Articles du Vendredi : Sélection du 18 février 2022


Climat. Un printemps chaud et sec se profile en Europe, faut-il craindre un été caniculaire ?
Alice DAUDRIX
www.ouest-france.fr/environnement/climat/climat-un-printemps-chaud-et-sec-se-profile-en-europe-faut-il-craindre-un-ete-caniculaire

Un épisode de chaleur et de sécheresse semble se dessiner en Europe dans les prochains mois, notamment entre mars et mai. C’est ce que révèlent, en tout cas, les dernières modélisations du programme d’observations climatiques Copernicus. Faut-il s’en inquiéter ? Christophe Cassou, climatologue au CNRS et auteur du 6e rapport du Giec, nous décrypte la situation.

Faut-il se préparer à un été de canicule et de sécheresse ? C’est ce que laissent, à première vue, entrevoir les observations du programme européen Copernicus, qui recense les données climatiques.

Christophe Cassou, climatologue au CNRS et auteur d’une partie du rapport du Giec, répond ainsi à un tweet montrant l’évolution à venir dans les trois prochains mois : « J’espère de tout cœur que la prévision saisonnière se plante car sinon l’été peut être très douloureux. »

Après un petit emballement autour de ce tweet devenu « viral », le climatologue alerte sur la surinterprétation de ces données. Alors faut-il craindre un été caniculaire ? Nous l’avons contacté pour qu’il nous explique plus précisément ce que signifient ces prévisions.

Les prémices d’un été chaud dans le sud de l’Europe

L’Espagne et le Portugal voisin sont touchés par une vague de douceur et une aridité extrême en ce mois de février, en raison notamment de la faible pluviométrie enregistrée en janvier. Janvier 2022 est déjà considéré comme le deuxième mois de janvier le plus sec depuis l’an 2000 dans la péninsule ibérique, selon les agences météorologiques des deux pays.

Pour Christophe Cassou, ce phénomène n’est pas anodin : « Quand les printemps sont secs en Europe du Sud (Espagne, Portugal, Italie, Grèce), les étés ont tendance à être plus chauds en France et en Europe du Nord-Ouest. »

La situation climatique actuelle dans le sud de l’Europe est un premier élément laissant à penser que le printemps et l’été, en France, pourraient être plus chaud que la moyenne.

Prévision ne veut pas dire certitude

« Mais personne n’est capable de dire aujourd’hui s’il y aura des canicules ou non cet été ! », tient rapidement à préciser le climatologue. L’explication tient en un mot : la prévisibilité.

« Il y a deux étapes : l’étape printemps et l’étape été. À l’étape printemps, Il y a une prévisibilité [une capacité à prédire] qui semble assez robuste », explique Christophe Cassou. La plateforme Copernicus regroupe en effet les modélisations de huit instituts internationaux (dont Météo France). Croiser les données de l’ensemble de ces modèles « permet d’obtenir une prévision expertisée » plutôt fiable.

Si les modèles montrent des résultats trop divergents, la fiabilité est insuffisante.

« Pour ce printemps, quand on regarde l’ensemble des modèles disponibles, quasiment tous donnent des conditions plutôt sèches et plutôt chaudes sur la France et sur l’Europe du Sud. »

Un « alignement des planètes », tout au plus

En revanche, à trois mois, les prévisions ne sont « pas déterministes » : « On ne peut prévoir que les statistiques [donc les chances] d’avoir plus ou moins d’événements extrêmes comme les canicules. » Alors à six mois, « il n’y a pas encore de prévisibilité de ces conditions-là ».

Certains éléments comme l’état des sols et les conditions printanières permettent d’envisager des « scénarios possibles » à l’été. « On pourrait parler d’un alignement de planètes, propose le climatologue. Les planètes sont en train de s’aligner pour qu’il y ait un été chaud, mais il reste une part d’incertitude. »

Une hausse de 1 °C ?

Au vu de toutes ces précautions, à quoi peut-on s’attendre ? « On ne peut pas vraiment quantifier », prévient Christophe Cassou.

Contrairement aux apparences, les couleurs sur ce graphique diffusé par l’institut Copernicus ne correspondent pas à la température, mais à la probabilité que des évènements climatiques de chaleur et de sécheresse se produisent.

L’intensité de la couleur ne correspond donc pas à des degrés divers de réchauffement. « Mais plus c’est rouge, plus la probabilité d’avoir des conditions chaudes est forte. »

Selon le climatologue, il y a « entre 70 et 100 % de chances qu’on ait un temps plus chaud que la normale. Ce sont des signaux très forts. »

 

 

« Les températures pour les mois qui viennent pourraient être supérieures d’1 °C par rapport aux normales de saison, un niveau qui semble faible mais qui est pourtant significatif. Le réchauffement global de la planète depuis l’ère industrielle, c’est plus un degré. Donc un degré de plus en climat, c’est fort », prévient Christophe Cassou qui a rédigé une partie du 6e rapport du GIEC.

« Il y a aujourd’hui une tendance lourde. On se dirige vers des étés chauds et caniculaires, fortement influencés par le changement climatique. »

Le rêve français de la ‘ maison avec jardin ‘ détruit les terres agricoles
Héloïse Leussier
https://reporterre.net/Le-reve-francais-de-la-maison-avec-jardin-detruit-les-terres-agricoles

En France, plus de la moitié des logements sont des habitations individuelles. Et les constructions de maisons neuves continuent, malgré le coût écologique de l’étalement urbain.

