Articles du Vendredi : Sélection du 14 juillet 2023

Climat : le monde frappé par une avalanche de vagues de chaleur
LIBERATION et AFP
www.liberation.fr/environnement/climat/climat-le-monde-frappe-par-une-avalanche-de-vagues-de-chaleur-20230714_IFH2TCGGOFBBFEDZ62IY76WVF4

En ce début d’été, les événements extrêmes se déchaînent sur la planète, attisés par le changement climatique. Aux Etats-Unis, en Méditerranée ou encore en Chine, les canicules battent des records toujours plus remarquables.

L’été ne fait que commencer dans l’hémisphère Nord, mais déjà d’intenses vagues de chaleur frappent durement de nombreuses régions du monde, de l’Europe à la Chine en passant par les Etats-Unis, où des températures records sont attendues ce week-end – illustration des conditions extrêmes amplifiées par le réchauffement climatique.

Plus de 100 millions d’Américains sont sous le coup d’alertes à la chaleur, selon le site gouvernemental heat.gov. Le Texas, l’Arizona, le Nevada et la Californie s’attendent à des conditions potentiellement dangereuses dans les jours qui viennent, avec des records absolus de température possibles, ont averti les services météorologiques américains.

«Nouvelle norme»

Au même moment, l’Italie, l’Espagne, la France, l’Allemagne et la Pologne font également face à une vaste vague de chaleur. Le mercure doit grimper jusqu’à 48°C sur les îles de Sicile et de Sardaigne, «potentiellement les températures les plus chaudes jamais enregistrées en Europe», selon l’agence spatiale européenne. En Grèce, l’acropole d’Athènes, monument le plus visité du pays, sera fermée ce vendredi aux heures les plus chaudes de la journée et très probablement samedi en raison de la canicule qui touche le pays.

L’Afrique du Nord est aussi touchée. Au Maroc, qui subit une série d’épisodes caniculaires depuis le début de l’été, une alerte rouge à la chaleur a été émise pour plusieurs provinces. Certaines régions de Chine, dont la capitale Pékin, souffrent également d’une forte vague de chaleur. Une des principales compagnies électriques du pays a indiqué avoir enregistré lundi un record de production quotidienne d’électricité, en raison de la demande accrue liée aux fortes températures.

Au niveau mondial, le mois de juin a été le plus chaud jamais mesuré, selon les agences européenne Copernicus et américaines Nasa et NOAA. Puis, la première semaine complète de juillet a été à son tour la plus chaude jamais enregistrée, selon des données préliminaires de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). La chaleur est l’un des événements météorologiques les plus meurtriers, a rappelé l’OMM. L’été dernier, en Europe seule, les fortes températures ont causé plus de 60 000 décès, selon une récente étude.

Or cette météo extrême, qui survient plus fréquemment à cause de la crise climatique qui progresse, «devient malheureusement la nouvelle norme», a asséné jeudi dans un communiqué le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. Le phénomène météorologique cyclique El Niño, qui entraîne généralement une hausse des températures mondiales, contribue aussi à empirer la situation, mais dans une moindre mesure puisqu’il vient de débuter.

Feux, inondations, chaleur

Aux Etats-Unis, l’été a déjà été marqué par une série de catastrophes météo. La fumée des incendies au Canada, où plus de 500 feux sont toujours hors de contrôle, a entraîné plusieurs épisodes de forte pollution atmosphérique sur tout le nord-est des Etats-Unis en juin.

Des inondations catastrophiques ont touché cette semaine l’Etat du Vermont (nord-est). Les scientifiques ont rappelé que le réchauffement climatique peut aussi contribuer à des pluies plus fréquentes et plus importantes, en augmentant la vapeur d’eau dans l’atmosphère. Enfin, depuis des semaines, le sud du pays fait face à une vague de chaleur ne laissant aucun répit aux habitants.

Au Canada, la ville de Montréal a été touchée jeudi par des pluies torrentielles, tandis qu’une tornade a frappé Ottawa.

Ce week-end, dans le désert californien de la vallée de la Mort, le mercure pourrait égaler voire dépasser la température de l’air la plus haute jamais mesurée de façon fiable sur Terre, selon le climatologue Daniel Swain, de l’université de Californie à Los Angeles. Officiellement, le record mondial absolu a été fixé à 56,7°C par l’OMM.

