Climat : le constat de faillite sans appel du GIEC
Guillaume Duval
www.alternatives-economiques.fr/page.php?controller=article&action=html&id_article=67779&id_parution=633
Réchauffement : les 10 points marquants du rapport du
Audrey Garric
www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/14/rechauffement-les-dix-points-marquants-du-rapport-du-giec_4399907_3244.html
Climat : aux politiques d’agir !
Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/climat-aux-politiques-d-agir,45108?xtor=EPR-9
Alpha Coal : un projet loin des standards de la Société
Amis de la Terre
www.amisdelaterre.org/Alpha-Alpha-Coal-un-projet-loin.html
Boycotter l’industrie pétrolière, « ennemi numéro un de la survie de notre civilisation »
Maxime Combes et Nicolas Haeringer, membres d’Attac France
www.bastamag.net/Boycotter-l-industrie-petroliere
« Le détricotage de notre droit de l’environnement »
Simon Charbonneau, liste de droit de l’environnement
www.sudouest.fr/2014/04/16/le-detricotage-de-notre-droit-de-l-environnement-1526862-4688.php
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Climat : le constat de faillite sans appel du GIEC
Guillaume Duval
www.alternatives-economiques.fr/page.php?controller=article&action=html&id_article=67779&id_parution=633
Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a présenté le 13 avril la dernière partie son rapport 2014. Il illustre la faillite complète de la lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale au cours de la décennie 2000.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a présenté le 13 avril dernier la dernière partie de son rapport 2014 qui concerne les mesures à prendre pour atténuer le changement climatique. Ce graphique, tiré de ce rapport, retrace l’évolution des différents facteurs qui expliquent la hausse des émissions de CO2 liées à l’usage des énergies fossiles. Il illustre malheureusement la faillite complète de la politique de lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale au cours de la décennie 2000.
L’intensité en carbone de la production d’énergie (c’est-à-dire la quantité de carbone nécessaire pour produire une unité d’énergie utilisable par les ménages et les entreprises) a augmenté entre 2000 et 2010 alors qu’elle diminuait depuis trois décennies. C’est lié surtout à l’usage croissant du charbon dans la production d’électricité, en particulier en Chine.
L’intensité énergétique du PIB (c’est la quantité d’énergie nécessaire pour produire 1 euro de richesse) a certes, elle, continué à diminuer dans les années 2000 mais moins vite cependant que dans les années 1990, rompant ainsi la tendance à l’oeuvre depuis trois décennies à l’accélération de cette réduction.
Comme parallèlement, la population a continué à augmenter et la hausse de du PIB par habitant s’est, elle, accélérée, la hausse des émissions est passée de 2,5 % durant la décennie 1990 à 6,8 % durant la décennie 2000, un rythme presque trois fois plus rapide. Depuis quinze ans, le Titanic a donc sérieusement accéléré sa course vers l’iceberg…
Réchauffement : les 10 points marquants du rapport du
Audrey Garric
www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/14/rechauffement-les-dix-points-marquants-du-rapport-du-giec_4399907_3244.html
Une compilation de près de 20 000 études et projections scientifiques par plus de 800 chercheurs. Voilà la somme que représente le cinquième rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) qui vient d’être intégralement achevé et s’avère bien plus alarmant que la précédente édition, en 2007.
Après un premier volet qui concernait l’état des connaissances scientifiques sur le réchauffement, publié fin septembre 2013, et un deuxième sur l’impact et l’adaptation du changement climatique en cours sur les sociétés et écosystèmes, fin mars, la troisième partie a été révélée, dimanche 13 avril, et concerne cette fois les mesures d’atténuation de ce dérèglement climatique. Voici une synthèse en dix points pour s’y retrouver dans ces travaux colossaux, les plus complets sur le sujet.
- Jusqu’à 4,8 °C d’augmentation de la température d’ici à 2100
Les modèles climatiques prévoient, selon quatre scénarios plus ou moins pessimistes, une élévation de la température comprise entre 0,3 °C et 4,8 °C pour la période 2081-2100, par rapport à la moyenne de 1986-2005. La forte incertitude dépend en premier lieu des quantités de gaz à effet de serre qui seront émises dans l’atmosphère ces prochaines décennies.
Pour l’instant, la Terre s’est réchauffée de 0,85 °C depuis l’époque pré-industrielle, et les trois dernières décennies sont « probablement » les plus chaudes qu’a connu l’hémisphère Nord depuis au moins mille quatre cents ans. De 2000 à 2010, décennie qui a vu un retour en force du charbon, les émissions ont augmenté de 2,2 % par an contre 0,4 % en moyenne au cours des trois décennies précédentes. A ce rythme, le seuil des 2 °C supplémentaires, qui est l’objectif international réitéré lors des conférences successives des Nations unies sur le climat, sera franchi dès 2030. A l’exception du scénario le plus sobre en émissions carbonées, il est hautement improbable que la hausse des températures soit contenue dans cette limite de 2 °C.
