Articles du Vendredi : Sélection du 11 janvier 2019


Les émissions de CO2 en hausse aux Etats-Unis malgré la fermeture des centrales à charbon
Arnaud Leparmentier
www.lemonde.fr/planete/article/2019/01/09/les-emissions-de-co2-en-hausse-aux-etats-unis-malgre-la-fermeture-des-centrales-a-charbon_5406791_3244.html

Les émissions de carbone sont reparties en flèche aux Etats-Unis. Selon l’estimation provisoire du groupe de recherche Rhodium, elles ont progressé de 3,4 % en 2018. Il s’agit de la plus forte augmentation depuis vingt ans, après celle de 3,6 % de 2010, due au rebond post-récession.

Les fermetures de centrales à charbon ont pourtant été deux fois plus nombreuses en 2018 qu’en 2017 et elles produisent désormais moins de 30 % l’électricité américaine contre la moitié en 2007. Mais les centrales à gaz, qui émettent moins de CO2, ont pris le relais. Les nouvelles capacités installées dans cette énergie flexible et bon marché ont été deux fois supérieures à celles dans les énergies renouvelables.

Il s’agit d’une inversion de tendance – depuis 2005, les émissions ont baissé de 12,1 % aux Etats-Unis, au rythme de 1,6 % par an. Washington s’était engagé à réduire ses émissions de 17 % d’ici à 2020 (objectif de la conférence sur le climat, la COP, de Copenhague en 2009), puis de 26-28 % d’ici à 2025 (accord de Paris fin 2015, dont Donald Trump a annoncé en juin 2017 l’intention de Washington de s’en retirer).

Pour tenir ces objectifs par rapport à l’année de référence de 2005, il faudrait doubler les efforts. Comme l’explique Rhodium, les Etats-Unis étaient déjà hors des clous pour tenir les objectifs de Paris. En ce début 2019, le fossé se creuse encore plus.

Augmentation de la consommation de diesel et de kérosène

Le groupe Rhodium ne met pas tant en cause le recours au gaz que l’incapacité des Etats-Unis à décorréler croissance économique et croissance des émissions de CO2. Le pays ne réduit pas son intensité énergétique. La croissance extraordinaire de 2018 – sans doute supérieure à 3 % – a conduit à une augmentation considérable de la consommation de diesel et de kérosène, à cause du boom du transport routier et aérien.

Les maigres progrès dans l’automobile la légère amélioration de l’efficacité énergétique des véhicules a été compensée par la hausse des kilomètres parcourus – semblent dérisoires, voire compromis avec la mode des SUV et l’incapacité, pour l’instant, des véhicules électriques à décoller. Donald Trump ne va rien faire contre : l’agence de protection de l’environnement (EPA) veut alléger les objectifs de consommation énergétique des automobiles fixées par Barack Obama. Ces dernières avaient pour principal défaut de ne pas être réalistes au regard de l’engouement des consommateurs pour les gros véhicules dans un pays aux routes défoncées.

Surtout, le groupe Rhodium met l’accent sur deux secteurs négligés dans le débat public dans la lutte contre les gaz à effet de serre : l’habitat résidentiel et commercial, qui a vu sa consommation bondir de 10 % en 2018 – parce que l’hiver 2017 avait été clément et celui de 2018 froid.

Il n’empêche, l’Amérique continue de chauffer à fond pendant l’hiver et de climatiser à outrance pendant l’été. Second secteur oublié, pour reprendre l’expression de Rhodium, l’industrie qui a enregistré la plus forte croissance d’émissions de CO2 en 2018 : 5,7 %. Elle devrait devenir deuxième source d’émissions derrière les transports en Californie d’ici à 2020 et la première au Texas d’ici à 2022. La hausse des émissions de ces deux secteurs (industrie et bâtiment) a été en 2018 trois fois plus importante que celle des producteurs d’énergie.

La nature de l’homme : faire la guerre à la nature
Jean-Pierre Tuquoi
https://reporterre.net/La-nature-de-l-homme-faire-la-guerre-a-la-nature

Depuis trois millions d’années, explique Laurent Testot, dans « Cataclysmes », l’humanité fait la guerre à la nature. Mais, si l’homme est « une machine à tuer », il est aussi capable de coopération, qualité qu’il est plus que temps de mettre en branle.

Rendons grâce à la publication de Cataclysmes en format poche. Elle offre au critique l’occasion de se racheter et de parler d’un livre injustement passé sous silence dans ces colonnes à sa sortie en 2018. Car c’est un livre passionnant (couronné par l’Académie française), érudit mais fluide, ambitieux mais solidement étayé — comme on le dirait d’un bâtiment — que nous offre l’auteur, Laurent Testot, un journaliste davantage familier des revues de sciences humaines et d’histoire que de la rubrique sports ou faits divers [1].

Les relations entre l’homme et la nature constituent le fil conducteur de l’ouvrage, qui couvre plus de trois millions d’années, des premiers bipèdes à l’homme du XXIe siècle. La période est démesurée, vertigineuse, pleine de bruits et de fureurs. Les lieux sont infinis, instables, changeants. Pour éviter la noyade éditoriale autant que les raccourcis trompeurs, l’auteur a eu la sagesse de donner des coups de projecteur dans la grotte infinie du temps. Il en a sélectionné sept, pour leur caractère « révolutionnaire ». Ce sont autant de jalons qui permettent de faire le point, de raconter l’émergence et le triomphe d’Homo sapiens, de comprendre la domestication du chien et la place de l’éléphant dans l’histoire, de sauter du continent américain à l’Australie et des Aztèques aux aborigènes, de voir naître sous nos yeux des kyrielles de religions et d’école de pensée sur une période relativement brève, d’assister aux triomphes d’empires guerriers et à leur chute, de voir la végétation d’un continent changer du tout au tout sous l’influence des humains, de saisir les conséquences d’une modification brutale du climat au lendemain d’une éruption volcanique… L’histoire est saucissonnée mais globale.

