Articles du Vendredi : Sélection du 21 juillet 2023

Les publicités pour les énergies fossiles continuent en France, malgré la loi Climat et résilience

Adrien Pécout
www.lemonde.fr/economie/article/2023/07/22/malgre-la-loi-climat-et-resilience-les-publicites-pour-carburants-continuent_6183002_3234.html

 

Le texte, promulgué en août 2021, interdit « la publicité relative à la commercialisation ou faisant la promotion des énergies fossiles ». Mais, sans décret d’application, les distributeurs profitent du vide juridique.

Attention, message publicitaire. « Avec l’essence à prix coûtant, c’est facile de partir. Le plus dur, c’est de rentrer ! » C’est ainsi qu’E.Leclerc s’adresse aux automobilistes durant l’été. Pour attirer le chaland dans ses supermarchés, le groupe de distribution alimentaire propose un passage dans ses stations-service. Il promet d’y vendre son carburant, donc ses produits pétroliers, sans engranger de bénéfice. Ristourne valable tous les vendredis, samedis et dimanches, de la fin juin jusqu’à la mi-août. Sur les réseaux sociaux, ses concurrents Intermarché et Système U annoncent aussi des opérations commerciales, plus limitées dans le temps.

L’article 7 de la loi du 22 août 2021, dite Climat et résilience, interdit pourtant « la publicité relative à la commercialisation ou faisant la promotion des énergies fossiles ». La mesure, très médiatisée au départ, est censée cibler les énergies responsables du réchauffement climatique – sauf si les carburants contiennent aussi du « produit renouvelable ».

Problème : son entrée en vigueur, d’abord prévue pour le mois d’août 2022, est suspendue à un décret d’application… qui n’est toujours pas arrivé. Le texte prévoit qu’« un décret en Conseil d’Etat fixe la liste des énergies concernées par l’interdiction ainsi que les exigences attendues pour qu’une énergie renouvelable puisse faire l’objet d’actions de publicité ».

Une consultation était ouverte au public jusqu’en mars 2022. Selon une source proche du dossier, le gouvernement a porté un projet de décret jusqu’au Conseil d’Etat. Contacté, ce dernier n’a pas réagi à nos questions, non plus que le ministère de la transition écologique.

« Effet d’annonce »

Pour l’heure, toutes les publicités autour des carburants s’engouffrent dans ce vide juridique. « Quand bien même ces opérations de communication tomberaient dans le champ d’application de cette interdiction, qui dépend d’un futur décret, elles demeurent pour l’instant légales », estime l’avocat Marc Devedeix, qui se consacre au droit de l’énergie.

Dans la loi Climat et résilience, une infraction est passible de « 100 000 euros pour une personne morale, ces montants pouvant être portés jusqu’à la totalité du montant des dépenses consacrées à l’opération illégale ». La loi prévoit que le futur décret détermine aussi les « exigences d’un bon accès du public à l’information relative au prix des énergies concernées ».

Du côté de l’ONG environnementale Greenpeace, la juriste Clara Gonzales estime que « la solution aujourd’hui serait d’agir contre l’Etat devant le Conseil d’Etat pour tenter d’obtenir la publication du décret ». Au-delà de l’« effet d’annonce » suscité en 2021, la réflexion pourrait aussi s’élargir, selon elle, à « tous les produits qui fonctionnent à partir des énergies fossiles », plutôt que de la réduire à la vente d’énergies en tant que telle. Vaste sujet, sachant que la consommation énergétique de la France repose encore en majeure partie sur le pétrole et le gaz.

« Qu’il faille attendre un décret d’application ne nous surprend pas beaucoup, mais nous le regrettons d’autant plus, vu l’ambition première du texte », déclare Sarah Denisse, chargée de campagne « stop pubs climaticides » pour l’association Résistance à l’agression publicitaire. La loi Climat et résilience est issue des travaux, « déjà détricotés », selon Mme Denisse, de la convention citoyenne pour le climat. En mars 2021, alors ministre de la transition écologique, Barbara Pompili promettait de se diriger « vers la fin de la civilisation des énergies fossiles ».