[1/4 — Pour l’écologie, en finir avec la « maison avec jardin »] De nouveaux pavillons individuels sont construits chaque année et grignotent les espaces naturels. Pour préserver le climat et la biodiversité, des alternatives aux maisons neuves existent : utiliser les logements vacants, promouvoir les habitats collectifs…

« Le modèle à l’ancienne du pavillon avec jardin dont on peut faire le tour n’est plus soutenable et nous mène à une impasse » ; « Ce modèle d’urbanisation qui consacre à chaque espace une fonction unique, qui dépend de la voiture pour les relier, constitue une impasse écologique, économique et sociale. » Avec ces mots, prononcés en octobre 2021 lors d’un discours consacré à la consultation citoyenne « Habiter la France de demain », Emmanuelle Wargon — la secrétaire d’État à la Transition écologique, chargée du Logement — a provoqué des réactions agacées chez certains professionnels de la construction. Elle a sûrement également contrarié de nombreuses Françaises et Français, qui aspirent pour la plupart à vivre dans une maison individuelle. Selon la consultation en ligne organisée par le gouvernement en 2021, plus de 80 % des répondants souhaiteraient habiter dans une maison individuelle s’ils avaient le choix, contre 15 % en appartement.

Selon la Fédération française du bâtiment, entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2021, les ventes de maisons neuves ont progressé de 16,3 % et les délivrances de permis de construire ont augmenté de 18,3 %. Sachant qu’aujourd’hui, plus de la moitié des logements en France sont déjà des logements individuels, faut-il continuer à en construire ?

Surfant sur la polémique, plusieurs personnalités politiques se sont transformées en ardents défenseurs de la maison individuelle. Marine Le Pen avait opportunément twitté : « Présidente, je ferai tout pour que chaque Français qui en rêve puisse accéder à une maison individuelle avec jardin. »

Chaque année, 30 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers sont artificialisés

L’« impasse écologique » dont parlait la ministre du Logement est pourtant une réalité. Selon les chiffres de l’établissement public Cerema, chaque année, entre 2009 et 2017, 30 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont en moyenne changé d’usage. 68 % d’entre eux ont été transformés pour de l’habitat et 25 % pour de l’activité. Cette artificialisation se constate très fortement autour du littoral, notamment sur les littoraux de l’Atlantique et de l’arc méditerranéen, et autour des agglomérations. Au-delà de l’emprise des bâtiments sur le sol, l’étalement urbain, c’est-à-dire l’extension des surfaces urbanisées, nécessite d’étendre les réseaux pour l’eau, l’électricité, et le ramassage des ordures. Cela a de nombreuses conséquences négatives sur l’environnement. Le groupe de réflexion La Fabrique Écologique les a listées dans une note, en octobre 2021 : « Diminution des espaces naturels, agricoles et forestiers », « pollution accrue de l’air et de l’eau liée aux activités et aux écoulements », « rupture des continuités écologiques indispensables à la vie de la faune et de la flore »… De plus, l’imperméabilisation des sols augmente les risques d’inondation.

À cela, il faut ajouter la multiplication des déplacements en voiture. Dans les espaces peu denses, les alternatives à l’autosolisme — le fait d’être seul dans sa voiture — sont quasi inexistantes. « Une étude de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques] considère que, au-dessus du seuil de 1 500 habitants par kilomètre carré, il est assez rentable de faire du transport collectif. En France, plus de 65 % de la surface de nos villes est en dessous de ce seuil-là », rappelait Alice Colsaet, doctorante en économie, dans un entretien avec Reporterre en 2019.

Les élus misent toujours sur la construction de logements neufs

Malgré les effets néfastes connus de l’étalement urbain, de nombreux élus continuent de miser sur des constructions pour attirer de nouvelles populations. « 70 % de l’artificialisation des terres a lieu dans les communes où aucune tension n’existe entre l’offre et la demande de logement, 20 % de l’artificialisation se fait même dans des communes dont la population décroît », observe La Fabrique Écologique.

La tendance à l’artificialisation tient aussi au fait que « les agriculteurs ont trop souvent intérêt à vendre un petit bout de leurs terres lorsqu’ils partent à la retraite », explique Julien Fosse, biologiste, qui a participé à la rédaction du rapport de cette association. Quand les terres deviennent constructibles, leur coût grimpe en flèche, multiplié parfois jusqu’à par dix. « Il faudrait remettre à plat la question de la transmission du foncier agricole », estime-t-il.

Du côté des acheteurs, le rêve de la maison avec jardin est alimenté par de nombreuses incitations financières et sociales. « Le désir d’habitat pavillonnaire est façonné par l’environnement familial, la classe sociale, mais aussi les politiques publiques », rappelle Anne Lambert, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques (Ined), autrice de l’ouvrage Tous propriétaires ! L’envers du décor pavillonnaire (Seuil, 2015). « La politique de soutien à l’accès à la propriété individuelle passe par des prêts aidés, des dispositifs de défiscalisation, des subventions directes aux particuliers, mais elle est aussi portée par des enjeux d’emploi car le secteur du BTP est un grand pourvoyeur d’emplois non délocalisables », explique-t-elle à Reporterre. « La filière de la construction neuve est bien organisée pour produire des maisons individuelles à grande échelle, avec des matériaux qui ne sont pas haut de gamme, mais permettent de proposer des prix attractifs. » Parmi les habitants de maisons neuves en zones périurbaines qu’elle a interrogés, la sociologue a constaté que ce type d’habitat n’était pas forcément un premier choix. Certains ménages modestes font d’abord des demandes pour des logements sociaux, mais les files d’attente dans les quartiers les plus demandés les rendent inaccessibles. Comme les appartements en ville coûtent cher, la maison individuelle neuve en zone péri-urbaine apparaît alors comme une solution moins onéreuse. Un moindre coût à première vue, car les transports peuvent contribuer à augmenter le coût de ce mode de vie. La crise des Gilets jaunes a d’ailleurs montré que l’augmentation des prix du carburant pouvait avoir des conséquences sociales importantes.

