Hollywood en feu : les ultrariches découvrent la crise climatique
Erwan Manac’h
https://reporterre.net/Hollywood-en-feu-les-ultrariches-decouvrent-la-crise-climatique
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Les flammes qui ravagent les quartiers de stars, en banlieue de Los Angeles, provoquent une onde de choc dont la portée symbolique est colossale.
Ce sont certaines des maisons les plus chères des États-Unis qui sont parties en flammes, dans les incendies qui ravagent depuis le 7 janvier les abords de Los Angeles. Le quartier huppé de Pacific Palisades, qui héberge de nombreuses célébrités, a été ravagé par les flammes et le feu s’est attaqué aux collines de Hollywood, à quelques centaines de mètres du célèbre Hollywood Boulevard.
Parmi les stars touchées, Læticia Hallyday, qui a vu sa maison « partir en cendre », ou encore Paris Hilton, qui déclare avoir vu sa maison « brûler en direct à la télévision : c’est quelque chose que personne ne devrait jamais avoir à vivre ».
« Le feu révèle les vulnérabilités du monde dans lequel nous sommes plongés aujourd’hui. Alors que l’argent et la célébrité peuvent entretenir une forme de déni et l’illusion d’invulnérabilité », analyse Joëlle Zask, philosophe et autrice de Quand la forêt brûle (éd. Premier Parallèle, 2019).
La symbolique, renforcée par les images spectaculaires de la catastrophe, ne doit pas effacer le bilan déjà lourd : dix morts et 180 000 personnes évacuées. Mais elle a de quoi créer une onde de choc.
Urbanisme insouciant et opportuniste
Les mégafeux ne sont pas nouveaux en Californie, y compris dans les quartiers les plus bling-bling. Les « tempêtes de feu » portées par les vents dits de Santa Ana, secs et puissants qui descendent des montagnes vers la côte en Californie du Sud, ont marqué l’histoire de la région. Elles ont détruit 403 maisons, dont un ranch appartenant au gouverneur Reagan, en septembre 1970. Ou plus récemment, en 2018, causé l’incendie le plus meurtrier de l’histoire de la Californie (85 morts, 11 disparus et 13 500 maisons détruites) dans la ville de Paradise.
La ville de Malibu, proche du sinistre actuel, « a été définie par le feu dans l’imaginaire étasunien, tout au long du XIXe siècle et jusqu’à aujourd’hui », écrit l’historien étasunien Mike Davis, dans un texte daté de 1998 particulièrement éclairant sur la genèse de la catastrophe actuelle. L’auteur décrit comment les plus riches, notamment grâce au soutien public aux sinistrés, ont profité des incendies pour accroître leur emprise sur la « ceinture de feu » qui aurait dû être préservée des constructions pour prévenir les dégâts futurs. Et comment la protection de leurs villas mobilise une « armée de pompiers » alors que les quartiers populaires apparaissent démunis et enregistrent les plus lourdes pertes.
Malgré les incendies de 1978, 1982 et 1985, « les nouveaux riches de Malibu ont construit de plus en plus haut dans les montagnes, sans se soucier des conséquences inévitables des incendies », écrit Mike Davis.
La catastrophe est également symbole de la perte de la « culture du feu » dans les pays riches, estime Joëlle Zask. « Dans les pays pauvres, la forêt est davantage habitée et entretenue pour prévenir les incendies. À l’inverse, les plus riches qui vivent dans des régions comme la Californie y habitent un peu comme des touristes qui visitent un pays. Ils l’occupent, mais ils ne s’en occupent pas », observe la philosophe.
Symbole d’une impasse du « capitalisme vert »
Ironie de l’histoire, l’État de Californie a été, de par sa vulnérabilité et l’importance de sa contre-culture, un des berceaux du mouvement écologiste aux États-Unis. « Cette histoire a positionné la Californie un peu à la pointe en termes de politique climatique, avec un positionnement favorable à un “capitalisme vert” », retrace Édouard Morena, chercheur en sciences politiques à l’université de Londres et auteur de Fin du monde et petits fours.
L’ex-maire de Los Angeles, Éric Garcetti, a d’ailleurs présidé le réseau international de villes actives sur le climat, C40, entre 2019 et 2021. « L’actualité est donc également, d’une certaine manière, symbolique de l’impasse de ces politiques », juge Édouard Morena.
Par sûr, néanmoins, que cette catastrophe accélère l’évolution des consciences. « Il y a déjà eu beaucoup d’alertes dans les pays riches. Les feux se sont rapprochés des grandes capitales comme Sydney [Australie] ou Washington [États-Unis] et l’idée qu’ils puissent être un jour incontrôlables progresse, rappelle Joëlle Zask. Ça ne génère pas de changement à grande échelle. Nous désignons des coupables, au lieu de voir que ces mégafeux sont dus à une pluralité de facteurs. »
C’est ce qu’a fait Donald Trump sans attendre la fin du brasier, en affirmant que la Californie manquait d’eau à cause des politiques environnementales démocrates qui détourneraient l’eau de pluie pour protéger un « poisson inutile ». Un réflexe là aussi symbolique du moment politique que traversent les États-Unis, alors que Donald Trump doit être investi président le 20 janvier et promet de saper les politiques de lutte contre le changement climatique.