 


Appartements en surchauffe : « L’État doit agir

Hortense Chauvin

https://reporterre.net/Logement-L-Etat-doit-agir-contre-la-precarite-energetique-d-ete

Soumis aux fortes températures, les habitants de « bouilloires thermiques » trinquent. Pour Maïder Olivier, de la Fondation Abbé Pierre, l’État doit urgemment agir face à cet « enjeu de santé publique et de dignité ».

Fournaise, étuve, sauna… Les mots semblent faibles pour décrire l’intensité de la vague de chaleur qui s’abat cette semaine sur l’hémisphère Nord. Dès mardi 18 juillet, certaines régions françaises pourraient connaître des températures avoisinant les 40 °C. Si cet épisode de chaleur risque d’avoir des effets dévastateurs sur les végétaux, les oiseaux ou encore les animaux de ferme, les êtres humains ne sont pas en reste. Un grand nombre de Françaises et Français vivent aujourd’hui dans des logements inadaptés aux températures extrêmes. Ces « bouilloires thermiques » sont insuffisamment prises en compte par les pouvoirs publics, selon Maïder Olivier, chargée d’étude à la Fondation Abbé Pierre et autrice d’un récent rapport sur le sujet.

Reporterre — Les logements des Français sont-ils suffisamment protégés contre les fortes chaleurs ?

Maïder Olivier — Non. En 2022, selon les chiffres du médiateur de l’énergie, 59 % des Français et des Françaises souffraient de la chaleur dans leur logement – soit 8 points de plus qu’en 2020. 40 millions de personnes sont concernées. C’est un phénomène massif, et qui risque de s’intensifier dans les années à venir.

Tout le monde ne souffre cependant pas des « bouilloires thermiques » de la même manière. Les personnes âgées meurent de manière exacerbée dans leurs logements pendant l’été. Les jeunes, qui habitent dans des logements plus exigus et sous les toits, sont aussi beaucoup plus exposés à la chaleur. Les habitants des quartiers populaires sont également très vulnérables : une enquête a montré qu’il faisait trop chaud dans 70 % des quartiers prioritaires l’été (contre 56 % à l’échelle nationale), parce qu’il y a beaucoup moins d’espaces verts et de lieux où se rafraîchir. C’est donc aussi un enjeu de justice sociale.

Cette question est-elle prise en compte par les acteurs de la rénovation thermique et par le gouvernement ?

Il y a peu de dispositifs pour évaluer la qualité thermique des logements en été et faire des rénovations performantes. Depuis quelque temps, le confort d’été peut être inscrit dans le diagnostic de performance énergétique, mais uniquement à titre indicatif. Il n’est pas suffisamment fait, ni réglementaire. Les locataires et les acheteurs peuvent savoir si leur logement est froid en hiver, mais pas nécessairement comment on y vit en été.

En plus de cela, les travaux de rénovation des passoires thermiques ne prennent pas toujours en compte le confort d’été. Les travaux d’isolation sont parfois faits avec des fibres synthétiques qui aggravent le phénomène. On se retrouve avec des personnes qui continuent de souffrir de la chaleur, voire en souffrent encore plus à la suite des travaux.

Le gouvernement doit donner des orientations sur cette question. Les professionnels du bâtiment doivent également se former pour utiliser des matériaux adéquats. Certains en utilisent déjà, et les résultats sont très probants. À Rosny-sous-Bois, le recours à des fibres naturelles – qui permettent d’isoler les logements à la fois l’hiver et l’été – a permis de faire baisser la température estivale dans les salles de classe de six degrés.

Quels autres freins à la lutte contre les bouilloires thermiques identifiez-vous ?

Beaucoup de règlements de copropriétés continuent d’interdire l’installation de volets. C’est un levier qui doit être levé rapidement. Il devrait être facile pour quelqu’un d’installer des volets chez soi sans passer par des démarches administratives énormes.