- Un réchauffement d’origine humaine
Les experts du climat estiment désormais « extrêmement probable » – c’est-à-dire, dans le jargon du GIEC, avec une probabilité supérieure à 95 % – que l’élévation de la température terrestre relevée depuis le milieu du XXe siècle est bel et bien le fait de l’accumulation des gaz à effet de serre d’origine humaine. Cette probabilité était évaluée à 90 % dans le précédent rapport.
- Une hausse du niveau des mers jusqu’à un mètre
L’élévation du niveau de la mer, l’une des conséquences majeures du réchauffement, a été revue à la hausse : les scientifiques tablent désormais sur une augmentation moyenne de 26 cm à 98 cm d’ici à 2100 contre 18 cm à 59 cm dans le rapport 2007. Les climatologues prennent désormais mieux en compte la fonte dans les océans des calottes glacières du Groenland et de l’Antarctique. Entre 1901 et 2010, les océans se sont déjà élevés de 19 cm.
Conséquence : tout au long du siècle, les populations côtières – plusieurs centaines de millions de personnes selon le rapport, dont une grande part en Asie, en Europe ou en Amérique latine – seront soumises à des inondations de plus en plus fréquentes et à une érosion des littoraux en hausse, deux phénomènes aggravés par l’urbanisation massive des bords de mer.
- Des événements climatiques extrêmes plus nombreux
Les experts s’attendent également à ce que le réchauffement climatique provoque des événements météorologiques extrêmes plus intenses, tels que les sécheresses, pluies diluviennes et – cela est encore débattu – des cyclones tropicaux plus fréquents. «Les vagues de chaleur vont très probablement se produire plus fréquemment et durer plus longtemps, a déclaré le climatologue Thomas Stocker, coprésident du groupe de travail du GIEC. Avec le réchauffement, nous nous attendons à voir les régions humides recevoir plus de pluies et les régions les plus sèches à en recevoir moins, même s’il va y avoir des exceptions.»
- Une insécurité alimentaire exacerbée
L’agriculture est en première ligne des impacts du réchauffement – et souffre déjà du changement en cours. Selon le GIEC, les rendements des grandes cultures pourraient perdre en moyenne 2 % par décennie sans réel effort d’adaptation, alors que, pour répondre à la demande mondiale, il faudrait en augmenter la production de 14 % par décennie. La pêche sera aussi touchée, avec des espèces marines moins nombreuses autour des tropiques et de forts taux d’extinction au niveau local. Enfin, le GIEC évoque des pénuries d’eau en Afrique, en Asie et dans le sud de l’Australie. Conséquence : la sécurité alimentaire en sera affectée et la pauvreté augmentera, particulièrement dans les pays d’Afrique et d’Amérique du Sud.
- Des problèmes sanitaires en hausse
Corollaire de cette insécurité alimentaire, le GIEC s’attend à une augmentation des problèmes de santé dans de nombreuses régions, spécialement les pays en développement (accroissement des vagues de chaleur intense, mauvaise nutrition ou encore maladies liées à la contamination de l’eau et de la nourriture). Le texte évoque notamment pour l’Afrique une modification de la géographie des maladies due aux changements du régime des pluies et des températures.
- Des risques accrus d’extinction des espèces
Ces risques concernent « une large partie » des espèces terrestres et marines, dont de nombreuses « ne seront pas capables de se déplacer suffisamment rapidement pour trouver des climats plus adaptés » au cours des changements climatiques. Des écosystèmes marins cruciaux, comme ceux des pôles et les barrières de corail, sont déjà particulièrement exposés avec l’acidification des océans. Une hausse de la mortalité des arbres pourrait survenir dans de nombreuses régions, alors que l’un des enjeux de la lutte contre le réchauffement passe par la reforestation.
- Plus de conflits et de rivalités
Le GIEC table sur une augmentation des déplacements de population et des « risques de conflits violents » avec « une aggravation des facteurs classiques que sont la pauvreté et les chocs économiques ». Des rivalités risquent de survenir entre les populations ou les Etats autour de ressources plus rares, comme l’eau ou les stocks de poissons, ou de nouvelles opportunités générées par la fonte des glaces – comme c’est déjà le cas avec la disparition de l’Arctique et l’accès à ses nombreuses (et supposées) ressources en poissons, hydrocarbures et minerais.
- Un coût économique de l’inaction élevé
Comme en 2007, les experts mettent en garde contre le coût économique de l’inaction. Toutes les études le confirment : plus les gouvernements tardent, plus la charge sera lourde pour les générations futures. Une augmentation de la température mondiale de 2 °C pourrait ainsi entraîner une perte d’entre 0,2 % et 2 % des revenus annuels mondiaux. Pour autant, les travaux de modélisation réalisés depuis sept ans et compilés par le GIEC n’ont pas produit d’évaluations solides « des coûts et des bénéfices » de la lutte contre le changement climatique. Les seuls chiffres mis en avant par le troisième volet du rapport tablent sur une croissance économique en baisse de 0,06 % sur une croissance anticipée de 1,6 % à 3 % par an d’ici 2100. Les effets sur l’emploi sont eux aussi très mal cernés.
