Articles du Vendredi : Sélection du 9 février 2018

La France peut-elle rattraper son retard dans les énergies renouvelables ?

Pierre Le Hir
Le Monde

Tri des bouteilles en plastique et des canettes : vers une relance du système de la consigne

Rémi Barroux
Le Monde

Loin des clichés, quand les chômeurs créent de l’activité grâce à leurs allocations

Nolwenn Weiler
www.bastamag.net/Loin-des-cliches-quand-les-chomeurs-creent-de-l-activite-grace-a-leurs

Revenus, patrimoine, richesses, pauvreté : quelques repères pour mieux comprendre les inégalités

Oxfam France
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Aterabide gisa aurkeztua

Ekhi Erremundegi
http://iparraldekohitza.eus/2018/02/09/aterabide-gisa-aurkeztua/

La France peut-elle rattraper son retard dans les énergies renouvelables ?

Pierre Le Hir
Le Monde

A la traîne par rapport à beaucoup de ses voisins, lʼHexagone doit redoubler dʼefforts sʼil veut atteindre les objectifs quʼil sʼest fixés en matière dʼénergies « vertes ».

« Accélérons la croissance des énergies renouvelables face à lʼurgence climatique. » Le thème choisi pour le 19e colloque annuel du Syndicat des énergies renouvelables (SER), jeudi 8 février à Paris, résume la situation dʼun secteur économique au milieu du gué.

A la traîne par rapport à nombre de ses voisins, la France doit redoubler dʼefforts si elle veut atteindre les objectifs quʼelle sʼest fixés en matière dʼénergies « vertes ». Les données publiées, fin janvier, par Eurostat, lʼOffice statistique de lʼUnion européenne (UE), la classent parmi les cancres de lʼespace communautaire. Avec 16 % de sa consommation finale dʼénergie provenant de sources renouvelables fin 2016, la France se situe au-dessous de la moyenne européenne (17 %), loin derrière les champions que sont la Suède (53,8 %), la Finlande (38,7 %), la Lettonie (37,2 %), lʼAutriche (33,5 %) ou le Danemark (32,2 %). Elle devance toutefois lʼAllemagne (14, 8 %) et le Royaume-Uni (9,3 %). Surtout, elle est, avec les Pays-Bas, le pays qui accuse le plus gros retard par rapport à son objectif pour 2020, soit 23 %. Cela, alors que onze des vingt-huit Etats membres de lʼUE ont déjà atteint – et parfois largement dépassé – leur cible. A la traîne par rapport à beaucoup de ses voisins, lʼHexagone doit redoubler dʼefforts sʼil veut atteindre les objectifs quʼil sʼest fixés en matière dʼénergies «vertes».

Une soudaine embellie

« Lʼobjectif de 2020 est hors de portée », a prévenu depuis plusieurs années le président du SER, Jean-Louis Bal. Pour autant, le seuil de 32 % prévu, en 2030, par la loi de transition énergétique, lui semble accessible. Il en veut pour preuve « la hausse record » des raccordements dʼinstallations de production dʼélectricité renouvelable en 2017. Au cours de lʼannée écoulée, précise-t-il, une capacité de 2 763 mégawatts (MW) sʼest ajoutée sur le réseau métropolitain, dont 1 797 MW dʼéolien (contre 1 345 MW en 2016) et 887 MW de solaire photovoltaïque (576 MW en 2016). A lui seul, le quatrième trimestre a enregistré une progression dʼun peu plus de 1 100 MW. Un rythme de croissance proche des 5 000 MW de puissance annuelle supplémentaire nécessaires pour atteindre la fourchette haute définie, à lʼhorizon 2023, par lʼactuelle programmation pluriannuelle de lʼénergie : 26 000 MW dʼéolien terrestre (contre 13 500 MW fin 2017) et 20 000 MW de photovoltaïque (7 600 MW aujourdʼhui).  Comment expliquer cette soudaine embellie ? Elle nʼest pas due à lʼaction – trop récente pour avoir encore produit des effets – du ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, mais aux mesures prises par sa prédécesseure, Ségolène Royal. En particulier, à la simplification administrative que constitue lʼautorisation environnementale unique, pour les installations de production dʼénergie renouvelable, et au surcroît dʼappels dʼoffres lancés ces dernières années, pour le photovoltaïque.

