Écoptimistes : leurs remèdes à l’écoanxiété
Dorothée Moisan
https://reporterre.net/Ecoptimistes-leurs-remedes-a-l-ecoanxiete
Article
Ces hommes et femmes qui dépassent leur écoanxiété et gardent la pêche, ce sont les « écoptimistes ». Dans un livre (Seuil-Reporterre), la journaliste Dorothée Moisan nous transmet leurs réjouissantes recettes de survie.
J’aurais pu naître dans une famille de militants écolos, être biberonnée aux rapports du Giec [1] et brandir dès 8 ans ma carte d’adhérente à la Ligue pour la protection des oiseaux. Mais ça ne s’est pas passé comme ça. Je ne me suis réveillée qu’à l’âge de 39 ans. Avant ? Avant, j’étais une « éco-zéro ». Une citoyenne lambda qui comme tout le monde aimait les lions et les dauphins, mais n’avait pas compris grand-chose à l’urgence de la situation et aux risques pesant sur la civilisation humaine. Zéro conscience écologique, avouez que c’est plutôt confortable : une insouciance totale, assurant une capacité sans faille à faire chauffer la carte bleue et continuer à épuiser les ressources terrestres.
Et puis, il y a eu… l’Éveil. Le premier grain de sable. Chez moi, il a pris la forme d’une banale revue de consommateurs qui, un jour d’avril 2015, épinglait la toxicité des produits ménagers. En quelques pages, je comprenais que ces produits entassés sous mon évier et prétendument miraculeux empoisonnaient mon foyer bien plus sûrement qu’ils ne le nettoyaient. On m’aurait menti ? Moi, la journaliste, je me serais fait intoxiquer si facilement par l’industrie et les sirènes de la publicité ? Bah ouais. C’était aussi bête que ça. Après m’être fait bercer par la publicité, je réalisais que je m’étais fait berner…
Après l’Éveil est arrivée… la Chute. Car, une fois que j’ai eu dessillé les yeux, je n’ai (évidemment) pu m’empêcher de dérouler la pelote : empoisonnement chimique universel, sixième extinction des espèces, et bien sûr la mère des batailles, le changement climatique. Alors, bien sûr, à chacun son déclencheur. Chacun d’entre nous opère sa descente aux enfers avec ses propres prises de conscience, ses propres infos traumatisantes, mais ça finit souvent de la même manière : on se sent déprimé face au monde redoutable qui se dessine, et totalement impuissant face à ces industriels et ces politiques qui s’arcboutent pour continuer comme avant, avec pour seul talisman la croissance infinie.
« Déprimer ne sert à rien, et à l’inverse, ne rien faire rend anxieux »
Au beau milieu du tunnel de l’écoanxiété, la lumière se fait rare. Et la question tourne en boucle : comment diable retrouver le sourire ? Ce sont les « écoptimistes » qui m’ont fourni la réponse. Alors que je me sentais paralysée par l’ampleur du défi, ils ont été mon halo de lumière au bout du tunnel. L’idée était simple : je suis partie en quête de celles et ceux qui avaient réussi là où j’étais en train d’échouer.
Alors attention, je ne recherchais pas des optimistes béats, persuadés que fermer le robinet ou éteindre la lumière suffirait à nous sauver. Non, je suis partie à la rencontre d’hommes et de femmes, jeunes, vieux, connus ou non, qui avaient compris qu’en continuant ainsi, sans révolutionner nos modes de vie, on allait droit dans le mur. Sauf qu’à l’inverse de moi, eux étaient parvenus à dépasser leur écoanxiété et à aller de l’avant. À garder la niaque, quoi ! Cette énergie si précieuse qui m’avait totalement désertée. Ces « écoptimistes », comme je les baptisais un soir, allaient devenir mes meilleurs thérapeutes.
Armée de ma montagne de questions, j’ai d’abord choisi d’aller voir des scientifiques parmi ceux maniant les pires nouvelles — un biologiste, Franck Courchamp, et une glaciologue, Heïdi Sevestre. Je me suis ensuite demandée comment une jeune étudiante, Louise Arrivé, et un vieux loup de l’écologie, Gilles Clément, parvenaient à s’en sortir si bien.
