2009 par le Tribunal de Bayonne. Après avoir convaincu deux tribunaux du bien fondé de ses arguments, EHLG réussissait quelque chose d’encore plus fort : faire reculer l’Etat, pour la première fois depuis plus de 5 ans, lui faire jeter l’éponge. La victoire était cette fois globale, politique, stratégique. L’Etat aurait pu se maintenir dans la même logique qui a guidé son appel contre la première relaxe : maintenir une pression et continuer d’imposer une situation de tension destabilisante à Laborantza Ganbara, en espérant la pousser ainsi à la faute, en tentant d’affaiblir sa position. Un pourvoi en cassation prolongeait cette situation pendant un ou deux ans, et au vu de l’attitude de l’Etat ces dernières semaines (pourvoi en Conseil d’Etat dans l’affaire des donateurs d’EHLG, référé contre la commune de Saint-Pée sur Nivelle, attaque contre la subvention du Conseil Général devant le Tribunal administratif…), on pouvait largement s’y attendre. Mais ce n’aura finalement pas été le cas, ce qui signifie que l’Etat a renoncé à entamer une troisième manche, une troisième bataille. C’est que la deuxième, contrairement à ses espoirs, n’avait pas affaibli EHLG, n’avait amoindri aucun de ses soutiens, bien au contraire. La solidarité s’était élargie, la capacité de mobilisation restait intacte, les alliés plus nombreux. Par contre, le camp des soutiens à la ligne de l’Etat avait fondu comme glace au soleil, le coût politique était chaque jour plus important et l’attitude de l’Etat le poussait chaque fois d’avantage à la faute jusqu’à devoir attaquer au Tribunal administratif un président de Conseil Général appartenant à l’UMP ! Bref, EHLG avait gagné la bataille de l’opinion publique, élément décisif qui allait entraîner la victoire globale, celle qui a provoqué ce recul inespéré de l’Etat.

Quelques leçons à chaud

La bataille d’EHLG restera un cas d’école, un exemple d’où il convient de tirer de sérieuses conclusions stratégiques pour nos diverses batailles et projets. En attendant de se livrer à cet exercice avec le temps et l’attention nécessaires, voici déjà quelques leçons à chaud d’une belle victoire :

*une lutte menée par des moyens exclusivement pacifiques, non-violents a réussi à faire reculer l’Etat dans un bras de fer dans lequel il avait pourtant engagé toutes ses forces et sa crédibilité ;

*la bataille de l’opinion publique, celle du renforcement croissant des soutiens et des alliances a pu être gagnée de par le caractère non-violent assumé, revendiqué de la lutte d’EHLG, mais également par la qualité de l’équipe dirigeante de la structure, les paysans du bureau d’EHLG, et bien évidemment de leur président qui se retrouvait au coeur de la mise en accusation Michel Berhocoirigoin. L’estime et le respect que suscitent leurs personnes et la qualité de leur travail, dans des secteurs très larges de la société, a été un atout décisif pour cette bataille ;

*autant l’Etat a commis plusieurs erreurs stratégiques de taille au cours de ces cinq années, autant EHLG a pris à chaque moment les bonnes décisions et réalisé les bonnes synthèses : bonne stratégie juridique (par exemple défense juridique basée sur le principe que plus un procès est politique et plus la défense doit être juridique et technique, etc.), bon timing des deux campagnes, la première longue et la seconde au contraire très resserrée dans le temps, les deux sur des thématiques différentes et adaptées à chaque moment de la bataille (bataille pour la relaxe dans un premier temps, contre le harcèlement dans un second), type de mobilisations, ancrées localement, permettant des alliances très larges, mobilisant les élus et la société civile, écho et soutiens obtenus hors du Pays Basque, diversité des registres touchés (de l’humour activiste à l’argumentaire technique voire austère, attention donnée tant au monde paysan qu’au reste de la société), etc. *enfin, la bataille de l’opinion publique a pu être gagnée grâce à la valeur intrinsèque du projet Euskal Herriko Laborantza Ganbara, son caractère spécifique et original. EHLG est en résumé ce que les théoriciens de la non-violence désignent sous le nom de « Programme constructif ».

Le programme constructif

Jean-Marie Muller le décrivait ainsi dans son remarquable ouvrage « Stratégie de la non-violence » : « Le programme constructif consiste à organiser, parallèlement aux institutions et structures que l’on conteste et avec lesquelles on refuse de coopérer, des institutions et des structures qui permettent d’apporter une solution constructive aux problèmes posés. Il s’agit de mettre en place les bases concrètes de la nouvelle société, fondées sur la justice et la solidarité, pour laquelle la lutte a été entreprise. La réalisation du programme constructif doit permettre à ceux qui jusque là ont été maintenus dans une situation de mineurs à l’intérieur des structures économiques et politiques, de prendre en charge leur propre destin et de participer directement à la gestion des affaires qui les concernent. Ainsi la stratégie de l’action non-violente (…) n’attend pas la prise du pouvoir politique pour commencer à mettre en oeuvre les changements économiques et sociaux nécessaires. (…) La réalisation du programme constructif permet que se mobilisent de nombreuses personnes qui ne sont pas prêtes à s’engager dans l’action directe. Lorsque celle-ci est suspendue, elle permet au mouvement de maintenir sa cohésion et son dynamisme tout en laissant aux militants le temps de reprendre souffle après les tensions nées de l’affrontement direct avec l’adversaire. (…) La revendication et la demande doivent s’exprimer en s’appuyant sur un acte qui réalise les vertus et les qualités qui manquent à ce que nous contestons et constituer ainsi, sinon une solution, du moins une contribution positive à la recherche d’une solution (…) Ainsi le programme constructif permet-il à l’action non-violente de dépasser les aspects négatifs qui caractérisent la contestation, la résistance et la non-coopération. Par lui, un mouvement non-violent ne tient plus seulement sa consistance de ce à quoi il s’oppose, mais aussi de ce qu’il propose et réalise. »

En quelques lignes, nous voyons ici admirablement résumées les atouts intrinsèques du projet Euskal Herriko Laborantza Ganbara, qui expliquent pourquoi il s’agit là d’une lutte qui peut s’inscrire dans la durée, qui permet une large participation et implication, en même temps que des alliances et soutiens des plus divers, qui permet d’aller chaque fois plus loin vers l’objectif recherché.

Nous comprenons également en quoi ce style de logique est particulièrement bien adaptée au logiciel abertzale, qui n’attend pas la prise du pouvoir politique pour commencer à construire l’alternative nécessaire. Quelle stratégie pour les décennies à venir C’est en cela que l’exemple d’Euskal Herriko Laborantza Ganbara interpelle tous(tes) les abertzale des sept provinces, et pas seulement ceux d’Iparralde, quand à nos reflexions stratégiques sur l’évolution et l’avenir de notre lutte.