- Un modèle énergétique à revoir
Limiter d’ici la fin du siècle la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à 450 partie par million (ppm) – valeur associée par les scientifiques à un réchauffement de 2 °C – suppose de réduire les émissions mondiales entre 40 % et 70 % d’ici 2050 et de les ramener à un niveau « proche de zéro » d’ici à 2100.
Pour y parvenir, des changements d’approche doivent intervenir dans tous les secteurs dont, en premier lieu, celui de l’énergie – qui représente 35 % des émissions, devant l’agriculture et la forêt (24 %), l’industrie (21 %), les transports (14 %) et le bâtiment (6 %). Pour cela, prônent les experts du GIEC, le recours aux énergies peu carbonées (renouvelables, nucléaire) va devoir tripler voire quadrupler d’ici 2050, l’efficacité énergétique des bâtiments doit être améliorée, sans oublier le développement des techniques de captage et de stockage du CO2. L’instauration de normes d’émissions plus contraignantes, la mis en place de taxes fondées sur les émissions (taxe carbone) et de marchés du carbone, la réduction des subventions aux énergies fossiles sont d’autres leviers possibles.
Climat : aux politiques d’agir !
Valéry Laramée de Tannenberg
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Ségolène Royal a bien résumé le problème. Ce lundi 14 avril, la ministre de l’écologie a sobrement commenté le dernier tome du 5e rapport d’évaluation du Giec[1], publié la veille à Berlin. «C’est désormais aux responsables politiques d’agir et d’entraîner les forces vives du pays», a-t-elle indiqué, tout en s’interrogeant sur les moyens «d’éviter le glissement des priorités quand le chômage s’invite dans les familles». Lutter contre le changement climatique en période de crise sera donc le challenge du ministère Royal. Un défi considérable à relever, tant les nouvelles données par les auteurs du dernier rapport du Giec sont mauvaises.
Il y a les conséquences de nos modèles actuels de développement. Entre le milieu du XVIIIe siècle et 1970, l’humanité (mais surtout les pays du Nord) a alourdi l’atmosphère de 900 milliards de tonnes équivalent CO2 (GteqCO2). Contribuant, du même coup à accroître la température moyenne globale d’un degré environ.
En 2010, 35% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ont été le fait du secteur énergétique, 24% de l’agriculture, 21% de l’industrie, 14% des transports et 6% du bâtiment. Sans changement radical de cap, ces émissions vont doubler d’ici 2050. Avec pareil scénario tendanciel, l’humanité pourrait émettre jusqu’à 7.400 milliards de tonnes de CO2 d’ici la fin du siècle: de quoi faire bondir le mercure du thermomètre de près de 4°C entre aujourd’hui et 2100. Pour stabiliser le réchauffement à 2°C, rappelle les auteurs du rapport du Giec, nous devons abattre nos émissions de 40 à 60% d’ici 2050. Pas gagné.
Autant en 40 ans qu’en deux siècles
Problème, sous le double effet de la croissance économique et de la démographie, notre rythme de carbonisation s’accélère. Entre 1970 et 2010, nous avons, collectivement, émis 1.100 GteqCO2. Le bilan carbone de ces 40 dernières années est supérieur à celui des 200 premières années de la révolution industrielle. Et, à moins d’un radical changement de cap, l’avenir ne s’annonce pas meilleur.
Or, soulignent les 235 auteurs du rapport, nous avons en main toutes les cartes pour atténuer les effets du changement climatique. «Rester sous les 2°C reste possible», veut croire Nicolas Bériot, secrétaire général de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc).
Certes, la planète entière est concernée par les conséquences du réchauffement, mais à eux seuls 10 pays émettent 70% du CO2 énergétique et industriel. Changer la gouvernance mondiale du climat, comme le recommandent les rapporteurs, est peut-être moins complexe qu’on ne l’imagine généralement?
Autre bonne nouvelle, après avoir analysé les résultats de 900 scénarios, les climatologues et économistes en sont sûrs: nous disposons des outils et technologies nécessaires à une décarbonisation de nos organisations.
Les promesses de l’énergie
En triplant, voire en quadruplant la part des sources d’énergie «bas carbone» dans nos mix électriques, on peut ainsi alléger le bilan du secteur énergétique. Beaucoup de filières sont possibles, mais les auteurs du tome 3 militent principalement pour les énergies renouvelables: matures et assainisseuses de la qualité de l’air. Avec ses 11% de part de marché mondial de la production d’électricité, le nucléaire est perçu comme insuffisant au regard de l’enjeu et présentant trop d’inconvénients: «Il y a de nombreuses barrières au développement de l’utilisation de l’énergie nucléaire, comme la sûreté opérationnelle, les risques de prolifération, les questions non résolues de gestion des déchets, ainsi que les risques financiers et réglementaires».
