Articles du Vendredi : Sélection du 16 novembre 2018


Les Pyrénées sous le feu du réchauffement
Romain Loury
www.journaldelenvironnement.net/article/les-pyrenees-sous-le-feu-du-rechauffement,94726

Dans les Pyrénées, les conséquences du réchauffement se font toujours plus visibles. Dans un rapport publié lundi 12 novembre, l’Observatoire pyrénéen du changement climatique (OPCC) dresse un tableau très inquiétant, à tous points de vue.

Publié lundi en marge d’une conférence organisée à Saragosse (Espagne) par l’OPCC, ce rapport de 150 pages, intitulé «Le changement climatique dans les Pyrénées: impacts, vulnérabilités et adaptation», dresse une liste des conséquences déjà visibles et à venir du réchauffement dans cette chaîne montagneuse. Et ce aussi bien sur les prévisions climatiques elles-mêmes que sur ses effets écosystémiques (faune, flore, forêts, lacs et tourbières), hydriques, touristiques, agricoles et énergétiques. Ce qui n’est pas sans rappeler le rapport Acclimaterra publié en juin sur la Nouvelle-Aquitaine.

Instauré en 2010, l’Observatoire pyrénéen du changement climatique (OPCC) est placé sous l’égide de la Communauté de travail des Pyrénées, un organisme de coopération transfrontalière qui comprend les régions françaises et espagnoles situées de part et d’autre de la frontière, ainsi qu’Andorre. Le rapport publié lundi est le fruit d’une collaboration d’une centaine de chercheurs et experts français et espagnols.

Un réchauffement rapide

La situation est déjà fort inquiétante: la température moyenne s’est élevée de 1,2°C dans les Pyrénées entre 1949 et 2010, contre +0,85°C pour la température moyenne mondiale. En été comme en hiver, on observe sur cette période une baisse des précipitations de l’ordre de 2,5% par décennie.

En cas de scénario climatique «business as usual», ceux dénommés RCP8.5 par le Giec (1), la hausse de température moyenne, par rapport à la période 1961-1990, serait comprise entre +2°C et +4°C à l’horizon 2050, et entre +4,3°C et +7,1°C en 2100.

Le bouleversement des paysages pyrénéens est déjà largement à l’œuvre: «entre 1984 et 2016, plus de la moitié des glaciers pyrénéens ont disparu et ceux qui sont encore là ont vu leur masse et leur superficie diminuer considérablement sous l’effet d’un recul accéléré», expliquent les experts.

Faune et flore fuient en altitude

Le fonctionnement des écosystèmes présente lui aussi des signes de surchauffe: déclin des calotritons (des amphibiens pyrénéens) qui coïncide avec les années d’évènements climatiques extrêmes (crues, sécheresse), oiseaux migrateurs qui arrivent en avance (+0,16 jour/an), espèces qui migrent en altitude (+11 mètres par décennie) au risque de voir leur aire de répartition se fragmenter –les corridors n’assurant plus les connexions-, désynchronisation entre oiseaux insectivores et insectes…

Idem pour les plantes, qui débourrent plus tôt et disposent d’une plus grande période de croissance. Plusieurs travaux ont observé une «thermophilisation» de la flore, à savoir la présence accrue de plantes ayant besoin de chaleur, au détriment de celles ayant besoin de fraîcheur. Quant aux forêts, leur front s’est élevé de 35 mètres au cours des 50 dernières années. Elles sont non seulement menacées par l’arrivée de nouveaux pathogènes, mais aussi par des sécheresses plus fréquentes et le risque d’incendie qui en découle.

Les sports d’hiver très menacés

Côté activités humaines, le bilan est mitigé. En particulier sur l’agriculture, avec d’une part une meilleure croissance végétale et moins de gelées, mais aussi plus de pathogènes des cultures et un risque accru de sécheresse.

Quant aux sports d’hiver, ils sont déjà en très mauvaise posture: dans les stations de basse altitude, le nombre de jours skiables a diminué de 5% à 70% entre 1960 et 2010, tandis qu’il a baissé de 4% à 20% dans celles de moyenne altitude. A l’inverse, «le réchauffement progressif, et plus particulièrement les températures plus douces en automne et au printemps, pourraient entraîner un prolongement de la saison du tourisme de montagne dans les Pyrénées», expliquent les chercheurs.

(1) Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

 

La justice américaine suspend l’oléoduc Keystone XL, un revers pour Trump
AFP
www.goodplanet.info/actualite/2018/11/11/la-justice-americaine-suspend-loleoduc-keystone-xl-un-revers-pour-trump

Un juge fédéral du Montana a suspendu jeudi la construction de l’oléoduc géant Keystone XL, un sérieux revers pour Donald Trump qui avait relancé ce projet très décrié dès sa prise de fonctions malgré les risques qu’il fait peser sur l’environnement et les cultures autochtones.

