Articles du Vendredi : Sélection du 16 juillet 2021


Inondations en Europe : comment le réchauffement climatique est passé de ‘menace pour les générations futures’ à danger imminent
Marie-Adélaïde Scigacz
www.francetvinfo.fr/meteo/climat/inondations-en-europe-comment-le-rechauffement-climatique-est-passe-de-menace-pour-les-generations-futures-a-danger-imminent_4690937.html

Les modèles scientifiques avaient vu juste : les catastrophes et autres phénomènes météorologiques extrêmes correspondent aux prévisions réalisées dès les années 1980 par les climatologues. Alors qu’il est de plus en plus difficile d’ignorer le réchauffement climatique, en percevons-nous vraiment les enjeux ?

“Nous sommes le canari dans la mine de charbon”, alerte Gordon Murray, habitant de Lytton, au Canada, sur la chaîne CBC*. Au fond des mines, quand le canari mourait, les hommes disposaient de quelques minutes pour sauver leur peau. Ces petits oiseaux trimballés en cage donnaient l’alerte, au prix de leur vie, sur l’imminence d’un coup de grisou, une explosion soudaine causée par l’accumulation d’imperceptibles – inodores et invisibles – gaz toxiques. Le village de Lytton a disparu à 90%, ravagé par les flammes après que le thermomètre a atteint 49,6 °C, un record dans cette zone du globe. Désormais, Gordon Murray signale un autre drame imminent : “Le réchauffement climatique est en marche, et il avance vite.” 

Si vite qu’il n’échappe désormais à personne : de Madagascar, où deux années consécutives d’une terrible sécheresse menacent plus d’un million de personnes, dans ce que l’ONU qualifie de première famine liée au réchauffement climatique, à l’Europe, tiraillée entre vagues de chaleur au sud et pluies diluviennes au nord. En Allemagne, au moins 42 personnes sont mortes, entre le 14 et le 15 juillet, dans des inondations d’ores et déjà attribuées au réchauffement climatique par une partie de la classe politique. Fin juin, des villages du Sommerset*, en Angleterre, avaient eux aussi connu “des inondations sans précédent” après des pluies torrentielles, tandis que, quelques jours plus tard, la presse indienne* se faisait l’écho d’un phénomène similaire au Népal. Ça commence à faire beaucoup de canaris.

Quand la météo se fait l’écho du climat

“Le problème, c’est que nous n’acceptons la réalité du changement climatique que lorsqu’elle est là et non pas lorsque la communauté scientifique l’anticipe.” Le climatologue Jean Jouzel se souvient d’avoir fait un pari, il y a une vingtaine d’années : la prise de conscience viendra quand le changement climatique sera perceptible par tous. “Je me disais que cela se passerait vers 2030”, précise-t-il. Une approximation de 10 ans, dû à ce que les modèles ne pouvaient anticiper : la puissance des réseaux sociaux et le développement des chaînes d’information en continu. “Nous avons une vision planétaire de ce qui se passe, ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans, résume le climatologue.

“Avec la mondialisation de l’information, les catastrophes comme ce qui vient de se passer en Colombie-Britannique entrent dans tous les foyers.”

Jean Jouzel, climatologue

Alors que les rapports du Giec ont, dès la première édition en 1990, vu juste quant à l’augmentation des températures au cours de notre décennie, ce sont des règles médiatiques, plutôt que scientifiques, qui inscrivent la réalité du réchauffement climatique dans les esprits. Longtemps soucieux de distinguer climat et météo, les spécialistes se sont montrés prudents avant de tracer une ligne droite entre tel phénomène météo local et le réchauffement global. Ainsi, à l’été 2003, quand une canicule s’est abattue sur l’Europe, provoquant environ 15 000 décès en France, “cela a été perçu, pour le grand public français, comme la première grande manifestation du réchauffement climatique”, se souvient le Jean Jouzel, “alors que dans notre communauté, nous avons toujours été un peu réticents à l’attribuer directement”.

La multiplication des événements extrêmes au cours des dernières années change la donne. “A ce stade, tout ce qui concerne la météo est aussi une question de climat”, résume le météorologue et auteur américain Eric Holthaus. “D’un jour ensoleillé à un jour nuageux en passant par un ouragan… Tout cela survient dans le contexte d’une atmosphère qui a changé”, explique-t-il au micro d’un podcast d’actualité.