Et puis, j’ai papillonné auprès d’un ingénieur spécialiste des low tech, Corentin de Chatelperron, d’une marketeuse devenue consultante en transition, Anne de Béthencourt, de la maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy, d’un papa gréviste de la faim, Guillermo Fernandez, et d’un humoriste écolo, Guillaume Meurice. L’espace de quelques heures, de quelques jours, je me suis glissée dans leurs vies pour percer le mystère de leurs sourires si communicatifs et consigner leurs fabuleuses recettes de survie.
« Une folle communauté des gens aux yeux ouverts »
Tous puisent leur énergie dans l’action. Car agir rend heureux. Déprimer ne sert à rien, et à l’inverse, ne rien faire rend anxieux. Que ce soit par l’enseignement, l’humour, la créativité, l’engagement militant, tous ont réussi à transformer l’angoisse paralysante en une émotion joyeuse et positive. Ils ont compris que c’est dans la joie que l’on gagnait la lutte. Et dans la lutte que l’on gagnait la joie. Leur audace tantôt amuse, tantôt impressionne : ils ne sentent jamais aussi bien qu’hors de leur zone de confort. C’est là que la magie apparaît.
Et tant pis si parfois ils échouent, car, comme l’écrivait le poète T.S. Eliot, « seuls ceux qui prennent le risque d’aller trop loin peuvent découvrir jusqu’où on peut aller ». Ces alchimistes des temps modernes m’ont également profondément marquée par leur rapport aux autres : simple, bienveillant, décomplexé. Ils ont beau être conscients qu’on est mal engagés, ils savent aussi que rien ne compte plus que les compagnons de route.
Et si, au lieu de rester bloqués sur l’image du désastre, on choisissait, comme Heïdi, Corentin, Louise ou Guillermo, de se focaliser sur cette chance que nous avons de créer « une société qui nous ressemble, en adéquation avec les limites planétaires ». Un « paradis en enfer ». D’ailleurs, 7 personnes interrogées sur 10 pensent que « la protection de l’environnement pourrait nous unir par delà nos divisions ». La meilleure leçon que je retire de cette aventure, c’est le plaisir ressenti à rejoindre cette « folle communauté des gens aux yeux ouverts ».
J’espère sincèrement que leur exemple vous inspirera autant qu’il m’a inspirée et qu’à l’issue de votre lecture, vous repartirez chacun avec, en tête et au cœur, la petite musique de l’un ou de l’une des écoptimistes. Une mélodie qui à coup sûr vous portera durant les semaines ou les années à venir.
Le livre de la journaliste Dorothée Moisan « Les Écoptimistes » est disponible dans la collection Seuil-Reporterre depuis février 2023.
Macron agit sur les retraites comme avec le climat
Mickaël Correia
www.mediapart.fr/journal/ecologie/150223/macron-agit-sur-les-retraites-comme-avec-le-climat
Article
L’exécutif agit sur la réforme des retraites de la même façon que sur la question climatique. Sa politique d’injustice sociale et climatique nous fait foncer tout droit vers un monde à 2 °C de plus, et où l’on travaille deux ans de plus.
Comme un air de déjà vu. Depuis deux mois désormais, le gouvernement agit sur la réforme des retraites exactement de la même façon que sur la question climatique.
Le Haut Conseil pour le climat, organisme d’expert·es auprès des services de la première ministre, étrille régulièrement le gouvernement sur le fait que le rythme actuel de réduction des émissions du pays « devra pratiquement doubler » et que les deux tiers de la population française sont déjà « fortement » exposés au risque climatique.
En vain. Aucune réelle politique climatique d’ampleur n’a été déployée, malgré les alertes de climatologues internationalement reconnus comme Valérie Masson-Delmotte ou Christophe Cassou. Résultat : la France n’a quasiment pas réduit ses émissions de gaz à effet de serre en 2022. Et des milliers de personnes sont mortes à la suite des trois canicules de l’été dernier.
