Articles du Vendredi : Sélection du 17 décembre 2010

Cancun, un accord qui entérine Copenhague

Communiqué d’ATTAC-France, de Cancun, Geneviève Azam, Amélie Cannone et Christophe Aguiton
http://www.mediapart.fr/club/edition/justice-climatique-cancun-et-la-cop16-au-microscope/article/111210/cancun-un-accord-qui

La petite ville de Cancon (Lot-et-Garonne)
accueille un contre-sommet sur le climat

Hervé Kempf
Le Monde du 03.12.10

La nouvelle autoroute A65 s’accompagne
de contreparties environnementales sans précédent

Claudia Courtois
Le Monde du 16.12.10

Rafael Alegria: »Elikagaien subiranotasunik
funstezkoa da »

Sustrai Colina
Argia 2010/12/05

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Cancun, un accord qui entérine Copenhague

Communiqué d’ATTAC-France, de Cancun, Geneviève Azam, Amélie Cannone et Christophe Aguiton
http://www.mediapart.fr/club/edition/justice-climatique-cancun-et-la-cop16-au-microscope/article/111210/cancun-un-accord-qui

L’accord de Cancun entérine l’ « accord » de Copenhague, qui n’était légalement qu’un texte parmi d’autres ,même s’il avait été proposé par les Etats-Unis et la Chine et soutenu par les grands pays. Il est désormais un texte des Nations-Unies et un pas de plus vers la fin du protocole de Kyoto. Si, comme le prévoit le protocole, une seconde période d’engagements contraignants pour des réductions d’émissions de gaz à effet de serre est notée, aucune date n’est retenue. Les pays seraient libres de choisir l’année de référence pour les calculs de leurs engagements et, pour tous ceux qui ne choisiraient pas l’année 1990 fixée à Kyoto, ils ne seraient pas soumis au cadre contraignant du protocole. En ce sens, l’accord de Cancun est le prolongement juridique du texte de Copenhague qui avait déjà ouvert cette possibilité.
Le texte adopté est même en deçà : même si les travaux du GIEC sont évoqués, aucun objectif chiffré en matière de réduction des émissions n’y figure. La demande de nombre de pays africains, des états des petites îles, de nombreux pays du Sud, en accord avec les travaux scientifiques récents, de fixer l’objectif à 1,5°C n’a pas été retenue. Le fonds vert est certes créé, mais sans aucune garantie que les financements soient apportés et avec la Banque mondiale comme acteur essentiel. Quels financements pour l’adaptation, mise en avant par les pays les plus pauvres, alors que les capitaux s’orientent prioritairement vers les activités lucratives de l’économie verte ? Aucun financement public nouveau n’étant retenu, ni par le biais de la taxation du transport maritime, ni par le biais du transport aérien, ni bien sûr par le biais de taxes globales. Seuls 15% des financements seraient publics, le reste étant fourni par les marchés du carbone et la contribution propre des pays du Sud. En revanche, le texte ouvre la porte à l’extension des marchés du carbone : c’est la carbonisation de la terre, des forêts, un «CO2lonialisme», selon l’expression des mouvements sociaux, le carbone devenant une sorte de monnaie d’échange universelle, gérée par la banque mondiale. Tout y est !
Autant dire que cette «victoire» est un recul par rapport à la conférence de Bali, qui, en 2007, avait fixé une feuille de route devant conduire à une nouvelle phase d’engagements contraignants ! Et on ne pourra pas ici invoquer l’attitude de la Chine, qui a clairement annoncé qu’elle était prête, comme pays émergent, à accepter des engagements contraignants.
Nous apportons notre soutien à notre soutien à la position exprimée par la délégation bolivienne, qui s’est battue jusqu’au bout pour faire valoir les droits des humains et des peuples et les propositions des mouvements sociaux ; elle a donné à cette conférence une tenue politique contre l’affairement des lobbies et la démission des États. La Bolivie a rappelé son refus sans appel du contenu de l’accord, qu’elle a souhaité voir notifier. Elle a montré son attachement au processus onusien et affirmé que le multilatéralisme, tant vanté par les puissants, ne saurait signifier alignement, chantage et soumission.
D’ici la prochaine étape à Durban, en Afrique du Sud, nous avons à construire, avec des coalitions comme CJN ! (Climate Justice Now !) à laquelle appartient ATTAC avec le fédération internationale des Amis de la Terre et l’internationale paysanne Via Campesina, les mobilisations et le rapport de force nécessaires pour sortir de l’impasse un processus qui, en l’état, ne répond pas aux défis de la crise climatique et de ses conséquences, sociales, écologiques, politiques.

