Articles du Vendredi : Sélection du 2 mars 2012

La fonte de la banquise entraînerait une forte pollution au mercure

Reuters
Le Monde du 02.03.2012

Michel Rocard : “La société de demain sera moins marchande et moins cupide”

Françoise Fressoz
Le Monde du 25.02.2012

Un autre avenir énergétique est possible !

Paul Neau, membre de NégaWatt, responsable d’un bureau d’études environnementales
Enbata-Alda ! du 01.03.2012

Dante Edme-Sanjurjo:«Tokiko dirua erabiliz,lurraldearen alde ari gara»

Jenofa Berhokoirigoin
Berria 26.02.2012

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La fonte de la banquise entraînerait une forte pollution au mercure

Reuters
Le Monde du 02.03.2012

La forte diminution de la banquise permanente constatée dans l’Arctique au cours des dix dernières années pourrait avoir comme conséquence l’intensification d’une réaction chimique qui entraîne des dépôts, toxiques, de mercure, à en croire une étude menée par la NASA et rendue publique jeudi 1er mars.

L’épaisse banquise permanente du pôle Nord laisse place progressivement à une glace moins épaisse et plus salée, qui dégage dans l’atmosphère du brome lorsque se produit une interaction avec les rayons solaires et le froid, a expliqué Son Nghiem, chercheur de la NASA au Laboratoire de propulsion à réaction (Jet Propulsion Laboratory, JPL) de Pasadena. Cela déclenche une réaction chimique appelée “explosion de brome” qui transforme le mercure gazeux présent dans l’atmosphère en un polluant toxique qui se dépose sur la neige, les terres et la glace et peut s’accumuler dans l’organisme des poissons, ajoute Son Nghiem, auteur principal de cette étude.

MODIFICATION DE LA COMPOSITION DE L’EAU

“Le rétrécissement de la glace d’été fait parler de lui surtout pour ce qui est de l’exploitation des ressources de l’Arctique et l’ouverture de nouvelles voies maritimes commerciales”, rappelle-t-il. “Mais la modification de la composition de l’eau a elle aussi un impact sur l’environnement. Le changement des conditions dans l’Arctique pourrait provoquer des explosions de brome à l’avenir”, ajoute-t-il.

Les émanations de brome pourraient, en outre, éliminer l’ozone de la couche la plus basse de l’atmosphère, la troposphère, continue le scientifique. La communauté scientifique, dit-il, cherche toujours à comprendre pourquoi l’Arctique a perdu un million de kilomètres carrés de banquise permanente au cours des dix dernières années. Cela pourrait être dû à une modification du régime des vents pendant cette période, avance-t-il. En mars 2008, l’étendue de la banquise permanente a atteint sa superficie la plus réduite depuis un demi-siècle, et elle a été remplacée par endroits par une glace saisonnière, plus salée car elle n’a pas subi de processus naturel de désalinisation.

L’étude en question a été réalisée par une équipe d’Américains, de Canadiens, d’Allemands et de Britanniques, en combinant des données transmises par six satellites de la NASA, de l’ESA (Agence spatiale européenne) et de l’Agence spatiale canadienne, avec des observations au sol et une modélisation.

Michel Rocard : “La société de demain sera moins marchande et moins cupide”

Françoise Fressoz
Le Monde du 25.02.2012

En pleine campagne présidentielle, Michel Rocard, 82 ans, ancien premier ministre socialiste, publie Mes points sur les “i” (Odile Jacob, 19 euros).

Pourquoi ce livre ?

C’est un coup de colère. Je l’ai écrit en octobre, pratiquement d’une seule traite en le dictant, parce que moi, qui voyage beaucoup, j’étais effaré par l’inanité des conversations, la vacuité du débat.

Depuis, cela s’est-il arrangé ?

Non, pas vraiment, on parle de nos petites affaires sans vouloir regarder le reste du monde. Or c’est de l’extérieur que viennent les menaces les plus graves. Le capitalisme est entré dans une crise profonde, aucun retour à la normal n’est envisageable, rien ne sera plus comme avant. Mais qui le dit dans cette campagne ? La droite ment lorsqu’elle assène qu’en travaillant plus, on retrouvera la croissance. C’est faux. C’est là-dessus que la gauche doit engager la confrontation. Nous sommes partis pour des années de croissance faible et peut-être même de récession. Il faut le dire clairement et essayer de penser un monde qui sera radicalement nouveau.