« L’ampleur du feu n’a d’égale que l’ampleur du déni de Donald Trump et d’Elon Musk, réagit Joëlle Zask. Nous constatons sous nos yeux que le monde qu’ils sont en train de préparer, avec la brutalité qu’on leur connaît, est un monde qui brûle. »
Yanis Varoufakis, ancien ministre des finances grec : « Les géants de la Big Tech se sont installés dans le bureau Ovale »
Yanis Varoufakis , Ancien ministre des finances grec
www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/03/yanis-varoufakis-ancien-ministre-des-finances-grec-les-geants-de-la-big-tech-sont-prets-a-profiter-du-second-mandat-trump_6479573_3234.html
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En échange de millions de dollars injectées dans la campagne de Donald Trump, les milliardaires de l’industrie technologique vont recevoir des cadeaux incroyables : contrats publics, élimination de garde-fous réglementaires et un pouvoir de négociation immense, s’alarme, dans une tribune au « Monde », l’ancien ministre des finances grec.
Comment la richesse parvient-elle à persuader les pauvres d’utiliser leur liberté politique pour la maintenir au pouvoir ? En posant cette question lumineuse en 1952, le travailliste gallois Aneurin Bevan a mis le doigt sur le plus grand paradoxe de la démocratie libérale. A l’ère d’Elon Musk, Peter Thiel, J. D. Vance et leurs pairs de la Big Tech, l’absurdité exposée par ce paradoxe de Bevan est devenue encore plus criante.
Observer la conspiration élaborée de la « broligarchie » émergente [de « bro », diminutif de brother, frère, et oligarchie. La broligarchie désigne le groupe de milliardaires masculins qui, animés par une idéologie toxique, entoure le projet trumpiste] en vue de tirer autant de richesse et de pouvoir que possible du second mandat de Donald Trump donne légitimement la nausée. Ayant accumulé des fortunes colossales grâce aux marchés publics et militaires, tout en s’efforçant sans relâche de démanteler les programmes gouvernementaux offrant une maigre protection aux pauvres, ces hommes se sont regroupés à Mar-a-Lago, en Floride, pour baiser la bague de Donald Trump et se préparer à exercer directement le pouvoir gouvernemental.
De leur point de vue, le marché qu’ils ont conclu avec le président élu est une opération formidable, avec un taux de retour sur investissement inégalé. Pour quelques centaines de millions de dollars investies dans la réélection de Trump, ils ont amassé, quelques minutes après sa victoire, un surcroît de richesses se chiffrant en centaines de milliards ! La valeur de Palantir, le groupe de Peter Thiel, a grimpé de 23 %, tandis que l’action de Tesla, d’Elon Musk, a bondi de 40 %, pour atteindre une capitalisation boursière supérieure à celle des quinze plus grands fabricants automobiles mondiaux réunis.
Un pouvoir exorbitant
En échange de quelques miettes tirées de leur fortune, cette fraternité de Big Tech est en train de recevoir trois cadeaux extraordinaires : d’énormes contrats publics ; l’élimination des garde-fous réglementaires contre les dangers de leurs méthodes et de leurs produits – véhicules autonomes, « bots » et drones pilotés par une intelligence artificielle (IA) incontrôlée, augmentation massive de la consommation d’électricité ; enfin, un pouvoir de négociation immense, légitimé par l’Etat, dans leurs échanges avec les travailleurs, fournisseurs, concurrents et le reste d’entre nous.
Ces milliardaires de la tech ont aussi des ambitions plus larges et inquiétantes. Le livre préféré de Thiel est, dit-on, The Sovereign Individual. Mastering the Transition to the Information Age (« l’individu souverain. Maîtriser le passage à l’ère de l’information », Touchstone, non traduit), publié en 1997. Ses auteurs, James Dale Davidson et William Rees-Mogg, comparent sans la moindre ironie les ultrariches aux dieux olympiens, avant d’expliquer que leur domination du monde est normale et juste. « Doté de ressources infiniment plus grandes et échappant à de nombreuses contraintes, l’individu souverain redessinera les gouvernements et reconfigurera les économies », proclament-ils. Quant à Thiel lui-même, il explique qu’il aime ce mauvais livre parce qu’il offre une prédiction « exacte » d’un « futur qui n’inclut pas les Etats puissants qui nous gouvernent aujourd’hui ».
Ce qu’il oublie de mentionner, bien sûr, c’est que dans le futur dont il rêve, le pouvoir exorbitant n’aura pas disparu : il sera monopolisé par des hommes comme lui. Au moins est-il assez honnête pour reconnaître que sa version de la liberté est incompatible avec la démocratie.
