Articles du Vendredi : Sélection du 21 janvier 2022


Taxe carbone, déforestation… L’UE cherche ses priorités pour le climat
Reporterre
https://reporterre.net/Taxe-carbone-deforestation-L-UE-cherche-ses-priorites-pour-le-climat

Les ministres de l’Environnement de l’Union européenne se sont réunis ce jeudi 20 janvier à Amiens (Somme) pour deux jours de discussions sur les priorités climatiques européennes. Objectif, mettre sur la table plusieurs sujets épineux évoqués dans le plan européen de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990. Si aucun accord n’est attendu à l’issue de ces discussions, Emmanuel Macron entend saisir cette occasion pour faire avancer les négociations alors que la France vient de prendre la présidence du Conseil de l’Union européenne. Une autre réunion des ministres de l’Énergie des Vingt-Sept est prévue dans la même ville, vendredi 21 et samedi 22 janvier.

  • Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières

Parmi les sujets sur la table, le « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières ». Il consisterait à taxer certains produits d’importation, comme l’acier, l’aluminium, le ciment, l’engrais et l’électricité au prix du marché carbone européen, en fonction des émissions liées à leur production. Pour ne pas enfreindre les principes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), cette mesure, proposée par la Commission européenne, devrait être assortie d’une suppression des quotas d’émissions gratuits offerts aux industriels européens pour les aider à faire face à la concurrence de pays tiers. C’est là que le bât blesse pour certains États et eurodéputés européens, qui craignent une augmentation des coûts de production. « [La taxe carbone] pose des questions compliquées : qui collecte l’argent ? Où va-t-il ? », a également expliqué un diplomate européen à l’AFP.

Des ONG avaient mis en garde contre l’insuffisance de cette mesure. « La taxe carbone aux frontières ne doit pas être un chiffon rouge opportuniste pour stigmatiser les pays en voie de développement et éluder la nécessité pour l’UE de commencer à décarboner sérieusement son industrie », avait déclaré Clément Sénéchal, porte-parole climat de Greenpeace, lors d’une conférence organisée par le Réseau Action Climat (RAC) le 9 décembre 2021 à laquelle a assisté Reporterre. « La présidence française ne doit pas se résumer à des totems électoraux : une victoire sur le mécanisme carbone aux frontières seul ne suffira pas à faire d’elle un succès pour le climat », avait dit de son côté Neil Makaroff, responsable des politiques européennes au RAC.

  • Lutte contre la déforestation importée

Un projet de règlement contre la déforestation importée proposé par la Commission européenne mi-novembre 2021 sera également au menu des discussions. Concrètement, plus un pays détruit des forêts pour produire certaines marchandises — soja, bœuf, huile de palme, bois, cacao, café et leurs produits dérivés —, plus bas il serait dans le classement, jusqu’à se voir interdire l’accès au marché européen. Une mesure censée épargner chaque année 71 920 hectares de forêt d’ici 2030 et réduire les émissions de gaz à effet de serre de 31,9 millions de tonnes par an, espère Bruxelles.

Les discussions sur ce projet commencent à peine parmi les États et dans l’Union européenne. La réunion d’Amiens permettra d’« avoir une vision claire des enjeux politiques », espère le ministère de la Transition écologique. Parmi les questions posées, celle d’un élargissement des écosystèmes concernés — les ONG, elles, réclament que soient inclus dans le texte d’autres milieux tels que les savanes et les tourbières ainsi que la protection des peuples autochtones et communautés locales.

  • Extension du marché carbone européen aux carburants et au fioul domestique

La Commission européenne a proposé qu’après les industriels et les énergéticiens, les fournisseurs de carburant routier et de fioul domestique soient à leur tour contraints d’acheter des quotas d’émissions de carbone dès 2025. Un « fonds solidaire » européen accompagnerait cette mesure pour éviter qu’une éventuelle hausse des prix ne frappe de plein fouet les ménages les plus modestes.

Malgré cela, cette proposition est loin de faire l’unanimité parmi les Vingt-Sept. « La France a exprimé ses vives inquiétudes sur l’acceptabilité sociale. […] On a connu les Gilets jaunes, on sait que la transition doit prendre en compte les intérêts des populations et des différents États », a ainsi plaidé l’entourage de la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. Pas sûr que le contexte de très forte hausse des prix du gaz et du carburant n’aide à avancer sur cette question.