Les transports s’allongent d’autant plus que les lieux d’habitation des particuliers sont de plus en plus loin de leurs lieux de travail, souvent pour des raisons de budget. C’est le cas par exemple autour de Nantes, où les constructions de maisons neuves se multiplient désormais dans la deuxième couronne de l’aire urbaine, comme l’a observé l’urbaniste Sylvain Grisot. « Les communes les plus proches de la métropole ont une politique d’attractivité en disant : “Venez chez nous, vous aurez une maison moins chère et vous paierez moins d’impôts” », explique l’auteur du Manifeste pour un urbanisme circulaire (Apogée, 2021) dans un article. Mais cela montre aussi que les familles à revenus moyens parviennent de moins en moins à se loger dans la métropole. « Elles ne peuvent plus se payer une maison à Nantes et on construit peu d’appartements de taille suffisante. La production neuve, faite à des fins locatives avec des dispositifs de défiscalisation, porte majoritairement sur des T2 et T3 », souligne-t-il.

Au nord de Nantes, par exemple, les communes rurales de la communauté de communes d’Erdre-et-Gesvres ont accueilli 6 770 nouveaux habitants entre 2013 et 2019. La commune de Notre-Dame-des-Landes (2 400 habitants) a ainsi a vu se construire « 15 à 20 nouvelles maisons par an depuis 2008 », selon son maire Jean-Paul Naud. Il précise que ces constructions ont été faites « en renouvellement urbain » sur des zones déjà ouvertes à l’urbanisation et non pas en transformant des espaces agricoles ou forestiers. Les nouveaux arrivants sont principalement « des jeunes couples avec enfants » qui ne « peuvent pas construire plus près de l’agglomération », explique-t-il à Reporterre. Il constate une hausse continue des prix des terrains dans son coin, surtout depuis l’abandon du projet d’aéroport.

Dans un nouveau lotissement d’une centaine de maisons à Notre-Dame-des-Landes, nous avons ainsi rencontré David, 27 ans, paysagiste, qui a choisi de faire construire une maison de 77 m² car il voulait « avoir un jardin ». « Je travaille à Orvault, commune voisine de Nantes. J’ai cherché dans les communes accessibles à mon budget », explique-t-il. De leur côté, Alexandre 28 ans, responsable de chantier dans la fonction publique et sa compagne Émilie, 27 ans, psychologue, parents de deux jeunes enfants, originaires de Nantes, expliquent avoir voulu quitter la ville pour une vie « plus calme à la campagne ». « Nous avions repéré une maison dans le bourg mais les travaux coûtaient trop cher. Un notaire nous a ensuite mis en contact avec le propriétaire du terrain où nous avons fait construire », explique Alexandre. Pour ces nouveaux propriétaires, impossible de se passer de la voiture. Mais leur mode de vie ne leur semble pas forcément anti-écologique. « Ici, je pourrai faire un compost, du potager et élever des poules, ce qui ne serait pas possible en ville », note David.

Depuis plusieurs années, différentes lois tentent de freiner la consommation d’espaces naturels. La dernière en date, la loi Climat, fixe un objectif de zéro artificialisation nette des sols en 2050. Reste à savoir comment va se mettre en place cette nouvelle réglementation. Dans l’article L101-2-1 de la loi Climat, l’artificialisation « est définie comme l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage ». Ce n’est pas le même sens que celui retenu par le Cerema, qui considère comme artificialisés tous les espaces agricoles et forestiers transformés en espaces urbanisés, qu’on y construise des parcs ou des maisons. « Un flou a été introduit par la loi et cela piège le débat politique. Construire dix maisons sur un hectare d’espace d’agricole sera comptabilisé comme moins d’artificialisation qu’en construire cinquante, donc cela ne va pas empêcher l’étalement urbain », estime Sylvain Grisot.

Qui remportera la mise, la version la plus protectrice des sols ou la plus laxiste ? Selon la loi Climat, les conférences régionales des schémas de cohérence territoriale (SCoT), chargées de décliner l’objectif de réduction par deux de la consommation d’espaces agricoles et forestiers à l’horizon 2030, avaient jusqu’au 22 février pour se réunir. Las, le gouvernement a prêté l’oreille à l’Association des maires de France et à l’institution Régions de France : l’échéance est repoussée de six mois.

Bruno Latour : « Tout le monde se sent trahi, on comprend bien que ce modèle n’est plus possible »
Barnabé Binctin
https://basta.media/Bruno-Latour-nouvelle-lutte-des-classes-ecologie-climat-anticapitalisme-alternatives

La question climatique fait émerger une nouvelle lutte des classes, estime Bruno Latour. Si les anciens rapports de force sociaux demeurent, les manières de répondre, ou pas, à la crise écologique viennent bouleverser nos représentations politiques.

