Climat : « À 1,5 degré de plus, la moitié de l’humanité va mourir », alerte Fred Vargas
FranceInfo
www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/climat-a-1-5-degre-de-plus-la-moitie-de-l-humanite-va-mourir-alerte-fred-vargas_3437663.html
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Dans son nouveau livre intitulé « L’humanité en péril, virons de bord » (Flammarion), Fred Vargas s’attaque aux crimes contre la planète.
L’auteur Fred Vargas range ses polars pour s’attaquer au péril climatique et à la pollution. Elle publie L’humanité en péril, virons de bord (Flammarion), dans lequel elle a pour ambition d’informer la population du danger qui la guette. Fred Vargas explique qu’à 1,5 degré de plus de réchauffement climatique, la moitié de l’humanité mourra. Elle affirme aussi que lors de la COP 24, les dirigeants politiques ont sciemment décidé de sacrifier un quart de plus de la population mondiale en s’autorisant à aller jusqu’à +2 degrés.
Franceinfo : Plus vous creusez, plus vous vous dites qu’on ne sait pas grand-chose ?
Fred Vargas : Les gens connaissent surtout des généralités. Ils savent que la Terre se réchauffe, qu’il y a des espèces qui meurent, qu’il y a moins d’oiseaux, moins d’insectes, moins de poissons etc. Or, sur la biodiversité, les gens se disent : « Bon c’est triste mais ce sont des animaux ». Non. En deçà d’un certain seuil de biodiversité, l’homme ne pourra pas survivre. Il y est intimement lié. De même, en deçà d’un certain seuil de déforestation, l’homme ne pourra pas survivre non plus.
Cela vous met en colère de voir que nous n’avons pas vraiment de réaction ?
On n’a pas de réaction parce qu’on n’a pas été informé. Les gens n’ont pas été informés sur ce débat : est-ce qu’on va jusqu’à +1,5 degré de température sur Terre (on est déjà à +1,1) ou est-ce qu’on va jusqu’à deux degrés ? Le Giec, le groupe intergouvernemental d’experts sur le climat, ce ne sont pas des nains de jardins, a durcit ses positions scientifiquement en disant : « il est hors de question de dépasser 1,5 degré, hors de question d’aller jusqu’à 2 degrés. » 1,5 degré les gens se disent : « bon, il fera plus chaud en Bretagne, sympa ». L’année dernière, à seulement +1,1 degré, on a perdu 12% à 20% des récoltes agricoles donc vous imaginez que plus la température augmentera, plus les cultures agricoles vont baisser, plus le niveau des fleuves vont baisser, mettant en danger le refroidissement continu des centrales nucléaires qu’il va falloir mettre à l’arrêt en anticipant.
Pourtant cela fait des années que les médias en parlent. On ne mesure pas, on ne connaît pas ou il n’y a pas de réaction ?
Les gens n’ont pas le temps de faire le boulot que j’ai fait. Moi, j’ai le temps. J’ai lu plus d’un millier de sources parmi lesquelles j’ai trié, séparé, enlevé ce qui n’était pas fiable. Si on n’est pas informé, on n’est pas prêt à agir. Informer, c’est ce que devraient faire les gouvernants. Ce sont nos élus qui sont responsables de nos vies, de nos destins. Ils ne nous disent pas ce qu’a dit le Giec : à +1,5 degrès, on y sera vers 2030-2035, le quart du globe sera impacté et la moitié de l’Humanité, 4 milliards d’individus, sera en péril vital, autrement traduit, va mourir de chaud, de faim, de soif, d’épidémies.
Vous trouvez qu’il y a une irresponsabilité générale des dirigeants ?
Totale. Qu’est-ce qui s’est passé à la COP 24 ? Ils ont décidé d’aller jusqu’à 2 degrés c’est-à-dire d’impacter un quart de plus de l’Humanité, d’impacter les trois quarts de l’Humanité, de la faire mourir. C’est un choix qui a été fait. Donc il faut absolument abattre les lobbies, abattre le lobby agro-industriel. Il faut se rendre compte qu’un kilo de bœuf, ça représente une consommation de 13 800 litres d’eau. Même un morceau de sucre blanc, c’est 7 litres d’eau !
La technique ne sauvera pas le monde
Jean-Pierre Tuquoi
https://reporterre.net/La-technique-ne-sauvera-pas-le-monde
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Dans « Le Bonheur était pour demain », l’ingénieur Philippe Bihouix démolit efficacement les illusions d’une réponse technologique à la crise écologique. Quant à l’économie circulaire, c’est un fourre-tout tout aussi vain. La vraie solution est d’aller vers la sobriété.
Tous ceux qui sont convaincus que demain, on pourra se rendre de Paris à New York en trente minutes, que la colonisation de Mars — et au-delà — n’est qu’une question de temps, que le stockage de l’information sur de l’ADN est à notre portée, bref que les lendemains s’annoncent radieux pour l’humanité, tous ces optimistes béats devraient lire le dernier livre de Philippe Bihouix. Il les aiderait à redescendre sur terre.