Taxonomie européenne: le nucléaire n’est «ni durable, ni économique» affirme Berlin
Le Figaro avec AFP
www.lefigaro.fr/flash-eco/taxonomie-europeenne-le-nucleaire-n-est-ni-durable-ni-economique-affirme-berlin-20220120

Le nucléaire, générateur de déchets, n’est pas une énergie «durable» ni «économique», a déclaré jeudi le secrétaire d’État allemand pour l’Environnement Stefan Tidow, Berlin s’opposant à Paris sur l’inclusion de l’atome dans la taxonomie européenne, la liste des investissements «verts». «Ce n’est pas une énergie verte, ni durable. La question de la gestion des déchets n’est pas résolue : ce n’est pas économique non plus», a affirmé Stefan Tidow devant la ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili, à son arrivée à Amiens pour une réunion des ministres européens de l’Environnement.

Berlin s’oppose farouchement à l’inclusion du nucléaire dans le projet de labellisation verte («taxonomie») dévoilé fin décembre par la Commission européenne. Les États membres ont jusqu’à vendredi pour réclamer des modifications, avant la publication du texte final. «Nous allons d’abord faire comprendre que nous trouvons difficile l’inclusion de l’énergie nucléaire. Puis la Commission fera sa proposition (finale). C’est à ce moment-là qu’on se positionnera (pour la suite du processus), nous réagirons», a expliqué Stefan Tidow.

Le texte final de la Commission sera considéré définitivement adopté quatre mois après sa publication, sauf rejet par une majorité simple au Parlement européen ou par une majorité qualifiée des États (soit 20 États, ce qui paraît hors de portée). Le texte fixe les critères permettant de classer comme «durables» les investissements dans les centrales nucléaires et à gaz, avec pour objectif d’orienter les investissements privés vers les activités contribuant à réduire les gaz à effet de serre.

Bataille entre Etats membres

La France, confrontée à un mur d’investissements pour relancer sa filière nucléaire (source d’énergie stable et décarbonée), et des pays d’Europe centrale, comme la Pologne, qui doivent remplacer leurs centrales à charbon très polluantes par des centrales à gaz, soutiennent la proposition. «La Commission a présenté un texte d’équilibre, de compromis. Évidemment, certains pays ont des points (de désaccord), ça fera l’objet de discussions (…) Nous ferons un bon travail ensemble», a commenté à Amiens Barbara Pompili, alors que Paris occupe depuis janvier la présidence tournante de l’UE. «Je ne pense pas que ce sujet pèse sur les relations franco-allemandes. Nous avons chacun nos intérêts particuliers, cela est normal», a abondé Stefan Tidow.

Quelques pays, Autriche, Luxembourg et Allemagne en tête, ont farouchement bataillé pour exclure l’atome, Vienne dénonçant notamment «une énergie trop onéreuse et trop lente» pour contrer le changement climatique. «Le nucléaire est une énergie décarbonée. On ne peut pas s’en priver au moment où nous devons baisser très rapidement nos émissions (…) Quand nous aurons les solutions de stockage (pour les énergies renouvelables intermittentes), la question pourrait se poser autrement», a répliqué jeudi Barbara Pompili.

Trois dates importantes
Txetx Etcheverry
www.enbata.info/articles/trois-dates-importantes

A l’heure des bilans et des projections pour la nouvelle année, c’est un mois de décembre animé qui annonce l’agenda des mobilisations pour la nouvelle année, autour de trois dates et de trois dossiers essentiels : celui des preso, de la LGV et du logement.

18 décembre 2021

Le vote sur le projet de ligne nouvelle LGV qui a eu lieu ce samedi 18 décembre à la communauté d’agglomération Pays Basque marquera longtemps le débat local.

D’une part, bien sûr, parce qu’une majorité supérieure aux trois quarts s’est exprimée contre : 144 voix contre le principe même de cette LGV face à 41 pour ! Ces chiffres seront sans nulle doute martelés tout au long de la bataille qui s’ouvre une nouvelle fois autour de ce dossier.

