Articles du Vendredi : Sélection du 20 mai 2022

Sur le climat, l’humanité a battu en 2021 les seuls records à ne pas dépasser
Le HuffPost avec AFP
www.huffingtonpost.fr/entry/en-2021-lhumanite-a-battu-les-seuls-records-a-ne-pas-depasser_fr_6284b9d1e4b0c7c1077a4173

Quatre marqueurs clés du changement climatique ont battu de nouveaux records en 2021, a indiqué l’ONU, prévenant que le système énergétique mondial conduit l’humanité à la catastrophe.

C’étaient les records à ne pas dépasser et pourtant nous l’avons fait. Ce mercredi 18 mai, l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une instance de l’ONU, a rendu son rapport sur l’”État du climat mondial en 2021″ et le constat est sans appel: les concentrations de gaz à effet de serre, l’élévation du niveau de la mer, la température et l’acidification des océans ont tous établi de nouveaux records en 2021.

Ce rapport est “une litanie lamentable de l’échec de l’humanité à lutter contre le dérèglement climatique”, a dénoncé le chef de l’ONU, Antonio Guterres. “Le système énergétique mondial est brisé et nous rapproche de plus en plus de la catastrophe climatique”, a-t-il mis en garde, exhortant à “mettre fin à la pollution par les combustibles fossiles et accélérer la transition vers les énergies renouvelables avant d’incinérer notre seule maison.

Les concentrations de gaz à effet de serre

Les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau sommet mondial en 2020, lorsque la concentration de dioxyde de carbone (CO2) a atteint 413,2 parties par million (ppm) dans le monde, soit 149% du niveau préindustriel. Les données indiquent qu’ils ont continué d’augmenter en 2021 et au début de 2022, la concentration mensuelle moyenne en CO2 à Mona Loa à Hawaï atteignant 416,45 ppm en avril 2020, 419,05 ppm en avril 2021 et 420,23 ppm en avril 2022, selon le rapport.

L’acidification des océans

L’océan absorbe environ 23% des émissions annuelles de CO2 d’origine humaine dans l’atmosphère. Bien que cela ralentisse l’augmentation des concentrations atmosphériques de CO2, ce dernier réagit avec l’eau de mer et conduit à l’acidification des océans.  Par ailleurs, la température de l’océan a aussi atteint un niveau record l’année dernière, dépassant la valeur de 2020, selon le rapport. On s’attend à ce que les 2000 premiers mètres de profondeur de l’océan continuent de se réchauffer à l’avenir – “un changement irréversible sur des échelles de temps centenaires à millénaires”, a déclaré l’OMM, ajoutant que la chaleur pénétrait toujours plus profond.

L’élévation du niveau de la mer

Le niveau moyen mondial de la mer a atteint un nouveau record en 2021, après avoir augmenté en moyenne de 4,5 millimètres par an de 2013 à 2021, selon le rapport. Il avait affiché une hausse moyenne de 2,1 mm par an entre 1993 et 2002, l’augmentation entre les deux périodes étant “principalement due à la perte accélérée de masse de glace des calottes glaciaires”, souligne le document.

L’élévation de la température

Le rapport a confirmé que les sept dernières années étaient les sept années les plus chaudes jamais enregistrées. Les phénomènes météorologiques liés à La Nina au début et à la fin de 2021 ont eu un effet refroidissant sur les températures mondiales l’année dernière. Mais malgré cela, 2021 reste l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec une température mondiale moyenne d’environ 1,11 degré Celsius au-dessus du niveau préindustriel.

L’Accord de Paris de 2015 sur le climat vise à limiter le réchauffement de la planète à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

Pendant ce temps, le rapport indique que le trou dans la couche d’ozone de l’Antarctique est “exceptionnellement profond et étendu” de 24,8 millions de kilomètres carrés en 2021, entraîné par un vortex polaire fort et stable.