« C’est une honte », a lancé Donald Trump en route pour les commémorations du centenaire de la fin de la Première guerre mondiale. Le président a accusé le juge d’avoir pris une « décision politique » et de mettre en danger 48.000 emplois, un chiffre largement contesté par les adversaires au projet.

Long de 1.900 km, cet oléoduc, déjà partiellement en service, est censé relier les champs pétrolifères de la province canadienne d’Alberta à l’Etat américain du Nebraska, pour aboutir aux raffineries du golfe du Mexique. Il est fermement combattu par les communautés autochtones des territoires qu’il traverse, inquiètes des dégâts environnementaux qu’il pourrait causer.

C’est d’ailleurs en se basant sur une analyse du département d’Etat américain, qui ne jugeait pas le projet « d’intérêt national pour les Etats-Unis » au regard des risques afférents, que Barack Obama avait décidé de bloquer la construction de Keystone XL en 2015.

Le Canada, qui compte sur Keystone pour désengorger le réseau nord-américain de pipelines, saturé, s’est dit « déçu par cette décision ». Le projet a déjà reçu « toutes les approbations nécessaires au Canada » et Ottawa « est déterminé à soutenir le secteur énergétique », a assuré à l’AFP une porte-parole du gouvernement de Justin Trudeau.

Selon le juge Brian Morris, l’administration Trump a délibérément fait fi de l’analyse du département d’État au moment d’autoriser la relance du projet d’oléoduc en mars 2017, peu de temps après son arrivée au pouvoir.

« Une agence ne peut pas détourner les yeux d’observations factuelles faites par le passé parce qu’elles ne vont pas dans le sens souhaité », a ainsi écrit le juge fédéral.

« Pour justifier son revirement, le département d’Etat a tout bonnement balayé d’un revers de la main des données factuelles liées au changement climatique », a-t-il poursuivi.

  1. Morris a enfin accusé le département d’Etat de ne pas avoir suffisamment pris en compte des éléments tels que la baisse des prix du pétrole, le risque de fuite ou les gaz à effet de serre émis dans le cadre du projet.

Initiateur du projet, l’opérateur canadien d’oléoducs TransCanada a répété son engagement à le mener à bien en dépit de ce nouvel obstacle.

« Nous avons reçu la décision du juge et continuons de l’examiner. Nous réitérons notre engagement à construire cet important projet d’infrastructure énergétique », a dit à l’AFP Terry Cunha, porte-parole de TransCanada.

A Wall Street, l’action de TransCanada a cédé vendredi 1,87%, à 38,92 dollars.

Chiffré à 8 milliards de dollars (7 milliards d’euros), le projet Keystone XL date de 2008 et devait permettre d’acheminer quotidiennement 830.000 barils de pétrole à travers l’Alberta, le Montana, le Dakota du Sud, le Nebraska et enfin l’Oklahoma et le Texas.

La suspension décrétée par le juge fédéral est toutefois temporaire et impose au gouvernement américain d’examiner plus en profondeur les implications du projet sur le climat, la faune et les cultures autochtones.

Mais elle s’apparente à une victoire majeure pour les défenseurs de l’environnement et les communautés amérindiennes, et à un revers de taille pour le président américain qui avait autorisé la construction du pipeline, concrétisant ainsi une promesse phare de campagne.

Donald Trump avait justifié le contournement du blocage décrété par son prédécesseur au nom de la lutte contre le réchauffement climatique par la volonté de créer des emplois et de favoriser le développement des infrastructures.

Mais les défenseurs de l’environnement et des populations amérindiennes avaient décidé en mars de poursuivre TransCanada, ainsi que le département d’Etat pour obtenir sa suspension.

« La décision rendue aujourd’hui montre clairement, et de manière irréfutable, qu’il est temps pour TransCanada de renoncer à cette chimère », a réagi Sierra Club, qui fait partie des plaignants.

Pour Greenpeace, la décision envoie « un sérieux avertissement » au gouvernement canadien de Justin Trudeau, forcé par les tribunaux à consulter de nouveau les populations autochtones sur un autre projet visant à tripler la capacité de d’oléoduc Trans Mountain entre l’Alberta et le port de Vancouver.

 

 

Chère essence
Jean-Marie Harribey
https://blogs.alternatives-economiques.fr/harribey/2018/11/15/chere-essence

Chère essence…,

J’ai longtemps hésité à m’adresser à toi pour te faire part de mon embarras, de mon inquiétude, et aussi, je te l’avoue, de mon malaise devant l’agitation et la colère qui sourdent dans la société à ton sujet. Si je m’y résous aujourd’hui, c’est parce que la lettre que j’avais écrite à ton père, le pétrole[1], il y a juste dix ans, et dont je te joins une copie, est restée lettre morte. Il est vrai que je l’avais lancée à la mer dans un baril vide à la dérive, espérant qu’elle finirait bien par échouer aux pieds de quelque gouvernant plus éclairé que la moyenne, par exemple par cette fée nucléaire, ta concurrente mais, nous dit-on, ô combien salutaire.

