Articles du Vendredi : Sélection du 18 septembre 2015

Qu’arrivera-t-il si nous brûlons toutes nos réserves d’énergie fossile ?


http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/09/15/quarrivera-t-il-si-nous-brulons-toutes-nos-reserves-denergie-fossile/

Il est temps d’agir

Lettre ouverte des ONG et associations humanitaires relative aux dérèglement climatique et crises humanitaires
www.climatetcrises.fr/lettre-ouverte

Climat, de l’incantation au “faire ensemble”

Alda !
www.enbata.info/articles/climat-de-lincantation-au-faire-ensemble

Ozeanoei “denbora amaitzen” ari zaie, NBEk ohartarazi duenez

Garazi Zabaleta
www.argia.eus/albistea/ozeanoei-denbora-amaitzen-ari-zaie-nbek-ohartarazi-duenez

Qu’arrivera-t-il si nous brûlons toutes nos réserves d’énergie fossile ?


http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/09/15/quarrivera-t-il-si-nous-brulons-toutes-nos-reserves-denergie-fossile/

Que se passera-il si nous continuons à brûler nos réserves d’énergie fossile – charbon, pétrole, gaz, ainsi que sables bitumineux, gaz et pétroles de schiste – jusqu’à leur épuisement ? Une étude de chercheurs allemands, anglais et américains, publiée le 11 septembre dans la revue Science Advances, tente d’y répondre.

Et la conclusion est simple : « Si on brûle tout, tout fondra », résume son auteur principale Ricarda Winkelmann, chercheuse à l’Institut de Potsdam en Allemagne. Relayée notamment par le New York Times, l’étude prévoit un scénario digne de Waterworld [et non Waterland comme nous l’avons écrit par erreur], avec des températures augmentant de 20 °F (11 °C) et un niveau des océans s’élevant de 60 mètres.

Avec un tel réchauffement, c’est en effet toute la glace de l’Antarctique qui fondrait en un temps record. A la surprise des scientifiques, si la fonte des glaces à grande échelle met du temps à démarrer – un siècle peut-être –, elle pourrait, une fois enclenchée, voir s’évanouir la moitié des glaces de l’Antarctique en un millier d’années. L’océan s’élèverait alors de 30 centimètres par décennie, soit environ dix fois plus qu’aujourd’hui, et de larges pans de la Terre seraient noyés :

« Une montée du niveau de la mer de 60 mètres entraînerait la submersion de presque toute la Floride, la plupart de la Louisiane et du Texas, toute la côte est des Etats-Unis, une grande partie de la Grande-Bretagne, la majeure partie de la grande plaine européenne, de vastes zones des côtes de l’Asie. Du côté des villes noyées, on compterait Miami, La Nouvelle-Orléans, Houston, Washington, New York, Amsterdam, Stockholm, Londres, Paris, Berlin, Venise, Buenos Aires, Pékin, Shanghaï, Sydney, Rome et Tokyo. »

Extinction de la plupart des plantes et animaux

Quant à cette hausse à deux chiffres des températures, elle causerait l’extinction de la plupart des plantes et des animaux, et rendrait de vastes zones de la planète incultivables et inhabitables par l’homme.

« Voici l’humanité comme une force géologique », conclut Ken Caldeira, chercheur à la Carnegie Institution for Science à Stanford. Cette fonte, inédite par sa rapidité, ne l’est pourtant pas tant que ça par son ampleur. Il y a 35 millions d’années, l’Antarctique était un continent vert et luxuriant, rappelle le New York Times, et la Terre a déjà connu des océans de dizaines de mètres plus hauts. « Le long de la côte est, des coquillages de seulement 3 millions d’années peuvent être déterrés à plus de 150 kilomètres des côtes actuelles dans les terres », souligne le quotidien américain.

Si les politiques échouent à limiter l’usage de ces énergies, les gisements fossiles seront totalement brûlés d’ici le milieu du XXIIe siècle, calcule l’étude.