Dans certains cas, nos experts préconisent de mettre en batteries des centrales électriques à gaz à haut rendement, mais uniquement en substitution de centrales au charbon: réduction assurée de la moitié des émissions de CO2. Les technologies nouvelles ne sont pas oubliées. Le Giec imagine ainsi que toutes les centrales thermiques soient équipées de système de captage-stockage de gaz carbonique (CSC) dans les prochaines décennies.
Les experts insistent aussi sur les vertus de la conjugaison de la valorisation énergétique de la biomasse au CSC. Baptisée BECCS, cette solution technologique est l’une des rares à pouvoir «extraire» du CO2 de l’atmosphère. Rien à voir avec la géo-ingénierie, dont les capacités restent, pour le moment, inestimables.
Transports: carburants et urbanisme
Abattre les émissions carbonées du transport sera compliqué. «L’électricité, l’hydrogène, et quelques technologies d’agrocarburants pourraient réduire l’intensité carbone des carburants, mais leur capacité d’atténuation[2] reste très incertaine», commentent les auteurs. Pour autant, tout espoir de rouler (presque) propre n’est pas perdu: «L’efficacité énergétique et les performances des véhicules peuvent encore s’améliorer de 30 à 50% d’ici 2100». Les chercheurs attendent beaucoup des politiques de la ville. Densifier les villes, y favoriser les modes de déplacement doux, y maîtriser les besoins de mobilité pourrait réduire de 20 à 50% leurs émissions de dioxyde de carbone. Pas négligeable, si l’on se souvient que les aires urbaines sont à l’origine de 70% de nos émissions.
Bâtiments: des techniques et de la sensibilisation
Qui s’intéresse aux villes s’intéresse aussi au bâtiment. Un secteur à haut potentiel. «Les nouvelles technologies, modes de conception, savoir-faire, changements de comportements peuvent diminuer d’un facteur 2 à 10 les besoins énergétiques des constructions nouvelles et d’un facteur 2 à 4 ceux des immeubles existants», indiquent les rapporteurs. Bien sûr, du fait de sa longévité, la rénovation de l’habitat est l’une des clés de l’amélioration de la performance climatique du bâtiment, avec des économies de 50 à 90% pour le chauffage et la climatisation. N’oublions pas non plus la sensibilisation des habitants aux bonnes pratiques. «Dans les pays développés, des habitants sensibilisés aux questions énergétiques et climatiques peuvent diminuer leur demande de 20% à court terme.»
Industries: technologies et recyclage
L’industrie a de belles cartes dans son jeu pour réduire sa contribution au réchauffement. Rapidement, l’adoption des meilleures technologies disponibles lui permettrait d’abattre d’un quart son intensité énergétique. L’industrie lourde (cimenterie, sidérurgie, notamment) peut aussi utiliser les techniques conçues pour le secteur électrique, comme le captage-stockage géologique de CO2. Le développement du recyclage contribue tout à la fois à réduire l’empreinte carbone d’une industrie et à renforcer sa sécurité d’approvisionnement en matière première (fut-elle secondaire). La réutilisation de matières putrescibles permet, en outre, de diminuer les émissions de méthane des décharges. Mais l’industrie n’est pas seulement utilisatrice (ou productrice) de gaz carbonique ou de méthane. Les process de nombre de secteurs industriels utilisent des gaz de synthèse (HFC, SF6) dont le pouvoir de réchauffement global peut être plusieurs milliers de fois supérieur à celui du CO2. D’où l’importance de généraliser les substituts, le recyclage ou la destruction thermique de ces gaz.
Agriculture: la bonne nouvelle
Avec sa dizaine de milliards de tonnes de gaz à effet de serre émis, chaque année, l’agriculture est un gros contributeur au réchauffement. Pour autant, les perspectives sont encourageantes. D’ici 2050, estiment les rapporteurs, les émissions agro-sylvicoles pourraient diminuer de moitié. Et il n’est pas exclu que le secteur primaire devienne un puits de carbone à la fin du siècle. Ces bons résultats annoncés restent malgré tout incertains. Ils sont le fruit d’un possible ralentissement de la démographie, de changements de pratiques culturales et d’un arrêt presque total de la déforestation. La lutte contre le gaspillage alimentaire et la réduction de la consommation de viande ne seraient pas des plus inefficaces. Leur généralisation pourrait épargner l’émission de plusieurs milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an.