Las ! Il ne se passa rien. Depuis ce moment, dix nouvelles COP se sont succédé, avec, parmi elles, un tapage aussi tonitruant que sans lendemain lors de la vingt-et-unième. Sans doute, tu concentres en toi nombre de problèmes et tu révèles les contradictions qui fracassent nos sociétés minées par le productivisme d’un capitalisme dont l’unique boussole est le profit pour l’accumulation infinie du capital.

Le fait que tu sois aussi inflammable et explosive explique grandement que, périodiquement, bonnets rouges et gilets jaunes descendent dans la rue parce qu’ils sont pris à la gorge par l’envolée de ton prix à la pompe. Mais la défense de leurs couleurs se fait, pour le coup, au prix d’un embrouillamini social et politique magistral. De bonnets rouges en gilets jaunes, enfle une colère noire. Je t’écris pour conjurer le risque qu’elle ne vire au brun.

Je voudrais te dire que tu es injustement accusée de flamber. Tu es d’abord victime du parcours chaotique de ton père, ce pétrole aux mains souvent de monarchies corrompues et toujours de multinationales sans foi ni loi, qui spéculent, un jour sur sa raréfaction, un autre sur son abondance parce qu’elles vont le forer jusque dans les cailloux et les sables de schiste.

Tu es également victime de la myopie qui handicape nos concitoyens à qui on ne dit jamais que ton prix est aujourd’hui légèrement inférieur à celui de 2012, quand le baril de ton père valait 1,50 dollar, avant d’être divisé trois ans après par presque 4. Et si on te compare au pouvoir d’achat d’un SMIC, on s’aperçoit que, il y a 45 ans, c’est-à-dire lors de la première crise dite du pétrole en 1973, une heure de SMIC pouvait acheter 3 litres de toi, et, en 2018, elle en achète 6, bien que le prix du pétrole ait de nouveau doublé depuis un an. On devrait aussi méditer sur un élément positif et un élément négatif : un litre de toi permet de faire plus de kilomètres qu’autrefois grâce à des moteurs plus économes, mais un litre qui est gaspillé dans des embouteillages inextricables dans toutes les agglomérations et sur toutes les rocades, ces rubans colorés où tout le spectre de l’arc en ciel se mélange autour du rouge, du jaune et même de l’orange, ces couleurs si chaudes et saillantes…

Enfin, et c’est certainement le plus important, la politique du gouvernement, qui va de dégradation des services publics en destruction des droits sociaux, est aussi cynique qu’absurde et cela pour au moins trois raisons. La première est que sa politique fiscale est outrageusement injuste : il a diminué les impôts progressifs des riches et des entreprises, il a supprimé l’impôt sur la fortune, il a transformé le CICE (totalement inefficace pour l’emploi mais très efficace pour rétablir les marges des entreprises, 20 milliards par an, ce n’est pas rien) en un allègement des cotisations sociales des entreprises, en « même temps » qu’il augmentait la CSG et qu’il organisait l’appauvrissement des collectivités territoriales pourvoyeuses de services publics en prévoyant de supprimer la taxe d’habitation.

La deuxième facette de l’injustice et de l’absurdité de la politique gouvernementale concerne l’absence totale d’actions en faveur d’une transition énergétique et écologique pour commencer une transformation des systèmes de transport et pour se diriger vers des énergies renouvelables. Les investissements publics diminuent d’année en année, pendant que le système ferroviaire se déteriore, et les investissements privés ne sont décidés qu’en fonction de normes financières. Il s’ensuit que, sans accompagnement ni social, ni en termes de nouvelles infrastructures, les personnes les plus pauvres se trouvent à gérer un budget contraint par la remontée depuis trois ans du cours du pétrole.

La troisième raison de l’injustice et de l’absurdité de la situation tient à l’aveuglement d’un certain raisonnement économique qui voit dans le prix l’unique moyen de modifier les comportements. Tu me pardonneras, chère essence, de te communiquer un raisonnement compliqué que l’on enseigne à des étudiants en économie qui viennent plus souvent à l’Université en voiture qu’à vélo : imagine-toi un élastique dont la souplesse (la capacité de s’étirer) est plus ou moins grande, tu sais, un de ces élastiques qu’on fabrique en utilisant certaines propriétés de ton père.

Bon, si tu vois, c’est gagné : en faisant varier ton prix à la hausse, on espère que la demande qui se portera sur toi diminuera. Cela se vérifiera-t-il ? Oui, si l’élasticité de la demande par rapport au prix est forte, non dans le cas contraire. Or, je te disais à l’instant que la dépense de transport était contrainte à cause du manque d’infrastructures de transport de substitution, l’élasticité de la demande par rapport à ton prix est donc assez faible. Agir par le seul levier du prix sera inefficace.