Pourquoi un tel pessimisme ?

D’abord, la crise financière n’est pas réglée. Certes, il y a un léger mieux du côté de la zone euro, mais le niveau de l’endettement américain est pharaonique. En Chine, on s’attend à une baisse des prix de l’immobilier de 50 % au moins. Or cette bulle-là est quatre fois plus grosse que celle des subprimes. Si elle expose, vous imaginez les dégâts. Première urgence, donc, recréer un peu de stabilité.

En déclarant la guerre à la finance, comme le dit François Hollande ?

Je ne vois pas comment on peut faire autrement. C’est sur les activités spéculatives que la finance gagne de l’argent. Donc elle résiste. Mais en 1933, Franklin Roosevelt avait toute la finance contre lui lorsqu’il a imposé la séparation absolue des banques de dépôt et d’investissement, et pendant soixante ans le monde a vécu à l’abri des crises financières.

François Hollande n’est pas Franklin Roosevelt…

Mais il peut trouver des alliés en Europe. Sans doute pas du côté de l’Allemagne, mais regardez comment la perfide Albion, qui est la maison mère de la pensée monétariste, commence à vouloir se protéger contre les excès qu’elle a contribué à créer. C’est un signe.

Pourquoi jugez-vous impossible de retrouver une croissance soutenue à moyen terme ?

Parce que nous ne vivons pas une seule crise mais plusieurs. A supposer que l’on parvienne à réguler la finance, il faudra de longues années pour désendetter les Etats. Et il y a le “pic pétrolier” qui sonne le glas de notre modèle de prospérité. L’ère du pétrole bon marché est révolue. La consommation s’accroît alors que le volume disponible diminue. La hausse des prix est aussi inévitable que potentiellement forte. Elle va fortement peser sur le pouvoir d’achat. La récession menace, la croissance rapide est terminée.

Votre livre ne va pas faire plaisir à la gauche : vous jugez irresponsable la sortie du nucléaire.

Je dénonce la stratégie diabolique des Verts qui ont convaincu la Suède, l’Allemagne, la Belgique et l’Italie de sortir progressivement du nucléaire en deux ou trois décennies. Ils vont créer au centre de l’Europe une véritable famine énergétique au moment où les quantités de pétrole et de gaz vont baisser. C’est suicidaire ! On ne peut imposer une telle brutalité, cela va conduire à la guerre civile, regardez ce qui se passe en Grèce. On n’ose plus faire d’élections.

Mais le nucléaire tue…

Il tue beaucoup moins que le charbon, cancers compris.

François Hollande, qui signe la préface de votre livre, prend bien soin de se démarquer de vous.

Moi, je trouve qu’il ne se démarque pas complètement, au contraire, il ouvre le dialogue.

 

Vous voulez rallumer la guerre PS-Verts ?

Non, je crois à la raison.

Tous dans cette campagne veulent réhabiliter la valeur travail et vous intitulez l’un de vos chapitres “la fin du travail”.

Est-ce une provocation ? Il faut reconnaître que la réduction du temps de travail est devenue un dangereux tabou. Exactement comme le nucléaire. Sans doute parce qu’on a voulu forcer le passage par la loi. Ça a été la faute de Martine Aubry. Cela a entraîné un blocage psychologique dans les PME qui sont en moyenne à 38 heures, contre 35 chez les grandes. Et pourtant ! La tendance a été la même dans la plupart des pays industrialisés. Entre 1960 et 1990, le temps de travail a beaucoup diminué au Japon, aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, en France, parce que l’automatisation réduit fortement les besoins en personnel. Puis il y a eu une sorte de plafonnement lié à la montée en puissance dramatique de la précarité : à côté des chômeurs, on a vu se développer les travailleurs précaires et les pauvres. Le résultat, c’est qu’à peu près un tiers de la population active est en situation de grave précarité dans les pays industrialisés.

Peut-on s’y résoudre ? Non, car cela devient explosif budgétairement, socialement et politiquement. Cela conduit à la désaffection civique, au ralliement à des forces politiques populistes, à un affaiblissement électoral des partis en situation de gouverner et donc à une redoutable instabilité.