La petite ville de Cancon (Lot-et-Garonne)
accueille un contre-sommet sur le climat

Hervé Kempf
Le Monde du 03.12.10

La petite ville de Cancon, dans le Lot-et-Garonne, va vivre au rythme du monde : elle accueille, samedi 4 décembre, un contre-sommet climatique, qui fait écho à la conférence sur le climat de Cancun, au Mexique, depuis le 29 novembre. Plusieurs milliers de personnes doivent s’y retrouver, avec, notamment, le député Europe Ecologie José Bové, pour une journée de débats et de revendications, mais aussi de propositions d’alternatives concrètes.
L’événement est cependant loin de l’attention publique et de la mobilisation qu’avait suscitées la conférence de Copenhague, en décembre 2009.
Pour Jean-Noël Etcheverry, de l’association Bizi !, à Bayonne, qui coorganise la journée de Cancon, « la tension est bien sûr retombée depuis Copenhague. Mais ce qui reste acquis, c’est la socialisation de la question climatique dans la population. Et le mouvement pour la justice climatique est passé de la revendication d’un traité global à la volonté de montrer, en plus, que des solutions existent au niveau local. Nous ne sommes plus seulement dans le revendicatif, mais dans le créatif ».
Depuis Cancun, Christophe Aguiton, d’Attac, juge que « les réseaux – en France, le collectif Urgence climatique justice sociale (UCJS) – et la confiance du mouvement restent intacts. La conscience de l’importance du sujet n’a pas faibli. Mais on est à marée basse. »
C’est que, observe Christophe Ventura, de l’association Mémoire des luttes, « une partie du mouvement, venant des milieux syndicaux et de la gauche classique semble avoir écarté la priorité de la question climatique en raison de la crise économique. Cependant, la question écologique s’est imposée comme une question transversale à tout le mouvement altermondialiste, chez les écologistes et au Parti de gauche, et, par ricochet, aux organisations syndicales. » A Cancun, une délégation de la Confédération syndicale internationale est ainsi présente.
En Angleterre, selon Isa Michel, du groupe Climate Camp, « la mobilisation est moins visible que l’an dernier, mais elle n’est pas retombée. Le 16 octobre, on a bloqué la plus grande raffinerie pétrolière du pays, à Coryton. Une campagne a aussi été lancée pour que les institutions culturelles du pays rejettent le mécénat des entreprises pétrolières. Mais beaucoup se battent sur d’autres fronts urgents, comme les étudiants contre les coupes budgétaires drastiques dans les universités ».
En Allemagne, Tadzio Müller, du journal Turbulence et l’une des figures de Copenhague, confirme « un affaiblissement du niveau global. Cela tient aussi au fait que les gens ne voient pas clairement qui sera victime du changement climatique. Cela réduit les possibilités de mobilisation ». Comme à Cancon, où l’un des enjeux est de montrer que la lutte contre le changement climatique peut se mener au niveau local, le mouvement semble se relocaliser. « Nos correspondants aux Etats-Unis, au Brésil, en Allemagne, en Angleterre, vivent des problématiques politiques très différentes, dit M. Müller. La lutte pour la justice climatique ne peut se développer que si elle s’appuie sur une base solide – et il faut renforcer cette base dans les différents pays, avant de se projeter à nouveau à l’international. »
Une force nouvelle s’est cependant affirmée depuis Copenhague, c’est l’implication de mouvements du Sud, surtout en Amérique latine, dans la question climatique. « Les organisations indigènes se mobilisent, observe Christophe Ventura. Le sommet de Cochabamba, en Bolivie, en avril, a eu un effet durable. » Le réseau paysan Via Campesina, et d’autres ont ainsi organisé plusieurs « caravanes » de militants, qui sont arrivées à Cancun le 3 décembre, pour se faire entendre de la conférence des Nations unies : « Nous n’acceptons pas le marché du carbone, dit Alberto Gomez, de Via Campesina, au site Web alter-echos. org. Nous refusons la privatisation des forêts. »

