Articles du Vendredi : Sélection du 19 mai 2023

Des records de chaleur déjà prévus ces prochaines années

https://reporterre.net/Des-records-de-chaleur-deja-prevus-ces-prochaines-annees

Notre planète va devenir une fournaise. Selon un nouveau bulletin publié par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les températures mondiales devraient battre des records ces cinq prochaines années.

En cause, les gaz à effet de serre bien sûr, mais aussi El Niño. Ce phénomène océanique engendre une augmentation des températures mondiales l’année qui suit son apparition, soit, dans le cas présent, en 2024.

Ainsi, entre 2023 et 2027, la température moyenne devrait dépasser chaque année 1,1 °C à 1,8 °C par rapport à moyenne de la période 1850-1900. Il y a 98 % de chance que l’une des cinq prochaines années soient les plus chaudes jamais enregistrées.

L’OMM tire ainsi la sonnette d’alarme en annonçant que le seuil de 1,5 °C « sera temporairement franchi, et ce, de plus en plus fréquemment ».

Ces fortes chaleurs vont avoir des conséquences sur l’Arctique dont le réchauffement connaît une intensification disproportionnée, ainsi que sur les précipitations. Les pluies vont augmenter dans le Sahel, dans le nord de l’Europe, en Alaska et dans le nord de la Sibérie. En revanche, elles vont diminuer sur le bassin de l’Amazone et dans certaines régions d’Australie.

Lettre ouverte de 78 organisations à Élisabeth Borne pour une véritable Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat
Signataires
https://reseauactionclimat.org/lettre-ouverte-des-organisations-a-elisabeth-borne-pour-une-veritable-strategie-nationale-pour-lalimentation-la-nutrition-et-le-climat/

Le gouvernement publie cet été sa Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat. Face aux pressions des lobbies agroalimentaires, un collectif de 78 organisations environnementales, de consommateurs, de santé et de solidarité exige une Stratégie à la hauteur des enjeux écologiques, sociaux et de santé publique.

Lettre ouverte : Il est urgent que l’État régule plus strictement le secteur agroalimentaire pour assurer une alimentation saine et durable à toutes et tous

Madame la Première Ministre,

Le gouvernement définira cet été sa Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), qui orientera la politique alimentaire de la France à horizon 2030. Les enjeux sont immenses : notre alimentation joue un rôle majeur dans le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité et l’explosion des maladies chroniques non transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabète, obésité, cancers, etc.). Ces pathologies frappent en premier lieu les personnes les plus précaires, tandis qu’on estime qu’au moins 8 millions de personnes sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire en France.

Les causes de ces problèmes sont connues : intensification des systèmes agricoles et d’élevage, multiplication de l’offre d’aliments ultra-transformés et de produits trop gras, trop sucrés et trop salés, omniprésence de la publicité et du marketing pour des produits de mauvaise qualité nutritionnelle et pour la viande industrielle, exposition aux perturbateurs endocriniens, difficultés d’accès aux fruits et légumes frais et plus largement aux produits biologiques, locaux et de saison…

Pourtant, malgré ces facteurs systémiques, les politiques publiques continuent de reposer sur les “engagements volontaires” des entreprises du secteur alimentaire et sur le mythe du “consommateur responsable” qui aurait, à lui seul, le pouvoir de faire évoluer en profondeur les pratiques des géants de la grande distribution et de l’agroalimentaire.

Dans ce contexte, nous, sociétés savantes, associations de consommateurs, de familles, de jeunes, de patients et de tous les usagers du système de santé, de paysans, de professionnels de la santé et du médico-social, de protection de l’environnement et du bien-être animal, et acteurs de la solidarité, exhortons le gouvernement à tirer les enseignements de l’échec des politiques passées. Pour ne pas être une nouvelle occasion manquée, la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat doit appliquer les recommandations convergentes émises par de multiples instances indépendantes (ANSES, Conseil national de l’alimentation, Cour des comptes, France Stratégie, Santé publique France, etc.) et intégrer les demandes de la société civile.