Une baisse continue du prix de l’électricité verte

Du nouveau ministre, le syndicat professionnel, qui regroupe 380 adhérents représentant un chiffre dʼaffaires de 10 milliards dʼeuros et plus de 100 000 emplois, attend quʼil « prolonge et amplifie ce qui a été engagé par Mme Royal ». Les premières décisions de M. Hulot sont à cet égard saluées, quʼil sʼagisse du doublement du volume annuel des appels dʼoffres dans le photovoltaïque – porté à 2 450 MW –, ou du « plan de libération » annoncé mi-janvier, pour lʼéolien terrestre, par Sébastien Lecornu, secrétaire dʼEtat auprès du ministre de la transition écologique.

Un facteur supplémentaire contribue à ce vent dʼoptimisme : la baisse continue du prix de lʼélectricité verte. Les attributions attendues à la suite des derniers appels dʼoffres devraient ramener le prix du mégawattheure à moins de 64 euros, pour lʼéolien terrestre, et moins de 55 euros, pour le photovoltaïque.

Un coût à comparer aux 62 euros estimés en 2014 par la Cour des comptes pour le nucléaire.

Des nuages continuent pourtant dʼassombrir lʼhorizon. Dʼabord, les six parcs éoliens en mer attribués en 2011 et 2013 au large des côtes normandes, bretonnes et vendéennes, pour une puissance totale de 3 000 MW, sont toujours encalminés par les recours juridiques : leurs turbines ne tourneront pas, dans le meilleur des cas, avant 2021. Un blocage qui contraint les industriels à différer la mise en route de leurs chaînes de production, quand ce nʼest pas à recourir au chômage technique.

Une faible couverture en chaleur renouvelable

Quant aux nouvelles énergies marines, elles tardent à émerger, faute dʼappels dʼoffres. Quatre fermes pilotes dʼéoliennes flottantes doivent cependant voir le jour dʼici à 2020, en Méditerranée et au large de la Bretagne, et des études de sites doivent être lancées, pour des hydroliennes, dans le passage du Fromveur (Finistère) et le raz Blanchard (Manche).

« Plus encore que dans le secteur de lʼélectricité, cʼest dans celui de la chaleur renouvelable que la France est en retard », ajoute M. Bal. Dans ce domaine, lʼHexagone nʼa atteint quʼun taux de couverture de ses besoins de 20 %, presque deux fois moins que les 38 % visés pour 2030. La profession renouvelle donc sa demande de doublement du « fonds chaleur » qui, doté de 210 millions dʼeuros par an, finance le développement de la biomasse, de la géothermie ou du solaire thermique. Un doublement promis année année par Mme Royal – et annoncé dans le programme présidentiel dʼEmmanuel Macron –, mais toujours attendu. Les professionnels ont désormais les yeux tournés vers la nouvelle programmation pluriannuelle, qui, fin 2018, définira les grands équilibres du mix énergétique national. Avec un cadrage précis pour la période 2019-2023 et de grandes orientations pour les années 2024-2028. En repoussant à plus tard la baisse de la part du nucléaire, le gouvernement a dit vouloir faire dʼabord monter en régime les renouvelables. Le SER a pour sa part placé la barre très haut, puisquʼil vise «41 % dʼénergies renouvelables à lʼhorizon 2030». Il va effectivement falloir accélérer.

Tri des bouteilles en plastique et des canettes : vers une relance du système de la consigne

Rémi Barroux
Le Monde

Le gouvernement en fait une mesure phare de sa future feuille de route de l’économie circulaire qui doit être présenté d’ici à fin mars.

C’était il y a un demi-siècle, on rapportait chez l’épicier les bouteilles consignées, gravées d’étoiles sur le goulot ou sur le cul, et les enfants, souvent chargés de la besogne, gagnaient quelques centimes. La consigne pourrait revoir le jour, sous l’impulsion du gouvernement qui en fait une mesure phare de sa future feuille de route de l’économie circulaire. Il s’agirait, selon la préfeuille de route actuellement en préparation – le document final doit être présenté fin mars – « d’augmenter l’envie de trier ses déchets ».

Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, devait notamment présenter cette mesure lors d’un déplacement, à Pantin (Seine-Saint-Denis) mardi 6 février, dans l’entreprise Lemon Tri, spécialisée dans le recyclage « multiflux », dont les machines de tri peuvent reconnaître les types d’emballage. La solution de la consigne a perdu du terrain quand l’automatisation industrielle et l’ère du jetable ont pris le pas.  Au début des années 1990, la mise en place du système de responsabilité élargie des producteurs, comme la création d’une taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), achèvent le principe même de la consigne. Demain, ce système s’appliquerait d’abord aux bouteilles en plastique « hors foyers », aux millions de bouteilles et canettes achetées dans le commerce, consommées et abandonnées sur place, représentant plus de 10 % du volume des bouteilles consommées chaque année par les Français à leur domicile. Pour le gouvernement, le constat est clair et rude. Alors que le président de la République a affirmé l’objectif de diminuer par deux la quantité de déchets non dangereux mis en décharge d’ici à 2025 (par rapport à 2010) et d’assurer la collecte de 100 % des produits recyclables, on est encore loin du compte. La France est à la traîne, comparée à des pays comme l’Allemagne ou la Suède, avec 60 % de taux de recyclage des bouteilles en plastique (86 % pour le verre) et 43 % pour les canettes en aluminium. « Il faut gratifier le geste de tri, faire plus simple et plus incitatif, explique-t-on au ministère. Quitte à bousculer certaines habitudes. »

 « Des implications néfastes »

Du côté des professionnels de la collecte et du recyclage, on observe en effet le retour de la consigne avec inquiétude. « Prendre une telle décision sans étude d’impact peut être dangereux, fait valoir Jean-Philippe Carpentier, le président de la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec). On ne peut pas se comparer aux pays nordiques, dans lesquels le cheminement des déchets est différent. En France, nous avons mis en place un système de collecte porte à porte avec des centres de tri, tout un tissu industriel de recyclage et de collecte. »

Remettre en cause ce modèle pourrait avoir des implications néfastes, selon lui. « Si la collecte et le recyclage fonctionnaient à 100 %, cela se saurait. collectée. Pour l’ensemble des Français, ces gestes ne sont pas encore installés, ils ne sont pas encore assez systématiques, d’où cette option qui pourrait être expérimentée », explique Brune Poirson. Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce, une association qui regroupe 580 collectivités locales, représentant 60 millions d’habitants, spécialisée dans la gestion de l’énergie et des déchets, regrette la mise en avant de cette mesure. « La consigne, ce n’est pas le coeur du problème, il y a d’autres choses à avancer, on passe à côté des sujets principaux, comme la mise en place d’un signal prix, un malus pour tous les produits non recyclables », avance-t-il, tout en reconnaissant que pour le « hors foyer », la mesure peut être intéressante. Mais bien plus importants sont, à ses yeux, les dossiers des déchets d’entreprise pour lesquels les obligations, comme celle de trier, ne sont pas respectées. Idem pour les déchets du bâtiment ou encore les déchets organiques. « Il existe des réglementations qui ne sont pas appliquées, et il n’y a ni contrôle ni sanction. Ces sujets sont autrement plus importants que la consigne ou la réinvention du fil à couper le beurre », proteste Nicolas Garnier. Et de rappeler au passage son opposition à l’une des mesures déjà avancées par le gouvernement, l’augmentation de la TGAP.

