COP26 : à quelques heures de l’accord final, des avancées saluées
Lou-Eve Popper
https://reporterre.net/COP26-a-quelques-heures-de-l-accord-final-des-avancees-saluees
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La tension monte à la COP26. Les couloirs du Scottish Event Campus qui accueille l’événement se sont vidés et les journalistes encore présents attentent impatiemment la version finale de l’Accord de Glasgow. « Nous espérons terminer demain matin », a témoigné vendredi 12 novembre en conférence de presse la ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili, qui a retardé son départ de vingt-quatre heures. Après une nuit de négociations que l’on devine intenses, le deuxième brouillon de l’accord de la COP26 a été publié le 12 novembre à 9 h. Plusieurs avancées ont été saluées par la société civile.
Concernant la baisse des émissions de gaz à effet de serre d’abord, le texte confirme l’invitation faite aux pays de soumettre des plans d’action climatique plus ambitieux pour 2030, et ce dès l’année prochaine. Par ailleurs, le texte maintient l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. La mention « d’ici 2100 » a en revanche été supprimée. Une bonne nouvelle pour Lola Vallejo, de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), qui estime que cela « met l’accent sur les besoins de réductions importantes des émissions cette décennie ».
L’Iddri s’est également réjoui que les références à la suppression progressive des subventions au charbon et aux combustibles fossiles aient été maintenues dans le texte. Mais le diable se cache dans les détails. Dans la nouvelle version du texte, une formule ambiguë laisse penser que l’extraction du charbon pourrait continuer à condition de mettre en place des structures de captage et séquestration du carbone voire de compensation. Par ailleurs, si le texte évoque toujours la nécessité de mettre fin aux subventions fossiles, les signataires ont précisé que cela ne concernerait que les subventions considérées comme « inefficaces ». Qui jugera de l’efficacité des futures subventions et selon quels critères ? Le texte ne le précise pas.
S’agissant des financements climat, le groupe de réflexion sur le changement climatique E3G s’est félicité du doublement des aides pour l’adaptation d’ici 2025. Concernant les « pertes et préjudices », ces dommages irréversibles causés par les ouragans ou la montée des eaux, Lola Vallejo s’est réjoui que le brouillon d’accord ait créé « un nouveau processus pour définir la façon d’améliorer leur financement ». Mais aucune compensation financière chiffrée n’a été garantie aux pays vulnérables dans le texte. Barbara Pompili a admis que ce point faisait partie « des discussions les plus délicates » en cours.
- La France rejoint l’accord mettant fin aux financements des énergies fossiles à l’international
Après l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Espagne cette semaine, la France vient de rejoindre la coalition des dix-neuf pays s’étant engagés, la semaine dernière, à ne plus financer d’énergies fossiles à l’international d’ici 2022. Seuls bénéficieront du soutien public les projets d’exploitation d’énergies fossiles assortis de systèmes de capture du carbone. « Face à la pression internationale croissante à la COP26, la France s’était complètement isolée et n’avait pas d’autre choix. Cette victoire a été rendue possible par la mobilisation active de la société civile depuis plusieurs années », a déclaré Armelle Le Comte d’Oxfam France. Le nombre de projets concernés n’est cependant pas encore connu.
Barbara Pompili a reconnu que les technologies de capture du carbone pouvaient être intéressantes dans le cadre de transitions industrielles. Cependant, la ministre a réaffirmé que la capture du carbone étant encore balbutiante. « Tout fonder sur ce genre de technologies serait une erreur », a-t-elle estimé. Par ailleurs, « l’Accord de Paris implique nécessairement de tourner la page des énergies fossiles », a appuyé la ministre. Avec ou sans système de capture du carbone, la France prévoit ainsi de cesser les financements à l’international de tous les projets carbone en 2021, pétroliers en 2025 et gaziers en 2035. Une clause de revoyure du calendrier, notamment pour le gaz, est prévue en 2022.