Si je vous comprends bien, il faut partager le gâteau ; avouez que ce n’est pas très dynamique !

Relisez Chateaubriand, Léon Blum, Hannah Arendt, Georges Friedmann, tous ont prédit la fin du travail. Et, à l’époque, on était dans le plein-emploi, donc la question de la réduction du temps de travail n’était pas liée au chômage. Elle dépend exclusivement de la productivité, qui est en croissance constante. Nous avons oublié d’être radicaux dans nos manières de penser. Cela nous freine dans la recherche de nouvelles régulations.

Comment décririez-vous le monde de demain ?

Une société moins marchande, moins soumise à la compétition, moins cupide et organisée autour du temps libre. J’ai coutume de dire que dans les cinq plus beaux moments d’une vie, il y a un (ou des) coup(s) de foudre amoureux, la naissance d’un enfant, une belle performance artistique ou professionnelle, un exploit sportif, un voyage magnifique, enfin n’importe quoi mais jamais une satisfaction liée à l’argent. Donc c’est un monde de pratiques culturelles et sportives intenses, de temps familial abondant, de soins aux enfants et de retour à des relations amicales festives.

C’est le monde selon Rocard ?

Non, c’est une nécessité.

Un autre avenir énergétique est possible !

Paul Neau, membre de NégaWatt, responsable d’un bureau d’études environnementales
Enbata-Alda ! du 01.03.2012

Sortir du nucléaire en 22 ans, réduire radicalement nos émissions de CO2 d’ici 2050, alléger la facture énergétique de l’Etat et des ménages, créer 600 000 emplois d’ici 2020 par la transition énergétique,  tout ça avec les technologies existantes, c’est possible ! 

Paul Neau, un des 25 membres de Negawatt, association d’experts et de praticiens de l’énergie et du bâtiment, présentera pour la première fois en Pays Basque le scénario Negawatt. A quelques jours de la conférence qu’il donnera à Saint-Jean-de-Luz, le samedi 10 mars à 10h00, il répond aux questions d’Alda!

 

Quelle est la situation du nucléaire dans l’Hexagone ?

L’énergie  nucléaire couvre en France environ 16% de nos consommations d’énergie, l’essentiel de l’énergie consommée provenant du pétrole et du gaz. Mais l’énergie nucléaire est le moyen très majoritaire de production d’électricité, avec plus de 75%.

Sur le plan énergétique, une centrale thermique, qu’elle utilise du gaz, du charbon ou du nucléaire, est un moyen peu efficace de produire de l’électricité ; son rendement n’est que de 33% environ, le reste est perdu en chaleur qui va aller réchauffer le fleuve, la mer ou l’atmosphère. Il s’agit là d’un gaspillage majeur de ressources épuisables – l’ensemble de la chaleur perdue par les centrales nucléaires équivaut à la totalité des besoins de chaleur et d’eau chaude de nos bâtiments -, sans parler des impacts sur l’environnement qui sont liés.

Les centrales hydroélectriques, les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques ne posent pas ce genre de problèmes.

 

Quelles sont les conséquences et dangers liés à cet état de fait ?

Dépendre autant du nucléaire pour la production d’électricité ou autant du pétrole pour les transports fragilise la société toute entière, surtout que l’uranium et le pétrole sont importés.

Les crises mondiales de l’énergie résultent d’une finitude des stocks disponibles, d’embargos, ou de menaces d’embargos, et de conflits armés liés justement à l’accès à ces ressources.

L’autre fragilité du système est aussi technique.

Il y a 58 réacteurs nucléaires opérationnels en France qui appartiennent à quatre grands types de réacteurs.

Si l’on constatait un défaut majeur sur une famille de ces réacteurs, par exemple un vieillissement prématuré, ce serait une part importante de la production électrique qu’il faudrait arrêter immédiatement, sans solutions de secours.

C’est aujourd’hui le principal risque de défaillance d’approvisionnement électrique, souligné par le Réseau de Transport d’Électricité (RTE).

Il y a également une forte dépendance quant à l’âge de ces centrales.