Il est temps d’agir

Lettre ouverte des ONG et associations humanitaires relative aux dérèglement climatique et crises humanitaires
www.climatetcrises.fr/lettre-ouverte

La fréquence et l’intensité des crises liées aux catastrophes d’origine naturelle ou humaine ne cessent d’augmenter dans le monde. Nous, ONG et organisations de la société civile qui intervenons dans ces contextes, nous sentons concernées par la menace globale que représentent le dérèglement climatique et ses impacts sur les populations. Nous appelons donc les chefs d’états à ne pas considérer les conséquences du dérèglement climatique comme des évènements exceptionnels et imprévisibles sur le chemin du développement, mais bien comme une menace à long terme pour la pérennité du développement lui-même.

Le dérèglement climatique est un facteur d’aggravation des crises humanitaires et constitue de ce fait un défi majeur tant pour les gouvernements que pour les acteurs humanitaires non gouvernementaux. Ses multiples conséquences ne se limitent pas uniquement aux écosystèmes mais affectent, directement ou indirectement, la survie des populations, leurs moyens de subsistance, et génèrent tensions sociales et pertes économiques.

En 2014, 87%1 des catastrophes naturelles recensées étaient liées au climat. 22,4 millions de personnes ont été déplacées du fait de phénomènes climatiques en 2013 et 250 millions2 pourraient l’être d’ici 2050. Le dérèglement climatique dégrade également les conditions d’hygiène et de santé, accroissant la vulnérabilité des populations face aux catastrophes. Le réchauffement climatique favorise la propagation de maladies à transmission vectorielle comme le paludisme qui pourrait provoquer à lui seul 60 0003 victimes supplémentaires par an entre 2030 et 2050. Parmi les groupes de population touchés, les personnes les plus vulnérables (femmes, enfants, personnes handicapées, personnes âgées et populations autochtones) sont également les plus démunies face à de telles crises et seront les plus sévèrement frappées. En effet, le dérèglement climatique continuera d’aggraver les crises liées à l’insécurité alimentaire et hydrique, exposant 600 millions4 de personnes supplémentaires à la faim d’ici 2080 et 40%5 de la population mondiale aux pénuries d’eau d’ici 2050. Dans le contexte d’états fragiles ou en guerre, les populations les plus pauvres sont les plus durement touchées par le dérèglement climatique, augmentant le risque d’affrontements, générant des tensions sociales associées aux déplacements massifs de populations et alimentant l’apparition de conflits liés à l’accès aux ressources.

L’enjeu n’est plus uniquement d’ordre technico-scientifique, il est désormais politique. A l’heure où les dirigeants internationaux s’engagent pour les Objectifs de Développement Durable (ODD) et cherchent à améliorer la réponse humanitaire au travers du Sommet Humanitaire Mondial de 2016, un développement dit durable ne pourra être atteint si les impacts du dérèglement climatique ne sont pas significativement réduits. Nous appelons donc l’ensemble des acteurs engagés dans les ODD à inciter les parties prenantes des négociations de la COP21 à conclure un accord ambitieux qui soulignerait le lien entre dérèglement climatique et crises humanitaires et limiterait le réchauffement planétaire à 1,5°C. Les acteurs humanitaires peinent déjà à répondre au nombre croissant de crises intenses et simultanées qui éclatent actuellement dans le monde mais s’efforceront de faire face aux nouveaux troubles dans un monde où la température augmenterait de plus de 1,5°C. Ils n’auront, néanmoins pas les moyens de répondre aux effets cumulés d’une augmentation de 3°C de la température du globe. Les états se doivent de saisir l’opportunité offerte par la COP21 afin de s’attaquer simultanément aux défis du dérèglement climatique, de l’accroissement du nombre de crises humanitaires et des obstacles à un développement durable, afin d’aboutir à des décisions ambitieuses dans le cadre de ces négociations.