“Notre climat change sous nos yeux”

Ce n’est qu’une question de temps avant qu’une autre année ne devienne la plus chaude jamais enregistrée”, a déclaré le chef de l’OMM, Petteri Taalas. “Notre climat change sous nos yeux. La chaleur piégée par les gaz à effet de serre d’origine humaine réchauffera la planète pendant de nombreuses générations à venir. L’élévation du niveau de la mer, la chaleur et l’acidification des océans se poursuivront pendant des centaines d’années à moins que des moyens d’éliminer le carbone de l’atmosphère ne soient inventés.”

António Guterres a proposé cinq actions pour relancer la transition vers les énergies renouvelables “avant qu’il ne soit trop tard”: mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles, tripler les investissements dans les énergies renouvelables, supprimer les formalités administratives, sécuriser l’approvisionnement en matières premières pour les technologies d’énergies renouvelables et faire de ces technologies – telles que le stockage sur batterie – des biens publics mondiaux librement disponibles.

“Si nous agissons ensemble, la transformation des énergies renouvelables peut être le projet de paix du XXIe siècle”, a déclaré António Guterres

Actifs fossiles, les nouveaux subprimes ? Quand financer la crise climatique peut mener à la crise financière
Gaël Giraud, économiste, directeur de recherche au CNRS, professeur à l’École nationale des ponts et chaussées et auteur. Il dirige le programme justice environnementale de Georgetown University. Spécialiste des interactions entre économie et écologie, il occupait les fonctions de chef économiste de l’Agence française de développement (AFD) jusqu’en juillet 2019. Il est président d’honneur de l’Institut Rousseau.
Christian Nicol, cadre dans une banque, militant

https://institut-rousseau.fr/actifs-fossiles-les-nouveaux-subprimes/

« L’Institut Rousseau publie aujourd’hui un rapport de première importance en coopération avec plusieurs organisations non-gouvernementales et associations françaises et étrangères spécialisées dans les questions financières et écologiques, au premier rang desquelles Les Amis de la Terre et Reclaim Finance. Le Monde et Bloomberg, ainsi que Die Zeit (Allemagne) et l’Avvenire (Italie) en assurent un décryptage en exclusivité.

Ce rapport démontre que non seulement les grandes banques continuent de financer massivement les énergies fossiles mais également que ce type de financement peut constituer un danger de toute première importance pour la stabilité financière et monétaire.
En effet l’exposition brute aux actifs fossiles d’un certain nombre de banques excède le niveau de leurs fonds propres. En d’autres termes, les actifs fossiles pourraient devenir les « subprimes » de demain.
Pour sortir de cette situation, les auteurs proposent plusieurs solutions concrètes visant à permettre aux banques de se délester de leurs actifs fossiles en échange d’un engagement ferme à mieux financer la transition écologique (structure de défaisance), mais aussi des réformes profondes de la politique monétaire et prudentielle pour accompagner ce mouvement. »

Nicolas Dufrêne, directeur de l’Institut Rousseau

Résumé exécutif

L’addiction des banques aux énergies fossiles : un danger pour le climat

Selon le rapport Banking On Climate Chaos 2021, les 60 plus grandes banques mondiales ont accordé 3 393 milliards d’euros1 de financements aux entreprises du secteur des énergies fossiles entre 2016 et 20202. Contrairement à ce que leurs discours et engagements peuvent laisser penser, les banques européennes n’ont pas infléchi leurs financements aux énergies fossiles. Certaines ont même continuellement augmenté leurs soutiens à cette industrie, première responsable des émissions de gaz à effet de serre.

Pourtant, pour respecter l’Accord de Paris sur le climat adopté en 2015, il est impératif de mettre immédiatement fin au développement des énergies fossiles et d’en programmer la sortie progressive et totale. La production mondiale de charbon, pétrole et gaz fossile doit ainsi diminuer de 6 % par an d’ici 2030 pour nous laisser une chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C3, une trajectoire aux antipodes de celle que dessinent les flux financiers actuels.

