Sommes-nous responsables du changement climatique ?
Gael BRIAND
http://lepeuplebreton.bzh/sommes-nous-responsables-du-changement-climatique/
+ 1,5°C ? + 2°C ? … Quand le climat basculera-t-il vers un monde très dangereux ?
www.sortirdupetrole.com
http://dr-petrole-mr-carbone.com/15c-2c-quand-le-climat-basculera-t-il-vers-un-monde-tres-dangereux/
L’inertie du G7 prépare de nouveaux crimes climatiques ! Décryptage
Maxime Combes, Economiste, membre d’Attac France et de l’Aitec
http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/090615/linertie-du-g7-prepare-de-nouveaux-crimes-climatiques-decryptage
Martxan da klima aldaketa gelditzeko bira
Maddi Ane Txoperena Iribarren
www.berria.eus/paperekoa/1783/014/001/2015-06-06/martxan_da_klima_aldaketa_gelditzeko_bira.htm
Sommes-nous responsables du changement climatique ?
Gael BRIAND
http://lepeuplebreton.bzh/sommes-nous-responsables-du-changement-climatique/
Alors que lʼécologie était omniprésente dans les médias et la société voilà quelques années, on constate aujourdʼhui une baisse de lʼintérêt pour ce courant politique. Selon une étude de la société de services en développement durable GreenFlex parue le 1er juin 2015, 23,7 % des Français se disent désengagés face aux problématiques écologiques contre 15 % en 2014. Moins de 19,6 % des personnes interrogées se disent « très soucieuses des problèmes liés à lʼenvironnement » et 19,3 % pensent quʼ « agir pour lʼenvironnement nʼen vaut la peine que si cela leur fait gagner de lʼargent ». Une étude qui en dit long sur nos sociétés capitalistes…
Le climat évolue, la biodiversité trinque et lʼinfluence de lʼHomme sur son milieu nʼest plus à prouver. Pourtant, les pouvoirs publics ne semblent pas prendre ces problèmes à bras le corps, comme si la planète pouvait supporter encore quelques décennies de productivisme alors que lʼon sait pertinemment que ses ressources sʼépuisent. Pire, les États riches se permettent de rejeter la faute sur les États pauvres qui, selon eux, utilisent plus dʼénergies fossiles et donc contribuent plus à la pollution, ce qui autoriserait les États riches à poursuivre le saccage ! Côté individuel, même chanson : les médias nous abreuvent de lʼidée selon laquelle « ce sont les petits gestes qui comptent » et sʼétonnent que les Occidentaux persistent à ne pas faire évoluer leur mode de vie, leurs habitudes de consommation.
Cʼest probablement que lʼon ne sʼintéresse à lʼécologie que lorsque lʼon est en « sécurité ». Lʼétude de GreenFlex appelle « rétractés » les personnes désengagées. 64 % seraient des hommes et on note une surreprésentation « chez les chômeurs et les populations modestes ». La précarisation actuelle de la société (associé au sentiment de précarisation) nʼincite en effet pas à la prise de recul. Même les CDI ne sont plus sûrs : en 2011, une étude du ministère du Travail expliquait quʼun tiers des CDI avaient été rompus avant la fin de la première année. La tête dans le guidon, la réflexion sur lʼinteraction hommes-milieux paraît malheureusement assez « bobo »…
Il faut dire que lʼécologie est considérée chez nous sous lʼangle punitif. De lʼécotaxe – qui était une prime à la centralité – aux interdictions de circuler en passant par les barbants « gestes du quotidien », tout est fait pour que lʼécologie soit impopulaire. Lʼétude dont il est question au début de cet article pose la question du « sacrifice » que les gens seraient capables, ou non, de faire pour favoriser la planète. Se soucier de son milieu nécessiterait donc de sacrifier une part de son bien-être ? Cʼest ce que beaucoup de mouvements écologistes tentent dʼinsinuer dans la tête des gens : je sauve le monde car jʼarrête de prendre des bains ! En caricaturant, on peut donc aisément dire quʼun super-héros serait alors un homme sale.
