Dix ans après Fukushima : le Japon face au défi énergétique de la neutralité carbone
Philippe Mesmer
www.lemonde.fr/planete/article/2021/03/11/dix-ans-apres-fukushima-le-japon-face-au-defi-energetique-de-la-neutralite-carbone_6072739_3244.html
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Pour satisfaire son ambition de « réaliser une société verte », le pouvoir nippon doit notamment réduire sa dépendance au charbon, sous la pression des multinationales et de ses partenaires commerciaux.
Désormais vitrine des énergies renouvelables, le département de Fukushima (dans le nord-est du pays) reste une exception dans un Japon en pleine réflexion sur le moyen de parvenir à la neutralité carbone à l’horizon 2050. Théâtre, en 2011, de la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl, Fukushima s’efforce de tourner définitivement la page de l’atome. Le village d’Iitate, un temps évacué, a vu ses champs se couvrir de panneaux photovoltaïques. Minamisoma, ville du bord de mer, s’éclaire à 92 % au solaire, à l’éolien et à la géothermie. « Dans un an, nous serons à 100 % », affirme le maire, Kazuo Momma.
Plus au sud, Namie a inauguré en 2020 la plus grande centrale au monde de production d’hydrogène, entièrement alimentée au photovoltaïque. Le gaz doit favoriser la « société de l’hydrogène » chère au gouvernement. Il devrait alimenter cet été les véhicules utilisés pendant les Jeux olympiques de Tokyo, du 23 juillet au 8 août.
La situation de Fukushima contraste avec le reste du pays, en retard sur les renouvelables, qui représentaient 19 % de ses capacités de production électrique en 2020, contre 42 % au Royaume-Uni et 45 % en Allemagne.
Selon un rapport dévoilé en 2020 par l’institut d’analyse Influence Map, 61 des 100 premières entreprises cotées aimeraient acheter de l’électricité d’origine renouvelable si la production était suffisante. Malgré des progrès, ces énergies n’ont jamais été une priorité au Japon. Ni la législation post-Fukushima, axée sur la fixation de prix d’achat par les grandes compagnies aux petits producteurs et peu à peu vidée de ses mesures les plus efficaces, ni la libéralisation, en 2016, du marché de l’électricité n’ont permis d’accélérer de manière décisive leur développement.
Pression des grands groupes
La version 2018 du plan triennal de stratégie énergétique définissait un bouquet à l’horizon 2030 avec de 20 % à 22 % de l’électricité d’origine nucléaire (contre 25 % avant la catastrophe de 2011), une part des renouvelables entre 22 % et 24 %, et une baisse des combustibles fossiles à 56 %. Les capacités de base, pour un pays faible en ressources, devaient rester le pétrole et le charbon. Ce dernier représentait 32 % de la production totale d’électricité en 2019, et 38 % pour le gaz naturel.
La donne pourrait changer avec la décision annoncée en octobre 2020 par le premier ministre japonais, Yoshihide Suga, d’engager son pays sur la voie d’une réduction à zéro, d’ici à 2050, des émissions de gaz à effet de serre, et de « tout faire pour réaliser une société verte ». Pour cela, le gouvernement va notamment interdire d’ici à 2035 les ventes de véhicules neufs à essence ou diesel et plaide pour une baisse de moitié du coût des batteries des véhicules électriques.
Le nouvel objectif l’oblige aussi à cogiter sur la révision, attendue en juin, du plan triennal de stratégie énergétique alors que la consommation d’électricité devrait croître de 30 % à 50 % d’ici à 2050. Cette révision promet de vifs débats autour du charbon – qui vaut à l’Archipel d’être montré du doigt à l’étranger. « Le Japon doit disposer de diverses sources d’énergie, y compris le charbon, du moins à court terme », estime le Keidanren, la principale confédération patronale, qui prône le captage et le stockage du carbone selon le concept controversé de « charbon propre ».
Fuites d’eau contaminée
Or, le Green Deal européen de décembre 2019 envisage des taxes carbone sur les importations de pays jugés trop peu engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le groupe américain Apple ne travaillera plus en 2030 avec des fournisseurs qui n’utilisent pas d’électricité 100 % renouvelable : des groupes nippons, comme Sony, s’en inquiètent.