 D’autre part, parce qu’au même moment, le département des Pyrénées-Atlantiques votait pour ce même projet de ligne nouvelle LGV et actait une participation de 54 millions d’euros à son financement.

Nous avons là une photographie claire de la réalité institutionnelle actuelle qui, je l’espère, imprégnera en profondeur les consciences de ce pays. Une institution, la Communauté d’Agglomération Pays Basque, respecte et défend la volonté majoritaire du Pays Basque nord, pendant qu’une autre, le département des Pyrénées-Atlantiques, la bafoue et la piétine.

La Communauté d’Agglomération respecte et défend la volonté du Pays Basque nord,
pendant que le Département des Pyrénées-Atlantiques la bafoue et la piétine.
Nous avons là une photographie claire de la réalité institutionnelle
qui, je l’espère, imprégnera en profondeur les consciences de ce pays.

Ces deux décisions, concomitantes et frontalement opposées, en disent long sur le rôle et la nature de ces deux institutions. Et viennent valider 20 années de lutte pour l’existence institutionnelle d’Iparralde.

5 février ou mars 2022

Le règlement portant sur la compensation n’a finalement pas pu être soumis au débat et au vote de ce Conseil communautaire du 18 décembre. Il le sera normalement lors des conseils communautaires prévus le 5 février ou le 5 mars 2022. Rappelons ici que la compensation, qui existe déjà dans les grandes villes françaises comme Paris, Nantes ou Bordeaux, consiste à obliger les propriétaires voulant louer de manière permanente un meublé de tourisme de type Airbnb à produire un nouveau logement de surface équivalente et situé dans la même zone. Cela rend plus difficile cette pratique qui a un effet net de hausse des prix du marché immobilier et cela protège le parc locatif privé qui abrite une partie de la population locale, et notamment ses secteurs les moins riches.

Rien d’étonnant du coup que certains maires, notamment étiquetés Les Républicains, enfermés dans leurs idéologie néo-libérale, montent au créneau pour tenter de vider de sa substance cette mesure protectrice et régulatrice. Cette contre-attaque est notamment la cause du retard pris pour son adoption et il faudra rappeler à certains leur responsabilité directe dans les congés pour vente qui frapperont ces mois-ci des locataires de logements appelés à devenir des Airbnb permanents.

Il est frappant ici de voir que certains de ces maires sont aussi montés au créneau pour défendre le projet de voie nouvelle LGV (avec le renfort de certains élus PS ou PCF !). Mais il est cependant rassurant de constater qu’ils se sont retrouvés clairement minoritaires au sein de l’institution basque.

Or, les deux questions, LGV et logement, sont bien évidemment liées. Comme l’a rappelé le président de la CAPB pour expliquer qu’il allait, sans état d’âme, voter non au principe de cette voie nouvelle LGV, cette dernière reviendrait “à exproprier une partie de notre population qui ne pourrait plus se loger, en raison de la hausse du prix de l’immobilier, pourtant déjà très élevé”.

18 février 2022

Cinq ans, jour pour jour, après l’opération de Louhossoa, des membres de Bake Bidea et des Artisans de la Paix ont réalisé une action symbolique en déversant un camion de sable devant l’entrée de la sous-préfecture de Bayonne. Il s’agissait d’illustrer le sablier du temps qui s’écoule encore derrière les barreaux des prisons, du temps qui presse pour tourner définitivement une certaine page de l’Histoire du Pays Basque. Si le dialogue ne permet plus d’avancer à ce niveau, alors nous devons créer à nouveau le rapport de forces suffisant pour débloquer la situation et éviter qu’elle ne dégénère totalement.

Cette action à la Sous-préfecture de Bayonne est un message adressé à l’État : un nouveau cycle de mobilisation et d’actions fortes, de désobéissance civile, va se mettre en place pour obtenir la libération des prisonnier.es basques et de toute urgence celle de Jakes Esnal et Jon Parot. Ces actions seront d’une toute autre dimension que le camion de sable déversé ce 16 décembre 2021. Pour cela, un appel est fait à tous celles et ceux qui sont volontaires pour y participer, à se signaler dès à présent auprès de Bake Bidea et des Artisans de la Paix.

