Articles du Vendredi : Sélection du 20 juin 2014 !

Changement climatique : le rapport alarmant de la Maison Blanche

Jean-Paul Fritz
http://tempsreel.nouvelobs.com/sciences/20140507.OBS6309/changement-climatique-le-rapport-alarmant-de-la-maison-blanche.html

Transition énergétique : Ségolène Royal présente son projet de loi

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/transition-energetique-segolene-royal-presente-son-projet-de-loi,47226?xtor=EPR-9

Derrière l’éco-taxe, quelle politique du fret?

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/derriere-l-eco-taxe-quelle-politique-du-fret,47070?xtor=EPR-9

Le crime contre l’humanité en cours

Txetx Etcheverry
www.enbata.info/articles/le-crime-contre-lhumanite-en-cours

Divers / Orotarik


[:]

Changement climatique : le rapport alarmant de la Maison Blanche

Jean-Paul Fritz
http://tempsreel.nouvelobs.com/sciences/20140507.OBS6309/changement-climatique-le-rapport-alarmant-de-la-maison-blanche.html

Etés plus longs et plus chauds, hivers plus courts, pluies plus intenses, inondations régulières… L’administration américaine dresse un portrait de la situation qui sonne comme un signal d’alarme.

Le changement climatique n’est pas seulement une inquiétude pour un futur proche : il est déjà là. Dans un rapport gouvernemental rendu public mardi 6 mai au soir, la Maison Blanche tire la sonnette d’alarme dans un pays où la réalité du réchauffement planétaire est souvent contestée, principalement pour des raisons politiques. Le rapport réalisé par un panel de plus de 300 scientifiques, sous la houlette de l’administration fédérale, montre aux Nord-Américains que leur pays, lui aussi, souffre du dérèglement du temps…et qu’il faut prendre des mesures. Si les conclusions concernent les différentes régions des USA, elles ont valeur d’exemple : si le pays le plus développé au monde doit se préparer aux conséquences du changement climatique, les autres nations auront du mal à l’ignorer.

Les températures moyennes aux USA ont augmenté de presque deux degrés depuis 1895 et pourraient encore augmenter de 10 degrés d’ici 2100, et le niveau des mers pourrait s’élever de près de deux mètres, prévient le rapport, qui prédit des dommages économiques et humains dûs au réchauffement et souligne « la nécessité pour le peuple américain de se préparer et répondre à ses conséquences considérables ».

« Les étés sont plus longs et plus chauds, et les périodes de chaleurs inhabituelles durent plus longtemps qu’aucun Américain vivant ne l’a jamais vécu. Les hivers sont généralement plus courts et plus chauds. La pluie arrive en averses plus fortes. Les gens voient les changements dans la longueur et la sévérité des allergies saisonnières, les variétés de végétaux qui prolifèrent dans leurs jardins, et les types d’oiseaux qu’ils voient chaque mois dans leur voisinage », explique le texte introductif du rapport.

« D’autres changements sont plus dramatiques. Les résidents de certaines régions côtières voient leurs rues inondées plus régulièrement durant les tempêtes et les hautes marées. Les cités à l’intérieur des terres qui sont proches de grandes rivières sont aussi sujettes à davantage d’inondations, particulièrement dans le Midwest et dans le nord-est. Les taux d’assurances augmentent dans certains lieux vulnérables, et dans d’autres, elles ne sont même plus disponibles. Un climat plus chaud et plus sec et une fonte précoce des neiges signifient que les feux de foret dans l’ouest démarrent plus tôt au printemps, et brûlent de plus grandes surfaces. Dans l’Alaska arctique, la glace estivale qui protégeait les côtes s’est estompée, et les tempêtes automnales provoquent davantage d’érosions, menaçant de nombreuses communautés de relocalisation ».

La pollution va augmenter, et le réchauffement est visible de l’espace

Conséquence de ce réchauffement, la pollution dans les villes va elle aussi augmenter. Le smog va empirer dans toutes les grandes villes des Etats-Unis. Responsable ? Les niveaux d’ozone. Les températures plus élevées provoquent leur augmentation. Les Américains peuvent s’attendre à ce que le nombre de jours où l’air sera néfaste à la santé augmente de 70% d’ici au milieu du siècle si les émissions de gaz pollluants ne sont pas drastiquement réduites.

