Articles du Vendredi : Sélection du 15 avril 2011

L’expérience de la monnaie locale L’abeille


Françoise Lenoble, une des fondatrices et animatrices de l’Abeille, monnaie locale créée en janvier 2010 sur Villeneuve-sur-Lot. Un an plus tard, 44 entreprises, commerces et producteurs locaux utilisent l’Abeille, monnaie permettant de relocaliser et réorienter une partie de la production et de la consommation.

Enbata Alda! du 07.04.11

Plus de pétrole dans 50 ans, prévient HSBC

Matthieu Auzanneau, journaliste indépendant

http://petrole.blog.lemonde.fr/2011/04/04/plus-de-petrole-dans-50-ans-previent-hsbc/

Fillon : la production de pétrole “ne peut que décroître” !

Matthieu Auzanneau, journaliste indépendant
http://petrole.blog.lemonde.fr/2011/04/08/fillon-la-production-de-petrole-%C2%AB-ne-peut-que-decroitre-%C2%BB/

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L’expérience de la monnaie locale L’abeille


Françoise Lenoble, une des fondatrices et animatrices de l’Abeille, monnaie locale créée en janvier 2010 sur Villeneuve-sur-Lot. Un an plus tard, 44 entreprises, commerces et producteurs locaux utilisent l’Abeille, monnaie permettant de relocaliser et réorienter une partie de la production et de la consommation.