Si les solutions sont à disposition, pourquoi ne pas les mettre en œuvre? Bonne question à laquelle répondent les experts mandatés par le Giec. Dans le désordre, ils estiment que les meilleures techniques ou technologies ne sont pas forcément connues par tous les acteurs. Les pouvoirs publics ne sont pas toujours au rendez-vous pour informer, sensibiliser, inciter, voire obliger, citoyens et entrepreneurs à changer de comportement ou investir. Absents aussi les gouvernements quand il s’agit de supprimer les subventions à la consommation d’énergie fossile ou de taxer le carbone.
Taxer le carbone
Or, rappellent les économistes du Giec, la décarbonisation de nos économies passera par l’instauration d’un prix du carbone mondial, qui devra rapidement flirter avec les 100 dollars la tonne de CO2 (72,3 €). Difficile aussi pour les gouvernements d’expliquer, comme le fait l’économiste Jean-Charles Hourcade, que la lutte contre les changements climatiques suppose des gagnants et des perdants. Les rédacteurs du Giec ne font ainsi pas mystère: les citoyens pourraient réduire leur volume de consommation pour consacrer une part croissante de leurs revenus à l’isolation de leur logement, au renouvellement de leur véhicule ou à la réparation de dégâts causés par des événements climatiques extrêmes.
Nos dirigeants semblent aussi dépassés par le coût de cette transition climatique. Les auteurs du Giec prennent d’ailleurs soin de n’en citer aucun. Deux raisons à cela: le coût dépend de l’objectif recherché (vise-t-on un réchauffement de 1,5°C, 2°C?) et de notre rapidité d’action. Si nous cherchons à stabiliser le réchauffement à 2°C, mais que nous n’agissons que dans 20 ans, le montant final de la facture serait 40% plus élevé que si nous engageons immédiatement et globalement notre décarbonisation.
Dans son évaluation, l’économiste Nicholas Stern avait estimé, en 2007, que le coût de l’inaction pourrait atteindre 20% du PNB annuel: 20 fois plus que le coût de l’action. Ce sera donc un investissement coûteux (des centaines de milliards de dollars par an). Mais d’autant plus difficile à financer, pour nos pays du Nord, que la majorité des investissements devront être fait au Sud.
Alpha Coal : un projet loin des standards de la Société
Amis de la Terre
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La Société Générale soutient un énorme projet de mine de charbon, Alpha Coal, qui ne respecte pas ses propres principes environnementaux et sociaux (1) pourtant faibles. C’est ce que révèle une étude publiée aujourd’hui par les Amis de la Terre qui passe au crible les risques du projet, notamment sur la biodiversité, les ressources en eau, la Grande Barrière de corail et le climat (2). Démentiels, ces risques ne doivent pas être ignorés et le projet ne peut continuer en l’état, comme l’a confirmé le tribunal foncier du Queensland mardi 8 avril (3). La Société Générale doit s’en retirer immédiatement.
Les Amis de la Terre alertent, depuis septembre 2013, la Société Générale des risques d’Alpha Coal, un énorme projet de mine de charbon situé dans le bassin de Galilée dans l’État du Queensland en Australie. Aujourd’hui, l’association publie une analyse comparative (2) entre les impacts qu’auraient le projet et les principes adoptés par la banque afin de s’assurer de la responsabilité sociale et environnementale (RSE) de ses activités. Biodiversité, habitats critiques, ressources en eau, Grande Barrière de corail, climat, etc. l’étude passe au crible l’ensemble des impacts du projet et le verdict est sans appel : pour les Amis de la Terre, la Société Générale doit se retirer immédiatement d’Alpha Coal si elle est sérieuse dans ses engagements RSE.
« La banque nous assurait en novembre dernier qu’elle ne s’impliquerait dans Alpha Coal que si celui-ci respectait ses Principes environnementaux et sociaux, or il est clair que les deux sont inconciliables tant les risques du projet sont énormes » déclare Lucie Pinson, chargée de campagne Responsabilité des acteurs financiers aux Amis de la Terre. « Le Tribunal foncier du Queensland a lui-même a reconnu début avril (3) que le projet n’est pas dans l’intérêt du public et qu’il ne pouvait pas être approuvé en l’état étant donné les impacts qu’il aurait sur les ressources en eau dont dépendent les populations et les exploitations agricoles de la région, et qui alimentent également la Grande Barrière de corail » ajoute Derec Davies de l’association écologiste locale Coast and Country.
L’association qui contestait aux côté d’agriculteurs l’autorisation du projet minier se félicite de cette victoire mais redoute désormais la décision du gouvernement du Queensland qui peut suivre les recommandations du tribunal foncier mais est également libre de les ignorer et de donner le feu vert à Alpha Coal qui deviendrait ainsi le premier des 9 projets miniers prévus dans le Bassin de Galilée à obtenir l’ensemble des autorisations nécessaires. « Si l’avis du tribunal est respecté, le projet devrait soit être enterré soit fournir des études supplémentaires relatives à l’utilisation des eaux. Cependant, l’État du Queensland est notoirement en faveur de l’exploitation minière (4) et le Ministre Cripps pourrait intervenir en faveur de l’entreprise et approuver la mine dès maintenant » poursuit Derec Davies.
