Articles du Vendredi : Sélection du 18 juin 2010

L’évaluation en France, région par région, de l’impact du réchauffement climatique est une priorité

Grégoire Allix
Article paru dans l’édition du Monde du 15.06.10

Réforme des retraites : l’autre solution

Jean-Marie Harribey, Attac ; Willy Pelletier, Fondation Copernic ; Gérard Filoche, inspecteur du travail ; Christiane Marty, féministe ; Christophe Delecourt, CGT-Finances ; Didier Horus, FSU ; Pierre Khalfa, Solidaires ; Olivier Besancenot, NPA ; Martine Billard, PG ; Marie-George Buffet, PCF ; Razzy Hammadi, PS ;
Alain Lipietz, Les Verts.

Article paru dans l’édition du Monde du 15.06.10

Les États-Unis instaurent un revenu maximum… en 1942

Jean Gadrey
Article paru dans l’édition Reporterre.net du 14.06.10

American Tchernobyl

Hervé Kempf
Article paru dans l’édition du Monde du 15.06.10

Ezkerrekoa al da Ekologia politikoa?

Argiako Larrun gehigarritik hartua (Lehen Partea)

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L’évaluation en France, région par région, de l’impact du réchauffement climatique est une priorité

Grégoire Allix
Article paru dans l’édition du Monde du 15.06.10

La France doit d’urgence se donner les moyens de mesurer et de comprendre l’impact du réchauffement. C’est la conclusion pressante de l’ébauche du plan national d’adaptation au changement climatique, que la secrétaire d’Etat à l’écologie, Chantal Jouanno, devait rendre publique, mardi 15 juin. Ce rapport de 150 pages contient les recommandations des acteurs de tous horizons engagés dans la concertation nationale lancée il y a six mois par le gouvernement, sur le modèle du Grenelle de l’environnement.

« Seules l’amélioration des connaissances et leur diffusion auprès de tous les publics permettront de faire de cette question une priorité nationale en ces temps de crise économique », argumente l’ancien député et sénateur réunionnais Paul Vergès, président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique et coordinateur du rapport.
L’analyse territoire par territoire des différents enjeux – eau, agriculture, littoral, urbanisme… – reste notamment à entreprendre. « La hausse des températures ne sera pas partout une catastrophe, ce sera même pour certains une opportunité, seulement on n’a pas une idée très précise des variations régionales du climat et il reste une grande incertitude concernant l’augmentation du niveau de la mer », explique Jean Jouzel. Le glaciologue, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, est l’un des trois présidents de cette concertation.
L’impact promet toutefois d’être considérable, insiste le scientifique : « Le réchauffement est inéluctable, or deux ou trois degrés de plus, c’est vraiment un climat très différent de ce que nous connaissons. Des cultures agricoles vont devoir se déplacer de plusieurs centaines de kilomètres, il faudra inventer une autre façon de vivre en ville, repenser la production d’énergie, abandonner certaines zones littorales… »
Que ce soit en matière de santé, de ressources en eau, de biodiversité, de risques naturels, le réchauffement va aggraver tous les problèmes et entraîner des effets dominos, préviennent les rapporteurs, dont les 202 recommandations fournissent un inventaire fouillé des pistes à explorer. « Nous sommes au tout début d’un travail d’inventaire et d’expertise, nous apportons plus de questions que de réponses : ce sera aux pouvoirs publics de définir quels sont les risques acceptables et ceux qu’il faut à tout prix éviter », estime M. Vergès.
Reste une inconnue de taille : le financement. Selon des estimations de la Banque mondiale et des Nations unies, l’adaptation au changement climatique coûterait à la France entre 800 millions et 5 milliards d’euros par an. Il faut affiner ce devis, recommande le rapport, dont les auteurs s’emploient à rassurer les argentiers de l’Etat en cette période d’austérité : « Le financement de l’adaptation relève en grande part du secteur privé. »
Côté puissance publique, les solutions passeraient par une simple révision des priorités et des réglementations. « L’enjeu sera souvent d’intégrer un volet sur l’adaptation dans des politiques existantes qui bénéficient déjà d’un budget », analyse Michel Havard, député (UMP, Rhône) et président d’un des trois groupes de travail. Quant à l’amélioration des connaissances, « le grand emprunt national comprend un important volet sur la recherche qui pourrait être mobilisé sur ce thème », ajoute le député.
De toutes les façons, « bien anticiper les défis coûtera moins cher que de ne rien faire », résume Jean Jouzel. Quelques chiffres ? Le patrimoine de routes nationales condamnées par une élévation d’un mètre du niveau de la mer a été évalué à 2 milliards d’euros, et dans le seul Languedoc-Roussillon, les logements menacés par la montée des eaux et l’érosion représentent une valeur de 35 milliards d’euros.
Le rapport doit maintenant s’enrichir d’un volet spécifique sur les régions d’outre-mer, d’une consultation auprès du grand public et d’une concertation en régions jusqu’en octobre. Le plan du gouvernement est attendu pour 2011, sans qu’on sache à ce stade s’il prendra la forme d’un grand texte de loi – un genre de Grenelle 3 ? – ou d’une myriade de dispositions réglementaires.