Dans le but de prévenir les crises humanitaires et sauver des vies, un accord ambitieux, conforme aux ODD, engage à :

  1. Éviter les crises humanitaires en s’attaquant aux causes du dérèglement climatique
  • Réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre dans le but d’atteindre l’objectif zéro émission d’ici 2050 et de limiter le réchauffement en dessous de 1,5°C, en transférant par exemple les fonds actuellement dédiés aux subventions des énergies fossiles vers des investissements en faveur des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique et de l’adaptation au dérèglement climatique.
  • Définir des objectifs nationaux pour la préservation des forêts, des mangroves et des récifs coralliens et encourager le développement des pratiques agro-forestières et agro-écologiques pour favoriser la reforestation ainsi qu’une meilleure utilisation des sols.
  1. Réduire les effets des crises humanitaires en s’attaquant à la vulnérabilité des communautés
  • S’assurer que toute action relative au dérèglement climatique (mitigation et/ou adaptation) prenne en compte et intègre la nutrition et la sécurité alimentaire dans tous les plans d’adaptation, compte tenu du nombre considérable de crises alimentaires parmi les crises humanitaires. Le modèle de l’agro-écologie, qui intègre des critères environnementaux tels que la faible émission de carbone, le respect du principe d’équité sociale et le renforcement de la résilience doit être promu comme la solution pour lutter à la fois contre le dérèglement climatique et l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
  • Accroître les mesures se rapportant à l’hygiène et l’assainissement dans tous les plans d’adaptation, de réponse aux crises et de financement d’urgence sachant que la santé et l’accès aux besoins fondamentaux sont des thématiques centrales dans les stratégies d’adaptation et de résilience au dérèglement climatique.
  • Le PNUD6, le BNURRC7 et la CCNUCC8 doivent collaborer afin de mettre en place un cadre d’évaluation commun pour mesurer les progrès en matière de résilience pour toutes les actions post-2015, en ventilant les données concernant les différentes catégories de populations vulnérables.
  • Créer ou renforcer les plateformes multi-parties pour la Réduction des Risques de Catastrophes (RRC) et/ou la stratégie d’Adaptation au Changement Climatique (ACC) afin d’améliorer la communication transdisciplinaire et la redevabilité à tous les niveaux. Les gouvernements doivent mettre en place des objectifs nationaux ambitieux ainsi que des indicateurs régionaux permettant d’évaluer la résilience de toutes les politiques post-2015. Ces politiques devront être corrélées avec les Plans Nationaux d’Adaptation et les plans de Réduction des Risques de Catastrophes.

III. S’organiser aujourd’hui pour répondre aux conséquences actuelles et futures des crises humanitaires liées au dérèglement climatique

  • Inclure la planification des conséquences du dérèglement climatique, dont les migrations et déplacements, dans toutes les stratégies, au niveau régional comme au niveau mondial afin d’assurer une répartition équitable des conséquences de déplacements de populations et d’intégrer la prise en charge des pertes et dommages de façon cohérente et globale.
  1. S’engager à tout mettre en œuvre pour appliquer les mesures ci-dessus
  • Les stratégies d’adaptation doivent prendre en compte le contexte et la fragilité des états afin d’avoir un impact durable et global.
  • Les politiques climatiques doivent intégrer les normes existantes relatives aux droits de l’Homme, notamment l’égalité et l’équité entre les sexes, afin d’aboutir à des changements positifs durables. De plus, les plans d’action doivent inclure les populations les plus vulnérables (femmes, enfants, personnes âgées, personnes handicapées et populations autochtones) pour renforcer leur résilience par rapport aux risques climatiques et permettre leur participation et leur émancipation.
  • Toutes les mesures pour réduire les conséquences des crises humanitaires liées aux dérèglements climatiques devront bénéficier d’un financement suffisant. Les gouvernements doivent consacrer 5% de leur Aide Publique au Développement (APD) aux plans de Réduction des Risques de Catastrophe (RRC). Le budget alloué aux programmes RRC locaux, aux stratégies locales et aux projets de renforcement de compétences doivent représenter 50% du budget global des RRC9.
  • Les pays riches doivent soutenir davantage les pays les plus touchés en investissant dans l’adaptation, dans le cadre de leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars chaque année d’ici 2020, décidé lors de la COP15.
  • Les bailleurs de fonds doivent intégrer la mise en place de programmes de résilience sur le long terme, comme critère d’attribution de leur APD, en intégrant des indicateurs de résilience dans les demandes de financement.