Même sʼil est évident, à lʼinstar de ce que disent les Colibris, que lʼeffort de chacun est nécessaire, rejeter sur lʼindividu la responsabilité collective, cʼest oublier que le citoyen nʼest pas maître – en France du moins – des décisions politiques dʼenvergure. Qui peut affirmer, par exemple, que le choix du nucléaire est un choix individuel ? Qui peut sérieusement estimer que la paix dans le monde commence par la politesse quand, dans le même temps, les États occidentaux au langage si policé vendent des armes dans les zones instables ? Certes, éteindre sa lumière en quittant une pièce et dire « bonjour » à ses voisins sont des attitudes qui ne peuvent pas faire de mal, mais cela ramène la responsabilité à des niveaux sensiblement différents : pour les uns, fermer un robinet, pour les autres, cesser une politique suicidaire.
Lʼobjet de ce point de vue nʼest pas dʼaffirmer que le principe de pollueur-payeur est néfaste ou de justifier un gaspillage inadmissible, mais dʼinterroger sur lʼun des fondements qui a prévalu à la pensée politique écologiste, à savoir le « risque ». À force de tout évaluer à lʼaune du risque, on en fait le principe de nos valeurs, dit en substance Ulrich Beck dans son ouvrage La société du risque (1986). La conscience écologique fait partie de ce jeu depuis les années 70 et cela sʼest accentué à partir de la fin du XXe siècle. Ce sont par exemple les écologistes qui ont créé ce qui appartient aujourdʼhui au vocabulaire politique de tous les « décideurs », à savoir le « principe de précaution ».
Plus récemment, on a vu fleurir des agences de notation et des procédures en tout genre définissant lʼ« acceptabilité » du risque. Car notre vie est devenue une course dʼobstacles au milieu de « risques » : manger est risqué, se déplacer est risqué, boire est risqué, faire lʼamour est risqué…
Tout cela pour dire que la société actuelle est régie par la peur et cʼest à lʼaune de cette peur, de ce risque hypothétique, que lʼon prend des décisions. Or, les États rejettent la responsabilité sur les individus, justifiant leur propre irresponsabilité par le fait que – loi de lʼoffre et de la demande oblige – cʼest lʼindividu qui choisit ce quʼil consomme (ex. : OGM ou non) et que, par conséquent, le pouvoir est entre ses mains de citoyen. Le paradoxe, cʼest quʼalors que lʼindividu fait des efforts en tentant de réduire les risques, lʼÉtat lui impose des risques collectifs bien plus graves. Si bien que lʼindividu lambda ne perçoit pas le changement, malgré ses efforts. Ceci peut, en partie du moins, expliquer le fait que nombre de citoyens se désintéressent de ce sujet pourtant ô combien primordial. Ces personnes ont parfaitement conscience de lʼétat de la planète, mais dès lors quʼils ne peuvent pas agir réellement, concrètement, à grande échelle sur ce phénomène, ils le laissent de côté.
Lʼécologie ne peut pas être cosmétique. Or, le capitalisme en fait un objet de marketing parmi dʼautres. Lʼécologie, au contraire, impose un changement de paradigme profond que le pouvoir doit prendre en compte dans ses politiques. Quand notre société aura monté cette « marche », on pourra peut-être enfin parler de réduction de la production et façonner une société qui vivent en fonction de ses besoins et non de ses envies. Cela nʼa rien de frustrant, mais nécessite simplement une adaptation de la technique à ces impératifs. Un choix politique qui sous-tend une législation adéquate. Encore faudrait-il que le citoyen ait le pouvoir de lʼimposer. Et pour cela, il faudrait revoir nos institutions pour que les décisions se prennent à lʼéchelon le plus petit. On appelle ça « subsidiarité » et cʼest un principe de base de la démocratie. Or, dès lors que la démocratie nʼest pas effective, il est injuste de faire porter la responsabilité sur les individus…
+ 1,5°C ? + 2°C ? … Quand le climat basculera-t-il vers un monde très dangereux ?