Réforme des retraites : l’autre solution

Article paru dans l’édition du Monde du 15.06.10

Jean-Marie Harribey, Attac ;
Willy Pelletier, Fondation Copernic ;
Gérard Filoche, inspecteur du travail ;
Christiane Marty, féministe ;
Christophe Delecourt, CGT-Finances ;
Didier Horus, FSU ;
Pierre Khalfa, Solidaires ;
Olivier Besancenot, NPA ;
Martine Billard, PG ;
Marie-George Buffet, PCF ;
Razzy Hammadi, PS ;
Alain Lipietz, Les Verts.

Après un mois de consultations en trompe-l’oeil, le gouvernement a remis sa copie aux syndicats et au patronat. Ce document d’orientation est précieux, car il renferme toutes les contre-vérités proférées et fausses solutions avancées depuis près de vingt ans. Choc démographique, catastrophe des régimes de retraite par répartition et travailler plus longtemps se mêlent dans un projet aussi mystificateur qu’inefficace.
Y a-t-il un choc démographique ? Oui, répond le document d’orientation. Non, a répondu à plusieurs reprises le Conseil d’orientation des retraites (COR) dont les conclusions sont sciemment travesties.
Ainsi, la France connaît un allongement de l’espérance de vie, heureuse nouvelle, et une fécondité qui la place juste au niveau du seuil de renouvellement des générations. Le COR a également établi, sans que cela soit contesté, que l’aggravation des déficits des comptes sociaux était essentiellement due à la crise financière et non pas à l’évolution démographique : en 2006, le déficit de l’ensemble du système de retraite était de 2,2 milliards d’euros ; en 2008, il atteignait 10,9 milliards et il devrait être de 32,2 milliards en 2010. La démographie n’exerce son influence qu’à moyen et long terme, et pas dans une accélération foudroyante en quelques mois.
N’y a-t-il qu’une seule solution ? Oui, répond le document d’orientation après avoir écarté sans examen les autres. Une fois ce coup de force perpétré, la réponse est assénée : « Répondre à un déséquilibre démographique par des solutions démographiques. » Elle vaut ce que vaut le diagnostic : erreur magistrale. Le gouvernement s’engage à « écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage ». Or, obliger les salariés à travailler plus longtemps (recul de l’âge légal de la retraite, augmentation de la durée de cotisation, ou combinaison des deux) entraîne obligatoirement une baisse du niveau des pensions sans qu’il soit nécessaire de l’annoncer. Nous le savions depuis les réformes de 1993 et de 2003, nous sommes prévenus pour celle de 2010.
Quand la situation économique reste et restera marquée par un chômage très élevé, l’engagement à « écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage » est un faux-semblant : le travail forcé des seniors se substituera à l’emploi des jeunes en l’absence de création d’emplois en nombre suffisant, et ce surtout en accroissant la durée individuelle du travail.
Les uns travailleront plus. Les autres, jeunes, femmes, sans qualification, quinquas, erreront du chômage à la précarité dans un aller-retour incessant. Ce ne sont pas les velléités de tenir compte de la pénibilité de ceux qui auront déjà été brisés par une longue vie de travail qui atténueront la violence du capitalisme néolibéral exigeant toujours plus de productivité et de rentabilité.
La promesse de créer « une contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital sans restitution au titre du bouclier fiscal » sauvera-t-elle l’ensemble ? Rien n’est moins sûr. On nous annonce une contribution pouvant aller jusqu’à quelques milliards d’euros, alors que le gouvernement n’arrête pas d’apeurer la population avec des déficits de l’ordre de 100 milliards en 2050.
Ce sont des mesures d’une autre ampleur qu’il faut prendre pour développer notre système de retraite par répartition, notamment en réorientant les politiques économiques qui privilégient la finance au détriment de l’emploi, de la formation et des salaires et qui sont au coeur du financement des retraites : un million d’emplois en plus, c’est déjà 5 milliards d’euros de recettes supplémentaires. Il y a aussi des marges d’action importantes en favorisant un plus fort taux d’emploi des femmes, la France se situant au 15e rang de l’Union européenne. La répartition des revenus dans notre pays a, depuis un quart de siècle, tourné à l’avantage décisif des actionnaires et des très hauts salariés managers. Une simple application du taux de cotisation patronale aux dividendes distribués comblerait immédiatement tout le déficit actuel de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse.
L’argument éculé de la perte de compétitivité est ici fallacieux, puisqu’il s’agirait de n’amputer que les dividendes nets reçus par les actionnaires et non les capacités d’investissement des entreprises, et parce que cela ne renchérirait pas les coûts de production. La retraite à 60 ans à taux plein peut être garantie à tous les salariés si de tels choix politiques sont faits aujourd’hui.
Pour couronner le tout, le document d’orientation se prononce en faveur d’une réforme systémique prochaine pour aller vers un système « par points » ou « par comptes notionnels ». Là aussi, le gouvernement piétine les conclusions du rapport du COR de janvier qui a montré le risque d’individualisation exacerbée d’une telle réforme et, ce qui n’est pas le moins savoureux, l’incapacité de tels systèmes à surmonter un choc démographique ou économique.
Deux conclusions s’imposent donc. Primo, la crise financière surdétermine la frénésie avec laquelle tous les gouvernements du monde s’acharnent à imposer des plans d’austérité dont les salariés et les retraités font aujourd’hui les frais, tandis que les tenants de la finance se refont une santé sur le compte des budgets publics ou grâce aux garanties accordées par les Etats.
Secundo, la volonté de faire travailler toujours davantage manifeste le refus de reconsidérer la place du travail dans notre société, le refus aussi d’apprécier l’immense contribution des personnes retraitées, en termes de lien social et de création de services utiles à la société. Bref, l’obstination à promouvoir une société engagée dans un cycle productiviste sans fin.
Notre détermination à faire échec au projet du gouvernement est donc intacte : à l’opposé de la valeur pour l’actionnaire et du « travailler plus pour vivre moins », organisons une juste répartition des richesses, la réduction des inégalités, le partage du travail et une redéfinition des finalités de l’activité économique.