Cette Stratégie doit en premier lieu énoncer clairement des objectifs ambitieux et précis pour la transition de notre alimentation, concernant :

  • La hausse de la consommation de fruits et légumes frais, de légumineuses, de céréales complètes et de fruits à coque.
  • La hausse de la consommation de produits issus de l’agroécologie, en particulier de produits biologiques et de saison, cultivés et produits en France.
  • La baisse de la consommation de produits trop gras, trop sucrés et trop salés, ainsi que celle de produits ultra-transformés.
  • La baisse de la consommation globale de viande (volaille incluse) et de produits laitiers.

Pour atteindre ces objectifs, il est indispensable que la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat planifie des politiques structurelles tout au long de la chaîne de valeur alimentaire, de la production agricole et agroalimentaire à la consommation en passant par la distribution et la restauration hors-domicile. Elle doit en particulier :

  • Faire de l’accès de toutes et tous à une alimentation saine et durable une priorité et mettre en place des mesures concrètes pour atteindre cet objectif, notamment en donnant le pouvoir d’agir aux populations les plus précaires socialement.
  • Renforcer le soutien économique au secteur de la restauration collective ainsi qu’aux agriculteurs et agricultrices pour les accompagner dans la transition.
  • Programmer des mesures contraignantes pour améliorer l’offre et l’environnement alimentaires, incluant en priorité l’interdiction de la publicité pour les produits nocifs pour la santé et pour la planète, l’obligation du Nutri-score, l’encadrement des marges de la grande distribution et la mise en place d’un véritable étiquetage environnemental indiquant également le mode d’élevage.
  • Augmenter les moyens dédiés à l’éducation (en milieu scolaire en particulier), à la formation des professionnels de santé et à la sensibilisation de l’ensemble de la population à l’alimentation saine et durable.

La nécessaire transition vers une alimentation durable ne pourra se faire sans mobiliser et accompagner tous les citoyens et citoyennes et l’ensemble des acteurs agricoles, de l’agroalimentaire et de la distribution alimentaire. Nous appelons donc le gouvernement à résister à la pression de certains lobbies agricoles et agroalimentaires et à suivre les recommandations partagées par les scientifiques et la société civile pour que la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat soit à la hauteur des enjeux écologiques, de justice sociale et de santé publique, dans l’intérêt des citoyens et citoyennes et des générations futures.

Le « château d’eau » des Alpes est ébranlé par le dérèglement climatique
Pierre Isnard-Dupuy
www.mediapart.fr/journal/ecologie/180523/le-chateau-d-eau-des-alpes-est-ebranle-par-le-dereglement-climatique

Jusqu’à l’an dernier, les grands barrages sur la Durance et le Verdon ont permis d’amortir les effets des sécheresses en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Face au changement climatique, la région veut étendre massivement l’irrigation. Un projet qui va exacerber les tensions, selon plusieurs scientifiques et écologistes.

Lagrand, Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), Arles (Bouches-du-Rhône).– De hautes haies entourent de vertes prairies. Dans la Crau, non loin d’Arles, un paysage de bocage s’offre au regard là où jadis il y avait une steppe. Une partie de cette plaine est irriguée par l’eau des Alpes, prise sur la Durance pour être importée par des canaux creusés au mitan du XVIe siècle. Dans cette région méditerranéenne habituée des sécheresses, les aménagements sont anciens.

Sur l’autre rive de la Durance, dans le sud du Vaucluse, la garrigue a été supplantée par de grands arbres et des champs le long du canal Saint-Julien, mis en eau au XIIe siècle.

Le système hydraulique provençal a été parachevé dans les années 1960-1970, avec la réalisation de grands barrages sur la Durance et son principal affluent, le Verdon. Ils permettent de stocker l’eau venue des massifs alpins, en particulier celle de la fonte des neiges.

Son équilibre est désormais menacé par le dérèglement climatique. Dès le début de l’été 2022, les prélèvements agricoles dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône ont été baissés de 25 %. Dans les départements alpins, les restrictions ont été de 50 % et parfois plus.