Mais il a été enregistré dans la vallée de la Mort en 1913 et de nombreux météorologistes ne le considèrent pas comme fiable, a expliqué le scientifique, qui préfère s’en tenir aux 54,4°C enregistrés au même endroit en 2020 et 2021.

Canicules marines aussi

Les océans ne sont pas non plus épargnés par la chaleur : des canicules marines sévissent partout sur le globe. Dans le sud de la Floride (sud-est des Etats-Unis), la température de l’eau près des côtes dépasse les 32°C, selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).

Les températures de surface dans la Méditerranée seront, elles, «extrêmement hautes dans les prochains jours et semaines», parfois à plus de 30°C, avec des valeurs de plus de 4°C au-dessus de la moyenne dans de vastes zones de l’ouest de cette mer, selon l’OMM. Les canicules marines ont des effets dévastateurs sur les espèces qui y vivent, leur survie et leurs migrations, ainsi que des conséquences pour la pêche.

A l’autre bout du globe, la banquise de l’Antarctique a, elle, atteint son étendue la plus faible pour un mois de juin. Par rapport à l’ère préindustrielle, le monde connaît déjà un réchauffement proche de 1,2°C sous l’effet de l’activité humaine, essentiellement l’utilisation des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz). Pour le chef de l’OMM Petteri Taalas, les vagues de chaleur actuelles soulignent «l’urgence grandissante de réduire les émissions de gaz à effet de serre le plus vite possible et le plus possible».

 

Les allergies dopées par le réchauffement climatique et la pollution
Delphine Roucaute
www.lemonde.fr/planete/article/2023/07/11/les-allergies-dopees-par-le-rechauffement-climatique-et-la-pollution_6181550_3244.html

Après le pic de la mi-juin, les graminées vont céder le pas, fin juillet, à l’ambroisie, soumettant les personnes allergiques à de forts risques de rhinites allergiques et/ou de crises d’asthme.

Yeux qui larmoient, nez qui coule, éternuements intempestifs : pour de nombreux Français, le printemps et l’été riment avec rhinite allergique, manifestation la plus courante et constante de l’allergie respiratoire. Les coupables ? Dans la majorité des cas, il s’agit des pollens circulant dans l’air, suivis des acariens et des poils d’animaux. Si les études épidémiologiques manquent depuis quelques années pour caractériser le poids des pollens dans ces allergies, les scientifiques s’accordent depuis les années 1990 sur le fait que 25 % à 30 % de la population (à l’échelle européenne comme française) souffrent de ces rhinites tous les ans. Des chiffres confirmés en 2022 par une étude menée sur la cohorte française Constances (28 %). Une tendance à la hausse est observée partout dans le monde.

Cette année, en France, un pic particulièrement haut a été observé à la mi-juin, accompagné d’une hausse des passages aux urgences pour rhinite, mais également pour asthme, voire même pour « asthme d’orage », provoqué par les tourbillons d’air et l’humidité devançant de plusieurs dizaines de minutes les orages du début de l’été, et qui rabattent violemment les pollens vers le sol, dispersant les microparticules de leurs allergènes.

Si l’asthme n’est pas exclusivement causé par les allergies respiratoires, « on observe un lien significatif entre le fait d’être exposé à des pollens et le recours aux soins pour crise d’asthme », souligne Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et coautrice d’une étude sur le sujet parue en début d’année.

« Il y a eu cette année une exposition pollinique plus importante que d’habitude, relève Alain Didier, pneumologue allergologue à l’hôpital Larrey, à Toulouse. Nous avons constaté beaucoup de passages aux urgences pour crise d’asthme, y compris de gens qui ne se savaient pas asthmatiques. » L’asthme est la première maladie chronique chez l’enfant, et tue près de 1 000 personnes par an en France. Si la rhinite, quant à elle, est considérée comme bénigne dans la plupart des cas, elle peut être très sévère et altérer la qualité de vie. Surtout, une exposition prolongée d’année en année peut rendre les médicaments tels que les antihistaminiques accessibles librement en pharmacie peu à peu moins efficaces, voire provoquer à la longue des allergies croisées à certains fruits ou légumes. Par ailleurs, les rhinites allergiques répétées peuvent être un déclencheur de l’asthme.

