Articles du Vendredi : Sélection du 20 avril 2012

Energie : dernière étape avant la fin d’un monde ?

Par PASCAL DEGIOVANNI Directeur de recherche CNRS en physique à l’Ecole normale supérieure de Lyon, NICOLAS LEGRAND Docteur en biologie, chef de projet chez AIMM Therapeutics, BENOÎT BRAIDA Maître de conférences en chimie à Paris-VI
www.liberation.fr/terre/2012/04/11/energie-derniere-etape-avant-la-fin-dun-monde_811024

Tour d’Europe des instruments économiques en faveur du recyclage

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/tour-d-europe-des-instruments-economiques-en-faveur-du-recyclage,28574 17.04.2012

Errai(l)ak irauli

Joseba Azkarraga Etxagibel, Soziologian doktorea
Euskal Harriak, Alberdania argitaletxea, 2011

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Energie : dernière étape avant la fin d’un monde ?

Par PASCAL DEGIOVANNI Directeur de recherche CNRS en physique à l’Ecole normale supérieure de Lyon, NICOLAS LEGRAND Docteur en biologie, chef de projet chez AIMM Therapeutics, BENOÎT BRAIDA Maître de conférences en chimie à Paris-VI
www.liberation.fr/terre/2012/04/11/energie-derniere-etape-avant-la-fin-dun-monde_811024

Quelque chose ne va pas dans cette campagne : les questions secondaires et les polémiques douteuses se succèdent à un rythme effréné sur fond d’événements dramatiques, tandis que les grandes questions qui vont déterminer le quotidien des Français dans les prochaines années sont largement occultées.

Parmi ces questions, le défi énergétique est l’une des plus importantes et devrait être au cœur de la campagne. La facture énergétique de la France a triplé en cinq ans, passant de 23 milliards d’euros en 2005 à 62 milliards en 2010. Il suffit de réaliser que cette augmentation correspond au budget annuel de l’Education nationale pour prendre la mesure du problème. Cet ordre de grandeur montre que la crise actuelle risque fort de devenir une crise systémique majeure à moyen terme. La tendance haussière des prix de l’énergie ne peut que se poursuivre car nous sommes entrés depuis 2005 dans un plateau de production des hydrocarbures. Celui-ci sera très bientôt suivi d’un déclin continu de la production. Commencera alors une inexorable flambée des prix qu’aucun stock stratégique ni aucune taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) flottante ne pourront arrêter.

Qu’en est-il des alternatives énergétiques ? Un état de l’art de la recherche montre que la technologie ne nous permettra pas d’éviter miraculeusement le choc énergétique. Les énergies renouvelables butent sur le problème du stockage de l’énergie qui est loin d’être résolu. De même, le développement puis le déploiement de la quatrième génération de réacteurs à fission prendront quelques décennies. Quant à la fusion thermonucléaire nous ne saurons au mieux qu’après Iter si elle pourrait constituer une perspective industriellement viable à l’orée du XXIIe siècle. Pour notre pays, où pétrole et gaz génèrent 46 % de l’énergie primaire, faire l’impasse sur la question énergétique est parfaitement irresponsable. Les candidats à la présidentielle devraient se souvenir que la sacro-sainte croissance, qu’ils invoquent telle une divinité guérisseuse de tous les maux, repose avant tout sur notre capacité à transformer, façonner et déplacer la matière. Elle repose donc sur les sources d’énergies dont nous disposons. Mais une croissance annuelle du PIB de 3 % signifie un doublement de la quantité d’énergie consommée en une trentaine d’années (1) ! Une perspective irréaliste, sauf à dénier à une grande partie de l’humanité tout espoir d’améliorer ses conditions de vie.

Nous attendions des écologistes une parole forte et éclairée pour ramener la question énergétique au centre du débat présidentiel et provoquer un questionnement sur le modèle de société que nous souhaitons. Hélas, tout à leur dogmatisme antinucléaire et à leur cuisine électorale, ils ont réussi l’exploit de torpiller le thème du défi énergétique plus sûrement que si Total avait découvert un océan de pétrole sous le golfe de Gascogne. Dans ce concert de futilités que constitue la campagne actuelle, seul Michel Rocard a fait preuve de lucidité en déclarant que «la grande croissance, c’est terminé. Le volume d’énergies fossiles disponibles va commencer à baisser d’ici deux ou trois ans, à un rythme vertigineux».