Jusque-là, les aménagements de la Durance et du Verdon étaient présentés comme la garantie d’une ressource inépuisable. « C’est un grand système de transfert d’eau que l’on nous envie », affirme Joëlle Hervo, cheffe de projet ressource en eau et changement climatique à l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée. Les trois quarts de tous les usages humains en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) en dépendent : agriculture, hydroélectricité, eau potable, industrie et même tourisme sur les lacs artificiels. L’eau potable de trois des cinq millions d’habitant·es de la région vient de cet immense « château d’eau », dont celle des métropoles d’Aix-Marseille et de Toulon.

La Provence est devenue dépendante des retenues alpines, dont Serre-Ponçon, la plus volumineuse de France métropolitaine, avec une capacité de 1,27 milliard de mètres cubes. Le lac des Hautes-Alpes a été pris comme symbole par Emmanuel Macron pour annoncer son plan eau le 30 mars dernier. Imaginée dès le milieu du XIXe siècle, la construction d’un barrage sur la Durance pour dompter ce capricieux affluent du Rhône, capable des pires crues comme des pires assecs, a été finalement réalisée entre 1955 et 1961. Dans des films aux accents de propagande, EDF promettait alors une prospérité infinie à la Provence.

Renaud Muselier, président de la région, ex-LR récemment converti au macronisme, semble adhérer encore à cette fable des Trente Glorieuses. « Je vous annonce très officiellement que la guerre de l’eau n’aura pas lieu », affirmait-il lors de la visite présidentielle. Sa région saurait s’adapter grâce à un « plan or bleu ». Son objectif principal est d’augmenter le nombre de territoires arrosés par l’eau du Verdon via l’extension du réseau du canal de Provence. « Nous allons réinvestir 800 millions d’euros pour alimenter une grande partie du Var, la totalité des Bouches-du-Rhône et aussi le Vaucluse », déclarait Renaud Muselier.

En prévision, une extension de l’irrigation

Délégataire de la région, la Société du canal de Provence (SCP) dessert déjà 70 000 hectares agricoles. 30 000 de plus doivent être raccordés en cinq ans, dont 20 000 dans le Var, principalement des vignes pour le vin rosé. Sur le plateau de Valensole, dans les Alpes-de-Haute-Provence, ce sont des producteurs de lavande qui commencent à recourir à l’eau fournie par la SCP.

Mais comment servir plus d’usagers, alors que la ressource faiblit inexorablement ? Selon les projections de l’agence de l’eau, elle diminuerait de 30 % d’ici à 2055. Dans les six départements de la région, les arrêtés préfectoraux pour sécheresse s’empilent depuis début 2022, même en hiver. Les tensions apparaissent déjà.

« Dès janvier 2022, on s’est rendu compte que les stocks de neige étaient faibles. On a réduit notre production d’électricité de 60 % », se souvient l’ingénieure d’EDF Catherine Le Normant. Une difficulté supplémentaire pour l’électricien, en période d’envol des prix de l’énergie et de défaillance des centrales nucléaires. En année dite normale, la chaîne Durance-Verdon produit 10 % de l’hydroélectricité française et la moitié des besoins en électricité de la région Paca.

Le lac de Serre-Ponçon a été creusé jusqu’à moins 17 mètres en dessous de sa cote optimale pour le tourisme. Les acteurs du secteur ont dû s’adapter en réalisant des aménagements dans l’urgence. « Les prestataires ont pu travailler jusqu’au 28 août.

Les premières prévisions nous indiquaient seulement jusqu’au 6 août », précise Christophe Piana, directeur du Syndicat mixte d’aménagement et de développement de Serre-Ponçon (Smadesep).

« Ce qu’on a eu en 2022 va devenir la norme avant 2050 si on continue comme ça. Il faut retravailler nos habitudes autour de l’eau », affirme Antoine Nicault, du Groupe régional d’experts sur le climat (Grec Sud). D’ici à 2050, les glaciers, dont la fonte estivale soutient les débits des affluents de la Durance aux périodes les plus sèches, auront probablement disparu.

« Les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. La hausse des températures modifie le régime des précipitations », poursuit Antoine Nicault. Les pluies se font plus rares et plus violentes. « Le problème n’est pas juste qu’il pleuve ou pas. Les températures sont très hautes et donc il y a plus d’évapotranspiration. Le cumul des deux aboutit à de plus fortes et plus longues sécheresses », ajoute le coordinateur du Grec Sud.