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Un rapport qui est entre les mains des négociateurs « climat » de la prochaine Conférence sur le climat de Paris (COP21, en décembre) suggère qu’il serait par précaution préférable de viser une limite de réchauffement inférieure à 2°C, notamment à cause d’éventuelles rétroactions du système terrestre. Or, selon les données du GIEC, pour avoir une chance sur deux de limiter le réchauffement à +1,5°C, soit +0,65°C par rapport à aujourd’hui, il faut laisser environ 90% des combustibles dans le sol.
Certains scientifiques comme James Hansen à la NASA le craignent depuis un moment déjà, et le sujet a émaillé la dernière conférence des Nations-Unies sur le climat à Lima, en 2014, et vient d’être remis sur la table par le biais d’un rapport, dans le cadre d’un round de négociations à Bonn en Allemagne, en vue de la COP21 à Paris : la limite des 2°C ne serait pas le meilleur objectif à viser si l’on veut vraiment réduire les risques d’emballement du réchauffement global.
Viser une limite de réchauffement le plus possible en dessous de +2°C
Emanant du dialogue entre experts « climat » issus de divers organismes (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, organisation météorologique mondiale, Hadley Centre, Programme des Nations-Unies pour l’environnement…), ce rapport SED (Structured Expert Dialogue) souligne peu ou prou que même si la science manque encore de précisions concernant les risques supplémentaires entre un réchauffement de 1,5°C et un réchauffement de 2°C, il conviendrait par précaution que l’on vise une limite (ou « ligne de défense » ou encore « zone tampon ») le plus possible en dessous de 2°C.
Les scientifiques estiment qu’un tel objectif réduirait les risques concernant entre autres, l’insécurité alimentaire (par exemple en Afrique), l’extinction d’espèces, l’acidification des océans, ou encore la disparition de systèmes « uniques et menacés » comme les récifs coralliens et maintes parties de la cryosphère, ce qui inclue également le risque de hausse aggravée du niveau de la mer. Ils expliquent notamment que « dans un monde plus chaud de 1,5 °C que dans les temps pré-industriels, nous sommes sur le point de passer à un risque élevé pour les organismes, alors que dans un monde à 2 °C plus chaud que dans les temps pré-industriels, le risque devient élevé pour des écosystèmes complets ». Ils évoquent également l’éventualité que l’on n’ait pas seulement une hausse progressive des effets du réchauffement global mais également certaines évolutions « non-linéaires ».
Eviter les rétroactions qui déclenchent des modifications potentiellement irréversibles du climat
Qu’est-ce à dire ? En fait, une crainte des chercheurs concerne plus généralement les rétroactions du système terrestre, dont l’inertie est très longue. Citons par exemples la réduction des glaces et des manteaux neigeux qui entraîne elle-même une accélération du réchauffement et donc encore plus de réduction des glaces, les sécheresses et canicules qui affaiblissent la capacité des écosystèmes terrestres à capter du CO2, le réchauffement de l’eau de mer qui diminue également la capacité des océans à stocker du dioxyde de carbone, cela favorisant la hausse de la concentration atmosphérique de CO2.
A un certain seuil, ces rétroactions peuvent déclencher des basculements, des modifications potentiellement irréversibles du climat, définitive à l’échelle de la vie d’un homme. Ainsi, les écosystèmes peuvent-ils se mettre à relâcher plus de CO2 qu’ils n’en captent. Ainsi, la fonte du pergélisol ou permafrost (sol continuellement gelé aux hautes latitudes) peut-elle générer un puissant dégazage de gaz à effet de serre par le biais des importantes quantités de méthane que contiennent ces sols, aggravant rapidement le réchauffement global. Ainsi encore la fonte des glaces peut-elle parvenir à un stade où certaines de ces composants se disloquent et donnent naissance à une vaste débâcle d’icebergs qui se mettent à dériver vers le sud, à la rencontre du courant de l’Atlantique Nord, et provoquent au final un refroidissement…
Les leçons de l’histoire de la Terre: des épisodes abruptement chauds et froids
Des basculements abrupts chauds et froids répétés ont déjà eu lieu dans le passé de la Terre. Les paléoclimatologues ont même mis en relation de hautes teneurs en méthane de l’atmosphère (pouvant être provoqué via le dégel du permafrost) et le déclenchement, durant la dernière glaciation, de phases rapides de réchauffement pouvant s’établir en quelques dizaines d’années, appelés événements de Dansgaard-Oeschger, et qui ont eux mêmes provoqué… des phases de refroidissement appelées événements de Heinrich.