Leur âge moyen est de 27 ans, alors qu’elles ont été conçues pour fonctionner une trentaine d’années…

Nous sommes à un tournant technique : il faut les remplacer par d’autres centrales ou par une autre approche des questions énergétiques.

Ce tournant énergétique est aussi motivé par deux autres enjeux majeurs, d’une part le changement climatique avec la nécessité de limiter considérablement nos émissions de gaz à effet de serre, et d’autre part l’épuisement des combustibles fossiles faciles (pétrole et gaz avant tout, mais moins pour le charbon).

Comment développer un point de vue alternatif au discours dominant “le nucléaire ou la bougie”,qui soit  crédible et audible dans ce domaine?

L’approche négaWatt, en particulier le scénario 2011-2050, est crédible car elle s’appuie sur des données physiques. Elle n’est pas contestée par les énergéticiens.

NégaWatt c’est, au départ, une équipe d’une vingtaine de praticiens de l’énergie, motivés et indignés par le discours ambiant. L’impact de notre travail militant est considérable ; nous sommes écoutés dans de nombreux milieux (décideurs, industriels, associatifs, …) et les médias nous reconnaissent comme des experts compétents et critiques.

Il nous reste à affiner notre travail, en particulier sur le volet économique du scénario, et à le faire savoir. Le scénario et le «Manifeste négawatt», qui vient de paraître chez Actes Sud, s’inscrivent dans les débats de cette année électorale, cruciale pour l’avenir énergétique.

Pour revenir à la dépendance énergétique évoquée dans votre question, il faut souligner qu’on nous rappelle sans cesse que le nucléaire participe à notre indépendance énergétique, alors que la totalité du minerai utilisé dans nos centrales nucléaires (l’uranium) est importée. Les seules énergies disponibles sur notre sol sont les énergies renouvelables et la France est riche de biomasse, d’eau, de soleil et de vent, plus que nos voisins.

 

Pouvez-vous nous présenter les grandes lignes du scénario Negawatt ?

La démarche négaWatt part du principe que le kWh le moins cher et/ou le moins impactant sur l’environnement est celui qui n’est pas consommé et donc n’a pas à être produit.

Elle repose sur trois piliers : 1) la sobriété énergétique (il s’agit, tous, chacun, de consommer avec modération) ; 2) l’efficacité énergétique (il s’agit d’utiliser les appareils et les engins les plus efficaces, sans oublier l’énergie grise nécessaire à la fabrication des nos équipements, de nos logements, …) et 3) l’utilisation des énergies renouvelables en substitution des combustibles fossiles et de l’uranium.

Le scénario négaWatt 2011-2050 a modélisé tout cela. Il part d’une analyse très fine des besoins, de chauffage, de transport, d’électricité spécifique. Il montre qu’avec une  démarche volontariste de sobriété et d’efficacité énergétiques, l’on peut réduire en 2050, à confort égal, nos consommations des deux tiers. Le reste est alors fourni par les énergies renouvelables, qui sont variées et complémentaires.

Le scénario montre qu’une alternative énergétique est possible, et souhaitable ! C’est ensuite à chacun de se l’approprier en tant que citoyen, consommateur, décideur, dans tous ses gestes et actions quotidiens.

 

Comment rendre crédible et mettre en pratique les pistes de solutions du Scénario négaWatt en temps de crise ou “les caisses sont vides”?

La démarche négaWatt a de nombreux atouts, en particulier elle est créatrice d’emplois (près de 700 000 emplois net selon une étude du CIRED).

Elle est également porteuse d’espoir (un monde sans pétrole et sans nucléaire est possible, sans retour à la bougie).

Ce sont deux moteurs essentiels.

Si effectivement, la démarche négaWatt a un coût, rien faire a un coût qui pourra se révéler plus élevé encore.

En 2011, la France a importé pour plus de 60 milliards d’euros d’énergie (pétrole, gaz, …).

La France négaWatt n’importerait plus rien dès 2040.

La tendance est à un prix de nucléaire qui augmente et augmentera, du fait d’une complexité de plus en plus grande et des exigences de sécurité ; celui de la tonne de pétrole également selon le principe que ce qui est rare est cher.

Tandis que le coût de revient des énergies renouvelables baisse d’année en année ; le kWh éolien terrestre est ainsi concurrentiel sur de très nombreux sites ; le prix du module photovoltaïque chute (de plus de moitié ces 18 derniers mois).