Et je n’ai pas pu m’empêcher, ce mercredi 12 mai, tout en savourant cette belle victoire de Laborantza Ganbara, de me demander avec une certaine tristesse, où en serait Udalbiltza, quel chemin aurait parcouru cette première institution nationale représentant le Zazpiak Bat, composée par les élus municipaux des sept provinces, dix ans plus tard si le processus de Lizarra-Garazi n’avait pas été brutalement stoppé un 28 novembre 1999.

Il ne s’agit pas en se posant cette question de ressasser des souvenirs douloureux et polémiques, mais de réflechir à la stratégie abertzale des décennies à venir. Euskal Herriko Laborantza Ganbara est un apport vivant et riche d’enseignements à une telle réflexion stratégique.

La religion du marché

Eric Toussaint (*)
Article paru dans le site du CADTM (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde – www.cadtm.org) le 14.05.10

Presque tous les dirigeants politiques, qu’ils soient de la gauche traditionnelle ou de la droite, qu’ils soient du Sud ou du Nord, vouent une véritable religion au marché, aux marchés financiers en particulier. Il faudrait plutôt dire qu’ils fabriquent une religion du marché. Chaque jour, dans tous les pays du monde, une messe est dédiée au dieu Marché et ce, dans chaque foyer muni d’une télévision ou d’internet. C’est le moment où l’on rend compte de l’évolution des cotations en bourse et des marchés financiers. Le dieu Marché envoie des signaux par la voix du commentateur télévisé ou du chroniqueur financier dans la presse écrite. Ce n’est pas seulement vrai pour tous les pays les plus industrialisés, c’est vrai aujourd’hui pour la majeure partie de la planète. Que l’on soit à Shanghai ou à Dakar, à Rio de Janeiro ou à Tombouctou, on pourra connaître les “signaux envoyés par les marchés”. Partout, les gouvernants ont procédé à des privatisations et on a créé l’illusion que la population pouvait participer directement aux rites du marché (en achetant des actions) et recevoir un bénéfice en retour dans la mesure où l’on a bien interprété les signaux envoyés par le dieu Marché. En réalité, la petite partie de ceux d’en bas qui a fait l’acquisition d’actions, n’a aucun poids sur les tendances du marché.
Dans quelques siècles, peut-être lira-t-on dans les livres d’Histoire que, à partir des années 1980 du XXe siècle, un culte fétichiste a fait fureur. La montée en puissance du culte en question sera peut-être mise en relation avec deux noms de chefs d’Etat : Margaret Thatcher et Ronald Reagan. On notera que ce culte a bénéficié dès le début d’une aide des pouvoirs publics et des puissances financières privées. En effet, pour que ce culte rencontre un certain écho dans les populations, il a fallu que les médias de services publics ou privés lui rendent hommage quotidiennement.
Les dieux de cette religion sont les Marchés financiers. Des temples leur sont dédiés qui ont pour nom Bourses. Seuls les grands prêtres et leurs acolytes y sont conviés. Le peuple des croyants est invité à communier avec les dieux Marchés par l’intermédiaire du petit écran de TV ou d’ordinateur, du journal quotidien, de la radio ou du guichet de la banque.
Jusqu’aux coins les plus reculés de la planète, grâce à la radio et au petit écran, des centaines de millions d’êtres humains à qui on nie le droit de satisfaire leurs besoins élémentaires, sont conviés à célébrer les dieux Marchés. Ici, au Nord, dans les journaux lus en majorité par les salariés, les ménagères, les chômeurs, une rubrique du type “où placer votre argent” est quotidiennement imprimée alors que l’écrasante majorité des lecteurs et lectrices ne détient pas la moindre action en bourse.
Des journalistes sont payés pour aider les croyants à comprendre les signaux envoyés par les dieux.
Pour amplifier, dans l’esprit des croyants, la puissance des dieux Marchés, des commentateurs annoncent périodiquement que ceux-ci ont envoyé des signaux aux gouvernements pour indiquer leur satisfaction ou leur mécontentement. Le gouvernement et le parlement grecs ont enfin compris le message envoyé et ont adopté un plan d’austérité de choc qui fait payer ceux d’en bas. Mais les Dieux sont mécontents du comportement de l’Espagne, du Portugal, de l’Irlande et de l’Italie. Leurs gouvernements devront aussi apporter en offrande de fortes mesures antisociales.
Les endroits où les dieux sont susceptibles de manifester leurs humeurs avec le plus de poids sont Wall Street à New York, la City à Londres, les Bourses de Paris, de Francfort ou de Tokyo. Pour mesurer leur contentement, on a inventé des instruments qui ont nom Dow Jones à New York, Nikkei à Tokyo, le CAC40 en France, le Footsie à Londres, le Dax à Francfort.
Pour s’assurer la bienveillance des dieux, les gouvernements sacrifient les systèmes de sécurité sociale sur l’autel de la Bourse. Ils privatisent, aussi.
Il faut se demander pourquoi on a donné des atours religieux à de simples opérateurs. Ils ne sont ni des inconnus, ni de purs esprits. Ils ont un nom, une adresse : ce sont les principaux dirigeants des deux cents grandes transnationales qui dominent l’économie mondiale avec l’aide du G7, la complaisance du G20 et des institutions, tels le FMI qui est revenu grâce à la crise sur le devant de la scène après une période de purgatoire. Il y a aussi la Banque mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce (celle-ci est assez mal en point mais sait-on jamais elle sera peut-être aussi à nouveau élue par les Dieux). Les gouvernements ne font pas exception : ils ont depuis l’ère de Reagan et Thatcher abandonné les moyens de contrôle qu’ils détenaient sur ces marchés financiers. Les investisseurs institutionnels (les « zinzins » : grandes banques, fonds de pensions, assurances, hedge funds…) qui les dominent ont reçu des gouvernements des milliers de milliards de dollars sous forme de dons ou de prêts qui servent à les remettre en selle après la débâcle de 2007-2008. La banque centrale européenne, la réserve fédérale des Etats-Unis, la banque d’Angleterre leur prêtent chaque jour à un taux inférieur à l’inflation des mannes de capitaux que les « zinzins » s’empressent d’utiliser de manière spéculative contre l’euro, contre les trésoreries des Etats,…
Aujourd’hui, l’argent peut traverser les frontières sans le moindre prélèvement d’impôt. Trois mille milliards de dollars circulent chaque jour dans le monde par-dessus les frontières. Moins de 2% de cette somme servent directement au commerce mondial ou aux investissements productifs. Plus de 98% servent à des opérations spéculatives principalement sur les monnaies, sur les titres de la dette, sur les matières premières.
Il faut mettre fin à cette banalisation d’une logique de mort. Il faut créer une nouvelle discipline financière, exproprier le secteur financier et de le mettre sous contrôle social, taxer fortement les « zinzins » qui ont provoqué puis profité de la crise, auditer et annuler les dettes publiques, mettre en œuvre une réforme fiscale redistributive, réduire radicalement le temps de travail afin d’embaucher massivement tout en garantissant le montant des salaires,… En deux mots, commencer à mettre en oeuvre un programme anticapitaliste.