La première de ces actions fortes, d’un nouveau genre, aura lieu le vendredi 18 février. Une journée à se réserver dès maintenant pour toutes celles et ceux voulant soutenir le nouveau cycle qui s’ouvre aujourd’hui. Soyons les plus nombreux.ses possible à prendre le relai de Mizel Bergouignan, Mixel Berhocorigoin et Michel Tubiana pour mener jusqu’à son bout le travail entamé à Louhossoa.

Jets privés, superyachts et méga pollutions : les ultra-riches dépensent des fortunes pour faire sécession
Jérôme Duval
https://basta.media/milliardaires-mega-pollutions-inegalites-mondiales-super-yachts-jets-prives-secession-des-ultras-riches-Oxfam

Depuis le début de la pandémie, les premières fortunes de France ont doublé leur richesse. Alors que 10 % de la population a besoin d’aide alimentaire, les carnets de commandes de superyachts se remplissent, les vols en jets privés se multiplient.

Depuis le début de la pandémie, la fortune des milliardaires de la planète a davantage augmenté qu’au cours des dix dernières années ! Les 43 plus grandes fortunes françaises ont accumulé 236 milliards d’euros supplémentaires : soit plus de 12 milliards par mois… Les cinq Français les plus riches – Bernard Arnault (LVMH), Françoise-Meyers Bettencourt (L’Oréal), François Pinault (Kering), les frères Alain et Gérard Wertheimer (Chanel) – ont même doublé leur patrimoine, a calculé l’organisation Oxfam. Cet accaparement mondial, rapide et considérable, de richesses est dû notamment à « la montée en flèche des cours des actions », à « la montée en puissance des monopoles et des privatisations », à la baisse des taux d’imposition pour les ultra-riches, et à « la réduction des droits et des salaires des travailleurs et des travailleuses », explique Oxfam dans son rapport publié ce 16 janvier, intitulé « Dans le monde d’après, les riches font sécession ». En parallèle, sept millions de personnes, soit une sur dix, dépendent, en France, de l’aide alimentaire pour vivre. Et ce n’est qu’une goutte dans l’océan des inégalités mondiales.

La Banque mondiale estime à près de 100 millions le nombre de personnes supplémentaires ayant basculé sous le seuil d’extrême pauvreté en 2020, en raison de la pandémie [1]. Au même moment, un nouveau milliardaire apparaissait toutes les 17 heures en moyenne ! Le magazine Forbes qui dresse la liste des milliardaires du monde entier, en a ajouté 493 en 2021, pour atteindre le chiffre sans précédent de 2755 ultra-fortunés.

Réunies au sein de ce club d’élite, les dix personnes les plus riches du monde viennent, selon l’indice Bloomberg Billionaires, d’ajouter 402 milliards de dollars supplémentaires à leur patrimoine au cours de l’année passée. En pleine pandémie, la fortune d’Elon Musk, a ainsi progressé de plus de 1600 % en deux ans, pour s’établir à 277 milliards de dollars.

En France, celle de la famille de Bernard Arnault, patron du numéro un mondial du luxe LVMH, a bondi de 61 milliards en 2021, pour atteindre 176 milliards de dollars. C’est l’équivalent, d’après le rapport de l’Observatoire des inégalités, de la valeur de l’ensemble des logements de Toulouse (470 000 habitants).

Signe extérieur d’explosion des inégalités : les ventes de superyachts en hausse

Les moyens que les ultra-riches consacrent à leur « sécession » sont de plus en plus considérables : les dépenses en superyachts et en jets privés explosent. Le prix des superyachts, ces navires supérieurs à 30 mètres de long, peut s’envoler jusqu’à plus de 600 millions de dollars pièce. Qu’importe : leur multiplication est époustouflante. On en comptait à peine un millier en activité il y a 30 ans. Leur nombre a été multiplié par cinq : 5325 étaient comptabilisés début août 2021 (contre 966 en 1988) [2]. La tendance ne semble pas avoir souffert de la crise sanitaire. Selon le site spécialisé Superyacht Group cité par Reuters, leurs ventes ont progressé de plus de 8 % au cours des neuf premiers mois de 2021 par rapport à la même période de 2019, avant la pandémie.