Les effets du réchauffement climatiques ne sont pas seulement mesurés par des instruments au sol, ils sont aussi visibles de l’espace, comme l’a expliqué hier sur son blog Charles Bolden, l’administrateur de la NASA, juste après la publication du rapport de la Maison Blanche. Les instruments de l’agence spatiale américaine, qui a contribué au rapport gouvernemental, permettent déjà « de voir les impacts du changement climatique dans le monde. » Pour M.Bolden, les moyens de la NASA doivent « nous aider à comprendre ce qui se passe globalement, dans des domaines comme la glace polaire, les précipitations extrêmes, les changements des températures, l’augmentation du niveau des mers et les écosystèmes forestiers ».

Des réponses « insuffisantes »

Les observations « sont consistantes avec des changements significatifs dans les tendances climatiques de la Terre, assure le rapport, qui met directement en cause « les activités humaines », assurant que « l’importance du changement climatique dans les prochaines décennies dépend principalement de la quantité de gaz à effet de serre émis globalement, et du degré de sensibilité du climat de la Terre à ces émissions ».

La planification pour s’adapter et se préparer aux conséquences, et l’atténuation, pour réduire les changements futurs en réduisant les émissions, deviennent plus répandues. Mais selon le rapport américain, les efforts actuels sont « insuffisant pour éviter des effets de plus en plus négatifs sur les plans social, environnemental et économique ».

Les obstacles sont nombreux, et le rapport cite « les fonds limités, les obstacles légaux et réglementaires, et la difficulté d’anticiper les changements liés au climat à l’échelon local ». En revanche, les meilleures pratiques doivent être partagées. Les actions d’adaptation qui répondent aussi à d’autres objectifs sociétaux comme le développement durable, la réduction de risques majeurs ou l’amélioration de la qualité de vie « doivent être intégrés dans les processus de prise de décision. »

« En dépit d’efforts émergents, le rythme et l’étendue de l’adaptation des activités n’est pas proportionnel aux risques que le changement climatique représente pour la population, les biens, les infrastructures et les écosystèmes », prévient également le rapport. « Les décisions sur la manière de répondre au changement climatique peuvent être complexes, et nécessiteront une combinaison d’actions d’adaptation et de réduction (des causes du changement climatique). Les décideurs, qu’ils soient individus, officiels ou autres, devront être aidés à intégrer les données scientifiques dans leurs décisions d’adaptation et de réduction. »

On ne peut pas douter que ce qui est valable pour les Etats-Unis est également à prendre en compte par le reste du monde. Si d’autres pays ont été jusqu’ici plus conscients du risque climatique que les USA, ce rapport très officiel va peut-être changer la donne. Reste à voir s’il y aura des résultats concrets, notamment lorsqu’il s’agira de discuter des suites du protocole de Kyoto…

Transition énergétique : Ségolène Royal présente son projet de loi

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/transition-energetique-segolene-royal-presente-son-projet-de-loi,47226?xtor=EPR-9

Longue période de gestation, la ministre de l’écologie a présenté une synthèse du projet de loi sur la transition énergétique. Un texte copieux avec quelques trous.

Les journalistes en auront été pour leurs frais. Ils étaient nombreux, ce mercredi 18 juin, à avoir répondu à l’invitation de la ministre de l’écologie. Au sortir du conseil des ministres, Ségolène Royal devait leur présenter le projet de loi sur la transition énergétique, texte épique, tant sa rédaction semble interminable. Or, de projet de loi, les reporters n’ont rien vu. Au lieu de cela: un dossier de presse contenant, notamment, une note explicative du texte fantôme. Nous ferons donc avec.

Grands objectifs

Sans surprise, le projet de loi Royal fixe quelques grands objectifs relativement consensuels: baisser à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité nationale (contre 75% actuellement), réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030 (objectif du futur paquet énergie climat 2030), réduire de 50% les consommations d’énergie (finale ou primaire, on ne sait) entre 2012  et 2050. Les énergies renouvelables devront fournir 32% de la consommation d’énergie finale en 2030: trois fois mieux qu’aujourd’hui.