(*)Eric Toussaint, docteur en sciences politiques, préside le CADTM Belgique (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, www.cadtm.org ) ; auteur de Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010 ; coauteur avec Damien Millet de La Crise. Quelles Crises ?, Aden-CADTM-Cetim, Bruxelles-Liège-Genève, 2010.

« Villes en transition » : la révolution écologique, pacifique et optimiste est en marche !

Christian Bucher / secrétaire des Verts-e-s du Finistère
Article paru dans l’édition de Brest-ouVert.net du samedi 15 mai 2010

« Notre tâche centrale de survie pour les décennies à venir, en tant qu’individus et en tant qu’espèces, doit être de faire une transition vers l’utilisation de combustibles fossiles – et pour ce faire, pacifiquement, de manière équitable, et aussi intelligemment que possible » Richard Heinberg

Le mouvement « Villes en Transition » provient du terme anglais : « Transition Town network ». Il est né d’une prise de conscience du pic pétrolier et du dérèglement climatique, de leurs profondes conséquences, et de l’urgence à agir localement.

Il a été développé en 2005 par les étudiants du cours de soutenabilité appliquée de l’université de Kinsale (Irlande), mais c’est en Grande-Bretagne, en septembre 2006, qu’il a été mis en œuvre la première fois dans la petite ville de Totnes.

Après avoir essaimé en Grande-Bretagne et en Irlande, le concept de transition town a fait des émules aux Etats Unis, en Nouvelle-Zélande, au Japon et au Chili. Des projets sont en gestation en France et en Italie. En Belgique aussi, Il y a aujourd’hui plus de 250 initiatives de Transition dans une quinzaine de pays (anglo-saxons pour la plupart) réunies dans le réseau de Transition (Transition Network). En France, Bordeaux, Grenoble Saint Quentin-en-Yvelynes, Salies-de-Béarn, Sucy-en-Brie, Trièves s’inscrivent dans la démarche, plusieurs centaines d’autres s’apprêtent à le faire…

Qu’est ce qu’une ville en transition ?
L’idée centrale des villes en transition, la résilience, est directement inspirée des écosystèmes naturels. En effet, ces derniers ont la propriété d’être stables, diversifiés, de consommer un minimum d’énergie, d’être autonomes (cycles fermés) et de ne pas produire de pollution (grâce à la forte interconnexion de ses éléments : les déchets d’un système sont utilisés par d’autres systèmes).
La spécificité des villes en transition réside dans le fait qu’elles émanent de la population et non des autorités. Le concept a plutôt pour ambition d’assurer un rôle d’inspirateur, de facilitateur ou de coordinateur, et de fournir un « toit » commun à l’action des uns et des autres qui reconnaît les réalisations portées par d’autres (associations, Agenda 21, entreprises etc.) et s’articule complètement avec les mesures prises au niveau national ou international. C’est un cadre de travail cohérent, incitatif.

L’originalité réside aussi dans le fait que les crises sont vues comme des opportunités de changer radicalement la société actuelle. La vision se veut optimiste. Même la question des moyens nécessaires est vécue sur un autre plan : l’ancien maire, l’architecte Jaime Lerner de la ville en Transition de Curitiba (« capitale écologique du pays » du Brésil)- 1 800 000h – ne déclare-t-il pas :

« Le manque de revenus dont souffre notre municipalité n’est pas un handicap, bien au contraire, c’est un avantage ! Prenez le budget d’une ville et supprimez un zéro, commence alors l’ingéniosité ; coupez encore un zéro et naît la créativité. »

Elle est aussi dans le fait que la démarche concerne la « communauté » [1] dans son ensemble car c’est bien cette dernière qui doit porter le changement.

La « ville en transition » avant tout une démarche citoyenne…
Cette démarche consiste à aider les citoyens à définir ensemble leur avenir et les solutions qu’ils souhaitent mettre en place. La première étape consiste à établir une vision commune, la seconde vise à s’engager dans un profond processus de changement. Chaque collectivité locale est invitée à trouver par elle-même les solutions qui lui conviennent en fonction de ses ressources et de ses enjeux. Il n’y a pas de réponse toute faite.
La ville en transition fédère les énergies, elle s’appuie sur les réalisations déjà en cours sur le territoire, encourage et soutient les nouveaux projets. Elle permet à chaque citoyen de s’engager dans le processus, à son niveau, selon ses souhaits et ses possibilités. Peu importent les différences en termes de profils, d’âges et de compétences : le mouvement accorde une grande importance à la relation, à la discussion, à l’enrichissement mutuel.

Ancrée dans un territoire…
Il s’agit d’inciter les citoyens d’un territoire (village, commune, ville ou quartier d’une ville) à de s’y préparer en mettant en place des solutions visant à :
• réduire ses émissions de CO2 et sa consommation d’énergie d’origine fossile selon le Plan d’action de descente énergétique créé par la collectivité et fondé sur une vision positive de son avenir ;
Pourquoi agir localement ?
• parce que l’économie devra inévitablement se relocaliser en grande partie ;
• parce que c’est le niveau auquel les citoyens peuvent inventer des solutions bien adaptées à leur réalité et passer à l’action ;
• parce que c’est souvent près de nous que se trouvent les gens, les ressources et les solidarités pour agir.

Mode d’emploi, une méthode
Le processus de transition doit respecter une série d’étapes clairement définies. Pour commencer, un groupe temporaire de pilotage se crée et jette les fondations de la démarche. Il lui appartient également de lancer un programme de sensibilisation aux deux problématiques imposant l’action : le pic pétrolier et les changements climatiques.
Lorsque la « communauté » apparaît suffisamment sensibilisée (ce qui prend de six mois à un an) et que des contacts avec des groupes déjà actifs (essentiellement des associations environnementales et sociales) ont été noués, les pilotes organisent une grande fête.
La dynamique et l’énergie libérées lors de cet événement permettent au mouvement de s’agrandir, puis de se structurer autour de groupes de travail axés sur la mobilité, l’énergie, l’enseignement, l’alimentation, le logement… Chacun de ces groupes désigne un représentant, ces délégués formant le nouveau groupe de pilotage en charge de suivre l’évolution du processus.
Arrivé à maturité, le travail sur les thématiques est collectivisé et débouche sur la rédaction d’un Plan d’action de descente énergétique (PADE) qui porte sur le moyen terme (15 à 20 ans), mais prévoit les échéances intermédiaires à respecter pour atteindre l’objectif final. Ce n’est qu’au terme de ce processus d’élaboration que la communauté entre véritablement dans la phase de transition, laquelle sera évolutive en fonction des retours d’application du PADE (difficultés non prévues, changements du contexte politique, économique ou social, etc.).