Alors que se concrétise la menace d’un tsunami énergétique, il est grand temps que la société française cesse de se bercer de promesses intenables pour regarder enfin la réalité en face et envisager son avenir avec lucidité. Car, après cette «drôle de campagne», pourrait venir le temps du choc pétrolier terminal, de la récession et du chômage massif, avec son cortège de frustrations et de tentations populistes, sur fond de tensions géopolitiques croissantes.

Face à ce péril nous pensons qu’il est grand temps de mobiliser la société française face au péril que représente la conjonction des crises énergétique, climatique et financière. Des pistes existent pour mener la transition énergétique : améliorer logements et bureaux qui dévorent 40% de l’énergie finale en France, produire et consommer différemment pour moins brûler de charbon en Asie. Pour tout cela, nous disposons d’atouts solides : nos infrastructures, notre savoir-faire industriel et de recherche. Enfin, par un enseignement renouvelé, nous pouvons encourager nos enfants à s’inventer des vies plus sobres mais aussi plus heureuses.

C’est autour de cette ambition que nous aimerions voir les citoyens se mobiliser.

Car, si les lois de la physique sont incontournables, notre avenir sera ce que nous en ferons.

(1) Dans l’hypothèse, optimiste, où les progrès techniques entraînent une diminution de l’énergie nécessaire par euro de PIB de 1% par an.

Tour d’Europe des instruments économiques en faveur du recyclage

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/tour-d-europe-des-instruments-economiques-en-faveur-du-recyclage,28574 17.04.2012

Dans un rapport publié le 16 avril, la Commission européenne dresse un état des lieux des instruments économiques qui favorisent le recyclage et le compostage des déchets au détriment de leur enfouissement. Au programme: taxes et interdictions de mise en décharge et d’incinération, programmes de responsabilité du producteur et systèmes de tarification incitative.

Entre l’Autriche, qui recycle et composte 70% de ses déchets municipaux, et la Bulgarie, qui en enfouit 100%, c’est le grand écart (1). Comment le réduire? La Commission européenne, qui se pose la question dans le cadre de sa feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources, table sur le potentiel des instruments économiques. Un rapport, publié le 16 avril, montre en effet leur efficacité sur l’amélioration du traitement des déchets municipaux.

Trois instruments économiques sont particulièrement ciblés: les taxes et les interdictions touchant à l’enfouissement et à l’incinération, les systèmes de tarification incitative (du type «jeteur-payeur»), et les programmes de responsabilité du producteur.

En matière de prélèvements, 18 Etats membres sur 27 ont mis en place une taxe sur l’envoi de déchets non dangereux dans des centres d’enfouissement. La Lituanie sera le 19e Etat membre à l’adopter au cours de l’année 2012. Le niveau de taxation varie entre 3 euros la tonne en Belgique et plus de 100€ aux Pays-Bas. Avec les charges fixées par les opérateurs de l’incinération, la facture oscille entre 17,50€ en Lituanie et 155,50€ en Suède.

Le rapport démontre clairement que plus cette taxation est forte et moins nombreux sont les déchets enfouis. C’est vérifié en Allemagne (0% d’enfouissement), Autriche (1%), Belgique (1%), Danemark (3%), Luxembourg (18%), Pays-Bas (0%) et Suède (1%).

On observe également le lien de cause à effet de cette règlementation sur le développement du recyclage et du compostage. Lorsque les frais liés à l’enfouissement atteignent 100€/t, le taux de recyclage avoisine alors les 50%. Contrairement aux interdictions de mise en décharge, qui favorisent plutôt le recours à l’incinération et au tri mécano-biologique.

Quant à l’incinération, seuls 6 pays européens l’accompagnent d’une taxe publique, qui varie de 2,4€/t en France à 54€ au Danemark. Si on y ajoute les frais de l’opérateur du traitement, on obtient une facture totale oscillant entre 46€ (République tchèque) et 174€ (Danemark). Son impact sur la réduction de ce traitement s’avère moins évident. Il existe toutefois une corrélation entre des coûts élevés et le développement du recyclage et du compostage.

Par ailleurs, les Etats ayant taxé l’incinération ont, en général, également taxé l’enfouissement. Et dans tous les cas, la taxe sur l’enfouissement s’avère supérieure. C’est le cas en Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Italie, Pologne et République tchèque.