D’autres anticipent, à l’instar de la maison de commerce Mitsubishi, qui a décidé, le 25 février, de se retirer du projet de centrale Vinh Tan 3 dans le sud du Vietnam. La banque Mizuho Financial a de son côté mis fin à tout nouveau financement pour de telles installations.
Outre la question du charbon va se poser celle du nucléaire. Sur les 54 réacteurs exploités avant Fukushima, 21 doivent être démantelés. Seuls neuf ont été relancés après la catastrophe. Le ministre de l’industrie, Hiroshi Kajiyama – un ancien de l’Agence japonaise de l’énergie atomique (JAEA) –, a qualifié en février le nucléaire d’« indispensable » pour la neutralité carbone. Mais de multiples actions en justice, intentées par des riverains inquiets pour leur sécurité, affectent les redémarrages, et l’image de l’industrie reste négative.
Après un nouveau tremblement de terre, le 13 février au large de Fukushima, la Compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco) a affirmé que tout allait bien, avant d’admettre des fuites d’eau contaminée et le dysfonctionnement des sismomètres installés dans le bâtiment du réacteur 3 de la centrale endommagée voilà dix ans. « Tepco n’a pas tiré les leçons de la catastrophe de mars 2011 », se désole Hajime Matsukubo, du Centre d’information nucléaire pour les citoyens (CNIC).
Pays Basque et immigration (1)
Peio Etcheverry-Ainchart
www.enbata.info/articles/pays-basque-et-immigration-1
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Les débats en cours autour du PLH de l’Agglomération Pays Basque prennent pour point d’appui un diagnostic implacable : notre territoire subit une forte augmentation de sa population, qui n’est pas due à sa natalité –le solde naturel étant négatif– mais à son attractivité qui entraîne un solde migratoire largement positif, cela augmentant d’autant le besoin en logements. Si les faits sont incontestables, il convient toutefois de bien prendre garde aux lectures que l’on en fait, au risque de se tromper de combat voire de finir dans une ornière idéologique.
Assez de place pour tout le monde
Au Pays Basque comme ailleurs – ni les jeux d’échelles, ni les statuts des territoires ne changent la perception par une population du phénomène d’immigration –, la tentation est grande de considérer que les questions foncières ou immobilières (entre autres) sont liées à une immigration forcément subie.
Les sympathisants locaux du RN considèreront toujours que cette immigration est essentiellement africaine ou arabe, on connaît bien ce nauséabond refrain pourtant démenti par toutes les données chiffrées.
Mais beaucoup d’autres habitants du Pays Basque, pourtant peu suspects de racisme ou de xénophobie, voient dans l’afflux de populations extérieures en général la source des déséquilibres locaux ; parmi eux, quelques abertzale opèrent ainsi sans l’avouer une synthèse entre combat de libération nationale et rejet d’une immigration majoritairement française. C’est si “naturel” : de tout temps et en tout lieu, l’étranger à son village a été perçu comme une inconnue et donc une menace potentielle, même sans l’existence d’une problématique géopolitique pour que ce bas instinct soit commodément mâtiné d’idéologie. Mais quelle différence, alors, entre la “préférence nationale” des premiers et “l’abertzalisme” des seconds ?
En ce qui concerne en tout cas l’abertzalisme de gauche, la problématique de l’immigration n’est pas ethnique, mais bel et bien sociale et économique, et la question du logement n’en est qu’une déclinaison de même nature.
Peu importe d’où viennent les gens qui cherchent ici un logement, il convient plutôt de savoir ce qu’ils comptent faire de celui-ci !
À ce titre, un investisseur peut être bordelais ou baigorriar, cela ne changera rien au fait qu’il utilise son bien pour contribuer à la dynamique locale en y vivant à l’année, ou au contraire pour vampiriser ce pays, en ne l’occupant ou le louant qu’en saison. C’est bien ce dernier cas qui entraîne un déséquilibre sur le marché immobilier local, et en ce domaine la statistique est implacable : avec quasiment 50.000 résidences secondaires et plus de 10.000 logements vacants sur tout Iparralde, sans compter les nombreuses locations saisonnières qui ne sont souvent comptabilisées, ni dans les premières, ni dans les secondes, nous aurions largement assez de logements pour répondre à la fois aux demandes locales et extérieures.