La nouvelle autoroute A65 s’accompagne
de contreparties environnementales sans précédent

Claudia Courtois
Le Monde du 16.12.10

Alors que l’autoroute de Gascogne entre en service jeudi 16 décembre, A’Lienor, la société qui a obtenu la concession, met en avant des mesures de compensation écologiques d’une ampleur sans précédent en France sur ce genre d’infrastructure, pour tenter de contrer les critiques toujours très fortes de ses détracteurs.
L’A65 relie Pau à Langon, à 40 km au sud de Bordeaux, par une deux-fois-deux-voies sur 150 km. A’Lienor, dont le capital est détenu à 65 % par Eiffage et à 35 % par Sanef, a dû investir 150 millions d’euros pour limiter l’impact du projet sur les zones humides qu’il traverse. Cet argent doit servir aussi à financer des mesures de compensation qui doivent, notamment, permettre de récréer à proximité des habitats pour le vison d’Europe, un petit mammifère en voie de disparition et protégé. Il en resterait environ deux cents en Aquitaine. A 28 km à l’est de l’autoroute, au lieu-dit Le Pountras, près de Mimizan, un espace refuge a été sanctuarisé pour le vison d’Europe, mais aussi pour d’autres espèces endémiques, comme la cistude, une petite tortue des marais, ou le papillon fadet des laîches. Au total, Eiffage a l’obligation de trouver 1 372 hectares d’espaces naturels pour mettre en oeuvre les mesures de compensation jugées nécessaires pour « neutraliser » l’utilisation des 1 600 hectares de l’A65.

« Massacre écologique »
« Les exigences introduites par la loi sur le Grenelle ont modifié radicalement le projet », reconnaît Olivier de Guinaumont, président d’A’Lienor, qui ajoute : « La création de valeur économique d’un projet d’infrastructure ne suffit plus à compenser les impacts sur l’environnement. Il doit être neutre sur le plan environnemental, ou il ne se fera pas. »
La CDC Biodiversité (Caisse des dépôts et consignations) a été chargée d’accompagner le maître d’ouvrage en amont pour concevoir le volet environnemental du projet. « Il n’y a jamais eu de chantier de cette envergure pour nous, pour le pays et pour une infrastructure de transport », assure Laurent Piermont, PDG de la CDC Biodiversité, dont la maison mère est actionnaire minoritaire d’Eiffage. « L’Etat a demandé un véritable remplacement espace pour espace, espèce pour espèce. »
Le procédé est laborieux et complexe : après avoir trouvé les zones intéressantes pour y conserver ou y développer des corridors écologiques, il faut négocier avec les propriétaires. « Nous n’allons pas voir les propriétaires les plus sceptiques », avoue Sophie Elie, chef de projet A65 pour CDC Biodiversité. Les espaces recherchés peuvent être des bois, des champs de maïs, des terrains de chasse. « Sur chaque site, nous avons un propriétaire clé qui nous permet de mettre un pied sur la zone convoitée et sert d’exemple. Après, c’est beaucoup de négociation et de pédagogie, car nous n’avons aucun moyen juridique pour les faire accepter », reconnaît Sophie Elie. La filiale de la CDC loue, établit des conventions ou achète les terrains. A ce jour, 160 hectares (ha) sont sécurisés autour de deux cours d’eau, dans la zone de Mimizan-Aureilhan, grâce au gérant de cette partie boisée, la Société forestière qui appartient elle-même à la CDC. « Près de 800 ha sont en cours de négociation avec leurs propriétaires, et devraient aboutir d’ici au printemps 2011 », assure-t-elle.
Une fois les conventions signées, restera la gestion conservatoire confiée à des associations spécialisées. Tout ça sur soixante ans, la durée de la concession. L’Etat, les ministères et services concernés, les autres groupes de BTP et les associations observent de près cette expérience. Un comité de suivi de ces mesures, créé en janvier 2009, s’est réuni trois fois – une seule fois selon les associations invitées. Ces dernières s’interrogent sur le suivi, l’indépendance et la transparence de ce type d’opération.
Les responsables d’Europe Ecologie-Les Verts continuent de penser que la construction de l’A65 « est un véritable massacre écologique, détruisant de nombreux sites remarquables de manière irrémédiable ». L’association Sepanso de défense de l’environnement a mis en garde contre la création de « parcs Disneyland de la biodiversité ».

