Articles du Vendredi : Sélection du 19 juillet 2019


Dans l’Arctique, le permafrost fond 70 ans plus tôt que prévu et c’est une catastrophe
Marina Fabre
www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/science-dans-l-arctique-le-permafrost-fond-70-ans-plus-tot-que-prevu-et-c-est-une-catastrophe-147447.html

“Ce que nous avons vu était incroyable”. Des chercheurs viennent de découvrir que le permafrost, l’épaisse couche de glace qui couvre 25 % de l’hémisphère nord, a fondu 70 ans plus tôt que prévu dans l’Arctique canadien. Or le permafrost abrite du carbone, du méthane et même du mercure. Il en libère de grandes quantités en fondant, accélérant le réchauffement climatique. 

C’est une très mauvaise nouvelle pour le climat. Des chercheurs de l’université d’Alaska à Fairbanks aux Etats-Unis viennent de découvrir que le permafrost de l’Arctique canadien fond bien plus vite que ce qu’ils avaient prévu. La fonte est tellement rapide qu’elle a atteint le niveau de dégel prévu par les scientifiques en… 2090, soit 70 ans plus tôt qu’estimé.

Des étés chauds en cause 

“Ce que nous avons vu était incroyable”, explique à Reuters Vladimir E. Romanovsky, professeur de géophysique et co-auteur de l’étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters, “C’est une indication que le climat est maintenant plus chaud qu’à n’importe quel moment au cours des dernières 5 000 années ou plus”.

Les scientifiques rapportent que les îles arctiques canadiennes ont connu une série d’étés particulièrement chaude entre 2003 et 2016 entraînant des indices de dégels moyens supérieurs de 150 à 240 % à la normale de 1979 à 2000. Cela a provoqué un affaissement de 90 centimètres du sol par endroits en raison de la fonte du permafrost.

Le permafrost libère de grande quantité de gaz à effet de serre

Et cette nouvelle est encore plus mauvaise qu’on pourrait le croire. Car le permafrost, en fondant, libère des gaz à effet de serre. Les experts estiment que le permafrost renferme deux fois plus de carbone que l’atmosphère. Or, “les projections les plus pessimistes du Giec (Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat, NDR) avec un réchauffement à 4 ou 5 °C n’incluent pas les processus de dégel du pergélisol”, explique Florent Dominé, le directeur de recherche au CNRS et spécialiste des interactions neige-climat-pergélisol.

Autrement dit, la fonte du permafrost va accélérer le réchauffement climatique. D’autant que cette couche de glace ne renferme pas seulement du carbone, elle emprisonne également des stocks de mercure deux fois plus importants dans le permafrost que sur le reste de la Terre. Et ce n’est pas fini. Des chercheurs ont remarqué qu’en Sibérie, lorsque le pergélisol fond, il relâche des bulles de méthanes qui explosent provoquant des cratères de 70 mètres de profondeur. Or le méthane est un gaz à effet de serre, responsable du réchauffement, 20 à 25 fois plus important que le CO2.

Le Haut Conseil pour le Climat frise la Révolution
Sylvestre Huet
www.lemonde.fr/blog/huet/2019/07/03/le-haut-conseil-pour-le-climat-frise-la-revolution

Le premier rapport du tout neuf Haut Conseil pour le Climat n’a pas reçu l’accueil qu’il mérite. Sous son vocabulaire châtié et son style technocratico-compatible, il cache des propositions qui frisent la Révolution.

Le Haut Conseil pour le climat a été mis en place par Emmanuel Macron le 27 novembre 2018. Ses membres sont tous compétents sur le sujet. Et leur premier rapport annuel déménage, dès lors qu’on sait le lire. Ce qui n’a rien d’étonnant puisque ce texte est en ligne avec le dernier rapport du GIEC. Ce dernier l’affirmait déjà, seules des politiques de ruptures – économiques, sociales, culturelles, techniques… donc politiques – peuvent nous conduire sur la trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre compatibles avec l’objectif climatique adoubé par les Nations à la COP-15 de Copenhague, ne pas dépasser 2°C d’élévation de la température planétaire relativement à période pré-industrielle.

Prenons la première de ses recommandations législatives. «Rendre les  budgets carbone de la SNBC (stratégie nationale bas carbone) contraignants vis-à-vis de l’ensemble des textes de loi qui devront alors montrer leur compatibilité avec ces budgets.» Les conseillers climatiques font court, mais fort. Réaliser véritablement cette petite phrase, signifie jeter tous les indicateurs de la Loi organique relative à la loi de finance (la LOLF) à la poubelle et les remplacer par un indicateur prioritaire : la compatibilité avec le budget carbone de la Stratégie nationale bas-carbone. 