- La société civile manifeste contre les lignes rouges de la COP26
À quelques heures de la décision finale, plusieurs centaines de représentants de la société civile –- ONG, représentants des peuples indigènes, universitaires, syndicats -– se sont retrouvés pour une dernière plénière dans la « zone bleue », où se tiennent les négociations. Après avoir dénoncé le manque d’ambition du sommet pour le climat, les manifestants ont quitté le Scottish Event Campus en portant des rubans rouge sang censés incarner les « lignes rouges » qu’ils estiment avoir été franchies au cours des négociations. « La COP26 devait maintenir le réchauffement climatique à +1,5 °C or le texte actuel nous conduit vers un monde à 2,4 °C. C’est une condamnation à mort pour des communautés comme la mienne », a dénoncé la militante ougandaise Elizabeth Wathuti.
- Pour Jean Jouzel, la COP n’atteint pas ses objectifs de réduction d’émissions carbone
Présent à Glasgow en tant que membre de la délégation française, le climatologue Jean Jouzel a déclaré à Reporterre que la COP26 ne pouvait pas être considérée comme un succès « puisque nous nous orientons toujours vers une augmentation des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 qui est deux fois supérieure à ce qu’elles devraient être pour respecter l’objectif de +1,5 °C à long terme ». Le scientifique a estimé que les politiques avaient échoué depuis quinze ans à conclure des accords internationaux climatiques ambitieux. « À chaque fois, on nous répète qu’on fera des choses formidables l’année prochaine », regrette-t-il. Malgré ce constat d’échec, l’ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a affirmé que sommets mondiaux pour le climat devaient continuer à advenir dans le futur : « Il est très important que tous les pays se retrouvent pour parler d’adaptation et des pertes et préjudices, soit les réparations pour les désastres actés ou à venir dans les pays les plus vulnérables. »
COP26: comment passer des « promesses d’ivrogne » à l’action? La réponse d’un expert
RTL INFO
www.rtl.be/info/monde/international/cop26-comment-passer-des-promesses-d-ivrogne-a-l-action-la-reponse-d-un-expert-1337283.aspx
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La Conférence pour le climat de l’ONU, la COP26, est censée se terminer. Les négociateurs pourraient cependant jouer les prolongations durant le week-end pour aboutir à une déclaration. Mais quel bilan tirer dès maintenant, après deux semaines discussions entre les délégations des pays? Notre journaliste Antoine Schuurwegen a interrogé en direct dans le RTL INFO 19H François Gemenne, membre du groupe d’expert sur le climat de l’ONU et membre des universités de Liège, Bruxelles et Paris. Le politologue indique que s’ils veulent des effets concrets, les citoyens ont tout intérêt à continuer « à maintenir la pression sur les gouvernements pour qu’ils réalisent les engagements ».
Antoine Schuurwegen: Quel bilan tirez-vous de cette conférence sur le climat?
François Gemenne: C’est toujours évidemment un bilan mi-figue mi-raisin, selon qu’on verra le verra à moitié plein ou à moitié vide. Je dirais que ce qu’on retiendra essentiellement, ce sont les annonces (ndlr: maintien de la hausse des températures à 1,5°C, sortie du pétrole, du gaz et du charbon et l’arrêt de la déforestation). Et ces annonces ne sont pas issues des négociations elles-mêmes. Donc on voit, en quelque sorte, deux processus de négociations presque concurrents. Où d’un côté il y a des alliances de certains pays qui vont faire des annonces et qui vont s’engager sur certains points. Et de l’autre il y a la négociation, qui elle-même est très lente et qui devrait déboucher sur une déclaration finale, peut-être ce soir, demain ou dimanche. Avec des avancées importantes, néanmoins, sur le charbon en particulier ou sur les subventions publiques aux énergies fossiles. Ça c’est vraiment des points très importants qui n’avaient pas été évoqués jusqu’ici et qui sont vraiment essentiels. Par contre, il restera un énorme gros problème, l’éléphant dans la pièce, à savoir que les engagements nationaux sont insuffisants aujourd’hui pour tenir les accords de Paris, c’est-à-dire 2°C d’ici la fin du siècle, et même si possible 1,5°C.