«Cet objectif pourra être atteint en portant la part de la chaleur renouvelable à 38% de la chaleur consommée, la part des biocarburants à 15 de la consommation finale de carburants et la part d’électricité renouvelable à 40% de la production totale d’électricité», précise le dossier. Mais quid du financement?

Il pourra aussi être atteint grâce à l’instauration de budget carbone national, ainsi que d’une programmation pluriannuelle de l’énergie qui, sur 5 ans, planifiera les investissements en matière de gaz, d’électricité, mais aussi de chaleur, sans oublier l’efficacité énergétique, la baisse des consommations ou les énergies renouvelables.

Obligation de rénovation

Telle que présentée, la partie 1 du projet de loi est consacrée aux économies d’énergie. Différentes dispositions techniques permettront de faciliter l’isolation des bâtiments par l’extérieur (entreprise souvent contrariée par le code de l’urbanisme). Le plan local d’urbanisme (PLU) nouveau donnera la possibilité aux maires d’imposer la construction de bâtiments à énergie positive. La ministre souhaite d’ailleurs que les futurs bâtiments publics produisent plus d’énergie qu’ils n’en consommeront. L’article 8 pourrait imposer l’installation de systèmes de comptage d’électricité (Linky), de gaz (Gazpar), mais aussi de froid et de chaleur. Enfin, les propriétaires d’immeubles collectifs auront l’obligation de faire des travaux d’isolation, à l’occasion des ravalements. Rien en revanche n’est prévu pour réviser la fiscalité de l’énergie, voire celle du carbone. «Tant que Ségolène Royal considère cela comme de l’écologie punitive, il n’y a rien à attendre sur ce terrain», commente Maryse Arditi, chargée des questions d’énergie à France Nature Environnement.

Pas de voitures électriques en outre-Mer

Initiée de longue date, la réforme du dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE) est engagée. L’article 9 étend le système aux chargeurs qui bénéficieront de CEE en mettant leurs marchandises sur des péniches ou sur le train. Les articles suivants font la part belle aux véhicules électriques. L’article 10 pourrait les autoriser à circuler dans les voies réservées aux transports publics. Propriétaires des réseaux de distribution d’électricité, les collectivités devront participer au déploiement des bornes de recharge. Enfin, Ségolène Royal propose, en cumulant le bonus automobile et une prime à la casse pour les voitures Diesel, de porter à 10.000 euros le montant de l’aide à l’achat d’une voiture électrique.

Pour les autres modes de transports, le gouvernement prend la main. Le préfet pourrait être autorisé à imposer dans les villes ou agglomérations de plus de 100.000 habitants des zones de circulation restreinte, qui s’apparentent aux défuntes Zapa. À noter, dans l’article 63, la possibilité de limiter le déploiement des voitures électriques dans les départements et les collectivités d’outre-Mer, afin de «maîtriser les impacts sur le réseau public de distribution électrique et à ne pas induire d’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.» Il est vrai que l’essentiel de l’électricité consommée dans les «zones non interconnectées » est produite par des centrales thermiques au fioul ou au charbon.

Complément de rémunération pour les ENR

Objet de toutes les disputes, la partie 2 est consacrée au «mix énergétique». Elle permet «le développement des énergies renouvelables», tout en renforçant «la sûreté nucléaire». Comme annoncé de longue date, les tarifs d’achat de l’électricité et du gaz d’origine renouvelable seront abrogés. A la place, le gouvernement souhaite instaurer un «complément de rémunération», versé aux producteurs, en complément des prix du marché. Dédié aux grandes installations (parcs éoliens, centrale photovoltaïque de puissance), ce système a déjà été mis en œuvre dans d’autres pays européens, dont le Royaume-Uni. Pour les petites centrales, le gouvernement ne s’interdit pas de mettre en place des tarifs de rachat variables, selon les prix du marché.