Analyser le lien possible entre un événement météo extrême précis tout juste apparu et le réchauffement climatique est un exercice relativement nouveau. Depuis 2014, le World Weather Attribution, une initiative regroupant des experts de divers instituts de recherche dans le monde, s’y attellent, en calculant dans des délais très courts la probabilité qu’il se soit produit même sans le dérèglement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre.

Lytton, en Colombie-Britannique venait à peine de flamber que déjà les scientifiques du World Weather Attribution avançaient un chiffre : le changement climatique engendré par l’activité humaine avait rendu le “dôme de chaleur” au moins 150 fois plus susceptible de se produire*.

Quand les pays riches souffrent aussi

Par le biais de ces épisodes météorologiques médiatisés, la question du climat pénètre nos quotidiens. Car “le climat, c’est abstrait”, explique le psychologue et économiste norvégien Per Espen Stoknes, auteur d’un livre en 2015 sur les causes de nos difficultés à saisir l’urgence climatique*. Aussi invisible et imperceptible qu’un gaz dangereux dans la galerie d’une mine, le climat agit au niveau de la planète, loin de l’échelle locale plus propice à l’inquiétude, et “se transforme ‘lentement’, c’est-à-dire en décennies, non pas en heures ou en jours”. Ajoutez à cela l’opacité des termes liés aux émissions de gaz à effet de serre (“gigatonnes”, “RCP2.6”, “concentrations en ppm”), “et vous obtenez quelque chose que le cerveau humain évolutif a beaucoup de difficultés à saisir”, explique-t-il à franceinfo.

“Nos cerveaux comprennent les risques proches de nous, personnels, concrets, spectaculaires, vifs, comme les symptômes du Covid-19.”

Per Espen Stoknes, psychologue et économiste

Les catastrophes météorologiques sont une traduction tangible du réchauffement climatique qui, aux yeux du psychologue, “manque de saillance” dès lors qu’il est traduit en chiffres et en projections plutôt qu’en expérience. En journalisme, on appelle cela la “loi de proximité” ou plus cyniquement “loi du mort-kilomètre” : plus un événement se produit loin de nous (lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs), moins il nous intéresse ; plus les victimes semblent éloignées, moins elles suscitent d’empathie.

Inondation au Bangladesh, sécheresse au Sahel… Longtemps, les pays du Sud ont été seuls frappés par les catastrophes liées à la hausse des températures. Aujourd’hui encore, les ravages de la famine qui frappe Madagascar, menaçant plus d’un million de personnes, n’ont pas l’écho médiatique du “dôme de chaleur”, à l’origine de plusieurs centaines de victimes au Canada et dans le nord des Etats-Unis, déplore Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, des techniques et de l’environnement. “L’extraordinaire injustice des choses” choque l’historien.

“Le mode de vie des pays riches est à l’origine de l’état de la planète, mais la violence s’exerce d’abord sur les populations à Madagascar.”

Jean-Baptiste Fressoz, historien

“Pour les pays riches, le réchauffement climatique n’est pas une menace immédiate”, ajoute l’historien, mettant en parallèle les émeutes de la faim que provoquera inévitablement la hausse des prix des denrées agricoles dans les pays du Sud et les jours de canicule attendus en France : “Je ne dis pas que c’est pas grave d’avoir des jours à 50 °C, ça l’est, mais tout est une question d’échelle.”

Si le réchauffement climatique est bel et bien une crise qui se conjugue au présent, la relative tranquillité des Occidentaux nuit au passage à l’action, cantonnant à demain la survenue de la catastrophe dans le quotidien. “Cela a pour effet d’écarter et de repousser la gestion de la crise climatique au profit d’autres tâches importantes. D’autres problèmes tels que la santé, la pandémie, l’emploi, les inégalités, l’insécurité, le terrorisme…” liste Per Espen Stoknes. Pourtant, selon lui, en “légitimant l’inaction, repousser l’action climatique revient à nier le réchauffement climatique.”

Quand le discours attend les actes

L’enjeu n’est plus de convaincre de la réalité de la crise. Aujourd’hui, “le climatoscepticisme est marginal en France et plutôt cantonné à des franges de l’extrême droite. Ce n’est plus une question de compréhension du réchauffement climatique”, relève Jean-Baptiste Fressoz. “Le problème, c’est qu’on ne sait pas faire tourner l’économie sans énergie fossile pour l’instant.” A la complexité scientifique des mécaniques du climat, a succédé “l’incompréhension des bases matérielles de l’économie”, explique-t-il. C’est elle qui vient contraindre l’émergence de solutions pour stopper cette menace que l’on sait pourtant imminente.