Rafael Alegria: »Elikagaien subiranotasunik
funstezkoa da »

Sustrai Colina
Argia 2010/12/05

Morolica-n (Honduras) sortu zen 1953an.Honduraseko nekazal mugimenduaren artikulatzaile
eta antolatzaile nagusietakoa izateaz gain, Vía Campesinako bozeramailea izan da, eta gaur egun, Honduraseko Frente Nacional de Resistenciaren lider enblematikoenetakoa da.

Lurrarekin duzun harremanak genetikoa dirudi.
Gurasoak nekazariak, analfabetoak eta lurrik gabekoak ziren. Morolica izeneko herrixkan jaio
nintzen arren, handik gutxira abiatu ginen aitarekin Oroquinara lan baldintza hobeen bila. Mendi erraldoi bat zen hura, eta garai haietan ez zegoenez basozainik, mendiaren sakonenera jo genuen ahal bezainbat lur gureganatzeko. Baina jakina, gure aitak mudatu ahal izateko saldu egin zuen Morolican geneukan apurra, eta Oroquinako lurrak ezer ematen hasterako miseria gorrian geratu ginen. Hori hala, anaia eta biok lurjabe batzuen soldatapeko itzain bihurtu ginen lehenbizi, eta gerora “escolas radiofónicas” alfabetatze programan irakasle eta jainkoaren hitza zabaltzen ibili nintzen. Horretan nenbilela, Honduras hegoaldean, eliza katolikoak babesten zuen Ligas Campesinas nekazal mugimendua sortzen ari zela entzun nuen, eta gurean lurjabe asko eta lurrik gabeko nekazari gehiago zegoenez, mugimendua gurera ekarri eta artikulatzeari ekin nion.
Hor hasi zen nire nekazal borroka. Lurjabeak pistola eta guzti ibiltzen ziren, baina elizak obreenekin
konpromisoa zeukan garaia zen, eta gure borroka klandestinoa izan arren, justua zenez, bere babes osoa geneukan. 1975eko ekainean Horcones-eko sarraskia pairatu genuen, 14 konpañero erail zizkiguten, tartean moja eta fraide batzuk. Latza izan zen, krudela. Handik urte batzuetara Central General de Trabajadores-ek hiriburura igorri ninduen sindikatuen arteko kooperazio plan bat ezartzeko, baina ez nion utzi nekazari mugimendua bultzatu eta zabaltzeari, Vía Campesina sortu eta nazioarteko mugimendu bihurtu arte. Odolean daramat lurra. Gure aitak lekuz aldatu
behar izan zuen lur bila. Nik sistema aldatu nahi dut.