Explication de cette « surprise climatique », selon les travaux du chercheur Wallace Broecker : une fois arrivées à un certain niveau de fonte, les glaces se sont effectivement disloquées et ont donné lieu à des débâcles d’icebergs. Dérivant vers le sud, ces icebergs ont fondu, apportant donc un énorme volume d’eau douce à l’océan qui, du coup, a vu sa concentration en sel chuter. Or, c’est sa température et sa concentration en sel de plus en plus élevée par le jeu de l’évaporation, qui permettent au courant de l’Atlantique Nord, issu du Gulf Stream, de monter jusqu’aux mers de Norvège, du Groenland, d’Islande et du Labrador, puis de plonger vers les fonds marins, générant ainsi ce que l’on appelle la circulation thermohaline ou « tapis roulant », régulateur du climat…
Chacune de ces périodes de débâcles d’icebergs a été accompagnée d’« une diminution très nette de la ventilation profonde de l’Atlantique », donc de la circulation thermohaline, et d’un « refroidissement intense » de l’ordre de 5°C, note le climatologue Edouard Bard, même si le « tapis roulant » reprend peu à peu par la suite (1).
Un élémentaire principe de précaution voudrait que l’on vise un objectif de moins de 2°C. Mais qu’est-ce-que cela veut dire viser 1,5°C et non plus 2°C ?
Si l’on prend en compte l’hypothèse du scientifique James Lovelock d’une autorégulation de la Terre, cette capacité à créer un événement froid à partir d’un événement chaud pourrait témoigner d’une sorte de « soupape de sécurité » du système face à un réchauffement brutal, cette soupape n’étant évidemment pas sans conséquences sur les êtres vivants.
Les travaux des scientifiques effectués sur le passé de la Terre tendent également à prouver que le largage massif de méthane dans l’atmosphère peut jouer un rôle d’ « amplificateur de changement » et être à l’origine de perturbations majeures du climat (2), comme lors de l’extinction du Permien il y a 245 millions d’années, ou lors de la crise climatique de la fin du Paléocène il y a 55 millions d’années, crise qui a ensuite permis le développement des mammifères…. et au final de l’homme.
Mais la réalité scientifique que montre le rapport SED de la CCNUCC (3), c’est aussi que les chercheurs ne savent pas exactement à partir de quel moment, dans l’évolution de l’actuel réchauffement global dû à l’activité humaine, extrêmement rapide à l’échelle géologique, ce genre de basculement vers une évolution « non linéaire » devient inévitable du fait de l’inertie du système terrestre. C’est là que la « zone tampon » entre 1,5°C et 2°C prend toute son importance.
Dit autrement, un élémentaire principe de précaution voudrait que l’on vise un objectif de moins de 2°C. Mais qu’est-ce-que cela veut dire viser 1,5°C et non plus 2°C ? Selon ce rapport, les moyens nécessaires pour un scénario à 1,5°C sont les mêmes que pour un scénario à 2°C, mais ils doivent être déployées plus vite, et la demande d’énergie a besoin d’être réduite plus tôt, ce qui implique un coût plus élevé que pour le scénario à 2°C.
La décarbonation, c’est maintenant. Sinon, de plus en plus diront assez vite: maintenant, c’est trop tard !