“On reste persuadé que l’innovation va permettre d’effectuer la transition, mais c’est parce qu’on ne comprend pas très bien comment fonctionnent la sidérurgie, les cimenteries, la production d’engrais, l’agriculture… et surtout les mécanismes de diffusion des techniques, son rythme et sa lenteur. La transition n’a pas eu lieu, elle n’a pas même pas commencé”, met-il en garde. “Historiquement, nous n’avons jamais connu de véritables transitions énergétiques. La tâche qui nous attend est complètement inouïe. C’est quelque chose qu’on n’a jamais fait.”

Jean-Baptiste Fressoz relève ainsi une inadéquation entre “à la fois un discours très apocalyptique et un discours très incantatoire et assez creux, que l’on retrouve dans les grandes messes climatiques, où les pays font des promesses dont on sait bien qu’elles ne seront pas tenues.” Le problème est actuel, connu, “mais on ne se donne pas les moyens”. Or, le pire est à venir, abonde Jean Jouzel.

“Beaucoup de gens ont l’impression que les catastrophes que nous observons aujourd’hui, c’est cela le réchauffement climatique, mais la deuxième partie du siècle, si on ne fait rien, sera terrible.”

Jean Jouzel, climatologue

Si, dès les années 1980, la communauté scientifique a si bien prédit le monde de 2020, “ne faut-il pas écouter les inquiétudes des scientifiques quant à 2050 ?” Jean Jouzel plaide aussi pour un changement de mentalité : l’abandon de cette idée “qui veut que l’on sera capable d’ici là de réparer les problèmes que l’on a créés. C’est faux. L’inertie est telle que ce qui a été enclenché ne s’arrêtera pas”, craint-il. Car 2050, “ce n’est déjà plus les générations futures”. Et il est grand temps que les mineurs s’empressent de quitter la galerie. Ou du moins, selon les climatologues, les énergies fossiles.

Loi climat et résilience : députés et sénateurs tombent d’accord sur un texte commun
Laurent Radisson, Journaliste : Rédacteur en Chef délégué aux marchés HSE
www.actu-environnement.com/ae/news/loi-climat-resilience-accord-texte-commission-mixte-paritaire-cmp-37894.php4

Surprise. La commission mixte paritaire relative au projet de loi climat et résilience est parvenue à un accord. Un aboutissement inattendu alors que de nombreux points de divergence existaient entre la majorité présidentielle et celle du Sénat.

C’est l’une des plus longues commissions mixtes paritaires (CMP) de la Ve République. Réunie lundi 12 juillet pendant 9 heures sous la présidence de la députée Laurence Maillart-Méhaignerie (LReM) pour examiner les dispositions du projet de loi climat et résilience en discussion entre les deux chambres, cette CMP a, contre toute attente, débouché sur un accord.

Pourtant, les points de friction entre les deux chambres étaient nombreux. « L’ambition écologique du texte a été terriblement affaiblie par les sénateurs. En l’état, la loi climat (…) ne permettra pas à notre pays de respecter nos engagements en matière de lutte contre le dérèglement climatique », déplorait Jean-René Cazeneuve (LReM), rapporteur général du projet de loi à l’Assemblée nationale, au moment de l’adoption du texte par le Sénat le 29 juin.

« Pour que la CMP soit conclusive, nous n’avons retenu que les mesures qui confortaient l’ambition du texte », explique aujourd’hui le député. « Sur la base des propositions issues de la convention citoyenne sur le climat, nous avons enrichi le texte de 1 002 amendements à l’Assemblée nationale et 1 172 au Sénat. Afin d’œuvrer ensemble à un grand texte, nous nous sommes mis d’accord pour corédiger 138 articles. Au total, le projet de loi comporte 376 articles qui visent tous à accompagner notre transition écologique », s’autocongratule le groupe des députés LReM.