Au ministère de la transition écologique et solidaire, on fait remarquer que la future feuille de route balayera de nombreux autres chantiers. « Se résume-t-elle à la consigne ? Absolument pas, mais il faut un ensemble de mesures qui agissent sur le système, pour changer le modèle. Et la mise en place de consignes en est une », avance Brune Poirson. Lancée le 24 octobre 2017, l’élaboration de ce document s’appuie sur 6 décembre), ainsi que celles de quatre ateliers : l’économie circulaire dans les territoires, le recyclage des plastiques, la consommation et la production durables et les instruments financiers, dont la fiscalité. La future feuille de route contiendra aussi des mesures comme la valorisation des biodéchets, l’harmonisation des règles de tri, le renforcement des contrôles, la simplification des contraintes pour les autorités dans la lutte contre les dépôts sauvages, l’augmentation de la TGAP au 1 janvier 2020…

Loin des clichés, quand les chômeurs créent de l’activité grâce à leurs allocations

Nolwenn Weiler
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Les négociations sur la réforme de l’assurance chômage ont débuté. Un projet de loi est promis pour le printemps. Si le principe de l’assurance-chômage doit être étendu aux indépendants et aux salariés démissionnaires (sans que l’on sache comment cela sera financé), le gouvernement promet de renforcer le contrôle des chômeurs, dans un climat où clichés et fausses informations continuent d’alimenter la suspicion à leur encontre. « Quand vous êtes salarié et que vous voyez certaines personnes qui partent en vacances aux Bahamas grâce à l’assurance chômage, il est légitime de se dire que ce système marche sur la tête ! », déclarait ainsi le député de LREM Damien Adam (Seine-Maritime) début novembre [1]. Une illustration des contrevérités proférées. Une étude de pôle emploi, publiée en novembre 2017, démontre pourtant ce que bien des agents de Pôle emploi répètent : les chômeurs ne sont pas des fraudeurs. Ce sont avant tout des gens en difficultés. 86 % des demandeurs d’emplois contrôlés sont effectivement à la recherche d’un emploi. Parmi les 14 % des dossiers ayant abouti à une radiation, seuls 4 dossiers sur 10 concernent des demandeurs d’emploi indemnisés par l’assurance-chômage, les autres relèvent soit du régime de solidarité (RSA par exemple), soit ne percevaient plus aucune indemnisation. Un chômeur sur deux est indemnisé en France et l’indemnité moyenne se situe un peu en deçà de 1000 euros mensuels. Les chômeurs vivent donc, pour la plupart, dans des situations souvent précaires. Un certain nombre d’entre eux mettent leur période de chômage à profit pour créer leur activité.

Indispensables allocations chômage

C’est le cas au sein de la coopérative d’activité Coopaname : « La majorité des gens qui rentrent dans la coopérative sont bénéficiaires des allocations chômage, constate Noémie de Grenier, sa codirectrice générale. Elles leur permettent d’assurer le quotidien. Ils peuvent ainsi se concentrer sur leur activité. » Encourager les chômeurs à créer leur activité, c’est une vieille rengaine des pouvoirs publics. « La place des allocations est importante pour lancer son activité free-lance », insiste Noémie de Grenier. Si ces indemnités venaient à diminuer ou disparaître, quid de toutes les activités qui peuvent se lancer ainsi ? Une enquête menée par Coopaname et Oxalis, autre coopérative d’activité, révèle que leurs coopérateurs ont des trajectoires marquées par le chômage − la moitié de ces entrepreneurs-salariés ont connu une situation de chômage, indemnisé ou non. Et 81 % d’entre-eux ont connu au moins une période de chômage dans leur vie professionnelle.

« Ce sont essentiellement ceux qui étaient au chômage qui ont changé de métier en entrant dans la coopérative », précise Noémie de Grenier. Le chômage est aussi l’occasion de repenser son projet professionnel, davantage en adéquation avec ses aspirations. Autre information importante : les allocations chômage se révèlent indispensables aux personnes dont les revenus sont les plus faibles au sein de ces deux coopérative : l’indemnisation constitue un quart de leurs sources de revenus. « C’est un vrai soutien dans la période de développement d’activité », reprend Noémie de Grenier. Pour celles et ceux qui n’ont pas encore réalisé un chiffre d’affaires suffisant pour se salarier, les allocations représentent en moyenne 40% du revenu.

