Capitalisme : c’est par où la sortie ?

Bizi organise à la fin avril un Forum “CAPITALISME : C’EST PAR OU LA SORTIE ?” et un défilé festif et combattif pendant la manif du 1er Mai, suivi d’un repas et d’une fête.

Réunion de préparation fixée le mercredi 23 février à 19h à la Fondation Manu Robles-Arangiz

Avis à tous(tes) les volontaires, il y aura besoin du maximum de gens pour organiser ce temps fort ! Rejoignez nous lors de cette réunion !

Forum Capitalisme : c’est par où la sortie ?

Le Forum Social Mondial qui vient de s’achever à Dakar y a rassemblé 50 000 militants dans un contexte effervescent marqué à la fois par la flambée des prix alimentaires et par les révolutions Tunisienne et Egyptienne.

Un système à la dérive :
Le premier élément vient démontrer une fois de plus que le capitalisme, ce système qui soit disant « marche » contrairement à ses alternatives qualifiées d’utopiques ou d’irréalistes, est en fait une catastrophe incontrôlée à tous les niveaux. Il est en train de dérègler de manière irréversible les grands équilibres (climat, biodiversité, état des océans…) de la planète. Il épuise en 200 ans à peine des matières premières et énergies non renouvelables et précieuses qui manqueront cruellement aux générations qui nous suivent. Bref, comment un système qui consomme actuellement 1,2 planète par an peut-il être qualifié de système qui « marche » ?

D’autant plus que ce gaspillage suicidaire n’arrive même pas à assurer le bien être matériel minimum des populations qui peuplent cette planète qu’on est en train d’épuiser. La Banque Mondiale vient d’indiquer que 44 millions de personnes supplémentaires sont tombées entre juin et décembre 2010 sous le seuil de l’extrême pauvreté comme conséquence de la dernière envolée des prix alimentaires.

Pour expliquer cette nouvelle crise dramatique, on retrouve la même conjonction (bien que dans des proportions différentes) de causes que dans l’épisode précédent de 2008 :
– la hausse du prix du pétrole (nous approchons du fameux Pic de Hubbert, moment où la consommation dépassant les capacités de production en fera exploser le prix, ce qui va bouleverser nos sociétés toutes entières construites sur le pétrole pas cher) renchérit le transport des matières agricoles dans un monde où la souverainneté alimentaire (leur auto-suffisance) a été mise à mal par la globalisation néo-libérale.
– le dérèglement climatique causé par la hausse, en un peu plus d’un siècle, de 0,74 ° de la température moyenne du globe terrestre (rappelons que si nous ne mettons pas rapidement fin au système productiviste cause de ce réchauffement climatique, on fonce droit vers les +4 à 6°C d’ici la fin de ce siècle et essayons d’en imaginer les conséquences dès 2050….), s’accompagne de la multiplication d’évènements climatiques extrèmes (leur nombre a doublé en 20 ans). Un des premiers producteurs de céréales du monde, la Russie, a été victime de la canicule et d’incendies effroyables cet été pendant qu’un autre gros producteur de céréales, l’Australie était lui victime d’inondations majeures (frappée depuis par un des cyclones les plus violents de son histoire, elle s’apprête désormais à instaurer une taxe carbone dès 2012 !).

Cette augmentation du prix du transport et surtout ces mauvaises récoltes (qui viennent se rajouter à la pression structurelle sur les prix dûe à l’explosion des agro-carburants et à l’imitation croissante par les pays émergents du mode d’alimentation carnée des pays occidentaux) vont provoquer des phénomènes inévitables de spéculation à la hausse qui vont amplifier le renchérissement des denrées alimentaires de base. Quand un financier analyse que le prix des céréales risque d’augmenter, alors il en achète des stocks énormes pour en tirer profit de cette hausse à venir, augmentant ainsi artificiellement la demande face à une offre en crise, et faisant ainsi encore plus augmenter les prix ! Les millions d’euros de bénéfice qu’il en tirera pèsent plus que les millions de victimes humaines de cette spéculation, cela en dit long sur la moralité de ceux qui pilotent le système.

Sortir du capitalisme :
Le capitalisme, par son propre mécanisme de base et de par les conséquences des dérèglements et transformations qu’il produit, provoque donc à nouveau une véritable flambée des prix des denrées alimentaires de base. Et c’est cette flambée qui est à l’origine de l’agitation et des premières manifestations qui vont secouer l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte. Les mouvements ainsi provoqués vont en deux mois à peine provoquer deux révolutions « démocratiques », et faire mentir les tenants de la pensée unique qui veulent nous faire avaler pas mal de sottises idéologiques servant leur Ordre des choses, comme par exemple la fameuse incompatibilité entre Islam et démocratie devant justifier le « Choc des civilisations »…

Le capitalisme n’est en rien menacé par ces deux bouffées d’air libre en Tunisie et en Egypte, mais quelque chose s’ébranle tout de même. Ce fatalisme qui nous condamne à accepter l’inacceptable, parce que nous avons intégré le fait qu’il n’y a pas d’alternative au capitalisme (le TINA cher à Margareth Thatcher) ou parce que nous nous croyons incapables -face à un système qui semble surpuissant- de construire ces aternatives.
En fait, le capitalisme apparaît de plus en plus pour ce qu’il est : un système à bout de souffle, qui prend l’eau de toutes part. Et la force collective, imprévisible de ceux qui sont victimes des crises provoquées par ce système chaotique montre que tout demeure possible.

Le débat sur la stratégie pour sortir du capitalisme est donc plus d’actualité que jamais. Quel est le chemin le plus efficace vers l’alternative à ce système ? Qu’est ce qui dans les options qui se présentent à nous ne sont que des amènagements permettant à ce système formidablement récupérateur de ses propres contestations de les intégrer voire de s’en renforcer ? Quelles sont au contraire les options qui sapent les fondements mêmes du système, et permettent dés aujourd’hui (sans attendre le grand soir, ou sans se retirer dans une communauté Hamish) de lutter efficacement à la fois pour l’amélioration de nos conditions de vie immédiates et pour le remplacement du capitalisme par un système s’appuyant sur la justice et la solidarité, répondant aux besoins réels humains, et respectant les limites de notre planète ? Quels sont les secteurs sociaux et les mouvements qui pourront porter ces options, et avec quels autres secteurs ils pourront s’allier pour être plus forts face au capitalisme et ceux qui en tirent profit ?

Un Forum en avril :
Autant de questions et d’éléments de réflexion qui seront au centre d’un Forum « Capitalisme : c’est par où la sortie ? » qui sera organisé fin avril en Pays Basque nord. Laissons le dernier mot à Gus Massiah, né en Egypte, ingénieur et économiste, qui est une des figures centrales du mouvement altermondialiste. Il a été un des principaux porte-paroles du Forum Social de Dakar et sera un des intervenants du Forum d’avril à Bayonne :
« La mise en avant de la construction des alternatives au système actuel, prépare le plus long terme, à partir des pratiques sociales d’innovation et de résistance et de la popularisation des propositions mises en avant par le Forum social mondial. L’altermondialisme donne une perspective à la sortie de la crise globale dans ses différentes configurations (…) Un nouveau projet d’émancipation collective est à l’ordre du jour. Le capitalisme n’est pas éternel, la question de son dépassement est d’actualité. »