Articles du Vendredi : Sélection du 13 juillet 2012 !

La “culture des pauvres”

Francine Mestrum, docteure en sciences sociales, chercheure et militante
Enbata-Alda ! du 05.07.2012

Oser risquer l’Utopie… avec et pour l’humain!

Emmaus Lescar-Pau 30 ans de lutte – www.emmaus-lescar-pau.com
Enbata-Alda ! du 05.07.2012

Le gouvernement prépare son « Grenelle de l’environnement »

Reuters
Le Monde du 11.07.2012

Le droit : une arme puissante au service de l’environnement

Laurent Neyret, professeur de droit, Université d’Artois et Jean-Philippe Rivaud, substitut du Procureur général, Cour d’appel d’Amiens, co-fondateur du Réseau des procureurs européens pour l’environnement
www.lemonde.fr/idees/article/2012/07/10/le-droit-une-arme-puissante-au-service-de-l-environnement_1730955_3232.html

Peak Oil Reloaded (1/2)

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http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/07/06/peak-oil-reloaded-12/

Pribilegiatuenak zergapetu behar dira

Juan Mari Arregi
www.argia.com/argia-astekaria/2331/pribilegiatuenak-zergapetu-behar-dira

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La “culture des pauvres”

Francine Mestrum, docteure en sciences sociales, chercheure et militante
Enbata-Alda ! du 05.07.2012

Pour marquer son 30ème anniversaire la Communauté Emmaüs Lescar-Pau partage son ardeur avec le public, celui qui la soutient depuis ses débuts.

A 3 décennies, 3 jours de fête populaire, du 24 au 26 juillet 2012, 3 temps forts : le Forum mondial de la pauvreté, des animations de rues et une scène internationale.

Alda! a interviewé Francine Mestrum, (docteure en sciences sociales, chercheure et militante en faveur d’une protection sociale universelle et transformatrice) qui interviendra au Festival Emmaüs, ce 25 juillet, dans le cadre du Forum Mondial de la pauvreté.

-‘The rich are different from us’ -‘Yes, they have more money’(Scott Fitzgerald and Ernest Hemingway)

Drôle de phénomène, cette fascination pour la ‘culture’ des pauvres. Comme si la pauvreté pouvait se définir en termes culturels, comme si cette ‘culture’ pouvait expliquer autre chose que … la pauvreté.

En fait c’est quoi ‘une culture’ ? Des pratiques spécifiques, des valeurs partagées ? Mais comme la culture est une conception aux connotations positives, comment la concilier avec l’expérience nettement négative qu’est la pauvreté ? Est-ce pour masquer la difficulté de vivre un état de manque ? Est-ce pour ignorer le scandale de la pauvreté dans ce monde immensément riche ?

Et en fait, c’est quoi la pauvreté ? Est-ce un ‘problème multidimensionnel’ tel qu’on nous dit, un manque de voix, un manque de formation, un manque de soins de santé, un manque de logement décent ? Ou serait-ce tout simplement un manque de moyens de subsistance, un manque de revenu ? Si ‘les pauvres’ avaient un revenu décent, leurs problèmes dits ‘multidimensionnels’, y compris psychologiques, ne disparaîtraient-ils pas ?

Voilà une première série de questions auxquelles deux types de réactions sont possibles.

D’abord, on peut commencer à organiser des recherches, en économie, en sociologie, en psychologie, en anthropologie … afin de définir la pauvreté, afin de la mesurer, afin de dresser les ‘profils’ des pauvres, afin de révéler les liens invisibles entre pauvreté et santé, pauvreté et formation, pauvreté et vulnérabilité, pauvreté et … culture.

Ou bien, on essaie de revenir à l’essentiel. De constater que ce qui manque à tous les pauvres sans exception, c’est le revenu pour vivre dignement. Car dans une économie de marché, voire une économie capitaliste, c’est l’argent qui détermine la place que l’on a dans la société.

La culture des non pauvres qui est en jeu

A partir de là, le problème devient objectivable. Les pauvres sont ceux à qui l’on refuse les moyens de vivre dignement. Et le problème de la culture se déplace : ce n’est pas la ‘culture’ des pauvres qui est en jeu, mais la culture des non pauvres, la culture des riches qui accumulent les richesses sans vouloir partager et sans vouloir donner une chance aux autres d’accumuler. C’est cette deuxième option qui est la mienne. J’estime qu’il ne sert à rien d’étudier ‘la culture’ des pauvres, la culture du manque. Cette culture n’est ni coupable ni glorifiante, elle est de toutes façons méprisée et elle n’a rien de positif. Tandis que la culture des non pauvres est celle qui doit être méprisée et qui est méprisable.