« Que le tribunal foncier se déclare en faveur du principe de précaution et mette le holà à un projet qui a été approuvé il y deux ans par les États du Queensland et aussi de l’Australie révèle des défaillances institutionnelles majeures en matière de gestion de risques. Et que les questions environnementales ne soient pas considérées comme il se doit dès le lancement des projets, a fortiori quand ils impactent un Patrimoine mondial de l’Humanité, met en péril la réputation des investisseurs et leurs profits futurs. Le fait que Blackrock, le plus gros gestionnaire de fonds de la planète, menace de se désinvestir d’entreprises impliquées dans la destruction de la Grande Barrière de corail, témoigne d’une prise de conscience et d’un mouvement inédit chez les investisseurs ! Nous demandons une fois de plus à la Société Générale de se retirer de ce projet et lançons aujourd’hui une pétition internationale pour l’arrêt de ses soutiens aux énergies fossiles » conclut Lucie Pinson (5).
(1) La Société Générale est signataire des Principes de l’Équateur et a défini des Principes Généraux Environnementaux et Sociaux destinés à maîtriser l’impact des activités qu’elle soutient. Ces principes sont déclinés dans des politiques sectorielles, dont celles sur les projets miniers, ainsi qu’une politique transversale sur la biodiversité.
(2) L’étude « Le projet Alpha Coal & Les Principes Généraux Environnementaux et Sociaux de la Société Générale » est disponible en français et en anglais en bas de cette page.
(3) http://www.landcourt.qld.gov.au/doc…
(4) Les gouvernements du Queensland et de l’Australie soutiennent fortement l’industrie minière et l’extraction du charbon au Queensland quelque soient les conséquences environnementales, sociales, et climatiques. Le gouvernement du Queensland s’est déclaré en faveur d’une simplification des procédures d’autorisation des projets charbonniers, notamment en ce qui concerne les impacts environnementaux afin de les accélérer : le Premier Ministre du Queensland a déclaré en juin 2012 que l’État était « dans le business du charbon » ; le Ministre de l’Environnement et de la Protection du Patrimoine du Queensland a également déclaré les associations écologistes comme des extrémistes dont l’avis ne devait pas être écouté ; et le Ministre de l’Environnement du Queensland lui – même a déclaré qu’il n’était pas convaincu que les émissions de gaz à effet de serre dues à l’Homme étaient responsables du changement climatique ; enfin des membres de l’autorité en charge de la protection de la Grande Barrière de corail ont également des intérêts dans l’industrie minière et gazière
(5) Pétition en partenariat avec 350.org pour la fin des soutiens aux énergies fossiles de la Société Générale et son retrait immédiat du projet Alpha Coal.
Boycotter l’industrie pétrolière, « ennemi numéro un de la survie de notre civilisation »
Maxime Combes et Nicolas Haeringer, membres d’Attac France
www.bastamag.net/Boycotter-l-industrie-petroliere
Les émissions de gaz à effet de serre augmentent à un rythme sans précédent, affirme le rapport du GIEC publié le 13 avril. L’urgence est telle que l’Onu pointe la responsabilité de l’industrie pétrolière et gazière. L’ancien prix Nobel de la Paix, l’archevêque sud-africain Desmond Tutu, appelle même à boycotter les industries fossiles, en s’inspirant du boycott contre l’Apartheid. Des fonds d’investissement commencent à se retirer des compagnies pétrolières, sur fond de mobilisations aux États-Unis contre la construction de pipelines ou en Europe contre l’exploitation des hydrocarbures de schiste. La France suivra t-elle le mouvement ?
Le constat dressé par les deux derniers rapports récemment publiés [1] par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sont sans appel. Les émissions de gaz à effet de serre croissent plus vite que jamais – 2,2 % par an entre 2000 et 2012 contre 0,4 % par an sur les trois décennies précédentes – atteignant des niveaux sans précédent et faisant craindre de dépasser le seuil des 2 °C dès 2030. Par ailleurs, les effets du réchauffement climatique et des catastrophes qu’il provoque (cyclones, pluies diluviennes, sécheresses…) vont s’aggraver fortement au 21ème siècle, et ce dans toutes les régions du monde. Elles ont pour noms : insécurité alimentaire, pressions sur l’accès à l’eau, conflits, populations déplacées ou problèmes sanitaires.
Ces rapports sont tellement alarmants qu’ils ont poussé Christiana Figueres, la responsable « climat » de l’Onu, à sortir de sa réserve diplomatique habituelle, pour pointer du doigt la responsabilité de l’industrie pétrolière, gazière et charbonnière : « Le temps de l’expérimentation et des changements marginaux est terminé » a-t-elle affirmé demandant à ce que « les trois quarts des réserves de combustibles fossiles restent dans le sol », le reste ne devant « être utilisé qu’avec parcimonie et de façon responsable ». De fait, l’humanité a déjà utilisé plus de la moitié du budget carbone disponible pour rester en deçà des 2°C de réchauffement climatique global.