Les actifs fossiles : un double risque climatique et financier

Le soutien des banques aux entreprises du secteur des énergies fossiles n’est pas nouveau. Avant comme après la signature de l’Accord de Paris, elles ont accumulé des centaines de milliards d’actifs financiers liés à l’exploration, à l’exploitation, au transport et à l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz. Or ces stocks d’«actifs fossiles» ont une importance déterminante pour la stabilité du climat comme celle du système financier.

En fournissant fidèlement à cette industrie les capitaux dont elle a besoin pour opérer et investir, les banques financent des volumes colossaux d’émissions de gaz à effet de serre.

Ce faisant, elles limitent également leur capacité à financer des alternatives durables, car les liquidités et réserves consacrées aux géants des énergies fossiles et à leurs projets sont autant d’argent qui ne peut être mobilisé en faveur de la transition. Ainsi, les banques accumulent des actifs financiers qui apparaissent comme sûrs selon leurs critères d’analyse actuels, mais sont en fait très exposés aux risques climatiques, toujours ignorés des acteurs financiers et de la réglementation bancaire. Avec la finance verte et des stratégies souvent incohérentes, le secteur financier tente de se voiler la face sur des risques qui deviennent pourtant de plus en plus importants au fur et à mesure qu’ils ne sont pas correctement traités.

Car tous ces actifs fossiles risquent de devenir des « actifs échoués » – c’est-à-dire de perdre fortement de la valeur et de la liquidité, car le respect de l’Accord de Paris entraînera une baisse importante et continue de l’utilisation des énergies fossiles. Comme tous les risques, ces actifs échoués sont d’autant plus dangereux qu’ils sont ignorés : c’était le cas lors de la crise des subprimes – qui a engendrée de nombreuses faillites bancaires, une récession mondiale, une poussée du chômage et des inégalités –, et notre étude montre que l’ampleur du risque des actifs fossiles est sous-estimée par les milieux financiers.

Dans ce contexte, la dévalorisation des actifs fossiles détenus par les banques qui accompagnera l’inévitable transition écologique, pourrait produire d’importantes turbulences voire générer une nouvelle crise financière.

La perte de valeur plus ou moins rapide enregistrée par les banques pourrait aller jusqu’à les mettre en situation de faillite s’il s’avérait que leurs fonds propres – volume de capitaux détenu par les banques visant à leur fournir un matelas de sécurité en cas de coup dur – sont insuffisants pour l’absorber et que les mécanismes d’assurance ne suffisent plus. Ce contexte est le même que pour la crise des subprimes, où les banques, refusant pendant de longs trimestres d’ouvrir les yeux sur la catastrophe à venir, ont fait exploser une situation pourtant évitable, aboutissant à de nombreuses faillites bancaires, dont celle de Lehman Brothers – 4ème plus importante banque d’affaire des Etats-Unis de l’époque.

Notre étude se propose d’évaluer ces risques financiers liés au climat pour les grandes banques de la zone euro, afin de promouvoir une gestion anticipée des stocks d’actifs fossiles compatible avec la préservation de l’environnement comme de la stabilité du système financier.

Les banques de la zone euro, au bord d’un gouffre invisible

Notre étude approfondie des 11 principales banques de la zone euro révèle qu’elles cumulent un stock de plus de 530 milliards d’euros d’actifs liés aux énergies fossiles, soit 95 % du total de leurs fonds propres.

Ces actifs représentent pour toutes les banques étudiées une part très importante de leurs fonds propres4, allant de 68 % pour Santander à 131 % pour Crédit Agricole. Ceci est d’autant plus grave que ces actifs fossiles ne représentent que la face émergée de l’iceberg gigantesque formé par tous les secteurs qui nécessiteront forcément une transition – aéronautique, automobile, pétrochimie, etc. On ne peut donc pas exclure un effet « boule de neige » menant à une crise.

Dans le scénario dans lequel une perte de 80 % de la valeur des actifs fossiles serait constatée, les fonds propres de Crédit Agricole 5 et Société Générale – respectivement 3ème et 4ème plus grandes banques étudiées – basculeraient dans le rouge, et ceux de la Deutsche Bank et de Commerzbank seraient quasiment épuisés. Toutes les banques verraient leur capacité à financer la transition écologique très fortement affectée. Et dans le pire des cas, si la valeur de ces actifs fossiles tombait à zéro, 5 d’entre elles – dont 3 des 5 plus importantes – n’auraient pas suffisamment de fonds propres pour essuyer leurs pertes.

