Climat : le risque d’extinction de l’humanité « dangereusement inexploré »
Hervé Kempf
https://reporterre.net/La-fin-de-l-humanite-un-sujet-dangereusement-sous-explore-par-la-science
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Les scénarios de réchauffement terrestre supérieurs à 3 °C et leurs conséquences cataclysmiques doivent être plus étudiés, recommandent des scientifiques dans une étude parue le 1ᵉʳ août.
Il faut développer une science de la catastrophe climatique ! C’est la surprenante invitation lancée par des climatologues à leurs collègues, dans la revue scientifique PNAS (Journal de l’Académie des sciences des États-Unis) le 1ᵉʳ août. « Le changement climatique pourrait-il entraîner l’effondrement de la société mondiale, voire l’extinction de l’humanité ? se demandent Luke Kemp et ses co-auteurs. À l’heure actuelle, ce sujet est dangereusement sous-exploré. Pourtant, il existe de nombreuses raisons de penser que le changement climatique pourrait entraîner une catastrophe mondiale. »
Luke Kemp est chercheur au Centre pour l’étude du risque existentiel, à l’Université de Cambridge, qui se consacre « à l’étude et à l’atténuation des risques qui pourraient conduire à l’extinction de l’humanité ou à l’effondrement des civilisations ». Dans leur article, les chercheurs observent que le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a peu étudié ce qui se passerait si le réchauffement climatique dépassait 3 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Le Giec se concentre en fait sur un réchauffement de 1,5 °C ou 2 °C.
Un réchauffement de 4,5 °C pas encore exclu
« Cette prudence est compréhensible, estiment les chercheurs, mais elle n’est pas adaptée aux risques et aux dommages potentiels posés par le changement climatique. […] Les enjeux sont trop importants pour s’abstenir d’examiner les scénarios à faible probabilité et à fort impact. La pandémie de Covid-19 a souligné la nécessité d’envisager et de se préparer à des risques mondiaux peu fréquents et à fort impact, ainsi qu’aux dangers systémiques qu’ils peuvent engendrer. »
Cette attitude est d’autant plus réaliste que les chercheurs rappellent que la trajectoire actuelle des émissions de gaz à effet de serre conduit à un réchauffement mondial allant de 2,1 °C à 3,9 °C en 2100. Par ailleurs, une incertitude subsiste sur le niveau de réchauffement associé aux concentrations de gaz à effet de serre, si bien que la possibilité de monter à 4,5 °C en 2100 ne peut être exclue.
En outre, on pourrait atteindre des seuils, ou points de bascule (tipping points) tels que se produiraient des effets irréversibles, s’enchaînant les uns aux autres, et s’amplifiant sans limitation possible. Les chercheurs citent ainsi la fonte de la glace arctique, le relâchement de carbone par la forêt amazonienne [1], la perte d’efficacité des puits de carbone tels que l’océan. Ils s’inquiètent même d’un enchaînement « tel que plusieurs éléments de basculement interagissent, le basculement d’un seuil augmentant la probabilité de basculement d’un autre seuil ». Le système global peut réagir de manière inattendue, précisent-ils : « L’augmentation de la température dépend de manière cruciale de la dynamique globale du système terrestre, et pas seulement de la trajectoire des émissions anthropiques. »
Ne pas envisager le pire « est une folie fatale »
La question ne concerne évidemment pas que les écosystèmes. Les bouleversements climatiques pourraient provoquer d’autres catastrophes, telles que des guerres, des pandémies, des famines… Les chercheurs soulignent ainsi qu’aujourd’hui, seulement 0,8 % de la surface terrestre, et 30 millions de personnes, sont soumis à une température annuelle moyenne de plus de 29 °C ; mais que, selon le scénario moyen-haut d’émissions et de croissance démographique du Giec, environ 2 milliards de personnes devraient vivre en 2070 dans ces zones extrêmement chaudes.
En conclusion, les scientifiques recommandent de lancer un nouveau programme de recherche analysant les états extrêmes du système Terre, les phénomènes possibles de mortalité et de morbidité massives, les vulnérabilités des sociétés pouvant les conduire à l’effondrement ou à la guerre, les enchaînements possibles de catastrophes de diverses natures. Un programme qui pourrait s’intituler « Climat : fin de partie », selon le titre de l’article. Et de conclure : « Faire face à un avenir marqué par l’accélération du changement climatique sans tenir compte des scénarios les plus pessimistes est, au mieux, une gestion naïve du risque et, au pire, une folie fatale. »
L’Assemblée générale de l’ONU déclare que l’accès à un environnement propre et sain est un droit humain universel
ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2022/07/1124582
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L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté ce jeudi une résolution historique déclarant que l’accès à un environnement propre, sain et durable est un droit humain universel.
La résolution, basée sur un texte similaire adopté l’année dernière par le Conseil des droits de l’homme, appelle les États, les organisations internationales et les entreprises à intensifier leurs efforts pour garantir un environnement sain pour tous.