Antoine Schuurwegen: Vous parlez des engagements nationaux. Lors des accords de Paris, la Belgique avait été assez critiquée. Est-ce que notre pays apparaît plus uni sur la scène internationale et au-devant de la lutte contre le réchauffement climatique ?
François Gemenne: Je dirais que la Belgique a malgré tout réussi à faire bonne figure, notamment en rejoignant plusieurs coalitions, en particulier la coalition sur la haute ambition. Et donc en se plaçant un peu aux avant-postes. Mais ça ne peut pas faire oublier l’absence d’accord interne entre entités fédérées. Evidemment, ça n’a pas eu d’impact sur le processus de négociation lui-même, mais enfin, il faut quand même se rendre compte de la difficulté de se mettre d’accord 197 pays qui ne viennent pas tous de la même ligne de départ, qui n’ont pas tous les mêmes contraintes, lorsque entre entités fédérées au niveau belge on ne parvient déjà pas à se mettre d’accord.
Antoine Schuurwegen: Après deux semaines de négociations, des accords ont été engrangés. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Il faut passer au concret à un moment donné.
François Gemenne: C’est tout le problème. Même la plus belle COP du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Et quelque part, ce n’est pas parce qu’on va dire les choses, qu’on va se mettre d’accord avec la COP, que tout de suite les choses vont être enclenchées. Très souvent, on est dans une logique où on va promettre d’agir, on va s’engager à agir, mais ces promesses vont finalement camoufler le fait que l’action elle-même ne suit pas. Et parfois, on va faire le procès à la COP de l’inaction des gouvernements. C’est-à-dire qu’on va considérer, en regardant le texte final de l’accord, qu’il y a des avancées notables, mais ça ne sera pas à la COP elle-même de mettre en place ces engagements. La COP n’est qu’un forum de négociation. Maintenant tout repose sur les Etats, sur les industries et aussi sur les citoyens. C’est pour ça que c’est important que les citoyens et que la société civile continuent à maintenir la pression sur les gouvernements pour qu’ils réalisent les engagements. Parce que pour le moment, beaucoup de ces engagements ressemblent à des promesses d’ivrognes ou à des résolutions de Nouvel An. Des choses qu’on promet dans l’instant, dans l’euphorie de la COP, et qu’on oublie dès qu’on est rentré chez soi.
« On vote avec son portefeuille »
Aude
https://blog.ecologie-politique.eu/post/On-vote-avec-son-portefeuille
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Voilà une expression que j’entends beaucoup quand il est question d’agriculture et d’alimentation : « On vote avec son portefeuille. » Manière de dire que même si des choix politiques concernant l’agriculture nous échappent, on a toujours un second tour au moment d’aller faire ses courses, pour réparer les dégâts d’une alimentation qui constitue environ un quart de notre empreinte carbone et d’innombrables atteintes au milieu. Sans compter les transports de marchandises alimentaires, leur stockage et leur transformation, l’agriculture est fortement émettrice de gaz à effet de serre, quand bien même les recherches agronomiques et les pratiques paysannes sauraient refermer les cycles du carbone en produisant autrement. Elle n’émet pas seulement le fameux méthane des ruminants mais aussi les gaz produits par les engrais azotés, de la fabrication à base d’hydrocarbures à l’épandage dans les champs (1), entre autres (au niveau mondial, il faut également prendre en compte la déforestation ou changement d’affectation des sols). Elle est en outre consommatrice nette d’énergie alors qu’elle est plutôt supposée en produire, magie de la photosynthèse : aux USA il faut déjà 7 calories d’énergies fossiles pour produire une (1) calorie d’aliment. Et ne mentionnons pas les atteintes à la santé humaine et à la faune sauvage. Mais tout va bien, vous pouvez éviter tout ça avec votre petit caddie !