Mais tout cela est-il vraiment nouveau ? Aussi répréhensibles que puissent être les pratiques et les convictions des « broligarques », ne sont-elles pas la énième incarnation d’un mal ancien ? Après que George W. Bush a violé la convention de Genève, voire la Constitution américaine, pour légaliser la torture sans fin à Guantanamo, mes amis américains ont pleuré la perte de l’innocence de l’Amérique. Mais cette innocence n’a-t-elle pas été perdue bien avant ? A l’époque de la guerre de Sécession ? De la guerre hispano-américaine ? De la Prohibition ? De Hiroshima ? Du maccarthysme ? Du Vietnam ? Des assassinats des Kennedy, de Martin Luther King et de Malcolm X ? Des attentats d’Oklahoma City ? Ne sommes-nous pas aujourd’hui de nouveau très naïfs en nous étonnant de voir une poignée d’oligarques franchir la porte tournante entre « big business » et gouvernement ?
A bien des égards, nous avons déjà vu tout cela. John D. Rockefeller (1839-1937), l’un des premiers barons voleurs d’Amérique, dirigeait une dynastie qui fait passer Musk pour un amateur, avec un fils magnat des médias et un petit-fils vice-président. Thomas Edison a fait exécuter un éléphant en public, l’électrocutant avec le courant alternatif de George Westinghouse, pour convaincre le gouvernement de favoriser le système de courant continu qu’il préconisait. Henry Ford a acheté un journal pour forcer les villes à supprimer les lignes de tramway et faire ainsi de la place sur la voirie pour les voitures et les bus Ford.
A l’époque, les grandes entreprises n’avaient pas le pouvoir d’Internet, mais elles avaient d’autres moyens de façonner notre environnement politique, philosophique et culturel. Avons-nous oublié comment les oligarques, par exemple les frères Koch, ont passé des décennies à financer l’Atlas Network et la Société du Mont-Pèlerin pour transformer le néolibéralisme en credo universel et faire passer une dure guerre de classes menée contre la majorité pour une campagne en faveur de la liberté ? Ou comment Goldman Sachs a fourni à l’administration de Bill Clinton son propre président-directeur général, Robert Rubin, qui, une fois nommé secrétaire au Trésor, a éliminé toutes les réglementations entravant les pires excès de Wall Street ?
En dehors de tout marché
Cependant, aujourd’hui, il existe un superpouvoir, une arme ultime que la « broligarchie » possède et que ses prédécesseurs n’avaient pas : le « capital cloud ».
Composé de machines en réseau, de serveurs, de stations cellulaires, de logiciels, d’algorithmes pilotés par l’IA, il ne vit pas dans les nuages mais bien sur terre (et au fond de nos océans, où reposent d’innombrables kilomètres de câbles à fibre optique).
Contrairement au capital traditionnel – qui allait des machines à vapeur aux robots industriels –, le capital cloud ne produit pas de biens. Il modifie les comportements humains. Ces machines nous forment… à les former… à déterminer ce que nous voulons. Et une fois que nous désirons tel bien ou tel service, elles nous le vendent, en contournant les marchés traditionnels.
Le capital cloud joue cinq rôles qui vont bien au-delà des capacités du capital traditionnel : il capte notre attention ; il fabrique nos désirs ; il nous vend directement, en dehors de tout marché, ce qu’il nous a fait désirer ; il exploite les prolétaires à l’intérieur des lieux de travail ; enfin, il tire de nous un immense travail gratuit : en postant des avis ou des photos, en notant des produits, en téléchargeant des vidéos, en exprimant des coups de gueule, nous contribuons à reproduire le capital cloud, sans recevoir un centime. Il nous transforme en « serfs du cloud » tandis que, dans les usines et les entrepôts, les mêmes algorithmes contrôlent les travailleurs – parfois grâce à des dispositifs numériques attachés à leurs poignets – pour les faire travailler plus vite et les surveiller en temps réel.
Les propriétaires de ce capital du cloud, la « broligarchie cloudaliste », jouissent d’un pouvoir d’extraction jusque-là inimaginable, surtout maintenant qu’ils se sont installés à la table de Trump. Un John D. Rockefeller, un Henry Ford, ou même le toujours actif Rupert Murdoch auraient donné un bras et une jambe pour acquérir une telle puissance.
Pour revenir à la brillante question de Bevan, il est aujourd’hui plus facile de comprendre comment la richesse persuade les pauvres de renoncer à leur liberté et de se mettre au service des broligarques au pouvoir. A travers leur capital cloud doté d’une capacité sans précédent, ils façonnent notre comportement de manière automatique et directe. Seule une révolution pourrait redonner l’espoir de retrouver une autonomie personnelle, sans même parler de retrouver la démocratie.
Yanis Varoufakis, économiste grec et ancien ministre des finances du gouvernement d’Alexis Tsipras (2015). Il a écrit, notamment, « Conversations entre adultes » (Les Liens qui libèrent, 2017) et « Les Nouveaux Serfs de l’économie » (Les Liens qui libèrent, 2024).