Saisons polliniques plus longues

Depuis début avril, ce sont les graminées qui provoquent le plus de réactions allergiques en envahissant l’air des villes et des campagnes. Herbes poussant en bord de route, plantes d’ornementation en ville, céréales et pelouses, elles se retrouvent partout. Si le pic est passé, les professionnels recommandent la prudence jusqu’à la fin juillet, les niveaux de concentration dans l’air restant encore très élevés dans le nord, l’ouest et le centre de la France, selon la carte de vigilance produite une à deux fois par semaine par le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), association surveillant la présence de pollens tout au long de l’année.

Au cours du mois de juillet, les graminées seront peu à peu remplacées par l’ambroisie, une plante envahissante faisant partie du top 4 des plantes les plus allergisantes, derrière les bouleaux, les cyprès et les graminées. Particulièrement présente en Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Nouvelle-Aquitaine, elle s’étend peu à peu sur le territoire malgré les plates-formes de signalement citoyen et les campagnes d’arrachage organisées par les communes. Une faible quantité de ses pollens suffit à provoquer des allergies.

« L’année dernière, les pollens d’ambroisie sont arrivés plus tôt, dès début juillet », précise Gilles Oliver, aérobiologiste au RNSA. Les saisons des différents pollens ont tendance à s’étendre depuis des années sous les effets conjugués du réchauffement climatique et de la pollution de l’air.

Les études se multiplient pour caractériser ce risque, mais les études épidémiologiques, c’est-à-dire les cas concrets enregistrés d’année en année, tardent à venir.

« Les températures plus élevées envoient un signal aux plantes vers la floraison, donc les saisons polliniques commencent plus tôt et finissent plus tard », explique Isabella Annesi-Maesano. En France, la saison des allergies commence désormais dès la fin décembre dans le Nord-Est avec les pollens de noisetiers et d’aulnes, puis c’est au tour des cyprès en février-mars, des bouleaux en mars-avril, suivis par les graminées et l’ambroisie, et enfin par les spores de moisissures à l’automne. Avec un court répit de la mi-octobre à la mi-décembre.

Effets allergisants potentialisés par la pollution

Par ailleurs, le dioxyde de carbone – dont l’augmentation est le moteur du réchauffement climatique – stimule les plantes en leur faisant produire plus d’allergènes, comme l’a démontré une étude américaine dès 2000 concernant l’ambroisie. Enfin, le dioxyde d’azote, l’un des polluants majeurs de l’atmosphère terrestre, agit sur le pollen en érodant ses membranes extérieures, libérant ainsi les allergisants qu’il contient. Microscopiques, ces particules peuvent s’enfoncer plus loin dans les voies respiratoires basses, ce qui se révèle plus dangereux pour les asthmatiques. Les gaz responsables de la pollution de l’air, par leur pouvoir irritant, abaissent également le seuil de sensibilité des allergiques. « Et comme il y a plus de pollens, même les personnes non allergiques commencent à l’être », conclut l’épidémiologiste Isabella Annesi-Maesano.

Ni le réchauffement climatique, ni la pollution ne vont toutefois déclencher à eux seuls une allergie respiratoire. Il faut avoir une prédisposition génétique. « Une allergie, c’est la rencontre entre un terrain allergique et l’environnement », explique ainsi Alain Didier. On considère qu’avoir deux parents avec des allergies respiratoires implique 50 % à 70 % de risque d’en développer une soi-même, sans que l’on puisse prédire le risque de sévérité, de la rhinite modérée à l’asthme. C’est pourquoi l’allergologue conseille de dépister au plus tôt un terrain atopique chez l’enfant, comme la survenue d’eczéma, afin de le traiter au plus vite et retarder au maximum le déclenchement d’une éventuelle allergie.

Au-delà des antihistaminiques, tels que la cétirizine ou la loratadine, la prise de corticoïdes par voie intranasale peut se révéler très efficace pour décongestionner une rhinite même sévère. La désensibilisation proposée par les allergologues, quant à elle, est priorisée pour les asthmatiques et les personnes pour qui les traitements habituels ne fonctionnent plus. Elle ne se révèle efficace qu’en cas d’allergènes bien identifiés et pas trop nombreux. Si des résultats peuvent s’observer dès la première saison, le traitement dure en général trois ans, par injection sous-cutanée sous contrôle médical ou par prise sublinguale.