C’est bien parce qu’on se permet de les laisser vides la plupart du temps au profit d’une minorité de gens fortunés –les exceptions sont rares– qu’on réclame de construire davantage, au mépris des belles déclarations d’intention sur l’urgence environnementale et au bonheur des promoteurs immobiliers.
Colonie de peuplement ?
Si l’on considère le problème ainsi, il convient donc de veiller au vocabulaire que l’on utilise, au risque de brouiller le message et son efficacité. Le PLH parle de “besoins locaux” et de “besoins extérieurs” et c’est bien leur acception sociale et économique qu’il faut interroger : quel est le besoin local en matière de logement ?
C’est cette question préalable qui, dans l’actuel projet de PLH, ne trouve de réponse que dans la perpétuation “au fil de l’eau” d’évolutions précédentes pourtant délétères et doit être mieux posée. Et je ne pense pas qu’il soit opportun de manier certains termes tels que “colonie” ou même “colonie de peuplement”, qui, non seulement colorent d’idéologie le diagnostic, mais nuisent à toute crédibilité en étant historiquement faux.
Une colonie, a fortiori de peuplement, est une réalité précise dans l’histoire et qui répond à des objectifs tout aussi précis de la part du colonisateur. Manex Goyhenetche lui-même avait toujours regretté d’avoir abusivement utilisé ces termes dans ses premiers livres. Non pas qu’il n’y ait jamais eu, dans la situation d’asymétrie que subit le Pays Basque nord vis-à-vis de la France, aucun des éléments constitutifs d’un processus de colonisation, c’est évident. Mais tomber dans le raccourci et user de ce terme pour qualifier l’évolution démographique actuelle est dangereux, ne serait-ce que parce qu’il n’existe aucune volonté délibérée et planifiée par la France d’installer des colons en Pays Basque, comme Israël le fait en Palestine.
Marché libre
C’est l’attractivité touristique de la Côte basque, pesant comme variable sur une logique mercantile trop faiblement encadrée, qui entraîne un déferlement d’investisseurs bien plus nombreux que les biens disponibles et fait monter leurs prix.
Un mécanisme purement économique, donc, conduit par une main invisible qui n’est pas celle d’un État mais celle classique d’un marché. Dans ce mécanisme d’ailleurs les investisseurs sont loin d’être tous étrangers, de même que les vendeurs qui les pourvoient en “morceaux de terre sacrée des ancêtres”, les Etcheverry ou Elizondo se montrant tout aussi voraces en prix de vente ou de loyer que les Durand, Dupont et autres Martin. Et ce, d’ailleurs, quelle que soit aussi la nationalité de leur acquéreur ou locataire, le patriotisme ayant bizarrement tendance à fondre à mesure que croissent les profits.
Le Pays Basque, comme tant d’autres territoires, doit donc gérer sa question migratoire s’il ne veut pas la subir, et il se grandira en la posant sereinement et dans les bons termes, fondement nécessaire pour lui apporter des réponses à la fois vertueuses et efficaces.
Sans pour autant tomber dans l’angélisme, j’y reviendrai dans ma prochaine chronique.
Les quatre principes du néolibéralisme enterrés par le Covid
Antoine Foucher est président du cabinet Quintet Conseil et ancien directeur de cabinet de Muriel Pénicaud au ministère du Travail.
www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-les-quatre-principes-du-neoliberalisme-enterres-par-le-covid-1295738
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Le rôle de l’Etat, celui des banques centrales, la place de la mondialisation ou encore le niveau des rendements financiers : l’épidémie de coronavirus est venue balayer les certitudes que nous avions sur bien des points. Au point de nous faire basculer dans une nouvelle ère macroéconomique, écrit Antoine Foucher.
A la fin des années 1970, le monde occidental quittait les Trente Glorieuses pour entrer dans l’ère dite néolibérale ou monétariste. Quarante ans après, tous les signes montrent que cette période s’achève à son tour, et que nous abordons la troisième grande période macroéconomique post 1945.
Pour le démontrer, examinons les quatre principes économiques qui ont défini notre époque depuis le début des années 1980. D’abord, le rôle de l’Etat et du marché. Retrait de l’Etat, déréglementation et confiance dans la capacité d’autorégulation des marchés : ces convictions, déjà fragilisées depuis 2008, sont remises en cause par la crise actuelle. Ce n’est pas le marché mais bien l’Etat qui, après avoir sauvé les banques il y a dix ans, protège cette fois-ci l’économie réelle du risque d’effondrement . C’est aussi le retour de l’Etat comme garant d’une souveraineté européenne et nationale sur les biens et services essentiels qui est réclamé par la population, par exemple sur la santé ou le numérique.
