Articles du Vendredi : Sélection du 13 septembre 2013 !

Polémique sur la fonte de la banquise arctique en 2013

Audrey Garric
Le Monde du 12/09/2013

Climat : les activités humaines seraient derrière la moitié des phénomènes extrêmes

AFP
Le Monde du 06/09/2013

Bayonne : une fête des alternatives
Les 5 et 6 octobre, Bizi ! et ses partenaires feront du Petit Bayonne une université (festive) à ciel ouvert des solutions concrètes au réchauffement climatique.

Pierre Penin
www.sudouest.fr/2013/09/11/une-fete-des-alternatives-1164799-4018.php

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Polémique sur la fonte de la banquise arctique en 2013

Audrey Garric
Le Monde du 12/09/2013

L’information a fait le bonheur des climatosceptiques : la banquise arctique aurait gagné 60% en superficie cette année, comparé à 2012, quand elle avait atteint un minimum de 3,4 millions de km2 – un record depuis le début des mesures. Ce n’est plus le réchauffement climatique mais le « refroidissement climatique », titre le Daily Mail dans un article publié samedi 7 septembre, assorti de clichés de la NASA sans équivoque. En réalité, si la fonte de la glace de mer est moins forte que l’an dernier, elle reste majeure, et s’inscrit dans une tendance lourde qui s’accélère depuis une décennie.

Là où l’information du quotidien britannique est partiellement biaisée, c’est qu’elle prend pour comparaison le mois d’août, et non le jour de la superficie minimale qui survient habituellement vers la mi-septembre. La banquise, surface de mer gelée, contrairement à la calotte glaciaire, fond en effet en été (jusqu’à septembre) pour se reformer en hiver (elle est la plus étendue en mars).

« DANS LES SIX RECORDS DE FONTE JAMAIS ENREGISTRÉS »

Les chiffres les plus récents, publiés mercredi 11 septembre par le centre de référence en la matière, le National Snow and Ice Data Center (NSIDC) américain, montrent ainsi que la banquise s’est encore rétrécie depuis août, à 5,1 millions de km2, soit bien en deçà de la moyenne des minimums observés entre 1979 et 2012, qui s’établit à 6,1 millions de km2.

« La banquise va atteindre son minimum d’ici quelques jours, explique Mark Serreze, directeur du NSIDC. Bien que sa surface soit supérieure à celle de septembre 2012, elle rentrera néanmoins dans les six records de fonte jamais enregistrés. »

DIMINUTION DE LA SUPERFICIE ET DE L’ÉPAISSEUR

« Ce n’est pas en regardant la différence entre deux années que l’on peut analyser les changements en cours, assure la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, directrice de recherches au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. Il faut étudier la tendance sur dix ans au moins. »

Or, depuis trente ans, la banquise recule, avec une accélération notable au cours de la dernière décennie – et deux records en 2007 et 2012 – comme le montre ce graphique du site spécialisé Cryosphere Today, qui agrège les anomalies avec le cycle moyen entre 1979 et 2008. « La superficie de la banquise est de plus en plus fluctuante au fur et à mesure du temps : elle fond de plus en plus en été », observe la scientifique.

Au-delà de sa surface, la banquise arctique fond aussi en épaisseur, avec une perte d’un mètre de la glace pluriannuelle (qui survit durant l’été). Résultat : on a perdu 3 000 km3 de volume de glaces de mer par décennie entre 1980 et aujourd’hui, selon Valérie Masson-Delmotte.

Quand la banquise aura-t-elle entièrement disparu ? Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), en 2007, anticipait une disparition complète à la fin de l’été autour de 2080. Mais les nouveaux modèles, utilisés dans le prochain rapport qui paraîtra le 27 septembre, devraient avancer cette date à 2040 ou 2060. Malgré tout, pour certains, les modèles sont trop optimistes. Le glaciologue britannique Peter Wadhams (université de Cambridge), l’un des plus grands spécialistes du sujet, avait déclaré en septembre que la glace de mer arctique pourrait avoir disparu à la fin de l’été d’ici à 2016.

Climat : les activités humaines seraient derrière la moitié des phénomènes extrêmes

AFP
Le Monde du 06/09/2013

En 2012, une partie des phénomènes météorologiques extrêmes a été provoquée par le réchauffement résultant des émissions de gaz à effet de serre, produites par les activités humaines, selon un rapport effectué par 18 équipes scientifiques.

Ces chercheurs ont analysé les causes des douze événements climatiques d’intensité exceptionnelle de 2012, comme les sécheresses et l’ouragan Sandy aux Etats-Unis, la fonte record des glaces arctiques ou les pluies diluviennes en Grande-Bretagne, en Australie, dans le nord de la Chine et au Japon.

Selon ce rapport, l’impact humain sur le climat peut être en partie responsable des précipitions exceptionnelles en Australie, de la sécheresse hivernale sans précédent en Europe du Sud et de la sécheresse en Afrique de l’Est.

Le rapport, publié dans le Bulletin of the American Meteorological Society, souligne que « les mécanismes météorologiques naturels et les fluctuations normales du climat ont joué un rôle clé dans ces phénomènes ».

 

 L’INFLUENCE HUMAINE « PROBANTE » DANS CERTAINS CAS

L’objectif de ces recherches est de comprendre si la plus grande intensité de ces phénomènes météo « résulte de facteurs naturels ou liés à l’activité humaine », a expliqué Thomas Karl, directeur du Centre national des données climatiques à l’Agence américaine océanographique et atmosphérique (NOAA).