Aussi, les trois raisons de l’injustice et de l’absurdité ambiantes se conjuguent pour faire éclater au grand jour les contradictions sociales, économiques et écologiques réunies. La colère sociale explose parce que trop, c’est trop. La hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), indispensable sur le long terme, intervient dans le contexte de la politique fiscale à rebours. L’affaire n’est pas anodine car les taxes environnementales représentent en France 63 milliards d’euros en 2018, dont 47 milliards provenant des taxations sur les consommations énergétiques, parmi lesquelles 24 milliards de TICPE. La loi de finances pour 2019 a prévu 5,1 milliards de taxes environnementales supplémentaires, dont près de 4 milliards de TICPE.

Je t’assure, ma chère essence, de ma compassion. Je souhaiterais tant que la société te conserve, avec attention et précaution. Avec attention parce que tu es précieuse, ton usage est si commode, tu démarres au quart de tour, tu es tellement efficace, ton rendement surpasse celui de bon nombre de tes concurrents. Avec précaution parce que lorsque tu te consumes, tu pars en émission de carbone et ça c’est très mal pour nous, pour nos descendants et pour la planète. Je t’entends réagir et me dire que cela est bien connu de nous et que la responsabilité des inconvénients nous incombe donc. Tu as parfaitement raison, mais, vois-tu, devant cette responsabilité qui nous effraie, tu sers de bouc émissaire.

Tu es tellement au centre des préoccupations du moment que, d’un côté, tu es saisie par les forces réactionnaires pour délégitimer un peu plus l’impôt, et, de l’autre tu mets dans un imbroglio politique et stratégique ceux qui, à gauche, prétendent défendre les intérêts des pauvres et des exploités. Tu as peut-entendu comme moi tel responsable politique progressiste déclarer qu’« il ne fallait pas se pincer le nez devant la colère populaire ». Il vaut mieux en effet ouvrir les yeux que de se pincer le nez. Il ne t’a pas échappé non plus qu’une association amie a publié un communiqué disant que la taxe sur les carburants servait à « boucher les trous du budget de l’État ». Bien sûr, il n’en est rien, car c’est confondre le comblement du déficit public – qui se fait, par définition, hors impôt (sinon, il n’y aurait pas de déficit) – avec une mauvaise affectation du produit de l’impôt, puisque seuls 7,2 milliards seront destinés à financer la transition écologique en 2019.

Chère essence, la question de ton prix nous met en face de la contradiction insurmontée jusqu’ici entre la soutenabilité sociale et la soutenabilité écologique. Contradiction qui n’est pas intrinsèque au social ni à l’écologie, ni à leur rencontre, mais qui est engendrée par la logique d’accumulation du capital : d’un côté, celle-ci pressure toujours davantage le travail et donc les couches populaires ; de l’autre elle (é)puise sans retenue la nature.

En attendant la remise en cause de cette logique, la colère populaire gronde. Elle est compréhensible. Est-elle légitime ? Si elle est l’occasion d’aller à la racine des choses, oui. Si les forces conservatrices et réactionnaires prennent le dessus et agrègent ceux qui n’ont strictement rien à faire ni des pauvres ni de l’écologie, un pas de plus sera fait pour délégitimer l’impôt, la régulation par l’État et, au-delà, un coup de canif de plus sera donné au contrat social qui lie les citoyens de notre pays, ceux d’ailleurs et ceux de demain.

Parmi toutes tes qualités, chère essence, il en est une dont on ne parle pas beaucoup : tu as un pouvoir de dissolution de certaines matières. Par ton intermédiaire, ceux qui ont intérêt à la désagrégation de la démocratie en profitent pour gloser sur la dissolution du clivage gauche/droite et, par delà, de l’opposition travail/capital. Les réseaux dits sociaux sont bien commodes : chacun dans son coin peut être à l’origine d’une initiative qui n’est souvent qu’un feu de paille mais qui embrase tout, surtout si tu te trouves en jeu, et le mariage de la carpe et du lapin est célébré. Pendant ce temps, les collectifs disparaissent, les syndicats se terrent et les médias découvrent la lune : les pauvres s’appauvrissent.

Chère essence, je ne te souhaite qu’une chose : que ton prix augmente beaucoup. Dans ce monde vénal, les gens ne respectent que ce qui « a un prix ». Or, je te le disais plus haut, comme tu es précieuse, autant ne pas te gaspiller, t’économiser pour les urgences. Le 17 novembre prochain, combien de bannières dorées et de parkas amarillos se revendiqueront de toi à vil prix ! Je te promets de crier dans le désert que, à force de t’user, on risque d’abuser les citoyens en leur faisant croire que baisser ton prix les sauvera de la catastrophe. Il est essentiel d’accompagner ton prix d’un changement de la façon de (nous) conduire.