« Le débat en commission mixte paritaire a été particulièrement exigeant avec une volonté ferme de la majorité parlementaire de rétablir l’ambition des mesures structurantes du texte. C’est chose faite », assure la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili après cet accord. Et de citer « les piliers de la loi » qui ont été restaurés : zones à faibles émissions (ZFE), menus végétariens dans les cantines, rénovation des logements, encadrement de la publicité, lutte contre l’artificialisation des sols. De même que la conservation d’avancées votées au Sénat : certificats verts en faveur du biogaz, interdiction d’utilisation d’engrais azotés dans les zones non agricoles.

« Le Sénat a démontré sa crédibilité »

« Le Sénat a définitivement démontré sa crédibilité sur la question du développement durable, comme il avait pu le faire récemment dans le cadre de la loi Agec ou encore de la loi énergie-climat », estime Jean-François Longeot (Union centriste), président de la commission du développement durable de la chambre haute.

« Heureusement, de nombreux apports du Sénat sont préservés », se félicite Marta de Cidrac (LR), rapporteure au sein de cette même commission. Et de citer : le déploiement de l’affichage environnemental, la régulation de la publicité, la lutte contre l’écoblanchiment, le développement du vrac, la lutte contre la prolifération des déchets dans la vente à emporter, la réparation des véhicules des particuliers, les pouvoirs donnés aux élus en matière d’implantation des éoliennes.

Calendrier Le texte issu de la CMP sera soumis pour approbation à l’Assemblée nationale le 20 juillet prochain, puis au Sénat à une date encore inconnue. En tout état de cause, le processus législatif se terminera avant la fin juillet, indique-t-on au ministère de la Transition écologique.

« Nous avons obtenu plusieurs avancées », se réjouit également son homologue Philippe Tabarot (LR). Ce dernier met en avant le prêt à taux zéro dans les zones à faibles émissions (ZFE), l’objectif de doubler la part du fret ferroviaire, le cumul du forfait développement durable avec des abonnements de transport en commun, ou encore le prolongement du suramortissement pour les camions. En revanche, le sénateur « regrette profondément l’inflexibilité du Gouvernement tant sur la mise en œuvre des zones à faibles émissions que sur la TVA à 5,5 % sur les billets de train, qui aurait permis de marquer le fait que le train est un bien de première nécessité pour réussir la décarbonation de nos déplacements ».

« Plus petit dénominateur commun »

Le son de cloche n’est pas le même que celui de la majorité du côté de l’opposition et des ONG environnementales. « Cet accord qui se résume au plus petit dénominateur commun entre les deux chambres du Parlement, nous prive de l’occasion de défendre notre vision alternative dans le cadre d’une nouvelle lecture.

Le débat démocratique est clos et l’avenir de notre politique environnementale est décidé en petit comité, à l’abri du regard de nos concitoyens », dénoncent quatre députés socialistes membres de la commission spéciale qui a examiné le projet de loi.

« La faiblesse du texte adopté aujourd’hui est une honte eu égard aux enjeux auxquels nous faisons face », réagit Arnaud Schwartz, président de la pourtant modérée fédération France Nature Environnement (FNE). « Une convention citoyenne pour le climat, 150 propositions qui devaient être reprises sans filtre, une promesse de concrétiser la réduction des émissions de gaz à effets de serre français de 40 % à l’horizon 2030 et, au bout du compte : un ensemble d’ordonnances, d’aides dans le cadre de France Relance et des projets de lois de finances, ainsi qu’une loi climat, dont les avancées, réelles, sont bien trop timorées pour atteindre cet objectif », estime FNE.

La faiblesse du texte adopté aujourd’hui est une honte eu égard aux enjeux auxquels nous faisons face.  

Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement

Du côté du ministère de la Transition écologique, on estime que cette loi, ajoutée aux lois déjà votées (énergie-climat, LOM, Agec), au plan de relance, aux mesures réglementaires et aux mesures européennes, permet de tendre vers l’objectif des -40 %. Ce qui constitue déjà « un pas immense » pour l’entourage de la ministre.

Reste que l’Union européenne va fixer le 14 juillet un nouvel objectif à la France dans le cadre du partage de l’effort pour atteindre son nouvel objectif de -55 % d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Mais aussi que la France est sous le coup d’une décision du Conseil d’État qui a ordonné au Premier ministre de prendre sous neuf mois toutes mesures utiles pour infléchir la courbe des émissions nationales.