Ensuite, le rôle de la monnaie et de la banque centrale. La doctrine monétariste considère que la politique monétaire n’influence à long terme que l’inflation et que les banques centrales doivent donc être indépendantes pour garantir les agents contre les errements politiques. Là aussi, le Covid vient, comme en 2008, apporter un démenti cinglant à cette hypothèse. Jamais les Etats n’auraient pu financer la protection des entreprises et des salariés depuis un an sans l’achat massif de dette publique, c’est-à-dire sans création monétaire. La BCE et la Fed ont agi exactement comme si elles étaient sous l’autorité des gouvernements, car elles n’avaient pas d’autre choix politique. Le pilotage du cercle vicieux actuel – un endettement public record nécessitant une politique expansionniste durable pour maintenir des taux d’intérêt bas, elle-même alimentant une bulle sur les actifs – exige une coordination étroite entre les politiques budgétaire et monétaire, dans laquelle l’indépendance des banques centrales est une fiction juridique.
Troisième caractéristique qui flagelle : l’intensification du commerce mondial. Il a cru deux fois plus vite que le PIB mondial entre les années 1980 à 2000, mais il ralentit spectaculairement depuis dix ans. La crise du Covid va accélérer la tendance, et pousser vers une régionalisation des chaînes de valeur.
Enfin, l’exigence de rentabilité à deux chiffres pour les actionnaires, signe distinctif entre tous du capitalisme actionnarial, devient intenable car incompatible avec la tolérance de plus en plus réduite des peuples aux inégalités et les conséquences sur la transition écologique. Celle-ci exige une consommation durable, la proximité des lieux de production, des investissements massifs pour décarboner les modes de production et financer une énergie plus chère : toutes ces tendances condamnent les rendements actuels et interrogent sur la pérennité d’une entreprise qui continuerait à considérer le bien commun comme hors sujet.
Résumons. L’Etat était considéré comme le problème : c’est redevenu une partie de la solution. Les banques centrales devaient être indépendantes et limiter leur offre de monnaie : elles sont de fait sous l’autorité politique des Etats et créent de la monnaie comme jamais. Les chaînes de production devaient se mondialiser toujours plus : elles se régionalisent. La « corporate governance » avait enfermé l’entreprise dans l’obsession du rendement de court terme : gouvernements, salariés et clients lui enjoignent désormais d’intégrer l’intérêt général dans son activité. Il n’est pas donc pas excessif de penser que le Covid a précipité la fin du néolibéralisme pour nous faire entrer dans une nouvelle ère. Rien, dès lors, ne serait plus inadapté que de raisonner avec nos schémas d’hier pour tracer un nouveau chemin.
‘Ikasleak sentsibilizatuta daude ingurumen gaietan; pauso bat gehiago eman behar dugu: sumindu’
Mikel Garcia Idiakez
www.argia.eus/argia-astekaria/2722/jose-manuel-gutierrez
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Ikuspegi soziala ere aintzat hartuko duen Ingurumen hezkuntzaren defendatzailea da Jose Manuel Gutierrez. Urtetan arlo horretan irakasle aritua, 2005etik Ingurumen hezkuntzako aholkulari pedagogiko dabil Bilboko Ingurugelan. Gizakiok inguruarekin harremantzeko dugun moduaz, natura defizitaz, Greta Thunberg fenomenoaz eta ikasleen artean aktibismoa bultzatu beharraz mintzatu zaigu, bakarka egin ditzakegun “ekokeinuak” baino eraginkorragoa delako “taldean eta elkarrekin sozialki eragitea”.
Gaur egun, filosofia berdea lehen lerroan dagoela dirudi, baina zenbat du mamirik gabeko aldarrikapen hutsetik? Euskal Herriko ikastetxeetan zein da ingurumenak benetan duen lekua?