Plus répandu, le système de tarification en fonction de la production de déchets («pay as you throw» en anglais ou tarification incitative en français) existe dans 17 Etats membres. Toutefois, il n’est pas encore diffusé dans l’ensemble des territoires. Seuls 3 pays européens l’appliquent dans l’ensemble des municipalités, à savoir l’Autriche, la Finlande et l’Irlande. Son impact sur la production de déchets n’est pas systématique. Il agit peu sur le comportement des Autrichiens. Les Finlandais y sont plus sensibles, développant en particulier le compostage domestique, plus avantageux financièrement que la collecte sélective des biodéchets.

Cette tarification connaît plusieurs variantes au travers de l’UE. Elle s’appuie au choix sur le volume de déchets produits (16 Etats membres), la fréquence de collecte (15 pays), le poids des poubelles (9 pays) ou le nombre de sacs (6 pays). Certains pays combinent d’ailleurs plusieurs critères.

Concernant les systèmes de responsabilité du producteur, les emballages sont visés dans 24 Etats membres. La taxation des producteurs, évaluée en fonction de la tonne d’emballages mise sur le marché, dépend fortement du matériau utilisé. Le curseur fait le yoyo. Il oscille entre 8€ (Roumanie) et 175€ (Allemagne) pour le papier, entre 5€ (France) et 260€ (Lituanie) pour le verre, entre 0,4€ (Finlande) et 261€ (Pologne) pour le bois, entre 7€ (Roumanie) et 273€ (Pays-Bas) pour l’aluminium, entre 3€ (Finlande) et 282 € (Suède) pour l’acier, et entre 20€ (Roumanie) et 1.300€ (Allemagne) pour le plastique.

Selon l’étude, ces contributions ne couvrent l’intégralité des coûts de traitements des déchets municipaux que dans 3 Etats membres, l’Autriche, la Belgique et l’Allemagne (la Finlande les rejoindra en 2013). Fait intéressant: ce sont les mêmes pays qui ont atteint les objectifs de la directive Emballages de 2008 (60% des déchets d’emballages valorisés ou incinérés avec valorisation énergétique).

La responsabilité du producteur est également engagée en matière de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) dans 25 pays européens, et en matière de véhicules hors d’usage (VHU) et de batteries dans 24 pays.

Pour l’heure, établis sur le mode volontaire, ces instruments économiques pourraient s’imposer juridiquement à l’ensemble des Etats de l’Union européenne dès 2014, lors du réexamen par Bruxelles de ses objectifs en matière de déchets.

(1) Selon les statistiques publiées le 27 mars 2012 par Eurostat

Errai(l)ak irauli

Joseba Azkarraga Etxagibel, Soziologian doktorea
Euskal Harriak, Alberdania argitaletxea, 2011