« Nous sommes devenus les seigneurs du monde »

De ce voyage au long cours, qui s’appuie sur une bibliographie imposante (largement anglo-américaine), émergent deux constats clés. Le premier concerne le lien entre l’homme et la nature, les deux acteurs du livre. Depuis toujours, ces deux-là sont inséparables. L’un ne va pas sans l’autre. L’espèce humaine influence la nature autant que celle-ci pèse sur l’homme. Sauf qu’entre eux, il s’agit moins d’un mariage ou d’une cohabitation que d’un combat permanent. L’humanité « livre une guerre à la planète », écrit Laurent Testot qui, entre deux exemples, ajoute : « Nous avons dompté l’énergie sous forme de feu. Nous avons brûlé les couverts forestiers, détruit les grands animaux, colonisé et altéré tous les biotopes de la Terre (…) Nous sommes devenus les seigneurs du monde » avant de le domestiquer progressivement à notre seul profit.

Mais à quel prix, cette victoire ? Quel est le montant de la facture ? Et qui pour la payer ? « Tel Prométhée, écrit encore Testot, nous avons dompté le feu [avant de] découvrir qu’il nous dévore de l’intérieur. [L’Homme] a terrassé les épidémies, il vit mieux et plus longtemps. Mais il le paye de cancers, de diabètes et de maladies cardio-vasculaires, dont une bonne part est causée par les invisibles altérations qu’il a infligées à l’environnement. »

L’autre idée-force de l’ouvrage touche à la nature de l’homme. L’histoire longue témoigne qu’il est une « machine à tuer », conditionné pour « penser en termes offensifs », « un hyper prédateur [en] état permanent de belligérance » avec l’environnement. Mais, ajoute Testot, l’être humain n’est pas fait d’une seule pâte. Il également capable d’empathie, de compassion, et ce trait spécifique « nous permet d’opérer des miracles de coopération au point de briser les limites naturelles auxquelles le reste du vivant est soumis ».

C’est ce volet positif qu’il faut actionner pour réparer les dégâts commis à l’heure du réchauffement climatique, insiste Laurent Testot, en homme raisonnablement optimiste (ce que le titre de l’ouvrage ne laisse pas deviner). « L’homme doit se réveiller d’urgence, conclut-il. Il lui est encore possible de changer le regard qu’il porte sur le Monde, ce qui revient à mettre en cause sa nature même. Ne plus rêver d’amoralité, mais s’employer à donner la pleine mesure de son altruisme. L’étendre à toute l’humanité et aux animaux. »

 

Des salariés d’une centrale à charbon mènent l’une des premières grèves pour la transition écologique et sociale
Nolwenn Weiler
www.bastamag.net/centrale-charbon-greve-salaries-transition-ecologique-social-energetique-climat

Les travailleurs de la centrale à charbon de Cordemais, en Loire-atlantique, veulent donner une seconde vie à leur outil de travail. En grève depuis dix jours, ils demandent un moratoire sur la sortie du charbon programmée en 2022, pour avoir le temps de préparer la reconversion de leur usine. Le projet qu’ils peaufinent depuis trois ans, prévoit de produire de l’électricité à partir de pellets issus de rebuts de bois, collectés localement en déchèterie ou amenés par bateau depuis des ports proches. Ils se penchent aussi sur la manière de réduire au maximum les pollutions, cancérigènes notamment. Mais pour l’instant, le ministère de la Transition écologique et solidaire ne semble pas vouloir en entendre parler. Récit.

Avant d’être ministre, François de Rugy ne tarissait pas d’éloges sur le projet de conversion de la centrale à charbon de Cordemais, porté par ses salariés. Le député de Loire-Atlantique décrivait une « dynamique réellement positive » et soulignait qu’« une reconversion même partielle avec une échelle de production moindre serait bénéfique pour l’ensemble du territoire », dans un courrier adressé à son prédécesseur, Nicolas Hulot [1]. La délégation de salariés de la centrale qui s’est rendue au ministère ce 13 décembre pour solliciter une entrevue avec l’ancien député devenu ministre s’attendait logiquement à être la bienvenue. Ils ont vite déchanté face aux directeurs de cabinet qui les ont reçus.

François de Rugy « fait semblant de ne pas connaître le projet, il nous ignore. Nous nous sentons méprisés », ont réagi les salariés de la centrale, qui compte 400 agents EDF et 400 employés de sous-traitants. Il reste en France quatre centrales à charbon, dont deux appartiennent encore à l’électricien « historique » : le Havre, et Cordemais en Loire-Atlantique [2]. Voilà dix jours que les salariés de cette centrale sont en grève. Emmenés par une intersyndicale qui réunit la CGT, FO et la CFE-CGC (cadres), ils demandent un moratoire sur la sortie du charbon – dont la combustion est excessivement émettrice de CO2 – programmée en 2022, pour avoir le temps de préparer la transition de leur usine. Ils prévoient, à terme, de faire tourner cette dernière avec des pellets de bois, issus de rebuts récupérés en déchetterie. C’est pour négocier ce délai qu’ils étaient venus à Paris. Selon Gwénaël Plagne, délégué syndical CGT, les directeurs de cabinet ne veulent pas d’un moratoire, « mais se donnent malgré tout le temps d’étudier le projet ».