« Nul n’est prophète en son pays », dit la maxime, et à 74 ans, le penseur en sait quelque chose. Celui que le New York Times désigne comme « le plus célèbre et le plus incompris des philosophes français » jouit effectivement d’une reconnaissance plutôt tardive dans sa contrée natale. Sa pensée continue d’ailleurs de susciter de vifs débats à l’intérieur même de la grande famille de la gauche.

« Comment faire émerger une classe écologique consciente et fière d’elle-même ? » Tel est l’objet inscrit en sous-titre du Mémo sur la nouvelle classe écologique (éd. La Découverte, 2021), petit livre de notes incisives et précieuses que publie Bruno Latour, avec le doctorant Nikolaj Schultz.

Basta! : Dans Mémo sur la nouvelle classe écologique, vous analysez la façon dont la crise écologique nous désoriente politiquement, en bouleversant nos repères traditionnels. Vous écrivez notamment : « L’écologie doit accepter de donner un sens nouveau au terme de classe. » En quoi la question écologique redéfinit-elle la notion de lutte des classes ?

Bruno Latour : Jusqu’à présent, les « classes » ont toujours été organisées et définies selon les rapports de production. Depuis le milieu du 19e siècle, tous les débats politiques s’articulent autour de deux questions fondamentales : comment développer les forces productives ? Comment partager et répartir les fruits issus de cette production ? Les libéraux, les sociaux-démocrates et les communistes se sont tous inscrits et affrontés dans ce même cadre de discussion. On s’aperçoit désormais que tout cela dépendait du charbon et du pétrole, et que ce « pacte » politique était donc fondé sur une circulation matérielle qui n’est plus viable. Tout le monde s’arrache désormais les cheveux face à cette nouvelle réalité – c’est ce que j’appelle le « nouveau régime climatique ». Cette situation appelle à formuler de nouvelles catégories politiques, un chantier actuellement en cours.

Qu’est-ce que ce « Nouveau régime climatique » ?

C’est cette pression qui s’exerce sur nous face à la certitude que l’on doit revoir toute l’organisation de notre monde matériel. La question climatique fait de l’habitabilité de la planète le problème essentiel, le centre de notre attention politique. Cela devient la question prioritaire, à laquelle toutes les autres questions politiques sont désormais soumises. Le Nouveau régime climatique introduit un renversement complet de cosmogonie, avec la découverte – stupéfiante, il faut bien le reconnaître, pour les modernes que nous sommes – que nous avons des propriétaires et que nous sommes donc des « squatteurs », en quelque sorte.

Quand on s’intéresse uniquement à la production, on ne considère le reste du vivant et toutes ses entités physiques et biologiques que sous le statut de « ressources », des ressources dont nous serions les propriétaires. Mais si on change la perspective, en s’intéressant désormais aux conditions d’habitabilité, c’est tout l’inverse : on se rend compte que ce sont eux, ces êtres dont nous dépendons, qui nous possèdent. Cela change tout.

Cela a notamment pour conséquence de brouiller la carte du paysage politique et de ses frontières classiques, en créant des « fronts moins nets que par le passé entre les amis et les ennemis », écrivez-vous.

On assiste à une véritable recomposition, avec l’émergence de nombreuses contradictions à l’intérieur des anciennes classes. Nous ne sommes plus certains de la classe à laquelle nous appartenons, sous ce Nouveau régime climatique. Il y a maintenant des situations où les gens qui étaient unis par la notion de classe sociale se trouvent désormais désunis par la question écologiste. Car les enjeux varient sensiblement dès lors qu’on priorise l’habitabilité sur la production : c’est l’exemple classique des projets d’infrastructures avec tous ces gens qui défendent l’emploi plutôt que la préservation d’une zone humide. C’est ce qui explique aujourd’hui que les classes qui souffrent le plus de la crise écologique sont aussi celles qui considèrent le plus les écolos comme des « bobos diplômés ». Bien sûr, il ne faut pas se leurrer sur la part d’instrumentalisation politique du côté de la droite, c’est un outil classique de la bataille idéologique pour prétendre parler au nom de la population. Mais cela dit aussi l’urgence d’effectuer ce travail de reclassement, autour de nouvelles catégories politiques.

Si on dit qu’on se bat pour l’écologie, la plupart des gens se vexent ou s’en foutent. Mais si on dit qu’on lutte pour bien manger, se loger correctement et se déplacer sans que cela coûte des fortunes, qui est contre ? Personne.

L’enjeu de la vie « bonne », d’avoir des bonnes conditions d’existence, ce n’est certainement pas une problématique d’élite, au contraire, c’est un ressort important de la culture populaire ! Cela dessine de nouveaux accords possibles, avec des gens qui ne se diraient pas forcément « écolos » mais qui en réalité, se soucient de leur territoire et de le rendre habitable. Ce sont ces affiliations de classe traditionnelles qui se réorientent actuellement, sous le coup de toutes ces ruptures qui se multiplient avec le Nouveau régime climatique et qui pénètrent dans l’ensemble des foyers : le prix de l’énergie, en ce moment, tout le monde en prend conscience…

Quid du prolétariat ou de la bourgeoisie : ces classes n’existent-elles plus, selon vous ?