90 entreprises principalement responsables
Christiana Figueres a donc décidé d’interpeler directement ceux qui peuvent être jugés comme les principaux responsables du réchauffement. De fait, selon une étude récemment publiée par la revue Climatic Change (voir notre article), 90 entreprises sont, à elles seules, responsables des deux-tiers des émissions de gaz à effets de serre relâchées dans l’atmosphère depuis 1854 – parmi ces entreprises, on compte bien sûr la quasi totalité du secteur de l’extraction des énergies fossiles (les « Big Oil »).
Face à un tel constat, Bill McKibben, le fondateur de l’ONG 350.org, et Naomi Klein, entre autres, considèrent comme indispensable de pointer les responsabilités, et de nommer les acteurs qui font partie du problème, plutôt que d’entretenir le mythe d’une communauté d’intérêt et de destin qui abolirait les catégories de responsables et de victimes. Pour le dire autrement, si nous sommes entrés dans l’anthropocène (voir notre enquête), nous ne sommes pas tous coupables. Le secteur de l’énergie fossile, cette « industrie voyou » (rogue industry), selon Bill McKibben, est perçue comme « l’ennemi numéro un de la survie de notre civilisation » et doit être mise à l’index.
« Nommer l’adversaire »
Dans cette optique, « nommer l’adversaire » est crucial pour comprendre ce qui fait obstacle à une transition énergétique réelle et ambitieuse. Une fois l’adversaire identifié, il devient en effet possible d’élaborer des stratégies et de mettre en place les politiques alternatives adéquates. C’est ainsi que sont justifiées des pratiques de désobéissance civile de masse récemment organisées aux États-Unis, devant la Maison-Blanche et sur les sites de construction des pipelines et infrastructures, pour bloquer l’exportation du pétrole issus des sables bitumineux du Canada. Ce que Naomi Klein a dénommé « une stratégie pour étrangler les sables bitumineux de l’extérieur ».
Une stratégie et des pratiques qui ont également pris pied en Europe. A travers des occupations de terrain sur lesquels lorgnent les industriels gaziers ou en bloquant l’arrivée des camions nécessaires aux travaux d’installation et de forage, les mobilisations contre l’exploitation des hydrocarbures de schiste en Pologne, en Roumanie, au Royaume-Uni se situent clairement dans la même dynamique. Autre exemple, le mouvement « No Dash For Gas » (Pas de ruée sur le gaz) a occupé une semaine durant, fin 2012, deux cheminées de la central au gaz d’EDF à West Burton. L’objectif ? Stopper la production d’électricité pour dénoncer la construction de 40 nouvelles centrales au gaz, sous peine d’un « changement climatique irréversible ».
« Des entreprises qui minent notre avenir »
A travers la campagne Do the math [2], Bill McKibben et le mouvement 350.org contribuent également à amplifier un processus de désinvestissement significatif dans le secteur des énergies fossiles. La logique est simple : s’il faut préserver la stabilité du climat, alors il ne faut pas tirer profit de sa destruction. Des universités, mais également des fonds de pension et d’investissement se retirent des compagnies d’énergies fossiles, jugées trop dépendantes de réserves qu’il ne faudrait pas extraire.
Ce processus de désinvestissement vient de recevoir un soutien de choix en la personne de Desmond Tutu. Cet archevêque sud-africain et prix Nobel de la Paix (1984) vient d’appeler à organiser un boycott des industries fossiles s’inspirant de celui contre l’apartheid. Il préconise de « rompre les liens avec les sociétés qui financent l’injustice que constituent les dérèglements climatiques », considérant que « cela n’a pas de sens d’investir dans des entreprises qui minent notre avenir ».
Que va faire Ségolène Royal ?
Mais l’industrie pétrolière et gazière n’entend pas changer d’approche. Le jour de la publication du rapport du GIEC portant sur les impacts des dérèglements climatiques, Exxon Mobil, la compagnie pétrolière dont le chiffre d’affaire est supérieur au PIB de 179 pays et qui a nié pendant très longtemps l’origine humaine des dérèglements climatiques, expliquait que le changement climatique ne l’empêcherait pas de produire et vendre des énergies fossiles. Toute proportion gardée, l’Union Française des Industries Pétrolières (UFIP) adopte une approche similaire : le nouveau gouvernement n’était pas encore nommé qu’elle l’appelait à « rouvrir le dossier » des gaz de schiste, se gardant bien de préciser comment cela pourrait être compatible avec le constat dressé par le GIEC.