Transformer l’outil de travail plutôt que perdre son boulot

« Tout a commencé au moment de la COP 21, en décembre 2015 », se souviennent Jérôme, Vincent et Romain, trois agents EDF à Cordemais. Lors de cette 21ème conférence des Nations unies sur le changement climatique, la fermeture des centrales à charbon est annoncée comme prioritaire. « On avait 2035 en tête, et on a bien compris que cela allait arriver plus tôt », racontent-ils. Les agents EDF et leurs collègues sous-traitants refusent de voir leur outil de travail disparaître, et décident de plancher sur sa transformation. « On ne peut pas venir tous les jours au boulot et s’entendre dire que l’on va fermer, que l’on ne sert plus à rien », complète Gwénaël Plagne, délégué syndical CGT. « Notre directeur avait évoqué la biomasse, mais sans rien avancer de concret, reprend Romain, qui coordonne les travaux de maintenance au sein de la centrale. Au départ, je ne trouvais pas l’idée très intéressante. J’imaginais qu’il faudrait alimenter la centrale en coupant des arbres. Et comme elle est énorme, je ne voyais pas comment ce serait possible sans déforestation massive » (lire à ce sujet notre enquête : Le développement des centrales biomasse, un remède « pire que le mal » face au réchauffement climatique ?).

Dans le projet porté par les salariés de Cordemais, la ressource en bois proviendrait à 30% des résidus de taille de bois qui ne sont pas compostables, et dont les déchetteries ne savent que faire. Le gros de la ressource (70%) serait issu de ce que l’on appelle « le bois B », constitué des vieux meubles, portes de placards, escaliers et autres rebuts d’ameublement, qui ne sont plus récupérables. Ces rebuts sont enterrés « par millions de tonnes chaque année », assure Philippe Le Bévillon, ingénieur projet EDF d’Ecocombust – le nom donné à cette possible reconversion.

Le périmètre établi pour la collecte de la matière première s’étend à 200 km autour de la centrale. Le projet se base sur la quantité de pellets qui peuvent être produits à partir des gisements d’ores et déjà identifiés. « On a de quoi tourner 800 heures par an », expliquent les salariés. Contre 5000 actuellement. « On s’y retrouverait financièrement en réservant la production aux heures de pointe, au moment où le MW est vendu plus cher », détaille Gwénaël Plagne. Le coût du MW Ecocombust s’élève à environ 110 euros, contre 60 euros pour le MW produit à partir du charbon.

Pour en arriver là, les salariés ont dû batailler. Début 2016, dans la foulée de la COP21, ils mènent trois semaines de grève pour exiger qu’EDF libère des moyens humains et financiers pour travailler sur le projet. Ils obtiennent gain de cause. Une petite dizaine de personnes se met immédiatement à l’ouvrage : mécanicien, chaudronnier, électricien – le « cœur de métier » -, secondés par des gars de la logistique, de l’ingénierie et de la sécurité.

« On a tout pensé, testé, et construit ici. C’est super de bosser comme ça, pour nous-mêmes »

« Le prototype sur lequel ils travaillent ressemble à une grosse cocotte minute, décrit Jérôme, logisticien au sein de la centrale. On injecte de la vapeur à 300°C et 15 bars très rapidement. Cela permet d’éclater les fibres de bois et de chasser l’humidité. Le bois qui ressort devient hydrophobe. » Aux opérations de broyage qui permettent de réduire le bois en poussières aussi fines que le charbon, succède la confection de « pellets » (ou granulés) « dont le pouvoir calorifique est proche de celui du charbon », ajoute Philippe Le Bevillon. Ces résidus de bois transformés et densifiés s’appellent des black pellets. »

Une fois le prototype maîtrisé, des équipes plus étoffées se sont lancées dans l’élaboration d’un densificateur plus imposant. Dessiné par le service ingénierie, le dispositif a été construit par la filiale locale d’un grand groupe de chaudronnerie avec laquelle la centrale a l’habitude de travailler. Les sous-traitants coutumiers du montage d’échafaudages ont également été mis à contribution.

« On s’est mis en mode “projet” ou “arrêt de tranche”. Certaines personnes se consacrent à un projet tandis que d’autres gèrent les affaires courantes. On est habitués à fonctionner comme ça », décrit Jérôme qui souligne le fait qu’Ecocombust est un projet « made in Cordemais ». « On a tout pensé, testé, et construit ici. » « Entre les personnes dédiées et celles qui sont venues de temps à autre quand on avait besoin d’elles, presque tout le monde parmi les salariés, sous-traitants compris, a participé, affirme Vincent, un technicien maintenance. C’est super de bosser comme ça, pour nous-mêmes. »

Éliminer polluants et cancérigènes

Dix millions d’euros ont été avancés par EDF, dont la direction soutient clairement le projet, sans compter les heures de travail. La région Bretagne a également investi, via le financement d’une étude permettant d’identifier les gisements de déchets verts et de bois B. Des groupes de chercheurs allemands et polonais, plus calés en matière d’évolution des centrales à charbon vers la biomasse, ont été sollicités. « La participation active des travailleurs de la centrale, cela donne une grande efficacité, remarque Sébastien Bellomo. On a monté un projet industriel en 18 mois, alors qu’un bureau d’études aurait mis cinq ans. » Cet été, un essai avec 80 % de blacks pellets et 20 % de charbon a été réalisé, avec succès. Le prochain essai, avec 100 % de pellets, est programmé pour les premiers mois de 2019.