Une loi de finance anti-climat

Est-ce révolutionnaire ? Il suffit de commencer l’exercice. La loi de finance est-elle climato-compatible par les impôts qu’elle organise ? Non, répond dans son langage châtié le HCC avec sa recommandation n°4 : «la transition bas-carbone doit être juste et perçue comme telle pour que les actions soient durablement soutenues par l’ensemble de la société». Or, l’une des causes du changement climatique est le consumérisme qui ravage notre société, sous les coups de boutoirs d’une publicité qui colonise les imaginaires. Ce consumérisme est alimenté par un moteur rugissant : les inégalités indécentes de revenus et de patrimoine. Il faut donc supprimer les plus élevés.

Propos de marxiste au couteau entre les dents ? Nenni. Voici l’argumentaire, présenté par l’économiste Thomas Piketty, dont les choix politiques sont plus souvent roses que rouge : «Pourtant tout indique de plus en plus clairement que la résolution du défi climatique ne pourra se faire sans un puissant mouvement de compression des inégalités sociales, à tous les niveaux. Avec l’ampleur actuelle des inégalités, la marche en avant vers la sobriété énergétique restera un vœu pieux. D’abord parce que les émissions carbone sont fortement concentrées parmi les plus riches. Au niveau mondial, les 10 % les plus riches sont responsables de près de la moitié des émissions, et les 1 % les plus riches émettent à eux seuls plus de carbone que la moitié la plus pauvre de la planète. La réduction drastique du pouvoir d’achat des plus riches aurait donc en tant que telle un impact substantiel sur la réduction des émissions au niveau mondial. Par ailleurs, on voit mal comment les classes moyennes et populaires des pays riches comme des pays émergents accepteraient de changer leur mode de vie (ce qui est pourtant indispensable) si on ne leur apporte pas la preuve que les plus aisés sont mis à contribution. La séquence politique observée en France en 2017-2019, étrangement absente de la campagne, apporte une illustration dramatique et emblématique de ce besoin de justice

Thomas Piketty vous défrise ? Alors lisez cet autre argumentaire, présenté par trois économistes de l’Agence Française de Développement  :  «Les inégalités de consommation représentent aussi un moteur de comportements de consommation intensifs en carbone. On sait en effet que le désir d’imiter un comportement social jugé supérieur constitue l’un des déterminants principaux des motifs de consommation, un phénomène de mimétisme qui accélère la dynamique d’émissions intensives quand la référence est celle du dernier percentile, c’est-à-dire des 1 % les plus richesCet article dont je vous recommande la lecture note bien d’autres effets anti-politique climatique sérieuse des inégalités sociales.

Règle d’or budgétaire

Donc, si l’on prend au sérieux la proposition du Haut Conseil pour le climat, et que l’on fait de l’indicateur climatique une règle d’or budgétaire et législative, la loi de finance actuelle est à recaler. Comme toute future loi de finance qui n’organisera pas la réduction drastique des inégalités, laquelle ne peut se faire qu’en rabotant – mais avec un rabot très aiguisé et coupant très profond – tout ce qui donne envie de copier les riches… en les supprimant (comme riches, inutile de s’attaquer aux personnes). Est-ce révolutionnaire ? A chacun de juger.

De nombreux autres points du rapport du Haut Conseil pour le Climat sont de même acabit. Cinglant pour les politiques actuelles, dévastatrices pour les tenant d’un statu quo, voire de petits pas tellement petits qu’on n’avance pas du tout.

Prenons un deuxième exemple : les échanges internationaux dont la signature récente de l’accord Union Européenne/Mercosur montre une fois de plus que les élites formées à HEC et à l’ENA qui gouvernent n’ont toujours pas imprimé le message du GIEC à cet égard. Le rapport du HCC tient un langage de vérité sur la responsabilité de la France dans les émissions de gaz à effet de serre à l’origine du changement climatique. Il rompt avec l’hypocrite présentation qui ne tient compte que des émissions territoriales, ou nationales.

Hypocrite car elle permet d’afficher une vertu inexistante : selon cette présentation, la France a en effet diminué d’environ 15% ses émissions de GES depuis 1990. Mais, souligne le HCC, ce qui compte vraiment c’est l’empreinte carbone, c’est à dire une comptabilité des émissions qui tient compte de celles induites par tous les objets importés, déduction faites de celles liées aux objets exportés. Or, la désindustrialisation du pays est si profonde (la part du PIB consacré à l’industrie a chuté à 10%), et les importations d’objets manufacturés ont si augmenté, que l’empreinte carbone des Français à augmenté de 20% entre 1995 et 2015. Les émissions dues aux importations égalent en effet désormais 60% des émissions territoriales.