Norena da lurra?
Nekazariarena, lantzen, zaintzen eta defendatzen duenarena. “Lurra maite duenak aberria maite du” edo “lurra ez da saltzen, berreskuratu eta defendatzen da” bezalako esloganak dauzkagu gurean. Lurrak ezer emango badu nekazariaren izerdia ezinbestekoa du, eta nekazariak nahitaezkoa du lurra, soldatapekoa izan gabe bizi ahal izateko.
Zergatik uste duzu sortzetik daukala nekazariak lurrarekin lotura sentimental eta kultural berezkoa?
Askotan esaten dugu lurrik ez daukanak ez daukala aberririk, lurra dela gure euskarria, elikagaien subiranotasuna ahalbidetzen diguna. Denborarekin aldatzen joan da lurraren kontzeptua. Erein eta uzta jasotzeko izatetik berezko merkataritza-balioa izatera pasa da. Horren aurka borrokatu dugu beti, horren aurka isuri dugu odola, horren aurka lurperatu ditugu konpañeroak.

Europan, jendeak lurra berea dela uste du, ez bere ondorengoena.
Europan kapitalismo basatia da nagusi, eta lurra merkantilizatu denez, ondasun komun bat izatetik neoliberalismoaren bitarteko preziatuenetakoa izatera pasa da. Pentsa Europan hektarea bat zenbat kostatzen den, urre gorria baino garestiagoa da! Domino efektuan gurera ere hedatzen ari da izurritea, eta kapitalismoa, multinazionalen bidez, lurra bere egiten ari da, soroak eskuragaitz bihurtuz. Guk oraingoz abantaila bat daukagu alta, populazioaren %52a rurala garela, eta oinarrizko elikagaiak nekazarien izerditik datozela zuzenean. Europan ez, apenas dagoenez nekazaririk, nazioarteko enpresa erraldoiek kontrolatzen dituzte haziak eta elikagaiak. Horregatik da garrantzitsua Vía Campesina bezalako mundu mailako erakunde bat, hegoa eta iparra batuta soilik garaitu daitekeelako kapitalismoa. Bidean goaz, eta ez da kasualitatea Hego Amerikan neoliberalismotik sozialismorako jauzi bete-betean egotea.

Baina bitartean, interes ekonomikoek dantzatzen dute mundua, eta ziklo ekonomikoak naturarenak baino laburragoak dira.
Klase borroka baten erdi-erdian gaude. Nekazariak eta mugimendu sozialak batetik eta kapitalismoa bestetik. Kontua da borroka horretan bizi eta irauteko nola metatzen ditugun gure indarrak. Hego Amerikan gure txinpartek sua piztu dutela sentitzen dugu, baina sua hauspotzeko, boterean eragiteko posturan egon behar dugula jabetu gara.

Zer gertatzen ari da Bolivia, Venezuela, Brasil eta abarretan?
Horren aurrean kapitalismoa egunetik egunera oldarkorragoa da, modernoagoa, eta garaitzen nekezagoa. Esaterako, lehen askoz errazagoa zen lurrak berreskuratzea. Lurjabeak gerrian pistola sartuta zaldi gainean ibiltzen ziren sonbrerodun aitona tripa-handi batzuk ziren, baina gaur egun teknologiaren puntaren punta maneiatzen duten multinazionalekin egiten dugu topo. Aitona zaharraren kontra borrokatzetik kapitalismoaren kontra borrokatzera pasa gara, eta kapitalismoak dena kontrolatzen du eta kontrolatzen ez duena erosteko ohitura maltzurra du. Zorionez, natura ezingo dute inoiz ez kontrolatu ez erosi, eta goiz ala berant, ziklo ekonomikoak egokitu beharko dira.
Ez da kasualitatea beraz, lehen nekazaritzaindustriak baizik ez zuela balio ziotenek, nekazari
txikiek beti bermatu dituzten produktuak eskatzea gaur egun.
Jakina! Neoliberalismoaren gorenean, nekazaritzaindustria modernizatzea zen kontua, enpresek lur guztiak jabetzan hartu eta nekazari txikiei soldata ordaintzea. Saiatu ziren lan iraunkorra eskaintzen, bestela edukiko ez genituen baldintzak eskaintzen, baina hordagoari eutsi egin genion. Zerbitzu publiko guztiak pribatizatzea lortu zuten arren, enpresa erraldoi horiek ez ziren sekula gure landa txikietara heldu. Hori ikusita, estatua konbentzitu zuten nekazari txikiak ez babesteko, eta horrek gainbehera itzela ekarri zuen arren, eman diogu buelta, eta egun mundu guztiak onartzen du oinarrizko elikagaiak nekazari txikiek ekoitzitakoak direla. Jendea hortaz kontziente deno, nekazariak garrantzitsuak izango gara, eta molde neoliberal basati horiek iraganera kondenatuko ditugu.