Le Conseil d’orientation des retraites, structure également placée auprès des services de la première ministre, atteste qu’à long terme « les dépenses de retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées ». Selon son dernier rapport, le déficit ne sera que temporaire et, d’après son président, la réforme n’est pas indispensable en matière de finances publiques.
Qu’importe. Le gouvernement a décidé de combler le déficit des retraites en repoussant l’âge légal de départ à la retraite, au mépris des avertissements d’économistes de renom comme Michaël Zemmour ou Philippe Askenazy. En conséquence, la réforme pèsera sur les plus pauvres et sur les femmes dans un des pays champions d’Europe des accidents mortels au travail et où les ouvriers et ouvrières meurent en moyenne six ans plus tôt que les cadres.
Mais ce n’est pas qu’aux propos des expert·es et aux organismes publics indépendants que le gouvernement fait la sourde oreille. Sur le climat comme sur les retraites, Emmanuel Macron rechigne à écouter une rue excédée par ses mensonges qu’il s’agisse des prétendus 1 200 euros de retraite garantis pour tous et toutes aussi bien que de son « Qui aurait pu prédire la crise climatique ? » lors de ses derniers vœux présidentiels.
Les manifestations contre la réforme de millions de personnes, depuis janvier, comme les marches massives et les actions de désobéissance civile de toute une jeunesse engagée pour le climat se heurtent à un mur d’indifférence gouvernementale.
Cette politique d’injustice sociale et climatique s’inscrit dans le projet démocratiquement délétère mené depuis 2017 par Macron : la défense des intérêts privés d’une minorité de riches au détriment de l’intérêt général. Un projet qui nous fait foncer tout droit vers un monde à 2 °C de plus et où l’on travaille deux ans de plus.
Pourtant, Oxfam a récemment estimé qu’une taxe d’à peine 2 % sur les fortunes des milliardaires français suffirait à financer le déficit anticipé des retraites. Des milliardaires qui ont à eux seuls une empreinte carbone équivalente à celle de la moitié de la population française.
En somme, en pleine période d’inflation et alors que notre monde brûle, taxer les ultra-riches qui ont vu augmenter leur fortune de 58 % en deux ans serait bénéfique pour les travailleurs et les travailleuses comme pour le climat.
« En ces temps de grève contre la réforme des retraites, se soulever contre les ultra-riches est un moyen de rassembler au-delà du seul mouvement climat, a récemment souligné le chercheur en sciences politiques Édouard Morena dans nos colonnes. Cela peut être un point de jonction politique entre différentes luttes, comme se battre pour la retraite à 62 ans ou la rénovation des logements des 12 millions de précaires énergétiques que compte le pays. »
Sur Terre, la masse de l’artificiel égale désormais la masse du vivant
Jennifer Gallé, Cheffe de rubrique Environnement + Énergie
https://theconversation.com/sur-terre-la-masse-de-lartificiel-egale-desormais-la-masse-du-vivant-153352
Article
Des chercheurs du Weizmann Institute of Science (Israël) ont publié, le 9 décembre 2020, une étude scientifique dans la revue Nature intitulée « La masse mondiale produite par l’homme dépasse toute la biomasse vivante ». Dès le résumé, une phrase situe clairement le propos :
« Nous constatons que la Terre se trouve exactement à un point de croisement. En 2020, la masse anthropogénique, qui a récemment doublé tous les 20 ans environ, dépassera toute la biomasse vivante mondiale. »
La masse de l’ensemble des objets solides inanimés fabriqués par l’homme est désormais supérieure à celle du vivant. Ce résultat résonne comme une caractérisation quantitative et symbolique de l’Anthropocène.