Les échecs répétés de la lutte contre la pauvreté

Il est bizarre, et c’est bien le moins que l’on puisse dire, que malgré le consensus mondial qui existe sur le besoin de lutter contre la pauvreté, les succès sont particulièrement réduits, voire inexistants, que l’on regarde dans le tiers-monde ou que l’on regarde chez nous dans le monde riche et industrialisé.

Cela ne peut que vouloir dire que soit, toutes les politiques qui sont menées comportent des erreurs fondamentales, soit que les définitions avec lesquelles on travaille sont profondément erronées.

Personnellement, je pense que les deux sont vrais et qu’en plus, il y a un troisième élément qui nous est fourni par Georg Simmel, le père de la sociologie de la pauvreté.

Refus d’octroyer des droits sociaux et économiques

Simmel compare la lutte contre la pauvreté à la protection des animaux. Les intentions sont bonnes, mais à côté de la plaque. Car ni les animaux, ni les pauvres n’ont la possibilité de se défendre. Et en fait, la lutte contre la pauvreté n’a pas pour finalité première d’aider les pauvres. Car si on voulait réellement éradiquer la pauvreté, il suffirait de transférer des richesses du haut vers le bas de la société. Or, nous ne le faisons pas, car tout ce que nous voulons c’est mitiger certaines manifestations extrêmes de différenciation sociale afin que la structure sociale puisse continuer à se fonder sur cette différenciation.

Non, nous ne voulons pas que les pauvres crèvent de faim. Mais nous refusons de leur donner des droits sociaux et économiques. Nous leur refusons des emplois décents ou une assistance sociale digne de ce nom.

Culture d’insécurité, de peur et d’angoisse

Voilà pourquoi ces politiques échouent. Elles sont parfaitement compatibles avec les politiques néolibérales et elles permettent qu’en même temps la protection sociale et les services publics soient démantelés.

Par conséquent, la ‘culture’ des pauvres, c’est avant tout une culture d’insécurité, de peur et d’angoisses. Ne pas savoir de quoi est fait demain, ne pas avoir de perspectives, ne pas savoir si vos enfants auront un avenir, ne pas savoir comment s’en sortir.

La ‘culture’ des pauvres est une culture de troubles psychologiques, suite à la non-reconnaissance, au mépris réel ou supposé des autres, au sentiment d’infériorité.

La ‘culture’ des pauvres, c’est une culture d’exclusion, une culture de malbouffe, une culture de la violence, une culture de la débrouille.

La richesse et les valeurs sociales

L’on me reprochera que je définis la pauvreté en termes de revenus, qu’il y a plus important dans ce monde que les valeurs matérielles. Certes. Mais aussi longtemps que l’on définit la richesse en termes monétaires, je ne vois pas de raisons pour faire autrement quand il s’agit des pauvres. Ce que je constate, c’est que les besoins non matériels des riches, leur besoin d’éthique se traduisent justement en la production de pauvreté, d’une pauvreté pure, de désintéressement et d’altruisme. Les riches ont besoin des pauvres pour pouvoir donner, pour légitimer leurs richesses, pour prouver leur utilité sociale. Le fardeau de l’homme blanc et le fardeau de l’homme riche. La pauvreté est représentée, à cause de leurs besoins, comme synonyme d’innocence et de solidarité. Or, l’existence du pauvre est sordide et triste.

Richesse et pauvreté se conditionnent mutuellement. Mais ce sont les riches qui constituent une classe consciente et solidaire. Les pauvres, eux, ne peuvent se permettre ce luxe. Le désintéressement que les riches leur attribuent n’est qu’un mirage pour éviter que leurs privilèges soient mis en cause. C’est donc aussi bien la pauvreté que la richesse qui doivent être repensées. La pauvreté est un déficit matériel, la richesse est un déficit de moralité. Une richesse qui ne serait plus exprimée en termes purement matériels mais aussi en valeurs sociales permettrait de résoudre la pauvreté matérielle.

Oser risquer l’Utopie… avec et pour l’humain!