La vague de chaleur dans l’est des Etats-Unis au printemps 2012 est l’un des exemples où l’influence humaine est la plus probante selon les chercheurs, pour qui 35 % de ce phénomène peut être attribué au changement climatique. En revanche, les chercheurs ont conclu que la sécheresse de 2012 dans le centre des Etats-Unis peut principalement s’expliquer par des facteurs atmosphériques naturels qui ont peu à voir avec le réchauffement.

Quant à l’ouragan Sandy, qui a ravagé les côtes des Etats du New Jersey et de New York, les scientifiques avouent la grande complexité de cet événement, dans lequel l’influence humaine reste très peu claire. « Sandy est probablement parmi les phénomènes météorologiques extrêmes de 2012 l’un des plus difficiles à expliquer », écrit le rapport précisant que « de nombreux facteurs sont intervenus pour produire une telle puissance ».

 

ÉLÉVATION DU NIVEAU DES OCÉANS

Mais, relèvent les scientifiques, dans le futur, des ouragans de moindre intensité pourraient produire des dévastations similaires, en raison du niveau plus élevé de l’océan qui résulte en grande partie de la fonte des glaces arctiques, due en partie au réchauffement.

La banquise arctique a connu durant l’été 2012 un recul record avec une superficie de 1,3 million de km2 : « Ce phénomène ne peut pas s’expliquer seulement par des variations naturelles », souligne le document.

Dans son dernier projet de rapport, dont un résumé a filtré dans la presse en août, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) juge « hautement probable que l’influence humaine sur le climat soit responsable de plus de la moitié de la montée des températures à la surface du globe entre 1951 et 2010 ». La version finale de ce document sera publiée fin septembre à Stockholm.

Bayonne : une fête des alternatives
Les 5 et 6 octobre, Bizi ! et ses partenaires feront du Petit Bayonne une université (festive) à ciel ouvert des solutions concrètes au réchauffement climatique.

Pierre Penin
www.sudouest.fr/2013/09/11/une-fete-des-alternatives-1164799-4018.php

Le propos sera sérieux, voire grave car tendu par l’«urgence climatique». Le planète se réchauffe, elle vit depuis trop longtemps au-dessus de ses ressources. Mais, les 5 et 6 octobre, Alternatiba ne sera pas qu’une énième alerte immédiatement oubliée par la communauté des mortels convaincue qu’elle ne verra pas le déluge.

L’événement créé à Bayonne par les militants écologistes et sociaux de Bizi! donnera concrètement à voir les solutions pour endiguer ce qui n’est pas encore inéluctable, mais menace de le devenir.

«Le prochain rapport du GIEC devrait confirmer l’urgence qui est devant nous», prédit Jean-Noël Etcheverry, dit «Txetx». Le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat rendra sa copie quelques jours avant Alternatiba. Cette publication a guidé le calendrier des organisateurs. En 2007, le fameux rapport indiquait que «20 à 30 % des espèces végétales et animales» connues connaîtront un risque d’extinction si l’augmentation de la température moyenne mondiale dépasse 1,5 à 2,5°C ».

Au-delà de la sidération

Or le réchauffement se poursuit. Les experts internationaux estiment que le seuil irréversible d’emballement climatique pourrait venir en 2035. Les premières fuites venues du GIEC évoquent une montée des océans de 90 cm à l’horizon 2100: New York et Londres seraient menacées. Quant à la Côte basque… «Avec Alternatiba, nous voulons lutter contre l’effet de sidération et le sentiment d’impuissance devant ces annonces», lance Elise Bancon, l’une des organisatrices. «Partout, des alternatives sont déjà mises en œuvre. Nous allons montrer que la transition énergétique et écologique est en route.»

Là réside toute l’ambition d’Alternatiba : surmonter les constats pour présenter les solutions concrètes devant le défi climatique.

Dans un Petit Bayonne débarrassé ce jour-là des voitures, jusqu’aux halles, Alternatiba présentera par ceux qui les pratiquent déjà des modes de production, de consommation, de vie soucieux de la planète.

Près de 50 conférences, débats et ateliers pratiques baliseront le week-end.

Une centaine d’intervenants, scientifiques, associatifs, politiques y évoqueront des sujets aussi divers que l’écoconstruction, l’alimentation, les transports, le rôle des banques dans le réchauffement climatique, la souveraineté alimentaire, le surf et la protection de l’eau, le bio dans les cantines et maisons de retraite, la question des retraites au regard de l’environnement, les monnaies locales (l’eusko sera la devise officielle), la «cuisine de poissons peu connus mais bon marché et abondants»…

À noter qu’un lieu sera spécialement dédié aux collectivités. L’initiative en compte plusieurs parmi ses partenaires : Ville de Bayonne, Agglomération, Conseil général, Région.

Fête populaire

Ce foisonnement irriguera le «village des alternatives», à travers quinze espaces «thématiques». Alternatiba proposera des animations de rues comme un marché paysan, des mutxikos, des chants, une visite de la ville par l’historien Claude Labat, une information sur la fabrication d’une bière locale, des «conférences gesticulées», des jeux pour enfants, une bourse aux vélos et atelier de réparation…

Si le fond est éminemment sérieux, Bizi! et le réseau d’une quarantaine d’organisations qui la soutiennent ne défendent pas une écologie «austère et sacrificielle». Txetx Etxeverry et les bénévoles d’Alternatiba veulent en faire «une grande fête populaire». Avec les concerts de La Parisienne libérée (le 6 à midi), celui des Motivés (chanteurs et musiciens de Zebda avec leurs invités), et de Willis Drummond. Un moment conscient et souriant. Entraînant, surtout.