Souligner ce point crucial, c’est condamner toute politique poursuivant ces importations massives. C’est relocaliser en France le maximum possible de production d’objets manufacturés. Avec un double effet kiss cool : comme l’électricité française utilisées par les usines est décarbonée à plus de 90% cela  provoquera une diminution nette des émissions et non seulement leur rapatriement.

Combien de jus ?

Troisième exemple : l’électrification des transports. Comme le souligne le rapport : «Le scénario de la SNBC propose une électrification importante des usages de l’énergie (transport, procédés industriels, chaleur…), sans expliciter les conditions opérationnelles d’atteinte de ces objectifs. Les hypothèses du scénario de référence sont fortes : 100 % de voitures neuves sont électriques
(ou à hydrogène) dès 2040, électrification de nombreux procédés et  utilisation d’énergies renouvelables dans le secteur de l’agriculture ou encore un taux d’électrification de 70 % des consommations du secteur de l’industrie en 2050. Ce scénario présente des risques compte tenu des limites potentielles liées à la production d’électricité (essor des renouvelables, réduction prévue de la production nucléaire, recours aux centrales alimentées par des énergies fossiles en situation de stress tels que  durant les pics de demande ou de perte temporaire de capacités de production décarbonées), des contraintes techniques, économiques, géostratégiques et environnementales liées à la fabrication et l’utilisation de batteries, ou encore du temps de mutation nécessaire pour la mise en place de l’infrastructure et des réseaux nécessaires à l’électrification du transport.» En clair, le HCC dit au gouvernement que son objectif vertueux n’est pas atteignable sans mise en cause de la baisse programmée de la production nucléaire et sans une accélération considérable de tout ce qui tourne autour de la voiture électrique (batteries, bornes de rechargement, etc).

Députés et gouvernants inéligibles

J’invite les internautes à méditer le texte du Haut Conseil pour le climat, remarquable de clarté dans son exposé du constat et des enjeux de décisions. Mais il serait possible d’y ajouter une proposition complémentaire à sa demande majeure : «Rendre les  budgets carbone de la SNBC (stratégie nationale bas carbone) contraignants vis-à-vis de l’ensemble des textes de loi qui devront alors montrer leur compatibilité avec ces budgets.» En effet, ce sont les députés qui votent le budget et les gouvernements qui le proposent et l’exécutent qui sont responsables d’assurer cette contrainte. Mais s’ils échouent, que leur arrive t-il ? Rien. C’est là une faille dans le dispositif.

Aussi, rendre efficace la proposition n°1 du HCC suppose que l’on y ajoute un élément décisif avec une conséquence mécanique pour les élus – députés, sénateurs, Président de la République – et gouvernants qui auraient échoué à atteindre l’objectif climatique fixé par la loi et nos engagements internationaux. Cet élément pourrait être celui-ci : si, en fin de mandat, on constate que les émissions de GES ont dépassé les objectifs de la Stratégie nationale bas carbone, alors, les députés, sénateurs, Président de la République sont inéligibles à l’élection qui suit et les membres du gouvernement sortant sont inéligibles et interdits de nomination comme ministres. Cette mesure de salut public serait, au moins dans un premier temps, un très efficace moyen de renouvellement des élites…

“Soyons cohérents, rejetons le Ceta”
Nicolas Hulot
www.lejdd.fr/Politique/nicolas-hulot-soyons-coherents-rejetons-le-ceta-3907233

TRIBUNE – L’ancien ministre Nicolas Hulot appelle dans cette tribune à rejeter le Ceta, l’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada, qui “favoriserait le moins-disant environnemental, sanitaire et social”, selon lui.

La mondialisation débridée emporte l’Europe dans une vague d’accords de commerce incompatibles avec la lutte contre le dérèglement climatique, la préservation de la biodiversité, la justice sociale, une alimentation saine et un élevage de qualité qui permette aux producteurs de vivre dignement de leur travail.

En avril, la France a voté, seule, contre la négociation des accords commerciaux avec les Etats-Unis, au nom de l’Accord de Paris. La France a également affiché son opposition à toute inclusion du secteur agricole dans ces négociations. Un premier acte essentiel, mais allons beaucoup plus loin. Mettre l’Accord de Paris, le respect de nos règles sanitaires et les enjeux sociaux au cœur de la diplomatie commerciale doit devenir la règle.

Pour ce faire, il faut en finir avec les incohérences. Comment peut-on d’un côté s’opposer à la reprise des négociations avec Donald Trump, se dire déterminé à préserver notre modèle d’élevage familial et herbager dans le cadre des EGA, et annoncer la ratification par la France du CETA ? Puis valider à Bruxelles un autre accord avec le Vietnam ? Ou encore avec les pays du MERCOSUR, parmi lesquels le Brésil du président Bolsonaro, qui mène une politique à l’opposé des engagements pris par la France ? Biodiversité, climat, peuples autochtones de la forêt amazonienne, … rien ni personne ne pourra résister à la déforestation massive qu’il promeut.