Vieille revendication des environnementalistes: la possibilité pour les particuliers ou les collectivités d’investir directement dans des centrales renouvelables. «En Allemagne, la majorité d’entre elles appartiennent aux citoyens», rappelle Maryse Arditi. Les articles 26 et 27 corrigeront ce différentiel franco-allemand. Les deux suivants devraient, en revanche, courroucer les autorités européennes.  Ils prévoient la création de sociétés d’économie mixte qui géreront les ouvrages hydroélectriques à l’échelle des grandes vallées. «Cela nous permettra d’éviter leur privatisation», a confirmé Ségolène Royal. Les électriciens français et étrangers qui s’étaient portés candidats au renouvellement des concessions hydroélectriques tricolores apprécieront.

Pas de gouvernement du nucléaire

Côté nucléaire, si l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a obtenu (presque) tout ce qu’elle désirait, les écologistes font, de leur côté, chou blanc. L’ASN disposera de pouvoirs de contrôle et de sanction supérieurs à ce qu’ils sont aujourd’hui. Les gendarmes de l’atome pourront ainsi infliger des amendes et des astreintes journalières. En revanche, rien n’est encore prévu pour accroître ses recettes, ni celles de l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Les anti-nucléaires voulaient à tout prix la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim et la possibilité, pour l’état, d’ordonner l’arrêt de centrales nucléaires. Ils n’auront ni l’un ni l’autre. Au lieu de cela, le gouvernement devrait limiter à 63,2 GW la puissance nucléaire maximale. Ce qui pourrait néanmoins obliger EDF à fermer (ou mettre sous cocon) Fessenheim au moment du démarrage de l’EPR de Flamanville. Mais nous n’en sommes pas encore là.

EDF grand gagnante

Les articles suivant réforment le marché et les tarifs de l’électricité et du gaz. Au grand bénéfice d’EDF. L’article 40 sécurise la hausse annoncée du tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité, principale ressource du distributeur, ERDF, filiale d’EDF. L’article 45, de son côté, annonce, sans le dire clairement, une légère baisse des tarifs régulés de vente d’électricité. Ce qui devrait fortement déplaire aux concurrents de l’opérateur historique. Pour lutter contre la précarité énergétique, le projet de loi instaure un chèque énergie. Ce dispositif permettra d’aider les ménages modestes chauffés au fioul. Nul ne sait encore comment il sera financé. Mais certainement pas avec la taxe sur la rente nucléaire, promise par Jean-Marc Ayrault lors de la dernière conférence environnementale. Celle-ci a disparu à la faveur des arbitrages. Intervenant, mardi 17 juin, au colloque annuel de l’union français de l’électricité, Henri Proglio n’a pas caché sa joie. «Ce projet de transition énergétique, je le sens pas mal», a lâché le patron d’EDF.

Derrière l’éco-taxe, quelle politique du fret?

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/derriere-l-eco-taxe-quelle-politique-du-fret,47070?xtor=EPR-9

Alors que la part du fret ferroviaire s’est écroulée en France au cours des 10 dernières années, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) a présenté, ce 13 juin, son plan pour la remettre sur les rails.

Focalisé sur l’assiette de l’écotaxe et sa nouvelle appellation, le gouvernement semble oublier l’essentiel. Posée depuis le Grenelle de l’environnement, la question du report modal du fret reste en effet orpheline, alors que les parts du ferroviaire et du fluvial régressent toujours plus au profit du routier.

Bien décidée à le lui rappeler, la Fnaut adresse un message clair aux pouvoirs publics: développer le fret ferroviaire protège le climat, garantit une sécurité routière accrue et une meilleure santé publique, réduit les besoins d’énergies fossiles, développe les territoires…

Malgré tous ces atouts, il ne cesse de régresser. La part modale du fret par les rails a ainsi été réduite de moitié en dix ans, passant de 17% en 2000 à 8,8% en 2010, selon le Commissariat général au développement durable (CGDD). Il faut y ajouter un réseau au bord de la crise de nerfs, avec une dette ferroviaire de 40 Md€.