 

En conclusion

Nous sommes à un tournant énergétique, pour les raisons évoquées précédemment (changement climatique, fin des fossiles faciles, problèmes du nucléaire, …).

La démarche et le scénario négaWatt montrent qu’un autre avenir énergétique est possible, plus durable, plus respectueux de la planète et de nos enfants.

Tout ne viendra pas d’en haut et des décisions politiques ; c’est à chacun de s’approprier les principes négaWatt et à les mettre en œuvre pour lui et autour de lui.

 

 

Rendez-vous à ne pas manquer :

Samedi 10 mars à 10h00 à Saint-Jean- de-Luz (Salle de la Grillerie de la Sardine, sur le Port) : “Le scénario Negawatt”. Conférence publique avec Paul Neau.

 

Dante Edme-Sanjurjo:«Tokiko dirua erabiliz,lurraldearen alde ari gara»

Jenofa Berhokoirigoin
Berria 26.02.2012

Gaur egun den finantza, ekonomia, gizarte zein ekologia krisiari begira, «erantzun bat izan daiteke» diru osagarria, Dante Edme-Sanjurjoren ustez (Baiona, 1973).

 

Zer dela-eta hasi zineten euskal diruaren sortzeaz gogoetan?

Lokalki osagarriak diren diruez hitz egiten entzuna zuten herritar eta militante batzuek eraman gogoetetan agertu zen nahia. 2011ko ekainean elkartu ginen lehen aldiz hamabost bat lagun eta horietarik zortzi-bederatzi gara erregularki biltzen. Ambes euskal diru ekologiko eta solidario baten sortzeko elkartea osatu dugu, eta hori dabil gaia lantzen eta sakontzen. Irailean, ekologiaren, euskararen, gizartearen zein tokiko garapenaren alde ari diren elkarteekin bildu ginen. Hogei bat ziren, eta denek interesa erakutsi ziguten, aitzinamenduaz jakinean atxikitzea galdatuz.

 

Euskalduna,ekologikoa eta solidarioa. Horrela definitzen duzue diru hori.

Dirua lurralde batean trukeak ahalbidetzeko tresna ekonomikoa izanki, Euskal Herriko dirua sortuz Euskal Herri mailako trukeak ahalbidetzen ditugu, zirkuitu labur eta tokiko trukeen bidez. Beraz, tokiko garapena dakar, eta ekologikoa ere bada, garraio distantzia handirik ez izanki berotegi efektua dakarren gas isurketa gutxiago delako. Tokiko enplegua sustatzen duenez, sozialki ere eragina dauka. Ikuspuntu horrekin dira tokiko diru gehienak sortzen, eta guk laugarren zutabe bat gehitu dugu: euskararen garapena. Ohartzen gara anitz jendek dutela euskara ikasten, baina gune publikoetan gutxi entzuten dela. Diru hori euskararen baliatzea sustatzeko tresna izanen da. Bai Euskarari desmarxaren osagai da, haiek lan sakon bat eramaten dute saltzaileekin; gu saiatuko gara ere euskara agerrarazten. Izan daiteke hemen euskara badakigu itsastekoa, edo hemen euskara erabiltzen hasten gara. Komunikazioan izan daiteken traba hori kendu nahi dugu.

 

Zein lurraldetan kokatuko da dirua?

2013ko urtarrilaren 1ean abiatuko da Ipar Euskal Herrian. Epe luzeagoan, Hego Euskal Herrira hedatu nahi genuke. Beti hiru dimentsioen errespetua kontuan hartuz.

 

Nola funtzionatuko du?

Enpresengana, ekoizleengana eta saltzaileengana joanen gara sarera sartzea proposatuz. Sarean izateko ekonomia solidario, ekologiko eta euskalduna garatzeko konpromisoa hartu beharko dute. Ez du ibilera autoritarioa ukanen; kolaboratzailea izanen da: haiek dute erranen zer egiten duten eta zer egin dezaketen. Erabiltzaileak elkarteko kide izan beharko du.

 

Egunerokoan nola eginen dira trukeak?