Mais pas qu’eux. Devraient également se jeter sur l’ouvrage ceux du camp d’en face, si l’on peut dire, ceux qui croient qu’un autre monde est possible moyennant un peu de bonne volonté, les thuriféraires de l’économie circulaire et du développement durable, les consomm’acteurs et les prosélytes de l’économie collaborative. Ils y seront confrontés à des vérités dérangeantes propres à faire vaciller quelques-unes de leurs convictions.
Bihouix n’en est pas à son premier coup d’essai. Dans un ouvrage précédent (L’Age des low-tech, Seuil 2014), bien accueilli par la critique, il démolissait le mirage de l’innovation high tech en en prenant le contre-pied. Dans Le Bonheur était pour demain, d’une lecture aussi aisée que stimulante, il élargit son champ d’action. Pour remettre d’aplomb une planète bien malade, ceux qui prêchent la course au progrès sont des menteurs ou des illuminés, accuse-t-il avant de fustiger, avec une égale vigueur, les effets de mode et les fausses bonnes idées colportées par certains courants écolos.
L’auteur sait de quoi il parle. Passé par l’école Centrale de Paris — le top des écoles d’ingénieurs — il est difficile de lui vendre du vent et de lui faire prendre des vessies pour des lanternes. Lorsqu’on fait miroiter, par exemple, les promesses des voitures intelligentes, synonymes de circulation fluide, d’accidents moins nombreux, Bihouix répond « augmentation des besoins en métaux » de toutes sortes et des « flux de données et d’informations ». Un million de voitures autonomes effectuant des trajets automatiques, calcule-t-il, exigeraient autant d’échanges de données que trois milliards de personnes connectées à leur mobile. « L’ordre de grandeur fait frémir », note-t-il avant de rappeler que le parc automobile mondial est de l’ordre du milliard. Si l’on y ajoute le flux de données engendrées demain par les « villes intelligentes » et les objets connectés qui vont avec (de la climatisation des bâtiments au distributeur de croquettes pour chats), un vertige saisit le lecteur en songeant aux data centers à construire pour gérer le tout. Sans doute, techniquement le défi n’est pas insurmontable mais il suppose de malmener encore un peu plus la planète Terre.
Dans les médias, les rêves fous censés apporter le bonheur à l’humanité sont légion. Bihouix en recense plusieurs qu’il démolit allègrement avec quelques chiffres bien sentis. Il y a l’Hyperloop, un sorte de train circulant à plus de 1.000 km à l’heure dans un tunnel sous vide dont le premier trajet commercial à Abu Dhabi est promis pour l’Exposition universelle de 2020 ; l’envoi vers des exoplanètes (première étape avant leur colonisation humaine) de minuscules engins spatiaux propulsés à des vitesses avoisinant celle de la lumière en concentrant sur elles pendant quelques minutes l’équivalent de la production électrique annuelle française ; ou encore le stockage de la totalité de l’information existant sur des fragments d’ADN (mais avec quel outils transférer et lire cette information sans dépense énergétique excessive ?)…
L’économie circulaire n’est pas la solution
En dépit des discours des grands prêtres du technoscientisme moderne (plusieurs se font joliment épingler dans le livre), sans doute ne faut-il pas attendre de ces utopies techniciennes la solution à nos problèmes de fond (dérèglement climatique, raréfaction des ressources, biodiversité en berne, épuisement des sols…) Mais quelles sont les alternatives ? Ou réside l’espérance ? Sûrement pas dans une économie circulaire, répond Bihouix. Pas plus que l’économie « durable » (un concept qui n’a plus guère le vent en poupe, selon lui) elle n’est une solution. C’est « un fourre-tout consensuel », une tarte à la crème qui inclut des idées « indéniablement intéressantes [qui] peuvent et font émerger des alternatives » sans être à la mesure du défi à relever.
Un modèle de développement fondé sur une économie circulaire supposerait de « tout reconsidérer du sol au plafond dans les processus de production et de consommation actuels ». On en est loin, observe l’auteur. Le mot a été vidé de son sens. Et demain, il sera supplanté par d’autres concepts tout aussi artificiels. Certains pointent déjà leur nez : l’économie symbiotique, biomimétique, permaculturelle…
Deuxième barrière sur la route d’une économie circulaire généralisée : l’hostilité des entreprises. Il est « illusoire et naïf » de croire que celles-ci vont jouer leur rôle dans la transformation du modèle de développement actuel. Le fabricant de petit électroménager SEB-Moulinex peut s’engager à fabriquer des appareils réparables, il ne s’agit que d’un cas d’espèce (probablement motivé par des considérables commerciales). « S’il faut, demain (ou après-demain), construire moins de bâtiments et d’ouvrages d’art, ne plus tracer de routes nouvelles, fabriquer moins de voitures et plus un seul sac de plastique… il sera difficile de demander aux entreprises d’accélérer cette destruction créatrice d’un genre nouveau… celle du chiffre d’affaires ! »
Il ne faut guère attendre mieux de l’économie collaborative, qui privilégie une relation directe entre producteurs et consommateurs (à base de partage, de gratuité). Elle n’est pas davantage la panacée : la création d’Airbnb n’a pas mis un terme à la construction des hôtels et l’envoi à l’autre bout de la France d’un livre d’occasion, acheté sur un internet, n’est pas neutre en termes de bilan carbone (surtout si l’ouvrage est enrobé de papier bulle).