Sur les 169 pays membres présents et participants à l’assise, 161 ont voté pour et 8 se sont abstenus, à savoir la Chine, la Fédération de Russie, le Bélarus, le Cambodge, l’Éthiopie, l’Iran, le Kirghizistan et la Syrie.
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’est félicité de cette décision « historique ». Selon lui, cette évolution marquante démontre que les États Membres peuvent s’unir dans la lutte collective contre la triple crise planétaire que sont le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution.
« La résolution contribuera à réduire les injustices environnementales, à combler les lacunes en matière de protection et à donner des moyens d’action aux personnes, en particulier celles se trouvant dans des situations vulnérables, notamment les défenseurs des droits de l’homme en matière d’environnement, les enfants, les jeunes, les femmes et les peuples autochtones », a-t-il déclaré dans un communiqué publié par le bureau de son porte-parole.
- Guterres a ajouté que cette décision aiderait également les États à accélérer la mise en œuvre de leurs obligations et engagements en matière d’environnement et de droits de l’homme.
« La communauté internationale a accordé une reconnaissance universelle à ce droit et nous a rapprochés de sa concrétisation pour tous », a-t-il déclaré.
Le chef de l’ONU a toutefois souligné que l’adoption de la résolution n’était « qu’un début » et a exhorté les nations à faire de ce droit nouvellement reconnu « une réalité pour tous, partout ».
Une action urgente est nécessaire
Dans une déclaration, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a également salué la décision de l’Assemblée et s’est fait l’écho de l’appel du Secrétaire général à une action urgente pour la mettre en œuvre.
« Aujourd’hui, nous vivons un moment historique, mais le simple fait d’affirmer notre droit à un environnement sain ne suffit pas. La résolution de l’Assemblée générale est très claire : les États doivent mettre en œuvre leurs engagements internationaux et intensifier leurs efforts pour le concrétiser. Nous subirons tous les effets bien pires des crises environnementales si nous ne travaillons pas ensemble pour les éviter collectivement dès maintenant », a-t-elle déclaré.
Mme Bachelet a expliqué que l’action environnementale fondée sur les obligations en matière de droits de l’homme fournissait des garde-fous essentiels pour les politiques économiques et les modèles commerciaux.
« Elle met l’accent sur le fondement d’obligations légales d’agir, plutôt que sur une simple politique discrétionnaire. Elle est également plus efficace, légitime et durable », a-t-elle ajouté.
Une résolution pour toute la planète
Le texte, initialement présenté par le Costa Rica, les Maldives, le Maroc, la Slovénie et la Suisse en juin dernier, et désormais coparrainé par plus de 100 pays, note que le droit à un environnement sain est lié au droit international existant et affirme que sa promotion passe par la mise en œuvre intégrale des accords multilatéraux sur l’environnement.
Elle reconnaît également que l’impact du changement climatique, la gestion et l’utilisation non durables des ressources naturelles, la pollution de l’air, de la terre et de l’eau, la mauvaise gestion des produits chimiques et des déchets, et la perte de biodiversité qui en résulte, interfèrent avec la jouissance de ce droit – et que les dommages environnementaux ont des implications négatives, directes et indirectes, sur la jouissance effective de tous les droits de l’homme.
Selon le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’environnement, M. David Boyd, la décision de l’Assemblée va modifier la nature même du droit international des droits de l’homme.
« Depuis des décennies, les gouvernements promettent de nettoyer l’environnement et de faire face à l’urgence climatique, mais le droit à un environnement sain change la perspective des gens, qui passent de la « mendicité » à l’exigence d’action de la part des gouvernements », a-t-il récemment déclaré à UN News.
Une victoire qui se prépare depuis cinq décennies
En 1972, la Conférence des Nations unies sur l’environnement de Stockholm, qui s’est achevée par une déclaration historique, a été la première à placer les questions environnementales au premier plan des préoccupations internationales. Elle a marqué le début d’un dialogue entre pays industrialisés et pays en développement sur le lien entre la croissance économique, la pollution de l’air, de l’eau et des océans, et le bien-être des populations du monde entier.
À l’époque, les États Membres de l’ONU avaient déclaré que les gens disposaient d’un droit fondamental à « un environnement d’une qualité qui permette une vie de dignité et de bien-être », et appelé à des actions concrètes ainsi qu’à la reconnaissance de ce droit.
En octobre dernier, après des décennies de travail par des nations en première ligne du changement climatique, comme l’archipel des Maldives, ainsi que par plus de 1000 organisations de la société civile, le Conseil des droits de l’homme a finalement reconnu ce droit, et appelé l’Assemblée générale des Nations Unies à faire de même.
« Depuis la Déclaration de Stockholm de 1972, ce droit a été intégré dans les constitutions, les lois nationales et les accords régionaux. La décision d’aujourd’hui élève le droit à la place qui lui revient : la reconnaissance universelle », a expliqué la responsable d’ONU Environnement, Inger Andersen, dans un communiqué publié ce jeudi.
La reconnaissance du droit à un environnement sain par ces organes de l’ONU, bien que non contraignant juridiquement – ce qui signifie que les pays n’ont pas l’obligation légale de s’y conformer – devrait servir de catalyseur à l’action et permettre aux citoyens ordinaires de demander des comptes à leurs gouvernements.