En terme d’émissions de CO2 à ne pas dépasser, la réponse se trouve dans le dernier rapport de synthèse du GIEC (page 64). Pour avoir 66% de chances de limiter le réchauffement à +2°C, il ne faut plus émettre que 1000 milliards de tonnes de CO2 à partir de 2011. Pour avoir 50% de chances de limiter le réchauffement à + 1,5°C, il faut n’en émettre que 550 milliards de tonnes, presque deux fois moins (400 milliards de tonnes pour avoir 66% de chances de limiter le réchauffement à +1,5°C). Or, cela représente aujourd’hui moins de 10 ans de nos émissions actuelles, selon les calculs de l’organisme expert, The Carbon Brief.
Comme l’indique également le GIEC, les réserves prouvées de combustibles fossiles sont équivalentes à des émissions de CO2 allant de 3670 à 7100 milliards de tonnes.
Il faut donc laisser environ 90 % de ces combustibles fossiles sous terre pour avoir une chance sur deux de ne pas dépasser un réchauffement global de +1,5°C par rapport à l’époque pré-industrielle, c’est-à-dire un réchauffement de l’ordre de + 0,65°C par rapport à la situation de 2012 (+0,85°C).
Enfin, pour parvenir à l’objectif +2°C, il est actuellement prévu un pic des émissions dans les 10 ans, au moins – 50% d’émissions de gaz à effet de serre en 2050, une neutralité carbone entre 2055 et 2070, et zéro émission de gaz à effet de serre entre 2080 et 2100. Pour 1,5°C, ou plutôt pour être le plus près possible de 1,5°C, la gageure est donc d’avancer toutes ces échéances…
Ainsi, la baisse des émissions de gaz à effet de serre, c’est maintenant… la décarbonation c’est maintenant !
Sinon, on ne pourra très vite que dire: maintenant, c’est trop tard !
(1) L’Homme face au climat. Ouvrage écrit sous la direction d’Edouard Bard. Odile Jacob, collection Collège de France. (2) «Le méthane et le destin de la Terre. Les hydrates de méthane, rêche ou cauchemar ?». Gérard Lambert, Jérôme Chappellaz, Jean-Paul Foucher, Gilles Ramstein. EDP-Sciences. (3) Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques.
L’inertie du G7 prépare de nouveaux crimes climatiques ! Décryptage
Maxime Combes, Economiste, membre d’Attac France et de l’Aitec
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L’analyse de la déclaration du G7 est sans appel : le G7 fait du surplace par rapport au G8 de 2009, accentuant le fossé entre les discours et la réalité du chaos climatique. Loin de la décarbonation de l’économie mondiale, le G7 défend le business as usual et des politiques climaticides.
Les pays du G7 étaient attendus au tournant. Mis à l’index par des ONG (Oxfam, Greenpeace, Amis de la Terre etc) demandant aux pays du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada) de stopper leur soutien aux centrales au charbon, et invités par Angela Merkel, hôte du G7, à s’engager sur des objectifs ambitieux de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES), les pays du G7 ont envoyé un message clair au reste du monde : la lutte contre les dérèglements climatiques n’est pas une priorité absolue ! La recherche de la croissance et la défense du business as usual restent leur priorité. Au final, dans le meilleur des cas, le G8 fait du surplace en matière d’engagements pour le climat, tandis qu’il renouvelle son soutien à des politiques économiques et financières qui sont à l’origine de la crise climatique.
La déclaration finale du G7 fait dix-neuf pages en anglais (ici en anglais et ici en français). Voilà une première analyse qui porte principalement sur les parties consacrées au climat, mises en rapport avec les parties portant sur l’économie mondiale (commerce, finance, etc).
- En matière de climat, le G7 fait du surplace.