Succession d’avantages accordés à la route

«Cet effondrement est dû aux avantages artificiels successifs accordés par les gouvernements au transport routier, qui ont réduit de façon drastique le coût de ce mode de fret», explique au JDLE Jean Sivardière, président de la Fnaut. Par exemple, la généralisation des 44 tonnes de plus de 4 essieux sur les routes françaises a augmenté de 10% l’avantage compétitif de la route par rapport au rail. La collectivité doit d’ailleurs financer ces méga-poids lourds, à hauteur de 400 à 500 M€ par an de travaux pour compenser l’usure accrue des routes[1]. «Le transport routier bénéficie également d’un coût moindre en raison d’une fraude généralisée, liée aux recours important aux sous-traitants[2], et aux excès de vitesses, aux surcharges, aux dépassements de temps de conduite, et aux fraudes sur les péages autoroutiers», énumère le président de la Fnaut.

L’absence d’une politique nationale en faveur du transport ferroviaire, d’engagement de son opérateur historique (la SNCF), ainsi que la régression du réseau ont fini de pénaliser lourdement le rail.

Sauver le réseau ferroviaire

La Fnaut demande un plan de sauvetage inscrit dans un Schéma national des services de transport ferroviaire, que l’Etat devrait proposer au Parlement. Pour l’accompagner, des contrats de performance devraient être signés entre Réseau ferré de France (RFF) et la SNCF, pour sauver le trafic en wagon isolé et les opérateurs ferroviaires de proximité. «Mille cinq cents kilomètres de lignes capillaires doivent être fermées dans les années qui viennent, ce qui va accroître un peu plus la part du routier», prévient Jean Sivardière.

La fédération a identifié d’autres investissements nécessaires, pour accroître la capacité des principaux nœuds (qui ont pâti de l’essor des LGV) -en particulier le contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise, celui de Nîmes et de Montpellier-, ou lancer de nouvelles autoroutes ferroviaires.

Une nécessaire contribution des poids lourds

Pour les financer, rien de plus simple.  «Il suffit de s’attaquer à la fraude généralisée dans le secteur routier, et de lui faire payer une partie de ses coûts externes, liés aux émissions de CO2, aux polluants dus au gazole, et à l’usure des routes», résume la Fnaut. Une éco-taxe pour financer le rail? «C’est exactement ce qu’a fait la Suisse dans les années 1990. Elle a instauré une taxe poids lourd pour maîtriser le trafic routier de transit –en le réduisant de 1,2 million de camions par an à 650.000- et pour financer son plan Rail 2000, et ses nouvelles traversées alpines», explique Jean Sivardière. Aujourd’hui, la part modale du rail s’est élevée à 66%, et le recours à la route régresse.

Autre exemple outre-Rhin. La Deutsche Bahn a modernisé son réseau en partie grâce à l’éco-taxe instaurée en 2004. En hausse depuis 2005, le transport ferroviaire de marchandises représente désormais 20% du fret, et les alternatives à la route 30% (avec le fluvial). Contre 11% en France.

[1] Selon un rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable (Cgedd)

[2] Les sous-traitants couvrent 43% des trajets selon le rapport Abraham de 2010

Le crime contre l’humanité en cours

Txetx Etcheverry
www.enbata.info/articles/le-crime-contre-lhumanite-en-cours

Après l’action spectaculaire de Bizi contre la direction régionale de la Société Générale à Bayonne, Txetx Etcheverry qualifie le changement climatique —en cours d’accélération— de crime contre l’humanité qui aura des conséquences dramatiques à très large échelle pour l’humanité et qui va bouleverser les conditions de vie civilisées sur terre. Il s’interroge sur  l’attitude qu’aura la génération actuelle, la dernière à pouvoir réellement peser sur le cours des choses à ce niveau.

Et si j’étais né en 17 à Leidenstadt, sur les ruines d’un champ de bataille, aurais-je été meilleur ou pire que ces gens, si j’avais été allemand ?” chante en refrain Jean-Jacques Goldman. La question se pose souvent, qu’aurions-nous fait à la place d’un citoyen allemand sous le nazisme. Aurions-nous laissé persécuter les juifs sans rien faire, nous serions-nous révoltés ou au contraire aurions-nous participé à leur persécution ?