Les architectes des bâtiments de France bloquent également certains travaux de lutte contre les bouilloires thermiques, comme le fait de repeindre en blanc les bâtiments ou d’installer des volets, sous prétexte que ces logements sont situés près des bâtiments historiques. C’est un non-sens total que des personnes soient contraintes de vivre dans des logements où il fait 46 °C parce qu’elles habitent à côté d’une église.

Aujourd’hui, quand on est locataire, on a assez peu de manière de se protéger de la précarité énergétique d’été. Les propriétaires doivent assurer une température minimale dans le logement de 18 °C. Si cette température n’est pas assurée, les locataires peuvent demander un gel des loyers, ou des travaux de rénovation. Ce n’est pas le cas pour la précarité énergétique d’été. On a des témoignages de personnes chez qui il fait 35 °C la nuit en continu, et qui ne peuvent pas exiger de travaux à leur propriétaire.

L’une de nos principales demandes, c’est d’inclure les travaux de lutte contre la précarité énergétique estivale dans [le dispositif d’aide à la rénovation énergétique] MaPrimeRénov’ : l’installation de volets et de protections solaires, le travail sur la ventilation, l’isolation adaptée à la chaleur… Ils doivent être financés au même titre que les travaux qui réduisent la précarité énergétique en hiver, car ils recouvrent exactement les mêmes enjeux de santé publique et d’économie d’énergie.

Les villes ont-elles également un rôle à jouer ?

Bien sûr, puisque ce sont les endroits où il y a le plus de personnes qui sont victimes de la précarité énergétique d’été. Pendant la canicule de 2003, il y a eu une surmortalité de 141 % à Paris, versus 40 % dans des petites et moyennes villes. Avec le béton, le trafic routier, l’intensité des activités, notre modèle d’urbanisme exacerbe le problème des bouilloires thermiques. Au-delà du travail qu’il y a à faire sur les logements, un travail de végétalisation doit être fait.

C’est la méthode la plus efficace pour réduire la température dans les villes et atténuer le réchauffement climatique. La végétalisation ne doit pas être laissée au bon vouloir des villes. C’est le devoir de l’État d’allouer du budget à ce chantier, en ciblant prioritairement les quartiers les plus sensibles.
Pourquoi la question des bouilloires thermiques mobilise-t-elle moins que celle des passoires thermiques ?

L’une des raisons est qu’il existe des solutions rapides à ce problème, comme la climatisation par exemple. Les climatiseurs prolifèrent : 14 % de ménages en étaient équipés en 2016, et 25 % en 2020. Il s’agit d’une mal adaptation au réchauffement climatique, puisque les climatiseurs contribuent à aggraver le phénomène en émettant des gaz à effet de serre. Par ailleurs, les populations les plus pauvres ne peuvent pas s’acheter un dispositif de climatisation très performant, et dépensent donc énormément d’argent l’été pour se refroidir. Encore une fois, c’est une question de justice sociale.

On est dans une course de vitesse. Il y a urgence à ce que le gouvernement lance un grand plan d’adaptation à la précarité énergétique d’été. Tout comme le froid l’hiver, c’est un enjeu de santé publique et de dignité. Ce n’est pas une question de confort : c’est une question de survie des personnes, et d’habitabilité de nos logements.

Résidences secondaires #StopAski!
Txetx Etcheverry
www.enbata.info/articles/residences-secondaires/

Quels moyens a le Pays Basque nord de limiter la prolifération des résidences secondaires ? Ou quels moyens se donne-t-il pour cela ? Réponses à trouver rapidement s’il ne veut pas devenir une grande cité balnéaire sans âme et n’ayant plus de basque que le nom.

Suite à une votation populaire du 11 mars 2012, la Constitution helvétique prévoit que « les résidences secondaires constituent au maximum 20% du parc de logements et de la surface au sol habitable de chaque commune ». Le but est bien évidemment d’empêcher de voir fleurir des villes ou villages fantômes un peu partout en Suisse, et notamment dans ses zones les plus attractives.Au Pays Basque, la proportion globale des résidences secondaires a déjà dépassé les 20%… sur l’ensemble du territoire. Dans certaines communes, elle atteint même les 50% ! Plus de logements que d’habitants et pourtant plus personne n’arrive à s’y loger ! La moitié des logements accaparée par des gens ayant les moyens de s’en payer au moins deux, au détriment de ceux qui n’arrivent même plus à disposer d’un seul…

Demain, 50% de résidences secondaires sur toute la côte basque ?