Quand les chômeurs tentent de créer leur entreprise

Pour ceux et celles qui envisagent de créer leur entreprise, il existe l’aide à la reprise ou à la création d’entreprise (Arce). Les demandeurs d’emplois ayant droit aux allocations chômage perçoivent 45% de leurs allocations chômage restantes sous forme d’un capital, versé en deux fois. Ce capital leur permet de se constituer une trésorerie de départ et d’acheter l’éventuel matériel nécessaire pour lancer leur activité. Depuis sa mise en place en 1979, cette disposition a connu une forte expansion : 80 000 personnes en ont bénéficié en 2006, et 220 000 quatre ans plus tard.

Si toutes les entreprises créées – le plus souvent dans le commerce, l’hébergement-restauration ou d’autres activités de service – ne survivent pas, et que certaines personnes se trouvent en grande difficultés une fois épuisés leurs droits, ces éléments montrent que les chômeurs sont loin de se tourner les pouces aux Bahamas ou ailleurs, encore moins d’y optimiser fiscalement leurs indemnités.

Notes

[1] Dans une interview accordée à Paris-Normandie.

Revenus, patrimoine, richesses, pauvreté : quelques repères pour mieux comprendre les inégalités

Oxfam France
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C’est un constat unanimement partagé aujourd’hui, à commencer par les grandes institutions internationales comme le Fonds Mondial International (FMI) et la Banque Mondiale : les inégalités extrêmes ont des impacts économiques, politiques et sociaux très négatifs. Les inégalités sont non seulement un frein à la croissance mais surtout elles empêchent les personnes pauvres d’améliorer leurs conditions de vie.

 

Des écarts de revenus sont possibles en fonction du talent et de l’ardeur au travail, mais l’ampleur actuelle des inégalités est le fruit d’un système économique faussé, qui a permis à une minorité d’amasser des fortunes colossales et dans le même temps enferme des millions de personnes dans la pauvreté.

Aujourd’hui, un tiers de la main d’œuvre dans les pays en développement vit dans la pauvreté, même en travaillant.

La mise en œuvre de mesures pour combler le fossé entre les riches et les pauvres aurait pu réduire de 700 millions le nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême à la fin de la dernière décennie.

Comment se mesure la richesse d’une personne ?

Pour calculer la richesse possédée par une personne il faut additionner le revenu et le patrimoine.

Le revenu (ou revenu dit « primaire », avant redistribution) est l’ensemble des ressources d’un ménage ou d’une personne : les salaires, mais aussi les autres formes de revenu comme les prestations sociales ou les revenus de placements financiers, de l’immobilier, etc.

Il est très important de prendre en compte le patrimoine car c’est une source de revenus qui génère une accumulation toujours plus importante de richesses dans le temps et qui, par conséquent, est un facteur déterminant dans l’accroissement du fossé entre les personnes les plus riches et les personnes les plus pauvres. Ainsi ce sont les plus riches qui détiennent le plus de patrimoine, surtout financier.

Le patrimoine peut-être immobilier ou financier. En voici des exemples : un terrain, une maison, un fonds de commerce, des actions, des placements dans un fonds de pension, des meubles, une voiture, des bijoux ou des objets d’arts.

Quels sont les outils statistiques qui permettent de collecter ces données ?

Pour mesurer les écarts de richesse et les chiffres publiés dans son rapport annuel sur les inégalités, Oxfam utilise deux sources de données, publiques et consultables par tous :

– le rapport annuel du Crédit suisse sur la richesse mondiale (Global Wealth Databook). La dernière édition date du 14 novembre 2017. Il rassemble les bilans comptables des ménages et des données issues d’enquêtes mondiales sur la répartition de la richesse au sein des pays et dans le monde. Il contient des données pour la période 2000-2017 et intègre pour la première fois toutes les sources de données historiques disponibles afin d’évaluer plus précisément l’évolution de la richesse au fil du temps. Chaque année, de nouvelles sources de données sont intégrées aux calculs et les estimations historiques publiées dans les éditions précédentes sont revues (pour plus d’informations, vous pouvez lire ici notre méthodologie pour notre dernier rapport).