Plus inquiétant, les pollens affaiblissant l’immunité et irritant les muqueuses des personnes allergiques lors des saisons polliniques, ils peuvent être une porte d’entrée pour le SARS-CoV-2, comme l’a démontré une étude européenne en 2021. Ils rendent surtout plus vulnérables aux infections virales provoquées, notamment, par les rhinovirus et le virus syncytial respiratoire (VRS), montre une étude de 2020. Tous ces éléments plaident pour une végétalisation, particulièrement dans les espaces urbains, plus diversifiée. « Il faut éviter le tout-bouleau ou le tout-cyprès », insiste Alain Didier.

Face aux critiques, BNP Paribas a créé un guide interne spécial « greenwashing »
Mickaël Correia
www.mediapart.fr/journal/ecologie/110723/face-aux-critiques-bnp-paribas-cree-un-guide-interne-special-greenwashing?utm_source=quotidienne-20230711-175331&utm

Mediapart dévoile un document interne au géant bancaire qui distribue des éléments de langage pour répondre aux polémiques lors des « repas de famille ». La firme française est depuis peu la cible régulière du mouvement climat pour être un leader mondial de l’expansion pétrolière et gazière.

Après TotalEnergies qui a fourni à ses salarié·es un guide pour « un dîner presque parfait », c’est au tour de BNP Paribas, une des banques les plus sales au monde, d’éditer pour ses employé·es un mémo pour contrer toute polémique.

BNP Paribas est de plus en plus pointée du doigt par les ONG comme par les activistes climat pour être le premier financeur européen du pétrole et du gaz – dont la combustion est le moteur du réchauffement planétaire. Ses agences et ses distributeurs de billets sont régulièrement aspergés de peinture par les militant·es et en octobre 2022, son assemblée générale a été chahutée par des organisations écologistes.

Le groupe tricolore est aujourd’hui le principal banquier du pétrolier anglo-néerlandais Shell et le deuxième financeur de TotalEnergies. Mais BNP Paribas l’assure : elle est un « leader affirmé du financement de la transition énergétique ».

Dans un document à usage interne qu’a pu se procurer Mediapart, la firme explique comment convaincre lors du « prochain repas de famille », devant « [son] cousin inquiet face au réchauffement climatique ou [sa] belle-sœur sceptique face à l’action du secteur financier », qu’elle soutient la fin des énergies fossiles.

Diffusé en mars, ce prêt-à-penser tout en métaphores culinaires débute par une double page titrée « Mise en bouche ». La banque y déploie un argumentaire pour répondre à une première question critique : « Quelle est la politique de BNP Paribas pour soutenir la transition énergétique ? »

Le groupe conseille d’abord à ses salarié·es de rappeler à leur interlocuteur ou interlocutrice que « nous dépendons depuis 200 ans des énergies fossiles : passer d’un monde à l’autre ne se fait pas en un jour ». Puis les communicant·es de BNP Paribas soulignent que la banque « finance davantage les énergies bas carbone que les énergies fossiles ».

Mais, comme le précise pour Mediapart Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance, une ONG qui promeut le désinvestissement des énergies fossiles : « BNP Paribas n’hérite pas d’une société dépendante aux énergies fossiles : elle a une responsabilité historique car elle l’a activement construite en finançant de longue date les industriels du secteur. »

Rien que ces six dernières années, la banque a octroyé aux principales majors fossiles occidentales plus de 150 milliards d’euros.

Lucie Pinson ajoute : « Selon le média financier Bloomberg, pour 1,69 euro injecté dans les énergies dites bas carbone, BNP Paribas met encore 1 euro dans les énergies fossiles. » Un ratio qui fait que la banque n’est toujours pas alignée sur une trajectoire maintenant le changement climatique en dessous des + 1,5 °C.

Écoblanchiment financier

L’argumentaire sur papier glacé propose ensuite des éléments de langage pour riposter au fait que BNP Paribas est la première banque européenne dans le financement des énergies fossiles.