Ici, pour le moment, élus et collectivités locales n’ont aucun moyen légal de mettre une quelconque limite au problème. Or, les 30 à 40 petits kilomètres de côte basque sont ou seront l’objet de la convoitise de personnes aisées voire riches en nombre potentiellement bien supérieur au total des habitants locaux, et dotées d’un pouvoir d’achat infiniment plus important. Dès lors, une question importante est posée : qu’est-ce qui pourra empêcher la côte basque et le rétro-littoral d’être demain constitués à 50% de résidences secondaires ? Et que sera alors devenu le Pays Basque ?

Qu’est-ce qui pourra empêcher la côte basque et le rétro-littoral d’être demain constitués à 50 % de résidences secondaires ? Et que sera alors devenu le Pays Basque ?

Nous ne pouvons nous résigner à voir la seule loi de l’offre et de la demande gérer cette histoire. Car l’enjeu est à la fois la défense d’un droit collectif et d’un droit individuel, qui valent bien le sacro-saint droit à la propriété ou la trop fameuse loi du marché : le droit des populations locales à vivre et à se loger au Pays, et le droit de chacune et chacun à avoir un logement digne et accessible.

Gagner cette bataille-là également

Et nous devons nous bouger maintenant pour gagner cette bataille-là également. Car sinon, même les avancées d’aujourd’hui (compensation anti-Airbnb, encadrement renforcé des loyers…) trouveront leurs limites : la mise en vente massive de logements peut avoir un effet bénéfique sur la détente des prix et donc l’accession d’une partie des locaux à la propriété, à condition qu’ils ne soient pas vendus sur le marché des résidences secondaires.

Les propositions d’outils légaux pour stopper la prolifération des résidences secondaires ne manquent pas. Elles sont nombreuses et variées, portées par les associations, mouvements ou élus du territoire : interdiction des congés pour vente quand le logement doit devenir une résidence secondaire avec annulation de la vente si c’est le cas a posteriori ; servitudes de résidences principales dans les PLU ; statut de résident ; réformes de la fiscalité actuelle, qu’elle soit de flux (droit de mutation par exemple) ou de stock (déplafonnement de la surtaxe sur les résidences secondaires, taxe spécifique sur les résidences secondaires…).

Mais, contrairement à la problématique des meublés de tourisme permanents de type Airbnb, celle des résidences secondaires est encore loin d’être au centre de l’agenda médiatique et politique. Il faudra du temps, et surtout beaucoup de bruit et de pression populaire, pour faire de certaines de ces propositions une réalité législative. Il faut donc mettre en place une stratégie à double objectif : freiner, dissuader l’achat ou la création de nouvelles résidences secondaires, et ce dès maintenant ; et créer un bruit de fond obligeant le législateur à s’emparer du problème et à donner aux collectivités locales des outils légaux pour qu’elles puissent agir.

 

 

 

A partir du 1er janvier 2024

Le 1er avril 2023, lors d’une manifestation pour le droit de se loger au pays, la plateforme Herrian Bizi rendait public un manifeste – ultimatum s’adressant aux « personnes souhaitant acquérir une résidence secondaire en Pays Basque » et posant les choses très clairement à ce niveau  : à partir du 1er janvier 2024, elles ne devront le faire qu’en achetant un bien qui est déjà une résidence secondaire. Le faire à partir d’une résidence principale par exemple ne sera plus considéré comme acceptable. Cela sera considéré au contraire comme une atteinte directe au droit de la population locale à se loger et vivre au Pays.

À partir du 1er janvier 2024, faire d’une résidence principale une résidence secondaire ne sera plus considéré comme acceptable. Cela sera considéré au contraire comme une atteinte directe au droit de la population locale à se loger et vivre au Pays Basque.