Dans son souci de « parler vrai », Bihouix consacre un chapitre de son essai à la question démographique. Le sujet est miné, l’auteur le sait et, s’il n’épargne pas les démographes français et leur discours lénifiant, c’est avec une prudence de chat qu’il l’aborde. Évitant toute prise de position idéologique, il se contente de montrer, données chiffrées à l’appui, que notre monde arrive à « saturation » et que cette dernière « est un facteur explicatif de nombreuses dégradations environnementales ». « Ce sont la saturation et la densité qui (…) impliquent des travaux d’infrastructure et des équipements plus coûteux, requièrent l’utilisation accrue de ressource et de travail humain », rappelle-t-il. Au fond, la société qu’appelle de ses vœux Bihouix au terme de son passionnant voyage, aurait pour caractéristique principale d’être sobre. Elle tolèrerait les voitures mais des voitures moins sophistiquées que les SUV qui paradent aujourd’hui sur les routes, des villes davantage en prise avec la nature et ne faisant pas la part belle aux objets connectés, une agriculture sans pesticide… Autant dire, au vu de la direction prise par nos sociétés, qu’il s’agit d’une utopie au même titre que celle des technoscientistes béats décrits par Bihouix.
Comment mettre fin au paradis fiscal dont bénéficie le transport aérien
RAC
https://reseauactionclimat.org/comment-mettre-fin-au-paradis-fiscal-dont-beneficie-le-transport-aerien
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Selon une étude réalisée en 2018 pour la Commission européenne mais qu’elle n’a pas rendu publique à ce jour, l’Europe demeure un « paradis fiscal » pour le transport aérien. L’état des lieux met en lumière une fiscalité particulièrement avantageuse pour le transport aérien en Europe et notamment en France, au détriment du climat.
Selon une étude réalisée en 2018 pour la Commission européenne mais qu’elle n’a pas rendu publique à ce jour, l’Europe demeure un « paradis fiscal » pour le transport aérien. L’état des lieux met en lumière une fiscalité particulièrement avantageuse pour le transport aérien en Europe et notamment en France, au détriment du climat. Démontrant les avantages de la taxation environnementale pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, les nuisances sonores et ce, avec un impact négligeable sur l’emploi, elle appelle à des réponses politiques immédiates.
En complément de la nécessaire taxation du kérosène, le Réseau Action climat et ses associations membres proposent, dans le cadre de la Loi Mobilité examinée dès cette semaine en commission Développement durable à l’Assemblée nationale, une « contribution climat » dont devraient s’acquitter les compagnies aériennes pour tous les billets achetés pour un décollage en France.
En France, le transport aérien hors des radars de la politique climatique et du projet de loi mobilité
Le transport aérien est le mode de transport le plus émetteur de gaz à effet de serre par personne et kilomètre parcouru : il est au moins deux fois plus émetteur de CO2 que la voiture et 14 à 40 fois plus que le train. Ses impacts dépassent le seul CO2 puisque ses trainées de condensation et les oxydes d’azote qu’il génère réchauffent aussi l’atmosphère (1). Dépourvu d’objectif contraignant sur ses émissions, le trafic aérien français poursuit sa hausse en métropole et à l’international (2), à un rythme insoutenable pour le climat. La consommation de kérosène a même cru en France en 2018 (UFIP).
Malgré ces impacts et ces tendances inquiétantes, aucune mesure de réduction du trafic aérien et des émissions de gaz à effet de serre du transport aérien n’a été prise à ce jour en France et le transport aérien est absent du projet de loi Mobilité.
A l’étranger, des démarches s’avèrent concluantes. En Suède par exemple, le nombre de passagers a diminué de près de 4,4 % sur un an, dont – 5,6 % sur les vols intérieurs, depuis la mise en place d’une nouvelle taxe climat sur les billets d’avion et la relance des trains (de nuit notamment).