Emmaus Lescar-Pau 30 ans de lutte – www.emmaus-lescar-pau.com
Enbata-Alda ! du 05.07.2012

Une communauté Emmaüs n’est pas uniquement l’endroit où l’on dépose les objets dont on ne se sert plus, où l’on déniche les bonnes affaires. Au-delà de cette vitrine, la Communauté Emmaüs Lescar – Pau est un lieu d’accueil inconditionnel, de travail et de lutte contre toutes formes d’exclusion.

Ensemble, un autre Emmaüs est-il possible ?

Quel «modèle» socio-écolo-économique mettons-nous en œuvre ? Que faisons-nous à notre niveau ? Avec quelles règles fonctionnons-nous à la Communauté ?

On est dans un système de gestionnaire. On s’oppose au formatage dominant. On constate que les jeunes ne sont pas intéressés par Emmaüs. Pourquoi ? Comment intéresser les jeunes ? Comment les interpeller ? Il faut qu’on les interpelle dans le cadre des chantiers solidaires. Où est l’âme d’Emmaüs ? Qu’est-ce que nous voulons vivre ? Comment voulons-nous le vivre ? Avec quel engagement écologique ? Avec quel engagement social ? Doit-on faire un Emmaüs qui réponde à ce que la société veut ou faire un Emmaüs qui interpelle, qui propose une autre utopie? A travers le Festival, il faut qu’on fasse passer un message.

Etre un laboratoire d’alternatives qui propose d’autres solutions socio-écolo-économico-culturelles

On veut permettre à la personne de se reconstruire. Les gens qui nous visitent sont emballés. Que peut-on faire après ? Beaucoup de nos visiteurs viennent dans un rapport de consommation, comme s’ils étaient dans un grand magasin. Il faut qu’on arrive à les interpeller, à les provoquer, à les amener à se poser les bonnes questions. Comment encourager d’autres initiatives parallèles ? Qu’est-ce qu’on veut vivre ? Comment ? Veut-on inventer d’autres modes de vie au quotidien, d’autres manières de vivre ensemble, d’accueillir, de se nourrir, de travailler ? etc. Comment trouver d’autres manières de s’épanouir (autrement que par le consumérisme, l’assistance, etc.) ? Comment se fait la reconstruction personnelle au profit de la collectivité ? Il faut qu’on propose autre chose.

Avoir un toit, manger, donner. Se recréer.

omment les moyens financiers qu’on dégage nous permettent de vivre une autre alternative à construire ? Qu’est-ce qu’on peut faire de plus ? Comment toucher tous les domaines : écologique, économique, culturel, social, etc. ? Par la sensibilisation, par l’affirmation fière de ce qui se vit et de ce qu’on vit.
Beaucoup de personnes qui vivent des situations terribles dans les entreprises sont admiratives voire envieuses de ce qu’on vit à Emmaüs Lescar-Pau. Les gens souffrent parce qu’ils ne trouvent pas de sens à donner à ce qu’ils vivent. On peut leur proposer du sens en leur montrant qu’en vivant autrement on peut s’en sortir.

C’est toute une évolution personnelle que l’on doit vivre, quelque soit notre passé, notre statut, etc. Petit à petit on développe une sensibilité. Comment peut-on créer de l’envie ? On fait de la mise en confiance qui, ensuite, conduit à de la responsabilisation.

La recyclerie prend une part importante dans l’activité. Nous valorisons plus de la moitié des produits donnés. Les objets qu’on récupère et qu’on ne recycle pas : comment peut-on les valoriser ? En objets artistiques et culturels ? Que peut-on inventer ? Ouvrir un musée ? Quelle place donner à l’artistique et au culturel ? Animer des ateliers pour apprendre à consommer autrement, pour valoriser autrement. Comment voit-on Emmaüs dans 25 ans ? Il faut qu’on arrive à les interpeller, à les provoquer, à les amener à se poser les bonnes questions. On veut réviser nos statuts pour nous protéger et être fidèle à notre utopie, en gardant cet esprit. Comment garder notre indépendance et notre autonomie ?

Texte issu d’un débat auquel ont participé les membres de la Communauté Emmaüs Lescar-Pau le 25 juin 2009. Du 24 au 26 juillet : Festival Emmaüs Pau-Lescar, 30 ans de lutte et de combat !


Le gouvernement prépare son « Grenelle de l’environnement »

Reuters
Le Monde du 11.07.2012

Elle fixera les modalités du « grand débat national et citoyen sur la transition énergétique » promis par le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, dont l’objectif est d’aboutir à une loi de programmation début 2013, a-t-elle déclaré lors des questions d’actualité à l’Assemblée nationale.