Certes, la dévalorisation des actifs fossiles promet de s’étaler sur plusieurs années. Cela pourrait laisser aux banques une fenêtre d’opportunité pour engager une transition rapide et profonde de leurs activités. Encore faudrait-il pour cela que le secteur bancaire, conscient qu’une telle transformation lui serait désavantageuse, consente à cesser de freiner à tout prix la mutation nécessaire de nos économies et adapte en conséquence son business model. Car ces conclusions interviennent alors que les banques continuent au contraire d’accorder de nouveaux soutiens aux énergies fossiles.

Selon le rapport Banking On Climate Chaos 2021, les 11 banques étudiées auraient ainsi accordés 95 milliards d’euros de financements supplémentaires – prêts, émissions d’actions et d’obligations – rien qu’en 2019 6. Par ailleurs, alors même que plusieurs banques de ce classement sont parmi celles qui possèdent les politiques sectorielles les plus avancées au monde sur les énergies fossiles, nos résultats révèlent le caractère encore très partiel de ces engagements volontaires et laissent présager d’une exposition aussi – voire bien plus – forte hors de l’Europe. Ainsi, si cette dynamique ne s’inverse pas, et en l’absence de réglementation financière adaptée, les stocks d’actifs fossiles continueront d’augmenter et les risques financiers avec eux.

Comme lors de la crise des subprimes de 2008, les risques colossaux pris par les banques pour s’assurer des bénéfices à court terme pourraient devenir le fardeau des États, des citoyens, et en premier lieu des plus précaires et vulnérables qui sont déjà les plus touchés par le changement climatique7. Une intervention politique forte aux niveaux national et européen est dès lors indispensable et urgente, afin de briser cette « tragédie des horizons »8 et mettre enfin la finance au service de la transition écologique.

Une seule solution : la réglementation

Les banques, déjà gangrenées par les actifs fossiles, entre- tiennent activement l’infection en faisant continuellement entrer de nouveaux actifs fossiles dans leur bilan. En effet, tant que la transition énergétique n’est pas encore clai- rement engagée, le risque financier de ces futurs actifs échoués ne se reflète pas encore dans leur prix. Au regard des risques climatiques et financiers que fait peser cette addiction aux énergies fossiles, des actions politiques s’imposent pour (1) stopper la progression des métastases et (2) éradiquer totalement la maladie pour soigner les malades.

Il s’agit d’abord d’arrêter de financer tout nouvel investissement dans le secteur des énergies fossiles – partie III. Ce mouvement demande l’arrêt des soutiens indirects offerts par la politique monétaire au secteur et une adaptation de la réglementation nationale et européenne pour tenir compte des dangers du secteur pour l’environnement et la stabilité financière, notamment via :

  • L’exclusion des actifs fossiles des rachats d’actifs ( Quantitative easing ) et de la liste des collatéraux de la Banque centrale européenne (BCE), précédant un alignement de l’ensemble des opérations de la banque centrale sur l’Accord de Paris.
  • L’encadrement légal des soutiens accordés par les acteurs financiers aux énergies fossiles, contrôlés et sanctionnés par la puissance publique.
  • Une réglementation et régulation financière qui tient pleinement compte des risques associés aux financements des énergies fossiles avec une augmentation des exigences de capitaux, la création ou l’ajustement de coussin de risques systémiques spécifiques, le renforcement des obligations de garanties des banques et l’encadrement de la titrisation des actifs fossiles.

Une fois ces conditions remplies, il sera nécessaire d’assainir la situation financière des banques – partie IV. Leurs bilans « surchargés » en actifs fossiles feraient perdurer le risque de crise. Surtout, ils continueraient à ralentir le financement de la transition écologique en bloquant des fonds importants dans des secteurs voués à disparaître.