Les douze principaux ingrédients du modèle de transition
1. Mettre en place un groupe de pilotage et la conception de sa disparition / transformation depuis le début Cette étape met une équipe de base en place pour avancer le projet pendant les phases initiales.
2. Début de sensibilisation
Cette étape permettra d’identifier les principaux alliés, de construire des réseaux essentiels et de préparer la communauté en général pour le lancement de votre projet de transition.(articles dans les journaux locaux, entrevues à la radio locale, présentations à des groupes existants, y compris les écoles,etc…)
3. Poser les fondations
Il s’agit de donner un aperçu concis et accessible du pic pétrolier : ce que cela signifie, comment cela se rapporte au changement climatique, comment cela pourrait affecter la communauté en question, et les principaux défis qu’il présente. Puis il sera nécessaire d’élaborer collectivement la manière dont un processus de transition pourrait être en mesure d’agir comme un catalyseur pour amener la communauté à explorer différentes solutions
4. Organiser un « Grand Libérer »
Cette étape crée un jalon mémorable à l’occasion du projet de transition. Il construit une dynamique et célèbre le désir de la collectivité à prendre des mesures dans un esprit de « nous pouvons faire quelque chose » plutôt que de pessimisme. Le déclenchement officiel de la ville de « Totnes transition » a eu lieu en Septembre 2006, précédé d’environ 10 mois de pourparlers, projections de films et d’événements.
5. Utiliser le génie collectif
Une grande partie du processus d’élaboration d’un plan d’action énergétique est puisé dans le génie collectif de la communauté. Il importe pour cela d’inciter un certain nombre de petits groupes à se concentrer sur des aspects spécifiques du processus. Chacun de ces groupes est invité à développer ses propres méthodes de travail et ses activités propres, mais seront toutes regroupées sous l’égide du projet dans son ensemble.
6. Utilisez Open Space
Utiliser Open Space Technology une approche très efficace pour les réunions en cours d’exécution pour les initiatives de transition.
7. Développer des manifestations visibles concrètes du projet
Il y a un équilibre difficile à atteindre au cours de ces premières étapes. Vous devez démontrer des progrès visibles, sans se lancer dans des projets qui finalement n’ont pas leur place sur le plan énergétique
8. Faciliter la requalification des personnes âgées
Pour répondre au pic pétrolier et au changement climatique et aller vers un avenir énergétique plus faible et de relocalisation de nos communautés, il est important d’avoir recours à beaucoup de compétences que nos grands-parents ont acquises. L’une des choses les plus utiles qu’un projet de « transition Ville » peut faire, c’est d’inverser la déqualification des personnes âgées.
9. Construire un pont avec l’administration locale
Il ne sera pas possible de progresser très loin, si des relations positives et productives n’ont pas été cultivées avec les autorités locales.
10. Utiliser le passé pour construire l’avenir
Il y a beaucoup à apprendre de la façon dont les choses ont été faites lors des années du pétrole roi et abondant. Si l’on prend le meilleur de ce qui va vers l’avant, le mélanger avec le meilleur de ce que nous avons maintenant et dans l’avenir, se créeront les meilleures chances de se retrouver avec un avenir souhaitable.
11. « Laissez-le aller où il veut aller … »
L’objectif n’est pas de concevoir toutes les réponses, mais d’agir comme un catalyseur pour la communauté de concevoir sa propre transition.
12. Créer un plan d’action énergétique
Lorsque tous les groupes thématiques clés ont construit leur expertise, ils reviennent ensemble pour contribuer à engager la communauté dans une vision de la façon d’agir que cette communauté pourrait mettre en oeuvre dans 15 ou 20 ans.

Exemples d’actions concrètes
Ces projets peuvent concerner des sujets aussi différents que les transports, l’éducation, la santé, l’énergie où l’alimentation. Ils peuvent être mis en place par les différents groupes de travail, en association avec différents partenaires (associations,etc…)

Économie
L’action qui a eu le plus grand retentissement pour la transition de Totnes est la création d’une monnaie locale, le « Totnes Pound ». L’utilisation d’une telle monnaie a pour but de relocaliser les échanges économiques, et d’éviter la fuite de la richesse.
Elle s’accompagne d’une incitation à réfléchir aux dépenses et à en parler, élément important dans une démarche de sevrage des habitudes de (sur)consommation. De nombreuses monnaies locales existent, ainsi 66 systèmes de monnaie locale existent ou sont en projet en Allemagne et en Angleterre. Il existe en Suisse, le système du WIMdepuis 1930 (1700 millions d’euros d’échanges en 2007) et les Berkshares dans le Vermont (USA) depuis 2006 (1 millions de billets en circulation). En France, un système existe : le Sol (pour solidaire).
Des monnaies locales « fictives » existent également dans les systèmes d’échange local (SEL).

Alimentation
• développement de potagers ruraux ou urbains, inviduels ou collectifs (jardins familiaux, jardins communautaires),
• plantation d’arbres , ou partage de graines,
• augmenter les savoirs, les pratiques et l’auto-production.
Concernant les circuits d’alimentation, les projets visent à relocaliser la production et à raccourcir les circuits de distribution. C’est le cas avec la création de marchés de producteurs, d’AMAP ou de coopératives d’achat, agriculture biologique ou biodynamique.
A Totnes toujours, « garden share scheme », un programme de partage des jardins privés, a été mis sur pied. Toute personne possédant un terrain inutilisé est invitée à conclure un contrat avec des planteurs-jardiniers pour qu’ils cultivent cet espace. Objectif : développer la production de fruits et légumes sur le territoire.

Transports
• multiplier les circuits courts pour favoriser l’activité locale
• limiter la consommation de pétrole liée aux transports. (AMAP, filière bois énergie …),
• amplifier les relocalisations économiques.
• se déplacer autrement : covoiturage et même autopartage (partage d’une voiture pour plusieurs personnes), transports en commun, transformation de routes en vélo-routes.
A Tornes, des pousse-pousse indiens ont été adaptés et équipés de moteurs utilisant un carburant produit à partir d’huile de cuisine recyclée localement.

Déchets
Recycler et échanger :
• développer le compostage (éventuellement collectif) pour utiliser ses déchets verts
• produire localement engrais naturel et pesticides biologiques (par exemple le purin d’ortie),
• favoriser la réutilisation (emmaus, recycleries, brocantes, braderies, puces, dons).