Deux remarques arrivent immédiatement à la lecture. D’abord, en regardant l’environnement proche d’une bonne partie de la planète, ce constat n’est pas si surprenant. Il y a sur Terre plus de 1 milliard de véhicules, plusieurs milliards de smartphones, ordinateurs et tablettes, des constructions et des routes absolument partout, sans parler de la masse colossale de vêtements… 7 milliards d’humains, massivement équipés, contre 3000 milliards d’arbres sans aucune possession. Peu étonnant donc, mais l’avoir chiffré scientifiquement constitue un violent signal d’alarme.
Les auteurs le soulignent : « Cette quantification à partir de sa masse, de l’entreprise humaine donne une caractérisation quantitative et symbolique de l’époque de l’Anthropocène induite par l’homme ».
« Quantitative » car si la communauté scientifique ne semble pas heurtée par ce résultat, c’est un tour de force d’être parvenu à l’établir et à le rendre robuste après des années de recherche. « Symbolique » car peser la présence de l’homme sur la planète à travers ses traces, ses productions et ses déchets, a le même effet que de se peser soi-même : faire face à un chiffre précis et incontournable, sans négociation possible.
L’éducation scientifique consiste en partie à apprendre à gérer collectivement des réalités incontournables, construites sur des faits établis. « La grande tragédie de la science », écrivait le biologiste Thomas Huxley au XIXe siècle, c’est « le massacre d’une magnifique hypothèse par un fait minable ».
Sous nos yeux, un basculement
La comparaison entre ces deux masses, celle du vivant et celle de nos objets, alerte sur la domination grandissante des humains sur la planète. Mais analyser l’importance de la masse dans cette comparaison « artificiel inerte » et vivant n’est peut-être pas si simple. La masse n’est pas tout : au poids, l’ensemble de tous les virus de la Covid dans tous les corps humains de la planète, reste quantité négligeable. Le SARS-CoV-2 ne se caractérise ni par sa masse, ni d’ailleurs par son énergie, les deux sont ridicules : il a pourtant des conséquences majeures.
Cette étude vient néanmoins nous mettre sous le nez un basculement. Depuis des décennies, des ouvrages démontent la vision d’une planète Terre dont les ressources et les espaces infinis permettraient d’accueillir et de diluer sans dommage toutes les pollutions. Cette conception a sans doute connu son apogée avec l’explosion atmosphérique des mégabombes nucléaires au milieu du XXe siècle. Il n’y a encore que quelques décennies.
L’évolution décrite par cette étude vient s’ajouter à la liste des changements majeurs induits par les bouleversements environnementaux pour révéler que nous sommes entrés dans un autre monde, celui de l’Anthropocène.
Comme le soulignent les chercheurs britanniques Jan Zalasiewicz et Mark Williams, dans leur article publié sur le sujet en décembre dernier sur The Conversation, « le scénario de science-fiction d’une planète artificielle est déjà là ».
Courante dans le cinéma et la littérature de science-fiction, cette vision d’une planète dévorée par l’humain sous-tend en effet de nombreux chefs-d’œuvre. Elle prend la forme de Trantor dans Fondation de Isaac Asimov, l’Étoile de la mort dans Star Wars, Alpha dans l’adaptation de L’Empire des mille planètes chez Luc Besson.
Dans une analyse vidéo glaçante du film Soleil vert de Richard Fleischer pour Arte en 2017, l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster nous disait sa souffrance devant cette idée.
L’humanité, indissociable de la biosphère
Le monde de nos constructions et de nos productions ne génère pas de vie. Il est hors de la biosphère. À l’inverse, les arbres se nourrissent eux d’énergie lumineuse, d’eau et de minéraux. Le végétal produit du vivant à partir de l’inerte, et est à l’origine des chaînes alimentaires dont nous dépendons. À ce jour, nous mangeons encore du vivant pour rester vivants et avoir des enfants, nous plantons dans le sol et nous élevons du bétail.
Pour le reste, bien des productions artificielles nourrissent d’abord notre désir infini, comme le souligne l’économiste Daniel Cohen dans son ouvrage Le Monde est clos et le désir infini.