– le classement annuel des milliardaires dans le monde réalisé par le magazine économique Forbes. La dernière édition date de mars 2017. La richesse peut considérablement fluctuer d’un jour à l’autre en raison des variations dans les prix des actifs, ce dont tient compte Forbes grâce à des données mises à jour en temps réel. Toutefois, dans le cadre de cette analyse, Oxfam a utilisé la liste publiée chaque année en mars afin de pouvoir effectuer des comparaisons annuelles.

Qui sont les 1 % les plus riches ?

Pour figurer dans les 1 % les plus riches du monde, un individu devait être à la tête d’une richesse de plus de 770 368 dollars (668 480 euros) en 2017.

Environ 41 % des personnes faisant partie de ce groupe vivent en Amérique du Nord, 33 % en Europe et 18 % en Asie-Pacifique (dont 5 % en Chine).

En France, pour compter parmi les 1% les plus riches du pays, il faut détenir une richesse de plus de 2 594 395 euros.

Qui sont les milliardaires dans le monde ?

En mars 2017, on dénombrait 2 043 milliardaires dans le monde. Neuf sur dix sont des hommes. La moitié des milliardaires viennent des États-Unis, de Chine et d’Allemagne. Les membres du club des milliardaires changent fréquemment au gré des fluctuations boursières qui font évoluer leurs fortunes et selon les performances de leurs entreprises.

Le nombre de milliardaires français est passé de 15 à 38 entre 2016 et 2017 et leur richesse cumulée a été multipliée par plus de trois depuis 2009.

En France, en 2017, 32 milliardaires français possèdent à eux seuls autant que les 40 % les plus pauvres de la population française.

Qui est la moitié la plus pauvre de la population mondiale ?

La moitié la plus pauvre de l’humanité (soit 3,7 milliards de personnes) se trouve principalement dans les pays en développement. 1 personne de ce groupe sur 4 vit en Inde, et 1 sur 5 en Afrique subsaharienne. Près de 70% de ces personnes vient d’un pays considéré comme pays à faible revenu.

Dans la très grande majorité, ces personnes peinent à survivre, ayant peu de moyens, voire aucun, de subvenir à leurs besoins. Dans le monde, près de 850 millions d’individus survivent dans l’extrême pauvreté avec moins de 1,9 $ par jour, sans accès à l’eau potable, à l’éducation, à la santé.

En France, pour faire partie des 50% les plus pauvres, il faut posséder moins de 149 484 euros de richesses. En 2017, les 50% les plus pauvres se partageaient seulement 5 % des richesses nationales alors que les 10 % les plus riches en détenaient plus de la moitié.

Est-ce que la pauvreté dans le monde recule ?

Il est vrai que de grands progrès ont été accomplis en matière de réduction de la pauvreté extrême, ce dont on peut se réjouir. Mais ces progrès sont désormais menacés par les inégalités. La Banque mondiale a été claire : à moins de combler le fossé entre les riches et les pauvres, l’objectif d’éradiquer la pauvreté extrême d’ici 2030 ne pourra pas être atteint. Quelque 200 millions de personnes vivront toujours avec 1,90 dollar par jour.

Comment mesurer la pauvreté mondiale ?

Peut-on comparer la pauvreté en France et au Vietnam ?

Dans un rapport publié en 2016, la Banque mondiale propose d’ajuster les seuils de pauvreté pour les pays à revenu élevé, notamment à 3,20 dollars pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et à 5,50 dollars pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Les indicateurs de développement mondial fournissent désormais des données sur le nombre de personnes vivant dans la pauvreté selon ces seuils différents.

En appliquant ces seuils différenciés selon la richesse des pays, nous obtenons un total de 2,4 milliards de personnes vivant dans la pauvreté dans le monde.

La pauvreté en France

La France compte cinq millions de pauvres si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian et 8,9 millions si l’on utilise le seuil à 60 %. En France, le niveau de vie médian (après impôt et prestations sociales) est de 1 692 euros mensuels pour une personne seule en 2015.

En France, le nombre de personnes en situation de pauvreté a augmenté de 1,2 millions de personnes sur les 20 dernières années.