Enbata Alda! du 07.04.11

Vendredi 22 avril à 20h00 à Espelette, salle Ezpeletarra (près du marché couvert), conférece-débat sur L’Abeille, cette monnaie fondante (pour empêcher la spéculatoin et favoriser au contraire sa circulation) en permettant de garder l’argent dans l’économie locale, participant ainsi à sa redynamisation et au renforcement du lien social, la réduction des transports de marchandises et la limitation de l’empreinte écologique.
« AGIR pour le VIVANT », association loi 1901 a été créée en 2008 à Villeneuve sur Lot (47) par un groupe de personnes engagées depuis longtemps dans le domaine de l’écologie. Elle s’est donnée comme finalité la défense et la protection de la biodiversité dont l’humain est une des composantes. Conférences, projections-débats, sont régulièrement organisées pour informer le public sur les solutions à mettre en œuvre dans un objectif de résilience locale.
Nous sommes à une époque où les dysfonctionnements de notre société sont révélés au grand jour par les moyens de communication à la portée de tous. Revoir nos choix de production, consommation, déplacements, s’impose à nous de par la fin des carburants fossiles bon marché et l’épuisement des ressources naturelles. Rapidement, notre groupe prend conscience que cela passera entre autres par la mise en place d’une monnaie locale complémentaire (MLC)
Qu’est-ce qu’une monnaie complémentaire ?
Une MLC est une monnaie non soutenue par un gouvernement national et destinée à n’être échangée que dans une zone restreinte. Elle circule entre un groupe de personnes ayant un objectif commun.
Les monnaies de ce type prennent de nombreuses formes, aussi bien matérielles que virtuelles.
Pourquoi une nouvelle monnaie ?
Il nous apparaît inconcevable que la monnaie, moyen d’échange créé pour pallier les effets limités du troc, soit devenue objet de spéculation pour certains, rare pour beaucoup alors que nous croulons sous les productions de tous genres.
La réflexion sur la monnaie engagée au sein de notre groupe en 2008 se poursuit en 2009. Et c’est ainsi que nous découvrons que de nombreuses MLC existent un peu partout dans le monde. Près de chez nous en Allemagne pas moins de trente sont en fonctionnement, d’autres en préparation. La plus importante, le Chiemgauer en Bavière, regroupe 600 entreprises. En Angleterre, plusieurs villes en Transition comme Totnes, Stroud, Brixton, créent elles-aussi leur monnaie Par ailleurs, nous apprenons qu’en France la dernière qui connut un véritable succès fut celle de Lignières en Berry (1956) précédée de diverses monnaies pendant les années de crise qui suivirent la 1ère guerre mondiale, très souvent appelées monnaies de nécessité . Divers ouvrages, films, rencontres alimentent ainsi notre réflexion et nous permettent de comprendre l’intérêt de cet outil. Au printemps 2009, nous décidons de passer au stade de l’expérimentation en lançant l’Abeille.
Cette monnaie doit permettre de :
• redynamiser l’économie locale,
• favoriser une consommation responsable, éthique et écologique,
• Limiter les transports en favorisant les circuits courts,
• réduire l’empreinte écologique,
• éviter la spéculation et l’enrichissement personnel,
• recréer du lien social et de la solidarité,
• soutenir des projets locaux éthiques.
Comment ça marche?
Tous les acteurs s’engagent par adhésion à l’association, signature de la charte et, en plus pour les professionnels adhérents, par la signature d’une entente. Dès lors, les particuliers peuvent acheter des bons d’achat en monnaie locale (1€ = 1 unité de MLC). Ces bons de 1, 2, 5, 10 et 20 Abeilles sont acceptés par les professionnels adhérents (producteurs, artisans, commerçants..). Les euros convertis en monnaie locale constituent un fonds de garantie placé dans une banque éthique (la NEF). Si besoin est, les professionnels (et eux seuls) peuvent demander la reconversion de leur éventuel surplus de MLC en euros. Une commission de 2% leur est demandée.
Nous appuyant sur les travaux de Silvio Gesell et les expériences concluantes de la monnaie Chiemgauer (Bavière), Lignières en Berry, Wörgl (Autriche 1932), nous avons opté pour le principe de la fonte (démurrage) afin de dynamiser les échanges. Tous les six mois, une vignette correspondant à 2% de la valeur faciale du coupon doit être apposée au verso.
De 9 prestataires durant l’été 2009, nous sommes passés à 19 le jour du lancement officiel fin janvier 2010 et 44 actuellement. La diversité des services proposés permet à ceux qui le souhaitent d’utiliser fréquemment cette monnaie.
Obstacles rencontrés
Notre génération et la précédente n’ayant jamais entendu parler de monnaie locale et de surcroît « fondante », inutile de dire qu’aux yeux de certains nous passions pour de doux rêveurs, mais que d’autres ont vu d’emblée l’intérêt que cela pouvait représenter pour la communauté.
Eveiller les consciences à un autre rapport à la monnaie, une autre utilisation, requiert patience et pédagogie. Nous essayons d’être présents sur le terrain le plus possible.
Conséquences
Relayée par les médias dès janvier 2010, cette expérience a suscité curiosité, mais aussi intérêt. Depuis, d’autres groupes répartis sur le territoire national travaillent à l’élaboration de leur propre MLC.
2011 verra naître plusieurs monnaies en France, la plupart s’appuyant sur le modèle de l’Abeille.
Localement, les conséquences positives se font également sentir :
*d’une part, nous avons maintenant la reconnaissance des élus locaux avec lesquels nous étudions le moyen d’utiliser la MLC pour le paiement de services municipaux,
*d’autre part, des consommateurs s’approvisionnent auprès des entreprises du réseau, ce qu’ils ne faisaient pas auparavant,
*certaines entreprises s’approvisionnent auprès de producteurs locaux et donc favorisent les circuits on ne peut plus courts,
Conclusion
Un an après le lancement officiel, si nous constatons que de nombreux citoyens ont pris connaissance de l’existence de l’Abeille et à travers elle du concept des MLC, il n’en demeure pas moins que, pour beaucoup, passer de la prise de conscience à l’action demandera encore du temps.
Nos projets d’avenir sont :
• dynamiser le réseau en augmentant professionnels et consommateurs,
• pouvoir utiliser une partie du fonds de garantie sous forme de prêts pour des projets locaux éthiques.
Comment atteindre ces objectifs?
Ce n’est que grâce à un groupe engagé et disponible au sein de l’association que nous pourrons atteindre ces objectifs, voire par l’embauche d’une personne salariée complétant l’équipe.