Le philosophe Baptiste Morizot considère quant à lui dans Manières d’être vivant que, parmi les 10 millions d’espèces vivantes, la nôtre a fait sécession et s’est prise à considérer les autres comme une ressource. Malgré nos efforts dans ce sens, nous ne parvenons pourtant pas à nous émanciper du vivant. La Covid en est la preuve. Nous appartiendrons toujours à la biosphère, qui continuera de s’inviter sans notre permission dans notre monde artificiel.
Donald Trump et la Covid, effet boomerang
Les bactéries et les virus à l’origine des pandémies évoluent rapidement au niveau moléculaire, et nous scrutons impuissants leurs mutations, incapables de contrôler l’immense complexité du vivant.
Nous nous sommes efforcés de contrôler massivement le vivant dans des situations simplifiées, dans le cadre de l’agriculture et de l’élevage intensifs et industriels, construits sur la chimie et la technologie. Mais dans le même temps, nous savons que les pollinisateurs indispensables sont détruits par notre activité même. Certains rêvent pourtant toujours de ce contrôle du vivant comme futur de l’humanité : manipuler le vivant à grande échelle et dans tous ces détails, donc jusqu’à l’échelle moléculaire, pour en faire véritablement une ressource, ce qui rendrait de facto la biosphère cosmétique…
Le retour au réel forcé par le vivant fut probablement la plus grande surprise de Donald Trump, qui fait partie de ces rêveurs. Il n’avait probablement jamais vécu une opposition d’une telle violence à sa volonté. Bien sûr, il n’y a aucune intention chez un virus. Seulement des réactions chimiques entre le virus et le corps de Donald Trump. Ce dernier fait partie des hommes qui ont l’accès le plus facile à la puissance humaine matérielle, caractérisée aussi par une consommation mondiale d’énergies essentiellement fossiles inouïe, de plus de 150 000 TWh par an.
Cela n’a pas suffi face à ce virus, au contraire. Donald Trump n’ayant pas cru les scientifiques, l’épidémie l’a laissé désemparé. L’attitude imperturbable d’Anthony Fauci – le conseiller de la présidence américaine sur la pandémie de Covid-19 – en scientifique impeccable l’a souligné : des jeux de pouvoir et d’influence dans le monde humain n’ont pas suffi car la partie se jouait dans la biosphère.
Accélération exponentielle
Nous disposons désormais de l’essentiel de la connaissance établie et nécessaire pour envisager l’avenir. Reprenant l’étude israélienne publiée dans Nature, Jan Zalasiewicz et Mark Williams soulignent encore dans leur article :
« Au cours des vingt dernières années, la masse anthropogénique a encore doublé pour être équivalente, cette année, à la masse de tous les êtres vivants. Dans les années à venir, le monde vivant sera largement dépassé – cette masse sera multipliée par trois d’ici 2040 si les tendances actuelles se maintiennent. »_
Cette publication dans la prestigieuse revue Nature, tout comme les études sur le climat et l’évolution de la biosphère, le montrent bien : cet emballement artificiel ira assez vite à l’échelle des générations humaines. Il n’y aura a priori pas de grande surprise, en tout cas du côté des bonnes nouvelles. Les travaux scientifiques vont certainement s’intensifier encore sous la pression croissante des conséquences : toujours plus de canicules devenant insupportables, de tempêtes toujours plus violentes, de pandémies tueuses, de mégafeux dévastateurs, de pénuries d’eau, et d’appauvrissement dramatique du vivant…
La Covid nous a confrontés à la brutalité des croissances exponentielles. Celle de la masse anthropogénique en est une autre. Les matériels produits presque à l’infini ont commencé à croître violemment après la Seconde Guerre mondiale, avec les premiers « boomers », la génération de mes parents.
Voitures, avions, machines domestiques, outils numériques ont envahi le monde à une vitesse incroyable. Et cette progression se poursuit, à un rythme proprement insoutenable pour les générations futures.