Une réflexion commence dès aujourd’hui pour définir les registres et modalités d’action et de mobilisation, non-violents mais potentiellement très déterminés, à déployer face à ceux qui ne respecteraient pas cette demande expresse. Cette nouvelle mobilisation aura donc deux objectifs parallèles : dans l’immédiat, créer le bruit de fond suffisant pour dissuader les acheteurs potentiels de nouvelles résidences secondaires en Pays Basque, pour convaincre dans un second temps, le législateur de donner des outils légaux aux collectivités locales, d’ici et d’ailleurs, leur permettant de maîtriser par elles-mêmes le problème… rendant ainsi inutiles les actions et mobilisations que nous serons contraints d’enclencher par nous-mêmes le temps de pouvoir disposer de ces nouveaux instruments législatifs. Il y a urgence, que chacun prenne ses responsabilités.

 

EKOFEMINISMOA : Haziz hazi, urratsez urrats, Euskal Herrian ere lurreratuz doan mugimendua 1/2

Estitxu Eizagirre & Jenofa Berhokoirigoin
www.argia.eus/argia-astekaria/2834/ekofeminismoa

Udako Euskal Unibertsitarearen baitan, egun osoko jardunaldia antolatu zuten ekaina bukaeran Gasteizko Sumendi espazio autogestionatuan Mirene Begiristainek eta Marta Barbak: Ekofeminismoak konpos(t)atzen Euskal Herrian. Ekofeminismoari dagokionez, Euskal Herri mailan duela bizpahiru urte abiaturiko hausnarketaren baitan kokatu zuten hitzordua: “Aletxo bat gehiago da”. Kolektibotasunetik eta kolektiboki heldu nahi diote Euskal Herriko mugimendu ekofeminista osatzeko erronkari.

 

Krisi ekosoziala hobeto irakurtzeko betaurrekoak

Estitxu Eizagirre

Euskal Herri mailako mugimendu ekofeministaz kolektiboki hausnartzea zuten xede Ekofeminismoak konpos(t)atzen Euskal Herrian jardunaldian bildutakoek. Ekologismoa eta feminismoa uztartzen ditu mugimendu honek, oinarri hartuta bai natura eta bai emakumea zapaltzen dituen sistema bera dela.

Marta Barbak aitortza egin zion Etxaldeko Emakumeak taldeari, « haiek baitira publikoki euskaraz ekofeminismoari buruz proposamena egin duten bakarretakoak eta ekofeminismoan erabat presente egon behar duelako nekazaritzaren eta landa eremuaren ikuspegiak ». Mirene Begiristainek azaldu zuen azken bi urteetan ekofeminismoari buruzko interesa azkartu egin dela Euskal Herrian: duela bi urte Usurbilen jardunaldiak antolatu zituzten UEUren eta Jakin-en artean, krisi ekologikoari buruz, eta horren barruan ekofeminismoaz mahai-ingurua egin zuten, baita Jakinen artikulu bat argitaratu ere. Ondoren Euskal Herriko Neska Gazteekin Baztanen saio batzuk egin ziren, Emagineko barne lanketa bat ere egin zen, Elhuyarrek barne hausnarketa egin zuen… Begiristain: « Donostiako Antropologia Feministako irakurketa taldean konpromisoa hartu genuen beste eskaera batzuei erantzuteko: Usurbilen zaintza sistemaren inguruan egiten ari diren lanketan ekofeminismoaren ildoari ere heldu nahi diote, Hernaniko Plaza Feministan ere bai, STEILAS sindikatua ekofeminismoari hezkuntzaren ikuspegitik heldu nahian ari da eta material bat argitaratu du… ».

Gizarte eragile hauen eskaerei erantzuten hasita, « ahotsak irekitzeko, zabaltzeko, kolektibizatzeko » beharra sentitu dute eta Ekofeminismoak konpos(t)atzen jardunaldia horretarako tresna izan da: « Denon artean pentsatzeko ekofeminismoa Euskal Herritik nola eraiki nahi dugun, nola lurreratu dezakegun gabiltzan mugimendu eta espazio ezberdinetan ». Martxoan Euskal Herri mailan egindako beste topaketa bat ere ekarri zuten gogora, Aramaioko talde feministak antolatua eta ekofeminismoari landa eremuko ikuspegia gehitu ziona: agroekofeminismoa izan zen bertan aztergai.