Macron invente « l’écologie de production » pour disqualifier les pensées écologistes
Maxime Combes, économiste et auteur de Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition (Seuil, 2015)
https://blogs.mediapart.fr/maxime-combes/blog/140721/macron-invente-lecologie-de-production-pour-disqualifier-les-pensees-ecologistes

Au cours de son allocution télévisée du 12 juillet 2021, Emmanuel Macron a affirmé vouloir « réconcilier la croissance et l’écologie de production ». Innovation sémantique dénuée de sens, ce terme vise à disqualifier les pensées écologistes qui veulent au contraire poser des limites, sociales et écologiques, à la production. Macron, qui veut sauver la croissance quoi qu’il en coûte, n’en veut pas.

Voilà une innovation. Au moins sémantique. Au détour d’une phrase portant sur la grandeur que la France doit retrouver (extrait ci-dessous), Emmanuel Macron a annoncé vouloir « réconcilier la croissance et l’écologie de production », sans pour autant préciser le contenu donné à cette « écologie de production ». Comme si ce terme était connu de toutes et tous, comme si c’était une notion, un concept ou un paradigme qui fait sens et qui serait déjà installé dans le paysage. Il n’en est rien.

Une innovation sémantique

A la différence de l’écologie industrielle, de l’économie environnementale, de l’économie écologique, ou encore du développement durable et de la décroissance, qui font toutes référence à des écoles de pensée plus ou moins structurées, « l’écologie de production » ne renvoie à rien de précis.

Ni à une notion ou un concept élaboré dans l’une des sphères de réflexion sur l’économie ou l’écologie. Encore moins à un courant de pensée.

« Ecologie de production » est clairement une innovation sémantique. Il nous faut donc nous y arrêter : quelle en est la signification ? Quel(s) en sont les objectif(s) ? Pourquoi l’utiliser maintenant ? Puisque nous n’avons ni référence académique ni explication du terme par Emmanuel Macron lui-même et que, sauf erreur, il n’avait d’ailleurs jamais été utilisé jusqu’ici par le Président de la République, voici quelques toutes premières remarques.

Notons d’abord qu’Emmanuel Macron n’abandonne pas purement et simplement le terme « écologie » : dans une intervention télévisée dont ce n’était pas l’objet, il aurait pu se limiter à promouvoir la « croissance verte » ou affirmer qu’une « production écologique » est possible. Autant de formules discutables, mais finalement très classiques. Ce n’est pas ce qu’il a décidé.

 

Un terme dépourvu de sens

Non, par le terme « écologie de production », il prétend se positionner clairement dans le monde intellectuel et politique de l’écologie tout en se démarquant des autres écoles de pensée. Il entend ainsi incarner une écologie « alternative », celle de la « production », et imposer une ligne de démarcation opposant une « écologie de production » à une écologie qui ne serait pas « de production », à une écologie qui ne viserait pas la production.

Il nous faut d’abord dire qu’une telle dichotomie est totalement absconse. Il n’existe pas une seule école de pensée de l’écologie qui voudrait abandonner toute forme de production et qui ne viserait pas la production d’un certain nombre de biens et services pour satisfaire des besoins humains vitaux. Cela n’aurait aucun sens : même la cueillette de plantes sauvages nécessite travail et outils et s’apparente à une forme de production. Le concept « d’écologie de production » comme moyen de se démarquer d’autres écoles de pensée de l’écologie est donc d’abord dépourvu de sens.

Disqualifier les pensées écologistes qui interrogent le contenu de la production

Il ne faut néanmoins pas s’arrêter là. Toutes les écoles de pensée « écologistes », y compris leur transcription politique, ont en effet en commun de questionner, de façon plus ou moins frontale et radicale, le contenu, la quantité et la qualité de la production : du développement durable aux théories de la décroissance, on retrouve, sous des formes variées une mise en cause de la production actuelle, qu’elle soit industrielle, agricole ou de services. On y retrouve aussi la volonté de transformer ses soubassements matériels et son organisation qui sont jugés, à raison, comme insoutenables, tant sur le plan écologique que social

Ces différentes écoles de pensée élaborent donc des propositions – qu’il ne s’agit pas ici de discuter – visant à transformer l’organisation, le contenu, la qualité et la quantité de la production pour rendre celle-ci compatible avec les objectifs de développement durable et/ou les limites de la planète : à des ressources limitées doivent correspondre une production revisitée.