Ekonomiaren trantsizio ekosoziala –
Trantsizio ekologikoa bideratzeko proposamenak jasotzen dituen liburuxka argitaratu du ELAk
ELA-INGURUGAIAK
www.ela.eus/eu/albisteak/trantsizio-ekologikoa-bideratzeko-proposamenak-jasotzen-dituen-liburuxka-argitaratu-du-elak
Article
Hego Euskal Herriko ekonomiaren transizio ekosozialerako bide-orrirako proposamen bat liburuxka osatu dute Adrian Almazán eta Luis Gonzalez Reyes gai horretan aditu diren Ekologistak Martxan taldeko kideek. Trantsizio ekosozialerako hainbat proposamen papereratu dituzte, eta ELAk liburuxka gisa argitaratu.
Egileek lan honetan egin duten diagnostikoaren arabera, Hego Euskal Herriko ekonomiaren funtzionamendua larriki zaurituta dago, kanpoko erregai fosilak eta mineralak transformatu eta berriz ere bere mugetatik kanpo esportatzera bideratua baitago. Sortzen dituen inpaktu ekologiko larriengatik jasanezina izateaz gain, energia eta material kontsumo handiengatik ezinezkoa izango da eredu hori etorkizunean mantentzea. Gainera, garraioaren eta munduko merkatu globalaren menpekotasun handia du.
Egungo ekonomiaren funtzionamenduarekin aurrera egiteko mugak daude, gainera. Planetaren mugak, alde batetik. EAEko eta Nafarroako ekonomian erabilitako material gehienak ez dira berriztagarriak edota birziklagarriak, eta material estrategiko batzuk eskuratzea gero eta zailagoa da. Bestalde, kontsumitutako energia gehiena fosila da (EAEn %90,8 eta Nafarroan %77).
Gas, petrolio eta ikatzaren erauzketaren goia jota edo jotzear den honetan, ongi bideratutako trantsizio energetikoa beharrezkoa da. Baina energia berriztagarriek ere mugak dituzte. Beraien ezaugarriengatik ezin dituzte energia fosilak ordezkatu. Energia berriztagarria oso sakabanatuta dago, ezin da energia fosila bezala biltegiratu eta berriztagarri askok elektrizitatea sortzen dute; baina beharrak elektrizitatetik harago doaz.
Energia eta materialen murrizteak lanpostu asko suntsitzea ekarriko luke bidezko trantsiziorik gabe, kontsumo handiena duten sektoreak enplegu asko sortzen baitituzte: balio erantsi handiko salgaiak ekoizten dituztenak, automobil fabrikak, altzairugintza, elikagaien industria, edo logistikari lotutako sektoreak, esaterako.
Hego Euskal Herriko ekonomia aldatu eta etorkizuneko erronkei aurre egiteko, hona hemen proposamenak, liburuaren ondorio ere badirenak:
- Materialen eta energiaren kontsumoa murriztea, muga ekologikoen barruan egon arte eta justizia globaleko irizpideei jarraituz.
- Energiaren sektorea sakonean berrantolatu eta publifikatu.
- Ekonomia birkokatzeko industriaren ekoizpen eredua eraldatu eta dibertsifikatu behar da. Material eta energia berriztagarrietan oinarritu behar da industria eta ez esportazioan.
- Garraioan eraldaketa handia eman behar da, ez da nahikoa izango elektrifikazioa. Merkantzien mugikortasuna murriztu eta pertsonen mugikortasuna garraio publiko eta kolektiboan oinarritu behar da.
- Ekonomia berrantolatu behar da, erdigunean zaintza, bizitza sostengatzea eta oso feminizatuta dauden zaintza lanen banaketa jarriz. Ezinbestekoak izango dira, baita ere, aberastasunaren banaketa eta enplegua banatzeko lanaldia murriztea.
Eraldaketa gizarteak ahalik eta gutxien sufrituta antolatu, eta aldi berean, gizarte justuago, demokratikoago eta jasangarriagorantz aurrera egin behar da. Lan eskubideak eta bizitzarekin bateragarriak diren jarduera ekonomikoak biltzen dituzten trantsizioak bultzatu behar dira.