Conscient de cet état de fait, le directeur du développement de la société du canal de Provence se veut tout de même rassurant. « Hormis l’eau potable, les autres usages sont en baisse : moins 25 % en 10 ans pour l’industrie, moins 75 % en 50 ans dans l’agriculture. Il faut optimiser le plus possible », détaille Jean-François Brun. Sa solution consisterait à moderniser le réseau, pour réduire le nombre de fuites et apporter « juste ce dont la plante a besoin », grâce à des améliorations technologiques d’irrigation et de suivi « connecté » des cultures. Mais également grâce à la réutilisation des eaux en sortie de station d’épuration (REUT, pour réutilisation des eaux usées traitées).

Demande de moratoire

Plusieurs associations environnementales, dont France Nature Environnement (FNE) en Paca, ainsi que la Confédération paysanne, sont convaincues que ce projet mène dans le mur. Elles demandent un moratoire. « Le discours de Muselier est schizophrénique. Dans la même phrase il dit : on a moins d’eau, donc il faut arroser plus », fustige l’un des porte-parole de la Confédération paysanne des Hautes-Alpes, que nous rencontrons dans sa petite ferme maraîchère, à Lagrand, au sud du bassin du Buëch, un affluent de la Durance.

« Ce sont des consommations supplémentaires qui vont tirer sur les réserves », analyse Thomas Raso, ancien hydrologue pour les services de l’État, puis pour le conseil général du département alpin.

Avec son syndicat, il plaide pour « prioriser les usages », avec en tête les productions en circuit court, la sécurisation du fourrage et de l’eau pour l’élevage extensif. Or, les premières cultures bénéficiaires de l’extension du réseau de la Société du canal de Provence, « celles qui ont les moyens de payer l’irrigation », selon le paysan, sont d’abord vouées à l’export. Pour Thomas Raso, la clé d’un partage de l’eau harmonieux passe par la transformation des pratiques agricoles. « On cultive de la vigne dans des pays bien plus secs que le nôtre », rappelle-t-il. Alors, il faudrait choisir des cépages plus résistants et, plus généralement, « travailler sur des techniques d’agroforesterie, de couverture des sols pour rendre les fermes moins dépendantes de l’accès à l’eau ».

Du côté des gestionnaires de l’eau, services de l’État, EDF, SCP, organisations d’irrigants, on se satisfait d’avoir surmonté la crise de 2022 sans conflit majeur. L’été 2023 s’annonce lui aussi compliqué. Si les stocks de neige en amont de Serre-Ponçon sont supérieurs de 20 % à ceux de l’année dernière, ils sont faibles sur le Haut-Verdon. Les fleuves littoraux sont quant à eux à sec et les rivières du centre de la Provence déjà à leur niveau estival.

Il faut un partage non plus basé sur les besoins mais sur ce que la nature peut nous donner.

Pierre Gottardi (France Nature Environnement)

Dans ce contexte, c’est la vie aquatique qui trinque. Des débits réservés aux cours d’eau sont fixés, mais ils peuvent être abaissés par dérogation préfectorale. Ce qui fut le cas sur nombre d’entre eux en 2022. En Basse-Durance, non loin d’Avignon, le débit réservé est normalement divisé par trois à partir du 30 juin : de 15 à 5 mètres cubes par seconde. « Il a été ramené neuf jours avant en 2022, dès que l’on s’est assurés que le cycle de reproduction des aloses, un poisson migrateur, était terminé, nous rapporte Christian Doddoli, directeur général du Syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance (SMAVD). On souhaiterait éviter de faire ça. Une réduction anticipée des prélèvements agricoles devrait nous permettre de ne pas toucher les débits réservés », espère-t-il.

Pour les écologistes, les débits réservés actuels sont insuffisants. « Il faut un partage non plus basé sur les besoins mais sur ce que la nature peut nous donner. Ce type de démarche remet en cause beaucoup d’usages pris pour acquis, considère Pierre Gottardi, président de FNE Alpes-de-Haute-Provence. Si cette année des dérogations sur les débits réservés sont décidées, on ira au contentieux devant le tribunal administratif », promet celui qui avant de prendre sa retraite était chef de la police de l’eau dans le département.