Les États-Unis instaurent un revenu maximum… en 1942

Jean Gadrey
Article paru dans l’édition Reporterre.net du 14.06.10

Ce n’est pas un gag. Le Président des Etats-Unis vient de décider qu’il fallait fixer un plafond de revenu pour contribuer à sortir de la crise. Cela se passe en… 1942, et le Président est Franklin Roosevelt. Il s’ensuivra une période de trente-cinq ans au cours desquelles ce pays connaîtra des inégalités réduites.

En 1942, Roosevelt déclare : « Aucun citoyen américain ne doit avoir un revenu (après impôt) supérieur à 25 000 dollars par an ». C’est l’équivalent de 315 000 dollars actuels, soit 8,5 fois le revenu disponible médian par personne (37 000 dollars), lequel vaut environ trois fois les plus bas salaires à temps plein. On aurait donc, si l’on appliquait aujourd’hui la norme de Roosevelt, un éventail de revenus de l’ordre de 1 à 25, hors personnes vivant sur la base de petits boulots ou d’aide sociale. C’est un écart encore énorme, mais c’est peu au regard de l’éventail de 1 à plusieurs milliers qui a cours actuellement.

Roosevelt n’a toutefois pas pris une décision du type « au-dessus de 25 000 dollars, je prends tout ». Il a mis en place une fiscalité sur le revenu avec un taux d’imposition de 88 % pour la tranche la plus élevée, puis 94 % en 1944-45. De 1951 à 1964, la tranche supérieure à 400 000 dollars actuels a été imposée à 91 %, puis autour de 70-75 % jusque 1981.
C’est ensuite la plongée néolibérale, l’idéologie des « baisses-d’impôts-pour-la-croissance-et-l’emploi-et-contre-le-trop-d’état », avec des taux maximaux de 50 %, puis entre 28 % et 39 % depuis 1987 (actuellement 35 %).

Voir : http://en.wikipedia.org/wiki/Income_tax_in_the_United_States

Même si d’autres facteurs interviennent (la guerre ampute les très hauts revenus à partir de 1940), le résultat de cette politique fiscale se voit sur le graphique suivant, que j’ai déjà commenté dans mon blog du 29 avril, sans avoir alors la possibilité technique de vous reproduire le graphique. Il repose sur les données d’Emmanuel Saez. Il représente la part du revenu total des ménages revenant aux 10 % les plus riches entre 1917 et 2006. Cette part diminue très fortement pendant la guerre (elle passe de 45 % à 32 %), et, ce qui est plus important, elle se maintient pendant 35 ans à un niveau relativement bas. Depuis 1981, la spectaculaire remontée des inégalités s’explique largement par les baisses d’impôt dont bénéficient essentiellement les plus riches, et elle trouve une seconde explication dans les rémunérations brutes de plus en plus extravagantes des dirigeants et hauts cadres des grandes entreprises du capitalisme actionnarial.