JMH, 15 novembre 2018

 

Cher pétrole…,

Cher pétrole, je me décide à t’écrire parce que le monde s’inquiète pour toi, ou pour lui-même. Tu sais combien nous te chérissons, et notre amour grandit avec ton prix. Plus tu es cher, plus tu nous es cher. Tes brusques accès de fièvre et tes envolées vers les sommets sont autant de piqûres de rappel : notre fidélité est à toute épreuve et l’addiction est telle que nous avons placé en toi l’essence de notre bien-être matériel. Cent cinquante ans de bonheur et de passion charnelle, puisque tout ce que nous mangeons, transportons et chauffons contient ton précieux liquide.

Et bonne pâte avec ça. On fore et tu te laisses approcher ; on pompe et tu jaillis ; on te canalise et tu irrigues la terre entière. A contrario, tu manies le paradoxe : tu as mis des centaines de millions d’années à te fossiliser et tu te consumes en un rien de temps, aussi vite que ton cousin le gaz. Tu aurais pu nous prévenir car jamais nous n’aurions supposé un tel décalage. Les experts ès combustibles fossiles nous assuraient que plus on épuisait un gisement, plus on avait intérêt à exploiter le suivant, ce qui aurait valu un « prix Nobel » d’économie aux soldats de La Palice. Il y avait bien eu les avertissements du géologue américain King Hubbert qui, dans les années 1950, avait prédit la diminution de la production pétrolière américaine. Mais personne ne l’avait cru et, aujourd’hui, nous approchons du pic de la production mondiale : celle-ci ne pourra ensuite que décliner.

Cher pétrole, nous sommes plongés dans l’embarras. On a libéré les marchés financiers et les spéculateurs ont compris le bénéfice qu’ils pouvaient tirer de la certitude de ta disparition prochaine : en achetant aujourd’hui les barils de demain, ils font leur miel de ta coulée. Mais tu es bien protégé : toutes les armées du globe sont à tes pieds pour garantir ton bon écoulement, au cas où un dictateur, car ce ne pourrait être qu’un dictateur, voudrait te nationaliser, un projet absurde pour toi qui appartiens au monde entier.

On a construit des autoroutes partout et l’idée de faire rouler des camions dessus est venue spontanément : en effet, pourquoi laisser fondre au soleil le goudron, c’est-à-dire un peu de toi-même, sans user en même temps la gomme des pneus, dans lesquels il doit bien y avoir aussi quelques-unes de tes molécules ? Les camionneurs, les pêcheurs et les agriculteurs sont pendus au-dessus d’un brasero alimenté par toi, avec une corde tressée par les actionnaires des « majors », ces multinationales dont le métier est d’inciter à te consommer le plus vite possible. Les Etats ont longtemps fermé les yeux car les taxes sur les carburants rentraient dans les caisses que l’on vidait par ailleurs au nom du « moins d’impôt progressif ». Et ils se sont jusqu’ici abstenus de mettre en œuvre des énergies renouvelables. Taxer l’utilisation du pétrole, c’est plus facile que de taxer celle du soleil.

En l’absence d’alternatives proches, toutes les solutions d’urgence sont mauvaises. Laisser monter ton prix, c’est étrangler les petits producteurs, les salariés payés une misère et qui doivent rouler pour aller travailler ; en revanche, c’est une aubaine pour Shell, Exxon-Mobil, BP, Chevron-Texaco, Total, etc. Baisser ton prix, c’est encourager le gaspillage et abandonner tout espoir de limiter les émissions de gaz à effet de serre. D’autant que le doublement, en l’espace d’un an, du prix du baril exprimé en dollars courants est trompeur. Exprimé en euros, il n’augmente que des deux tiers. Et exprimé en dollars constants, il est aujourd’hui au même niveau que dans les années 1860. Certes, entre temps, il avait durablement été divisé par dix. Rapporté au SMIC, le prix du litre d’essence a diminué d’un tiers depuis 1973, mais doublé depuis son point le plus bas en 1998, ce qui déstructure le budget des pauvres. Enfin, sur le long terme, nous ne te payons pas davantage qu’à l’époque où l’on a commencé à s’enivrer de toi. A cause de ton épuisement progressif, il faut s’attendre à devoir te payer réellement beaucoup plus cher, bien que des apprentis sorciers parient sur la fonte des glaces polaires et du permafrost pour amorcer une nouvelle ruée.

Les pays qui s’imaginent vivre sur un pactole ne savent pas qu’aucune économie rentière n’est durable. Le Président Chavez s’en apercevra un jour, espérons avant qu’il ne soit trop tard. Quant à ton remplacement par des agrocarburants, il n’y a plus que le Président Lula pour y voir l’avenir des sans terre.

Cher pétrole, nous nous étions abandonnés à toi et tu es sur le point de nous quitter. Désemparé, je renonce à t’envoyer cette lettre par la poste qui est devenue une banque proposant des placements sur des valeurs sûres, toi peut-être encore pendant un temps. Je préfère la jeter à la mer. Je trouverai certainement un baril vide pour la glisser dedans. Et puis, hop, à la mer, cette mer qui déjà te recueille si bien quand un pétrolier fait naufrage.