Plus de pétrole dans 50 ans, prévient HSBC

Matthieu Auzanneau, journaliste indépendant

http://petrole.blog.lemonde.fr/2011/04/04/plus-de-petrole-dans-50-ans-previent-hsbc/

Dans “49 ans”, il pourrait ne plus rester de pétrole exploitable sur Terre, “même si la demande n’augmente pas”, prévient la banque HSBC dans un rapport de prospective publié le 22 mars. “Nous sommes convaincus qu’il ne nous reste qu’une cinquantaine d’années de pétrole”, insiste, dans une interview accordée à CNBC, l’auteur principal de l’étude, Karen Ward, qui occupe la fonction de senior global economist au sein de la deuxième banque mondiale.
L’adaptation à la raréfaction du pétrole sera “longue”, “par conséquent, la pression sur les carburants fossiles pourrait être à la fois persistante et douloureuse, tant les prix du pétrole sont sensibles à tout déséquilibre mineur entre demande et offre d’énergie”, précisent les auteurs du rapport.
“Il existe une solution”, indique la banque londonienne, “mais il est improbable que de nouveaux gains d’efficacité [énergétique] et le déploiement de sources d’énergie faiblement carbonées se matérialisent sans une pression à la hausse encore plus forte sur les prix des carburants fossiles.”
“Les substituts, tels que les biocarburants et le pétrole de synthèse obtenu à partir de charbon, pourraient compenser une chute de la production de pétrole conventionnel, mais uniquement si les prix moyens du pétrole dépassent 150 dollars le baril”, affirme HSBC.
L’Europe, faute de disposer de sources d’énergie suffisantes, devrait être “la grande perdante”, selon le rapport.
La raréfaction du pétrole n’implique pas que “la menace du réchauffement climatique” va s’éloigner pour autant, mettent encore en garde les analystes de HSBC. “Les objectifs de croissance seront plus faciles à atteindre que les objectifs climatiques”, écrivent-ils.
HSBC rejoint la liste déjà longue de sources solides (la Lloyd’s, Chatham House, le Pentagone, le département de l’énergie américain, la Bundeswehr, Petrobras, le commissaire européen à l’énergie, le représentant de l’Iran auprès de l’Opep, le Houston Chronicle, le directeur scientifique de l’Agence internationale de l’énergie, etc.) qui tirent vigoureusement sur la sonnette d’alarme, afin de pointer un risque de pénuries graves sur le marché pétrolier dès la décennie présente.
Lorsque les analystes de HSBC avancent qu’il ne devrait plus y avoir de pétrole dans 49 ans, ils sous-entendent que les problèmes de pénurie devraient commencer bien avant 2060. En effet, les champs de pétrole ne s’épuisent pas du jour au lendemain : après un “pic” ou un “plateau ondulant” de production maximale, l’extraction des puits pétroliers amorce toujours une période de déclin plus ou moins rapide.
HSBC souligne de plus que le risque de pénurie existe “même si la demande n’augmente pas”. Tirée par la croissance des économies émergentes, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de 1 % en 2011, d’après l’Agence internationale de l’énergie. Elle atteindra probablement cette année 89,4 millions de barils par jour (Mb/j), contre 87,9 Mb/j en 2010.
L’Agence internationale de l’énergie table sur une demande mondiale de 99 Mb/j en 2035, dans son scénario médian. Son scenario ‘’business as usual’’, qui ne fait que regarder où mène la tendance actuelle, propose une demande de 107 Mb/j en 2035.
D’après le pdg du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, “il serait déjà très satisfaisant d’arriver à 95 Mb/j“.
Le groupe Total et le groupe brésilien Petrobras sont les deux seules firmes pétrolières majeures qui tiennent un discours relativement pessimiste concernant l’imminence d’un pic de la production mondiale de pétrole.
IHS-CERA, un institut d’analyse privé étroitement lié à de grands industriels de l’énergie anglo-saxons, estime qu’il n’existe pas de limite immédiate au développement de la production mondiale de carburants liquides. D’après IHS-CERA, même si la production de pétrole conventionnel ne pourra plus guère augmenter, le développement massif des pétroles non-conventionnels permettra à l’offre totale de carburants liquides de continuer à croître jusqu’en 2035. Ensuite, la production mondiale restera sur un “plateau ondulant” jusqu’aux alentours de 2055, avant d’amorcer son déclin final, indique ce scenario de référence de l’industrie pétrolière publié en novembre 2010.
La production mondiale de pétrole conventionnel a atteint son maximum historique, et n’augmentera plus “jamais”, a admis dans son dernier rapport annuel l’Agence internationale de l’énergie, chargée de conseiller les pays riches de l’OCDE et basée à Paris.