Ekofeminismoa Euskal Herrian bidea urratzen ari denez, aje hauek dituela azaldu zuten antolatzaileek: oraindik jende gutxik identifikatzen duela bere burua ekofeministatzat, euskarazko erreferente gutxi daudela eta inork ez duela bere burua ekofeminismoaz hitz egiteko aditu moduan edo legitimatuta ikusten. Esti Redondo aipatu zuten egunean zehar, praktikatik diskurtso teorikoa sortzen ari delako eta berriz ere Etxaldeko Emakumeak taldea, « kolektiboki diskurtsoa sortu daitekeelako, beti norbanakoen izenak erabili gabe ». Zorionez, epe motzean berriz ere entzun eta irakurri ahal izango dugu ekofeminismoaz euskaraz: uztailaren 19tik 23ra Izarran egingo den Iraultza Txikien Akanpadan Feministok lurraren defentsan tailerrean batuko dira mugimendu ekologistako eta feministako kideak; eta liburu bat kolektiboan argitaratzeko asmoa iragarri zuten Begiristainek eta Barbak. Ekofeminismoari dagokionez, orain arte egindakoari begira jarri zituzten Isabel Hernández Castro, Maya K’iche’ herriko kidea eta Euskal Herrian bizi den agronomoa; eta Marta Luxan, demografian aditua eta mugimendu feministako kidea. Praktikak eta pentsamenduak izan zituzten hizpide.

Izaki guztion etxea eta etxe barruko botere harremanak

Hernándezek ekofeminismoa ulertzeko gako hauek eman zituen: « Ekologia hitzaren errora jo behar dugu, bizitzeko leku edo etxe horretara. Baina zer etxez ari gara? Etxea ezin dugu espazio fisiko huts moduan ulertu, baita ere barruan sartu behar ditugu espazio horretan sortzen diren harremanak: bai izaki bizidunekin ditugunak (animaliekin, adibidez), baina baita ‘bizigabe’ izendatzen ditugun izakiekin ere (ibaiak…), hauek ere bizia sortzen digutelako, ekosisteman bere funtzioa dutelako eta ezin garelako bizi haiek gabe. Eta feminismoaren egitekoa litzateke etxean dauden botere harremanak aztertzea ».

Hemengo Zein borroka eta praktika izan dira ekofeminista?

Jardunaldi hauen asmoetako bat ekofeminismoak Euskal Herrian duen erroa edo genealogia osatzea zen, guztien artean. Luxanek hauek aipatu zituen: « Burura datorkidan lehen gauza dira Itoizen aurkako borrokan egin ziren sabotajeak: makinen aurkako sabotajeak emakumeek egin zituzten jakinda poliziei ez zitzaiela burutik pasatuko emakumeek egin zitzaketenik. Bestalde, burura datorkit Etxaldeko Emakumeak egiten ari den lana. Eta AHTren aurkako mugimendua ere bai: akanpada horiek guretzat nola bizi nahi genuen irudikatzeko espazio bat ziren. Gauza batzuk ez ziren guk nahi genituen bezalakoak, botere harreman asko zeuden, antolakuntzari begiratzeko moduak… Joxeparen Sardea izeneko taldea sortu genuen, publikoki inoiz ezer egin ez zuena baina barrura begira ikuspegi feministatik proposamenak egin zituena, eta hainbat gai mahai gainean jarri zituena. Genealogia egiterakoan, aztertu beharko litzateke komite antinuklearretan ibilitako pertsonek zer egin zuten, burura baitatozkit gurasoekin joaten ginela Lemoizen kontrako ekimenetara eta hor izaten genituen elkarrizketak: iruditzen zait ekofeminismoarekin lotu zitekeen izpiren bat bazegoela hor ».