« On lève les doutes au fur et à mesure, se réjouit Vincent, précisant qu’il reste du boulot », notamment en ce qui concerne les volumes de pellets qui pourront être produits. L’Ademe a aussi demandé des précisions sur la qualité des fumées liées à la combustion des rebuts de bois B. L’agence veut s’assurer que l’on ne retrouve pas dans les fumées des traces des solvants, peintures et autres polluants dont les rebuts de bois sont lavés avant d’être transformés en pellets. Une équipe planchait sur le sujet pendant les premiers jours de la grève, la semaine dernière. Autre sujet à clarifier : la quantité de poussières de bois, très cancérigènes, que pourraient respirer les salariés.

Améliorer le bilan carbone grâce au transport maritime court

Se pose également la question de la pérennité de la ressource, au fil des années. Pour fonctionner 800 heures par an, tel qu’il est actuellement envisagé, il faut 160 000 tonnes de pellets. Et si la centrale veut tourner davantage, il faudra aller chercher du bois au delà des 200 km. « On pourrait élargir le périmètre de collecte, avance Sébastien Bellomo, représentant CGT. On travaille actuellement avec la section Ports et docks du syndicat pour voir comment on pourrait acheminer par bateaux des rebuts venant par exemple de Bordeaux, de la Rochelle ou de Saint-Nazaire, de façon à ne pas charger le bilan carbone du projet. » La centrale de Cordemais est située le long de la Loire.

Les salariés tiennent à un maximum de cohérence, pour assurer le succès de leur projet. « Si on prélève du bois en forêt pour alimenter la centrale (comme cela se fait actuellement pour d’autres centrales biomasse, ndlr), on est fichus », avance même Philippe Le Bévillon. La méthode semble pour le moment faire ses preuves. Un consensus politique semble se dégager autour du projet, contrairement à ce qui a pu être observé à Gardanne (Bouches-du-Rhône), où une unité de la centrale à charbon est déjà alimentée en biomasse. Là-bas, la centrale dépend à 50% de bois importé – actuellement d’Espagne et du Brésil – cela au moins pour les dix premières années. L’autre moitié est fournie « localement », dans un rayon de 250 km, par du bois de coupe forestière et du bois de recyclage (voir notre article ici).

L’association Virage énergie climat des Pays-de-la-Loire, qui planche depuis plusieurs années sur des scénarios de transition écologique à l’échelle régionale, émet quand même plusieurs réserves sur le projet. Côté emplois, d’abord, parce qu’aucun chiffre précis n’est jamais annoncé et que « en fonctionnant 800 heures au lieu de 5000, la centrale générera nécessairement moins d’emplois », avance Martin, membre actif de l’association. Virage énergie Climat déplore par ailleurs que les 2/3 du combustible soient gaspillés sous forme de chaleur, le rendement de la centrale de Cordemais avoisinant les 33% (comme toutes les centrales thermiques, ndlr). « Avec la cogénération, qui permet de récupérer la chaleur produite, on passe à un rendement de 90% », précise Martin [3]. L’association émet enfin de sérieux doutes sur le fait qu’aucun bois de forêt ne soit jamais utilisé.

Quelle place pour la centrale dans un nouveau mix énergétique ?

« On ne se bat pas pour le statut quo, et il n’y a pas de climato-sceptiques parmi nous, précise Damien Mouille, de la CFE-CGC. Mais nous pensons que les conditions ne sont pas réunies pour fermer la centrale tout en assurant la sécurité du réseau. » L’approvisionnement électrique des citoyens français fait partie des sujets importants pour nombre d’agents EDF. Seule source de production pilotable – contrairement aux énergies renouvelables, dont on ne maîtrise pas la production qui dépend de la force du vent ou du niveau d’ensoleillement – qui soit proche de la Bretagne, Cordemais permet de subvenir aux pics de demande hivernale dans l’ouest de la France.

Dans son dernier bilan prévisionnel, RTE (qui gère le réseaux de transport d’électricité) conditionne la fermeture de Cordemais au fonctionnement du nouveau réacteur nucléaire EPR de Flamanville et, dans une moindre mesure, à celui de la mise en service de la centrale à gaz de Landivisiau. On pourrait aussi imaginer diminuer les besoins, en lançant par exemple un véritable chantier d’isolement de l’habitat et de remplacement des chauffages électriques, dont de nombreux foyers bretons sont équipés.

« Qui peut honnêtement croire que l’EPR fonctionnera à pleine puissance en 2022 ? », interrogent les salariés ? Pas grand monde, il est vrai… Quant à la centrale à Gaz de Landivisiau, elle n’est pas encore construite et fait l’objet d’une très vive opposition. « Au ministère, jeudi dernier, ils ont admis avoir quelques doutes sur la sécurité d’approvisionnement du réseau électrique en cas de fermeture de Cordemais, souligne Gwénaël Plagne. Notre position est la suivante : tant qu’à rester au-delà de 2022, poussons le projet de reconversion de la centrale ». Stoppée hier soir à 21h, la grève devrait reprendre début janvier jusqu’à ce que les salariés obtiennent satisfaction.

Notes

[1] Courrier adressé à Nicolas Hulot le 18 juillet 2018, co-signé par Anne-France Brunet, Audrey Dufeu-Schubert et Sandrine Josso.

[2] Les deux autres, Gardanne dans le sud-est et Saint-Avold, en Moselle, appartiennent au groupe allemand Uniper.