Cette courte histoire montre en tout cas que :
– l’idée d’un revenu maximum n’est pas une utopie ;
– elle peut apparaître non seulement comme une exigence morale, mais aussi comme l’une des voies de sortie des crises majeures.

Il y a trois grandes façons de réduire les inégalités de revenu. La première, en bas de l’échelle, consiste à défendre des salaires décents, et des minima sociaux qui fassent (au moins) sortir les gens de la pauvreté. La seconde repose sur une fiscalité très progressive. Et la troisième porte sur les « revenus primaires » avant impôt. Actuellement, elle reviendrait à s’en prendre d’abord aux revenus financiers, boursiers, dividendes et stock-options, et aux « salaires » indécents.

Mais tout cela a peu de chances de se produire si la société civile ne met pas les pieds dans le plat mal réparti de la richesse, entre autres plats socialement et écologiquement toxiques que le néolibéralisme a produits depuis les années 1980.

Source :
http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2008/11/29/les-etats-unis-instaurent-un-revenu-maximum-pour-sortir-de-la-crise/
Première mise en ligne sur Reporterre le 23 décembre 2008.

American Tchernobyl

Hervé Kempf
Article paru dans l’édition du Monde du 15.06.10

Une catastrophe industrielle incontrôlable, un système vermoulu contrôlé par une nomenklatura figée, un leader dynamique qui veut changer les choses : ça ne vous dit rien ? Si, bien sûr : Tchernobyl, le PC soviétique, Gorbatchev.
Rappelons-nous les années 1980 : les gens de l’époque savaient que l’URSS allait mal, mais qui aurait parié 1 franc ou 1 dollar sur son effondrement rapide ? Et d’autant moins qu’elle avait trouvé un dirigeant sympathique et moderne. Il engagea d’entrée de jeu des réformes vigoureuses (glasnost et perestroïka) tout en modifiant sa politique étrangère par la détente avec Ronald Reagan.

Et puis Tchernobyl explosa. La catastrophe révélait la fragilité du système. En 1989, le mur de Berlin s’écroulait, en 1991, l’URSS était dissoute. La Russie entrait dans une décennie de dure récession économique.
Les gens d’aujourd’hui savent que les Etats-Unis vont mal, mais qui parierait 1 euro ou 1 yuan sur leur effondrement rapide ? Et d’autant moins qu’ils ont élu un dirigeant sympathique et moderne. Il a engagé d’entrée de jeu des réformes vigoureuses (plan de relance et loi sur la santé), tout en reconnaissant que les Etats-Unis ne pourraient pas tout diriger dans le monde.
Et puis Deepwater Horizon a explosé… L’inextinguible fuite de pétrole provoquée se révèle une catastrophe écologique historique. Elle démontre à la fois l’impéritie des grandes compagnies privées et l’incapacité de l’Etat (après un premier échec lors de l’ouragan Katrina, en 2005) à maîtriser la situation. Comme Tchernobyl, Deepwater Horizon tire son sens du contexte. Celui d’une société dominée par une oligarchie capitaliste qui refuse toute évolution profonde malgré le désastre financier dont elle est responsable : Wall Street reste aussi solidement accroché à ses privilèges que l’étaient les dignitaires soviétiques.
Par ailleurs, politiques, publicité et médias maintiennent la fiction que le rêve américain peut perdurer sans bouleversement. Mais un pilier de la puissance américaine est ébranlé : celui d’une énergie peu chère. M. Obama essaye de le faire comprendre à ses concitoyens : « Nous pouvons prédire que la disponibilité des combustibles fossiles va diminuer, qu’ils vont être plus chers à extraire, et qu’ils comportent un coût environnemental que nos enfants, nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants vont devoir supporter », a-t-il dit dans son interview sur Politico.com, le 14 juin. La fin du pétrole bon marché, c’est la fin de l' »american way of life ». Les Etats-Unis y résisteront-ils ? On peut penser que oui. Ou que non.

Ezkerrekoa al da Ekologia politikoa?