Cette « conférence environnementale » se tiendra « avant le 15 septembre avec tous ceux qui avaient été les parties prenantes (…) du Grenelle de l’environnement », a-t-elle ajouté.

L’ancien président Nicolas Sarkozy avait organisé au début de son quinquennat, en 2007, une conférence réunissant l’Etat et les représentants d’organisations non gouvernementales, pour définir une politique de l’environnement durable.

PROMESSE ÉLECTORALE DE FRANÇOIS HOLLANDE

Delphine Batho a critiqué le bilan de cette politique. « L’effort de la France en matière de lutte contre le changement climatique a diminué depuis trois ans puisqu’il est passé de 9,5 milliards d’euros en 2010 à 8,2 milliards en 2012 ce qui signifie qu’il a diminué de 18,5 % », a-t-elle dit.

L’organisation d’un débat national sur la transition énergétique est une promesse électorale de François Hollande, qui s’est notamment engagé à développer les énergies renouvelables de façon à réduire de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production électrique d’ici à 2025.

Dans une tribune publiée dans Le Monde fin novembre, celui qui était candidat à la primaire du PS avait défini ses deux grands objectifs : la « diversification des sources d’énergie » et la « promotion d’une société de sobriété énergétique ».

« Je vous confirme la détermination du gouvernement à engager la transition énergétique et la transition écologique », a dit Delphine Batho. La tenue d’une conférence sur ces sujets avait initialement été annoncée pour juillet.

Le droit : une arme puissante au service de l’environnement

Laurent Neyret, professeur de droit, Université d’Artois et Jean-Philippe Rivaud, substitut du Procureur général, Cour d’appel d’Amiens, co-fondateur du Réseau des procureurs européens pour l’environnement
www.lemonde.fr/idees/article/2012/07/10/le-droit-une-arme-puissante-au-service-de-l-environnement_1730955_3232.html

Sale temps pour l’environnement ! Tel est le diagnostic qui se dégage de l’actualité de ses dernières semaines. Que l’on songe, dans le monde, à l’échec de Rio+20 (Le Monde, 22 juin) ou encore, en France, au remplacement de la ministre de l’écologie préoccupée par les effets environnementaux des forages pétroliers au large de la Guyane ou à la menace d’annulation du dossier Erika par la Cour de cassation.

Sale temps aussi pour le droit ! Puisque l’image de la loi est alors celle d’un simple greffier des activités économiques dommageables pour l’environnement. Ce manque d’efficacité du droit est paradoxal quand on sait que les règles environnementales auxquelles sont soumis les opérateurs économiques n’ont jamais été aussi nombreuses.

Mais qui connaît les grands principes juridiques en matière environnementale ?

En réalité, seuls quelques initiés.

Cela s’explique par un éclatement des règles dans près d’une quinzaine de Codes législatifs et par une technicité exceptionnelle du vocabulaire employé dans ces textes qui sont davantage le fait de scientifiques que de juristes. Où l’on voit que le droit de l’environnement s’apparente aujourd’hui à un « maldroit » et où la crise écologique trouve son prolongement dans une crise juridique.

L’accessibilité aux lois environnementales fait défaut y compris dans les tribunaux français où il est rare de trouver le Code de l’environnement dans le bureau des juges.

Dès lors, l’adage selon lequel nul n’est censé ignorer la loi confine ici à la chimère.

L’avenir pourrait être plus radieux.

Le président de la République n’a-t-il pas annoncé à Rio qu’il inscrivait l’environnement au rang « des grandes priorités » de son quinquennat ?

La conférence environnementale annoncée pour septembre prochain (Le Monde, 3 juillet) serait l’occasion de poser les jalons d’un droit de l’environnement plus efficace, un Eco-droit dont le préfixe serait le signe d’une réconciliation entre économie et écologie.

Par le passé, des initiatives législatives ont montré leur efficacité. La lutte contre les délinquants des mers a gagné en efficacité avec la création des juridictions spécialisées du littoral qui prononcent des montants de cautions dissuasifs contre les armateurs suspectés de dégazage.

Quant à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, son expertise technique et sa compétence nationale lui permettent de lutter plus efficacement contre les réseaux de criminalité organisée qui envahissent la planète au travers des trafics de déchets, d’espèces protégées ou de pesticides bien plus lucratifs et moins risqués que le trafic de stupéfiants.

A présent, le temps est venu pour la loi française de consacrer des principes à forte valeur symbolique et pratique.