« La reconnaissance de ce droit est donc une victoire que nous devons célébrer. Je remercie les États Membres et les milliers d’organisations de la société civile et de groupes de peuples autochtones, ainsi que les dizaines de milliers de jeunes qui ont plaidé sans relâche pour ce droit. Mais nous devons maintenant nous appuyer sur cette victoire et mettre en œuvre ce droit », a ajouté Mme Andersen.
Une triple réponse aux trois crises
Comme l’a mentionné le Secrétaire général des Nations Unies, le droit nouvellement reconnu sera crucial pour affronter la triple crise planétaire.
Il s’agit des trois principales menaces environnementales interdépendantes auxquelles l’humanité est actuellement confrontée : le changement climatique, la pollution et la perte de biodiversité, toutes mentionnées dans le texte de la résolution.
Chacune de ces crises a ses propres causes et effets qui doivent être résolus si nous voulons avoir un avenir viable sur Terre.
Les conséquences du changement climatique sont de plus en plus évidentes : intensité et gravité accrues des sécheresses, pénurie d’eau, incendies de forêt, élévation du niveau des mers, inondations, fonte des glaces polaires, tempêtes catastrophiques et déclin de la biodiversité.
Parallèlement, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution atmosphérique est la principale cause de maladie et de décès prématuré dans le monde, plus de sept millions de personnes mourant prématurément chaque année à cause de la pollution.
Enfin, le déclin ou la disparition de la diversité biologique – qui comprend les animaux, les plantes et les écosystèmes – a des répercussions sur l’approvisionnement en nourriture, l’accès à l’eau potable et la vie telle que nous la connaissons.
Les biorégions : une géographie alternative plus respectueuse du Vivant
Laurie Debove
https://lareleveetlapeste.fr/les-bioregions-une-geographie-alternative-pour-un-repeuplement-des-campagnes-plus-vertueux
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Une biorégion doit permettre à la fois une autonomie de « subsistance » et une autonomie de « gouvernance » des populations humaines à travers la mise en commun du foncier et un attachement au milieu à cultiver.
Face à l’échec du découpage administratif des territoires et de nos sociétés urbaines énergivores, un mouvement propose une autre façon d’habiter le monde à travers la création de biorégions. Alternative radicale à la métropolisation, la biorégion est définie par les limites écologiques d’un territoire pour permettre la déconcentration des peuplements, la relocalisation de certaines activités, la décentralisation des pouvoirs et la décroissance de toutes les exploitations humaines. Un appel a été lancé pour inviter toutes les bonnes volontés à rejoindre le mouvement et grossir les rangs des 10 biorégions en cours de conception.
La biorégion, un découpage territorial écologique
Fondée dans les années 1970 sous la plume de l’éco-anarchiste Peter Berg après sa rencontre avec l’écologiste Raymond Dasmann, la notion de biorégion est une alternative à la métropole, trop énergivore et consommatrice de ressources. Elle est revenue sur le devant de la scène, depuis les mondes de la recherche jusqu’aux métiers de l’action territoriale, face à la vulnérabilité de nos sociétés urbaines qui explosent les limites planétaires.
C’est dans l’ouvrage de référence sur le sujet, Dwellers in the land de Kirkpatrick Sale, que l’on en trouve une définition plus précise. La biorégion est « un territoire de vie, un lieu défini par ses formes de vie, ses topographies et son biote plutôt que par des diktats humains ; une région gouvernée par la nature et non par la législation humaine » (trad. Rollot et Weil en 2020 sous le titre L’art d’habiter la Terre)
On pourrait donc penser que la reprise de ce terme par nos institutions françaises permettrait une avancée dans la réorganisation de nos modes de production et consommation, mais les membres de la société écologique du post-urbain nous préviennent :
« Nos institutions, mimétiquement organisées comme l’économie du capital, ne sont pas restées orphelines de propositions autour des bassins de vie vécus, et pourraient laisser croire que le pli a déjà été pris. Le problème, c’est que ces périmètres sont fonctionnels, dessinés en surplomb. Le terroir est devenu un objet marketing plutôt que l’essence de ce qu’il était, donc la biorégion a été enlevée par les institutions mais vidée de sa substance, comme en Gironde » dénonce Guillaume Faburel, enseignant-chercheur et auteur de « Les Métropoles barbares. Démondialiser la ville, désurbaniser la terre », et de « Pour en finir avec les grandes villes », auprès de La Relève et La Peste
Entre 2012 et 2015, la première initiative officielle biorégionale en France a été menée en Gironde. Au final, cette stratégie aura seulement permis aux institutions impliquées de valoriser économiquement le « patrimoine naturel » aquitain à travers le développement d’infrastructures et de tourisme, loin de participer à la résilience ou à l’autonomie des populations.