Hil aurretik, amamak utzi zidan irakaspen baliotsurik. Azkenengoz ikusi nuen 2011ko urtarril hartan, gelara sartzeaz bat nabarmendu zitzaidan sabaitik eskegitako lanparak zazpi bonbilla zituela baina bakarra zegoela piztuta. Gelari halako argiztatze misteriotsua ematen zion, erdi-ilun erdi-argi. Aurkitu nuen unea galdetzeko ea lanpara apurtuta zegoen. Ezetz berak, nahita zituen argi barik sei bonbillok. Umil azaldu zuen bakarrarekin nahikoa zuela. Ez nuke esango aurreztearen aldeko bizi-jarrera zenik, ezpada nahikotasunaren printzipio aurremodernoa. Lehenbizikoan subjektuak gehiago nahi luke, baina automugatzea erabakiko du ekonomia edota kontzientziak eraginda. Bigarrenean sinpleagoa da: subjektuak ez du gehiago nahi, ez duelako gehiago behar.
Adibideak balio du ohartzeko trantsizioaren dimentsio makro-politikoa ez dela agortzen Estatua (politika publiko berriak), Merkatua (ekonomiaren ulerkera arraz ezberdina), eta Zientziak osaturiko hirukoan. Mahaiak laugarren hanka falta du: Kultura. Giza baloreak alegia, dimentsio subjektiboa, gu geu. Ez baita poshazkunderako trantsizio egokirik izango
eratzen ez bada horren aldeko subjektu kolektiborik, kultura postmaterialistan oin hartuko duen jendarterik, norbanako postmaterialistaz osaturiko komunitaterik.
Gizartearen errailak aldatzeaz gain -berau sostengatzen duten makroestruktura ekonomiko, politiko, zientifikoak-, erraiak dira irauli beharrekoak: gizarte eredua sostengatzen duten barruko makroestruktura subjektiboak, eguneroko portaerak, kontzientzia moldea, mikro harremanak eta horiek eusten dituzten psikismoak.
Laugarren hanka honek lotura du dimentsio mikropolitikoarekin, eguneroko bizitzarekin, zortziko txikian abestearekin. Komeni zaigu borroka handien aldarri potoloei itsastea egunerokotasunaren exijentziak eta koherentziak, askorentzat tentazio handiegia izan baitaiteke errailak iraultzearen aldeko pose politikoa norbere erraiekin ez laguntzea: idieiek ekintza konprometitu behar dute, beste guztia niaren apaingarria da. Diskurtsoak itzulpen biografikoa behar du.
Euskal unibertso sinbolikoan garrantzia handia eman zaio esfera produktiboari -lanari-, eta etika zorrotzarekin jantzi dugu jardun produktiboa -diziplina, esfortzuaren kultura, sariaren geroratzea-. Baina belaunaldi gutxitan gailendu zaizkio kontsumoaren esferakoak: plazeraren bilatzea, hedonismoa, kapritxoz beteriko bizierak. Festaren argiak piztu zirela ikusi genuen eta edanari eman genion tropelean, gibelak ixatron dezakeela iritzita. Askoren kasuan, edanak eztarritik beherakoa egin bitartean, eztarritik kanporakoa egin du sistemaren aurkako diskurtso hiper-kritikoak.

“Sistema” deitzen den hori ez da soilik kanpoan bizi den zerbait, berak bizi gaitu. Protesi psikiko bihurtu zaigu, onartu behar genuke bere gordinean eta sakonean. Ondorioz, psike indibidualak daude trantsizio handiaren hondoan, baita giza premien gaineko ezbai funtsezkoa ere: zer eta zenbat behar dugun hanka bikook. Castoriadis lagunak esan zigun bezala, gaurko gizaki mendebaldarren muin psikosoziala aldatu behar, bizitzaren aurrean duen jarrera ordeztu behar, bere imaginarioa irauli behar.
Zinez pobrea baita pentsatzea bizitzaren azken helburua gehiago ekoiztea eta gehiago kontsumitzea dela.
Lurrikara orok du epizentroa, batetik: lurrikararen lurrazaleko gunea.
Eta hipozentroa, bestetik, lurrean behera lerro zuzena eginez gero: lurrikara, haustura, gertatzen den lurpeko gunea.
Barruko failan gertaturiko mugimenduak, hipozentroak alegia, eragiten du kanpoan lurrikara. Gizartean antzera: kanpoko aldaketak ez dira gertatuko, edo ez dute luzaroan iraungo, sakoneko tolesduretan mugimenduak eragin ezik. Indar humanizatzaileen krisia ez dago soilik hor kanpoan, nagusiki hemen barruan dago, gizakion hipozentroan: alternatibak
irudikatzeko ezintasun kolektiboan; irudikatzekotan, berauek sinesteko eta sinetsarazteko zailatsunean; bertan goxo bizitzeko gurarian; kontzientzien otzantzean; imaginarioaren kolonizatze ordenazalean; entzefalograma homologatuan; antzutasun subjektiboan; asperdura nihilistan; biziera egozentrikoetan.
Aldaketak epizentroa soilik ez, hipozentroa mimoz kontenplatzea eskatzen du, eta hortxe eragitea, polisa berrantolatzeko ezinbestekoa izango baita deskolonizazio kultural eta mentala (kognitiboa eta emozionala).
Hankaz gora jarri beharrekoa da geure egitura libidinal hipermodernoa; desioaren norabide ultrakapitalista, deituko diot ponposoki.
Hor kanpoan egin beharreko borroka garrantzitsua izanik ere, nekez lortuko dugu ezer egonkorrik saihets psikokulturala kontenplatu ezik.
Biziberritu aldera, prest egon behar nork bere barrua bataila-zelai gisa kontenplatzeko, norbere bihotzaren zati bat suntsitzeko.