Fillon : la production de pétrole “ne peut que décroître” !

Matthieu Auzanneau, journaliste indépendant
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“Nous avons, en 2009, atteint le pic de production en matière de pétrole. La production ne peut maintenant que décroître, alors même que la croissance de l’économie mondiale a retrouvé un train de 4,5 %”, a déclaré le premier ministre François Fillon le 5 avril devant l’Assemblée nationale. Il répondait à une question d’actualité sur les prix de l’énergie posée par le député socialiste François Brottes.
Pourquoi en “2009″, date qui ne correspond à aucun diagnostic officiel connu ? Et pourquoi évoquer un déclin inévitable de la production, quand les pétroliers (à commencer par le groupe français Total) estiment que cette production peut encore être accrue ? J’attends les précisions de Matignon. À suivre.
Parmi les sources institutionnelles, seule l’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique dans son dernier rapport annuel que la production de pétrole conventionnel (et non la production totale de pétrole) n’augmentera plus “jamais”, parce qu’elle a atteint son “pic historique” en “2006″ (pas en 2009). De plus, l’AIE juge que jusqu’en 2035 au moins, la production de pétrole conventionnel pourra être maintenue sur un “plateau ondulant”, et que la production totale de carburants liquides continuera à croître.
Jamais en France un membre de l’exécutif n’avait émis un tel verdict.
Le gouvernement français rejoint la longue liste de sources majeures qui évoquent la menace de pénuries graves de pétrole pour les années à venir.
“Nous sommes en face de tendances lourdes d’augmentations des coûts de l’énergie”, a insisté François Fillon. “L’accident, la catastrophe de Fukushima aura forcément des conséquences sur les investissements dans le monde en matière nucléaire ; et enfin, nous savons tous que les énergies renouvelables ont un coût très élevé”, a ajouté le premier ministre.
En septembre 2005, Dominique de Villepin, alors premier ministre, avait appelé la France à “entrer dans l’ère de l’après-pétrole”.
Et… maintenant ?
La question du pétrole et de l’énergie a quelque chance d’occuper une place importante dans la prochaine campagne présidentielle.
Le Fonds monétaire international, dirigé par Dominique Strauss-Kahn, candidat putatif à l’investiture socialiste pour l’élection présidentielle, a rendu public le 7 avril un rapport prévenant, après la banque HSBC, que le pétrole va devenir durablement plus rare et plus cher (AFP).
François Hollande, candidat à l’investiture socialiste pour l’élection présidentielle, était jusqu’ici l’unique figure politique française de tout premier plan à s’être publiquement inquiétée des risques engendrés par un potentiel pic de la production mondiale de pétrole.
Parmi les autres ténors de la classe politique, seul Yves Cochet, candidat à l’investiture d’Europe écologie – les Verts pour la présidentielle et ancien ministre de l’environnement et de l’aménagement du territoire de Lionel Jospin, tente depuis des années d’attirer l’attention sur la question du ‘peak oil’.
“Sortons du nucléaire”, demandent aujourd’hui dans Le Monde trois députés membres du pôle écologique du Parti socialiste, à l’initiative d’un colloque sur le ‘peak oil’ qui s’est tenu en janvier à l’Assemblée, et auquel j’ai eu l’honneur de participer. Sortir du nucléaire ET du pétrole ? Way to go…