Stopper aujourd’hui le CETA est indispensable car cet accord a valeur d’exemple. Ratifier le CETA n’est pas un tampon sur une décision administrative déjà prise. C’est un choix entre deux mondes, entre deux avenirs. L’un favoriserait le moins-disant environnemental, sanitaire et social et pénaliserait encore un peu plus les agriculteurs en les exposant à toujours plus de concurrence internationale déloyale. L’autre permettrait de se laisser le temps de construire des relations commerciales équilibrées, qui n’oublient ni l’ambition environnementale, ni la protection sociale, ni la dignité humaine. Des relations commerciales qui permettraient à la France de valoriser dans d’autres pays ce qu’elle a de mieux, plutôt de que d’importer ce qu’il y a de pire.

Regardons la réalité telle qu’elle est et non comme on voudrait qu’elle soit. Le Canada n’est pas un pays exemplaire en matière de politique environnementale. Les canadiens autorisent encore 46 molécules de pesticides et d’herbicides interdites en Europe. Dans leurs élevages, sont utilisées des farines animales et des antibiotiques avec activateurs de croissances, deux pratiques strictement interdites en Europe… mais autorisées pour nos importations ! Comment peut-on accepter l’arrivée dans nos assiettes de produits qui ne respectent pas nos standards ? Comment peut-on justifier l’autorisation de l’importation de 67 950 tonnes de viandes de bœufs principalement nourris au maïs OGM, alors qu’en France la ration alimentaire des bovins destinés à la production de viande est composée à 80 % d’herbe ? Le Canada s’obstine dans l’extraction de gaz de schiste et de pétrole issu des sables bitumineux qui est 48% plus émetteurs de gaz à effet de serre que le pétrole conventionnel. Comment peut-on accepter sans ciller la hausse de 63% des importations européennes de combustibles fossiles canadiens, un an seulement après l’entrée en vigueur du CETA ? Et comment peut-on envisager laisser aux investisseurs canadiens la possibilité de recourir à des tribunaux d’arbitrage pour attaquer les premières avancées environnementales et sociales obtenues dans nos politiques publiques ?

Regarder la réalité en face, c’est aussi reconnaitre que, dans quelques mois, le futur Premier Ministre du Canada pourrait être Andrew Sheer, un conservateur qui a voté contre la ratification de l’Accord de Paris. Que fera-t-on alors du CETA, si le Canada décidait de ne pas tenir ses engagements climatiques ou de suivre Donald Trump en quittant à son tour l’Accord de Paris ?

La ratification du CETA par la France sera discutée puis votée à l’assemblée à partir du 9 juillet. Il nous faut désormais aller au bout de la logique. Rester au milieu du gué est une stratégie perdante.

Cela affaiblirait les premiers pas réalisés par la France sur la scène internationale et renforcerait l’incohérence avec la volonté affichée récemment par le Premier Ministre de faire plus et mieux pour l’écologie et le social.

Disons non au CETA actuel pour ré-ouvrir la négociation. Faisons-en le premier accord de commerce de juste échange pour ouvrir la voie à des accords qui soient non plus des freins, mais des leviers pour les défis environnementaux et sociaux auxquels nous devons faire face.

Et plus encore, arrêtons d’offrir des avantages commerciaux à ceux qui menacent l’humanité. Au même titre que l’UE a sanctionné la Russie quand elle a envahi la Crimée nous devons très rapidement prévoir des sanctions commerciales sur les importations de produits brésiliens qui contribuent fortement à la déforestation comme le soja et la viande de bœuf.

Le refus de la France de lancer des négociations avec Donald Trump au nom du climat et de la protection de notre modèle agricole est bien plus qu’un coup de communication et doit marquer un tournant de la politique commerciale. C’est la seule voie à suivre pour garantir une cohérence de l’action publique.

Face au G7 : « Nous voulons éteindre l’incendie de la planète perpétré par ces politiques »
Collectif
www.bastamag.net/G7-Macron-Trump-Biarritz-Contre-sommet-Hendaye-Altermondialisme

Les 7 chefs des États parmi les plus riches (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) prévoient de se retrouver à Biarritz du 24 au 26 août. Au menu : la lutte contre les inégalités… Face à des dirigeants qui perpétuent un système au service des plus riches, associations, syndicats et citoyens appellent à se mobiliser dès le 19 août à Hendaye pour un contre-sommet.