Certains vont sans doute se féliciter que les pays du G7 annoncent vouloir rester en deçà des 2°C de réchauffement climatique global et qu’ils reconnaissent la nécessité de réduire les émissions globales de 40 à 70 % d’ici à 2050 par rapport à 2010. Soit le strict minimum au regard des recommandations du GIEC. Ce serait oublier un peu vite que les pays du G8 (G7 + Russie) s’étaient déjà engagés en 2009 (G8 de L’Aquila – Italie) à ne pas dépasser les 2°C et à atteindre une réduction d’au moins 50 % des émissions mondiales d’ici à 2050 (voir la déclaration de l’époque). Rien de neuf donc dans la déclaration de 2015. Sauf qu’à l’époque, ils s’étaient également engagés à réduire de 80 %, ou plus, leurs propres émissions d’ici 2050. Aucune mention de cet objectif n’est présent dans la déclaration de cette année. Les pays du G7 ne se sont tout simplement pas fixés d’objectifs de réduction d’émissions pour 2050. Ni pour aucune autre date intermédiaire (2020, 2030, etc). C’est une régression par rapport à 2009.
Dans cette déclaration, le G7 se félicite des engagements pris par ses pays-membres pour la période post-2020. Ce que l’on appelle les contributions nationales, les INDC, dans le jargon des négociations. Etonnant quand on sait que les engagements des Etats-Unis sont très largement insuffisants (voir ici), tout comme ceux que le Japon et le Canada viennent de rendre public. De son côté, la copie rendue par l’Union européenne, bien que meilleure, est loin d’être à la hauteur des enjeux (voir ici). Bref, le G7 se félicite des contributions de ses membres qui conduisent la planète sur une tendance de réchauffement de 3 à 4°C. Pour être à la hauteur de l’objectif des 2°C que les pays du G7 disent vouloir respecter, chacune de leurs contributions nationales devrait être très largement revue à la hausse. Ce n’est pas le cas. Aucun ne le souhaite, ni pour la période prè-2020 ni pour celle qui suit. Le fossé entre les bonnes intentions et la réalité des émissions ne peut que s’accroître.
- Big Oil et Big Coal peuvent se frotter les mains
Les observateurs vont également se féliciter que la déclaration finale du G7 parle de décarbonation de l’économie. Certains le font déjà avec emphase puisque l’European Climate Foundation décrit cette déclaration comme « historique », signalant « la fin de l’âge des fossiles ». Un peu de sérieux est sans doute nécessaire. Les pays du G7 soulignent effectivement la nécessité d’une « décarbonation de l’économie mondiale au cours du siècle ». Est-ce un progrès ? Cela aurait pu en être un si une date limite et des objectifs intermédiaires avaient été fixés et si les pays du G7 s’étaient donné une feuille de route. Pour respecter les 2°C et atteindre la décarbonation de l’économie mondiale, cela suppose que les pays du G7 réduisent leurs émissions de près de 95% d’ici à 2050. Comme nous l’avons vu, les pays du G7 ne se sont pas fixés d’objectifs pour 2050. Pas plus qu’il n’y a d’objectifs intermédiaires. Quand ils parlent d’eux-mêmes, les pays du G7 n’évoquent plus la décarbonation, mais affirment qu’ils feront leur part pour aller vers « une économie mondiale sobre en carbone à long terme ». Difficile de faire plus vague et imprécis. La décarbonation (terme mentionné une seule fois) est donc un objectif sans calendrier de mise en œuvre : c’est un objectif qui flotte dans l’air et qui n’est rattaché à aucune feuille de route. Pendant les quatre-vingt cinq ans à venir, d’ici à la fin du siècle, Big Oil peut dormir tranquille et continuer à profiter de la bombe climatique sur laquelle il est assis.
Les ONG en sont pour leurs frais. Le G7 ne s’est bien-entendu pas engagé à sortir de l’ère du charbon, pas plus que de l’ère des fossiles. Mieux, le charbon n’est pas un problème pour les pays du G7 puisqu’ils ne l’évoquent même pas. Aucune mention dans la déclaration. Les énergies fossiles ? Guère mieux. Elles sont évoquées une fois pour annoncer que les subventions aux énergies fossiles doivent être supprimées. Un progrès ? Pas vraiment, puisque seules les subventions jugées « inefficaces » doivent l’être. C’est-à-dire les subventions qui gênent la bonne marche de l’économie mondiale. Que des subventions « efficaces » (la majeure partie sans doute) contribuent au réchauffement climatique ne pose aucun problème aux pays du G7. Rappel : les subventions aux énergies fossiles représentent près de 100 milliards de dollars pour les pays de l’OCDE. Le FMI les évalue lui à 10 millions d’euros par minute, pour l’ensemble des pays de la planète.