Argiako Larrun gehigarritik hartua (Lehen Partea)

Florent Marcellesiren artikulu luze honek badu beste azken kapitulu bat: “Ezkerrekoa al da ekologia politikoa?” Berak dio mugimendu ekologista eszenatoki mediatikora agertu zenetik, pentsalari eta teoriko ugarik plazaratu zutela ea hau ezkerrekoa edo eskuinekoa ote zen. Egun ere Marcellesik argi du eztabaidak baduela lekurik. Marcellesik lan honetan gai honi buruz argitaratutakoa laburtuko dugu ondorengo lerroetan.
Alemaniako berdeek ospetsu egin zuten ondoko leloa 1984an sortu zirenean: “Ekologia politikoa ez doa ez ezkerrera ez eskuinera, aurrerantza doa”. Frantziako ekologismoak ere antzeko posizioak erakutsi zituen, “ez bata, ez bestea“ leloarekin. Alderdi hauen sorreratik 25 urte pasatu direnean, aldiz, errealitateak argi erakutsi du ekologia hobeto moldatu dela ezker aldearekin. Espainiako ekosozialismoak ere hori bera berresten du. Europako mugimendu berdean eztabaida sakona dago kapitalismoaren baitan dagoen jardun tarteaz. Horrek guztiak eta gehiagok ere, ekologismoa, sozialismoa eta ezkerraren artean diren harremanei buruzko eztabaida birzabaltzera bultzatzen gaitu.
Teoria eta indar politikoen kokapenerako Espainian ezker/eskuin bikotea erabiltzen da bakarrik, baina mundu anglosaxoian ekonomia eskema klasiko honi ardatz sozial bat gehitzen zaio: autoritario/libertario ardatza. Honen arabera, mundu mailako konparaketak egingo bagenitu, emaitza harrigarriak azaleratuko lirateke. Seguruenik, “ezkerra” deitzen dugun hori gaur egun ez da zehatz definitutako kontzeptu bat, gehiago oinarritzen da imaginario kolektibo historiko batean eta ez du ondo ordezkatzen gaur egungo esparru ideologikoaren aniztasuna.
Ekologismoaren etorrerarekin, hirugarren ardatz bat gehitu behar zaio orain arteko bi dimentsioko azterketari, produktibismoa eta antiproduktibismoaren dialektika. Jadanik kapitala/lana dialektika ez da erabakigarria eta garrantzitsuena produkzioak hartzen duen norabidea da; eta ardatz berri hau, gainera, berez da egituratzailea eta autonomoa.
Beraz, eta lehen hurbilketa gisa, gure gizarteen konplexutasuna hobeto azalduko duen hiruko eskemara iristen gara: liberal-kolektibista / autoritario-libertario / produktibista-antiproduktibista. Goazen ikustera ekologia politikoa nola kokatzen den eskema berri honetan: jasangarritasun sendoaren alde egiten duenez, produktibismoaren beste muturrean dago ekologia politikoa. Agerian da ekologismoak etengabe egiten diola erreferentzia askapenaren etikari, emantzipazioaren borrokari edota norbanakoaren produkzio askeari. Eta argi defendatzen ditu, halaber, oinarritik parte hartzea, askatasunaren defentsa eta aginte hierarkiko edo burokratikoen aurkako kritikak. Argi da, beraz, ezker libertarioarekiko edo liberalismoaren muinarekin –norbanakoaren askatasunen garrantzia– dituen konexio puntuak, beti ere elkartasunaren balioarekin indartuak.
Ezker-eskuin ardatz ekonomikoari dagokionez, ordea, famili ekologista oso zabala da eta ez dago ondorio argirik, baina bai aurrera liteke ikuspegi ekologistak neoliberalismoa eta marxismo ortodoxoa era berean arbuiatzen dituela. Kolektibismoa eta liberalismoaren arteko hirugarren bidearen arakatzea etengabekoa da eta bioekonomiaren printzipioetako batean oinarritzen da: azpi-sistema batek ezin dezake bera ere biltzen duen sistema arautu (“Ekologia politikoa antiproduktibismo gisa” kapituluan aritu gara luze honetaz). Aipatutako estalpe honetan, ekologiaren munduan proposamen ugari daude gaur egun.
Ekologia politikoa kritikoa da lan ordainduaren gizarte industrialarekin eta, “produkzioa-enplegua- kontsumoa” hirukia medio, produktibismoak aurrera begira egiten duen ihesarekin ere bai. Alde horretatik, nagusi den kapitalismoa eta sindikatu eta ezkerreko mugimendu gehienei kontrajarriz, ekologismoak –ez aho batez– zalantzan jartzen du erabateko enpleguaren ikuspegia. Hazkundea moteldu eta kontsumoa gutxitzea legoke ikusmolde horren oinarrian. Hala uler liteke hobeto mugimendu ekologistak, oro har, herritarren oinarrizko errentaren alde erakutsi duen interesa. (Jarraipena datorren astean)