La pollution du transport aérien largement subventionnée en France
La France n’a pour l’instant aucune fiscalité environnementale sur les trajets en avion. Au contraire, certaines compagnies et certains aéroports sont lourdement subventionnés pour garantir le fonctionnement des lignes régionales, le kérosène est complètement exonéré de TICPE et de TVA contrairement aux autres modes de transports -hormis le fioul maritime. De plus, le taux de TVA est réduit (10%) sur les billets acheté pour des vols nationaux tandis qu’un taux zéro de TVA est appliqué sur les billets internationaux. La taxe de solidarité est faible en comparaison d’autres taxes appliquées aux billets à l’étranger selon l’état des lieux produit par la commission européenne. La seule exonération de taxe sur le kérosène en France représente un manque à gagner de 3,6 milliards d’euros, un montant qui serait deux fois plus élevé si le kérosène était taxé comme l’essence (3).
Selon l’étude de la commission européenne, la mise en place d’une taxation du kérosène à hauteur de 33 centimes par litre permettrait de réduire de 9% les émissions de GES du secteur, équivalant au retrait de 850 000 véhicules sur les routes de France, de 7% le nombre de personnes exposées à de fortes nuisances sonores, et aurait des « impacts négligeables » en termes d’emplois. Les arguments des opposants à la taxation environnementale du transport aérien sont donc mis à mal par l’étude de la commission européenne. De plus, le maintien des avantages fiscaux créé une injustice sociale, moins d’un quart les des ménages dont le niveau de vie est le plus faible ayant pris l’avion en 2015, contre 49% des ménages dont le niveau de vie est le plus élevé (4).
Des attentes fortes pour mettre le transport aérien à contribution et investir dans les solutions comme le train
L’étude de la Commission européenne confirme qu’il est juridiquement possible, dans le cadre de la convention internationale de Chicago, de taxer le kérosène sur les vols intérieurs et les vols internationaux, à condition que les pays s’entendent bilatéralement sur son application. La France peut donc agir sans plus attendre avec les pays volontaires pour taxer le kérosène au national et à l’international, d’autres pays taxant déjà le kérosène.
En complément de la taxation du kérosène, le Réseau Action Climat a proposé l’instauration d’une contribution climat sur les compagnies aériennes pour chaque billet d’avion vendu en France pour les vols nationaux et internationaux pour enrayer de manière immédiate la hausse du trafic et des émissions de gaz à effet de serre.
Son montant varie de 20 à 100 euros en fonction de la distance et de la classe. Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à examiner le projet de loi du gouvernement d’orientation des mobilités à partir du 14 mai, le Réseau Action climat et ses associations membres appellent les législateurs à adopter cette mesure. Vous pouvez aussi leur écrire grâce à notre outil d’interpellation Pour Qui Roulez Vous ?
Du mouvement des gilets jaunes au Pacte écologique et social du « pouvoir vivre » qui réunit 19 organisations, l’absence de taxation climatique sur le transport aérien est une aberration largement remise en question.
La fin de ces subventions constitue l’un des leviers incontournables de réduction des émissions de gaz à effet de serre du transport aérien, en complément de mesures favorables à la promotion d’alternatives à l’aérien comme le train en métropole et sur les liaisons transfrontalières.
Notes de bas de page
(1) Concernant les idées reçues sur le transport aérien : https://reseauactionclimat.org/publications/cinq-mythes-transport-aerien/
(2) Le transport aérien français a connu une hausse en 2017, au niveau international (+6%) et intérieur (+4%), où il est porté par le trafic sur les lignes transversales (province-province) : + 8,3 % contre + 0,8 % sur les lignes radiales (Paris-province).
(3) Annexe Tome II – Évaluation des voies et moyens PLF 2019 : le coût de la niche fiscale dont bénéficie le kérosène en France est chiffré à 3,6 milliards d’euros sur la base du taux 17bis de 39,79 €/hl l’article 265 bis-1-b du code des Douanes. En se basant sur le même taux de TICPE que pour l’essence E10 (66 centimes/litre) et en ajoutant la TVA qui s’applique sur la TICPE, le manque à gagner pour les finances publiques est de 7,2 milliards €. Contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible juridiquement de taxer le kérosène sur les vols nationaux et internationaux, sous couvert que les pays s’engagent mutuellement.
(4)«Les Français et la mobilité durable » www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/p/2570/1228/francais-mobilite-durable-quelle-place-deplacements.html
Gaël Giraud : « L’écologie est notre meilleure source d’emplois »
Kévin Boucaud-Victoire
www.marianne.net/debattons/entretiens/gael-giraud-l-ecologie-est-notre-meilleure-source-d-emplois
Article
L’économiste Gaël Giraud revient sur la place du travail dans nos sociétés, qui doit être réinventé dans la transition écologique.