L’avenir des villes en transition
Difficile de prévoir leur avenir, on constate que les villes en transition sont de plus en plus nombreuses, plusieurs centaines attendent leur « labellisation ».
En France, les exemples sont encore très rares mais des initiatives se prennent, la plus « ancienne » celle de Trièves (Alpes) – 7000h, où un groupe de citoyen-nes est constitué depuis le 25 septembre 2008, a déjà donné des résultats prometteurs si l’on recense les réalisations et les projets portés localement :
• une forte présence de l’agriculture biologique (environ 20 % des expoitations)
• de nombreux producteurs locaux et des ventes en circuits courts relativement développées
• un circuit court dédié aux céréales (Céréales du Trièves)
• un réseau de producteurs et consommateurs bio (le Biau Panier)
• un écoquartier à Miribel-Lanchâtre
• une trentaine de maison écologiques et d’autres en projet
• une plate-forme de fabrication de bois déchiqueté pour le chauffage (Syndicat d’Aménagement du Trièves)
• un projet de chauffage collectif à plaquettes à Mens (collège et maison de retraite)
• un projet de relance de la filière bois
• un projet de centre de formation professionnelle à l’écoconstruction
• un réseau d’artisans du bâtiments engagés dans l’écoconstruction (Pour Bâtir Autrement)
• la mise en place de compostages de quartier et individuels (Trièves Compostage)
• la présence du centre écologique et des éditions Terre vivant
• le premier Agenda 21 rural reconnu en France (Syndicat d’Aménagement du Trièves)
• la création d’un site de co-voiturage (Syndicat d’Aménagement du Trièves)
• la relance en cours de l’exploitation du chanvre (SCIC Avenir Chanvre)
• des jardins collectifs bio et solidaires (les Pouces Vertes)
• un système d’échanges locaux (SEL)
• un lieu de débats et de démocratie participative (Vivre en Trièves)
• un projet d’autopartage
• une ligne SNCF en pleine expansion
• un projet de relance et de sauvegarde des vignes (Vignerons du Trièves)
• un projet écotouristique (office de tourisme)
Les autres villes françaises déclarées : Bordeaux : Grenoble St Quentin en Yveline,Sucy en Brie, Mayenne n’en sont qu’aux toutes premières réunions en ce début 2010.

Villes en transition dans le monde
• Liste non exhaustive des villes en transition dans le monde : http://www.transitionnetwork.org/in…
• http://www.transitionus.org/initiat… : liste des initiatives officielles de villes en transition aux USA.
• La ville brésilienne de Curitiba n’a pas un sou. Mais elle a des idées vertes. Elle est devenue un modèle autour du globe grâce à son gigantesque réseau de transports en commun, ses bibliothèques, ses hôpitaux gratuits, son ramassage sélectif des déchets… L’ancien maire, l’architecte Jaime Lerner, nous livre ses recettes un article de Terra economica : http://www.terra-economica.info/Jai…
• le site Villes en transition : http://villesentransition.net/
• villes en transition sur wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_…
• Ville en transition, bientôt dans une ville près de chez vous ! : http://mjrichard.wordpress.com/2010…
• Genève adopte un plan pour aller vers une société à 2000 watts sans nucléaire : Plan directeur de l’énergie 2005-2009, dont l’objectif est de ramener la consommation d’énergie d’électricité par habitant au niveau de 1990. voir le programme du plan, [http://etat.geneve.ch/dt/site/prote… site du service cantonal de l’énergie]

Grande Bretagne
L’exemple de Totnes http://www.mondequibouge.be/index.p…, là où tout a commencé en 2005-2006 : favoriser l’économie locale et le commerce local par :
la création d’une « livre » (monnaie) de Totnes
l’utilisation de terrain inutilisé par des agriculteurs de fruits et légumes
etc

Belgique
En Belgique c’est retour à la nature qui est préconisé : la permaculture. C’est :
Prendre soin de la Terre
Prendre soin des Hommes
Créer l’abondance et redistribuer les surplus
• http://www.travaux-publics.info/gre…
• http://liegeentransition.forumbelgi…

France
• Trièves (Alpes), un groupe de citoyen-nes est constitué depuis le ’’25 septembre 2008’’ : http://aprespetrole.unblog.fr/
• Bordeaux, réunion inaugurale de Bordeaux en transition le ’’30 mars 2010’’ : http://villesentransition.net/trans…
• Grenoble : http://grenobleentransition.ning.com/
• St Quentin en Yveline , le comité de pilotage s’est réuni pour la 1ère fois le 3 avril 2010 : http://sqyentransition.wordpress.com/
• http://www.villesentransition.net/s…, Sucy en transition a vue le jour en décembre 2009, http://www.viadeo.com/fr/event/006x…
• Mayenne http://villesentransition.net/trans… réunion de lancement de Mayenne en transition le ’’5 avril 2010’’]
• Pyrénées Atlantiques, Billère, Gan et Salies-de-Béarn : L’association environnementale salisienne APQV a ouvert le débat le 5 mars, à Salies de Béarn ; http://www.villesentransition.net/s… ; http://mneaquitaine.wordpress.com/2… et http://transitionnetworknews.wordpr…
• Montreuil http://www.bagnoletenvert.com/artic… Atelier-réunion dimanche 13 juin sur la permaculture avec Bernard ALONSO, « permaculteur » depuis 17 ans, Canadien Québécois

«Nous allons tous être étonnés par l’essor du solaire»

Jacques-Olivier Martin, Frédéric de Monicault (Le Figaro)/ Interview de Thierry Desmarest PDG de Total quittant la direction du groupe
Article paru dans l’édition du Figaro du 20.05.10

Thierry Desmarest, qui quitte vendredi la direction de Total, estime que dans l’avenir, le pétrole sera de plus en plus destiné aux transports et à la pétrochimie.

LE FIGARO. – Dans quel état d’esprit êtes-vous au moment de quitter la présidence du conseil d’administration de Total ?
Thierry DESMAREST. Mon état d’esprit est double. Il est placé d’abord sous le signe de la reconnaissance : à l’égard de ceux qui m’ont appris mon métier et qui m’ont fait confiance, à l’égard aussi des salariés du groupe, avec lesquels nous avons partagé tant de choses. Ensemble, nous avons réussi à ce que Total intègre le top 5 des grandes compagnies pétrolières mondiales. À titre indicatif, au début des années 1990, nous ne réalisions que le vingtième du résultat de Shell. Aujourd’hui, nous représentons près de 70% de son résultat net. Mon autre satisfaction, c’est que la relève à la tête de Total soit assurée dans de bonnes conditions. Christophe de Margerie possède toutes les qualités, il l’a prouvé, pour diriger l’entreprise au cours des années à venir.

Sous votre impulsion, le groupe est effectivement devenu l’un des grands du pétrole. Mais y a-t-il des épisodes que vous regrettez ?
Après le naufrage de l’Erika, j’ai, comme beaucoup d’autres, fait trop confiance aux experts qui tendaient à dire que la pollution était limitée. J’ai en tiré une leçon : à l’occasion d’une crise, même s’il peut y avoir des scénarios optimistes, la communication doit être ajustée en fonction du pire. Mon autre regret est d’ordre plus général : il semble que notre pays ait du mal à comprendre que les profits des entreprises doivent être importants si l’on veut qu’elles survivent. Il existe toujours en France une diabolisation des profits. La situation est un peu paradoxale : nous sommes fiers de nos services publics, pas de nos entreprises alors même qu’il n’y a jamais eu autant de groupes français, tous secteurs confondus, dans le top 100 mondial.