Aterabide gisa aurkeztua

Ekhi Erremundegi
http://iparraldekohitza.eus/2018/02/09/aterabide-gisa-aurkeztua/

Lurralde guzian kargalekuak ezarri eta auto elektrikoaren erabilpena bultzatu nahi dute botere publikoek. ‘Ipar Euskal Herriko Hitza’-rekin mintzatu diren erabiltzaileek dudak agertu dituzte. Bizi mugimenduak aterabide faltsu bat dela salatu du, eta garraio eredua jarri du ezbaian.

Diru laguntzak

Garraio modu hau herritarrei erakargarri egin behar diegu”. Hitz horiek izan zituen Jean Rene Etxegarai Baionako auzapezak astearte goizean, hirian ezarri dituzten auto elektrikoentzako kargalekuetako bat inauguratzean. Horrelako beste 66 kargaleku ezarriak dituzte Ipar Euskal Herri guzian, eta, ekain arte, astero berriak ezartzeko asmoa dute.

Trantsizio Energetikorako legeak ingurumenaren aldeko urratsak eskatzen dizkie Frantziako lurralde elkargoei. SDEPA Pirinio Atlantikoetako Energia Sindikatua ari da lan hori egiten. “Energiaren ardura duen sindikatua izanik, guri dagokigu erabakia gauzatzea”, azaldu du Nathalie Pouey SDEPAko komunikazio arduradunak. Ikerketa kabinete baten laguntzarekin aritu dira lanean, herritarren eguneroko mugimendu ohiturak eta erabiltzen dituzten bide nagusiak identifikatzeko. Araberan ezartzen ari dira auto elektrikoentzako kargalekuak. “Helburua da 30 kilometro guziz kargaleku bat egotea”, azaldu du Poueyk.

Departamentuko herri guziak SDEPA sindikatuko kide dira. “Hasierako eskema aurkeztu diegu, eta ados zirenekin hasi gara lanean. Herriek ere finantzamenduan parte hartzen dute”. Auto elektrikoentzako kargagailuak jartzean, %20 herriak ordaintzen du, %30 SDEPAk, eta gainerakoa ADEME Ingurumenerako eta Energiaren Kontrolerako Agentziak hartzen du bere gain.

SDEPAren erabakiz Pirinio Atlantikoetan ezartzen ari diren kargaleku guzietan “energia berdea” dagoela zehaztu du Poueyk.

 

Ekologia eta ekonomia
Auto zaharra aldatu behar zuela-eta, Frantziako Gobernuak ematen dituen laguntzen berri izan zuen Battitt Crouspeyrek, eta auto elektrikoaren hautua egin zuen orain dela hiruzpalau hilabete. “Banituen artikulu batzuk irakurriak auto termikoen bukaerari buruz. Horrez gain, teknologia berrien zalea ere banaiz”. Frantziako Gobernuak berak 2040rako auto termikoen salmenta baztertu nahi duela iragarria du. 14.500 euroan erosi ahal izan zuen auto berria laguntzen bidez, normalean 10.000 euro gehiago balio zuelarik. Modelo eta marka ezberdinak daude merkatuan; Crouspeyrek hartu duenean, bateria alokatua da, eta hilabetero 110 euroko gastua du horrek.

Crouspeyrek argi du: “Auto elektrikoak ez du erran nahi auto ekologikoa. Gaur egun Frantzian ibiliz gero, auto elektrikoa auto nuklear bat da. Nik egin dudan gogoeta zera da: maila lokalean petroliorik ez dugu izango, elektrizitatea agian bai. Posible da, hemen, energia iturri garbiagoak sortzea. Baina argi da denak elektrikora pasatzen bagara gaur egun ez duela ematen”. Baterien arazoaz ere kontziente da: “Ekai biziki arraroekin eginak dira, eta badakigu haien ustiapenak zer desastre ekologiko eta humano eragiten duen, hartzen duten lekuetan. Ekoizpenak eta birziklatzeak ere arazoak sortzen ditu”.