Le premier problème avec cette locution, c’est que si toutes les personnes se valent en théorie au moment d’aller voter (en vrai, non, les pauvres votent moins et les grands partis politiques ne les prennent pas en considération), les portefeuilles sont très inégaux. Il semble pourtant à première vue décent de valoriser un geste que ne peuvent pas faire, oh, la bagatelle de vingt-six millions de personnes qui n’ont pas les moyens de leurs choix alimentaires, qui doivent se nourrir en lésinant sur la quantité ou la qualité (ce sont les chiffres du collectif Pour une Sécurité sociale de l’alimentation). Une personne sur trois en France ne choisit pas son alimentation mais des petit·es bourgeois·es conscientisé·es à une émission de Public Sénat, tout le monde le dit : soyez responsables, manger, c’est voter, l’alimentation n’est qu’un marché pour les individus, elle n’engage aucun choix collectif. C’était le propos de Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation, au moment de justifier la disparition des aides au maintien de l’agriculture bio dans la future déclinaison française de la politique agricole commune (2) : « Si vous voulez du bio, z’avez qu’à traverser la rue et vous le payer. » En attendant, si vous mangez, c’est que vous validez.
Responsabiliser les individus dans leurs choix alimentaires, c’est aussi supposer qu’il n’existe pas de politique publique qui pourrait se charger de faire répondre la production agricole du pays à un cahier des charges minimal : produire de la nourriture, en variété et quantité suffisantes, sans trop consommer d’énergie, ni bousiller la planète et la santé. Or ces politiques publiques existent mais elles sont plutôt consacrées à faire ruisseler des budgets sur quelques secteurs choisis du monde agricole, lesquels alimentent à leur tour les industries de l’amont (l’équipement agricole, la chimie) et de l’aval (l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution). Le plan France Relance a encore donné un exemple de ces priorités en consacrant les budgets les plus importants à l’agroéquipement, c’est à dire à l’agrandissement des fermes et à la disparition de la main d’œuvre, remplacée par des machines gourmandes en eau, énergie et matières premières à la fabrication et énergivores à l’usage. Aux 9,4 milliards d’euros annuels de la politique agricole commune en France, il faut ajouter la fiscalité des entreprises agricoles et des plans d’arrosage qui se succèdent, crise sanitaire ou non : France Relance a été précédé par le Grand Plan d’investissement et sera suivi par France 2030…
Une étude de l’Onu a montré qu’au niveau mondial 90 % des subventions publiques à l’agriculture ont des conséquences néfastes pour le climat, la santé humaine et la lutte contre les inégalités mais c’est notre portefeuille qui opérerait des choix déterminants.
Résultat : 18 % d’agriculteurs et d’agricultrices vivent sous le seuil de pauvreté (c’est à dire touchent moins de 60 % du revenu médian). Résultat : nous produisons seulement la moitié des fruits et légumes que nous consommons en France, car ce secteur est entièrement livré au marché, privé d’aides publiques directes ou de soutien (prix minimum d’entrée à l’importation, par exemple). Résultat : la crise des prix de l’énergie que nous connaissons impacte le prix des aliments car nous utilisons des techniques de production énergivores, là où il serait possible de cultiver sobrement, même des céréales. Les résultats sont connus, régulièrement évalués pour leur impact écologique par les ONG écologistes et les instituts de recherche. L’Atelier paysan, auteur du récent Reprendre la terre aux machines, a consacré un ouvrage passionnant (disponible à cette seule adresse, par correspondance) à l’analyse de soixante-dix ans de politiques agricoles et de leurs résultats sociaux et économiques désastreux. Tout est connu mais rien ne change car les intérêts en jeu sont trop importants. Nos politiques agricoles privilégient systématiquement les modes de production industriels aux dépens d’autres plus durables mais moins profitables pour les plus gros acteurs du secteur. Et cet activisme va jusqu’à purement interdire des pratiques d’élevage plébiscitées, comme celui des volailles en plein air (3). Mais surtout, comme dit le ministère de l’agriculture et de l’alimentation sur son fil Twitter, surtout consommez responsable et mangez des fruits et légumes de saison !