Pourquoi le travail obligatoire au RSA est la pire mesure de Macron
Rob Grams
www.frustrationmagazine.fr/rsa-travail
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Ce 1er janvier, la réforme du RSA, expérimentée jusqu’à présent dans certains territoires, a été généralisée à l’ensemble du pays. Concrètement, les allocataires du RSA (635,71 euros par mois pour une personne seule sans enfant, pour rappel) vont être inscrits d’office à France Travail, ex-Pôle Emploi, et devront réaliser obligatoirement 15h d’activités par semaine, qui vont de l’atelier réalisation de CV à de « l’immersion en entreprise », c’est-à-dire du travail gratuit. S’ils ne font pas leurs heures, les Conseils généraux, qui versent le RSA, pourront le suspendre et, concrètement, laisser ces gens déjà très pauvres crever de faim. Que l’on ne s’y trompe pas : la réforme du RSA est une mesure de mise au pas de toute la société, en terrorisant les plus pauvres et en faisant peur aux autres.
L’objectif de faire travailler les gens en contrepartie du RSA n’est pas juste celui, parfaitement ignoble, d’humilier les ultra-pauvres, les précaires, les chômeurs sans droits, les SDF, les jeunes, les gens fracassés par la vie qui ne sont plus en mesure de travailler. Il n’a pas pour simple vue de conforter les fractions les plus ignares des franges bêtement droitières et bourgeoises de la population dans leur vision stéréotypée et facile d’allocataires du RSA fumant des joints devant des documentaires animaliers, grassement nourris et logés sur l’argent du contribuable.
Il poursuit un second objectif, tout aussi grave que le premier : réduire le prix du travail à des niveaux en-dessous du seuil de subsistance. Car faire travailler en échange d’une allocation, ce n’est plus une aide sociale, c’est un nouveau type de contrat de travail, un contrat où l’on fera travailler les gens à des salaires qui ne leur permettent même pas de manger et de se loger. On a donc ici l’une des plus offensives les plus violentes de la bourgeoisie depuis au moins un siècle.
La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a rendu un avis le 19 décembre dernier. Cet avis devrait alerter tous les défenseurs de la démocratie puisqu’elle estime que la réforme du RSA « porte atteinte aux droits humains ». Elle dénonce notamment un « dispositif qui subordonne le versement d’un revenu minimum de subsistance à la réalisation d’une contrepartie », d’autant que le montant actuel du RSA (635,71 euros par mois pour une personne seule sans enfant) « ne permet, par ailleurs, pas de vivre de façon digne ».
La CNCDH « alerte également sur la régression du droit à l’accompagnement social s’il se transforme en un contrôle sur l’effectivité de la remise au travail. Il risque en effet de contribuer à la maltraitance institutionnelle – tant auprès de la population ayant besoin de cette protection et y ayant droit que du côté des agents des administrations chargés d’appliquer des règles imprécises et/ou incomprises. »
La réforme du RSA : la création d’un nouveau salaire minimum à moins de 500 euros par mois
Car dans un pays qui connaît un chômage de masse (environ 7,4%, auxquels il faudrait rajouter les nombreux radiés injustement) en raison des politiques lamentables de Macron, de sa clique de bourgeois et de ses prédécesseurs du Parti socialiste, faire travailler de force pour des tarifs grotesques (moins de 7 euros de l’heure, donc) les ultra-pauvres remplit une fonction : remplacer les emplois nécessitant peu ou pas de diplôme, normalement payés au SMIC, par des faux emplois, se rapprochant du travail forcé que l’on retrouve dans les dictatures très archaïques.
On retrouve un peu ce genre de dynamiques avec les stages étudiants : alors que l’on fait croire qu’ils sont censés bénéficier aux étudiants, ils permettent de remplacer et de mettre en concurrence les jeunes arrivants sur le “marché du travail” par des stagiaires dociles, sous-payés, à qui l’on apprend que se faire exploiter est une chance et une opportunité. Cela permet donc de faire drastiquement baisser les salaires à l’embauche de ces jeunes, ainsi que leur capacité de négociation et d’exigence, et donc, à moyen terme, de faire baisser le revenu des travailleurs en général.
Même chose pour les services civiques, dispositif créé en 2010 par Martin Hirsch sous Nicolas Sarkozy et censé favoriser “l’engagement de citoyenneté” des “jeunes de 16 à 25 ans” mais qui font en réalité passer pour du volontariat la situation de jeunes qui, ne trouvant pas de travail (comment en trouver si les postes ont été transformés en stages et en services civiques ?), n’ayant même pas encore l’âge pour toucher le RSA, sont donc obligés d’accepter de travailler pour 473 euros par mois.
De la même manière : faire travailler les gens au RSA, c’est mécaniquement mettre beaucoup plus de gens au RSA. Car pourquoi embaucher quelqu’un au SMIC quand on peut avoir des travailleurs pour 7 euros de l’heure ?
Comme le soulignait à raison un internaute, faire travailler 20h par semaine le 1,95 million d’allocataires du RSA revient à trouver chaque mois 160 millions d’heures de travail. Où sont-elles alors que partout on cherche du boulot ? La réponse est simple : chez ceux et celles qui travaillent déjà.