Si, elles sont encore là, elles continuent d’exister entre elles. Mais l’idéal de développement qui les a construites est comme suspendu, la bourgeoisie n’est plus aujourd’hui capable d’entraîner les classes populaires dans un tel projet. D’ailleurs, la bourgeoisie elle-même n’est pas forcément en très bon état, elle a été mangée par la globalisation et la finance, le capitalisme industriel français est complètement laminé. Tout le monde se sent trahi, on comprend bien que ce modèle n’est plus possible. Mais que faire, alors ? Cette espèce d’interruption dans le mouvement linéaire de l’Histoire, qui était supposé être celui de la modernisation, entraîne des réactions négatives qu’on voit très bien dans la prolifération des mouvements néofascistes, facilitée par ce sentiment de trahison. Il faut mesurer ce que cela signifie, cette perte du sens de l’Histoire.

C’est ce qui a gouverné nos représentations politiques depuis le 19e siècle. En plaçant la flèche de ce qu’on appelle le « progrès » sur les questions d’habitabilité, on renverse des tas de position : les zadistes ou les autochtones au milieu de la forêt amazonienne n’apparaissent plus comme des archaïques, mais comme l’une des innombrables pointes de ce progrès, l’une des voies d’innovation à défendre pour maintenir la reproduction des conditions de vie sur Terre. Aujourd’hui, les écologistes sont un peu comme les canaris dans la mine, les lanceurs d’alerte sur cette nécessaire reformulation politique, mais c’est forcément un long chantier, qui prend du temps. Cette nouvelle lutte des classes doit encore cohabiter et composer avec l’ancienne.

Ce faisant, vous inscrivez aussi l’écologie d’un certain côté du spectre politique, écrivant qu’elle « prolonge et renouvelle les luttes traditionnelles de la gauche » et à qu’à ce titre, « elle est bien de gauche, et même au carré ». C’est important de continuer à revendiquer cette affiliation-là ?

Les écologistes cherchent tout simplement à quitter une situation intenable, c’est ce qui les place de fait dans le camp des progressistes. Au fond, ils poursuivent la résistance historique de la gauche à l’ « économisation » permanente de la société – c’est-à-dire à cette dérive qui a consisté à transformer un outil de calcul fort utile pour gérer le partage de ressources en grille de lecture pour gouverner le monde. Ce qui n’a évidemment aucun sens : l’économie ne peut pas couvrir tous les enjeux de nos relations avec le monde vivant. En cela, l’écologie a à voir avec la gauche. Mais le reclassement en cours bouleverse profondément les clivages traditionnels, entre ceux qui se revendiquent de droite mais peuvent nourrir des relations intéressantes au vivant, et ceux qui se disent de gauche mais dont on s’aperçoit qu’ils sont réactionnaires… Le principe du reclassement, c’est que des gens que vous croyiez vos amis s’avèrent vos ennemis, et inversement.

Un exemple ?

Prenez les chasseurs, qu’on oppose systématiquement aux écologistes dans une approche très binaire des choses. En réalité, les capacités de réorientation sont immenses selon le critère de « reclassement » : on ne fait clairement plus partie du même monde si l’objectif consiste à tuer le plus de sangliers possibles en deux jours de week-end qu’on vient passer en Mercedes depuis Paris, ou bien si l’on s’intéresse aux liens que ces sangliers entretiennent avec les écosystèmes, et aux enjeux de régulation, ce qui est le cas de nombre de petits chasseurs « ruraux ». Dans ce dernier cas, ils peuvent tout à fait se rapprocher d’une vision écologiste de l’habitabilité.

Le Nouveau régime climatique, c’est exactement ça : à chaque fois, la pierre de touche, c’est se demander si les questions de condition d’habitabilité sont bien premières, par rapport à toutes les autres. Idem pour les ingénieurs : il ne fait aucun doute que nombre d’entre eux sont eux-mêmes victimes d’une vraie dépossession de leur capacité d’innovation, d’investissement et d’intelligence par le capital financier. Alors ce sont quoi, des alliés ou des ennemis ? Potentiellement des alliés, parce qu’ils souffrent exactement autant de la financiarisation de l’économie, et de l’extraterritorialité qu’elle induit, que les agriculteurs par exemple.

En fait, le clivage droite-gauche continue certes d’organiser les camps, mais il n’a plus aucune pertinence dans le contenu. Le problème, c’est qu’avec le discours du « ni droite, ni gauche », on verse dans des abîmes d’ambiguïtés. En écrivant que l’écologie est « de gauche au carré », il y avait une forme d’ironie, mais je sais que beaucoup plus de gens s’y reconnaîtront, de fait. Mais il ne faut pas se faire d’illusions : à la fin de cette période de transition, cela ne ressemblera pas du tout à la gauche du 20e siècle.

Cela renvoie à une controverse dont vous êtes régulièrement l’objet : une frange d’intellectuels à gauche vous reproche notamment de ne jamais utiliser le terme d’ « anticapitalisme » [1].

C’est juste, je n’utilise jamais ce terme – Marx non plus, d’ailleurs, ferais-je remarquer au passage. Je n’ai aucune raison d’employer ce terme, qui ne décrit rien. Cela ne permet pas de penser la complexité du monde, au contraire c’est mettre dans un même paquet des milliers de décisions qui ne sont plus analysées si on parle d’un seul et même système capitaliste contre lequel il faudrait lutter.

L’anticapitalisme, c’est une forme d’ensorcellement, avec l’idée que c’est un système qu’il faudrait renverser d’un seul coup, dans un acte révolutionnaire magnifique. C’est un mantra, un « mot d’ordre » au sens de Deleuze, quelque chose qui paralyse l’attention et donc l’action.