[3] Un exemple de cogénération à Chartres ici

Jon Palais : « L’enjeu est la transformation collective, pas la transformation individuelle » (1/2)
Propos recueillis par Hervé Kempf et Émilie Massemin
https://reporterre.net/Jon-Palais-L-enjeu-est-la-transformation-collective-pas-la-transformation

Comment mener la bataille du climat ? La non-violence est-elle la meilleure méthode ? Quand tout va basculer, parviendra-t-on à orienter les choses vers la solidarité plutôt que vers les barbelés ? Ce sont les questions que pose Jon Palais, militant d’Alternatiba et d’ANV COP 21. Un entretien tourné vers l’action.

Reporterre – Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à l’écologie ?

Jon Palais – J’ai grandi à la campagne. Je me suis toujours senti bien au contact de la nature. A l’école primaire, j’avais le cahier Panini du WWF, avec des autocollants d’animaux : les mammifères, les oiseaux… et les animaux disparus, comme le dodo. C’est la première fois où je me suis dit qu’on faisait disparaître des espèces animales.

Il y a aussi eu Tchernobyl, en 1986. J’avais sept ans. Ma mère m’a dit que ce jour-là, je me promenais tout nu sur la plage. Personne n’avait été informé que le nuage radioactif passait. Dès les années 1980, les alertes étaient très fortes, même si l’écologie était marginalisée. On parlait du trou dans la couche d’ozone, de la déforestation, de pollutions toxiques, des signaux largement suffisants pour interroger notre mode de vie et la trajectoire qu’on prenait.

« J’avais le sentiment de quelque chose d’irrémédiable. J’ai toujours eu un sentiment de gravité. »

Ces informations sur les destructions en cours, les entendiez-vous à l’école, en famille ?

A l’école, pas tellement. En famille, je n’ai pas de souvenir particulier. C’est venu par les médias. Quand on est sensible à cette question, il suffit d’avoir une alerte pour la prendre au sérieux. J’ai toujours eu un sentiment de gravité prononcé. Dès le départ, j’avais le sentiment de quelque chose d’irrémédiable. Une forêt millénaire qu’on coupe, les disparitions d’espèces, c’est irrémédiable.

Votre entourage partageait-il ce sentiment de gravité ?

Non. L’écologie apparaissait comme quelque chose de marginal. Pour moi, une des premières images de l’alerte écologique est Greenpeace. Dans les années 1990, les écolos de Greenpeace étaient marginalisés.

Comment cette imprégnation est-elle devenue une préoccupation concrète ?

En vivant en ville, à Bordeaux et à Marseille, pour mes études puis pour travailler. Au départ, je travaillais dans l’audiovisuel, un métier qui nécessite d’être en ville. Mais c’était une souffrance pour moi d’y aller. J’avais toujours l’idée de revenir à la campagne.

Comment avez-vous choisi vos études ? Aviez-vous l’idée de travailler dans l’environnement ?

Quand j’étais tout petit, oui. Après, je n’ai pas tellement anticipé. J’aimais bien le dessin, j’ai donc fait du dessin. Et à partir des arts plastiques, je suis arrivé au cinéma, puis à l’audiovisuel. C’est une série de hasards. Deux événements à peu près simultanés ont créé un déclic. En 2006, j’ai croisé un recruteur de Greenpeace dans la rue et j’ai décidé d’adhérer. J’avais environ vingt-cinq ans, lu des livres et mieux décrypté le problème. Avoir une opinion ne suffisait plus. Greenpeace symbolisait pour moi une forme de radicalité : des actions directes non violentes, où l’on s’interpose, où l’on est directement à l’endroit du problème.

Au même moment, j’ai vu le film de Richard Attenborough sur Gandhi. Ce fut pour moi le premier choc de compréhension de ce qu’est l’action non-violente. J’étais allé à Greenpeace sans savoir qu’ils sont non-violents. C’est après que j’ai découvert à quel point c’est une valeur fondamentale chez eux. A Greenpeace, j’ai participé à beaucoup d’actions qui m’ont permis d’acquérir des expériences de non-violence.

Quel type d’actions ?

Bloquer des trains de déchets radioactifs, entrer dans des centrales nucléaires… Une action qui m’a marqué a été le déversement de charbon devant le ministère. C’était en 2008, Jean-Louis Borloo était ministre de l’Écologie. On a déversé du charbon devant l’entrée et on s’est mis sur le tas avec des systèmes de blocage. Quand les policiers sont arrivés, il y a eu un long face-à-face. Nous étions une dizaine en ligne sur notre tas de charbon. Les policiers étaient en rang.

« Quand les policiers sont arrivés, il y a eu un long face-à-face. »

On portait des masques à poussière, pour mettre en scène le fait que le charbon est sale. Ça a eu un effet imprévu. Le face-à-face s’est transformé en combat de regards. Normalement, dans ce type d’action, quand on ne peut pas parler aux gens à qui on fait face, on essaie d’avoir un contact visuel. Mais avec le masque, c’était compliqué parce que mon visage était coupé en deux. J’en voyais un ricaner, chuchoter à son collègue. On sentait qu’ils se disaient : « Ils vont voir ce qu’ils vont voir ».

Pourquoi essayiez-vous d’établir un dialogue avec eux ?

Cette action n’était pas contre les policiers. Ils ne sont pas le problème. Par contre, on va être en confrontation avec eux vu que leur boulot est de rétablir l’ordre qu’on perturbe. Nous devons désamorcer ça, décaler les choses pour qu’ils ne nous perçoivent pas comme LE problème.