Ainsi transformer le RSA en un salaire en-dessous des minima sociaux ne vise pas que les personnes au RSA, il cible l’ensemble des travailleurs en participant à une baisse généralisée des salaires.
Il permet également un net renforcement du rapport de force favorable à la bourgeoisie en rendant quasi-impossible la démission, déjà très compliquée en temps normal. Macron avait promis que nous pourrions toucher le chômage en cas de démission, ce n’est évidemment pas le cas (ou du moins il faut lire les astérisques pour comprendre les conditions délirantes dans lesquelles cela est possible). Le RSA est donc la seule garantie de pouvoir éventuellement subvenir à ses besoins vitaux si vous avez besoin de démissionner face à une situation insupportable. Avec cette mesure, vous saurez désormais que si vous démissionnez, vous ne quitterez votre travail que pour en trouver un autre, ou vous serez également exploités mais cette fois pour moins de 500 euros par mois.
Le chômage est un job à plein temps
En dépit d’un fantasme droitier où le chômage et le RSA seraient un loisir de oisif, beaucoup de gens cherchent du boulot et n’en trouvent pas. Trouver un travail dans ce pays où la bourgeoisie règne en maître et impose toutes ses règles tient du parcours du combattant et ce, à tout âge et presque à tous niveaux de diplôme.
La réforme renforce le flicage sur les chômeurs en se mêlant de tous les aspects de leur vie, et surtout de la façon dont ils occupent leurs journées. C’est pourquoi, dans son avis, la Commission nationale consultative des droits de l’homme estime que la réforme menace les libertés individuelles : « En renforçant le contrôle de l’emploi du temps des personnes sommées de s’investir pour un nombre d’heures donné dans une recherche professionnelle, certaines dispositions de la réforme renforcent les risques d’intrusion disproportionnée dans la vie privée des allocataires et de leur famille, du fait du partage de données personnelles sensibles à grande échelle. »
C’est évidemment quelque chose que les bourgeois et les macronistes (ce sont les mêmes) font semblant d’ignorer puisqu’ils n’ont jamais eu besoin de se bouger pour trouver un emploi : ça leur tombe dans les mains grâce au piston (on dit “réseau” chez eux) depuis qu’ils ont 20 ans.
Donc chercher un boulot, à considérer qu’on soit apte au travail – et ce n’est pas toujours le cas lorsque l’on est au RSA (pas seulement pour des raisons physiques, qui semblent être les seules parfois acceptées par les droitards) – est un travail à plein temps. Car oui : écrire et envoyer des lettres de motivation et des CV (surtout lorsqu’on est pas à l’aise avec l’informatique), passer des tas d’entretiens humiliants, faire des tonnes de rendez-vous inutiles de flicage au Pôle Emploi et des formations abrutissantes, se déplacer en direct dans les entreprises pour quémander un emploi… tout ça prend un temps et une énergie folle, que l’on n’a pas si l’on travaille en plus 20 heures par semaine.
Un projet qui traduit la nullité en économie de nos dirigeants
La vision du chômage comme un choix individuel montre bien le désintérêt complet et la parfaite nullité des bourgeois dans le domaine de l’économie (qu’ils confondent avec le “business”). Ou a minima leur profonde mauvaise foi. Le niveau de chômage d’un pays dépend évidemment de tendances macroéconomiques lourdes, de politiques économiques et de rapports de force entre les travailleurs et le capital. Quand, après 2008, le chômage explose, sans d’ailleurs jamais retrouver depuis son niveau antérieur, ce n’est pas parce que la crise des subprimes aurait subitement déclenché chez les gens une immense vague de flemme et de fainéantise. Et lorsque les Grecs furent touchés de plein fouet avec d’un coup plus de 50% de chômage chez les jeunes, ce n’est pas parce qu’ils avaient tous collectivement décidé de prendre une année sabbatique ! A quel degré de bêtise faut-il être pour penser ça ?
Le taux de chômage et le nombre d’allocataires du RSA a autant à voir avec la motivation de ces derniers que le prix de l’essence à la pompe en a avec la vôtre quand vous allez à la station-service : on ne rend pas responsable un individu victime d’une situation économique nationale ou mondiale.
Dans cette logique, la transformation, en 2009, du RMI (le revenu minimum d’insertion, créé sous le gouvernement de Michel Rocard en 1988) en RSA (revenu de solidarité active), c’est-à-dire un an après le début d’une crise économique gravissime, avait déjà porté un premier coup de semonce à cette aide sociale en renforçant le flicage des allocataires (obligations de pointage à Pôle Emploi, de s’inscrire à des formations inutiles, etc.), rendant les concernés responsables de leur situation.
Ne pas être apte à travailler, ou ne pas pouvoir gagner sa vie grâce à son travail, ce n’est pas être un fainéant
L’idée répandue par des bourgeois sans aucune expérience, qui gagnent leur vie en faisant bosser les autres, que les allocataires du RSA seraient des “fainéants” ne résiste pas deux secondes à l’épreuve de la réalité.