La réponse à posteriori est toujours facile et fait l’impasse sur tout un tas de facteurs qui pourtant conditionnent le comportement des masses à travers l’histoire. La connaissance de ce qui est en train de se dérouler, la conscience “du bien ou du mal”, de l’intérêt collectif ont hélas souvent peu de poids face à beaucoup d’autres facteurs: le fait de se sentir impuissants à changer l’ordre des choses, le refus de croire ou d’entendre ce qui ne nous arrange pas, les risques encourus, la peur de perdre un certain nombre d’acquis ou d’avantages, l’adhésion aux convictions majoritaires surtout si elles sont légitimées par l’Etat ou le système, (la majorité a toujours raison, la minorité a du mal à être crédible) etc. etc.

Ceux qu’on considère comme des salauds après coup n’étaient souvent que des citoyens ordinaires embarqués dans la routine majoritaire d’un système, d’un moment historique, et fonctionnant exactement de la même manière que le commun des citoyens actuels. Sinon comment comprendre notre train train routinier collectif alors que se perpètre chez nous, ici et maintenant, un des crimes contre l’humanité les plus décisifs de l’histoire.

 
Vers les pires des scénarios du GIEC

Nous sommes aujourd’hui en train de foncer vers un basculement climatique incontrôlable et irréversible, qui va avoir des conséquences dramatiques à très large échelle pour l’humanité
et bouleverser les conditions de vie civilisées sur terre. On peut qualifier cela de crime contre l’humanité, au vu des conséquences humaines que cela aura et du fait qu’il s’agit d’une  situation provoquée en toute connaissance de cause par la génération actuelle, qui a les moyens de faire autrement.

Tous les gouvernements de la planète s’étaient engagés en 2009 à limiter à l’horizon 2100 le réchauffement en cours au dessous du fameux seuil des +2°C, qui est porteur d’impacts majeurs et extrèmement coûteux (en vies humaines et en argent). A peine 5 ans plus tard, l’inaction mondiale en matière de réduction de gaz à effet de serre a rendu caduque cet objectif et on parle aujourd’hui de dépasser les 2°C dès 2035 !

Pire, avec le niveau actuel d’émissions, on s’inscrit dans les scénarios du GIEC les plus pessimistes, certains scientifiques voyant possible le dépassement des 6°C d’ici la fin du siècle ce qui signifie clairement la plongée de l’humanité dans un chaos indescriptible (5°C représente l’écart de température entre la dernière période glaciaire et le climat actuel qui a rendu possible l’agriculture et la sédentarisation de l’humanité, ça s’est passé en 10.000 ans et pas en 100 ans, dans une planète peuplée de quelques millions d’habitants à peine et pas de 7 ou 9 milliards de personnes).

La génération qui pouvait agir

Tout cela est en train de se dérouler sous nos yeux, nous sommes LA génération qui peut enrayer le cours des choses et nous n’avons qu’une quinzaine d’années pour le faire. Mais nous ne le faisons pas. Pour plein de raisons très simples qui ne font pas de nous des salauds: le sentiment d’impuissance, les risques encourus, les habitudes dures à changer, le fait de se dire que si les gouvernements ne s’affolent pas plus que ça sur la situation, c’est que ça ne doit pas être aussi grave que cela, malgré ce que nous martèle la communauté des scientifiques qui tire la sonnette d’alarme depuis plus de dix ans etc. Ces raisons ne font pas de nous des salauds donc, mais comment nous jugeront les gens qui vivront dans les années 2040, 2050, bref les enfants nés aujourd’hui ? Que penseront-ils de notre inaction actuelle, voire de ce qu’ils considéreront peut-être comme de la complicité ou de la responsabilité directe ?

