Le 1er Mai, dégage le capitalisme ! Lettre ouverte

Par Maixan Arbelbide, ouvrière à la retraite ; Bernard Capelier, prof de math en retraite ; Sébastien Cau, infographiste ; Séverine Duchêne, enseignante ; Marie Erramouspe, étudiante ; Emmanuel Gendron, artisan, Léa Quelin, chômeuse ; Eric Lecoutre, plombier-chauffagiste ; Camille Ogouz, secrétaire-comptable, Jon Palais, travailleur précaire

« Dégage le capitalisme ! » : c’est derrière ce slogan que nous défilerons ce dimanche à Bayonne dans le cadre de la traditionnelle manifestation du 1er mai (RV à 10H30 sur le Pont Saint Esprit, côté gare).
Il s’agit là bien entendu d’une référence directe à la révolte des peuples arabes qui viennent de montrer que tout reste possible, même là où l’on croit les choses immuables, l’ordre injuste établi une fois pour toutes…

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Le temps des crises :

Ceux là même dont la pensée dominante voulait nous faire croire qu’ils étaient islamo-incompatibles avec la démocratie se sont soulevés en son nom et ont commencé à faire « Dégager » dictateurs et régimes despotiques. Leur révolte continue, et doit nous inciter nous aussi à prendre le relai, ici et maintenant.

Oui, à notre tour également, nous avons à faire « Dégager » un autre type de totalitarisme : celui du capitalisme tout puissant, qui nous impose ses choix de société. Nous n’avons jamais été consultés sur les choix du nucléaire, de la mondialisation et du néo-libéralisme, de la croissance illimitée et prédatrice, alors même que ces choix transforment complètement nos vies et menacent l’avenir de nos enfants.

Aujourd’hui ce système est en crise profonde : à force de consommer l’équivalent annuel de 3 planètes (en Europe) voire de 6 (aux USA) alors que nous n’en n’avons qu’une seule (faut-il le rappeler à Sarkozy, Parisot, DSK, Jean Grenet et autres Alain Rousset ?), il provoque une cascade de crises écologiques, sociales, alimentaires, voire de guerres du pétrole, de l’eau ou des diverses matières premières.

Arrêtons les dégâts !

Construit sur la mise en concurrence des uns contre les autres, au lieu de promouvoir la solidarité et le bien commun, le capitalisme a provoqué l’explosion des inégalités et des injustices ( Selon un rapport des Nations Unies sur le développement humain, la fortune des 3 individus les plus riches de la planète est supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres soit 600 millions de personnes !).
Il a dans le même temps mis à mal les différentes communautés, favorisé le déracinement, l’uniformisation et l’appauvrissement culturel, l’insécurité voire l’ultra-violence, les bidonvilles et les mégapoles ingérables et inhumaines.

Partout, il a déstructuré nos sociétés, en marchandisant tout ce qui était gratuit, du dimanche non travaillé aux rites funéraires, du sport et de la culture aux plages ou aux forêts ; en privatisant les biens communs de l’humanité : génome, semences, eau, terre, énergie… ; en rendant la société toujours plus individualiste, en faisant disparaître l’idée du bien commun au profit d’une consommation ostentatoire et jamais assouvie ; en transformant les personnes humaines en consommateurs dociles et impuissants, par le conditionnement de la publicité, des marques et de la télévision.

Paul Ariès, l’un des intervenants du Forum « Capitalisme : c’est par où la sortie ? », a bien résumé l’enjeu actuel : « Après s’être posé la question Quelle planète allons nous laisser à nos enfants ?, il faut désormais s’interroger sur Quels enfants allons nous laisser à la planète ? ».
De social et écologique, le défi est devenu culturel et anthropologique. C’est l’Humanité qui est menacée bien plus que la planète.

Résolument optimistes :

Pour autant, nous restons profondément optimistes et croyons que ce système destructeur peut être remplacé par une société de la convivialité et de la solidarité, de l’équité, de la justice sociale et de la sobriété heureuse, de la réaffirmation des communautés et de la diversité linguistique et culturelle, de la relocalisation de l’économie et du politique, du temps de vivre et de partager.

« La crise actuelle n’est pas seulement celle du néo-libéralisme, mais aussi celle du capitalisme » explique Gus Massiah, qui interviendra ces jeudi et vendredi dans le cadre du Forum sur la sortie du Capitalisme. Personnalité centrale du mouvement altermondialiste actuel et un des principaux animateurs du Forum Social Mondial, Gus Massiah insiste et détaille les opportunités ouvertes par cette crise.

Au Maghreb et au Machreq, ce qui était hier encore impensable est devenu la réalité aujourd’hui. C’est la poursuite du capitalisme qui est complètement irréaliste dans le cadre d’une seule planète. Soyons donc réalistes et commençons sans plus tarder à affirmer la nécessité d’une sortie du capitalisme.

C’est dans cet esprit que nous vous appelons à nous rejoindre ce dimanche 1er mai au sein du défilé festif et combattif « Dégage le capitalisme ! ».