Il est loin, le temps où les pays les plus riches, G7 ou G8, pouvaient dicter la marche du monde. Alors à quoi sert cette grande rencontre de 7 chefs des États parmi les plus riches, qu’Emmanuel Macron s’apprête à accueillir du 24 au 26 août à Biarritz ? Pourquoi tenir ce G7, qui semble relever d’un autre temps, à l’heure du bilatéralisme triomphant ? Derrière son charme suranné, le G7 est une arme de séduction massive pour imposer idéologiquement un capitalisme de plus en plus brutal.

C’est d’abord une grande vitrine du capitalisme financier. Nul doute que sera mise en scène la confrontation entre deux versions de ce capitalisme. La première, celle de Mme Merkel, M. Trudeau ou M.Macron, sera présentée comme vertueuse, ouverte sur le monde, louant les vertus de la mondialisation néolibérale. La seconde, celle de M. Trump ou M. Salvini, sera, du moins en France, présentée comme protectionniste, populiste, xénophobe et impérialiste. Les premiers seront présentés comme les remparts contre les seconds. Et on passera sous silence le fait que les premiers ont nourri l’ascension des seconds et que tous s’accordent sur l’essentiel : perpétuer un système au service des plus riches et des multinationales, se nourrissant de l’exploitation du travail et du vivant.

L’échec désastreux des G5, G6, G7 et G8 depuis 1975

De grands engagements seront pris, comme lors de tous les G5, G6, G7 ou G8 depuis 1975 : mettre fin à la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire ou encore réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Autant d’engagements pour laisser penser que le système actuel doit nous rendre plein d’espoirs. Autant d’engagements qui n’ont jamais été atteints, bien au contraire. Ainsi, selon la Banque mondiale, plus de 700 millions de personnes, soit 10% de la population mondiale, vivent avec moins de 1,9 dollar par jour. Et ce nombre repart à la hausse dans de grandes régions du monde, tandis que les personnes qui souffrent de la faim sont de plus en plus nombreuses.

Les inégalités augmentent dans presque tous les pays depuis une quarantaine d’années, dont les pays du G7 [1]. Les émissions de gaz à effet de serre repartent à la hausse dans le monde, notamment dans des pays du G7, quand il faudrait les réduire drastiquement pour espérer contenir le réchauffement climatique à 1,5 °C. Pauvreté et changement climatique poussent alors des millions de personnes à tenter de migrer vers les pays dits riches, pour se fracasser contre les murs érigés et voir leurs droits piétinés.

« Les chefs d’État du G7 associent au capitalisme financier des politiques de répression de plus en plus brutales et autoritaires »

Malgré l’échec désastreux de ces politiques, le G7 n’a aucun problème cette année pour brandir un nouvel objectif : la lutte contre les inégalités. La présidence française promet ni plus ni moins que le G7 va « rendre le capitalisme plus juste », aller « vers la réduction des inégalités et la justice fiscale » et même « mettre fin à l’évasion fiscale ». C’est pourtant tout l’inverse de la politique menée par E. Macron, qui a mené une exceptionnelle redistribution fiscale vers les ultra-riches.

Un président qui pense qu’« on met un pognon de dingue dans les minimas sociaux » et qui s’attelle à affaiblir méthodiquement la protection sociale, les services publics et le droit du travail.

Ce système de plus en plus injuste et destructeur du vivant ne peut être poursuivi qu’en faisant taire les voix qui s’élèvent contre lui. Raison pour laquelle les chefs d’État du G7 associent au capitalisme financier des politiques de répression de plus en plus brutales et autoritaires, qui se sont traduites en France par des violences policières contre les Gilets jaunes poussant les Nations Unies à demander une enquête approfondie.

Ce que défendra le contre G7

Face aux 7 chefs d’État réunis au G7 et à la suite des contre-sommets qui ont forgé le mouvement altermondialiste, de nombreuses associations, syndicats et citoyen·ne·s ont décidé de ne pas se taire. Ils veulent éteindre l’incendie de la planète perpétré par ces politiques, dissimulé par un écran de fumée de beaux discours. Ils ont décidé de défendre un autre monde, plus juste et désirable et d’exiger une coopération multilatérale entre pays, fondée sur la solidarité entre les peuples et une réponse à l’urgence écologique. Ils se mobiliseront contre le G7, de façon pacifique mais déterminée.

Ce contre-G7 se tiendra du 19 au 26 août à Hendaye, ville avec laquelle un long dialogue a été instauré pour que tout se passe au mieux. Mais plusieurs décisions du gouvernement laissent penser que celui-ci s’apprête à nourrir les tensions. Ainsi, à quelques centaines de mètres des lieux du contre-sommet, le Centre de rétention administrative (CRA) d’Hendaye, symbole de la répression de l’Etat français contre les migrants, qui devrait être fermé tout l’été sera en fait transformé en centre de détention pour les personnes arrêtées dans le cadre du G7.