« L’essence même de la biorégion est écoanarchiste, antispéciste et surtout biocentrée. C’est une toute autre façon d’habiter la Terre, plus connectée, plus ancrée, au cœur du Vivant, plus respectueuse des autres habitants de notre planète et des fragiles équilibres écosystémiques. La biorégion est aux antipodes des décors bétonnés, totalement artificiels, de nos environnements urbains et métropolitains qui nous ont coupés du Vivant et sont directement à l’origine de la catastrophe écologique. » précise Jean-Christophe Anna, Co-fondateur de l’ONG L’Archipel du Vivant engagée dans la Société écologique post-urbaine, à La Relève et La Peste
Pour délimiter une biorégion, la question des écosystèmes joue un rôle déterminant et sert de creuset (et non pas d’espaces support inertes).
La souveraineté sur un espace biorégional est repensée notamment autour de la communalisation des surfaces agricoles, forêts, cours d’eau, lacs, nappes phréatiques… dont l’usage est récupéré à l’échelle de petites entités de vie. Il s’agit d’aboutir à un allègement des pressions anthropiques, atteignable par une symbiose écologique issue d’une prise en compte de toutes les formes de vivant.
Vivre en symbiose avec son territoire
Une biorégion n’est pas forcément synonyme de petit territoire. L’expérience de biorégion la plus aboutie, à ce jour, se trouve dans la chaîne des Cascades et porte le nom de Cascadia. Elle a été nommée pour la première fois en 1970 par le sociologue et écologiste David McCloskey, alors professeur à l’Université de Seattle.
La biorégion Cascadia s’étend sur plus de 4000km le long de la côte nord-ouest des États-Unis et du Canada. Elle comprend la Colombie Britannique, les États de Washington et de l’Oregon mais sa cartographie n’est pas figée. Elle abrite un peu plus de 15 millions d’habitants qui ont développé une certaine unité sociale et défendent leur Région contre des grands projets d’aménagements destructeurs, comme le projet d’oléoduc Keystone XL qu’ils ont réussi à annuler.
« La Cascadia constitue une biorégion dans la mesure où elle abrite faune, flore, topographie et géologie homogènes, qui forment un écosystème spécifique. En plus de cette unité écologique, il y a une forte identité culturelle en Cascadia, où un certain nombre d’habitants se considèrent avant tout comme « Cascadiens ». Divers évènements et symboles renforcent ce sentiment d’appartenance à une même biorégion. On peut évoquer la Cascadia Cup (championnat de football), la Cascadia Dark Ale (bière locale), le Cascadia Poetry Festival ou encore le Cascadia Day et le Cascadian Flag (drapeau avec un pin d’Orégon) » écrit Julie Celnik, géographe et doctorante au laboratoire CEMOTEV de l’Université Versailles St-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)
« La biorégion est également une formidable opportunité d’établir enfin une véritable démocratie. À L’Archipel du Vivant, nos deux principales sources d’inspirations sont à ce titre le Rojava en Syrie et le Chiapas. À l’entrée de ce territoire mexicain au sein de l’état du même nom, des panneaux affichent clairement la couleur : « Ici le peuple gouverne et le gouvernement obéit ! » » explique Jean-Christophe Anna pour La Relève et La Peste
Une biorégion doit permettre à la fois une autonomie de « subsistance » et une autonomie de « gouvernance » des populations humaines à travers la mise en commun du foncier et un attachement au milieu à cultiver. Concrètement, l’appel pour créer des biorégions, précise ainsi que :
« Au final, rapporté à la personne, et d’abord par groupes de 2 ou 3 dizaines réunies en hameaux, ce sont environ 4 300 m2 qui sont nécessaires par personne dont 3200 m2 de bois (forestier) par personne et 400 à 600 m2 de jardins de cultures (y compris une partie céréales) ». Ce calcul comprend aussi les besoins en petit outillage et déplacement.
« Ce calcul a été fait en croisant des données pour la plupart officielles autour des régimes alimentaires et de la conversion nécessaire des surfaces de terre. Il s’agit de repenser des modes de vie qui revisitent considérablement nos besoins occidentaux en les divisant par 4 ou 6, pour passer de la consommation à la production. Ce 4300m2 dessine un périmètre de 30km pour 20 000 à 30 000 habitants. Converti ou multiplié par le nombre d’habitants en France ; on arrive à 50% de la surface hexagonale anthropisée, or on y est déjà » explique Guillaume Faburel, enseignant-chercheur, à La Relève et La Peste
Un des critères déterminants : la façon de se déplacer. Tout le but de la biorégion est de se passer des énergies fossiles, impactant directement les modes de transport qui doivent redevenir plus doux avec de la marche, du vélo, de l’hippotraction, et des transports en commun. Et surtout : ré-empaysanner nos sociétés.
Aussi utopiste qu’elle puisse paraître, cette idée essaime bien partout dans le monde. Au titre de la Société écologique du post-urbain (du réseau des territorialistes), Guillaume Faburel coordonne le mouvement des biorégions pour que les bonnes volontés ne partent pas avec leurs valises sans se poser des questions de fond et « sans abandonner personne à l’enfer du béton, notamment les classes populaires ».