Nahiz konplikatua iduri, erabilera sinplea da. Adibidez, truke gune batean ehun euro emanen ditut txanponako ehun unitateren truke. Ehun euroak banku bateko berme funtsean emanen ditugu, ezingo ditugu hunki. Funts horrek dirua berriz eurotara pasatzeko aukera ematen digu, horretara Frantziako Bankuak gaitu behartzen. Erabiltzaileak katalogo bat izango du ikusteko nork onartzen duen dirua, eta, horietara joanez, edo tokiko diruarekin edo euroarekin edo biekin ordaintzen ahalko du. Saltzailearentzat, euroa bezala funtzionatuko du: zergetan aitortu egin beharko du, baita bere kontabilitatean ere.

Ez bada laster erabilia, bere balioa galduko du diruak.

Tokiko dirua hartuko dutenek ezingo dute berriz eurotara bihurtu. Haatik, enpresek, dendariek sobera baldin badituzte aldatzen ahalko dituzte, %5eko zerga batekin. Hiru hilabete guztiz txartel bakoitzak balioaren %2 galduko du. Hamar unitateko txartela baldin badut, urtarrilaren 1tik martxoaren 31ra hamar euro balioko du; apirilaren 1ean, berriz, zigilu bat ezarriko diot hogei zentimokoa, beti hamar unitateko balioa ukaiteko. Interes negatiboa da hori, esplikatzeko trukeak egiteko tresna ekonomiko bat dela dirua; dirua ez da atxikia izateko egina.

 

Ez ote da kontsumora bultzatzea hori?

Bankuan euroak ezarriz aberasten naiz, baita bankua ere; baina dirua lo dago. Haatik, erabiliz tokiko ekonomia bultzatzen dut. Jendeak diru zama bat du kontsumitzeko, nahi ala ez. Euroa baino tokiko dirua erabiltzea nahi dugu, horrela lurraldearen alde ari garelako. %2 oso gutxi da, baina psikologikoki erraten da dirua erabiltzeko hainbat molde daudela. Dirua ez da dogma bat, dirua egiteko manerak ekonomia egiten du, eta guk erakutsi nahi dugu dirua eta, beraz, ekonomía egiteko beste molde batzuk daudela.

 

Ekonomia mundializatu batean tokiko diruek lekurik badutela uste duzu?

Bai, ekonomia mundializatuan dute bereziki tokia. Diru osagarriak beti izan dira, Europan Erdi Aroaren erdian bakarrik ziren desagertu. Ordura arte lurraldeen artean urrezko dirua erabilia zen, konfiantza metalaren balioan oinarritzen zelako. Baina lurraldearen baitan ez zen urrezko dirua, metal eskuragarriagoak ziren, eta, lurralde mugatu batean izanki, konfiantzan oinarritzen zen. Beti izan dira. Gaur egungo sistema da ez normala, bakarra, zentralizatua eta demokratikoki kontrolatua ez den dirua da berria historian.

 

Euroa ordezkatzea duzue helburu?

Ez, inola ez; euroa hor da bere funtzioarekin, gu hor gara gurearekin. Jendeak nahi badu bere diru guztia tokiko diruaz ordezkatu, ez diogu ezetz erranen. Baina, merkataritza gune handietan, adibidez, ezingo da egon, horiek ez ditugulako onartuko hornitzaileetan. Dena dela, politikoki ez gara euroa ordezkatzeko ahaletan, ez da gure erabakia.

 

Krisi garaietan agertzen dira maiz diru osagarriak. Gaur egungo krisiari begira erantzun bat izan daiteke?

Erantzunaren zati bat da, finantza mundua ekonomikoari lotua delako. Tokiko ekonomia azkartuz, erantzun sozial bat ere ematen diogu. Gaur egun krisi soziala dugu, baina baita ekologikoa ere. Diru horrek, krisi horri begira, konponbide batzuk ematen ditu. Gero, Argentinan 2000. urte inguruko krisi garaian egin zuten gisara, trukean aritzeko dirua sortuz azkenean diruaren funtsezko zentsua argira ekartzen dute: dirua trukaketentzat egina da, normalki horretarako da bakarrik. Krisi garaian trukaketak gero eta zailagoak dira; gure tresnak, aldiz, horiek ahalbidetuko ditu.