Voici quelques exemples, parmi des milliers d’autres, où l’on peut être au RSA :
Vos enfants en bas âge viennent de mourir dans un accident de voiture. Les macronistes avaient voulu faire baisser le congé deuil d’un enfant de 12 à 5 jours avant de se rétracter devant le tollé. En réalité, endurer un deuil ne prend ni 12, ni 5 jours. Vous “décidez” alors de démissionner – vous ne toucherez pas le chômage, puisqu’on n’y a pas droit quand on démissionne. Vous êtes donc au RSA. Est-ce qu’il est normal de vous forcer à bosser ?
Les SDF, 300 000 en France, on les force à bosser? Les personnes qui ont eu un problème avec la drogue et qui essayent doucement d’en sortir, on les force à bosser ?
Les femmes harcelées sexuellement au travail, qui savent qu’elles n’ont aucune chance aux prud’hommes et qui décident donc de poser leur démission, on les force à bosser ?
Les agriculteurs qui bossent 80 heures par semaine mais qui ne gagnent pas un rond, on les fait bosser 20 heures de plus ? Les personnes qui ont un problème de santé (environ 40% des bénéficiaires du RSA) ou un problème de dépression (environ 36% des bénéficiaires du RSA), on les force à bosser ?
Et les plus âgés en fin de droits ? Ceux qui n’ont pas encore 64 ans si la réforme des retraites est maintenue et qui ne trouveront quand même plus de boulot parce que les employeurs leur riront au nez et qu’ils sont épuisés, on les force à bosser ?
J’ai moi-même été au RSA quelques mois. Je venais de finir mes études, et je n’avais plus droit à rien, si ce n’est à rembourser mon prêt étudiant. Au bout d’un mois et demi j’avais trouvé un job (ce qui est une chance). Sauf que paf, nous sommes en mars 2020 : Macron annonce le confinement généralisé. Mon employeur décale mon entrée jusqu’à nouvel ordre – 3 mois donc. Qu’est-ce que j’étais censé faire selon les bourgeois ? Demander le RSA a-t-il fait de moi un fainéant ? J’aurais dû manger des racines pendant trois mois et déménager dans un carton ? Ou bien aller à leurs travaux forcés et me mettre en danger ainsi que mes proches ?
Voilà les réalités derrière les a priori moisis de cette bourgeoisie cruelle, ignare, hors-sol, cynique à en crever.
Pas envie de bosser ? Et alors ?
Mais allons plus loin. Quand bien même une minuscule minorité “profiterait” du RSA, refusant de se tuer à la tâche pour le capital, de faire des jobs pourris, inintéressants, nuisibles pour l’environnement et pour l’intérêt commun, et alors quoi ? 500 euros c’est peu dire que ce n’est pas la grande vie : on sait que cet argent sera entièrement dépensé et donc réinjecté dans l’économie. En quoi cela serait si grave ? Leur absence de travail – et encore faudrait-il accepter la définition capitaliste du travail qui ne valorise que ce qui a une valeur marchande, c’est-à-dire une valeur pour le capital, car donner de son temps pour des associations c’est du travail, le travail domestique c’est du travail, écrire pour Frustration c’est du travail… – ne serait pas “récompensée”, on donnerait simplement à ces derniers de quoi se nourrir !
En quoi cela serait plus grave que le fonctionnement du capitalisme où les riches ne gagnent de l’argent ni par leur travail, ni par leurs efforts ou leur “mérite” mais par leur propriété, c’est-à-dire en faisant bosser les autres et en volant le fruit de leur travail ? Bernard Arnault cumule plus de 150 milliards d’euros, soit 25 millions d’années de RSA, et le problème ce serait des personnes qui n’ont pas de quoi se nourrir et se loger et à qui on donne 500 euros par mois ?
Il est plus qu’urgent que nous leur fassions changer de priorité.
Munduko tenperaturak 1,5 graduko igoeraren langa gainditu zuen iaz lehen aldiz
Gorka Berasategi Otamendi – Ion Orzaiz
www.berria.eus/mundua/munduko-tenperaturak-15-graduko-igoeraren-langa-gainditu-zuen-iaz-lehen-aldiz_2135880_102.html?utm_source=Bluesky&utm_medium=Sare_sozialak_CM
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Inoizko urterik beroena izan zen iazkoa, Europako Batzordearen Copernicus Klima Aldaketarako Zerbitzuaren arabera. Planetaren batez besteko tenperatura 15,1 gradukoa izan zen, industria aurreko aldian baino 1,6 gradu beroagoa.
