Tapis rouge pour la pub au Pays Basque !

Alors que le festival de Cannes bat son plein, Bizi a déployé un tapis rouge encadré par deux rangées d’affiches publicitaires sur les marches de l’entrée de la Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) qu’ont gravi des militants grimés en élus et en publicitaire. Alors que les orientations générales du Règlement Local de Publicité intercommunal Pays Basque sont en cours d’élaboration, l’association a souhaité mettre un coup de projecteur sur des orientations permissives qui prévoient d’introduire de la publicité sur des zones qui en sont normalement préservées. Elle appelle aussi le président de la CAPB à ne pas renoncer au transfert du pouvoir de police pour faire respecter les futures règles, au risque qu’elles ne restent que fictionnelles.

Ce jeudi 23 mai, des militantes et militants de Bizi! arborant des masques d’élus membres du comité de pilotage du Règlement local de publicité intercommunal (RLPi) Pays Basque ont déroulé un tapis rouge entouré d’affiches publicitaires sur les marches du siège de la CAPB. La publicité était en effet à l’affiche de ce festival parodique. Les “élus” ont accueilli en haut des marches la production – un activiste accoutré en publiciste – avec leur réalisateur, un militant costumé en Jean-René Etchegaray. L’association a alors déplié des messages déclarant “Pour un RLPi réellement protecteur!” ou “Pour un règlement sans trucage !”.

Le RLPi – qui va déterminer ce qui est autorisé et interdit en termes de publicité extérieure pour l’ensemble des communes de la CAPB – est en effet en cours d’élaboration. La phase d’orientations générales sera débattue le 15 juin au Conseil Communautaire de la CAPB. Malgré un volontarisme politique affiché, la version actuelle des orientations manque singulièrement d’ambition selon l’association. En effet, un RLPi est censé être plus protecteur que le Règlement National mais il peut aussi être utilisé pour réintroduire de la publicité dans des secteurs normalement protégés contre elle. Or, c’est précisément ce type de dérogation qui est prévu pour l’instant pour la publicité sur mobilier urbain dans “les espaces les plus sensibles du point de vue patrimonial et paysager”. 

En vert foncé : Zones normalement protégées de la pub sauf en cas de dérogation du RLPi (abords des monuments historiques, site patrimonial remarquable, sites inscrits, zones Natura 2000). En vert clair : zone du Parc Naturel Régional Montagne Basque amenée à être protégée contre la pub sauf en cas de dérogation du RLPi

Bizi! déplore également que la version actuelle ne porte pas d’ambition forte comme l’interdiction des publicités lumineuses et l’extinction des enseignes de la fermeture à l’ouverture des activités concernées, la limitation des panneaux extérieurs de 2 m² ou la protection contre la publicité dans un rayon de 75 m des intersections et ronds-points. 

Autre signe de renonciation selon l’association, alors que 40% des panneaux ne respectent déjà pas les règles nationales, le président de la CAPB a annoncé vouloir renoncer au transfert de pouvoir de police de l’affichage dévolu normalement à l’agglomération et laisser cette charge à chacune des 158 communes alors que nombre d’entre elles n’ont pas la capacité à assumer cette compétence. “Si Jean-René Etchegaray n’assume pas ses responsabilités et renonce à ce que l’agglo fasse appliquer les règles qu’elle aura votées, c’est un vrai festival de publicités qui nous menace” prévient Anthony Lubrano, porte-parole de Bizi!

Bizi ! appelle donc le comité de pilotage à se réunir pour prendre en considération les demandes fortes de protection exprimées par la population et la société civile afin de revoir à la hausse les ambitions des orientations générales, notamment exclure toutes dérogations moins protectrices. Elle engage aussi les communes soucieuses d’une réelle protection du cadre de vie du territoire d’en débattre en conseil municipal et de faire remonter leurs demandes au copil. Enfin, elle invite le président de la CAPB à assumer le rôle qui devrait normalement échoir à l’agglomération : ne pas abandonner le transfert de pouvoir de police de l’affichage et ne pas laisser les communes livrées à elles-mêmes.