Pertzepzio orokorra da filosofia berdea modan dagoela, baina ez dut uste: klima aldaketaren aurka, plastikoen inguruan… mugimendua badago duela urte batzuetatik, baina gero hori ez da botoetan islatzen eta filosofia hori benetan garatu nahi badugu bestelako planteamendu politikoa behar dugu. Enpresek erabiltzen dute ekologia balio gehigarri gisa, produktuak hobeto saltzeko eta ezkutuan zikintzen dutena garbitzeko, baina horren guztiaren atzean kapitalismo berdea dago: kapitalismoa eta berdea oximoronak dira, esanahi kontrajarria dute, eta ez da hirugarren zentzurik bultzatzen. Kapitalismoak ez baditu planetaren mugak kontuan hartzen, ezin du berdea izan.
Hezkuntzak berriz, gurean, aspalditik lotura zuzena izan du naturarekin eta hori ikastetxeetan islatu da. 1970eko hamarkadan irteerak egiteko gogoa erakutsi zuen hainbat irakaslek, 80koan ekosistemei-eta loturiko proiektuak egiten hasi ziren, eskolako lehenengo baratzeak abiatu zituzten… eta areagotzen joan da interes hori. Mende honetan Agenda 21ek eman dio bultzada ingurumen hezkuntzari.
Ingurumen hezkuntza baino gehiago, Ingurumen hezkuntza ekosoziala aldarrikatzen duzu, iraunkortasuneranzko hezkuntza.
Hitzen eta terminoen debatea oso gustuko dut; nik ingurumen hezkuntza aldarrikatzen dut, baina gizartean ingurumen kontzeptua ekologiarekin eta naturarekin bakarrik lotu ohi da, eta albo batera uzten da esparru sozialarekin duen lotura. Hori konpondu nahian, Unescok berak proposatu zuen izen aldaketa: garapen iraunkorrerako hezkuntza. Baina garapen iraunkorraz hitz egitea da kapitalismoaren ikuspegi bat bultzatzea, garapen jakin batez ari den heinean. Nahiago dut iraunkortasuneranzko hezkuntzaz aritu, edo hezkuntza ekosozialaz, hezkuntza ekosoziala delako behar dugun trantsizio prozesua eragin dezakeena (trantsizio energetikoa, ekonomikoa, soziala, zaintzarena…).
Garapen iraunkorrak mahai gainean jartzen duen hirukia da natura, ekonomia eta gizartea, eta eskema hori erabiltzea da ekonomiari pisu handiagoa ematea, baina mundua ez da banatzen maila berean jartzen dituzten hiru bloke horietan, errealitatea da biosfera dagoela, biosfera barruan gizartea eta gizartearen barruan ekonomia, zaintzak, eskubideak, harremanak… Matrioxka moduan. Hezkuntza ekosozialean bizitza da zentroa, eta aurrera eramaten den edozein prozesuk zein eragin duen aztertzeko bi printzipio hartzen ditugu aintzat: ekodependenteak eta interdependenteak garela. Hortaz, batetik gure behar eta interesak asetzeko naturatik hartzen duguna orekatu behar dugu biosferaren zikloetara –bestela akabo biosfera eta ondorioz akabo baita ere gu–, eta bestetik presente izan behar dugu gainerako gizakien laguntza ezinbestekoa zaigula. Bi printzipio hauek hezkuntzara ekartzea eta arazo ekosozialak eskolan lantzea da lehenengo urratsa, gero kontzientzia hartzeko eta azken buruan ikasleak ekintza eraldatzaileetara bultzatzeko.
« Garapen iraunkorraz hitz egitea da kapitalismoaren ikuspegi bat bultzatzea.
Hezkuntza ekosoziala da behar dugun trantsizio prozesua eragin dezakeena »
Hori da ingurumen hezkuntzaren helburua, ekintzara pasatzea?
Hori bera. Gure proiektuen bidez saiatzen gara bai eskola eta bai ingurua eraldatzen: ibaiak eta basoak garbitzen eta hobetzen, natur-gidak sortzen, agintariei aldaketak eskatzen…
Nabarmenduko zenukeen hezkuntza proiekturik?
Confint (Planeta Zaindu Dezagun nazioarteko biltzarra). Brasilen jaio zen eta gainerako herrialdeetara zabaldu da.