Grégoire Chamayou a documenté comment dans les années 1960 et 1970 les comportements individuels ont été survalorisés pour ne pas remettre en cause les stratégies, néfastes au milieu naturel, des grandes entreprises. Tel fabricant choisissait de mettre sur le marché un emballage à usage unique, moins coûteux pour lui que la gestion des emballages consignés car c’était désormais aux collectivités de prendre en charge les déchets à traiter. Mais le scandale, c’était vous et moi qui jetions n’importe où cet emballage justement si pratique… à jeter.
Au lieu de représenter une révolution dans l’organisation de notre société, l’écologie est donc traduite en une suite d’injonctions à suivre individuellement, qu’on en ait les moyens ou non, jusqu’à se réduire à un facteur de distinction sociale entre les vrai·es, qui savent comment vivre, et les autres qui l’ignorent encore, les pauvres. Je viens moi aussi de là : ce serait tellement mieux si les gens comprenaient et changeaient d’attitude et de mode de vie (4). Seulement voilà, ces blocages individuels ne sont que la conséquence d’autres, plus difficiles à combattre.
Parce que je ne veux pas vous quitter sur une note aussi sombre, je finirai sur ça : quitte à socialiser autant d’argent pour manger, le collectif Pour une Sécurité sociale de l’alimentation propose de le faire dans un nouveau cadre, non-étatique. Il s’agirait d’abonder à une caisse commune par des cotisations sur le travail, chacun·e selon ses moyens et à chacun·e selon ses besoins. Cela semble utopique mais vous n’êtes en théorie pas moins bien soigné·es par votre médecin conventionné·e parce que vos cotisations sociales sont moindres, c’est le modèle de la Sécurité sociale des soins de santé (avant son détricotage dans l’intérêt des complémentaires santé). Une somme de 150 € mensuels (les dépenses alimentaires par personne et par mois représentent en moyenne un peu plus) pourrait être allouée à chacun·e, qui la dépenserait selon sa volonté pour acquérir des produits conventionnés. Le conventionnement est encore à penser ensemble, pour les promoteurs de cette idée portée à l’origine par des ingénieurs agronomes, le concept étant qu’il porte sur des produits et des filières choisies en connaissance de cause par des groupes d’usagèr·es, sélectionné·es au hasard ou pour leur engagement dans la société civile (c’est un grand débat entre un modèle Convention citoyenne pour le climat et un modèle Conseil économique, social et environnemental) et délibérant ensemble du modèle d’agriculture que nous jugeons préférable. Ce n’est pas une réponse directe à l’impact désastreux de notre agriculture mais ce début de démocratie alimentaire pourrait nous sortir de l’ornière du modèle agricole dominant aujourd’hui. Ce n’est pas la révolution non plus mais ça fait un peu dérailler la pensée libérale (« On vote avec son portefeuille »), en sortant avant toute chose de l’idée que nos contraintes économiques individuelles sont l’alpha et l’oméga de la société que nous pourrions construire.
(1) Les ruminants rejettent du méthane mais, bien intégré aux cultures grâce au pâturage et aux rotations de prairies, l’élevage est aussi une des manières les plus simples de se passer d’engrais de synthèse. Le bilan est globalement positif et le nombre de bêtes limité par les surfaces agricoles, ce qui n’est pas le cas dans le mode de production industriel.
(2) Rassurez-vous, le mandat de Macron n’a pas vu dépasser comme prévu les 15 % de surface en bio mais un changement cosmétique fera l’affaire puisque c’est désormais la « haute valeur environnementale » (HVE) qui compte – quand bien même ce tour de passe-passe n’aurait, selon l’Autorité environnementale, instance indépendante qui évalue les politiques publiques à ce prisme, pas de bénéfice écologique. L’imposture que représente la HVE est bien expliquée ici par Sophie Chapelle dans Basta !