De ce point de vue, les premières déclarations de la nouvelle ministre de la transition énergétique et de l’écologie ne peuvent qu’inquiéter : à peine était-elle nommée que Ségolène Royal jugeait nécessaire de rappeler son opposition à une « écologie punitive ». Face à l’ampleur des dérèglements climatiques, peut-on nier que tout un secteur industriel exerce une activité nuisible à la survie de l’espèce humaine, et, au-delà, à l’ensemble de la planète ? Et ce d’autant plus qu’avec leurs déclarations fracassantes et leurs lobbying effréné, les acteurs de l’industrie pétrolière et gazière font tout, de leur côté, pour incarner l’adversaire d’une transition énergétique qui soit à la hauteur des exigences climatiques.
« Le détricotage de notre droit de l’environnement »
Simon Charbonneau, liste de droit de l’environnement
www.sudouest.fr/2014/04/16/le-detricotage-de-notre-droit-de-l-environnement-1526862-4688.php
Depuis 2008, à la suite des accords de Grenelle et en raison de l’approfondissement de la crise économique frappant les pays occidentaux, notre oligarchie nationale a décidé de reléguer en queue de peloton nos politiques publiques de protection de l’environnement.
Désormais, priorité politique absolue est donnée aux mesures destinées à sortir notre pays de la récession en cherchant à faire redémarrer la croissance par tous les moyens, seule susceptible d’« inverser la courbe du chômage ».
De ce credo partagé par toutes les familles politiques, découle l’idée que doivent disparaître tous les obstacles à l’amélioration de notre compétitivité économique, et ceci tant sur le plan social que sur le plan environnemental.
C’est ainsi que nous revivons ici en France, du point de vue de la crise écologique, ce que nous avons déjà vécu au début des années 1980, à la suite du second choc pétrolier et alors même que cette crise s’est partout aggravée dans le monde. En fait, cette politique repose sur l’idée implicite, qui n’est d’ailleurs pas fausse, selon laquelle les mesures de protection de l’environnement entravent la dynamique économique de la croissance, tout en occultant un fait majeur, à savoir que les difficultés économiques actuelles des pays occidentaux ne sont pas dues à l’écologie, mais aux limites systémiques de notre modèle de croissance économique fondé sur l’illusion de son éternité à travers le monde.
De là, la multiplication des mesures d’assouplissement des règles de protection de l’environnement, qualifiées par le vocabulaire rassurant de « simplification », qui ont été adoptées dans nos Codes, en particulier celui de l’environnement et de l’urbanisme depuis une dizaine d’années, et qui ont été parachevées par l’adoption récente de la loi Duflot, du nom de notre ex-ministre « écologiste ».
Le détricotage en cours de notre droit de l’environnement vise en priorité à restreindre le champ des procédures de participation, contrairement aux dispositions de la convention d’Aarhus signée en 1998, et à restreindre le droit au recours contentieux dont les associations de protection de l’environnement se servent pour faire appliquer les textes destinés à protéger les milieux naturels.
Par ces diverses réformes, il ne s’agit surtout pas de « simplifier » le droit de l’environnement pour le rendre plus efficace, une réforme qui serait indispensable vu l’obésité croissante de nos codes, mais au contraire de contribuer à la complexité croissante de ces derniers pour les rendre moins efficaces.
La technique juridique habituelle consiste dans ce domaine à poser une règle de protection et à multiplier ensuite les hypothèses de dérogation destinées à la rendre en fait ineffective.
C’est ainsi que les zones Natura 2000 peuvent être affectées par des autorisations de destruction d’espèces protégées accompagnées de soi-disant mesures de « compensation » rendues indispensables par la réalisation de grands projets d’aménagement. Même chose pour l’interdiction d’épandage des pesticides accompagnée d’une série de possibilités de dérogations la rendant ineffective.
De là des textes « bavards » (dixit notre Conseil d’État !) comme la loi Duflot qui comporte pas moins de 177 articles destinés à modifier plusieurs codes, et qui les rendent illisibles pour le simple citoyen.
À l’origine de cette situation désastreuse tant sur le plan de la protection de l’environnement que sur celui de l’État de droit, il y a ce concept fumeux de « développement durable », inscrit aujourd’hui dans notre Charte constitutionnelle de l’environnement, et dont découle toute notre législation fondée sur ses contradictions sémantiques.
Et, derrière ces enjeux juridiques, il y a le déni officiel du lien existant entre croissance économique et crise écologique qui, depuis quarante ans, a été souligné tant par des scientifiques que par des philosophes.
Si donc le droit de l’environnement avait été fondé sur la reconnaissance de ce lien politique irréfragable illustrée par l’adoption du concept d’« équilibre durable », son édifice juridique en aurait été bouleversé et son efficacité accrue.
Mais, bien évidemment, une telle hypothèse aurait supposé ou supposerait au préalable une véritable révolution culturelle dans la tête de nos élites dirigeantes !