Ikasleek eurek asanbladak antolatzen dituzte ikastetxeetan, gai baten inguruan ikertzen dute (klima aldaketari lotua, edo krisi ekosozialari, bioaniztasunari…), haien artean eztabaidatu eta alternatibak proposatzen dituzte, eta hezkuntza ekosozialaren dimentsio politikoa ere barneratzen dute. Ikastetxean egiten dituzte proposamenak, baina agintariei ere luzatzen diete eskaera: “Gu prest gaude hau egiteko; zuek?”. Busturiako Ekoetxean esaterako, Euskal Confinta egiten dugu urtero.
Hezkuntza ekosozialaren dimentsio politikoa aipatu duzu. Sistema ekosozialak ezinbestean antikapitalista izan behar duela barneratzeaz ari zara?
Politikaz ari naiz bere oinarrizko zentzuan: herritarrentzako baliagarria izatea. Antikapitalista? Tira, prozesua ongi eginez gero emaitza hori izango da, edo antikapitalismotik gertu ibiliko da, baina guk ez dugu aurre-baldintzarik jartzen: ikaslea ahalduntzea da gure zeregina, erakustea zer nolako gaitasuna duen gauzak eraldatzeko eta gizarteak zein aukera ematen dizkion horretarako, eta gero berak erabakiko du nola jokatu eta zein konpromiso hartu nahi dituen. Garraio publikoa autoa baino egokiagoa dela ondorioztatu dezake, baina non bizi den edo nora joan behar duen, agian autoaren aldeko apustua egingo du, eta agintariei eskaera luzatuko die beharbada, garraioa beste era batera antola dezaten… Horrelakoetarako mugimendu sozialetan sar zaitezke; guk hori bultzatzen dugu, aktibismoa.
Eta aktibismoa sustatzeko, zer da eraginkorragoa: gizakiok inguruarekin dugun harremana positiboan lantzea (zer egin dezakegun gauzak aldatzeko) ala dugun harreman zapaltzailea agerian jarri, kontzientziak astintzeko?
Biak dira oinarrizkoak. Arazo ekosozialen jatorri eta ondorioak landu behar dira, baina hurrengo pausoa da azaltzea beti dagoela hori aldatzeko aukera, baita “ekokeinutik” harago ere. Nik bakarrik ekokeinuekin zerbait egin dezaket, baina inportanteagoa da taldean, elkarrekin, aktibismoaren bidez, sozialki eragitea.
Prozesu berriak zabaltzeaz gain, ezagutarazten diegu dagoeneko badirela martxan prozesuak aldaketaren bidean eta haiekin bat egin dezaketela. Esaterako, agroindustriaren aldean, tokiko elikagaien aldeko hautua egin dezaketela.
Agroindustriaren boterea handiagoa da, ordea. Zein da hezkuntzak duen potentziala eta indarra, eskolatik atera eta ikasleak kontrako norabidean jasotzen duen input andanaren aurrean eragiteko?
Hori da gakoa eta erronkarik zailenetakoa. Eskolan bultzatu nahi dugu elkartasuna, kontsumo arduratsua, elikadura osasuntsua… eta kalera irten bezain pronto aurkitzen dute lehiakortasuna, kontsumismoa, janari zaborra… Aldi berean, ordea, hori da ingurumen hezkuntzaren bihotza: testuinguru horri aurre egiteko existitzen da ingurumen hezkuntza. Gure lana da kontrako input horien guztien aurrean errealitatea ezagutzeko informazioa eskura jartzea; gizartean parte hartzeko, alternatibak proposatzeko eta martxan jartzeko aukera ahalbidetzea; sentsibilizatzea; eta gai batzuen aurrean sumintzeko gai izan daitezen lortzea. Azken finean, esango nuke gure ikasleak sentsibilizatuta badaudela gai ugariren inguruan, informazio andana jasotzen dutelako natura zaindu beharraz, birziklatzeaz, plastikoaren kalteez… Pauso bat gehiago eman behar dugu: sumindu.
Kontzientzia hartzeko sumintzea da bidea, orduan?
Kontzientziatzea da ohartzea arazo bat dagoela, arazo horren parte naizela (nire jarreragatik, egiten dudan kontsumoagatik, aisialdiagatik…) eta jabetzea irtenbidearen parte ere banaizela. Hiruko segida bat erabili ohi dugu guk: zer egin daiteke? Guk zer egin dezakegu? Zer egingo dugu?