L’intervention de la Banque centrale européenne (BCE) – via la création d’une « fossil bank » européenne – sera selon nous nécessaire pour libérer les banques de ce poids. Une structure de défaisance spécifique, financée par les achats d’actifs de la BCE, rachèterait alors une part significative des actifs fossiles des banques engagées dans la sortie des énergies fossiles, et opérerait leur extinction progressive. Si l’opération présente de réelles difficultés de mise en place, et exigerait sans aucun doute un soutien politique fort, elle présente des avantages multiples comme l’amorçage d’une sortie progressive des énergies fossiles dans une démarche de transition juste, la diminution drastique des impacts climatiques et du risque de crise, et la libération de financements massifs pour la transition écologique.

En assumant les erreurs commises par le passé, en agissant de manière efficace et coordonnée, les pouvoirs publics et les institutions financières peuvent éviter une nouvelle crise financière systémique tout en enrayant les dérèglements climatiques. Une dynamique vertueuse qui ne peut malheureusement plus attendre.

1Les conversions du dollar à l’euro ont été effectuées avec un taux de change de 2019 de 1,12 dollar pour 1 euro. Statista, (2020), « Taux de change du dollar des États-Unis (USD) par rapport à l’euro (EUR) de 1999 à 2019 ».

2 Rainforest Action Network, Reclaim Finance et al., (2021), Banking on Climate Chaos.

3 Nations Unies, (2020), Production Gap Report.

4 Dans notre étude, ce sont les Common Equity Tiers 1 (CET 1) qui ont été retenus car ce sont les fonds propres sécurisés des banques.

5 Crédit Agricole SA revendique un volume de fonds propres plus important, justifié par le fait qu’en cas de choc subi au niveau de l’entité CASA, le groupe Crédit Agricole serait dans l’obligation légale de soutenir CASA via ses fonds propres. Nous faisons cependant le choix méthodologique de comparer les actifs fossiles de CASA aux fonds propres de CASA uniquement, afin d’évaluer la solidité financière de cette banque d’affaires, ainsi que sa prise en compte – ou son absence de prise en compte – des risques climatiques. Dans un contexte de perte de valeur des actifs de CASA, il existe donc un risque de propagation au groupe Crédit Agricole et à ses autres activités, en contrepartie d’une sécurité supplémentaire.

6 Rainforest Action Network, Reclaim Finance et al., (2021), Banking on Climate Chaos.

7 Notre affaire à tous, (2020), Un climat d’inégalités, les impacts inégaux du dérèglement climatique. / Winkel J. , Nazrul Islam S. (2017), Climate change and social inequality. / OCDE, ( 2010), Pauvreté et changement climatique : réduire la vulnérabilité des populations par l’adaptation.

8 Mark Carney (2015), Breaking the Tragedy of Horizon.

Klima larrialdiaren aurrean Pirinioak lurralde “erresiliente” bihurtzeko plana diseinatu dute
Urko Apaolaza Avila
www.argia.eus/albistea/klima-larrialdiaren-aurrean-pirinioak-lurralde-erresiliente-bihurtzeko-plana-diseinatu-dute

 Pirinoetako Lan Elkarteak egindako ikerlan baten arabera, mendikateko glaziarren erdia galdu da 1983tik, tenperaturaren batez bestekoa 1,6 gradu beroagoa da eta duela hamarkada batzuk baino %8 euri gutxiago egiten du orain. Datu kezkagarri horien aurrean, Klima Aldaketaren Pirinioetako Estrategia diseinatu dute, lurralde “erresiliente” bihurtzeko.

Zenbait lurraldetan klima larrialdia gehiago nabaritzen ari direla gauza jakina da. Pirinioak, Europa hegoaldeko mendikate zabal eta naturaz aberatsenetakoa, ez daude inertzia horretatik salbu, eta horren erakusgarri da ostegun honetan Bilbon Pirinioetako Lan Elkarteak (PLE) aurkeztu duen txostena. Elkarte horretan daude, besteak beste, Eusko Jaurlaritza, Nafarroako Gobernua eta Akitania Berria eskualdea, eta ikerturiko eremuak Euskal Herriaren zati handi bat hartzen du, Erronkaritik ia Enkarterrietaraino.