Ce 20 mai s’ouvre un colloque intitulé « Quel travail pour une transition écologique solidaire ? », organisé par le Centre de recherche et d’action sociales (Ceras) – association qui regroupent des jésuites et des laïcs, qui travaillent sur la doctrine sociale de l’Église catholique – et plusieurs autres associations et ONG (Oxfam, CCFD-Terre solidaires, Réseau Action Climat, Jeunesse ouvrière chrétienne, le Mouvement chrétien des cadres et dirigeants, etc.). Pendant trois jours, plus de 70 chercheurs, leaders associatifs, syndicalistes, représentants d’entreprises et élus, dont Vandana Shiva, David Graeber, Gaël Giraud et Cécile Renouard interviendront au siège de l’Unesco, à Paris. Prêtre jésuite, économiste hétérodoxe et spécialiste des questions énergétiques, Gaël Giraud revient avec nous sur cet événement.
Marianne : Pourquoi intégrer le travail dans la réflexion sur la transition énergétique ?
Gaël Giraud : Parce qu’il occupe une place centrale dans la transformation systémique que nous devons opérer afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre à la vitesse à laquelle nous sommes tenus de le faire si nous voulons respecter l’accord de Paris. D’abord, une bonne partie de la consommation d’énergie actuelle est associée au travail. Il faut modifier cela, afin que le travail ne rende plus indispensable la dissipation d’énergie fossile. Ensuite, ces bouleversements structurels ne seront socialement acceptables que s’ils créent des emplois. Or la transition énergétique consiste à remplacer les hydrocarbures fossiles par des énergies renouvelables, bien moins productives. Il y aura donc en moyenne besoin de beaucoup plus de main d’œuvre humaine pour la même quantité de production, en particulier lorsque l’on consentira enfin à substituer l’agro-écologie à l’agriculture intensive en chimie. L’écologie est notre meilleure source d’emplois.
Quel rôle devrait avoir le travail dans notre société ?
Le travail a un double rôle. Il a une fonction de socialisation, dont souffrent les chômeurs parce qu’ils en sont privés. C’est donc un lieu d’intégration dans les réseaux humains : on s’humanise, en principe, par le travail et cela commence dès l’école. Il joue ensuite un rôle déterminant dans la production de biens et services, n’en déplaise à ceux qui fantasment une société de robots. Ce sont ces deux fonctions qu’il faut promouvoir: le travail doit devenir un lieu d’humanisation plutôt qu’un lieu d’esclavage, comme il est en train de le devenir actuellement.
Une réflexion sur le travail peut-elle faire l’impasse sur la réduction du temps de travail ? Dans ce cas, comment défendre une telle proposition à l’heure où beaucoup pensent que les 35 heures ont ruiné la France ?
Les 35 heures ont favorisé la création de 2 millions d’emplois et au total, les Français travaillaient plus en 2002 qu’en 1998. Le procès fait par le Medef et Macron aux 35 heures est sans fondement. En revanche, la loi Aubry a été mal appliquée, c’est vrai. Mais en 2002 les comptes sociaux étaient équilibrés, comme la balance commerciale. Ruine de la France ? La tendance de long terme depuis deux siècles, c’est la réduction du temps de travail, et non son augmentation. L’idée selon laquelle nous ne travaillons pas assez en France n’est étayée par aucune statistique sérieuse.
La durée hebdomadaire moyenne du travail des actifs occupés en France est l’une des plus élevée d’Europe, supérieure en particulier à celles d’outre-manche et d’outre-Rhin. Et, pour l’instant, nous avons relativement moins de petits boulots précaires qu’eux. En revanche, nous avons beaucoup plus de chômeurs. Aucun argument sérieux ne permet d’étayer l’idée selon laquelle il faudrait rallonger le temps de travail. Si nous voulons au contraire partager le travail, afin de réduire le chômage et permettre la transformation tellurique de notre société qu’exige la décarbonation, il faut au contraire réduire le temps de travail. Afin notamment que les hommes et les femmes actifs aient les moyens de négocier les ajustements sociaux, familiaux et humains nécessaires à la décarbonation : chacun doit pouvoir pratiquer de la permaculture dans son jardin, par exemple, troquer les transports publics contre la voiture, etc.
Est-ce réellement possible à l’heure de l’Union européenne et de la mondialisation, c’est-à-dire dans un contexte de concurrence internationale ?
La concurrence internationale est l’épouvantail agité par la Commission européenne afin de freiner beaucoup de réformes pourtant indispensables. Je dirais au contraire que poursuivre dans cette direction n’est pas possible. Nous allons vers un effondrement civilisationnel, dans les décennies à venir si nous nous entêtons dans le business as usual. Les nouvelles qui nous viennent du front climatique sont catastrophiques : le pergélisol du sous-sol de l’Océan Arctique et du sol en Sibérie et en Alaska fond beaucoup plus vite que prévu. Donc, il n’est plus exclu que nous ayons des émanations massives de méthane dès la fin de ce siècle.