Stopper Alpha Coal

Les militants de Bizi! ont déversé, à visage découvert, 1,8 tonnes de charbon devant la direction régional de la Société Générale à Bayonne pour exiger l’arrêt immédiat de son soutien actif (études de faisabilité et recherches de financement) au projet Alpha Coal en Australie qui est le détonateur d’une des 14 bombes climatiques recensées par Greenpeace sur la planète. Il s’agit de 14 nouveaux gigantesques projets d’extraction de charbon, de gaz naturel et de pétrole qui, s’ils venaient à être exploités d’ici à 2020, nous inscriraient dans une trajectoire  pouvant atteindre les +5 ou +6°C. Ces choses-là sont concrètes, chiffrées et bien localisées. Elles ne tombent pas du ciel mais sont le fait de décisions humaines bien précises sur  lesquelles nous pouvons -ou non- décider de peser, de nous opposer et de les arrêter. En l’occurrence et sur cet exemple précis, le retrait de la Société Général porterait un coup dur à ce projet désastreux. La Société Générale est une banque omniprésente sur notre territoire, alimentée par notre épargne et potentiellement sensible à notre action.

Tout cela se passe ici et maintenant, au cours de cette période de 15 ans dans laquelle nous pouvons agir et empêcher le pire, ou ne rien faire et laisser le pire se réaliser. Que choisirons-nous?

Divers / Orotarik


www.fao.org/news/story/fr/item/233798/icode

L’agriculture intelligente face au climat pourrait déboucher sur un renouveau rural.

Réorienter l’agriculture mondiale vers une approche « intelligente face au climat » ne contribuera pas seulement à conjurer d’autres crises de sécurité alimentaire mais pourrait ouvrir la voie d’un renouveau économique et agricole dans les zones rurales où sévissent la faim et la pauvreté.

D’une part, compte tenu de l’ampleur et de la portée des impacts du changement climatique sur les systèmes agricoles, il est essentiel de renforcer la résilience et les capacités d’adaptation des communautés rurales pour sauvegarder la sécurité alimentaire mondiale, fait remarquer la publication FAO success stories on climate-smart agriculture, parue aujourd’hui.

La hausse des températures et la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes auront des répercussions directes sur la productivité des cultures, de l’élevage, de la foresterie, des pêches et de l’aquaculture au cours des années à venir, comme l’indique clairement le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). Les populations vulnérables du monde en développement dépendant de l’agriculture sont particulièrement exposées.

Mais parallèlement, la nécessité impérieuse d’affronter les enjeux posés par le changement climatique offre une occasion de transformer la manière dont les systèmes alimentaires exploitent les ressources naturelles, d’améliorer la durabilité de l’agriculture et de promouvoir la réduction de la pauvreté.

« Le passage à l’agriculture intelligente face au climat permettra non seulement aux agriculteurs de se prémunir des effets négatifs du changement climatique et d’offrir un moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais pourra également améliorer les rendements et les revenus des ménages, ce qui rendrait les communautés plus fortes et plus résilientes »

« Nous ne pouvons plus nous permettre de dissocier l’avenir de la sécurité alimentaire de celui des ressources naturelles, de l’environnement, du changement climatique – ils sont inextricablement liés et notre réponse doit l’être de même »

Et nous en Europe, attendrons-nous que sévissent la faim, la pauvreté et les phénomènes météorologiques extrêmes avant de revenir à une agriculture paysanne résiliente?

 

www.bastamag.net/Retraites-chomage-sante-comment

Les principaux mécanismes de solidarité nationale, hérités des trente glorieuses, ont été conçus dans un contexte de forte croissance. Sécurité sociale, assurance chômage, retraites, minima sociaux : comment réinventer ces mécanismes dans une société sans croissance ? Quelles formes de solidarité sont possibles ? Et comment faire en sorte que la décroissance ne soit pas synonyme de mise à mort de l’État-providence ?

Quelques notions pour comprendre la société post-croissance : contre-productivité, dépenses défensives et décroissance sélective

Dans les années 1970, le penseur Ivan Illich a introduit la notion de contre-productivité pour désigner le moment où, passé une certaine masse ou un certain degré de complexité, un système ou une institution finit par produire plus d’effets négatifs que positifs. Par exemple, le système de santé finit par trouver un intérêt à ce qu’il y ait davantage de malades, moins autonomes, plus médicalisés, etc. : son objectif n’est alors plus que les gens soient autonomes et en bonne santé, mais que l’activité économique du secteur de la santé (qu’on devrait alors appeler secteur de la « guérison ») se développe.