Nous dénonçons un piège tendu par l’Etat, qui risque de transformer Hendaye en point de fixation, bien loin de l’ambiance feutrée qui règnera lors des réceptions du G7 à l’Hôtel du Palais à Biarritz. Le CRA doit être fermé, comme c’était initialement prévu. Si tel n’était pas le cas, le gouvernement porterait la responsabilité de ce qui apparaîtra nécessairement comme une provocation vis-à-vis des participant.es qui seront là pour montrer que des alternatives existent face aux représentant.es des pays les plus riches.

Signataires :
Jérémie Chomette, Directeur Général, France Libertes – Fondation Danielle Mitterrand, Bernard Dreano, pour IPAM (Initiatives pour un autre monde), Olivier Dubuquoy, fondateur de ZEA,  Khaled Gaiji, Président des Amis de la Terre France, Nicolas Galepides, secrétaire général, SUD PTT, Nicolas Girod, porte-parole, Confédération Paysanne, Murielle Guilbert, secrétaire nationale de l’Union syndicale Solidaires, Kévin Jean, président de l’association Sciences Citoyennes, Jean-Louis Marolleau, Secrétaire Exécutif, Réseau Foi et Justice Afrique Europe, Roland Nivet et Edith Boulanger co-porte-paroles du Mouvement de la paix, Marie Pochon, Coordinatrice Générale de Notre Affaire À Tous, Aurélie Trouvé, porte-parole, Attac France, Le collectif « Enseignant.e.s pour la planète », Le collectif « Unis pour le climat », Bizi, EH Bai, Ensemble Pays Basque, Fi Bayonne Gorriak Insoumis, Lurralde Askea, Solidaires Pays Basque, Sortu

“Borroka klimatikoa, botere sozialaren aldeko borroka da”
Asbjørn Wahl
www.ela.eus/eu/ingurumena/albisteak/201cborroka-klimatikoa-botere-sozialaren-aldeko-borroka-da201d?utm_source=astekaria&utm_campaign=2019-07-17

Asbjørn Wahl, aholkulari sindikal, ITFren klima aldaketarako bozeramaile ohi, idazle eta aktibista politiko norbegiarraren hausnarketa jasotzen duen artikulua.

Gizateriak krisi sakon eta desafiatzaile ugari ditu gaur egun: ekonomikoa, soziala, politikoa, elikadurarena, eta, jakina, klima aldaketari dagokiona, milioika pertsona mehatxatzen dituena.

Krisi horiek arrazoi berdinak dituzte, gure sistema ekonomikoan sustraiak dituztenak. Krisi ekonomikoa eta klimatikoa, beraz, ekonomia kapitalistaren zati integrala dira.

Erabilera balioaren ordez mozkinak sortzeko sistema bat da; ekonomiaren hazkundearen araberakoa da (kapitalismoa, bera gabe, krisian sartzen da); langileak esplotatzen ditu eta baliabide naturalak gainditzen ditu… Etorkizuneko belaunaldientzako bizitzeko espazio gisa Lurra suntsitzeko zorian dagoen sistema da.

Hala ere, krisi aniztasun hori ez da bakarrik mehatxua, aukera bat ere bada. Gizartearen mobilizazioa indartzen lagundu dezake, egungo joera apurtzeko, gizartearen garapen demokratiko eta planifikatuaren alde.

Klima aldaketari aurre egiteko neurriek aldaketa handiak eskatuko dituzte gizartean, eta gizarte gatazka handia ekarri dezake. Ez da nahikoa izango ingurumen politikako gaietan soilik zentratzea. Hori dela eta, klima aldaketaren aurkako borroka eta ingurumen borroka testuinguru politiko zabalagoan kokatu behar dira.

Sistemarekin planteamendu kritikoa behar da. Gure gizarte eredua, gure ekoizpen eta kontsumo eredua zalantzan jartzen dira gero eta gehiagotan. Krisi honetatik irteteak aldaketa sistemikoa eskatzen du; izan ere, gizarteko indarren korrelazioan aldaketa sakona eragiteko gai bagara soilik izango da posible hau gertatzea.

Akordioa, baina ez irtenbidea

Parisko goi-bileran (2015ean izan zen COP21) klima aldaketaren aurka borrokatzeko benetako lehen akordioa itxi zen. Gobernuak 25 urte baino gehiagoz negoziatzen aritu dira berotegi efektua eragiten duten gasen isuriak murrizteko.

Hala ere, emisioak ez dira murriztu. Are gehiago, proportzio handietan hazi dira, 1990. urteaz geroztik %60 baino gehiago, eta hazten jarraitzen dute.

Garraioak eragindako emisioak %120 areagotu dira azken 30 urteetan, eta mundu osoan gora egiten jarraitzen dute, baita beste sektore ekonomiko batzuetan izandako murrizketen erritmoan ere. Gaur egun, energia berriztagarriaren hazkundea moteldu egin da, eta inbertsioa erori egin da.