La question de la survie de notre espèce au siècle suivant pourrait être posée. Ajoutez à cela la destruction du vivant (dont nous dépendons étroitement) que provoquent nos modes de vie et la conclusion est sans appel : nous n’avons pas d’autre choix que de changer radicalement de modèle. L’idéologie de la Commission européenne devra être abandonnée comme celle de la bureaucratie brejnévienne l’a été en quelques mois. Je ne connais aucun fondement analytique rigoureux au concept de « concurrence pure et parfaite », qui est la pierre d’angle de l’idéologie post-libérale aujourd’hui.
Que pensez-vous du mouvement de la décroissance ? La réflexion sur le travail doit-elle se faire autour de cette notion selon vous ?
Ceux qui estiment qu’il faut simplement réduire le PIB pour résoudre nos problèmes se trompent d’ennemi. Le PIB est un très mauvais indicateur, à la hausse comme à la baisse. Il faut lui substituer de meilleurs indicateurs : une mesure des inégalités, l’espérance de vie en bonne santé, une mesure de la scolarisation etc. Le modèle extractiviste n’arrive plus à faire gonfler le PIB? Il est possible que la décarbonation y parvienne. Mais on s’en fiche ! Il faut surtout que cela crée des emplois qui ont du sens et qui nous humanisent. Je me sens étranger à ce débat. Je ne suis ni pour la croissance, ni pour la décroissance.
Justement, l’objectif des décroissants est moins la croissance négative du PIB que de sortir de la « religion de la croissance »…
Je ne suis pas sûr que tous les décroissantistes soient d’accord avec cela. Si c’est cela pour vous le sens de la décroissance, je vous rejoins. Il faut sortir de la religion de la croissance du PIB, qui fait partie du problème et non de la solution, et trouver d’autres indicateurs qui mesurent la qualité de nos relations humaines, de la joie au travail, ainsi que la pression anthropique sur les écosystèmes naturels, etc.
La transition écologique est-elle réellement possible ? Dans La Guerre des métaux rares (Les Liens qui Libèrent, 2018), par exemple, Guillaume Pitron montre que les pénuries de métaux rares risquent de l’empêcher…
Oui, il y a en particulier le problème du cuivre, dont sont particulièrement gourmandes les infrastructures liées aux énergies renouvelables. La densité des réserves de cuivre disponible sur la planète décroît dangereusement. Elle est aujourd’hui de 1% en moyenne, alors qu’elle était encore de 5% il y a une vingtaine d’années. Avec un de mes collègues géophysiciens, Olivier Vidal, à Grenoble, nous avons fait des recherches afin d’identifier la possibilité d’un pic d’extraction du cuivre. Nous avons trouvé qu’il pourrait survenir dès 2060 au niveau mondial. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de cuivre mais que l’on ne pourra plus augmenter la quantité de cuivre annuelle extraite du sous-sol. Cela implique deux choses. Dès aujourd’hui, nous devons faire le recyclage massif de tous nos métaux rares. Nous ne le faisons pas assez. Cela suppose de mettre fin à l’obsolescence programmée de nos gadgets et de remplacer nos gadgets high tech par du low tech plus facile à recycler. Ensuite nous devons investir massivement dans la recherche et développement, afin de trouver des substituts aux usages industriels du cuivre. Dans l’état actuel de nos techniques, il est possible que nous ayons un goulet d’étranglement de notre approvisionnement en cuivre pour nos énergies renouvelables. Mais nous avons quelques années pour trouver des substituts. Il y a aussi la raréfaction relative du phosphate, qui condamne à terme l’agriculture industrielle sous perfusion phosphatée. Il est urgent de passer à l’agro-écologie.
La position de carnivore des humains – qui, en mangeant de la viande, se placent inconsciemment au sommet de la hiérarchie des prédateurs – est en lien avec la destruction de la planète et avec le machisme ou le phallocratisme des hommes vis-à-vis des femmes, qui est loin d’être une question réglée en France et en Europe.
En quoi ces réflexions sur le travail et l’écologie se situent dans la doctrine sociale de l’Église ?
C’est très clairement expliqué dans l’encyclique Laudato Si’, publiée par le pape François en juillet 2015. Pour lui, ceux qui négligent les dégâts écologiques en pensant que le marché pourvoira, ceux qui violent les enfants et ceux qui abandonnent leurs grands-parents grabataires sont au fond coupables de la même faute. C’est la même logique sous-jacente, la même pulsion dont il faut nous guérir. Quant à la réflexion sur un travail humanisant, c’était déjà le grand thème d’une précédente encyclique, Laborem Exercen (Jean Paul II en 1981 – ndlr). Il n’y a pas de chemin d’humanisation chrétien qui ne passe par l’apprentissage du respect absolu de la création, des enfants et des personnes âgées. J’ajouterais : du respect des femmes. La position de carnivore des humains – qui, en mangeant de la viande, se placent inconsciemment au sommet de la hiérarchie des prédateurs – est en lien avec la destruction de la planète et avec le machisme ou le phallocratisme des hommes vis-à-vis des femmes, qui est loin d’être une question réglée en France et en Europe. Une même violence est sous-jacente à tout cela.