Comme après la crise financière de 2008, les carnets de commandes des constructeurs débordent. D’après le rapport 2022 Global Order Book, 1024 projets sont en construction ou en commande pour 2022, en augmentation d’un quart par rapport aux 821 de l’année dernière. « Malgré quelques hésitations initiales en 2020 lorsque le Covid-19 a frappé, l’industrie des superyachts a largement surmonté la pandémie pour enregistrer une troisième année de croissance constante du carnet de commandes », précisent les auteurs. Mis bout à bout, ce sont pas moins de 40 kilomètres de navires de luxe qui seront construits, lancés et livrés d’ici 2026 !

Selon le sociologue Grégory Salle, auteur de l’ouvrage Superyachts. Luxe, calme et écocide, « Cet essor exprime de façon frappante, pour ne pas dire brutale, non seulement l’ampleur vertigineuse des inégalités, mais le fait que leurs différentes manifestations (sur le plan sanitaire, environnemental, géographique, etc.) forment un système. Un système qui n’a rien d’accidentel et ne fait que refléter l’état actuel du capitalisme. »

51 avions d’affaires commandés à Dassault en 2021

Cette ségrégation sociale s’observe aussi dans le ciel. Si, pour cause de pandémie, les compagnies aériennes multiplient les annulations de vols – dont 8000 à l’occasion du seul week-end de Noël dernier – et suppriment des postes par milliers (8000 emplois supprimés depuis le début de la crise pour Air France-KLM), les voyages d’affaires en jets privés décollent. Au début de la pandémie, la plupart des aéroports avaient fermé leurs portes aux vols commerciaux traditionnels et low cost, mais leurs pistes étaient restées ouvertes aux vols privés (ainsi qu’aux évacuations sanitaires, au transport de matériel médical, au rapatriement de concitoyens bloqués à l’étranger).

Les avions de luxe ont rapidement retrouvé leur clientèle dès le printemps 2020, « opérant un quart de leurs vols habituels au 15 avril [2020], en plein confinement, puis la moitié au 15 mai, alors que les restrictions de déplacement n’ont été levées que deux semaines plus tard », observait un article du Monde. Au niveau mondial, les vols en jets privés ont effacé les pertes enregistrées au début de la crise sanitaire. Selon le Global Market Tracker du site spécialisé Wingx, 3,3 millions de vols ont été effectué par les jets d’affaires dans le monde entier en 2021. C’est le plus grand nombre jamais enregistré pour une seule année et 7 % de plus que le précédent point culminant, en 2019.

De même que pour les superyachts, les commandes de jets privés affluent. L’association des constructeurs de l’aviation, General Aviation Manufacturers Association (GAMA), précise : « Jusqu’au troisième trimestre 2021, par rapport à la même période en 2020, les livraisons de jets d’affaires ont augmenté de 15,9 %, avec 438 unités. » De quoi satisfaire le français Dassault Aviation qui enregistre les commandes de 51 avions d’affaire Falcon en 2021, contre 15 en 2020.

Les jets privés, 50 fois plus polluants que les trains

L’empreinte carbone due à la consommation par habitant des 1 % les plus riches est (au moins) 100 fois plus élevée que celle de la moitié la plus pauvre de l’humanité (environ 3,1 milliards de personnes), argumentait Oxfam dans son rapport annuel précédent. Le constat est partagé par le rapport sur les inégalités mondiales (réalisé par un groupe international d’universitaires) : chaque personne parmi les 1 % des plus riches émet à elle seule 110 tonnes de CO2 par an.

L’incohérence et l’insoutenabilité du mode de vie des ultra-riches a été portée à son comble cet automne. En vue d’obtenir des engagements de réduction d’émissions nocives pour le climat, de nombreuses personnalités se sont rendues en jet privé à la Conférence internationale pour le climat de Glasgow, la Cop26. De quoi rejeter dans l’atmosphère environ 13 000 tonnes de CO2, l’équivalent de ce que produisent 1600 Écossais chaque année, selon le Daily Record.