Le préjudice écologique devrait faire son entrée dans le Code civil, quand le Code pénal accueillerait un chapitre consacré aux crimes et délits contre l’environnement.

Ces deux propositions font d’ailleurs partie des engagements du candidat François Hollande.

Au-delà, l’efficacité des sanctions des délinquants environnementaux suppose de mettre les tribunaux en ordre de marche, que ce soit par le création de procureurs spécialisés comme en Espagne ou en Suède ou par l’organisation d’audiences dédiées au contentieux environnemental comme c’est le cas à la Cour d’appel d’Amiens.

Enfin, le caractère international des affaires en matière d’environnement implique de favoriser la coopération entre les juges et les procureurs, au travers de structures tel le Réseau des procureurs européens pour l’environnement qui vient de voir le jour.

Nul doute que de telles avancées du droit donneraient corps au vœu du président de la République de faire de la France « l’une des nations qui montrent l’exemple ».

La France aurait alors toute légitimité pour porter la proposition de créer une chambre spécialisée pour les crimes environnementaux au sein de la Cour pénale internationale.

Dans tous les cas, c’est en faisant évoluer notre droit que l’on donnera une pleine efficacité à la Charte constitutionnelle de l’environnement selon laquelle « l’avenir et l’existence même de l’humanité sont indissociables de son milieu naturel ».

Peak Oil Reloaded (1/2)

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http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/07/06/peak-oil-reloaded-12/

Pilule noire ou pilule verte ? Leonardo Maugeri, ancien dirigeant du groupe pétrolier italien ENI, affirme que le « peak oil » n’est qu’une chimère.

Premier problème : les analyses passées de Maugeri se sont elles-mêmes avérées… chimériques. A suivre lundi : la critique de l’ancien responsable des questions pétrolières au sein de l’Agence internationale de l’énergie, Olivier Rech. Cinglant.

Un nouveau rapport sur l’évolution future de la production mondiale de pétrole met en émoi le petit monde des gens qui s’interrogent sur l’avenir de notre [industrie thermo-mécanique et donc de l’économie de] croissance.

‘Dormez bien, braves gens’, annonce en substance ce nouveau rapport, ‘et vous, banquiers et assureurs, n’allez surtout pas écouter les sornettes de ceux qui prétendent que le business du pétrole est condamné.’

Le Wall Street Journal, entre autres, applaudit.

L’analyse publiée par Leonardo Maugeri, ex-directeur stratégique du pétrolier italien ENI, promet une hausse inouïe des capacités mondiales de production de carburants liquides d’ici à 2020 : pas moins de 17,6 millions de barils par jour (Mb/j) supplémentaires, soit 20 % de plus que les capacités actuelles. De quoi conduire à une « révolution » qui inverserait une tendance évidente depuis bientôt dix ans : « Les capacités mondiales de production croissent si vite qu’elles pourraient (…) conduire à une situation de surproduction et une forte chute des cours du brut », se félicite M. Maugeri.

Avant la publication d’un désossage de ce pronostic mirifique par l’expert français Olivier Rech, un petit retour en arrière, pour une remise en contexte.

Le rapport Maugeri constitue jusqu’ici la charge la plus remarquable d’une vaste contre-offensive initiée il y a dix mois dans le Wall Street Journal par Daniel Yergin, vice-président de la puissante agence d’information pétrolière IHS. [Sur le front du débat autour du ‘pic pétrolier’, Yergin fait figure de chef de file des « optimistes »dixit le très économiquement correct hebdomadaire The Economist, dont le propre optimisme flanche sensiblement ces derniers temps.] Les arguments clés de Daniel Yergin ont été sévèrement ébranlés ici même par l’une principales figures du camp des « pessimistes », le Français Jean Laherrère, ancien patron des techniques d’exploration du groupe Total.

Big Oil a pourtant bien besoin d’encouragements, depuis que l’Agence internationale de l’énergie a reconnu que les extractions de pétrole conventionnel (74 Mb/j, soit 90 % de la production totale de brut) ont atteint leur pic historique en 2006, précisant qu’elles n’augmenteront plus « jamais ».

En mars 1998, dans l’article fondateur du débat sur le déclin des réserves pétrolières, Jean Laherrère et Colin Campbell, ancien vice-président du groupe Fina, annonçaient correctement ce pic du pétrole conventionnel pour « avant 2010 ».