Un mouvement international
Actuellement, il y a une dizaine de biorégions en train de se concevoir partout dans le monde, au-delà de Cascadia. En France, ils se situent dans le Bassin de Thau, Belle-île en Mer, les Cévennes (le collectif Vallée longue), Macônnais, le Périgord Vert, la Vallée de la Drôme, ou encore la Vallée de la Vésubie. Mais il y en a aussi au Brésil, Québec, Pologne, Espagne.
« Au mieux la biorégion va regrouper les initiatives très éclectiques existantes sur les territoires, souvent déjà des lieux d’effervescence historique dont certains ont pu se saisir du terme. Nous procédons à un recensement et croisement d’expériences de productions vivrières et nourricières, une réflexion sur les exodes urbains car nombre de jeunes reviennent déjà ou aspirent à venir dans les campagnes. Le Brésil s’organise grâce à des écolieux autour des personnes les plus fragiles et les plus précaires, qu’ils mettent en lien et portent par une reprise du foncier. Ils se sont organisés collectivement pour épauler des groupes ou des familles qui voudraient partir des villes » explique Guillaume Faburel pour La Relève et La Peste
Mouvement né il y a 2 ans et réunissant une trentaine d’organisations, le mouvement pour une société écologique post-urbaine relie ces initiatives et a lancé un Appel à la création de biorégions post-urbaines, « destiné à toute personne ou collectif souhaitant penser et dessiner son milieu écologique de vie de manière soutenable ». Toutes ces initiatives seront présentées et discutées lors du Séminaire Biorégions post-urbaines des 14, 15 et 16 septembre à Villarceaux, France.
« Le principe de biorégion permet d’accompagner l’exode urbain que nous observons aujourd’hui. Il s’inscrit dans une démarche d’empouvoirement individuel, d’autonomisation et d’anticipation des chocs que nous vivons déjà et de ceux à venir. Créer des biorégions est un moyen d’anticiper ces chocs afin d’accueillir au mieux les migrations climatiques et urbaines à venir » explique Jean-Christophe Anna pour La Relève et La Peste
L’utilisation du terme post-urbain renvoie souvent à l’imaginaire d’une société effondrée, avec un individu évoluant seul au milieu d’une ville en ruine. Se pose alors la question de quoi faire de l’héritage techno-industriel présent sur les territoires.
« Même au sein du collectif, tout le monde n’est pas encore d’accord sur la taille de ville qui devient problématique. Nous voyons le monde à travers la ville, c’est l’épopée civilisationnelle moderne de l’humain qui va vivre en ville. Deux lignes se démarquent cependant : d’abord ceux qui croient pouvoir se réapproprier les infrastructures et les dispositifs nés dans d’autres régimes climatiques, or il va falloir rétrécir ces méga-machines polluantes. On a déjà les exemples de Cleveland, Bogota, ou la Havane. L’autre point de vue, que je partage en tant que chercheur, c’est que plutôt que fragmenter de l’intérieur, il conviendrait maintenant de démanteler radicalement, trouver d’autres usages, recycler, réaffecter, réutiliser le béton armé et l’asphalte qui auront été cassés. Je ne me nourris pas de l’éco-fiction et de la fin annoncée dans BladeRunner ou ailleurs comme forme de lecture expiatoire, mais il y a beaucoup de joie à abandonner un monde qui se meurt en laissant ceux qui le souhaitent régénérer les sols tandis que d’autres s’emploient à l’accueil digne et décent ailleurs » détaille Guillaume Faburel, Coordinateur du mouvement pour une société écologique post-urbaine, pour La Relève et La Peste
« On a aujourd’hui 20% des villes qui sont dans des phases de décroissance avec 10% des villes qui perdent de la population. Les villes meurent aussi, les nécropoles existent, les villes dans l’Histoire ont aussi connu des phases de rétrécissement. Il ne faut pas en avoir peur, on confond le poison et le remède. Les mondes urbains nous ont rendu dépendants, les mondes biorégionaux veulent nous rendre autonomes » conclut-il.
“Lur emankorra kontrolatzen duenak mundua kontrolatuko du”
Gustavo Duch, elikadura burujabetzaren aktibista
www.argia.eus/albistea/lur-emankorra-kontrolatzen-duenak-mundua-kontrolatuko-du
Article
Albiste hau La Directak argitaratu du eta Creative Commons BY-NC-SA 4.0 lizentziari esker ekarri dugu.
Fruta kaxa batzuk aulki modura hartuta ekin diogu elikaduraz eta krisiaz hitz egiteari albaitari, idazle eta elikadura burukabetzaren aktibista den honekin, zeinak koordinatzen duen Soberanía alimentaria, biodiversidad y culturas aldizkaria.
Oinarrizko erosketen prezioa zerutan da. Ukrainako gerrak lehendik zegoen egoera larriagotu du?