Le groupe dégaine qu’en 2022, il a été classé « numéro 1 mondial pour la structuration et le placement d’obligations vertes : 18 milliards d’euros y ont été consacrés ». Mais la banque omet le fait que ce qu’elle définit comme « vert » demeure pour le moins contestable. Parmi ces obligations estampillées écolos, figurait par exemple le financement de l’extension de l’aéroport international de Hong Kong…

De même, le mémo oublie de mentionner qu’en parallèle de son soutien à l’économie décarbonée, BNP Paribas est une des rares banques à avoir augmenté ses financements aux énergies fossiles entre 2021 et 2022.

Dans la foulée, quatre pages de ce guide interne intitulées « Farandole d’accompagnements » et « Plat de résistance » s’attardent sur le financement du pétrole.

La firme justifie longuement que, « pleinement engagée dans un mouvement de sortie du pétrole, [elle] n’accorde plus aucun financement dédié à des projets de développement de nouveaux champs pétroliers ».

Problème : si effectivement, BNP Paribas a acté l’arrêt des financements directs à de nouvelles infrastructures pétrolières et gazières, elle continue de soutenir les multinationales qui ont la capacité de développer ces mêmes projets, au prétexte qu’elles ont un plan de transition énergétique.

Or les géants industriels soutenus par la banque française sont bien loin d’avoir des plans climat à la hauteur de l’urgence écologique et continuent de développer des gisements pétrogaziers.

Par exemple, TotalEnergies prévoit dans sa stratégie climat que 70 % de ses dépenses d’investissement resteront dédiées au pétrole et au gaz jusqu’en 2030. Et en 2022, le pétrolier a acté, lancé ou étendu une vingtaine de nouveaux projets ayant trait à l’extraction d’énergies fossiles.

Enfin, BNP Paribas ne parle dans ce fascicule que de ses prêts. Pourtant, elle propose aussi d’autres services bancaires comme les émissions obligataires – un emprunt lancé sous forme de titres achetés par des investisseurs, en contrepartie d’une commission –, qui peuvent représenter jusqu’à la moitié des financements directs des groupes fossiles.

En conséquence, BNP Paribas est actuellement le quatrième plus grand soutien mondial à l’expansion fossile depuis l’accord de Paris de 2015, avec 64,2 milliards de dollars de financement aux multinationales développant encore des puits de pétrole et de gaz.

Rien qu’en 2022, la banque hexagonale a fourni à ces funestes entreprises 5,5 milliards de dollars.

La banque d’un monde qui ne change pas

Ces financements de BNP Paribas sont à rebours des recommandations scientifiques qui exhortent, pour maintenir le réchauffement à + 1,5 °C, à faire diminuer la production de pétrole et de gaz respectivement de 4 % et 3 % par an d’ici à 2030. Quant à l’Agence internationale de l’énergie, elle préconise depuis 2021 l’arrêt immédiat de tout nouveau projet pétrogazier pour contenir le changement climatique.

« Une entreprise ne peut pas se dire engagée pour le climat et en même temps soutenir l’expansion fossile, résume Lucie Pinson. C’est un fascicule clairement rédigé contre les critiques de la société civile mais aussi un guide qui vise à rassurer les salariés qui doivent de plus en plus se questionner quant à la crédibilité de leur groupe. »

En février dernier, 600 scientifiques, dont des coauteur·es des rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), ont exhorté dans une lettre ouverte le conseil d’administration de BNP Paribas à cesser tout soutien à l’ouverture de nouveaux gisements pétroliers et gaziers. Le même mois, pour son appui financier à ces projets, les Amis de la Terre, Notre affaire à tous et Oxfam France ont assigné le groupe bancaire en justice – soit le premier contentieux climatique au monde contre une banque.

Qu’importe pour BNP Paribas. Si ses financements démontrent qu’elle est la banque d’un monde qui brûle, la firme continue de clamer qu’elle est « la banque d’un monde qui change ».

Emazte laborariak argitan
Lurrama
www.enbata.info/articles/emazte-laborariak-argitan

Azaroaren 10, 11 eta 12an, Biarritzeko Irati gelan iraganen den Lurramaren 2023ko edizioaren kari, emazte laborariak argitan ezartzea erabaki du Lurrama elkarteak, «Emazte laborariak argitan» tematikarekin.