Quand ils ont reçu l’ordre de nous sortir, ils nous ont couru dessus alors qu’ils étaient à cinq mètres. Ils se sont cassés la figure sur nous parce que les bouts de charbon étaient ronds et qu’ils étaient arrivés en tenue anti-émeute alors que nous étions attachés ! Ça m’a fait glisser en arrière, ça devenait dangereux parce que j’avais les bras coincés dans les tubes en métal. J’ai dit : « Attention à nos bras, on est attachés, vous risquez de nous blesser. » L’un d’eux a éclaté de rire et a dit un truc du style, « c’est le pompon ». Globalement, l’idée c’était : « Déjà qu’ils bloquent et en plus il faudrait faire attention à eux ! » Alors que si, bien sûr ! Ce n’est pas parce que on désobéit qu’on n’a plus aucun droit !

On a continué de parler avec eux. Au début, ils ne nous écoutaient pas. Ils essayaient d’enlever nos bras. Ils ont vu qu’ils ne comprenaient pas le système, ils ont fini par écouter ce qu’on leur disait. On leur a expliqué qu’on ne leur dirait pas le système de blocage, parce qu’on voulait rester là le plus longtemps possible, tant qu’on n’avait pas de réponse du ministère. Une sorte de dialogue s’est installé. Ils ne l’ont pas mal pris, du moment qu’on expliquait ce qu’on faisait sans agressivité à leur égard.

Comme les tubes en métal étaient trop compliqués à défaire pour eux, ils ont voulu nous porter tous en même temps jusqu’au bus de police. Leur chef faisait super attention à nous, il n’arrêtait pas de dire « attention, lui, son bras plus haut, ne leur faites pas mal ». Il y avait eu un retournement de situation : ils étaient arrivés en nous voyant comme leurs ennemis et ça s’est terminé par une forme de coopération. On n’allait pas les aider à nous déloger, mais on n’allait pas non plus se débattre, on n’allait pas les taper. Une fois qu’ils ont compris ça, ils se sont donnés pour objectif de ne pas nous blesser.

« Le climat conditionne tellement les autres batailles
qu’il s’agit d’un axe central. Pas plus important, mais central et global. »

Comment êtes-vous passé de Greenpeace à Alternatiba ?

Je déménageais souvent. Quand je suis retourné vivre au sud des Landes, à la frontière du Pays basque, début 2011, il n’y avait pas de groupe local de Greenpeace. J’ai découvert Bizi sur internet, c’était l’association qui ressemblait le plus à Greenpeace. Je l’ai donc rejointe. A Greenpeace, je voyais le climat comme une campagne comme les autres. A Bizi, le sentiment d’urgence est beaucoup plus vif. L’ADN de Bizi, c’est l’écologie et la justice sociale, et le lien entre le local et le global. J’y ai pris conscience que le climat conditionne tellement les autres batailles qu’il s’agit d’un axe central. Pas plus important, mais central et global. A travers le climat, on peut militer sur plein d’autres choses.

A ce moment, il n’y avait plus de mobilisation citoyenne pour le climat. Elle était retombée après la conférence sur le climat de Copenhague en 2009. Bizi est né de la mobilisation à Copenhague, dans l’optique de traduire ce message global sur des chantiers locaux. Par exemple, à travers une politique de transports collectifs, de pistes cyclables, de monnaie locale. Dans une logique altermondialiste où l’on fait partie d’un mouvement global. Sauf qu’en 2012, il n’y avait plus de mouvement global ! Réussir la transition au Pays basque, si elle n’est pas réussie ailleurs, n’avait aucun sens.

On s’est dit qu’il manquait une stratégie globale. On a posé la question aux Amis de la Terre, à Attac, au Réseau action climat, à Greenpeace. Ils ont répondu que non, il n’y avait pas de stratégie (rires).

Il fallait construire quelque chose qui continuerait quels que soient les résultats de la COP de 2015 à Paris. Il y avait quelque chose à rectifier par rapport à Copenhague, où l’idée dominante avait été de manifester et de s’en remettre à la décision des politiques. Ce qui explique l’énorme déception après. Alternatiba est né de cette réflexion. Le village des alternatives a été conçu comme un déclencheur de ce mouvement. Et ça a fonctionné. Je me suis occupé de ce village des alternatives avec d’autres personnes. Puis trois, quatre, cinq groupes ont commencé à organiser leurs propres villages des alternatives à Nantes, Lille, Bordeaux. Un réseau était en train de naître.

Comment s’est passée la bascule de Greenpeace, où vous faisiez des actions de dénonciation, à Alternatiba qui met en avant des alternatives ?

Concernant Greenpeace, il faut nuancer : leur slogan était déjà « les solutions existent ». A chaque fois qu’ils dénoncent, ils ont une expertise et une contre-proposition. Mais il est vrai qu’historiquement, ils se sont construits sur l’alerte. Alternatiba a répondu à une attente très forte. Les gens étaient tétanisés, rongés par les mauvaises nouvelles. Alternatiba leur a porté un message extrêmement positif qui a permis à beaucoup de commencer à s’engager. Mais moi, je n’avais connu aucun changement intérieur. C’étaient des choix stratégiques. Je choisis mes cibles en fonction de critères stratégiques, pas par passion.

Quels soubassements intellectuels, quels livres ont nourri votre réflexion ?

C’est en agissant avec Greenpeace que j’ai commencé à me poser des questions de stratégie. A Greenpeace, un gros travail d’expertise sur les campagnes est mené, mais aussi un travail de stratégie. Il y a des actions que l’on peut réussir d’un point de vue technique, et qui n’ont pas d’effet politique. Par exemple, un jour, on a bloqué le chantier de l’EPR de Flamanville. Juste après le début du blocage, une nouvelle est tombée : la mort de Ben Laden. Notre action ne servait à rien ! Pourtant, on avait réussi à tout bloquer. Certes, c’est le genre d’événements qu’on ne peut pas anticiper. Mais une action menée le mauvais jour n’est pas stratégique.

