Action en hommage aux personnes disparues sur les voies de la migration

Ce samedi 19 juin, veille de la journée mondiale des réfugié.e.s, Bizi et SOS Racismo ont rendu hommage aux migrant.e.s décédé.e.s dans leur parcours. 85 personnes étaient présentes à Hendaye, devant le nouveau pont piéton frontalier, pour demander des politiques migratoires dignes et humaines.

A Hendaye, cet hommage intervient quelques semaines après que Yaya Karamoko, jeune ivoirien, ait été retrouvé mort dans la Bidassoa après avoir tenté de traverser le fleuve. 

3174, c’est le chiffre de personnes migrantes décédées enregistré en 2020, malgré les fortes restrictions des mobilités liées à la Covid 19. Depuis le début de la collecte de données des décès par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) en 2014, on recense plus de 35 000 décès.

Devant le pont piéton qui fait lien entre Hendaye et Irun, récemment fermé par des grilles,, des représentant.e.s du groupe migrant.e.s de Bizi!, de SOS Racismo et du bateau basque de sauvetage l’Aita Mari ont pris la parole. Ils/elles ont témoigné de la situation tragique, dénoncé l’irresponsabilité des politiques, et rappelé l’importance de la solidarité. 

Migrer, c’est risquer sa vie, quitter tout dans l’espoir d’une vie meilleure, fuir la pauvreté, la guerre, la répression, les catastrophes naturelles”, rappelle Elise, porte-parole du groupe migrant.e.s de Bizi! Pour l’association altermondialiste, le réchauffement climatique, à l’instar des inégalités sociales, est un facteur de migration. C’est à un problème global et multiple auquel nous nous adressons aujourd’hui : demander la justice climatique, c’est dans le même temps demander la justice sociale. Dans ce sens, pour Gabriel, porte-parole du groupe migrant.e.s de Bizi,  “Les frontières ne peuvent être considérées comme un jeu aux mains des politiciens : les pays européens mènent des politiques meurtrières, cela doit cesser. Notre humanité exige des politiques d’accueil dignes, immédiates et effectives : construisons des ponts, pas des murs ! “ 

Le cortège s’est ensuite dirigé au bord de la Bidassoa, pour une cérémonie d’hommage. Des militant.e.s de Bizi! ont exposé une fresque comportant  les 35 000 noms de victimes connues, réalisée par un artiste exilé, et la tristement célèbre photo d’Aylan Kurdi – enfant dont le corps a été retrouvé sur une plage turque en 2015-. Ils et elles ont également posé un portrait de Yaya Karamoko, pour lui rendre hommage.

Marie Cosnay, écrivaine militante, a retracé l’histoire du jeune homme retrouvé mort le 22 mai 2021 pour lui rendre hommage: “Yaya Karamoko, qui a traversé deux fois l’océan (la première fois, il a failli s’y perdre, la deuxième fois il l’a survolé en avion), s’est noyé au milieu de deux ponts. […] On ne t’oubliera pas, Yaya Karamoko, comme on n’oubliera pas ce qu’il est possible, au cœur de notre XXIème siècle, de faire subir aux corps, aux noms, aux familles, aux mémoires collectives.”

L’hommage s’est conclu par un Aurresku, suivi d’une minute de silence, et du dépôt d’une couronne de fleurs dans la Bidassoa. Bizi appelle à rejoindre son groupe migrant.e.s pour sensibiliser à la cause et dénoncer les politiques d’immigration indignes, et à renforcer le réseau d’entraide et de solidarité du Pays Basque. (http://etorkizuna-pb.eus/