Cela crée un cadre indiscutable à l’intérieur duquel tout doit être situé, ce qui rend les gens naturellement impuissants, mais ils se consolent en pensant avoir raison… C’est la célèbre formule avec laquelle la droite ironise en parlant de la gauche : « Je perds, mais j’ai raison. »

Dans les faits, il existe tout de même bien une certaine matrice qui structure notre modèle économique et organise cette destruction de l’habitabilité de la planète…

Bien sûr. Mais les capitalismes n’existent que grâce à nos institutions publiques. Le terme capitalisme dirige l’attention vers l’économie, alors que ce sont très largement des décisions étatiques, y compris celles de la gauche mitterrandienne de 1983, qui les ont rendues possibles. Ces organisations de marché sont permises et autorisées par des réunions à Bercy, par une décision de Joe Biden ou de l’Union européenne. Il y a mille occasions d’agir contre cette mise en système que le paquet « anticapitalisme » invisibilise. Tous les endroits où des groupes de pression peuvent agir sont remplacés par une sorte de bouton rouge, comme dans les films de James Bond, sur lequel il suffirait d’appuyer pour tout faire sauter.

Pour autant, votre travail n’a pas manqué de se radicaliser ces dernières années, vous n’hésitez pas à évoquer un « état de guerre écologique », en expliquant que « parler de la nature, ce n’est pas signer un traité de paix, c’est reconnaître l’existence d’une multitude de conflits, sur tous les sujets possibles de l’existence et à toutes les échelles ».

Mais la radicalité n’a rien à voir avec l’anticapitalisme ! C’est précisément ce champ de bataille qu’il dissimule. L’anticapitalisme obsède les esprits de gauche depuis 70 ans, et pour quel résultat ? Cela m’amuse assez qu’on décide de continuer à utiliser ce terme au 21e siècle. C’est une espèce de religion qui fait plaisir à M. Lordon et aux trois partis trotskystes qui représentent 2 % des voix… Cette gauche-là est complètement impuissante, mais elle continue de croire à cet idéal de remplacer le monde par un autre monde. Or ce n’est pas ça la politique : il ne s’agit pas de remplacer mais de retrouver la Terre, et ce n’est pas du tout la même chose ! Et c’est aussi ça, l’un des problèmes des écologistes en politique : il y a un problème de tonalité.

C’est-à-dire ?

Le problème des questions écologiques, c’est qu’elles sont déjà beaucoup trop moralisées. Or ce n’est pas ainsi que doit s’organiser la discussion. La vie politique consiste précisément à faire des arrangements, et c’est précisément ce qu’on ne peut pas faire quand on a une position morale. Les exigences morales sont estimables, bien sûr, mais le moralisme beaucoup moins, car il marque un point d’arrêt, il n’y a plus de modus vivendi autour duquel discuter. C’est utile pour faire des lignes rouges, mais ça paralyse la vie publique, qui est par définition constituée de négociations.

Prenez des questions comme le nucléaire, ou l’industrie agro-alimentaire : si vous remplacez ces questions d’ordre politiques, liées à l’habitabilité de la planète, par des enjeux moraux, vous ne faites que préparer la voie à toute une nouvelle gamme de guerre culturelle qui s’ajoute à toutes celles que la droite et l’extrême droite inventent déjà sur le « wokisme », etc. Et vous êtes cuits. C’est un problème assez français, où l’idée de la politique s’est enkystée dans ces idéaux révolutionnaires d’opposition et de renversement. Alors même que, par définition, réfléchir en termes de conditions d’habitabilité nécessite des arrangements assez subtils – même si ça paraît toujours décevant aux yeux des militants. Le Nouveau régime climatique impose donc une nouvelle manière de faire de la politique. Et dans ce contexte, exiger des gens qu’ils se disent d’abord anticapitalistes avant de passer à autre chose, c’est une erreur politique.

Aujourd’hui, « l’écologie est à la fois partout et nulle part » selon vous. Autrement dit, vous vous intéressez au paradoxe suivant : alors que l’écologie s’est imposée comme une préoccupation majeure en quelques années, sa traduction dans les urnes semble toujours aussi faible… Comment l’expliquez-vous ?

Tout le monde parle désormais d’écologie, et donc dans un sens, ça veut dire que ces idées ont potentiellement la capacité de remplacer ces vieux objectifs de modernisation et de développement qui se sont imposés depuis les années d’après-guerre. Mais pour que ce potentiel se transforme en majorité concrète, il reste beaucoup de boulot. D’une part, pour l’organiser dans un mouvement collectif alternatif capable de rivaliser avec ses adversaires. C’est une des particularités des écologistes de travailler par le bas, et j’admire l’énergie de tous ces activistes, leur travail sur le terrain. La France est aujourd’hui remplie de la multiplicité de ces initiatives, dont la représentation médiatique est par ailleurs très loin du compte, à mon sens. Il faut aussi reconnaître que ces expériences ne reçoivent pas le cadrage politique nécessaire : est-ce qu’EELV est véritablement capable de capter cela, de scénariser et de rendre cohérentes toutes ces luttes, et de leur donner un sens commun ? C’est une vraie question.