Hernándezek beste hauek oroitarazi dizkigu: « Auzolanak egitea praktika ona da. Bere garaian emakumeen rola gehiago zen jaten ematea auzolanera etxera etortzen zirenei. Baina praktika gisa egiten jarraitzeko modukoa iruditzen zait, sukaldeko lanak eta rolak partekatuta. Ekofeminismoaz hitz egitean niretzat garrantzitsua da espiritualitatearen gaia. Ipar eta Hego globalaren artean sendatu gabeko zauri asko daude eta horiek sendatu gabe ezin dugu ekofeminismoaz hitz egiten jarraitu. Osatzea ez da bakarrik egin behar zapalkuntza barneratu duen biztanleriarekin, batez ere Abya Yalako [jatorrizko herriek Amerika izendatzeko modua] herriekin. Beste aldeak badu ardura historiko bat eta denen arteko harremanak eraiki behar ditugu, osatze hau egiteko, eta horrek denbora behar du, ez da egun bakarrean egiten. Espiritualtasunaz hitz egiten denean, hemen folklorizatu egiten da: ‘Nola jatorrizko herriek egiten duten, kopiatu egiten dugu eta ikastaro bat ordaintzen dugu haiena ikasteko’. Ez litzateke horrela egin behar, hemen badira hainbat praktika denboran galduz joan direnak. Zergatik ez baloratu Santa Ageda edo San Juan sua? Zergatik ez eman bere garaian izan zuten garrantzia? ». Espiritualtasunaren gai horretan, hainbat korapilo geratu ziren agerian: euskaldunen iraganak Hego Globalarekiko sortzen duen kontzientzia karga, eta publikoko batek oroitarazi zuenez, kristautasunak eragiten duen atzerakoa. Baina publikoko kide horrek eskertu zion Hernándezi espiritualtasunaren gaia atera izana: « Iraganarekiko aitortzan hutsune handia dugu ».

Gaurko arazoak irakurtzeko betaurreko

Hernándezek azaldu zuen migrazioaren gaian kateatuta daudela ingurumen gatazkak eta feministak: lurraldea uztera behartua daude jende asko, bai baliabide naturaletara sarbide mugatua dutelako edo enpresa transnazionalek bota egiten dituztelako beraien lurraldetik. « Indarrean den sistema horrek determinatzen du lurralde batean nortzuk biziraun dezaketen eta nortzuk ez. Praktika hori dutenen artean euskal enpresak ere badaude ». Pertsona horiek migrazioa hartzen dute bide gisa eta Espainiako Estatuak hiru urtez modu irregularrean bizitzera behartzen ditu, Atzerritartasun Legearen bidez. Biziraun behar horretan, emakume migratuak etxe barruko zaintzaile gisa finkatzen dira eta jasaten duten esplotazioa itzela da: « 24 ordu astean 6 egunetan. XXI. mendeko esklabotza da ». Luxanek bat egin zuen: « Herrigintzaren helburuetako bat izan behar da Atzerritartasun Legearen kontra eta esklabotza berrien kontra borrokatzea, gure etxe barruetan gertatzen diren gauzei begiratuta eta gure familiakoekin eztabaidatuz ».

Luxan gainpopulazioaz ere mintzatu zen: « Ingurumen arazo gisa aztertzerakoan, joera dago gainpopulazioaren zenbakiez hitz egiteko eta ez beste gai batzuei begiratzeko, adibidez, herrialde bakoitzean jaiotzen diren pertsonek zenbat kontsumitzen duten. Oso diskurtso dikotomikoa dago, badirudi leku batzuetan jendea sobera dagoela eta bestean falta dela. Hori bada arazoa konponbide erraza du, mugak zabaltzea. Uste dut ekofeminismoak lagundu ahal digula gai hauei ikuspegi kritikoz begiratzen. Argi dago planeta honek ezin duela sostengatu batzuek daukagun bizimodua. Diskurtso eta praktika ekofeministak beharrezko dira daukagun egoerari aurre egiteko baina uztartuta, ez ekologismoa edo feminismoa