Jon Palais, militant de Bizi et d’ANV-COP21, est convoqué ce jeudi 9 juin, à 9h30, à la gendarmerie de Peyrehorade. D’après les informations de la gendarmerie, il s’agirait d’une enquête sur une réquisition de chaises qui a été menée le 19 octobre 2015 dans une agence BNP de Paris.
Cette convocation s’ajoute à la liste de nombreuses autres déjà menées à Paris, Strasbourg, Bordeaux, Lyon, Tarbes, Nîmes, Perpignan, Uzès, Marseille, et à 4 reprises à Bayonne !
L’année dernière, des centaines de citoyens « Faucheurs de chaises » ont effectivement réquisitionné un total de 243 sièges, au cours de 39 actions non-violentes menées à visage découvert, dans des banques impliquées dans l’évasion fiscale (BNP, HSBC, Crédit Agricole, Société Générale). Dans le cadre de cette campagne lancée dans la perspective de la COP21 et relayée notamment par ANV-COP21, Attac, les Amis de la Terre, Bizi, et les Jedi for climate, c’est la BNP qui a été la banque la plus ciblée par les militants, étant la banque française possédant le plus de filiales dans les paradis fiscaux, et ayant notamment des filiales dans les îles Caïmans… sans aucun salarié sur place !
Alors que les actions de réquisition de chaises s’intensifiaient à l’approche de la COP21 et visaient toujours davantage la BNP, Philippe Bordenave, directeur général délégué de la banque, avait accepté de recevoir une délégation des Faucheurs de chaises le 24 novembre dernier. Il avait cependant refusé de fermer ces filiales des îles Caïmans en prétendant qu’il n’y avait aucune activité répréhensible et qu’il s’agissait d’un « paradis réglementaire » ! Pourtant 6 mois plus tard, le 24 mai, les dirigeants de BNP Paribas informaient leur commission financière du Comité central d’entreprise (CCE) de leur décision de fermer leurs dernières branches actives dans les îles Caïmans (https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/bnp-paribas-annonce-la-fermeture-de-ses-filiales-aux-iles-caimans-premiere). Il semblerait donc que la multiplication des actions citoyennes, des lanceurs d’alerte, et des scandales à répétition comme celui des Panama Papers, aient finalement dissuadé la BNP de poursuivre ses activités non « répréhensibles » dans un paradis fiscal « réglementaire » un peu trop voyant.
Les Faucheurs de chaises s’étaient illustrés une nouvelle fois, le 8 février 2016, en organisant une marche pour remettre 196 chaises réquisitionnées à la justice, à l’occasion de l’ouverture du procès de Jérôme Cahuzac, et en appelant à ne pas juger qu’un homme mais à faire le procès du système de l’évasion fiscale (http://anv-cop21.org/1267-2/#sdfootnote2anc). La police avait alors empêché les 200 citoyens portant les chaises d’atteindre le palais de justice en bloquant les voies. Après le départ des Faucheurs de chaises, les forces de l’ordre avaient récupéré eux-mêmes les 196 chaises et les avaient chargées dans deux camions de police.
« Ce ne sont pas les citoyens lanceurs d’alerte ou ceux qui mènent des actions non-violentes à visage découvert qu’il faut convoquer et poursuivre, mais bien les dirigeants des banques qui organisent sciemment un système d’évasion fiscale de masse. L’évasion fiscale prive les États des moyens nécessaires notamment au développement des services publics, et à une transition sociale et écologique ambitieuse. Or il est absolument crucial et urgent que nous nous engagions dans une telle transition pour relever le défi climatique, qui est une bataille décisive pour la survie de l’humanité, et qui se joue dans les 5 à 10 ans qui viennent », déclare Jon Palais, qui se rendra à la gendarmerie ce jeudi.