Jakina zen, baina datuekin baieztatu dute: 2024a izan da inoizko urterik beroena, eta 1,5 graduko igoeraren langa gainditu da lehen aldiz, industria aurreko batez besteko tenperatura aintzat hartuta. Urteko tenperaturen batezbestekoa 1850-1900 aldikoa baino 1,6 gradu beroagoa izan da: inoiz neurtu den urterik beroena da. Munduko klimari erreparatzen dioten erakunde nagusiek egin dute iragan urteko balantze klimatikoa: Munduko Meteorologia Erakundeak, Ozeanoen eta Atmosferaren Kudeaketarako AEBetako Batzordeak, Erresuma Batuko Batzorde Meteorologikoak, Berkeley Earth-ek, NASAk eta C3S Europako Batzordearen Copernicus Klima Aldaketarako Zerbitzuak.
Zehazki, munduko tenperatura 15,10 gradukoa izan zen batez beste. Orain arte, 2023a izan zen inoizko urterik beroena —industriaurrekoa baino 1,48 gradu beroagoa—, baina amaitu berri den urteko batez besteko tenperatura ordukoa baino 0,12 gradu handiagoa izan da. Areago: azken hamar urteak, 2015etik 2024rakoak, Lur planetan erregistratu diren hamar beroenak dira.
«Egia esan, metaforarik gabe geratzen ari naiz, ikusten ari garen fenomenoa azaltzeko», adierazi du Carlo Buontempok, Copernicus Klima Aldaketaren Zerbitzuko zuzendariak. Gisa honetako tenperatura igoera baten ondorioak ere laburbildu ditu: «Fenomeno horren azpian dagoen fisika oso argia da. Klimaren berotze global txiki batek muturreko fenomeno ohikoagoak eta biziagoak eragiten ditu; besteak beste, bero bolada bortitzak. Atmosfera beroagoak, bestalde, hezetasun gehiago atxikitzen du, eta horrek prezipitazio handiagoak eragiten ditu; itsasoak beroago egoteak, berriz, ekaitz suntsitzaileen potentziala handitzen dute», esan du. Hala ere, esperantzarako leiho bat zabalik utzi du Buontempok: «Etorkizuna gure esku dago oraindik: ekintza azkar eta eraginkor batek etorkizuneko klimaren norabidea alda dezake».
Parisko Hitzarmenean, ia 200 herrialdek konpromisoa hartu zuten Lurraren berotzea bi graduren «oso behetik» mantentzeko mende amaierarako, eta tenperaturaren igoera 1,5 gradura mugatzeko ahalegina egitea adostu zuten. Iaz Lurraren berotzeak 1,5 graduren langa gainditu izanak ez du esan nahi, ordea, estatu sinatzaileek Parisko Hitzarmena urratu dutenik. 2015eko itunak ez dio erreferentzia egiten urte jakin bateko tenperaturari, baizik eta epe luzeko tenperatura igoera egonkor bati. Epe luzeko tenperaturak definitzeko, gutxienez bi hamarkadetako aldiak hartzen dira kontuan.
Edonola ere, zientzialariek argi dutena da tenperaturen bilakaerak geroz eta gertagarriagoa bihurtzen duela 1,5 graduren langa gainditzea. Azken hemezortzi hilabeteetatik hamazazpitan pasa du Lurraren berotzeak muga hori, Copernicusen arabera. 2023ko otsailean, lehenengoz izan zen urte natural baten tenperatura industriaurreko aldikoa baino 1,5 gradu beroagoa, eta 2024ko ekainean, lehen aldiz, hamabi hilabetek gainditu zuten jarraian 1,5 graduren berotzea. Orain, 2024a bihurtu da langa hori gainditu duen lehen egutegi urtea.
Copernicusek aurreikusi du, egungo joera berean jarraituz gero, Lurraren berotzea 1,5 gradura helduko dela 2030eko ekainean. Hala gerta ez dadin, zientzialariek ezinbestekotzat daukate egungo ekoizpen eta kontsumo sistemak berehala eta modu esanguratsuan aldatzea, emisioak drastikoki gutxitzeko erabakien bitartez.
Parisko Hitzarmenak 2015ean ezarri zuen 1,5 graduren muga ez da erreferentzia sinboliko bat soilik. Mugarritzat hartzen da, zientzialarien arabera maila horretatik aurrera Lurraren berotzeak desoreka handiagoak eragingo dituelako ekosistemetan eta, ondorioz, giza osasunean. IPCC Klima Aldaketari Buruzko Gobernu Arteko Taldeak ohartarazi duenez, tenperatura 1,5 gradutik gora handitzearen ondorioz ugaritu egingo dira muturreko gertaera meteorologikoak eta ekosistemetako aldaketa itzulezinak. Igoera txiki orok bihurtuko du are larriago klima krisia, eta iazko hondamendi meteorologikoek agerian utzi dute zer ondorio dituen dagoeneko. Copernicusen arabera, gaur-gaurkoz, Lurraren tenperatura 1,36 gradu igo da.
Muturreko fenomenoak
Tenperaturen gorakadak muturreko gertaera meteorologikoak ugaritu eta indartu ditu 2024an, eta hondamendi horiek milaka heriotza eragin dituzte mundu osoan, izan bero boladen, lehorteen, baso suteen, ekaitzen edo uholdeen ondorioz. WWA World Weather Attribution elkartearen urte amaierako txostenaren arabera, klima aldaketak are larriago bihurtu zituen iaz aztertu zituen 26 muturreko gertaera meteorologikoak. Horien eraginez, 3.700 lagun hil ziren, eta beste milioika pertsonak etxea utzi behar izan zuten.