En utilisant le terme « d’écologie de production » plutôt que chercher à qualifier le type de « production » qu’il souhaite pour la France, Emmanuel Macron veut créer une dichotomie artificielle pour disqualifier toutes ces propositions qui visent à tenir compte des limites de la planète.

Refuser d’insérer la production dans des limites sociales ou écologiques

Avec ce terme « d’écologie de production », Emmanuel Macron veut combattre frontalement ce que les différentes approches écologistes ont en commun : réinsérer la production de biens et services dans des limites, sociales et écologiques, via des normes sur les processus de production ou les produits finis ou des restrictions sur les quantités. Macron ne veut pas de ces limites. Il veut d’abord produire avant d’éventuellement interroger le contenu de cette production, et donc les besoins auxquels elle est sensée répondre.

Ce que confirme précisément le fait d’affirmer vouloir « réconcilier la croissance et l’écologie de production » : Macron met ainsi à distance toutes les analyses, critiques et propositions visant à interroger ce qu’il faut produire, comment il faut le produire, et pour satisfaire quels besoins. Poser comme non négociable le fait d’obtenir un « PIB en croissance », alors que cet indicateur ne tient pas compte de l’impact environnemental des processus de production, pas plus qu’il permet de discriminer entre la satisfaction d’un besoin vital et une consommation ostentatoire, vise à disqualifier tous les propos qui ont pour objectif d’en interroger le contenu.

Produire quoi qu’il en coûte et confier notre avenir dans les techs et les marchés

Qu’est-ce donc « l’écologie de production » ? D’abord de la production indiscriminée. D’abord de la production pour satisfaire des objectifs de croissance économique indifférenciés : d’une certaine façon, il s’agit de croître, quoi qu’il en coûte. Où est alors l’écologie ?

Dans une confiance aveugle en l’innovation technologique et dans le transfert de la responsabilité aux consommateurs pour espérer réduire un tant soit peu les impacts de cette dite production sur la planète, ses ressources et les populations.

Ainsi le Président de la République peut parler « d’écologie de production » tout en se félicitant immédiatement (voir l’extrait) de la baisse des impôts de production et de l’impôt sur les sociétés qui vont profiter en premier lieu à certains des secteurs les plus nocifs pour la planète (énergies fossiles, finance, etc). Là où une politique écologique aurait discriminé les secteurs en fonction de leur impact écologique, « l’écologie de production » d’Emmanuel Macron soutient, sans ambages, des secteurs économiques qui aggravent la crise écologique.

 

 

 

Une continuité idéologique néfaste pour la planète et les populations.

Bien que vide de sens sur le plan académique ou intellectuel, le terme « d’écologie de production » utilisé par Emmanuel Macron fonctionne comme un oxymore où le deuxième terme a pour objectif de supplanter le premier : la production doit effacer l’écologie.

Cette innovation sémantique incarne finalement assez clairement la continuité de la politique d’Emmanuel Macron en la matière depuis cinq ans (voir ici l’analyse de son programme ou ici une analyse du plan de relance) :

  • faire de grandes déclarations sans objectif précis ; on se souvient du #MakeThePlanetGreatAgain en réponse à Donald Trump ;
  • reporter à plus tard ce qui devrait être fait aujourd’hui dès qu’il s’agit de prendre des décisions qui vont toucher à la puissance des lobbys ou aux règles qui organisent l’économie mondiale ; on se souvient des exemples du CETA, du glyphosate, etc ;
  • se conformer aux exigences des acteurs économiques et financiers ; la Loi Climat en est le dernier et plus abouti des exemples ;
  • inciter les secteurs économiques les plus nocifs à agir sans les contraindre et sans les reconvertir d’urgence ; Total ou Engie sont ainsi encouragés, mais non contraints, à investir dans la transition énergétique ;
  • ne surtout pas perturber le jeu économique et les droits acquis des acteurs économiques et ainsi faire confiance aux marchés ; le refus de conditionner les aides publiques à des objectifs sociaux, écologiques ou fiscaux en est l’illustration la plus emblématique.
  • satisfaire les intérêts de la FNSEA ou des chasseurs plutôt que transformer l’agriculture et protéger les espèces menacées.

En guise de conclusion, « l’écologie de production » d’Emmanuel Macron consiste d’abord à laisser les forces économiques et les marchés décider de notre avenir et à intervenir à la marge pour laisser penser qu’on mène une politique écologique raisonnable. Dans les faits, c’est donc la croyance en un « Business As Usual » mâtiné de vert et de technologies innovantes pour résoudre les crises qu’ils ont contribué à aggraver.