« L’été dernier, j’ai vu des cours d’eau alimentés uniquement par les rejets des stations d’épuration, ce qui pose un problème de dilution des polluants dans ces milieux », témoigne Christophe Garrone, de la Maison régionale de l’eau, une association de scientifiques qui œuvre à la connaissance des milieux aquatiques, soutenue par le conseil régional. « J’ai vu des assecs complets. Ce qui peut être à l’origine de destructions assez massives si les espèces n’ont pas de zones de refuge ou pas de continuité pour l’accès à ces refuges », poursuit l’hydrobiologiste. L’hydrologue Charlène Descollonges, cofondatrice de l’association Pour une hydrologie régénérative, alerte quant à elle sur le recours systématique à la réutilisation des eaux usées : « Selon certains endroits, elle va impacter l’hydrologie des cours d’eau. Toute cette eau qui sera enlevée n’ira plus dans les cours d’eau et n’alimentera plus les écosystèmes aquatiques », argumente-t-elle. Pour l’heure, la région commence une expérimentation de la REUT et envisage de la mettre en œuvre à partir de 2024. « Il ne faut surtout pas oublier les milieux naturels. La part qu’on va leur laisser contribuera pleinement à montrer si on a réussi à s’adapter aux effets du changement climatique », résume pour sa part Joëlle Hervo, de l’agence de l’eau.

De l’eau pour les écosystèmes ? Au bord du lac de Serre-Ponçon, ni Emmanuel Macron, ni Renaud Muselier, ni même Christophe Béchu, le ministre de la transition écologique, n’en ont parlé.

Lurraren defentsa, bizitzaren eta burujabetzaren borroka da
Itsaso Balza de Vallejo, Rebeka Gonzalez de Alaiza eta Gaizka Otamendi
www.argia.eus/argia-astekaria/2825/lurraren-defentsa-bizitzaren-eta-burujabetzaren-borroka-da

Makroproiektu eoliko bat hemen, fotovoltaiko bat hor, makrogranja bat honaxeago, makronegutegia haraxeago, erraustegi bat izkinan, makrotrenbidea erdian… Ingurumena eta berarekin batera bizitza kaltetzen eta hipotekatzen duten multinazionalen proiektuak biderkatzen doazen heinean, aktibatuz doaz, baita ere, hauei aurre egiteko tokian tokiko herritar taldeak. Hauen guztien artean harreman sareak josiz doaz eta berrogeita hamar taldek baino gehiagok manifestazio deialdi bateratua egin dute maiatzaren 20rako, Gasteizen 18:00etan San Anton plazan da hitzordua. Deitzaileekin bildu gara.

Lurraren defentsa ekarri dute lehen lerrora talde hauek, mundu osoan jatorrizko herriek egin ohi duten moduan. Izan ere, Euskal Herriko mendialdera eta landa eremura iritsia da kolonizazioa. Sistema kapitalistak Lurraren mugekin topo egin du eta klima larrialdira, biodibertsitatearen galerara, materialen agortzera… ekarri gaitu. Probetxu ekonomikoa ateratzen dutenek nahiago dute, antza denez, sistema aldatu beharrean industrializatu gabe geratzen diren eremu apurrak bereganatzea eta logika berarekin ustiatzea, hori bai, lazo berdez bilduta eta arazoaren irtenbide den opari gisa aurkeztuta.

Manifestazioa antolatzen buru-belarri dabiltzan hiru kideri eman diegu hitza: Rebeka Gonzalez de Alaiza eta Itsaso Balza de Vallejo Arabako Mendiak Aske eta Araba Bizirik taldeetako partaide dira eta Gaizka Otamendi, Sañu Bizirik taldekoa da. Hauek ohartarazi digute lazo berdez bildutako “opari” hori etorkizuna hipotekatuko digun zuloa dela, lurrarekin batera gure elikaduraren eta bizitzaren burujabetza dagoela jokoan eta sistema kapitalistak ekarritako krisi anizkoitz honen aterabidea justu beste norabidean dagoela: eredu aldaketan. Zergatik ez da pil-pilean diren gai horiez eztabaidatu hauteskunde kanpainan?