Ez gaude oker Ukrainako gerra elikadura gerra gisa ulertzen badugu. Errusia, Europar Batasuna, Amerikako Estatu Batuak eta Txinak kontrolatu egin nahi dute Ukraina, nekazal gaitasun handia duen lurraldea delako. Irakeko gerra petrolioagatik izan zela badakigun bezala edo Marokorekin egiten diren negoziazioak Saharako ongarriengatik direla, Ukrainarekiko dagoen interesa da berak dituela Europako lurrik emankorrenak. Gaur egun lur emankorrez hitz egitea urreaz hitz egitea da, ondasun oso preziatua da, ekoitzi ezin dena eta gero eta gutxiago dagoena. Ukraina kontrolatzeko afana gasbideengatik da baina baita ere, eta ez neurri txikiagoan, bere lurraldearen nekazal balioagatik.
“Europako aletegia” deitzen diote, bai.
2013an lehen liskarra hasi zenean, Europa saiatzen ari zen Ukrainarekin merkatu libreko itun bat adosten, bere aletegia bermatzeko. Ukrainako garai hartako presidentea errusiarzaleagoa zen eta ez zuen sinatu nahi izan. Orduan lehertu zen barne gatazka eta europarzalea zen presidente berria iritsi zen. Europak jokaldiak egin zituen berak nahi zuena adosten ez zuen lurraldea desegonkortzeko. Aldi berean, Errusiak Krimeako penintsula bereganatu zuen. Biek nahi zituzten lurrak kontrolatu. Europak diplomaziaren bidez egiten zuen eta Errusiak inbasioarekin egin zuen. Era berean, Txinak Galiziaren hedaduraren pareko lur eremua erosi zuen eta AEBek Cargill eta Monsanto bezalako multinazionalak bidali zituen etorkizuneko tratuak egitera, hau da, hurrengo uztak erostera. Lur emankorraren eskasia errealitatea da eta planeta mailako elikadura arazoa dakar. Lur emankorra kontrolatzen duenak kontrolatuko du mundua.
Zein eragin ditu Ukraina une honetan ez zerealak esportatzen aritzeak?
Garrantzitsua da nabarmentzea gerraren aurreko uztak errekorrak hautsi zituela. Ukrainako Nekazal Ministerioaren arabera, 46,51 milioi tona zereal esportatu ziren, sei milioi tona gehiago aurreko urtean baino. Munduaren hegoaldeko herrialde batzuen zereal gabezia prezioak igo izanaren ondorio da, zeina zerutara igo den espekulazio hutsagatik. Inbertsio funtsak zerealen aldeko apustuak egitera jolasten ari dira, etorkizunean gerta daitekeenaren beldurrarekin espekulatzen dute. Eta egia da, arrazoi estrukturalengatik, elikagaiek garestitzen jarraitzen dutela, baina oraingo txinparta espekulatiboa da. Zerealekin batera ongarrien prezioak igo dituzte, eta azken hauek gas naturalaren deribatuak dira, eta Errusia da gasaren ekoizle handi bat. Bi garestitze hauek produkzio gastuei eragiten diete. Adibidez, Kataluniaren kasuan, nekazari gehienek zerealak ekoizten dituzte eta lurrek ongarriekin funtzionatzen dute. Beraz, horren kostuak hiru aldiz biderkatu dira. Aldi berean, prezioak igo zaizkie Kataluniako beste sektore handiari, abeltzaintza intentsiboari, zerriak zereal hauei esker bizi baitira eta hainbeste ditugu, pentsua ere inportatu egin behar baitugu. Bestalde, instalazioek argi asko kontsumitzen dute, eta hau ere garestitu da.
Noski, krisi energetikoa ere hor da. Egungo elikadura sistema noraino da mugatuak diren erregai fosilen menpeko?
Krisi energetikoak bete betean eragiten du nekazaritza eta abeltzaintza industrialaren prezioetan. Ekoizpen prozesu osoan petrolioa behar dute. Hasteko, ongarriak eta pestizidak ekoizteko beharrezkoa da petrolioa. Aldi berean, segadorek, esaterako, asko xurgatzen dute eta baita ere behar da salgaiak mugitzeko. Kontuan hartu behar dugu agroerregaiek behar dituztela hedatzea soja, arto edo palma mononkultiboak, batez ere hegoaldeko herrialdeetan, zeinetan nekazari txikia bere lurraldetik kanporatzen duten. Nekazaritza eta abeltzaintza industriala dagoeneko gainditu ditugun limiteen menpeko dira, eta beraz, kolapsoan daude. Honekin esan nahi dut, gerrarik gabe ere irteerarik gabeko kale berean egongo ginatekeela.