Elkarteak ohartarazi duenez, klima larrialdiaren ondorioz gertatzen ari diren hondamendien zati txiki bat besterik ez da hori. Orotara, 219 fenomenok bete zuten muturreko gisa izendatua izateko baldintza sorta: WWAk aztertutakoek baino askoz ere gehiagok. Horrenbestez, klima larrialdiaren eraginez hildakoak dozenaka edo ehunka milaka izan daitezkeela adierazi du WWAk.
Copernicusek beste elkarte batzuekin gaur argitaratutako datuen arabera, atmosferan pilatutako ur lurrunaren kantitateak eta itsas azaleraren tenperaturak ere markak apurtu zituzten iaz, eta horrek, inoizko tenperatura beroenak neurtu izanarekin batera, uholdeak eta ekaitzak indartu eta ugaritu ditu. Hala, uholde handiek milioika laguni egin diete kalte Sudanen, Brasilen, Indian, Kanadan, AEBetan, Arabiar Emirerri Batuetan eta Valentzian, Herrialde Katalanetan, besteak beste.
Horrez gain, Lurraren tenperatura igoerak arrisku handiko 41 bero egun gehiago eragin zituela ohartarazi du elkartearen txostenak, eta muturreko bero egun gehien jasan zituzten herrialdeak uharte txikiz osatutakoak eta garabidean daudenak izan zirela, alde handiz.
WWAk txostenean nabarmendu du oso garrantzitsua dela egoeraz jabetzea eta azkar erreakzionatzea. «Muturreko klimak erakutsi du ezohiko urte honetan zenbateraino bihurtu den arriskutsua bizitza, gizakiak 1,3 graduko berotzea eragin baitu, eta agerian geratu da planeta berotzen duten erregai fosilak lehenbailehen alboratu behar direla».
Goia jotzea
Eredu zientifikoek aurreikusten dutenez, Lurraren berotzea mende amaieran 1,5 gradura mugatzeko, eta helburu horretara 1,5 graduren langa gainditu gabe edo epe labur batez soilik gaindituta iristeko, ezinbestekoa da berotegi gasen emisioak berehala murrizten hastea. IPCCren 2023ko Sintesi Txostenak ohartarazi zuen emisioek, beranduenez, 2025 hasterako jo behar zutela goia. Ez da halakorik gertatu, Global Carbon Projecten neurketen arabera. Behin betiko datuen faltan, azaroan kaleratu zuen proiekzioak ondorioztatu du karbono dioxido (CO2) emisioak handitu egin direla 2024an ere, eta kopurua %2 igo dela 2023koaren aldean, 41,6 gigatona CO2 isurtzeraino. Datu horiek bat datoz Copernicusek gaur eman dituenekin. Haren arabera, berotegi gasak atmosferan pilatzen jarraitzen dute. CO2ari dagokionez, 2024an 422,1 milioiko parte (ppm) pilatu ziren atmosferan, 2023an baino %0,7 gehiago, eta metanoari dagokionez, berriz, 1897 ppm: 2023an baino %0,15 gehiago.
Hainbat adituk nabarmendu dute beharrezkoa dela 2025ean emisioek goia jotzea, Lurraren berotzea 1,5 gradura mugatu ahal izateko. Zalantzarik ez da urteko emisioen zenbatekoa murrizten hastea mugarri handi bat litzatekeela, baina lehen urratsa izan behar luke, segidan emisioen beherakada bortitz eta jarraitu bat hasteko. 1,5 gradu berotzearen helburuari eusteko, berotegi gasak %42 murriztu beharko lirateke 2030erako —2019ko kopuruaren aldean—, eta %57 2035erako.
Nazio Batuen Ingurumen Programak iazko urrian kaleratu zuen txosten baten arabera, egungo politikekin jarraituz gero, 3,1 gradu berotuko litzateke Lurra mende amaierarako, eta, 2030. urterako hartutako konpromisoak betez gero, 2,6 gradukoa litzateke tenperatura igoera. Txostenean nabarmendu dute teknikoki posible dela oraindik 1,5 graduren helburua betetzeko bide orri bat marraztea eta emisioetan behar besteko murrizketak egitea 2030erako eta 2035erako.
Bide horretan, txostenean berebiziko garrantzia aitortu diote estatuen klima planak berritzeko prozesuari. Parisko Hitzarmena sinatu duten herrialdeek bost urtetik behin berritu behar dituzte klima larrialdiari aurre egiteko beren planak, eta aurten 2035era arteko neurriak zehaztu beharko dituzte; beranduenez, otsailean. 1,5 graduren helburuari eusteko, nahitaezkoa izango da orain arte erakutsi duten baino askoz ere anbizio handiagoz jokatzea.