Quels défis devront relever les majors et particulièrement Total dans les prochaines années ?
Le pétrole n’est pas près de disparaître. En revanche, il devient de plus en plus difficile de trouver de nouveaux gisements d’hydrocarbures faciles à exploiter. La production de pétrole devrait augmenter de 1% à 1,5% par an pendant la prochaine décennie. Après, c’est plus difficile de savoir ce qui se passera. Je ne crois pas à un pic suivi d’une baisse de la production. J’imagine plutôt un plateau assez stable pendant quelques décennies. Maintenir cette production d’hydrocarbures nous conduira à investir toujours plus au fur et à mesure que nous nous attaquerons à l’extraction de produits situés à de très grandes profondeurs ou que la part des pétroles lourds, comme ceux issus des sables bitumineux, augmentera. Nos principaux défis seront technologiques.

Cet environnement provoquera-t-il des fusions entre les majors ?
Je ne crois pas à une nouvelle vague de consolidation. Les cinq majors, dont Total fait partie, comptent parmi les vingt plus grandes capitalisations de la planète. Leurs moyens financiers sont considérables – Total investit chaque année 18 milliards de dollars, dont 80% dans l’exploration-production – et elles disposent des compétences techniques nécessaires à leur développement.

Avec l’émergence des BRIC, de nouvelles majors comme Petrochina ne vont-elles pas s’imposer dans le paysage mondial du pétrole ?
On recense en Chine trois compagnies pétrolières, dont Petrochina, la plus importante d’entre elles. Ces acteurs sont puissants mais ce ne sont pas des concurrents comme les autres. Leur mission est prioritairement d’assurer l’approvisionnement énergétique de la Chine. Leurs compétences techniques sont comparables aux nôtres pour l’extraction à terre. En revanche, elles ne disposent pas encore d’un savoir-faire équivalent aux majors dans l’exploration offshore. Nous sommes plutôt complémentaires. D’ailleurs, Total collabore déjà avec ces sociétés chinoises.

La mondialisation modifie-t-elle en profondeur la géopolitique du pétrole ?
Pendant de nombreuses décennies, la situation était relativement simple. Le Moyen-Orient s’imposait comme la principale zone d’approvisionnement que les grands pays industrialisés utilisaient pour compléter leur production domestique. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation très différente. Nous avons vu surgir de nouvelles grandes zones de consommation, à commencer par la Chine et l’Inde, de même que de nouveaux bassins de production comme la Caspienne, l’Afrique, l’Amérique latine, même si le Moyen-Orient reste de loin la région clé en matière de réserves de pétrole. La carte des flux se modifie. Par exemple, les pays producteurs d’Amérique latine, qui ont pendant longtemps approvisionné essentiellement les États-Unis, se diversifient, comme le Brésil qui va exporter vers l’Asie. De même, le gaz russe tourné essentiellement vers l’Europe cherche de nouveaux débouchés. La géographie des hydrocarbures est plus complexe et les routes plus nombreuses. C’est plutôt positif en matière de sécurisation des approvisionnements.

Le golfe du Mexique connaît actuellement une marée noire sans précédent. Quel est l’impact de cette catastrophe sur l’industrie pétrolière ?
Il est encore trop tôt pour tirer toutes les conséquences de cet accident majeur. Avant toute chose, il faudra comprendre toute la séquence des événements. D’une manière générale, le risque zéro n’existe pas dans l’industrie et nous en sommes tous bien conscients. D’ailleurs, aucune compagnie n’a profité de cette catastrophe pour stigmatiser BP. Au contraire, nous sommes solidaires, avec la volonté partagée d’assurer une sécurité maximale des installations.

Comment voyez-vous l’après-pétrole ?
Nous allons vers une plus grande spécialisation des énergies. Pour l’électricité, je suis convaincu que le nucléaire jouera un rôle important, notamment vis-à-vis du charbon qui présente l’inconvénient d’émettre beaucoup de gaz à effet de serre. Du côté des renouvelables, nous allons tous être étonnés par l’essor du solaire, dont le potentiel de réduction de coût est considérable. Le développement de l’éolien dépendra du degré d’acceptabilité des éoliennes, aujourd’hui très variable d’un pays à un autre. Il suffit de survoler l’Europe pour s’en rendre compte. Quant au pétrole, il sera de plus en plus exclusivement destiné aux transports et à la pétrochimie. La dernière goutte sera utilisée par un avion.

«Helburua bezain inportanta da irabazteko borrokaren estrategia»

Nora Alberbide (Berria) / Mixel Berhokoirigoin. Euskal Herriko Laborantza Ganberako (EHLG) lehendakariarekin elkarrizketa
Berria egunkaria argitaratua maiatzaren 18an

Prefetak EHLG auzitan jarri zuenetik bost urte iragan eta gero, errugabeturik atera dira elkartea eta elkarteko lehendakaria; garaipena lortu du borrokak, eta lehendakaria segur da azterketa kolektibo bat merezi duela
Hemen dago elkarte bat Frantziaren aurka irabaztea lortu duena. Lehenik Baionako Auzitegian eta ondotik Paueko Dei Auzitegian. joan den asteazkenean jakin zen behin betiko zela irabazia. Estatuak ez zuela Kasazio auzitegira eramanen afera. Euskal Herriko Laborantza Ganberak (EHLG) segi dezake lanean eta ez du izena aldatzerik, ez izatea. Mixel Berhokoirigoin (1952, Gamarte, Baxenabarre) lehendakari gisa ere errugabetua dute osoki. EHLGren egoitzatik bost minutura dauka etxaldea lehendakariak. Lanak bururaturik partez hurbildu da egoitzara elkarrizketarako.

Lehenik, pertsonalki nola zara?
Lasaitua ba. Garaile atera gara, baina hainbeste gara aseak… Luze da. Ekainean eginen du bost urte polizia judizialak deitu ninduela. Etxe hau miatu zutela. Geroztik, hainbeste auzi, eztabaida… Beti segitzeko gogoarekin gara, eta ez dugu sekula pentsatu amore ematea, baina akidura hor da. Azkenean lortu dugu… azkenean, halako ufako handi bat.