Harremanak eta irakurketak josten

Manifestazio hau da makroproiektuen aurkako talde guztiek elkarrekin egingo duten lehen ekintza. Itsasok azaldu du nola joan den sarea zabaltzen: “Arabako Mendiak Asken batu ginen eolikoen kontrako borrokak eta AHTren aurkakoa. Tuestan negutegi hidroponiko bat egiteko proiektua agertu zen, eta zentral fotoboltaikoen kontrako mugimendua ere gehituta sortu zen Araba Bizirik”. Geroztik sarea pixkanaka josiz joan da Euskal Herri osoko taldeen artean. Sare hori “indarrak batzeko, informazioa partekatzeko eta megaproiektuak geldiarazteko” oso beharrezko zaiela azaldu dute.

Gaiak eta ikuspegiak batuz doaz  partekatzen duten borrokan. Gaizkak honela laburtu du zein ideiak batzen dituen: “Lurraren defentsa, elikadura burujabetza, eta eredu ekonomiko hau zalantzan jartzen dugula, bera delako egoera honetara ekarri gaituena”. Rebekak gehitu du: “Lurraldeari eustea ere bai. Gure lurraldeaz jabetzen ari dira eta hori azaleratzeko sortu da mugimendu hau. Bioaniztasuna beste zutabe bat da guretzat: jaso duguna etorriko diren belaunaldiei utzi behar diegu, ezin dugu gehiago txikitu. Beste ardatz bat jendearen erabakimena da: erabakiak zentralizatzen ari dira. Arabako kasuan, zentral eoliko baten proiektua aurkeztu den kasuetan, kontzejuek ezetza esan dute. Kontzejuak dira lurraren jabeak eta lur horiek kudeatzeko ardura dutenak. Lur horien jabegoa ez da pribatua eta horri esker hobeto mantendu dira orain arte”.

Gaizkak ohartarazi du ezberdina dela herritar, administrazio eta enpresak jokatzen ari diren papera, lurraren gatazka honetan: “Multinazionalen gurdiari tiratzeko helburuarekin ari dira proiektu hauek egiten eta gainera, herritarroi ez zaigu uzten gai honi buruz debatitzen. Herritarrok gure lurrean jabe izatea nahi dugu”. Rebekak gehitu du: “Enpresen menpean gaude eta gainera administrazioa haien bidea eta tramitazioak errazten ari da. Berez, enpresak dira proiektuak non jarri erabakitzen ari direnak”.

Zaindu lantzeko lurrak eta bioaniztasunaren bizilekuak

“Makroproiektu hauek denak ari dira bioaniztasunarentzako oso hauskorrak diren lekuetan proiektatzen. Mendietan jartzea da justu egin beharko ez litzatekeena”, salatu du Gaizkak. Proiektu hauek jartzekotan gune industrialetan eta jada artifizializatuta dauden guneetan jarri behar liratekeela argudiatu dute. Gaizkak jarraitu du: “Gipuzkoan, 254 pertsona bizi gara kilometro koadroko eta jaten dugun elikaduraren %4ra ere ez da iristen bertan ekoizten duguna. Lehen sektorea erabat txikituta daukagu eta zer egin behar dugu, gelditzen den lurra kendu eta multinazionalen esku jarri? Biharko egunean lur horretatik sor daitezkeen elikagaiei aukera itxi?”. Rebekak ohartarazi du energia krisiarekin beharrezko izango dela elikagaiak gertu eskuratzeko aukera izatea: “Lur emankorrean eguzki plaka jarrita, hortik ez dugu ezer jango. Petrolioa gainbeheran dago, pentsatu behar dugu gure elikadura nondik datorren eta etorkizunean hemen egin beharko dela: fosilekin moztu behar dugu, sasoiko elikagaiak jan…”.