D’autre part, il ne faut pas sous-estimer la résistance des adversaires en place. Les autres formations politiques n’ont pas vraiment intérêt à ce que l’écologie devienne la nouvelle matrice des décisions politiques, et on voit bien comment les écologistes sont régulièrement caricaturés ou stigmatisés. Là-dessus, ils profitent aussi d’un contenu conceptuel qui reste encore assez flou : de quoi parle-t-on quand on parle d’écologie, aujourd’hui ? Je suis effrayé de tous ces discours autour du bien-être animal, très réducteurs et moralisateurs, qui ne me semblent pas vraiment à la hauteur des enjeux. Il faut sortir du « ghetto » de ces quelques sujets repérés et étiquetés comme « écolo », et qui restent souvent bien trop étroits pour pouvoir être compréhensibles par le plus grand nombre. L’écologie n’est pas un sujet « en plus » des autres, mais celui qui les embrasse tous.

De fait, votre livre est un petit camouflet pour EELV, que vous ne ménagez pas. Vous écrivez notamment que « les écologistes créent l’exploit de paniquer les esprits et de les faire bailler d’ennui ». Mais est-ce vraiment leur faute, au fond ? On pourrait vous opposer que par définition, la nature même de leurs revendications – réduire les consommations, reconsidérer l’idée de limite, le principe d’ « habitabilité », etc. – dessine un horizon de société moins désirable à défendre, comparé aux grandes promesses sur lesquelles jouent leurs adversaires.

C’est trop facile d’évacuer ainsi ! C’est à nous de construire des affects plus mobilisateurs. Sinon, comment imaginer qu’on parviendra à convaincre et transformer 65 millions de gens qui ont été ainsi nourris et habitués aux idéaux du développement et de la modernisation ? Cela suppose un vrai travail intellectuel, une analyse sur les mots autant que sur la psychologie – et je crois qu‘il y a encore un vrai déficit là-dessus. Le comité politique d’EELV lui-même reconnaît qu’il n’a pas beaucoup travaillé ces questions. Alors que l’extrême droite travaille depuis 40 ans, avec des think tanks, pour se positionner et construire un discours audible, et on voit le résultat.

Aujourd’hui, je mesure simplement la rapidité avec laquelle quelqu’un comme Zemmour est capable de mobiliser des affects, par rapport aux écologistes. Dans la bataille culturelle, cet enjeu des affects est incontournable. C’est comme quand on arrête de fumer : on ne le fait pas parce qu’on nous l’a répété des centaines de fois. C’est plutôt à l’occasion de changements plus existentiels, qui sont travaillés en longueur par d’innombrables canaux dans notre culture collective. C’est pour ça que le phénomène autour du film Don’t Look Up est intéressant, parce que c’est le genre d’objet qui permet sûrement d’émouvoir beaucoup plus de monde. Et au passage, de ré-orienter un peu la bande passante médiatique…

‘Klima-aldaketaren oinarrizko lexikoa’ plazaratu du Euskaltzaindiak
Euskaltzaindia
www.euskaltzaindia.eus/euskaltzaindia/komunikazioa/plazaberri/6272-klima-aldaketaren-oinarrizko-lexikoa-plazaratu-du-euskaltzaindiak

Klima-aldaketaren inguruko esamolde ugari ari dira txertatzen eguneroko hizkeran, baita euskaraz ere, eta Euskaltzaindiak eta UZEIk horien hautaketa bat egin eta Klima-aldaketaren oinarrizko lexikoa argitaratzeko beharra antzeman dute, oinarrizko kontzeptu batzuk argitu eta euskarazko terminoak finkatzen laguntze aldera.

Gero eta gehiago hitz egiten da hedabideetan nahiz kalean klima-aldaketaz eta aldaketa horri aurre egiteko hartu behar diren neurriez. Esate baterako, gai horrek zeresan handia eman du Nazio Batuen Erakundeak antolatu berri duen nazioarteko COP26 goi-bileraren harira.

Horrela, klima-aldaketaren inguruko esamolde ugari ari dira txertatzen eguneroko hizkeran, baita euskaraz ere, eta Euskaltzaindiak eta UZEIk horien hautaketa bat egin eta Klima-aldaketaren oinarrizko lexikoa argitaratzeko beharra antzeman dute, oinarrizko kontzeptu batzuk argitu eta euskarazko terminoak finkatzen laguntze aldera.

Urtarrilaren 28ko Osoko Bilkuran onetsi zuen Euskaltzaindiak aipaturiko lexikoa. Bertan, 25 kontzeptu bildu dira, hala nola deskarbonizazio, karbono-aztarna eta klima-larrialdi.

berotegi-efektu

Atmosfera berotzea dakarren fenomeno naturala, atmosferako zenbait gasek (bereziki, ur-lurrunak eta karbono dioxidoak) Lurrak igortzen duen erradiazio infragorriaren parte bat xurgatzen dutenean gertatzen dena. Giza jardueren ondorioz neurriz kanpokoa bada, berotze globala gertatzen da.

berotze global

Batez besteko tenperatura globalaren pixkanakako igoera, nagusiki berotegi-efektua areagotzearen ondorioz gertatzen dena.

deskarbonizazio

Erregai fosilekiko dependentzia eta berotegi-efektuko gasen isuriak pixkanaka murriztea.

energia bigun

Ekoizten edo erabiltzen denean hondakinik sortzen ez duen energia-mota, ingurumen-inpaktu txikia edo ertaina izan ohi duena eta kutsadura kimikorik edo akustikorik sortzen ez duena. Adibidez, eguzki-energia, haize-energia edo energia geotermikoa.

erradiazio bidezko behartze

Planetaren erradiazio-balantzean gertatutako alterazioa, klima-sistemaren kanpo- edo barne-aldaketa baten ondorioz sortua (aldaketa naturala edo antropogenoa izan daiteke).