Exemple inverse : on voulait bloquer des trains de déchets nucléaires à la frontière belgo-néerlandaise. Mais les policiers étaient au courant, il y en avait partout, et on n’avait pas eu le temps de se verrouiller qu’ils nous embarquaient déjà. Les trains de déchets nucléaires sont passés tranquillement. Sauf qu’on a eu écho médiatique très important et très favorable en Belgique. Voilà donc une action ratée qui, stratégiquement, avait réussi.

Comme on n’est qu’une poignée d’activistes et que la nature est attaquée de partout, il faut viser juste. On ne peut pas se permettre de faire des actions qui ratent, ou de mettre vachement d’énergie sur des objectifs qui ne sont pas les bons.

J’ai étudié Gandhi, Martin Luther King et Srdja Popovic. Il y a un site internet, Canvasopedia, plein de ressources sur la stratégie non-violente. J’ai aussi été inspiré par le mouvement des étudiants serbes Otpor, l’étincelle qui a conduit à l’arrestation de Slobodan Milosevic. Ils ont appliqué les théories de Gene Sharp, qui a beaucoup théorisé la stratégie non violente et écarte de son analyse les arguments moraux – à la différence de Gandhi ou Martin Luther King. Otpor les a appliqués avec succès et reformulés sous la forme d’un manuel, La lutte non-violente en cinquante points. (…) Partie (2/2) :  vendredi 18/01/2019.

 

 

Berotze globala azkartzen ari da
Iñaki Petxarroman
www.berria.eus/paperekoa/1914/010/001/2019-01-10/berotze_globala_azkartzen_ari_da.htm

Azken lau urteak beroenak izan dira neurketak egiten direnetik. Tenperatura beroenetan laugarrena izan da 2018ko batez bestekoa, eta atmosferako berotegi efektuko gasen pilaketak handitzen jarraitzen du. Europako Copernicus programaren datuek berretsi egin dute berotze globalaren bizkortzea.

Amaitu berri den urtea urterik beroenetan laugarrena izan da. Horrela, azken urteotan nabarmentzen ari den joera berretsi dute Europako Batasuneko Copernicus Climate Change Servicek (C3S) eman berri dituen datuek. Airearen tenperatura 14,7 gradukoa izan zen batez beste munduan, soilik 0,2 gradu hotzagoa 2016koa baino. Urte hori orain arte neurtutako beroena izan zen.

Horiek horrela, azken lau urteak erregistratuta dauden beroenak izan dira. Azken bost urteotako batez besteko tenperatura 1,1 gradu beroagoa izan da industria aurrekoa baino; betiere, Klima Aldaketari Buruzko Gobernu Arteko Taldeak (IPCC) zehaztuak dituen datuak oinarritzat hartuta. C3Sk emandako datuak, beraz, bat datoz Munduko Meteorologia Erakundeak (MME) abenduan aurreratu zituen proiekzioekin.

1981-2010 aldiarekin konparatuta, 0,4 gradu beroagoa izan da 2018a munduan, eta, Europari dagokionez, 0,1 gradu hotzagoa izan da tenperatura orain arteko bi urterik beroenetan baino —2014 eta 2015—. Copernicus programaren C3S zerbitzuak adierazle klimatikoen inguruko kalitatezko datuak eta datu sailak ematen ditu etengabe: aire azalerako tenperatura, itsas izotzaren azalaren egoera eta prezipitazio kantitatea. Jean-Noel Thepaut zerbitzuko buruaren hitzetan, «oso urte beroa» izan da 2018a: «Gertaera klimatiko dramatikoak izan ditugu. Aipagarriak dira Europaren zati handi batean izandako uda bero eta lehorra, eta eskualde artikoetan nozitutako tenperatura igoerak. Horiek guztiak alarma jotzeko moduko seinaleak dira guretzat. Elkarlanean eta ahaleginak biderkatuz bakarrik lortuko dugu aurrerapen bat egitea eta gure planeta gordetzea hurrengo belaunaldientzat».

Copernicusen mapak erakusten du tenperaturaren igoera orokorra. Alabaina, badira berotze prozesua azkarrago jasaten ari diren zenbait eskualde, bereziki Artikoan, eta, zehazki, Bering itsasartean —AEBen eta Errusiaren artean— eta Svalbard uhartedian (Norvegia). Munduko ia inguru guztietan izan zituzten ohi baino tenperatura beroagoak, bereziki Europan, Ekialde Hurbilean eta AEBetako mendebaldean. Aldiz, Ipar Amerikako ipar ekialdean eta Errusia eta Asiako erdialdeko eskualde batzuetan batezbestekotik beherako tenperaturak izan zituzten.

Poloetako egoera bereziki larria da, bertan pilatzen baita munduko izotz gehiena. Egunotan jakinarazi dute adituek Antartikaren izotz hedadura —urtarrilaren 1eko datarekin— inoizko txikiena izan dela aurten. Hain zuzen ere, 5,47 milioi kilometro koadroko hedadura neurtu dute, azken 40 urteetako txikiena. 1981-2010 aldiko batez besteko hedadurarekin alderatuz, %26 txikiagoa da hedadura hori. Azken asteotan ezohiko tenperatura altuak izan dira Antartikan, eta horrek eragin du neurri handi batean izotz galera. Hego poloaren egoera konplexua da, adituen arabera, eta, duela lau urtera arte, batezbesteko historikoaren gainetik izan da izotz azaleraren hedadura. 2017tik, baina, gutxitzen ari da urtero, Artikoan bezala, eta batezbestekoaren azpiko datuak izan dira geroztik.