Natur eremuetara eraman nahi dituzte proiektuak, baina teknologiak ez duela natura ordezkatzen oroitarazi du Itsasok: “Hainbeste arbola kenduko dituzte zentral eoliko bat jartzeko. Baso batek egiten duena, uraren zikloan, karbonoan eta abar, ez du inongo makinak egiten. Ezinezkoa da”. Rebekak jarraitu du: “Proiektu horiekin lurraldeak zatikatzen dituzte. Ekosistema batek, sano egoteko, inguruko ekosistemak behar ditu espezieak ugaltzeko eta genetikoki aberatsak izateko, honela lortzen baitute ingurura egokitzea eta etorriko zaizkigun aldaketei aurre egitea. Hesiak jartzen ditugunean, pobretzen joaten dira landaretza eta animaliak, ez delako espezie berekoen arteko harremanik garatzen eta pixkanaka ekosistema horiek ahuldu egiten dira. Espezie guztien beharra dugu naturak funtzionatu dezan. Espezie txiki bat bukatzeak aldaketa oso latza ekarri dezake”.

Naturaren eta izaki bizidunen parte garenez, mendialdean bizi den jendeei ere kalte egiten zaiela oroitarazi du Rebekak: “Proiektu hauekin sakrifikatu beharreko zonak markatzen ari dira. Hori pertsona batzuk baztertzea ere bada, bizi garen lekuaren arabera. Bi kolonialismo mota daude orain: batetik, jarraitzen dugu gure ongizatea asetzen Hegoalde globaleko herrien bizkar eta horietan baztertutako eremuak sortzen dira, herri osoak beraien lurretatik bidaltzen dituzte; eta orain gauza bera egiten ari dira Euskal Herri barruan, sakrifatu beharreko zonaldeak markatuta. Kolonialismoa etxe barrura iritsi zaigu”. Gaizkak jarraitu du: “Bidali egin nahi gaituzte landa eremutik, denok gune urbanoetan sartzea nahi dute. Landako jakintza eta kultura erabat etetea nahi dute. Guretzat lurra bizitzeko modu bat da, eta denbora oso gutxian txikitu egin da lur bizi hori”.

Itsasoren ustez bada beste arrazoi bat makroproiektuak landagunean egiteko: “Landa eremuan jende gutxiago bizi denez, agian politikariek pentsatzen dute proiektu hauek ez dutela hainbesteko erantzunik jasoko. Baina landa eremuak guztiontzako dira beharrezkoak, hirian bizi den jendearentzako ere bai”.

“Hau ez da trantsizioa”

Itsasok dio makroproiektu hauek ez diotela irtenbidea ekarriko anizkoitza den krisiari: “Saltzen diguten ipuinak ez du ezer konponduko, nahiz eta dena eolikoz eta fotovoltaikoz josi, batzuek poltsikoak beteko dituzte eta arazoak hor jarraituko du, edo gero eta arazo gehiago izango ditugu”. Gaizkak berretsi du: “Eredu ekonomiko honekin arazoak ez dauka amaierarik. Mendi denetan eolikoak jarrita ere, inoiz ez da nahikoa izango, hazkundearen logika baitago muinean”. Itsasok zera gaineratu du: “Proiektu hauek bertako baliabideak hartu eta eraman egingo dituzte baina hemen ez da ezer geratuko”. Rebekak azaldu duenez, “argindarra Frantziara eta Alemaniara eramateko ari dira prestatzen. Kolonia energetikoa izango gara haientzat”. Gaizkak hau gaineratu du: “Laster pasatuko gara autopista elektrikoak egitera energia berriztagarriak esportatzeko. Espainiako Estatua Europako ‘bateria’ izango dela esaten da, eta Euskal Herria zati batean ere bai”.

Rebekaren ustez, hau ez da trantsizioa: “Energia enpresak beraien trantsizioa egiten ari dira, ez trantsizio ekosoziala: fosiletik ateratzen dituzten etekinak orain berriztagarriekin atera nahi dituzte, baina gure diruarekin, ze Next Generation funtsek guri ekarriko digute zorra eta etorriko diren belaunaldientzako zama handia izango da, haien aukerak jaten ari gara”. Gaizkak “lapurreta” deitu dio jokaldi honi: “Gure diruarekin egiten dute negozioa, eta gure lurrak kentzen dituzte beraien irabazirako. Negozio biribila da”.