Lur emankorraren garrantziaz hitz egin duzu, eta ongarri eta pestizidek berau hondatu egiten dute…
Kolapsoak “lapsusen batura” esan nahi du. Hori da duguna, akatsen lotura bat, eta egindako akats larri bat da lurretik mikrobio bizitza zabala ezabatzea izan da. Landareen sustraiek ez dituzte lurretik elikagaiak jaso bakarrik egiten, aldebiko harremana dute. Hau da, landareek atmosferara oxigenoa isurtzen dute eta CO2a hartzen dute, zeina sustraietan behera jaisten den lurpeko mikrobioei jaten emateko: sustraiei lotuta zoologiko mikroskopiko oso bat dago. Mikrobio horiek elikatzen dira landareak ematen dien karbonoari esker, eta trukean, landareari ematen dizkiote lurpean diren hainbat elementu. Honela funtzionatzen du bizitzak, sekretua ikusezina da eta lurpean dago, dena gertatzen den lekuan. Petrolioarekin, ongarriekin eta pestizidekin akabatu egiten dugu. Adibidez, jada ez dago polinizazioa laguntzen zuten erlerik, pestizidek akabatu egiten dituztelako. Lurraren emankortasuna ez galtzeko aski da zikloa errespetatzea, aberatsa eta infinitua den sistema da lurraren emankortasuna. Baina ez dugu errespetatu eta orain sistema finitu bat dugu, erail egiten duena. Mikrobioak hiltzen badira, landareek ematen zieten karbonoak atmosferan bukatzen du.
Beraz, teknologiak ezin ditu prozesu naturalak ordezkatu eta baliabideen mugak zeharkatu? Zure azken liburuari erreferentzia eginez, zein dira aurrerapenaren izenean kontatzen dizkiguten ipuinak?
Aurrerapenaren ipuinak liburuan, artzain bati galdetzen diot: Zer egingo zenuke erabakitzerik izango bazenu nora doazen Europako Next Generation funtsak? Berak erantzuten du: “Arazoa ez ote da diru hori?”. Lehen mitoa da pentsatzea diruarekin dena konpontzen dugula. Ematen ari garen erantzun guztiak inbertsioei lotuak dira, homo economicus-en begiradarekin konpontzen dugu guztia. Egin behar dugun lehen galdera da: Seguru inbertitu behar dugula? Batzuetan gakoa desinbertitzea da. Ondoren, noski, zertan inbertitu erabaki behar da. Bioaniztasuna oso beharrezkoa da eta ordezkaezina, funtzio bat du eta zikloari eusten dio. Zikloaren mailak puskatzen ari gara eta teknologiak ezin du hori berregin. Berriztagarriak ez dira ondoriorik gabeak, petrolioa bezala mugatuak diren material mineralen menpeko dira. Gainera, lurraldea suntsitzen dute, baina gastatzen dugun energiaren %20 soilik ordezkatzera iritsi daitezke, argindarra alegia. Argindarrarekin ez dira lurrak ongarritzen, ezingo dugu soja garraiatu eta ez ditugu segadorak mugiaraziko. Ezin dugu energia alternatiboez hitz egin ez badiogu aurre egiten gure zibilizazio ereduak erabiltzen duen gehiegizko energiari buruzko eztabaidarik egin gabe eta geure buruari galdetu gabe ea zertara bideratzen dugun energia. Lehenbiziko lana da animalia pribilegiatua edo besteek baino eskubide gehiago dituena garen uste harroputza alboratzea.
Lehenago, elikadurako espekulazioa aipatu duzu. Nola funtzionatzen dute burtsek, Chicagokoak bezala, eta bertan kotizatzen dute sojak, gariak, ganaduak, esneak eta metalek?
Kontratuekin espekulatzen da. Ulertu dadin: nekazari bati galdetzen diote gari uzta zenbat ordaintzen dioten eta hiru urteko uzta erostea eskaintzen diote, euro bat gehiagoren truke. Nekazariak erabakitzen du erostea, prezioa jaistearen arriskurik ez izateko. Nekazariari etorkizuneko uzta erosi dionak burtsara doa kontratuarekin eta beste batek prezio altuagoan erosten dio, koiunturaren arabera aurreikusi daitekeelako prezioa igo egingo dela.
Horrela, kontratu batekin espekulatzen da, zeinaren prezioa artifizialki igotzen doan. 2008 eta 2009an beldurra zabaldu zuten propio: inbertsio asko zegoen zerealetan arriskatuta eta beharrezkoa zen prezioak igotzea.
Nazio Batuen Erakundeko elikadura segurtasuneko paneleko lehendakari-ordea den Jennifer Clapp-ek ere esan du gobernuek huts egin dutela gehiegizko espekulazioa geldiarazi ez dutelako. Nori datorkio ongi espekulazio hau?
Hondo hondoan, elikadura sistema inbertsio funtsek kontrolatuta dago, horiek dira burtsan kotizatzen duten Bayer edo Monsanto bezalako enpresa handien atzean daudenak. Sektoreak diru asko mugitzen du eta nekazaritzan oraindik badira familietatik datozen enpresa handiak, sailkapen taulan leku garrantzitsua dutenak, esaterako Cargill, alea salerosten eta merkaturatzen nagusi dena. Cargill kontrolatzen duen familiako hamalau kidek dituzte mila milioi dolar baino gehiagoko fortunak. Estatuek elikaduraren inbertsio espekulatiboan duten funtzioa ere kontuan hartu behar da.
Elikadura sistema pilaketan oinarritzen da? Gardentasunik eta kontrol publikorik gabe?