Avec les pays du G7, « l’ère des énergies fossiles » a de beaux jours devant elle et les multinationales pétrolières, gazières et charbonnières peuvent se frotter les mains : le G7 n’a pas prévu de réguler leurs activités climaticides (elles ne sont pas mentionnées de la déclaration). Bien-entendu, aucune mention n’est faite du processus de désinvestissement que connaît le secteur des énergies fossiles – sans doute l’une des initiatives les plus pertinentes et appropriées que l’on connaisse à l’heure actuelle – alors que des pays réellement convaincus de l’urgence climatique devraient promouvoir et renforcer cette dynamique. Pas les pays du G7.
- Les pays du G7 ne veulent pas payer ! Ils confient la tâche au secteur financier
Les pays du G7 sont responsables de plus de 50 % des émissions mondiales depuis la révolution industrielle. Ce qui revient à dire qu’ils sont largement responsables des dérèglements climatiques actuels (typhons, sécheresses, inondations, fonte des glaces etc) qui font déjà des milliers et des milliers de morts et dévastent des territoires entiers. Il était attendu qu’ils trouvent des solutions pour accroître les financements internationaux en matière de climat (mitigation, adaptation, pertes et dommages, etc). Résultat : aucun nouvel engagement en la matière. Ils sont d’ailleurs contents d’eux-mêmes, déclarant que « les financements climat se déploient déjà à des niveaux supérieurs ».
Si l’objectif des 100 milliards de dollars est mentionné, aucune feuille de route n’est fixée. Personne ne sait quand et comment ils seront disponibles alors qu’à peine 10 milliards, sur plusieurs années, ont été récoltés jusqu’à présent. Les pays du G7 appellent les banques de développement (Banque mondiale, etc) à « débloquer des financements climat ». Ces banques ont pourtant toujours financé des infrastructures et des programmes contraire à la lutte contre les dérèglements climatiques (centrales à charbon, etc). Ils en appellent également à la mobilisation du secteur privé, dont on sait qu’il ne finance pas ce qui n’est pas rentable : ceux qui n’ont pas les moyens de se protéger des conséquences du dérèglement climatique devront donc se débrouiller tous seuls. Non, pas tout à fait. Les pays du G7 ont aussi pensé à eux. Les pays du G7 s’engagent à ce que « 400 millions de personnes supplémentaires des pays les plus vulnérables aient accès à une assurance pour faire face aux conséquences des risques liés au changement climatique d’ici à 2020 ». Les assurances se frottent les mains. C’est à elles que les pays du G7 confient la survie des populations les plus vulnérables de la planète !
- La croissance à tout prix, et le business as usual, voilà l’objectif du G7
La déclaration fait dix-neuf pages (en anglais). La lutte contre les dérèglements climatiques est une priorité des pays du G7. La preuve ? Après un petit mot en introduction, le chapitre qui y est consacré, se trouve en page quatorze. Soit à la fin de la déclaration. Très loin des chapitres consacrés à l’économie mondiale, au commerce international, au système financier, etc. qui eux se trouvent en tête de déclaration. L’occurrence des termes est également frappante. La « croissance », dont on sait qu’elle est (souvent ? toujours ?) contradictoire à la lutte contre les dérèglements climatiques, est mentionnée à 20 reprises en moins de vingt pages, dans presque tous les chapitres. Le commerce international à une quinzaine de reprises. La crise climatique n’est réellement évoquée que dans le seul chapitre qui lui est consacré. Preuve que la crise climatique est une priorité secondaire pour les pays du G7.