Copernicus Lurraren behaketa egiteko Europako Batasunak daukan programa nagusia da. Informazio eta datu bildumak eskaintzen ditu ingurumen gaien inguruan. Copernicusen Klima Aldaketarako Zerbitzuak (C3S) Epe Ertaineko Aurreikuspen Meteorologikoetako Europako Zentroaren (ECMWF) datuekin osatzen ditu bere bildumak.

 

ECMWF gobernu arteko erakunde independente bat da, eta datuak helarazten dizkie 34 estatu kideei. C3S sistema operatibo bat da, egunero lurreko, itsasoko, aireko eta sateliteko milioika behaketa prozesatzen dituena. Sistema matematiko bat erabiltzen du horiek denak biltzeko, eguraldi aurreikuspenak egiteko erabiltzen direnek bezala. Erabiltzaileek tokian tokiko eta unean uneko tenperaturari buruzko datuak aurki ditzakete, baita poloetako eskualdeetakoak ere. Haren datu bildumek osatzen dituzte epe ertain-luzerako erabiltzen diren beste batzuk. Datu horien konbinazioak irudi oso eta fidagarria eskaintzen du. Analisi horretatik ondorioztatu dute zientzialariek lurraren aire azalerako tenperatura 0,1 gradu berotu dela batez beste bosturteko bakoitzean 1970etik hona, eta lurraren tenperatura 1,1 gradu beroagoa dela industria aurreko garaian baino.

Munduko Meteorologia Erakundeak datu horiek erabiliko ditu 2018ko klimari buruzko txostena egiteko. Martxoan argitaratuko du, eta adituek espero dute C3Sk aurreratu dituen datuak berrestea.

CO2 pilaketa, handitzen

Bestalde, Copernicusek atzeman duenez, berriz ere handitu egin da atmosferako CO2 pilaketa. Aire zutabe baten CO2a neurtzen du, lurreko azaleratik estratosferaraino. Hain zuzen ere, lurretik gertuko CO2 metaketa handiagoa da goiko geruzetan baino, eta, horregatik, satelitez behatutako guneetakoak eta azalerakoak antzekoak izaten dira, baina ez guztiz berdinak. 2018ko hazkundea urteko 2,5+/-0,8 milioiko partekoa (ppm) izan da, C3Sren arabera. 2017koa baino handiagoa izan da hazkundea, beraz, 2,1 +/-0,5 partekoa izan baitzen orduan. Guztira, 406,7 partekoa da berotegi efektuko gasen kontzentrazioa atmosferan gaur egun.
Horren harira, herenegun AEBetako Rhodium Group ikerketa taldeak publikatu zuen azterlan baten arabera, herrialde horretako berotegi efektuko gas isurketen iazko hazkundea azken urteotako handiena izan da: %3,4koa, hain zuzen ere. Hala, herrialde horrek Parisko Akordioan hartutako konpromisoak nekez beteko dituela erakusten dute datuek, are eta gutxiago Donald Trump presidente berria akordio horretatik aldendu zenetik. Hain zuzen ere, AEBek Parisko Akordioan konpromisoa hartu zuten 2025erako berotegi efektuko gasen isurketa %26 gutxitzeko, 2005ekoaren aldean. Hala balitz, hurrengo zazpi urteetan, batez beste, %2,6 gutxitu beharko lituzkete isurketak.

Txostenaren arabera, bereziki jarduera ekonomikoaren ondorioz ugaritu dira isurketak AEBetan: salgaien garraioa modu nabarmenean handitu delako eta hegazkin bidezko bidaiak gehiago izan direlako. Hala, diesela %3 gehiago erabili zen aurreko urtean baino. Hain justu ere, garraioa izan da, hirugarren urtez jarraian, CO2 gehien isuri duen sektorea AEBetan.

Neguko hotzaldiek eta udako bero handiek ere energiaren eskaera handiarazi dute zenbait eskualdetan, eta horrek ere zerikusia izan du isurketen ugaritzearekin. Nolanahi ere, Donald Trumpek ikatzaren eskaria bizkortzeko egindako ahaleginek ez dute arrakastarik izan, oraingoz. Trumpek bertan behera utzi zuen Energia Garbiaren Plana. Txosten horrek karbono isurketak murriztera behartzen zituen estatuak, Parisko Akordioaren helburuak betetzeko.

Alabaina, AEBetako egoera ez da salbuespena. Izan ere, munduan ere %2,7 handitu zen berotegi efektuko gasen isurketa iaz, bigarren urtez jarraian: 37,1 gigatonako isurketa gertatu zen planeta osoan, sekula baino gehiago. 2014tik 2016ra eten egin zen hazkunde hori, eta adituek baikortzat jo zuten datu hori, baina azken bi urteotako datuek frogatu dute joera horrek ez duela jarraipenik, Parisen estatuek horretarako konpromisoa hartu bazuten ere.

Bestalde, AEBetako Zientzietako Akademia Nazionalak egindako ikerketa baten arabera, itsasoetako berotzea urteko energia kontsumoa baino mila aldiz handiagoa da. Zientzialarien arabera, 1871tik hona 436 x 1.021 jouleko berotzea izan dute ozeanoek. Hain zuzen ere, ikerketaren egileen arabera, lan horren bidez are gertuago daude itsasoen berotzea nola gertatzen ari den jakitetik. «Lehenengo urrats bat besterik ez da», adierazi du Laure Zanna ikerketa gidatu duen fisikariak.