Parisko Akordioaren helburua anbizio handikoa da. Berotze globala 2ºC-tik behera mantentzeko helburua indartu zen, eta, beraz, gobernuek orain “ahaleginak egin” beharko lituzkete, industrializazio aurreko mailen gainetik, 1,5ºC-ko tenperaturaren igoera mugatzeko.

Akordioaren puntu ahula da helburu horren eta hori lortzeko hartutako neurrien artean desfase handia dagoela. Herrialde guztien borondatezko aitorpenetan (“Nazionalki Erabakitako Aurreikuspen Independenteak” INDC) oinarritutakoak, beren emisioak murrizteko prest dauden herrialde guztien arabera, momentuz 3-4º-ko tenperatura igotzera zuzentzen gara. Horrek esan nahi du hondamendi klimatikoa datorrela.

Interes gatazka

Hala ere, hondamendia saihestu egin daiteke. Posible eta errealista da berotegi efektuko gasen isuriak murriztea, berotze globalaren ondorio txarrenak saihesteko. Hala ere, oso arriskutsua da hori bere kabuz gertatuko dela, merkatu mekanismoen bidez eta bost urterik behin borondatezko aitorpenak egiteko prozesuaren bidez.

Aukera hori ebaluatzeko, geure buruari galdetu beharko genioke azken 25 urteotan zergatik ez diren gai izan beharrezko neurriak adosteko. Are gehiago, zientziak hondamendia saihesteko beharrezkoa dela esaten dutena egiteko zergatik ez dira gai izan? Ez da soluzio faltagatik izango. Klima krisia saihestu egin daiteke. Hondamendia saihesteko beharrezkoak diren teknologia, ezagutza eta gaitasunak ditugu. Erronkarik handiena hitzak ekintza bihurtzea itzultzea da.

Borroka honetan munduko korporazio boteretsuenetako batzuei aurre egin behar diegu, beren interesak erabiltzen dituzten politikari neoliberalen armada batekin aliatuak. Petrolio konpainiak munduko enpresa handi eta boteretsuenen artean daude munduan, eta beren botere guztia erabiltzen ari dira beren interesak kaltetzen dituzten politikak saihesteko. Botere ekonomiko eta politiko izugarria dute.

Beraz, sindikatuen aliantza batek, mugimendu sozialek, ekologistek eta beste zenbait indarrek, behetik presio handia eginez soilik irten gaitezke klima hondamenditik.

Klima aldaketaren aurkako borroka hori – katastrofe klimatikoaren aurkakoa – Ez da mugimendu sindikalak, austeritateari aurre egiteaz gain, bere gain hartu behar duen borroka bat gehiago. Gero eta gehiago izango da borroka beraren zati handi bat. Aldaketa klimatikoa geldiarazten ez bada, edo +1,5º edo +2º-ko helburura mugatzen ez bada, gure esku dagoenean azkar jarduten ez badugu, benetan enplegu suntsitzailerik handiena bihurtuko da.

Komunitateak suntsituko ditu eta muturreko gizarte degradazioa sortuko du. Behetik gora aberastasuna birbanatzen jarraituko du, pobrezia handituz eta dimentsio ezezaguneko migrazio krisiak eraginez. Klima aldaketa suntsitzailea saihesteko gure borroka, beraz,nahi dugun gizarte motaren inguruko interes borrokaren zati handi bat da, klaseen borroka.

Jabetza publikoa eta kontrol demokratikoa

Klima aldaketaren aurkako borrokak gizartea goitik behera aldatzea eskatuko du. Klimari modu negatiboan eragiten dioten jarduerak gelditu egin behar dira, eta energia berriztagarriak, energia aurreztea eta ingurumenaren ikuspegitik iraunkorrak diren jarduerak garatu behar dira.

Horrek ere gizartearen babesa izan dezan, aldaketa horiek jendearen segurtasun sozial eta ekonomikoa babestuko dute, eta, azken batean, guztiontzako gizarte hobea sortzen dute. Ez dugu onartuko langile sektore jakin batzuen langabezia eta marjinazioa.

Beste modu batera esanda, trantsizioak justua izan behar du, eta hori modu planifikatuan eta sistematikoan soilik lor daiteke, prozesu demokratikoen bidez, eta gizarteak aberastasuna erabat birbanatzeko prest egon beharko du.

Beste ikuspegi batetik begiratuta, klima salbatzeko, kontrol demokratiko mota berri bat behar dugu, ekonomia barne. Politika erasokorra eta proaktiboa behar dugu.