Et sur le contenu ? L’ambition du pays du G7 est clairement de retrouver le chemin de la croissance économique. Pour ce faire, la déclaration expose en détail, par exemple, comment il faut généraliser les politiques de libéralisation du commerce et de l’investissement : les pays du G7 se félicitent du dernier accord au sein de l’OMC qui favorisent les multinationales au détriment des pays les plus faibles (voir ici) ; ils encouragent la poursuite des négociations sur le commerce des services (TISA) et sur le commerce des biens et services environnementaux ; sans oublier de mentionner les efforts menés pour finaliser les négociations du Ceta, du Tafta, du TPP, ou encore de l’EPA (UE-Japon). Tous les pays de la planète sont invités à faire de même. Plus de commerce international pour plus de croissance, voilà le message des pays du G7 au reste du monde. Il est hors de question de revenir sur les règles qui organisent le business as usual.
Or, comme nous l’avons expliqués dans d’autres papiers, la lutte contre les dérèglements climatiques est incompatible, si l’on souhaite être un peu sérieux sur la question, avec la poursuite de la libéralisation du commerce et de l’investissement. Les pays du G7 ne sont pas prêts à s’y résoudre. Ils s’engagent ainsi à poursuivre des politiques qui nous conduisent vers le chaos climatique.
Comme le dit Attac France dans son communiqué, « plutôt que de dépenser 200 millions d’euros pour se réunir dans un château surprotégé, il serait temps de créer un tribunal international pour juger les crimes climatiques. Nul doute que l’inaction irresponsable des dirigeants du G7 leur vaudrait une comparution immédiate ».
Martxan da klima aldaketa gelditzeko bira
Maddi Ane Txoperena Iribarren
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Besta giroan abiatu da Alternatiba bizikleta itzulia, Baionatik. Ingurumenaren egoeraz ohartarazi eta proiektuak bistaratzea dute xede
Klima aldaketaren arazoa larria dela jakitun, baina baikortasunez beterik. Halaxe abiatu da Alternatiba bizikleta itzulia Baionatik. Era berean iritsi nahiko lukete irailaren 26an Parisera: planeta berotzearen aurkako alternatibak eraikitzea posible dela erakutsiz. Gizartean sentsibilizazioa sustatu eta mugimendu ekologista indartzea baita, finean, 5.637 kilometroko luzera eta hiru hilabeteko iraupena izanen duen pirripita martxaren xedea. Horretarako, gurpil berdeen arrastoa utzi nahiko lukete bidean zeharkatuko dituzten herrietan.
Lehenbiziko pedal kolpea atzo eguerdian eman zuten hiru eta lau eserlekuko tandemetan, Baionan. Aitzinetik, hainbat ekitaldi egin zituzten klimaren problematikari lotuta: tartean, Euskal Herriko Eskubide Sozialen Kartak antolaturiko hitzaldia, zenbait ikuskizun eta eragile ekologista ugariren informazio postuak zein hitzartzeak.
Abenduan NBEk Parisen antolatuko duen COP21 konferentzia du jomugan, bereziki, Alternatiba itzuliak. Izan ere, orduan negoziatuko dituzte estatuek Lurra berotzearen aurka hartu beharreko neurriak, eta erabaki horietan eragin nahiko luke Alternatiba mugimenduak. Konferentziatik landa ere, ordea, ingurumenaren aldeko taldeak saretzea dute helburu. Ekologismotik haratago kokatzen diren borrokekin bat eginen dute, bestalde; errate baterako, langile mugimenduarekin edota Europaren eta AEBen artean negoziatzen ari diren TTIP akordioaren aurkakoekin.
«Herrixkak», erakusleiho
Klima aldaketaren aurkako proiektuak bistaratzeko asmoz, «alternatiba herrixkak» antolatzen ari dira, era berean, martxaren antolatzaileak. Gaur eginen dute, adibidez, Donostian, Antigua auzoan, eta ondoko hilabeteetan 60 «herrixkatik» gora antolatuko dituzte Europan barrena. COP21 konferentzia iraganen den egunetan eginen dute handiena, Parisen. Horietan guzietan klima aldaketaren aurka dauden tokiko ekinbideak erakutsiko dituzte, hala nola elikadura burujabetza edota kapitalismoaz haragoko eredu ekonomikoak bultzatzen dituzten proiektuak.