Pirinioetako Klima Aldaketaren Behategiak egina, Adapyr izeneko proiektuaren barruan, bi urtez ikertu dituzte mendikateko hainbat eta hainbat ezaugarri, karbono emisioen eta habitat zein biodibertsitate galeraren ondorioz gizakiok eragin ditugun aldaketak neurtu asmoz.

1983tik Pirinioetako glaziarren erdia galdu egin da dagoeneko, eta 20 baino ez dira geratzen “oso egoera zaurgarrian”. Esaterako, Anetoko glaziarrak azaleraren erdia galdu du 30 urtetan. Gainera, tenperaturaren batez bestekoa 1,6 gradu igo da 1959-2020 arteko epean, euri kopurua %8 gutxitu da, eta “uda” hilabete batez luzatu.

Proiekzio batzuk ere egin dituzte. Horrela jarraituz gero, 2050 urtean elurraren sakontasuna erdira jaitsiko litzateke 1.800 metrotik gorako garaieran; zohikaztegiek –oso habitat bereziak milaka urtetan sortuak izan direlako– CO2a harrapatu beharrean isuri egingo lukete; ur-emariak gutxitu egingo lirateke; eta biodibertsitate galera handia espero da.

Gaur egun Pirinioen %59 basoek osatzen dutela dio txostenak –basoak baino mono-landaketak direnak kontuan hartzen badira, beti ere–.

Hain justu, beste ikerketa baten arabera, arbola espezie batzuk zabaltzen ari dira goi mendietan, pinuak kasu, tenperatura igoeraren eta larreen esplotazioa gutxitzearen ondorioz garaiera altuagoan hazten ari direlako. Baina ikerlariek ohartarazi dute baso horiek CO2a harrapatzeko duten gaitasuna ahultzen ari dela.

Lurralde “erresilientea”

Nolanahi ere, datu kezkagarri horien aurrean, bestelako lurralde eredu bat sortzeko plana diseinatu dute, EPiCC izenekoa: Ekintza klimatikoan lankidetzan aritzeko estrategia bat deitu diote. Plan hori Europan “bakarra” dela azaldu dute eta hainbat irizpide jasotzen ditu, Pirinioak 2050 urterako lurralde “erresiliente” bihurtu daitezen.

Zehazki, bost “sistema” definitu dituzte: klima; mendiari egokitutako ekonomia; natur ekosistemak erresilienteak; lurraldea eta bertako biztanleak; eta lankidetza bidezko gobernantza. Ikuspegi “sistemiko” horren bidez lortu daiteke ahaleginak biltzea modu inklusibo batean gako izan daitezkeen eremuetan, planaren egileen arabera.

Erronka batzuk ere jarri dituzte bide horretan, eta horiei nola aurre egin daitekeen azaldu: biodibertsiate galeraren aurrean, egungo inpaktuen ezagutza hobetu eta espezie zaurgarrienak babestu; eskaintza turistiko jasangarriagoa bultzatu, estazionalizazioa saihesteko eta tokiko ekoizpena kontuan hartzeko; eremu urbanoetan efizientzia energetikoa hobetu; lurraldeetako eragileekin elkarrizketak sustatu…

Hori guztia aurrera eramateko hainbat aholkularitza eta jarraipen batzorde sortu dituzte jadanik, eta Europar Batasuneko Life finantza tresnaren diru-laguntza eskatu dute.

Ez da lehen aldia Pirinioak bestelako eredu ekonomiko jasangarriago baterako erreferentzia direna. Nafarroan, Pirinioetako Planaren barruan sorturiko Pirinioetako Mahaiaren Ekintzailetza Lantaldeak hainbat ekimen bultzatu ditu Nafar Pirinioak ekintzailetza eraldatzailearen “ekosistema” izan daitezen.