Retranscription écrite (intégralité du discours ici):

« Ce défi est de changer d’échelle (…) de redevenir une grande Nation de recherche, d’innovation, d’agriculture et d’industrie. Réindustrialiser. Réconcilier la croissance et l’écologie de production. Au niveau national, la baisse des impôts de production ainsi que celle de l’impôt sur les sociétés que nous avons décidées vont permettre d’accélérer ce mouvement. Au niveau européen, la présidence française de l’Union européenne, qui commencera le 1er janvier 2022, permettra de bâtir un agenda commun d’indépendance industrielle et technologique. »

“À Lyon, les résidences secondaires seront désormais davantage taxées
AFP
www.sudouest.fr/france/a-lyon-les-residences-secondaires-seront-desormais-davantage-taxees-4068891.php

La majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires va passer de 20 % à 60 %, a annoncé ce mercredi 7 juillet la municipalité écologiste, qui défend là une « mesure de justice sociale ».

La taxe d’habitation sur les résidences secondaires à Lyon va être fortement augmentée, a annoncé ce mercredi 7 juillet la municipalité écologiste, qui défend là une « mesure de justice sociale ». La majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires va passer de 20 % à 60 %, « le maximum qui est permis par la loi », a précisé lors d’une conférence de presse la première adjointe au maire, Audrey Hénocque.

Il s’agit « d’une mesure de justice sociale » et « d’un signal de notre volonté politique » pour que ces logements deviennent des résidences principales dans une ville qui connaît « une pénurie importante de logements », a ajouté l’élue, estimant l’effort moyen pour les propriétaires à « environ 210 euros par an ».

Et à défaut de revenir dans le giron des résidences principales, que ce soit à la vente ou à la location, ce sera « environ 3,3 millions d’euros de recettes supplémentaires » pour la ville, selon Mme Hénocque. « La ligne est claire : on veut faciliter le logement abordable », a renchéri le maire EELV de Lyon Grégory Doucet. 15 000 résidences lyonnaises sont concernées par cette mesure.

Comme à Paris et Saint-Nazaire

D’autres villes appliquent déjà la majoration maximale à 60 % de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, à l’instar de Paris ou Saint-Nazaire. La mesure doit être votée mercredi à Lyon lors du conseil municipal, qui entérinera également une subvention de 10 millions d’euros pour l’installation dans la ville de la future académie de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les élus lyonnais seront aussi amenés à voter plusieurs délibérations concernant la culture, dont le budget a été « sanctuarisé », selon M. Doucet, le fonds d’intervention culturel connaissant même une augmentation de 320 000 euros.

“Minuturo hamaika pertsona hiltzen dira gosez munduan
Iraitz Madariaga Etxebarria
www.argia.eus/albistea/minuturo-hamaika-pertsona-hiltzen-dira-gosez-munduan

OXFAM erakundeak txosten baten plazaratu ditu elikadura pobreziari buruzko azken datuak. Koronabirusak, larrialdi klimatikoak eta gerrek asko okertu dute egoera.

Gosearen birusa bikoizten ari da izeneko txostenean OXFAM erakundeak zabaldutako datuen arabera, azken urtean zehar, elikagaien prezioa %40 hazi da. Igoerak oinarrizko jakiei —zerealak, azukrea, haragia, olioa eta esnekiak— ere eragin die.

Baina baliabide ekonomiko faltaz gain, beste arazo gehigarri batzuk ere badaude gosearen atzean. OXFAMek koronabirusari, larrialdi klimatikoari eta gerrei egozten die nazioartean desnutrizio tasa hazi izana.

  1. urtean, gerrak 22 milioi pertsona utzi zituen janaririk gabe 23 herrialde ezberdinetan; egun, guztira, 100 milioi biztanle daude egoera horretan, gatazken ondorioz.

FAO Nazio Batuen Elikadura eta Nekazaritza Erakundeak, datu horiek berretsi ditu Munduko elikadura segurtasunaren egoera eta nutrizioa txostenean. Bertan adierazi dute 2020an biztanleriaren %9,9 desnutrizio egoeran zegoela, 2019an baino 161 milioi pertsona gehiago. Bereziki Asia, Afrika eta Latinoamerikan biltzen dira datu horiek.