Rebekak dio epe motzeko adabaki bat baino ez dela ingurumena suntsituko duen planteamendu hau: “20-30 urtetan, mendi eta nekazal lur guztiak kolonizatutakoan, ez da fosilik egongo berriro zentral berriztagarriak berritzeko eta hantxe geratuko dira azpiegitura guztiak, bidean biodibertsitatea galduta, komunalak galduta, herriak galduta… eta zer jango dugu?”.  Gaizkak erantzun dio: “Haragi sintetikoak, tomate hidroponikoak… hori da haien proposamena”. Lurra galtzea bizitzarako burujabetza galtzea dela diote: “Lurralderik ez badugu, haiek jabetzen badira gure lurraldeaz, zer borroka geratzen zaigu? Haien menpe geratuko da gure elikadura eta gure bizimodua” eta lema hau oroitarazi dute: “Lurralderik gabe borrokarik ez eta borrokarik gabe lurralderik ez”.

Trantsizio ekologiko eta soziala justu kontrako norabidean egin behar dela berretsi dute hiru kideek: “Planetaren mugak aintzat hartuta”. Gaizkaren hitzetan, “eredu ekonomiko honek ekarri gaitu klima larrialdi honetara eta bioaniztasunaren galerara. Ezin da horrela jarraitu”. Rebekak izena jarri dio: “Kapitalismoak dena nahi du: gure esku dauden lurrak nahi ditu, orain fronte hori zabaldu du sistemari jarraipena emateko, izan ere, kapitalismoa naturaren eta jendearen esplotazioan oinarritzen da. Trantsizioa izango bada, eredu aldaketa etorri behar da, bai ala bai”. Gaizka konbentzituta dago aldaketa derrigorrean etorriko dela: “Nahi eta nahi ez, hemendik urte batzuetara aldaketa oso sakona jasango du gure bizimoduak. Energia fosilak eta mineralak agortzen ari dira eta hori ordezkatuko duen beste energia iturririk ez dago. Desazkundea etorriko da; ez guk nahi dugulako, baina etorriko da, eta akaso hasia da etortzen eta ez gara konturatu”.

Rebekak trantsizioari begira dugun dema azaldu du: “Bi bide daude: bata eliteena, hauek dena eskuratzen ari dira eta ezer gertatuko ez balitz bezala jarraitzen dute haien bizitzarekin; gero eta handiagoa da haien eta gure arteko arrakala, besteak beste, dagokigunaz jabetzen ari direlako. Eta beste bidea da lehentasunak aztertzea eta daukagunarekin zer asetu dezakegun lantzea, baina denontzako. Planteamenduak orokorra izan behar du, guztiontzako. Eta ekonomia berriz berlokalizatu beharra ikusten dugu, eta energia ere maila lokalean ekoiztu behar da. Eta hori guztia egiteko gure arteko harremanak landu behar ditugu, gauzak modu komunitarioan egin, gauzak kudeatzeko beste era batzuk martxan jarri oligopolioen esku utzi gabe…”.

Alderdi politikoei mezua

Hauteskunde bezperetan deitu dute Lurraldearen defentsan Euskal Herria Bizirik manifestazioa, Itsasok argitu duenez, “erakutsi nahi dugulako jende asko ez gaudela ados egiten ari direnarekin. Eta gai hau mahai gainean jartzeko”. Izan ere, trantsizioa egiteko ereduen talka ez da eztabaidagai izan hauteskunde aurrean: “Ez dugu alderdirik ikusten eredua aldatzeko proposamen zehatzik duenik. Aterperik gabe gaude, umezurtz sentitzen gara Euskal Herrian”, adierazi du Rebekak. Gaizkak zera gehitu du: “Politikariek herritarron interesak babestu beharrean, askotan enpresa multinazionalen zerbitzura daudela ematen du. Uste dut beldur direla esateko eredu honek eman duela eman beharrekoa eta beste bide bat hartu behar dugula. Inor ez da ausartzen gai horri adarretatik eusten. Politikariek abilidade handia dute momentuko adabakiak jartzeko eta handik 20 urtera, hurrengo gizaldiak ordaindu behar izaten ditu lehen egindako adabaki horiek. Uste dut horretara doazela”. Rebekak hala adierazi du: “Politikarien planteamendu hauek segidistak dira eta enpresen menpe daude”.