(3) Suite à une énième épizootie de grippe aviaire censément propagée par la faune sauvage, les volailles élevées dans des exploitations de moins de 3 200 bêtes sont désormais, comme celles des usines à animaux, interdites de plein air (même si la mention « bio » ou « plein air » restera sur les emballages). La dérogation qui leur était faite est tombée cette année et ce mode de production est menacé. Ni les bêtes d’espèces rustiques, ni les bâtiments de ces fermes ne sont adaptés à un confinement aussi long, jusqu’à neuf mois par an. Pourtant « un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (…) dédouane les petites exploitations dans les flambées de grippe aviaire et pointe comme principale responsable l’industrialisation de l’élevage, en raison des très fortes densités et des transbordements incessants d’animaux » (« Poulet confiné », Le Canard enchaîné, 27 octobre 2021). La pétition de deux syndicats minoritaires à ce sujet peine à mobiliser le public.
(4) Je visais tout le monde mais ce jugement est facilement entendu comme devant être adressé aux classes les plus pauvres. Scoop : les gens de classes populaires aussi comprennent très bien ce qui est bon et bien ; qu’il s’agisse de commerce équitable ou d’agriculture bio, c’est une demande qui est désormais reconnue (voir ici et ici) et des acteurs comme l’asso Vrac tentent tous les jours d’y répondre.
Mundua Glasgown
Iñaki Petxarroman – BERRIAren berriemaile berezia COP26 goi bileran
www.berria.eus/paperekoa/2039/017/001/2021-11-13/mundua-glasgown.htm
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Bada egunotan munduko hedabide askotan atera den irudi bat: munduko globoa, Glasgowko COP26ko Scottish Event Campusen 1. Ekintza Aretoan, kable batetik zintzilik, dotore. Tentuz erreparatuz gero, jende saldoaren artean irudika zitezkeen salbatu nahi den planeta horretan bizi diren era guztietako pertsonak. Izan dira Eskoziara egindako bidaian Lurraren atmosferan lehen eta azken karbono aztarna utziko dutenak, eta badira hegazkin pribatuan ordu batzuetarako etorri eta afarirako etxean egongo zirenak ere.
Izan dira petrolio ustiategi bati aurre egiteagatik lurra eta familia galdu dutenak, eta baita ere ustiategi hori, edo antzeko batzuk, zulatzeko agindua eman dutenak, luxuzko bulego batean.
Korridoreetako ibilaldi presatuetan bereiz zitezkeen mundua salbatzeko sistema ekonomikoa aldatzea beren bizitzako erronkatzat dutenak, eta, Lurra baino gehiago, beren negozioa salbatzeko atmosfera, ura eta bizidunak ere salduko lituzketenak. XIX. mendearen erdialdean ikatzezko fabriketan berotegi gasen isurketa masiboa martxan jarri zen iparralde globaleko txoko honetan, bere desoreka eta arrakalak agerian utzi ditu goi bilerak.
Izan baitira klima aldaketaren prozesu zientifikoa ikertzen egunero ahalegin zintzoa egiten dutenak, eta zientzia lan sakon horri nola erantzun trikimailuak bilatzeagatik soldata oparoa jasotzen dutenak.
Izan dira 14 orduz lan egindako kazetariak, eta, garraio publiko eta zerbitzu asko arrotzek erdi kolapsatuta egon direlako, «joan zaitezte denak pikutara» ozen oihukatu duten herritarrak.
Tentuz begiratuz gero, erraz ohar zitekeen COP26 egin den eremu horretako langile gehienen azal koloreaz eta generoaz: garbitzaileak, segurtasun zinpekoak, sukaldariak, zerbitzariak…
Badoaz horiek denak pixkanaka, nor bere bidean. Mundua astintzen duen zibilizazio krisi larri honek elkartu ditu egun batzuetan. Baina, bistan da, klima larrialdia ez da Glasgown bistaratu den arazo bakarra. Desberdintasuna, bidegabekeria eta zinismoa agerian utzita bukatu dira topaketak, eta itzulerako bidaian bakoitzaren buruhausteak ere oso jite ezberdinekoak izango dira. Bihartik aurrera ere 1. Ekintza Aretoko bolatxo hori izango da batu ditzakeen ia kontu bakarra.