 JMH, 12 juin 2008

[1]J.-M. Harribey, « Cher pétrole… », 12 juin 2008, repris dans Politis, n° 1010, 10 juillet 2008, et dans Raconte-moi la crise, Éd. Le Bord de l’eau, 2009.

 

Nucléaire : « La fermeture de réacteurs doit être engagée dès maintenant »
Anne Bringault, coordinatrice des ONG sur la transition énergétique ; Florent Compain, président des Amis de la Terre France; Benjamin Dessus, ingénieur et économiste, Global Chance ; Michel Dubromel, président de France Nature Environnement ; Clémence Dubois, chargée de campagne à 350.org France ; Txetx Etcheverry, cofondateur du mouvement écologiste Bizi! ; Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France ; Jon Palais, porte-parole de ANV COP21 – Alternatiba ; Philippe Quirion, président du Réseau Action Climat ; Bernard Laponche, physicien nucléaire, Global Chance.
www.lemonde.fr/idees/article/2018/11/15/nucleaire-la-fermeture-de-reacteurs-doit-etre-engagee-des-maintenant_5383712_3232.html

Si la programmation pluriannuelle de l’énergie n’acte pas la fermeture de réacteurs d’ici à la fin du quinquennat, la transition énergétique de la France n’aura pas lieu, car le nucléaire est un obstacle majeur au développement des énergies renouvelables, explique, dans une tribune au « Monde », un collectif de chercheurs et d’activistes.

Tribune. Dans les prochains jours, le président de la République Emmanuel Macron présentera la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), une feuille de route qui déterminera l’avenir énergétique de la France pour les dix prochaines années.

Un sujet hautement stratégique pour l’Hexagone, ses citoyennes et ses citoyens. Ce document détermine le rôle que l’Hexagone jouera dans la transition énergétique au niveau européen et dans la lutte contre les dérèglements climatiques.

Pourtant, à ce jour, nous craignons que ce plan manque fortement d’ambition. Notamment si la PPE n’annonce aucune fermeture de réacteurs nucléaires d’ici à la fin du quinquennat. Quand bien même il est question de repousser l’échéance des 50 % de nucléaire [dans la production d’électricité] en 2035 (légalement, elle est encore fixée à 2025), la fermeture de réacteurs nucléaires doit être décidée et engagée dès maintenant.

Il s’agit là de transformations majeures, notamment en raison des implications économiques et sociales qui en découlent. Et il s’agit de transformations indispensables, tant le parc nucléaire est vieillissant, défaillant et dangereux.

Pour toutes ces raisons, la France ne peut pas prendre plus de retard dans sa transition énergétique, et ces décisions doivent être prises maintenant.

Sécurité et déchets

Monsieur Macron, il n’est plus possible, comme l’ont fait vos prédécesseurs, de reporter. Si la PPE n’acte pas la fermeture de réacteurs d’ici à la fin de votre quinquennat, cela reviendra à prendre la décision de maintenir les Françaises et les Français dans une situation de risque permanent d’accident nucléaire.

Sur les cinquante-huit réacteurs en fonctionnement dans l’Hexagone, plus de 1 000 anomalies ont été détectées depuis leur mise en service. Certains continuent de produire de l’électricité, alors que des pièces ne sont pas conformes aux normes de sûreté.

Et c’est sans compter les risques d’accidents liés aux manquements dans la sécurité des centrales, comme l’a récemment soulevé la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, et l’accumulation, toujours plus folle, de déchets dont on ne sait que faire.

L’Autorité de sûreté nucléaire n’a pas encore rendu son avis sur les conditions de prolongation des réacteurs les plus vieux

Si la PPE n’acte pas la fermeture de réacteurs d’ici à la fin du quinquennat, ce sera également un coup de poignard dans le dos de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Cet organisme indépendant n’a pas encore rendu son avis sur les conditions de prolongation des réacteurs les plus vieux, ceux qui vont atteindre l’âge limite d’exploitation pour lesquels ils ont été conçus, soit quarante ans. Le gouvernement ne peut pas décider de continuer d’exploiter des réacteurs nucléaires dont la possibilité technique de prolongation d’exploitation, dans des conditions suffisantes de sûreté, n’a pas été évaluée.

Si la PPE n’acte pas la fermeture de réacteurs d’ici à la fin du quinquennat, la transition énergétique de la France n’aura pas lieu. Le nucléaire est un obstacle majeur au développement des énergies renouvelables.

Selon les projections du Réseau transport électricité (RTE), la consommation d’électricité va diminuer ou stagner dans les vingt prochaines années. Si l’on ne réduit pas fortement la place du nucléaire, qui occupe aujourd’hui 75 % du mix de production électrique, les renouvelables n’ont aucune chance d’exister autrement qu’à la marge.