Mais la Genèse n’est-elle pas responsable de cela ? La femme est fabriquée à partir de l’homme. Ensuite, ils reçoivent en commandement : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre » (Genèse 1, 28).
Ma réponse est non. Nous avons bien raison d’interroger les chrétiens, mais aussi les juifs puisque ce texte fait partie de la Torah. Il faut se demander ce que signifie pour la Bible de « soumettre la Terre », le fameux dominium terrae. Nous projetons immédiatement le type de domination que nous exerçons aujourd’hui. Mais s’agit-il bien de cela ? La réponse ne peut être trouvée qu’à travers le cheminement dans toute la Bible. Or, à la toute fin, dans l’Apocalypse, le Christ est désigné comme un agneau, c’est-à-dire un être vulnérable et tendre, que nous avons l’habitude de tuer sans y réfléchir. L’agneau appelle les humains à siéger sur le trône du pouvoir avec lui. La domination telle que la comprend le Dieu des chrétiens est une domination qui consiste à partager son pouvoir. Il faut relire Genèse 1, verset 28, comme une invitation à une conversion : partager le pouvoir avec l’ensemble de la création. Immense programme écologique et spéciste ! Comment partageons-nous notre pouvoir avec les insectes et les dauphins ?
Bizidunen extintzio masiboan murgilduta gaudela ohartarazi digute hamaikagarrenez
Pello Zubiria Kamino @pellozubiria
www.argia.eus/argia-astekaria/2644/bizidunen-extintzio-masiboan-murgilduta-gaudela-ohartarazi-digute-hamaikagarrenez
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Nazio Batuen Erakundeak bildutako aditu talde batek txosten berri batean plazaratu du Lurra planetan bioaniztasunean « aurrekaririk gabeko » atzerakada gertatzen ari dela: milioi bat animalia eta landare espezie gal daitezke datozen hamarkadetan, esan du IPBES Ekosistemen Zerbitzuei eta Biodibertsitateari Buruzko Gobernu Arteko Plataformak. Aspalditik jotako alarmei berme akademikoa ezarri dien arren, ez da segurua munduak norabidea aldatuko duen.
IPBESek, 50 bat herrialdetako 145 adituk osatu duten gobernu arteko plataformak, hiru urtetan osatu du 1.800 orrialdeko txostena, egunotan entzundako mezu larria daramana: milioi bat animalia eta espezie dago epe laburrean desagertzeko arriskuan, Lurrak dauzkan zortzi milioi espezieetatik bat. Baina txostenak kalkuluetatik bazter utzitako xomorroak gehitzen badizkiegu, orduan planetako lau espezietatik bat dago galzorian. Esan nahi baita, horiek denak galdu egingo direla, ez delako batere probablea munduak industrializazioarekin eta globalizazioarekin daraman martxa ondoko urteetan aldatzea. Robert Watson IPBES erakundeko zuzendariak esan du: “Gure eta gainontzeko espezieen bizitzak baldintzatzen ditu ekosistemen osasunak, eta inoiz baino azkarrago ari gara hondatzen ekosistema horiek”. Alegia, espezie bizidunen desagertze edo extintzio masibo batean murgilduta gaudela, dagoenekoz.
Biodibertsitatearen galeraren erantzukizuna ez dagokio soilik ingurumenari: garapenarekin, ekonomiarekin, segurtasunarekin eta balio sozial eta moralekin ere lotuta dago, adituen esanetan.
Aurreko txosten zientifikoek bezala, IPBESen honek ere lehen mailako erruduntzat dauka gizakiok lurzoruak hondatzeko daukagun jokabidea: soro eta zelaiak hormigoiz estali, oihanak eraitsi, padurak lehortu… Horatara garamatzate populazio handitzeak eta gizakien bizi mailaren hobetzea asetzeko planeta osoan nagusitu den nekazaritza industrialak.
Extintzio masiboaren beste lau zio nagusi ere aipatu dituzte adituek: natur baliabideen (meategiak, arrainak, oihanetako zuhaitzak) gehiegizko ustiatzea, kutsadura orokortua (kimikoa batik bat), leku bakoitzeko espezieak suntsitzen dituzten exotiko inbaditzaileak eta, azkenik, klimaren aldaketa. “1980tik –diote adituek– negutegi eragineko gasen isurketak bi halakotu egin dira, Lurreko batez besteko tenperatura gutxienez 0,7ºC berotu da eta plastikoen kutsadura hamarrez biderkatu da. 300-400 milioi tona metal astun, disolbagarri, lohi toxiko eta bestelako hondakin isurtzen dira munduko uretan”.
Gainbehera larri hau gelditzeko oraindik aukera badagoela esan du IPBESeko buru Watsonek aurkezpen ofizialean: “Txostenak dio ez dela berandu auzi honetan gauzak beste modu batera egiten hasteko, baina orain hasi beharra dago, bai maila lokalean, bai globalean”.