Inbertsioen joera aldaketa behar dugu, berriztagarriak ez diren energia iturrietatik berriztagarriak direnetara inbertsioak pasatzeko. Gaur egungo industria eta berriztagarrietan oinarritutako berrindustrializazioa behar dira.

Garraio publikoan inbertsio handiak behar ditugu, doakoa izan behar baita garraio sektorean isurketak geldiarazteko. Lurralde antolamenduaren eta hiri antolamenduaren planteamendu guztiz berritzailea behar dugu, ingurumena eta klima ardatz nagusia duen antolamendua.

Ikerketa eta garapena bultzatu behar dira, berrikuntzaz eta gaitasunen garapenaz gain. Laburbilduz, beharrezkoa dena egin behar dugu, 1,5-2,0 ° C-tik beherako tenperaturaren hazkundea mantentzeko.

Austeritatearen aurkako borrokak jabetza publikoaren eta kontrol demokratikoaren beharra hainbat alorretan eragiten du: zerbitzu publikoen defentsan, edo pribatizatutako propietateak eta zerbitzuak berriz kontrol demokratikoaren pean jartzeko borrokan. Gure erronka nagusietako bat da erregai fosilen finantzazioa eta industria konplexuaren onura jasotzen duten korporazio ahaltsuak eta instituzioak kontrol demokratikoan jartzea.

Klima-aldaketaren aurkako borrokan, energia sektorea frontearen lehen lerroan dago: CO2 isurketak funtsean energia dira, eta sektore hori kontrol demokratikoari jartzen ez bazaio, ez ditugu beharrezko erritmoak behar dituen transformazio sakonak lortuko.

Klima aldaketari aurre egiteko borroka soziala uztartzea

Mugimendu sindikalak borroka horretan rol erabakigarria hartu beharko du, gizartean duen posizio estrategikoa dela eta. Hala eta guztiz ere, sindikatu guztiak defentsiban daude mundu osoan, eta botere ekonomiko handien eraginpean daude. Azken urteotan, mugimendu sindikalak gero eta politika sendoagoa garatu du austeritatearen eta berotze orokorraren aurka. Orain behar dena eztabaida sakonagoa da estrategia eraginkorrei buruz, eta gure helburuak lortzeko mobilizazio eta borroka-moduetan zer egin behar den. Nola nahi ere, azkar eta azkar jokatu behar dugu. 25 urte baino gehiago iraun duen COPen prozesuan, petrolio eta finantza konpainia handiak, gobernu neoliberalak eta merkatuaren indarrak gure izenean arazo horiek konpontzeko gai ez direla ikusi dugu. Eta krisi ekonomiko eta sozialei buruz gauza bera esan daiteke. Korporazioek botere guztia mobilizatzen ari dira, mozkin gehiago lortzeko bidean etsipenik ez izateko. Saihestezinak diren emaitzak soilagoak dira eta berotegi efektuko gasen isuriak handiagoak dira. Sindikatuentzat, klima aldaketaren aurka borrokatzea ezin da izan orain arte lortutako konkistak sakrifikatzea. Aitzitik, helburua mundu guztiarentzat gizarte hobea sortzea da.

Gizarte ekologiko eta iraunkorrerantz trantsizioak abantaila asko ditu. Milaka enplegu berri sortuko dira garraio publikoan, energia berriztagarrietan, etxebizitza eta industria jasangarrien berrikuntzan. Berotegi efektuko gasen murrizketaren ondorioz, lantokiek eta erkidegoek gutxiago kutsatuko dute.

Ekonomiaren kontrol demokratiko handiagoa izateak lantokietako lehia eta presioa murriztuko ditu. Energia iturri berriztaezinen gehiegizko ustiapenaren amaierak lanaldiaren murrizketa erradikala egiteko aukera irekiko du. Besteak beste, horrelako bilakaerak estresa, tentsioa eta presio mentala gutxitzea eragingo du.

Presio gehiago behetik!

Klima-aldaketaren aurkako borroka eta austeritatearen aurkako borroka ezin da zerbait abstraktua izan; jendearen eguneroko bizitzako arazo eta irtenbide zehatzetan oinarritu behar da.

Borrokak batu eta zabaldu behar ditugu. Sindikatu gehienak austeritatearen aurkako borrokan ari dira, gero eta sindikatu gehiagok bat egiten dute klima aldaketaren aurkako kanpainarekin. Trade Unions for Energy Democracy-ren (TUED, Demokrazia Energetikoaren Sindikatuak) eta Global Climate Jobs Network (Klimatikoen Sare globala) ekimenak errealitate garrantzitsuak dira zentzu horretan.

Koalizio zabalak behar ditugu borroka egiteko, agenda erradikalagoa, militanteagoa eta gero eta presio handiagoa, Parisko Akordioan finkatutako helburuak eta anbizioak bete ahal izateko.