Un impact sur l’Europe

Pis, la transition énergétique sera également bloquée au niveau européen. Car tant que la France maintient son parc nucléaire, l’Allemagne et d’autres pays du Vieux Continent continueront à recourir au charbon. C’est le « deal » passé entre les voisins européens pour maintenir leurs industries énergétiques à flot. Tant pis pour les énergies renouvelables.

Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a récemment tiré la sonnette d’alarme pour que les Etats agissent plus vite et plus concrètement, la France peut-elle vraiment se permettre de ralentir l’action climatique européenne ?

Monsieur Macron, vos prédécesseurs ont déjà considérablement amputé la transition énergétique française. Ne répétez pas les mêmes erreurs. La PPE doit être un instrument de mise en œuvre des engagements climatiques internationaux de la France. Cela passe par une politique volontariste de maîtrise de la consommation d’énergie associée à un fort développement des renouvelables. Et cela ne pourra pas se faire tant qu’on ne refermera pas la page de notre histoire avec le nucléaire.

 

 

«Saltzeko argudio da ekologia»
Ekhi Erremundegi
http://iparraldekohitza.eus/2018/11/15/saltzeko-argudio-da-ekologia/

EELVko zuzendaritzako kidea da, Gazteria eta Europa gaien arduradun. Ahots ekologista bat beharrezkotzat jotzen du, Europa federal baten proposamena bizi dadin.

SERIEA. Frantziako ezkerra (III). Marie Toussaint.

2009ko Europako hauteskundeetan berdeek bultzatutako zerrenda zabal batekin bozen %16tik gora lortuta, alderdi gisa egituratu zen EELV, baina azken urteetan ez du jakin indar hura atxikitzen, eta PS sostengatzera mugatu da. Alderdi sozialistak utzitako espazio politikoan leku bat okupatzeko gogoz direla erakutsi du Marie Toussaintek (Lille, 1987), EELVko zuzendaritzako kideak.

Zer analisi egiten duzu Frantziako ezkerraren egoeraz?

Europan eta —oro har— nazioartean ere, sozialdemokraziaren zinezko ahultze bat gertatu da, eta horrek ezker guziaren apaltzea ekarri du. Hiru indar handi sortzen ari dira: statu quo neoliberala, eskuin muturreko nazionalismoak eta ezkerreko nazionalismoak. Guk uste dugu beste polo bat bultzatu behar dela: demokratikoa, elkartasunak biziaraziko dituena… Baina hori ekologiatik baizik ez da egiten ahalko. Europa guzian alderdi ekologistak indartzen ari dira. Sozialdemokraziak utzitako bide hori har lezake ahots ekologistak.

Ahots ekologista anitz eta oso ezberdinak daude.

Gaur egun, mundu guziak du bere burua ekologistatzat; saltzeko argudio bilakatu da, baita baliabide naturalak bereganatu eta ozeanoak suntsitzen dituzten Total, Nestle eta halako enpresentzat ere. Emmanuel Macron green washing egiten ari da, eta horrek ekarri zuen Nicolas Huloten joatea. Baina ezkerreko alderdietan ere, batzuk zintzoki ari badira ere, hautetsi andanak AHTaren alde egiten du, zuhaitzak moztearen alde, ez dira oraindik produktibismoaren logikatik atera. Frantzia Intsumisoak ozeanoak erabiltzea aipatzen duenean, bereganatzearen logikan dira oraindik, biziki ikuspegi jakobino eta hein batean kolonialarekin.

Koherentzia aldetik, oraindik zentzua badu alderdi ekologista bat egoteak, eta espero dut gazte belaunaldi berriek kontzientzia ekologikoa garatu eta bat eginen dutela. Arazoa ez da etiketa, baizik eta Europan eta nazioartean gure partaide izanen direnak ere, denak ekologistak izatea.

Zerk desberdintzen ditu EELV eta Generation?

Oraintxe eman ditut arrazoiak. Gustura hartuko genituen gurekin batera, baina beste mugimendu bat sortzea erabaki dute. Egin nahi dutena ekologia bada, ongi etorriak ziren, eta etiketa elkarrekin alda genezakeen. Besterik erabaki dute, eta dolu dut.

Non kokatzen da EELV?

Orain dela bizpahiru urte arte, klima berotzea biziki urrun zen, teorikoa zen, eta ez ginen hunkiak sentitzen. Orain, ohartzen ari gara gaur gertatzen ari dela, gure etxean: gai nagusi bat bilakatzen ari da gure bizitzetan. Eta ohartzen ari gara orain ekin behar diogula. Horregatik erraten dut espazio politiko bat badugula.
Guri inporta zaiguna da ekologian, elkartasunean, eta demokrazian oinarritutako Europa federal baten proposamen politikoa bizi dadin. Eskuin muturreko indar kontserbadoreen, eta indar liberal eta produktibisten parean, indar berri bat sortu behar dugu.

Ez ote da hobe ezkerra batzea?