Les jets privés, qui transportent en moyenne entre 4 et 5 personne par vol, « sont 5 à 14 fois plus polluants (par passager) que les avions commerciaux, et 50 fois plus polluants que les trains », pointe un rapport de l’ONG Transport et Environnement. Ces émissions de CO2 sont en forte croissance. L’étude constate que celles des jets privés européens ont explosé ces dernières années, avec une augmentation de 31 % entre 2005 et 2019, contre 25 % pour l’aviation commerciale européenne.

300 yachts émettent autant de CO2 que toute la population du Burundi

Quant à l’impact écologique des superyachts, il donne le vertige. Ces navires de luxe peuvent consommer jusqu’à 2000 litres de carburant à l’heure. Propriété de la famille royale des Émirats arabes unis, le yacht Azzam, long de 180 mètres, dispose d’un réservoir d’un million de litres de carburant pour alimenter les 94 000 chevaux de moteur. Il compte aussi une piscine à débordement et une piste d’hélicoptère. Pour le yacht dénommé « A », propriété du milliardaire russe Andreï Melnitchenko, il faut compter environ 1,4 million de dollars pour faire le plein (avec un réservoir de 750 000 litres) ! Une étude parue en 2019, affirme que chaque année, les 300 plus grands yachts émettent à eux seuls plus de 280 000 tonnes de dioxyde de carbone, autant de CO2 que les 10 millions d’habitants du Burundi. Il faudrait plus de 7000 ans à une personne « normale » pour polluer autant que le milliardaire russo-israélien Roman Abramovich. Propriétaire d’un superyacht et d’un Boeing 767 personnalisé, il est responsable d’au moins 3859 tonnes d’émissions de CO2 par an, illustre Oxfam dans son rapport.

En France, le quinquennat de Macron n’a rien fait pour réduire ce phénomène. La suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) décidée par le président de la République en 2018, et son remplacement par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), en a réduit l’assiette aux seuls biens immobiliers. Les biens tels que les yachts ou les jets privés ont alors cessé d’être assujettis à cet impôt des « plus riches ». Les milliardaires sont donc incités à acheter toujours plus de yachts et de jets privés, au bilan carbone désastreux. Leurs effets sur le climat, eux, seront acquittés par l’humanité toute entière.

Notes

[1] Le seuil d’extrême pauvreté pour la Banque mondiale, c’est de vivre, pour une personne seule, avec moins de 1,90 dollar par jour.

[2Monaco Yacht Show. Market Report 2021. À noter que la dénomination de « superyacht » a évolué pour s’adapter à la croissance du marché et son seuil est passé de 24 à 30 mètres.

Hamar pertsona aberatsenek munduko 3.600 milioi txiroenek baino sei aldiz gehiago dute
Lander Arbelaitz Mitxelena
www.argia.eus/albistea/lau-segunduro-txiro-bat-hiltzen-da-26-orduro-mila-milioidun-aberats-bat-gehiago

Aurrekaririk ez duen egoeran, COVID-19aren pandemia lehertu zenetik igaro diren bi urteotan, munduko hamar gizonik aberatsenek bikoiztu egin dute beren fortuna –700.000 milioi dolarretik 1.5 bilioira–, gizateriaren %99aren diru-sarrerek behera egin duten bitartean. Horrek esan nahi du hamar pertsona hauek 15.000 dolar poltsikoratzen dituztela segunduro, edo 1.300 milioi egunero, Oxfamek kalkulatu duenez. Bi urteotan, bitartean, beste 160 milioi pertsona pobrezia egoeran murgildu dira.

Oxfam International Gobernuz Kanpoko Erakundeak urtero ateratzen duen txostena ezin gordinagoa da, aurten ere. Davoseko ekonomia foroan munduko agintari nagusiak biltzen direla baliatuz argitaratu du. Lotura honetan dago kontsultagai ingelesez, frantsesez, gaztelaniaz eta arabieraz.

Kapitalismoaren desberdinkeria azeleratzen ari da, urtez urte ematen dituzten datuak aintzat hartuz gero. 2014an ARGIAn informatu genuen nola 85 pertsona aberatsenek munduko 3.600 milioi herritarrek adina zeukaten. 2016an, 62 ziren. 2017rako, 43 ziren. 2019an 26 ziren munduko herritarren erdiak adina zutena. Gero pandemia etorri zen, hamar pertsona aberatsenek bikoiztu egin zuten beren fortuna eta 2022rako, hamar pertsona aberatsenek 3.600 milioi txiroenek baino sei aldiz gehiago daukatela nabarmentzen da.