Zergatik emazte laborariak argitan eman ?

Kausa feministak gero eta gehiago ezenaren aintzinean dira, bereziki emazte eta gizonen arteko berdintasuna. Bilakaerak errealak badira ere, desberdintasunek lanmunduan, etxeko eremuan edo eremu publikoan irauten dute. Gainera, gizonen eta emazteen arteko berdintasuna Macronek bosturtekoaren kausa garrantzitsutzat jo zuen. Zenbait xifre adibide gisa:

  • Lan munduan, emazteen soldaten diru-sarrerak, bataz beste, gizonenak baino %22 ttikiagoak dira (INSEE).
  • Eremu pribatuan, emazteek gizonek baino oren bat ta erdi gehiago ematen dituzte egunean etxeko eta familiako lanetan (INSEE).
  • Azkenik, eremu publikoan, komunikabideetan elkarrizketaturiko adituen %19 baino ez dira emazteak (OXFAM).

Hala ere, pentsamoldeak aldatzen ari dira eta aurrerapenak nabarmenak dira. Laborarien mundua, gizarteko beste guziak bezala, emazteen eta gizonen arteko desberdintasunen lekua ere izan da. Azken urteetan aldaketa handiak izan dira gai horietan. Gero eta emazte gehiagok jotzen dute laborantza-lanbideetara. Frantzian, gaur egun, etxalde-buruen 1/4 ordezkatzen dute.

Emazteen genero-estereotipoak eta “ikusgarritasuna” deskonposatzeko lana funtsezkoa da pentsamoldeak eta jarrerak sakonki aldatzen jarraitzeko. Horregatik, garrantzitsua iruditu zaigu mugimendu honetan gure forman parte hartzea, emazte laborariak omenduz, eta hori begiradak eta praktikak aldatzen laguntzeko.

Emazte laborariak argitan

Emazte laborarien eskubideak, errola eta ardurak argitan eman nahi ditugu, baita ere haien ikusgarritasuna.

Emazte laborariek beti hartu izan dute leku garrantzitsua laborantzaren munduan, baina ez da beti agerian izan, eta usu zilegitasun eskas airerekin. « Paysannes en polaire » kolektiboaren «Il est où le patron?» komikiak erakusten duen bezala, haien errolak minimizatzen dituzten eta «laguntza»tzat jotzen dituzten irudikapenak bizirik diraute. Emazte laborarien %62, berriz, etxalde-buru, etxalde-buru orde edo elkartuak dira.

Haien eskubideei dagokienez, 198O arte itxoin behar izan zen lehen estatutu bat ukaiteko, “lanetan parte hartzen duen bikotea”. Estatutu edo azpi-estatutu, zinez haien lekua baserrian garrantzi berekoa zela jakiten denean! 2010ean bakarrik bikoteen artean GAEC sortzearekin estatus-berdintasuna posible izan zen. Emazte laborariek 2008ra arte itxoin behar izan zuten, langileen erregimen orokorreko amatasunoporraldi bera lortzeko. Eta 2012an bakarrik lortu zen laborantza ganberetarako hauteskunde-zerrendetan %30en emazte izaiteko obligazioa. Oraindik ainitz bada egiteko, batez ere estatutuari eta gizarte-eskubideei (pentsioak, etab.) dagokienez. Haien tokia eta lanbide horretan begirada aldatzeko.

Mundu osoan nekeziak izan arren, emazte laborariek beren geroa eskutan hartzen dute eta beren lekua aldarrikatzen dute eremu profesionalean edo eremu publikoan.

Erakunde militante eta politikoetan, emazteak gero ta gehiago errepresentatuak dira eta laborari gazteen belaunaldiek sindikatuen ilarak aberasten dituzte. Adibidez, « Confédération Paysanne »n emazteen batzordea sortu zen gai guzi horiek jorratzeko: eskubide berdintasuna, emaztearen eta gizonaren arteko estatutu bakarra, emazteek laborantzan duten aitorpena eta ordezkaritza, baina baita ere diskriminazioa, eraso sexistak eta emazteen aurkako indarkeria ere. Eztabaidarako leku bat eskaintzen du, feminismoaren aldeko aurrerapena. Talde horren testigantzek erakusten dutenez, genero-estereotipoak ugariak dira laborantzaren munduan, eta, historikoki, indar fisikoan oinarritzen dira; emakumeak, aldiz, jarduera berriak garatzeko indar eragileak dira.