Demokrazian gara: ez zait arazo bat iruditzen programa politiko desberdinak izanik hautesleei programa politiko desberdinak aurkeztea. Alderdiak gero eta ekologistagoak dira, baina ez dira oraindik osoki. Desberdintasun garrantzitsuak daude, izan boterearekiko harremanean, lurraldearekiko harremanean, proposamenen erradikaltasunean… Ezkerraren batasunerako agindu horrek, ezkerra osotasun homogeneo baten gisa aurkeztuta, egiaz ez du funtzionatzen. Gure erronka da gure proposamen politikoak ahalik eta indar gehien izatea.

Zer Europa irudikatzen duzu?

Aterabidea ez da ez statu quo-a, ez eta estatuetara itzultzea ere. Lilurazkoa da erratea estatuetara itzulita elkartasunean oinarritutako gehiengo ekologistak izanen genituzkeela! Aterabidea da lurraldeei rol gehiago ematea; europar bat, boz bat logika segituko lukeen europar federazioa indartzea. Herritarren erabakiak hobeki irudikatzeko baliabideak behar ditugu Europako Batasunean. Dena ez da Europako hitzarmenetan ezarria. Austeritate politika ez dago hitzarmenetan, erabaki politiko bat da; Greziari egin diotena ez dago hitzarmenetan, erabaki politiko bat da. Egin behar dugun lehen gauza da elkartasunean oinarritutako gehiengo ekologistak lortzea Europan. Eta gauza bera gobernantza maila guzietan. Politikak aldatzeko boterea hartu behar da.

Nola?
Hitzarmenak berrikusi behar dira, eta, bereziki, ekologia hitzarmen bat behar du Europak, ingurumenaren babeserako lan egin behar duela idatzita. Gaur egun, hitzarmenen barnean ere baliabideak badira, besteak beste, herri kontsulta lotesleak gai tematikoei buruz: glifosatoa debekatzea, Europa mailako langabezia saria… Baditugu proposamenak herritarei erabakiak harrarazteko, gaur egungo hitzarmenen barnean.

Eskuin muturraren gorakada handia izan da azken urteetan.

Statu quo-aren porrotak, herritarrak beste zerbaitetan aterpetzera daramatza. Gaur egun, estatuen mugak ezagunak egiten zaizkigu, eta horrek babes sentsazio bat eman dezake, lasaigarria da. Eskuin muturra horretatik elikatzen da.

Horrez gainera, azken urte hauetan ez dugu lortu herritar guzien bizi baldintzak hobetzerik. Produkzioaren eta finantzaren mundializazioak aitzina segitzen du ondorioak kontuan hartu gabe; zinezko erronka bat bada jendeak beraien bizitzen jabe egin daitezen. Eta bada sentimendu bat ere erregimen demokratikoek ez dietela gehiago balio bizitzak aldatzeko.

Ez nau harritzen probidentziazko gizonen bila aritzeak, erregimen autoritarioago, diktatorialagoen bila aritzeak, pentsatuz zinez gauzen martxa aldatuko dutela. Aski lilurazkoa da, egias politika ekonomiko berak eramaten dituztelako batzuek zein besteek, eta demokraziak oraindik ere aldaketa sakonerako espazio bat eskain dezakeelako. Politikak, gizarte proiektu bat proposatzeak, oraindik badu zentzua.

Etorkinen kontrako ezker bat sortzen ari ote da?

Ez dakit. Baina bada arduragabea den ezker bat, gizaki bati gertatzen ahal zaion gauzarik onena dagoen tokian gelditzea dela baitio bere analisi politikoan. Badakigu klimaren ondorioz 2,5 milioi errefuxiatu izanen direla 2050ean. Migrazio horiek ukatzea, gure estatuak behar bezala presta daitezen ukatzea ere bada. Hori zinez arduragabea iruditzen zait. Are gehiago, alde xenofobo batekin jokatzen badu. Nire iritziz, suarekin jostatzen ari dira.

Zer erantzun eman behar zaio herri bakoitzak bere etorkizuna libreki erabakitzeko eskaerari?

Ekologistak, beren burua komunitate gisa onartzen duten herritarren erabakitzeko eskubidearen alde gaude. Alde horretatik eginak izan daitezkeen eskaera demokratiko guziak babesten ditugu. Modu batera edo bestera, aldarrikapen horiei erantzuteko modua aurkitu behar dugu, aldaketa instituzional batean izan ala ez. Ez da Kaledonia Berrian Frantziaren parte izatea erabakitzen dutelako, kanakiarren aldarrikapenei lekurik egin behar ez zaienik, besteak beste, lurren eta itsasoen ustiaketari ala eskubide kulturalei begira dituzten eskaerei dagokienez. Frantzian, aitzinamenduak izan dira azken urteetan, baina urrunago joan behar da. Norbanako bakoitzaren eskubide kulturalak onartu behar dira.