Galtzen ez deno, irabazlea beti azkarturik ateratzen dela erran izan duzu, zertan zarete azkartuak?
Sokatira handi hori irabazteak, Estatuaren aurka irabazteak indar bat ematen du. Hainbeste da bekan Estatuaren aurka irabazten dela, ikaragarria da. Guk badugu sentimendua irabazi dugula, arrazoi dugulakoan. Eta hori da. Baina anitzentzat, arrazoi dugu, irabazi dugulako. Orain arte dudan egoten zirenek, eta, horientzat baieztapen bat da. Horientzat, froga bat da. Irabazi dugu, beraz, arrazoi dugu. Horrek espazioa zabaltzen digu, eta gure partaideei buruz.

Auzia auzitegitik atera duzue, 5 urtez sostengua zabalaraziz. Indar horrek eragina izan du auzian?
Anitz borroketan, borrokaren helburua bezain inportanta da irabazteko borrokaren estrategia. Iruditzen zait jendeak ez duela arrazoi objektiborik guk galdegiten dugunaren kontra izateko.

Gaur egun laborantza iraunkorra modan da…
Modan eta beharrezkoa den zerbait da. Eta guk aitzinatu genuen moda hori. Aktualitatea hartzen bada, Grenelle-n aipatu diren gai nagusiak, eta, jendearen gogoetei jauzi kualitatibo bat eginarazi die, baina gu jadanik presente ginen gai horietan. Ez gara modako afera bat. Moda baldin bada, modak arrazoi ematen digu, baina aspaldiko haria da. Guk ukan dugun ahala, eta nonbait gaitasuna ororen buru, batere pretentsiorik ukan gabe, laborantzaren ikuspegi korporatista hori gainditzea izan da. Eta laborantzako gaietan ez korporatistak izateak laborariak ez direnekin lotura egiteko posibilitatea ematen digu.

Korporatista?
Korporatismoa zure mundua besteen kontra defendatzea da. Beste guztiak zuri kalte egin nahi dutenak dira. Guk pentsatzen dugu gure mundua besteekin defendatzen ahal dugula. Gure laborantza ereduari interes kolektibo bat emanez, laborantza gainditzen duen interesa. Hori biziki ontsa ulertua izan da. EHLGren eskakizuna, batzuentzat, beren abertzaletasunaren eskaeraren barnean sartzen da, baina beste batzuk juntatu dira beste laborantza mota bat posible bihurtzen duen tresna bat dela ikusi dutelako, ekologikoa, sozialki zuzenagoa, errespetutsua…

Erabili estrategia anitzek eredugarria dela erran izan dute, irakaspenik partekatzerik?
Zinez, azterketa kolektibo bat egin behar dugu afera horretaz, baita zer aztertu.
Indar anitz egin duzue mugimenduak Euskal Herria gaindi dezan, Pariseko prentsari begira, adibidez.
Hori ere izugarri inportanta izan da. Prentsa, giza eskubideez arduratzen diren mugimenduak, borroka sozialetan parte hartzen dutenak… Alta, Euskal Herritik kanpo Euskal Herriko gaiak esplikatzea eta ulertaraztea izugarri zaila da. Nahi ala ez, hutsa non den ez dakit, baina errealitatea da: Euskal Herriko dosier bat beti begiratzen dute sudurra tapatuz. Beren fantasmak, klasifikazioak badituzte. Euskal Herrikoak, edozein gisaz, nazionalismoari lotu gauzak dira, nazionalismoa bere definizio txarrenarekin. Etnizismo eta horrelakoak… Hori izugarrizko oztopoa da. Beti pentsatzen dute gure mundua gure mugetan kokatzen dugula. Eta gero, beti bada bortizkeriaren gai hori, ez da dudarik. Eta asmakizunak diren gauza batzuk… Euskal Herritik ateratzea biziki zaila da. Baina lortu dugu aski ongi, anitz denbora hartuz. Lortu dugu ulertaraztea guk hemen egiten duguna, hemen dela, Euskal Herrian eta orain, baina badela hor unibertsala den zerbait. Lortzen badugu konpreniaraztera haiek han eramaten duten borrokarekin loturak badirela, haientzat inportantak diren printzipio berak daudela hemen, konfiantza sortzen da eta sartzen dira borrokan.

Lotura horrek ukan du eraginik epaiaren emaitzan?
Irabazi baldin badugu pakete global bati esker da. Baina pakete horretan, proportzio batean konta izan dela pentsatzen dut. Egiten dugun lana, historikoki duen pisua, korporatismoa gainditzea, gainditzea Euskal Herria, susmagarriak ez diren gabeko sostengu ezagunak izatea, horiek guziak testuinguru bat sortzen dute. Horrek hazten du ere segurtamen intimoa. Egia da lehen oinarria legea dela. Baina legea interpretatzen da, eta dimentsio pertsonal bat ere bada. Legea bakarrik balitz, robot edo programa batek egiten ahalko luke lan hori. Elementuak eman eta erantzunak atera. Baina auzitegian ere pertsonak dira. Hiru jujeak pertsonak dira. Munduan bizi direnak. Nahi eta ez, gu bezalakoak dira. Mundua erabiltzen duten indarrek egiten gaituzte, eta guk ere gure esku-hartzeekin egiten dugu pixka bat munduaren errealitatea…

Auzi denboran sentitu duzu hori?
Froga bat emateko. Paueko prokuradorea legeaz mintzatuko zela erran eta fite lerratu da testuinguru politiko batera, nazionalismo, etnizismo… Hura ere, lege gizona bada ere, osoki legearen eremuan ez diren beste sentsazio batzuekin entseatu da epaileen hunkitzen. Aldi berean, hura ere behartua izan da gure helburuen goraipatzea: «Ez dugu deus egiten duzuen lanaren kontra, alderantziz», horrelakoak erran ditu. Ukan bagenitu onartezinak diren helburuak, behar bada nekezago pasako zen. Izanez diskurtso korporatista, nazionalista bat, arrunt beste panorama bat izan balitz ideologia mailan… Gainera, izan balitz edozein gunetarik jinik, ekintza bortitz bat horri lotua, ez zen batere errana lege puntu berekin preziatuko zutela.