Il se trouve que Leonardo Maugeri est lui-même un optimiste, disons-le, impénitent. En 2006, dans le magazine Forbes, il prédisait déjà une hausse « de 10 à 12 Mb/j » de la production mondiale de brut en 2010. Or, selon les derniers chiffres fournis par BP, cette production est passée de 81,7 Mb/j en 2006 à 82,5 Mb/j en 2010, soit une hausse de 800 000 barils/jour seulement… Les extractions de brut ont atteint l’an dernier 83,6 Mb/j, grâce à l’ouverture à fond des vannes de l’Arabie Saoudite.

L’optimisme affiché alors par Maugeri est en ligne avec celui des analystes d’IHS, qui, en 2005 par exemple, annonçaient une hausse de pas moins de 16 Mb/j des capacités mondiales de production entre 2004 et 2010. Là encore, on sait depuis qu’on a été très, très loin du compte.

En dehors des pays de l’Opep, la hausse de la production mondiale totale de carburants liquides, de l’ordre de 2 Mb/j seulement entre 2005 et 2010, est due principalement, non au pétrole brut (dont la production a décliné de 0,2 Mb/j), mais au développement des agrocarburants et, dans une moindre mesure, aux sables bitumineux du Canada. Pour ce qui concerne les pays de l’Opep, c’est-à-dire essentiellement pour l’Arabie Saoudite, c’est plus compliqué, mais pas plus reluisant…

Dernières précisions liminaires, la nouvelle analyse de Leonardo Maugeri est publiée par la Harvard Kennedy School, au sein de laquelle a longtemps enseigné Daniel Yergin, et sa source principale est la base de données d’IHS.

Or donc, qu’y a-t-il de neuf dans ce rapport Maugeri, qui soit capable de justifier la « révolution » promise ? A suivre lundi la critique d’Olivier Rech, qui maintient son pronostic, exposé ici en décembre 2011, d’un déclin de la production totale de carburants liquides quelque part entre 2015 et 2020.

(Olivier Rech dirige aujourd’hui Energy Funds Advisors, une société qui conseille des fonds d’investissements pour le compte de La Française AM, un important gestionnaire d’actifs parisien.)

Pribilegiatuenak zergapetu behar dira

Juan Mari Arregi
www.argia.com/argia-astekaria/2331/pribilegiatuenak-zergapetu-behar-dira

« Ez dago beste irtenbiderik, ez dago murrizketa sozialak ezartzea beste erremediorik ».

Horrelaxe justifikatzen dute euren burua ohiko agintariek, izan sozialdemokratak, izan eskuinekoak.

Aitzitik, inposatu diguten eta jasaten ari garen doikuntza soilaren, basatiaren eta antisozialaren aurrean, badaude alternatibak.

Bai teorian, baita praktikan ere. Subiranotasun faltagatik euskal herritarrok ere Espainiako eta Frantziako estatuen politikak sufritu behar ditugu.

Bada, joan den astean, euren gobernuek defizita murrizteko zerga berriak iragarri zituzten.

Frantziako Gobernuak erabaki du, beste neurri batzuen artean, ondarearen gaineko zergak zituen salbuespenak kentzea, eta 2.300 milioi euro biltzeko asmoa du neurri horrekin; BEZaren igoera bertan behera utziko du; enpresariek ordu estrak kotizatzean zituzten salbuespenak kendu egingo ditu –1.000 milioi euro lortuko ditu horrela–; 2012an 300 milioi euro eta 2013tik aurrera 1.000 milioi euro ekarriko dizkion dibidenduen gaineko %3ko tasa sortuko du; akzioen gaineko aukeren zerga (stock options) %22tik %40ra igoko du; eta abar.

Aldiz, Espainiako Gobernuak 30.000 milioi euroko murrizketak egingo dituela esan du, BEZa igoz, autopisten eta erregaien gaineko zergak igoz, pentsio sistema erreformatuz eta “gastu publikoan murrizketa gogorra” eginez. Horretarako, 300.000 lanpostu publiko ezabatuko lituzke eta elkarte publikoak pribatizatu.

Bi adibide horiekin ikus daiteke oso garbi nola erabakitzen den politika fiskala.

Erabaki erabat ezberdinak dira: Hollandek pribilegiatuenei ordainaraziko die krisia; Rajoyk, ahulenen kontra ekin du berriz ere.

Bistakoa da badaudela beste alternatiba batzuk, Frantziako Gobernuarenak baino sakonagoak ere bai!