Pandemia hasi denetik, 26 orduro pertsona batek mila milioi dolar pilatzen ditu, hamar pertsonarik aberatsenek beren fortunak bikoiztu dituzte eta 160 milioi pertsona gehiago erori dira pobrezian.

“Berdintasun ezak lau segunduro pertsona baten heriotza eragiten du. Eta ez da kasualitatea, aukera bat baizik: aberatsentzat eta aberatsenek eginiko hautuen ondorio biolentoak dira gure ekonomiak”. Hala laburbildu dute sare sozialetan berdintasun faltari buruzko 2022ko Inequality Kills (Desberdinkeriak hil egiten du) txostena.

Munduko 3.100 milioi txiroenak baino sei aldiz aberastasun gehiago daukate hamar pertsonak

Datu ugari eman dituzte. Batekin hastearren, pandemia hasi denetik beren aberastasuna bikoiztu duten hamar gizon hauek egun batetik bestera beren fortunaren %99.999 galduko balute ere, planetako herritarren %99 baino aberatsago izaten jarraituko lukete. “Gaur egun, munduko pobreenak diren 3.100 milioi pertsonak baino sei aldiz aberastasun gehiago daukate hamar pertsona hauek”.

Gutxienez 73 herrialdek aurten aurre egin beharko diete Nazioarteko Diru Funtsak bultzatutako austeritate eta murrizketa politikei, gogoratu dutenez. Horrek herrialdeen arteko desorekaz gain, barne-mailakoa areagotuko duela ohartarazi dute. Nazioarteko elkarte honek ezinbestekotzat jo du herrialdez herrialde aberatsenak zerga bidez askoz gehiago taxatzea.

2021eko uztailean, munduko pertsonarik aberatsenak bere luxuzko espaziontzian espaziora bidaiatu zuen lagun batzuekin, bitarte horretan milioika pertsona jatekorik eta txertorik gabe hiltzen ari ziren bitartean. Jeff Bezosek ondorengo esaldia bota zuen: “Milesker Amazoneko langile eta bezero guztiei, zuek ordaindu duzue guzti hau”. Bezosek pandemia hasi denetik pilatutako diru-irabaziekin bakarrik, mundu osoko herritarrak txerta litezke.

Oxfamek kapitalismoaren desberdinkeria hau izendatzeko “biolentzia ekonomikoa” kontzeptua darabil eta salatu du egunero gutxienez 21.000 lagun hiltzearen konplize dela, osasun zerbitzuetara sarbiderik ez izateagatik, biolentzia matxistagatik, goseagatik edo krisi klimatikoagatik hiltzen ari diren herritarrei erreferentzia eginez.

Zenbait datu solte azpimarratuko ditugu jarraian, Oxfamen txostenetik:

  • Milioidunen aberastasuna gehiago hazi da COVID-19a hasi denetik, aurreko 14 urteetan baino.
  • Munduko 252 gizon aberatsenek gehiago daukate Afrika, Hego Amerika eta Ertamerikako mila milioi emakumeek baino.
  • 1995etik aurrera, %1 aberatsenak 20 aldiz aberastasun gehiago pilatu du gizateriaren erdi txiroenak baino.
  • AEBetako 3,4 milioi herritar beltz bizirik egongo lirateke gaur egun, herrialde horretako herritar zurien bizi-esperantza izango balute. Pandemiaren aurretik, kopuru hori 2,1 milioitan zegoen.
  • Kalkulatzen da 20 mila milioidun hauek 8.000 aldiz gehiago kutsatzen dutela 1.000 milioi herritar txiroenek baino.
  • Herrialde txiroetan urtero 5,6 milioi pertsona hiltzen dira osasun zerbitzuetara sarbiderik ez izateagatik.
  • Gutxienez 67.000 emakume hiltzen dira urtero mutilazio genitalagatik, edo beren bikote edo bikote ohiak erailda.
  • Urtean milioika tona janari alferrik galtzen den bitartean, 2,1 milioi pertsona hiltzen dira gosez munduan.