Les économistes utilisent une notion proche, celle de dépenses défensives. « Ces dernières désignent des situations où le PIB augmente du fait d’activités qui consistent seulement à réparer des dégâts commis par d’autres activités, qui, elles aussi, gonflent le PIB. Par exemple, dépolluer. Il y a alors croissance économique mais aucune progression du bien-être puisqu’on ne fait, dans le meilleur des cas, que revenir au point de départ. » Pour reprendre l’exemple de la santé, pour augmenter le PIB et de la croissance, mieux vaut ne pas remettre en cause certaines pratiques alimentaires (la « malbouffe ») et s’appuyer sur les maladies générées pour développer un nouveau secteur d’activité dans le domaine de la « guérison ».

La décroissance sélective vise à faire décroître l’activité économique dans ces secteurs où l’on observe une contre-productivité, qui génère des dépenses défensives. Par exemple, faire décroître la consommation de tabac réduit les coûts nécessaires pour soigner les maladies liées à cette consommation. Faire décroître les teneurs en gras et en sucre dans l’alimentation réduit les coûts de traitement des maladies liées à ces surconsommations. La conséquence logique est que les besoins de solidarité nécessaires pour prendre en charge ces dépenses défensives diminuent.

 

www.climatenewsnetwork.net/2014/06/end-high-seas-fishing-for-climates-sake

“Partout dans le monde des pays recherchent des façons économes de réduire leurs émissions de carbone. La haute mer (au delà des zones côtières) est un écosystème qui séquestre du carbone gratuitement. Laisser vivre les poissons du grand large nous apporte finalement plus de valeur que de les capturer. Si nous réduisons la vie du grand large, nous devrons aussi trouver des solutions beaucoup plus coûteuses pour réduire nos émissions »

Oubliez le poisson qui vien de loin, si vous aimez le poisson intéressez-vous à la pêche locale artisanale et durable http://www.dailymotion.com/video/xrba0j_vente-directe-ciboure_news
Hondakinen kudeaketa onak 7.000 enplegu sor ditzake, dio ELAk
ELAk aurkeztu berri du “Enplegu berdeen aldeko kanpaina egingo du ELAk hurrengo hilabeteetan” izeneko agiria.

 

Manu Robles Arangiz fundazioak plazaratzen dituen Ingurumen buletinetan 19.a osatzen duena. Bertan sindikatuak azaltzen duenez, “106.000 lanpostu berde berri sortu daitezke Hego Euskal Herrian sektore estrategikoetan iraunkortasunaren aldeko apustua egiten bada. Baldintza nagusietakoa ekoizpena, kontsumoa eta lanaren inguruan ditugun ideiak aldatzean datza”.
“Hondakinak” atalean, zehazki, Euskal Herian epe laburrean 7.000 enplegu sortzeko modua ikusten du ELAk, baldin eta herri administrazioak denetan ezartzen hasten badira hondakinen kudeaketa burutsuagoa. Honela dio: “Aprobetxatu beharreko bertako beste baliabide bat hondakinen kudeaketako materialak dira. Horretarako, hondakin bolumen orokorra arras murrizteaz gain, hondakinak jatorrian bertan gaika bereizteko ohitura hedatu behar da, tresna eta objektu baliagarrien berrerabilera sustatu, eta berriz erabiltzeko ontziak kudeatzeko itzulketa sistemak ezarri. EAEn, 7.000 lanpostu sor daitezke paper hondakinak eta ontzi arinenak birziklatuz gero (155.000 tona eta 115.000 tona, hurrenez hurren, 2010ean). Hondakin hauek zabortegira bidaltzen dira edo erraustu egiten dira. Nafarroan, 900 lanpostu sortuko lirateke”.
Dokumentua PDFan osorik libre eskuratu daiteke Manu Robles Arangiz fundazioaren gunean: “Enplegu berdeen sorrera sektoreka“.