1 UNISDR, The Economic and Human Impact of Disasters in the last 10 years, base de donnée EM-DAT 2014, Centre de Recherche pour l’Epidémiologie des Catastrophes Naturelles (CRED), Munich Re. Ce pourcentage est en nette augmentation, il y a vingt ans, 75% des catastrophes naturelles étaient liées au climat. Consulté le 3 août 2015 http://www.unisdr.org/files/42862_economichumanimpact20052014unisdr.pdf
2 IDMC-NRC, ‘At a glance : Global Estimates 2014 : people displaced by disasters’. Consulté le 3 août 2015 http://www.internal-displacement.org/assets/library/Media/201409-globalEstimates-2014/At-a-glance-global-estimates-2014-17Sept2.pdf
3 OMS, Changement climatique et santé, Aide-mémoire N°266, Centre des médias, révisé en aout 2014. Consulté le 3 août 2015 http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs266/en/
4 PNUD, La lutte contre le changement climatique : un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé, Rapport mondiale sur le développement humain 2007/2008. Consulté le 3 août 2015 http://hdr.undp.org/sites/default/files/reports/268/hdr_20072008_en_complete.pdf
5 OCDE, Les conséquences de l’inaction, Perspectives de l’environnement à l’horizon 2050, Publication OCDE, 2012. Consulté le 3 août 2015 http://www.oecd.org/fr/env/indicateurs-modelisation-perspectives/49848948.pdf
6 PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
7 BNURRC : Bureau des Nations Unies pour la Réduction des Risques de Catastrophes
8 CCNUCC : Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
9 Joint Civil Society Organizations Statement, ‘Ensuring Sustainable Development: The need to invest in disaster risk reduction’, 15 juin 2015. Consulté le 3 août 2015 https://www.bond.org.uk/data/files/Joint_CSO_statement_on_DRR_in_FFD_FINAL_120615.pdf Global Humanitarian Assistance, Disaster Risk Reduction – spending where it should count, 2012. Consulté le 3 août 2015 http://www.globalhumanitarianassistance.org/report/disaster-risk-reduction-spending-where-it-should-count

Climat, de l’incantation au “faire ensemble”

Alda !
www.enbata.info/articles/climat-de-lincantation-au-faire-ensemble

Jean-Stéphane Devisse est expert en politiques climat-énergie et c’est à ce titre qu’il a participé à la publication du livre Changement climatique pour les nuls du journaliste spécialisé Olivier Nouaillas. Alors que le Tour Alternatiba pour le climat entame son 4è mois à travers l’Europe et qu’en plus d’Alternatiba Garazi (11 octobre) et Bilbo (24 octobre), une cinquantaine de villages des alternatives sont prévus à la rentrée en vue de la COP21 de Paris, il répond aux questions d’Alda sur l’urgence climatique.

 

Le climat et le changement qu’il est en train de connaître nous semblent une notion complexe, on confond le réchauffement global de température moyenne de la terre (notion abstraite) avec les variations de températures qu’on peut connaître entre les saisons et qu’on supporte relativement bien. Comment y voir clair ?