Indarkeriarik gabe eta desobedientzia zibilaren bidez eraman daitekeen borroka modelo bat izan daiteke zuena?
Ene ustez, bai. Gai hori Euskal Herrian tratatzea, eta erraitea hori horrela dela beti konplikatua da. Badakit, batzuentzat, hori erraitea, beste estrategia batzuetan direnak akusatzea dela… Baina, guretzat hori da. Horrela nahi izan dugu izan dadin. Konfrontazio demokratikoak izugarriko indarra izaten ahal du, jendea bereganatzen ahal baitu. Beldurrik gabe, adostasun osoan. Gure afera, ez dakit zer garrantzizkoa den, baina hala ere, estatua makurtzea eta Euskal Herriko dosier nagusi batean, ez da gaizki… Konfrontazio demokratiko hori ez da berez beti herrikoia, baina behar da jakin esplikatzen. Anitz indar, inplikazio eta pedagogia galdegiten du horrek. Gehiago pedagogia egin eta gehiago froga da jendea errespetatzen duzula. Eta hori jendeak sentitzen du. Gure aferan, sostengua biziki zabala eta anitza da, politikoki ere, eta horrek ematen du indar bat. Hori ere behar bada irakaspen bat da. Badira beste borroka batzuk, izan dadin hizkuntzarena edo lurraldearen antolaketarena, behar dituzte urratsak egin bidearen helburu berdina ez dutenekin. Departamenduaren inguruan zirelarik gauzak, adibidez. Orain beste instituzio bat da aipatzen, baina garaian, departamendua elkarrekin eskatzen jakin behar izan zen, nahiz eta hori eskatzen dutenetan badiren batzuk eskatzen dutenak Frantses estatua hurbilago izateko eta beste batzuk urrunago. Bakarrik juntatzen baldin badira luzara eta puntu guzietan ados direnak, ez dugu sekulan deus irabaziko. Guhaurrentzat ere pedagogikoa da. Izateko maneran aldatzen gara, ditugun helburuetan aldatu gabe. Gure esperientzia hori biziki baikorra iruditzen zait.

Auzia bera begiratzen bada, hasieratik zuen defentsa errotik landu eta zizelkatu duzue; hori ere ezinbestekoa da, jakinik auzia politikoa dela?
Auzia politikoa dela ez da dudarik. Baina abokatekin jarri dugun estrategian, auzia politikoa denez, teknikoago jokatzea pentsatu dugu. Erantzun politikoetan sartzen bagara, zepoan erortzen gara. Erantzuna teknikoki eta juridikoki eman behar dugu. Arrazoia politikoa da, baina ez da auzi politiko bat egiten ahal. Huts eginen genuen defentsa politikoa egin bagenu. Ez gaituzte ikusi nahi. Ez gure izena, ez izana, baina gure desagerrarazteko politikoki, gure dimentsio hori hausteko, bide juridikotik pasatu behar dute, eta, beraz, bide juridiko hori antolatu dugu gure alde emateko. Biziki serioski landu dugu, hiru abokatekin, bakoitzak bere saila menperatuz. Eta emaitza hor da.

Juridikoki euskarak ez du baliorik Frantzian-eta argumentu hori ere erabili izan duzue defentsarako, eta Paueko epaiak bereganatu du hori. Nola ulertu hori?
Etxe gibeleko zepoan harrapatuak izan dira. Geroztik ari izan naiz pentsaketa ea euskara ko-ofiziala balitz noizbait zerbait alda lezakeen gure gaian? Ez dut horretako erranen ez duela ko-ofiziala izan behar, kar-kar-kar, baina pentsatzen dut ororen buru ez lezakeela deus alda. Baionan irabazi dugu hori gabe. Jujeak erran du itzulpenean ez dela dudarik, baina instituzio frantses batek izena frantsesez duela. Frantses izenik ez duena, denek badakite ezin dela egitura publiko bat izan. Paueko epaiak Baionako epaia baieztatzen du, eta horri gehitzen die Frantziako Konstituzioaren bigarren artikulua zeinek dion Frantziako hizkuntza frantsesa dela.

Paueko sententzian, besteak beste, Manu Robles-Arangiz fundazioa EAJren satelite dela diote; fitsak eguneratzeko zailtasunak iduriz?
Poliziaren inkestatik hartzen ditu horiek. Bitxi da… Hainbeste informazio zerbitzu izanik… Kurtsoak eman behar genizkieke menturaz; kar-kar-kar…


«Zerbait egin nahi badute, zerbait horrek izan behar du: dena»

Auzi denboran «bakean bizitzen eta lan egiten» uztea zuten lema. Orain, auzi nagusia irabazia dute, baina beste bost auzi dauzkate, auzi nagusiari lotutakoak. Hiru elkarteak berak ditu auzitara eramanak. Hamar langile ari dira EHLGn lanean, eta horien lana sendotzea dute orain xedea.
Legezkoak baina erakunde publiko ofizial bat izan gabe, legez kontrako izate hori nola gauzatuko duzue egunerokoan?
Gure laneko espazioan ez da deus aldatzen. Auzian agertu da Chambre d’Agriculture egiturari erreserbatuak diren konpetentziak oso guti direla. Garapena ukitzen duten gauza guziak irekiak dira, eta guri hori zaigu interesatzen. Egin nahi dugun gauza guztia egiten ahal dugu.

Oztopoak ere horretan geldituko dira? Diru laguntzenak adibidez?
Orain administrazioak ez gaitu ukatzen ahal gehiago. Normalizatuak gara. Onartuak gara. Orain arte argumentu juridikoaren gibelean gordetzen ziren. Orain, ez dut imajinatzen ahal ateak hetsiak izanen ditugula. Eta hori ez bakarrik diru laguntzen aldetik.

Zein dira zuen erronkak?
Beharko dugu horretaz gogoetatu. Baina lehenik pasatu ditugun presioen ondotik, hatsa hartu behar dugu. Hartu dizkigute, ez dakit zenbat aste, diru eta guztiak. Sekula baino gehiago gure helburuak bete behar ditugu, laborantza iraunkorra aitzina eraman. Eta, horretarako, memento batez bederen, horri bakarrik pentsatu. Langileen lana sendotu eta dirua segurtatu. Gure eraginkortasuna agertu behar dugu.

Ipar Euskal Herriarentzat berezko laborantza instituzio eskaera beti mahai gainean da?
Elkarte honek, duen izenarekin, normalizatua, ofizializatua nonbait, zilegitasun eta legezkotasun osoarekin, edozein gisaz, eskakizun instituzional horren galdera pausatzen du. Ez zuten nahi galdera hori pausa genezan. Baina gu hor gara problemaren sortzeko. Nahitara sortzen dugu. Problema ez bada sortzen ez da erantzuterik. Arazoa konpontzeko galderak behar du bizi-bizia egon.

Baliteke Pauetik jitea eta oraingoan, bai, zinez, zerbait ofizial sortu nahi dutela erratea?
Hori ez da gehiago aktualitatean. Ez dute eginen. Menturatzen baldin badira ere, guk erranen diegu berantegi dela. Orain behartuak dira gu bakean uztera. Mahai gainean dena da: dena ala deus. Bi aukera daude. Uzten gaituzte horrela eta guk eginen dugu gurea. Inportanteena zer da? Gure proiektua, gure lana gara dadin, eta gero eta laborari gehiagorentzat erreferentzia izan gaitezen. Errealitatean, guk izan nahi duguna izan gaitezen. Gauzak aldatuko dira hemengo panoraman. Gauzak berez aldatuko dira. Beste aukera da, guregana jitea. Baina jin nahi baldin badute erranez zerbait egin nahi dutela, zerbait horrek izan behar du: dena. Erakunde publikoa den Ipar Euskal Herriko Laborantza Ganbera.