Elikagaien subiranotasuna omen da etorkizuneko lorpen bide bat.
Duela 20-25 urte estatuek nekazaritza abandonatu zuten, dena merkatuaren esku utziz, eta boteretsu eta ahulen arteko borrokan ahulak zereginik ez daukala nahita ahantziz. Oraindik orain, toki batzuetan lurra, basoa edo nekazaritza merkantzia huts bezala ikusita dago, baina nekazal borrokari esker estatu batzuk begiak ireki eta gerorako parioak egiten hasi dira. Gu gaude apustu horien gibelean, estatua burgesiaren espresio gorena baita, eta ez du sekula ezer oparitzen.

Kostata baina ulertu dute elikagaien subiranotasunik gabe ez dagoela subiranotasun politikorik.
Orain arte ez zuen ardura nondik zetozen elikagaiak, nork ekoizten zituen, nola, alimentuak egotea zen kontua, baina erroetara gatoz berriz. Oraintsu arte, nekazaritza erreformez hitz egitea delitua bazen, Hego Amerikan nekazal iraultzari buruz mintzo da jendea.
Hego Amerikan muturrera eraman dugu lurraren borroka, lurra baita elikagaien subiranotasuna lortzeko oinarrizko bitartekoa, eta elikagaien subiranotasuna interes publiko bat denez zirkulua ixten ari gara.

Mundu mailako ezkerraren aitzindaritza zarete?
Beti esaten dut hiru mugimendu baizik ez daudela mundu osoan artikulatuak: kapitalismoa, eliza eta Vía Campesina. Horrek ahalbidetu digu borrokak antolatu eta bultzatzea, bai maila lokalean bai mundu mailan, beti ere kapitalismoaren erakunde korrosiboenen aurka. Gu gara kapitalismoaren mundu mailako krisi honen errudunak. Beti gustatu izan zait Mao Tse-Tungi irakurritakoa. Etsaiak eraso eta aurre egin ezin zaionean beldurrik gabe egin behar da atzera, baina guk atakatu eta ihes egiten digunean azkeneraino jazarri behar zaio. Beraz, pertsegitu dezagun kapitala, segi dezagun ahultzen. Horretarako garbi daukagu ezin
dugula borroka hori bakarrik eraman, aliantzak behar ditugula, aliantzak sektore guztiekin. Aitzindaritzaren pankarta badaramagu ez da argazkian agertzea gustatzen zaigulako, kaltetuenak geu garelako baizik.

Kaltetuenak eta konbentzituenak ere bai.
Itsu-itsuan sinesten dut sozialismo berri baterantz goazela, baina ez sozialismo orokor baterantz, tokian tokiko errealitateari erantzuten dion sozialismo baterantz manuala errepasatu eta aplikatzea. Horrek ez du balio. Bakoitzaren errealitatetik abiatuta soluzio eta aurrerabide berriak sortzea dagokigu. Horixe da aitzindaritza. […]