D’un côté la météorologie c’est le temps qu’il fait et la façon dont on le ressent, de l’autre, la climatologie considère le temps qu’il a fait et qu’il fera et les tendances évolutives du temps. Les évolutions majeures du climat pour l’instant étaient liées à des éruptions volcaniques, à la position de la terre par rapport au soleil, etc. Depuis 200 ans, cette évolution majeure est liée à l’émission de gaz à effet de serre liée à l’activité humaine. Depuis que les relevés météorologiques existent (les années 1860), on a la présence de fortes dépressions au Pays Basque pour les mois de septembre, donnant lieu à un été indien et à des épisodes pluvieux. Ces dernières années, cette séquence n’est plus systématique comme auparavant. La météorologie permet de voir des éléments factuels. La climatologie nous permettant de mesurer les tendances sur les années, décennies, voire les siècles à venir.
En fait, on ne cherche pas à dire le “temps qu’il fera” mais à préciser les tendances liées à l’augmentation progressive des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les prévisionnistes travaillent sur des “analogues climatiques” et nous permettent de faire des comparaisons ou simulations d’un Pays Basque qui, avec une température moyenne mondiale de +3 ou +4 degrés, aurait les caractéristiques de ce qui existe actuellement à Porto ou à Lisbonne, voire plus au sud, (si on va au-delà des 4°C). Il est aisé de comprendre via les “analogues climatiques” que la couverture végétale, l’élevage, l’agriculture du Pays Basque, n’auront rien à voir avec ce qui existe actuellement sur le territoire. Le Pays Basque aura plus des caractéristiques météorologiques de ce qui existe au sud du Portugal et en Andalousie. Si les émissions se poursuivent ce sont de grandes mutations qui sont en perspectives. La révolution industrielle avec la machine à vapeur (utilisant le charbon) a marqué un tournant. Actuellement 80% de la demande mondiale en énergie trouve une réponse via les énergies fossiles, émettrices de gaz à effet de serre. De plus, sur le plan mondial, l’occidentalisation des modes alimentaires fait en sorte qu’on fait de plus en plus usage d’une agriculture intensive et de protéines d’origine animale. Cela entraîne l’augmentation de l’émission de méthane, un autre gaz à effet de serre puissant.

 

Quelles sont les conséquences concrètes de l’augmentation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ?

On connaissait les précipitations soudaines et massives entraînant des inondations “classiques” des basses vallées de la Nive, de l’Adour et de la Bidassoa en Pays Basque. Il faudra s’habituer à vivre avec des événements extrêmes qui, auparavant, étaient liés aux saisons ou à un grand orage et qui à l’avenir suivront une autre logique. Avec la cocotte-minute qui va monter en pression et en chaleur, il y a une “irascibilité” qui se mettra en place. On peut même imaginer l’apparition de période de sécheresse en Pays Basque. Ce qui est en train d’arriver, les simples citoyens et les élus locaux ont parfois du mal à le percevoir. La montée de la température moyenne du globe fait que le niveau de la mer augmente de 3,5 mm par an. Les 10 dernières années, l’océan est monté de 3 cm. En ajoutant à cela des précipitations plus abondantes, il est aisé de comprendre que des inondations plus importantes et plus fréquentes frapperont la bande côtière. Les coûts économiques et humains (imaginer de reloger les gens de la vallée de l’Adour, etc.) seront de plus en plus élevés. Certes les assurances existent, mais certaines assurances refusent d’assurer des biens soumis à des risques d’inondations. Du côté de Bassussarry, Lahonce, etc. ça commence à être compliqué. Tout aménagement du territoire devra prendre de nouveaux paramètres en compte pour anticiper et ne pas subir les conséquences des événements climatiques extrêmes. Nos économies se montrent très peu résilientes par rapport au changement climatique et à la crise énergétique. Il faudra donc se représenter l’urbanisme de demain en prenant en compte ces paramètres. Quand on sait que la Chine à des projets d’urbanisation, d’ici 2035, qui correspondent à des surfaces équivalentes à celles que l’Europe a urbanisées en 2000 ans, il faut agir vite.

 

Pour ne pas tomber dans le catastrophisme et faire face à l’effet de sidération, quelles sont les pistes qui existent ou les solutions durables à utiliser ?