Praktiketako espezifikotasun eta ezagutza berritzaileak ematen dituzte. Eta hori guztia gizarte-desberdintasun asko sortzen dituen eredu kapitalista eta industriala inposatzen duen patriarkatu baten aurka borrokatzen saiatuz.

Emazte laborariak Iparraldean

Hemen gure lurraldean, 60-70eko hamarkadara arte, emazteek, gizonak bezala, etxaldeen orekan eta funtzionamenduan leku nagusia zuten. Lanbidea, bikoteak eramaten zuen naturalki, bizi modu normal gisa.

Lanbidea profesionalizatu delarik, emantzipazio-mugimendu batekin batera, emazteak pixkanaka familiaren etxaldeetatik urrundu ziren eta kanpoko lanak hartu zituzten. Aldi berean, horietako ainitzek etxaldean lanean segitu zuten, baina estatutuik gabe. Azken hamarkada honetatik goiti, emazteak ofizialki itzuli dira laborantzara. Etxalde sistemen dibertsifikazioarekin, bikoteen arteko GAEC sorrerarekin, etxaldeko eraldaketarekin eta abarrekin, emazteak gero eta gehiago instalatzen dira: Ipar Euskal Herrian, 2010ean instalazioen %25 baino ez ziren, 2022an %38 dira !

Denen irudimenean, gizon laboraria traktore baten gidaria da maiz. Ahatik lanak gizon eta emazteen artean banatzeko era asko dira  eta etxaldeen kudeaketan emazte laborariak funtsezko zeregina dute.

Azkenik, emazteak biziki inplikatuak dira laborantza herrikoiaren proiektuaen abiarazten. Oro har, instalazio berritzaileen proiektuen eramaileak dira (eraldatze, dibertsifikazio, harrera, etab…), laborantza sektorearen aberastasunean eta jasangarritasunean parte hartzen dute. Bistan da, emazte ainitz aurkitzen ditugu laborarien garapen-instantzietan (sindikatuak, batzordeak, talde-egiturak).

Gainera, 1982an gizonak inarrosiz eta akuilatuz, emazteek zuten ELB laborantza herrikoiaren sindikata proiektua bultzatu, FDSEA alde batera utziz, ez dituguia eskertu behar?

Emazte laborariak munduan

Mundu mailan, Laborantzarako eta Elikadurarako Nazio Batuen Erakundearen (FAO) lanak erakusten du, lurraren eskuragarritasunari, hongarrieri, zerbitzuei, finantzaketari eta teknologia digitalei dagokienez, emazteek atzerapena izaten jarraitzen dutela. Herrialde ainitzetan, oraindik asko bada egiteko emazteak lurrak dituzten gizonak bezain ugariak izan daitezen eta beren eskubideak legeen bidez babestuak izaiteko.

Kezkagarria da emazteen eta gizonen arteko desberdintasunak, hedapen- eta ureztatzezerbitzuetarako sarbideari eta lur-jabetzari dagokienez, azken hamarkadan guti jaitsi izana. Hala ere, emazteen autonomia hobetzea funtsezkoa da haien ongizaterako, eta eragin positiboa du laborantzako ekoizpenean, elikagaien segurtasunean, elikaduraren kalitatean eta haurren elikaduran.

Bilakaera horiek posible iruditzen zaizkigu emazte eta gizon laborariek elkarrekin aurrera egiten badute. Porton egin zelarik Via Campesinaren elgarretaratzean, Brasilgo Lurrik Gabeko Mugimenduaren ordezkariak erran zuen bezala: “Emazte bat aurrera doanean, ez da gizonik atzera doana”.

Gai hau aukeratzean, laborarien %30 ordezkatzen dutenei, ikusgarritasun eta onarpen handiagoa eman nahi diegu.

Edizio honetan, haien errolak, konpromisoak, eskumenak eta berezitasunak nabarmenduko ditugu eta horiei buruz gogoeta egiteko aukera izango da. Harro gira haiei omenaldia egin, ohoratu eta dagokien lekua emateaz.