Administrazioaren desarautzea dago eta honek on egiten die enpresei. Gainera, Nekazal Politika Komunitarioa (PAC bezala ezagunagoa dena) agroindustriaren aldekoa da. Kataluniako Generalitateak erabat menpeko jarrera du zerrien korporazio handiekiko eta agroindustriaren inbertsio eta proiektu denek babesa jasotzen dute, esaterako portua handitzea potasa (ongarri kimikoak direnak) gehiago ateratzeko, edo azpiegiturak egitea soja iritsi dadin pentsugile handietara. Aldi berean, trabak ezartzen dizkiote nekazaritza eskala txikian egin nahi duenari.
Posible al da elikadura sistema jasangarriago, berdinzaleago eta erresialienteagoa izatea?
Bai, baina eskas jende asko dago. Departamentuek ederki dakite eredu hau jasangaitza dela, Katalunia zaurgarria dela, hanka sartu dugula petrolioaren menpeko izanda, eta lurrazpia eta bioaniztasuna akabatuta. Baina sistema demokratiko bat dugu, gobernantza bat, ez dagoena prest beharrezko diren aldaketak egiteko. Jarrera politiko ausartak behar dira, baita desobedientzia ere, gurpiletik ateratzeko. Gobernatzen duenak epe laburrera pentsatzen badu, hauteskundeak izanik ortzimuga, ikusten ditugunak erantzun ustelak dira, itxura egiteko emandakoak. Ez dago erantzun ausartik, oso jakina denean zer egin behar den.
Zer egin behar da?
Janaria badago, baina jende askok ezin du berau eskuratu eta gosea pasatzen du. Aldi berean, ekoizten denaren %40 bota egiten da. Beraz, egungo ereduak ez du funtzionatzen. Arazoa da onartu egin dela elikadura salgai bat izatea, indar magnetikoek erakarrita bidaiatzen duena, eros ahalmen gehien dagoen lekuetara. Nekazal sistema osoa errekonbertitzea beharrezkoa da. Kataluniako biztanleen %80 bizi da lurraldearen %2an eta nekazariak ez dira iristen herritar aktiboen %1 izatera. Egun, Kataluniak zerri granjak ditu ardatz, eta honek eragin handia du ingurumenean, eta gainera eragiten du Kataluniako nekazal lurren hiru laurdenak zerealetara bideratuta egotea, zerrientzat. Ez dugu lentejarik ekoizten, ez garbantzurik edo ilarrik, zereala dagoelako. Beraz, lehenbizi zerri granjak gutxitu behar dira eta etxalde extentsibo txiki bihurtu, eta animalia hauek jan dezatela pertsonek jaten ez dutena. Zerri industria gutxitu behar da eta ardi, behi eta ahuntza gehiago hazi. Hori bakarrik eginda, lur pila bat libratuko litzateke, ez duzulako zerealik ekoiztu behar zerriei jaten emateko eta laboreak pertsonetara bideratu ditzakezu. Aldi berean, hau laguntzen baduzu lurra banatuko duen nekazal erreforma batekin, esku lan asko gehitzen da. Nekazaritzarik izango dugu, jendea landan baldin badugu, ezin dugulako petroliaren menpeko izan. Hau zentzuzkoa eta egingarria da. Trantsizioan zehar gauza asko egin daitezke. Adibidez, lurra espropiatu ahal zaio Tarradellas enpresari interes orokorragatik, urtegi guztiak kutsatzen ari delako, eta nekazariak gehitu ahalko lirateke. Aldi berean, uste dut nekazariek funtzionario izan beharko luketela edo oinarrizko errenta unibertsala jaso beharko luketela. Babestuta egon beharko lukete, ez lukete merkatuaren menpe egon beharko, mediku edo irakasle bat bezalaxe, eta elikagaien prezioak finkatuta egon beharko lukete. Ausardia politikoa behar da.
Gure dieta ere egokitu beharko al litzateke?
Bai, oraingoz oso gaizki egiten ari baikara. Gure dieta hautatzeko eskubidea dugula uste dugun animalia espezie bakarra gara. Enarak ez du hautatzen, intsektu-jalea da; behiak ez du erabakitzen belarjalea izatea, bada. Jaten duguna uneoro ez hautatzeak oreka bat dakar ekoizlearentzat eta lurrarentzat, zeina orain, esaterako, prest dagoen tomateak emateko. Dietetan ezin da gehiegizko haragi kopururik egon, baina animalia belarjaleak hazi behar ditugu, zeren lurraren sisteman oso garrantzitsua da elikagaien zirkuluan egiten duten lana: mugitzen den abeltzaintzak lurra zapaltzen du, gorotzetan haziak zabaltzen ditu etengabe, eta hausnar eginda mikrobioak zabaltzen ditu landareetara itzuliko direnak. Animalia belarjalerik gabe zikloa hautsi egiten da. Abeltzainak kriminalizatzen dituen beganismo erradikalak animaliak zirkuitutik ateratzen ditu, hauek ekosistemaren parte direnean. Abeltzaintza estentsiboa berreskuratu behar dugu eta abeltzainak babestu, animalia hauek lurra zaintzen eta emankortzen baitute. Guk ere izan behar dugu bizitzaren zikloaren parte.