Les initiatives territoriales les plus probantes que j’ai pu rencontrer reposent sur les acteurs du territoire, élus ou pas, responsables associatifs, entrepreneurs. Dans ces cas, ces forces vives mettaient en oeuvre des solutions ayant pour objectif de rendre le territoire agréable à vivre pour aujourd’hui et demain, voire après-demain. Un des paramètres pris en compte était de ne pas procéder à des aménagements irréversibles à l’encontre de cette qualité de vie. Or, si le territoire est attractif et agréable à vivre il faut des activités créatrices d’emplois pour vivre aujourd’hui et demain sur place. Si ces activités d’aménagement sont à créer, autant choisir celles qui créent l’emploi local. En moyenne, chaque ménage paie 1.000€ par an pour l’éclairage, l’eau chaude, le chauffage. Les collectivités, elles, peuvent avoir des millions d’euros mobilisés pour les dépenses énergétiques. Dans le cas de l’Hexagone, on sait que l’énergie consommée est produite ailleurs. De plus en plus de territoires réfléchissent en fonction de ces grands paramètres : comment créer de l’emploi local, maintenir un territoire agréable à vivre en diminuant la dépendance énergétique territoriale. Pour cela, ils cherchent à voir comment en tant que communauté (collectivité, tissus d’entreprises, habitants) cofinancer en ayant la gouvernance des projets d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques. La levée de fonds participative permet d’imposer aux banques et développeurs des projets pouvant satisfaire au mieux les besoins alimentaires et énergétiques de la population locale. Les territoires à énergie positive sont dans cette démarche (de Garazi-Baigorri à Grenoble et ses 440.000 habitants)et visent à diviser les consommations d’énergie en satisfaisant une part grandissante des besoins alimentaires et énergétiques par la production locale. En Allemagne 53% de la puissance installée en matière de production électrique appartient aux citoyens (coopératives d’habitants et réseaux d’agriculteurs). Actuellement, dans le domaine de l’énergie, la vision, hélas, libérale, de la Commission Européenne, fait en sorte que l’alternative aux grands opérateurs privés viendra par la réflexion et l’organisation territoriale.

Vous utilisez la formule “il faut passer de l’incantation au faire ensemble”. Qu’entendez-vous par là ?
L’incantation permet de faire rêver et de montrer que tout est possible. Le faire ensemble, lui, est très important, car il permet de réaliser des améliorations et changements de façon immédiate, au quotidien. De nos jours, malgré l’absence de contrôle social qui existe sur internet, il faut reconnaître qu’il permet de donner un accès à l’information à un très large public. Grâce à l’internet les informations et moyens de changer nos modes de vies peuvent être prêchés par les plus convaincus et portés à la connaissance du grand public.

Le crowdfunding ou le financement participatif, lui, permettra de plus en plus par le financement global d’accéder à la gouvernance locale de différents projets dans le domaine des énergies renouvelables, par exemple. Un ami chercheur à Météo France et travaillant pour la Banque Mondiale, Stéphane Hallegatte, me disait que “malgré un accord au sommet onusien sur le climat de décembre 2015 à Paris (lors de la COP21) on n’empêchera pas l’évolution des températures de dépasser les 2°C.” Mais rester autour de 2°C, c’est mieux que 3° et tout effort sincère vaudra mieux que de ne rien faire. Il faut donc se détacher du fatalisme.

Ozeanoei “denbora amaitzen” ari zaie, NBEk ohartarazi duenez

Garazi Zabaleta
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Ozeanoen egoeraren ebaluazio sakona egin du NBEk lehen aldiz, eta egoera larria dela azpimarratu dute: “Ozeanoen eta itsasoko biziaren suntsiketarekin amaitzeko denbora amaitzen ari zaio munduari”.

Ikerketaren arabera, ozeanoen erabilpen jasangarria ez da gizakiaren jarduerak koherenteki egin arte. Gizakiak itsasoan duen eragina jada ez da “garrantzi txikikoa” ozeanoen eskala globalean, NBEk ateratako datuen arabera.

Txostenak lehen aldiz kimikaren, biologiaren, ekonomiaren, fisikaren eta soziologiaren esparruko adituen ezagutzak bildu ditu, perspektiba global eta integratu bat emanez ikerketari. Mundu osoko 600 zientzialari baino gehiago aritu dira ozeanoak, bere fauna eta flora eta gizakiak berarengan duen eragina aztertzen.

NBEren arabera, lurreko eremuaren %70 hartzen dute ozeanoek, eta 3.500 milioi pertsona baino gehiagok jasotzen dute beharrezko elikadura, energia eta diru-sarrera bertatik. Klima aldaketan, pobrezian eta elikagai eta energia segurtasunean berebiziko garrantzia dute itsas-eremu babestuek, erakundeak adierazi duenez.

Egoerari aurre egiteko, ekainean onartu zuen NBEren Asanblada Orokorrak itsasoko biodibertsitatea babesteko nazioarteko ituna osatzea. Ituna onartuko balitz, mundu mailan ozeanoen kontserbaziorako egin den modu honetako lehena litzateke.