Hala ere, hori gerta dadin bete beharreko baldintzak kunplitzen zailak dirudite: “… baldin eta eraldaketa ekarriko duten aldaketak egiten badira, sistema osoa eta faktore teknologiko, ekonomiko eta sozialak kontuan hartuko dituztenak».
Baina, gainera, orain arteko oharrei munduko aginte nagusiek jaramonik egin ez dietenez –honetan bezala klimaren aldaketaren alorrean eta beste askotan-, herritarrak motibo gutxi dauka itxaropenerako.
Izaki bizidunen hondamendiari buruzko ohartarazpenak –zientziaren ikuspegi zorrotzetik egindakoak, alegia, bestelako katastrofismoak alde batera utzita- aspaldikoak dira. Askok ekologismo modernoaren amandretzat daukaten Rachel Carsonek 1962an “Udaberri isila” antologikoan azaldu zuen ordurako abian zegoela extintzio masiboa: “Amerikako Estatu Batuetako eremu gero eta zabalagoetan, hegaztien itzulerak iragarri gabe iristen da orain udaberria, eta, goizean goiz, isiltasun arrotza da nagusi lehen txori-kantuen edertasunak betetzen zituen egunsentietan. Txori-kantuen bat-bateko isiltze hori, gure munduari hegaztiek ematen dioten kolorearen, edertasunaren eta onuraren deuseztatze hori, bizkor eta maltzurki jazo da, eta eragin hori oraindik jasan ez duten herrietako biztanleak konturatu gabe”. Baina munduak business-as-usual jarraitu du ondorengo 60 urteetan eta gaur txorien kanturik ezari gehitu zaio arrainik eza, erleen desagertzea, xomorroen suntsitzea…
Epeak agortuta, kalteak agerian
Egunotan hedabide nagusiek grafiko eta irudi beldurgarriz beteta aipatu dute IPBESen txostena –astebeteren buruan ikus-entzuleei beste irudi are deigarriagoz ordezkatuta ahantzaraziko dizkietenez–; Le Monde Diplomatique aldizkariak halako oroimen ariketa etsitu bat egin du bere webean, irakurgarritzat ekarriz aldizkarian bertan duela 50 edo 10 urte antzeko ohartarazpenez publikatutako artikuluak.
1970ean Jean Dorst ornitologoak Diplo-n plazaratu zuen “Animalia eta landare espezie gehienak mehatxupean daude gizakiaren jokabidearen ondorioz” eta bertan alarma jotzen zuen planetaren hondamendi biologikoaren aurrean, nabarmenduz fauna basatiaren atzerakadak adierazten zuela gizakiari ere helduko zitzaion hondamendia: “Horren azken biktimak geu izango baikara. Gure espeziea da, epe luzera, denetan mehatxatuena. Espero dezagun ez egia bihurtzea J.H. Fabre naturalistak esan zuen hura, gizakia desagertuko zela berak zibilizazio deitzen dion horren gehiegikeriek hilda”.
Egoerak okerragora eginik, askoz geroago, 2007an, Alain Zecchinik idatzi zuen aldizkari berean: “Biodibertsitatearen galerak mehatxatzen du gizadia”. Tartean hau: “Baina gizakiak pleonexiak jota daude, behar dutena baino gehiago edukitzeko irrikak. Irrazional eta berekoiak dira, zeren eta naturaren ustiatzea ez baita oihaneko bilketaren pareko –honek baimentzen du baliabideen iraupena– baizik eta extraktibismoarena, meategi bat alea erauzi arte ustiatzea”. Extintzio masiboan murgilduta gaude, eta horren lekuko da adin bateko edozein herritar, umetan ikusitako hainbat txori edo xomorro bere begien aurrean desagertzen ikusi duelako. Euskal Herrian ere bai. Hedabide nagusiek IPBESen txostena ahotan zerabilten egun beretan Gaindegiak berretsi zuen hartako puntu oso inportante bat, hemen bertan gertatzen ari dena: “Azken 28 urteetan aurreko historia osoan bezainbat lurzoru artifizializatu da Euskal Herrian”. Baina nori axola dio? Egia da, Extinction Rebellion mugimendua hedatuz doa munduan: Frantzian pestiziden kontra Mitxoletak nahi ditugu kanpaina; ekologistek borrokan darraite; baserritar txiki asko hasi dira beren soroen bioaniztasuna sustatzeko ahaleginean… Baina IPBESeko adituen kontrara, askok uste dute hondamendia saihesteko beranduegi dela, biodibertsitatearen krisia datorrelako klimaren aldaketaren eta energia krisi sakonari eskutik oratuta eta, ondorioz, horien kontra borrokatzea utzi barik, martxan diren kalteetara egokitzen hasi behar dela: Deep Adaptation, sakoneko egokitzapena.