Nola baloratzen duzu Greta Thunberg fenomenoa?
Fenomeno baloratzen dut, kar, kar. Ekologismoak orain arte lortu ez duena lortu du neska horrek, apal-apal eta berehala: hainbat sektore elkartzea ekologismoaren bueltan. Hain juxtu, Greta fenomenoa ezin da ulertu ingurumen hezkuntza barik, bere –eta beste Greta askoren– atzean dagoelako ingurumen hezkuntza: ikusi dute arazoaren eta irtenbidearen parte direla. Sare sozialek ere zerikusi handia dute honetan guztian. Gogoan dut 12 urteko kanadiar batek Rio de Janeiroko gailur batean Gretaren antzeko mezua bota zuela 1992an, baina ez zuen halako oihartzunik izan.
Ikasleei galdetzen diet, ea zer iritzi duten Gretaz, eta gehien-gehienek bat egiten dute bere borrokarekin, ikastetxe askok ere planto edo aldarrikapenen bat egin zuen iaz klima aldaketaren kontra, eta beraz eragina izan du ikasleengan.
Batzuek diote neoliberalismoak bultzaturiko fenomenoa dela, ea nor dagoen Gretaren atzean eta zeinek jartzen duen dirua egiten dituenak egiteko… Baina niri txapela kentzeko modukoa iruditzen zait neska honek lortu duena eta fenomeno hau zaindu eta lagundu behar dugula uste dut.
« Batzuek diote Greta Thunberg fenomenoa neoliberalismoak bultzatu duela.
Niri txapela kentzeko modukoa iruditzen zait lortu duena
eta fenomeno hau zaindu eta lagundu behar dugula uste dut »
Naturara edo behintzat kanpora ateratzen hasi dira eskola batzuk, pandemia garaian leku itxiak saihesteko.
Apurka-apurka ari dira ateratzen, bai, baina nire pertzepzioa da oraindik beldurra eta ardura direla nagusi, eta ulergarria da, baina horrek ez du kentzen bultzatu behar dugula kanpora ateratzea. Apustua egiten duten ikastetxeetan, bete behar dituzten baldintza eta protokoloek ez dute laguntzen.
Ikasleengan jada natura defizita nabaritzen dugu. XXI. mendeak eskaini du etxe barruan hazten ari den lehen belaunaldia, digital natiboa, pantaila baten aurrean. Naturarekiko kontaktua urrun duen belaunaldia izan daiteke, eta beraz aurrekoak baino osasun arrisku handiagoak izan ditzakeena. Haurtzaroa naturatik bereizita igarotzen duenak nola ezagutu eta balioetsiko ditu izaki bizidunak, nola zainduko du biosfera? Ingurumen hezkuntza baliabide handia izan daiteke defizit horri erantzuteko, eta hala ere murrizketak jasaten ari gara.
Ingurumenak osasunean duen eraginaz kontzienteago egin gaitu COVID-19ak. Zerbaitetan aldatu ditu pandemiak etorkizuneko ingurumen hezkuntzaren gakoak?
Egia da eztabaida hori eman dela, baina lehengoa eta oraingoa etsai bera da. Dimentsio berriak hartu ditu, baina etsaia ez da aldatu, eta hortaz, ingurumen hezkuntzaren gakoak ere ez. Nazio Batuen Erakundeak bioaniztasunaren galerarekin lotu du pandemia, baina zenbat jendek jarri du arreta horretan? Galera horri aurre egiteko zenbat lagun dago prest bere irabazteko bideak aldatzeko? Hazkunde ekonomikoaren aurka egotea ez da ulertzen oraindik, nahiz eta planeta finito batean gaudela errepikatu. Gizarte kontzienteago batek aukera gehiago dauka gauzak aldatzeko, eta hori da gure lana.
Zein da aldatu ez den etsai hori?
Antropozentrismoa. Arazoa etikoa da, nola ulertzen dugun gizakiok gure rola munduan, zelan harremantzen garen naturarekin, baina baita beste gizakiekin ere. Bi tresna erabiltzen ditu hain barneratuta dugun antropozentrismoak, bere boterea mantentzeko: kapitalismoa –mesede egiten dion sistema ekonomikoa delako– eta heteropatriarkatua –gizon zuri heldua piramidearen gailurrean mantentzen duen kontratu soziala delako–.