Europako Itun Berdea

Europako Batzordean onetsitako neurrien multzoa, Europar Batasuneko ekonomia jasangarria izatea helburu duena.

garapen jasangarrirako helburu; GJH

Nazio Batuen Garapen Jasangarrirako 2030 Agendak finkatutako hamazazpi helburuetako bakoitza. Planeta babestea eta pertsona guztiek bakeaz eta oparotasunaz gozatzea dute xede hamazazpi garapen jasangarrirako helburuek.

itsas mailaren igoera

Batez besteko itsas mailak gora egitea berotze globalaren ondorioz. Izotz kontinentala urtzea eta itsaso edo ozeanoen hedapen termikoa eragiten ditu berotze globalak, eta horien ondorioz egiten du gora batez besteko itsas mailak.

karbono-aztarna

Pertsona, produktu, zerbitzu edo erakunde baten bizi-zikloan zehar isuritako berotegi-efektuko gasen kantitate totala. karbono-hustuleku Atmosferara askatzen dituenak baino konposatu karbonodun gehiago xurgatzen eta metatzen dituen edozein gordailu, naturala edo ez-naturala.

karbono-merkatu

Berotegi-efektuko gasak isurtzeko eskubideen salerosketarako merkatua, atmosferara berotegi-efektuko gasak isurtzen dituzten herrialde, enpresa edo fabrikazio-instalazioek baliatzen dutena.

klima-aldaketa

Toki jakin batean aldi luze batean zehar gertatzen den klima- ezaugarrien aldaketa, bereziki tenperaturan, prezipitazioen kantitatean edo haizeen maiztasunean edo intentsitatean nabarmentzen dena.

klima-aldaketa arintze

Berotegi-efektuko gasen isuria murriztea edo karbono-hustulekuen xurgatze-ahalmena hobetzea helburu duten giza esku-hartzeen multzoa.

klima-aldaketara egokitze

Sistema naturalak edo gizakiari dagozkionak klima-aldaketaren ondorio saihetsezinetara moldatzea.

klima-ekintza

Batez besteko tenperatura globala industriaurreko garaiarekiko 2 °C baino gehiago ez igotzea helburu duten politiken multzoa.

klima-justizia

Klima-aldaketaren aurkako borrokan pertsona edo herrialde guztiekiko tratamendua bidezkoa izatea defendatzen duten printzipioen multzoa.

klima-krisi

Klima-aldaketak ingurumenean eta ekonomian inpaktu larria eragiten duenean sortutako egoera.

klima-larrialdi  

Mundu mailako klima-krisi larria, klima-aldaketa arintzeko eta klima-aldaketara egokitzeko neurri zehatzak berehala hartzea eskatzen duena.

klima-neutraltasun

Atmosferara isuritako berotegi-efektuko gasen eta karbono-hustulekuen bitartez xurgatutakoen arteko balantzea zero den egoera.

kontzentrazio-ibilbide adierazgarri; RCP

Klima-aldaketari buruzko Gobernuarteko Taldeak (IPCCk) etorkizuneko klima posibleak deskribatzeko erabilitako berotegi-efektuko gasen kontzentrazioen profil bakoitza.

Kyotoko Protokoloa

Klima-aldaketa gerta ez dadin herrialde industrializatuek atmosferara isurtzen dituzten berotegi-efektuko gasak nola murriztu arautzen duen nazioarteko hitzarmen loteslea. Nazio Batuen Klima Aldaketari buruzko Esparru Hitzarmena Kyoto hirian, Japonian, 1997ko abenduan egindako biltzarraren emaitza izan zen, eta 2005eko otsailaren 16an jarri zen indarrean.

naturan oinarritutako konponbide; NOK

Klima-aldaketaren ikuspegitik gizartearentzat kritikoak diren erronkei aurre egiteko konponbide integratu eta funtzio anitzekoa, naturan inspiratuta dagoena eta natura oinarri duena. Horrelako konponbideak efizienteak dira kostuen ikuspegitik, eta erresilientzia handitzen laguntzen dute, ingurumenaren, gizartearen eta ekonomiaren ikuspegitik onuragarriak izateaz gain.

Nazio Batuen Klima Aldaketari buruzko Esparru Hitzarmena; COP; UNFCCC

Nazio Batuen Erakundeko kide diren herrialdeen arteko hitzarmena, atmosferako berotegi-efektuko gasen kontzentrazioak egonkortzea helburu duena. Jarduera antropogenoak klima-sisteman ondorio arriskutsurik ez izatea du xede hitzarmen horrek.

Parisko Akordioa

2015ean 197 herrialdek klima-krisiari aurre egiteko adostutako tratatu loteslea, batez besteko tenperatura globalaren igoera industriaurreko garaiarekin alderatuta 2 °C-tik behera mugatzeko konpromisoa jasotzen duena.

RCP agertoki

Klima-aldaketari buruzko Gobernuarteko Taldeak (IPCCk) berotegi-efektuko gasen isurien eta atmosferako kontzentrazioen XXI. mendeko bilakaera posibleei dagokienez aurreikusitako lau agertokietako bakoitza