Auto termikoaren ondoan, elektrikoarekin gustura dago hala ere Crouspeyre. “Gidatzeko biziki goxoa da, biziki isila. Motorraren indarra ere egokia da”. Bateriaren autonomiak sortzen dio zalantza: gehienez ere 300 km egin ditzake. “Bilbora edo Bordelera joateko beste auto bat hartuko nuke”. Kargalekuetan, bateria hutsa betetzeko bi ordu behar ditu —sakelakoetarako aplikazio batean agertzen zaizkio kargalekuen kokalekuak. Harpide txartel bat dauka—; etxean, dozena bat oren behar ditu. Gastu aldetik ere diferentzia sentitu du: bateriaren alokairua eta elektrizitate kontsumoarekin 130 euro ingurura iristen dela dio, auto termikoarekin erregaiaren gastua 180-200 euro ingurukoa zuelarik.

Orain dela urte eta erdi erosi zuen auto elektrikoa Erik Etxartek. “Aspalditik nuen ideia. Istripu bat izan eta nire autoa xehatu nuen; urratsa egin nuen”. Teknikoki nolakoa den interesatzen hasi zen, eta bat entseatzeko aukera ere izan zuen. “Harritua gelditu nintzen”. Argumentu ekonomikoa eta ekologikoa aipatuta, bere hautua esplikatu du. “Aspalditik fotovoltaikoa ezarria genuen etxean, eta, gure elektrizitate kontsumoa igo denez, Enercoopera pasatu gara; gure etxeko elektrizitate guzia energia berriztagarrietatik eratorria da. Ikuspegi ekologista batetik hein bateko koherentziara heldua naiz, nahiz eta badakidan mugikortasunaren eta energiaren arazoa ez dela auto elektrikoekin konpontzen. Ez zait iruditzen auto termikoa baino txarragoa denik.

Arazo handiena baterien ingurukoa da”. Ez du sekula kargalekurik erabili, eta, bidaia luzeenetarako, beste auto bat erabiltzen du —berak erosi zuen modeloak 150 kilometroko autonomia du—. Gaur-gaurkoz, kontuak ateratzean, auto termikoa baino pixka bat garestiago ateratzen zaio Etxarti.

Txarragoa ez, hobea ere ez

Bizi mugimenduarentzat auto elektrikoa ez da inolaz ere konponbide bat auto termikoa ordezkatu eta berotegi efektuko gas emisioa apaltzeko. Orain dela bizpahiru urte ADEME agentziak egindako ikerketa bat dute oinarritzat. “Horren arabera, auto elektrikoak auto termikoak bezainbat CO2 isurtzen du. Harrigarria gerta daiteke, ez baita hori normalean egiten den komunikazioa”, azaldu du Redg Datxarik. Haren arabera, autoaren ziklo osoa hartu behar da kontuan, eraikuntzatik erabilpenera. “Auto elektriko bat eraikitzeak auto termiko bat eraikitzeak baino bi aldiz energia gehiago eskatzen du. Ziklo osoa hartzen badugu, autoa eraikitzetik erabili eta birziklatzera, berotegi efektuko gas emisioa berdintsua da auto elektriko edo termikoekin”. Auto elektrikoek duten bateria da arazo nagusietako bat, fabrikazioak energia kontsumo handia eskatzen baitu.

Halaber, auto elektrikoa “garbia” dela erratea “usurpatze” bat da Datxariren hitzetan. “Frantziako elektrizitatea nuklearretik eratorria da nagusiki, baina ez bakarrik. Kontsumo handiko momentuetan, Alemaniatik inportatzen dute, besteak beste, eta han ikatz zentralak berraktibatu dituzte”.

Auto elektrikoarekin, kutsadura denboran eta espazioan mugitzen dela dio. “Autoak bere erabilpenean ez du hainbeste kutsatzen, egia da, gure inguruko airea garbiagoa izanen da; baina, autoa bera, eta kontsumitzen duen energia fabrikatzen den lekuan eta momentuan, kutsadura handiagoa da”. Halaber, edozein motatakoa izanik ere, auto batek partikula finak botatzen dituela oroitarazi du.

  1. urtean, Nuklearraren Behatokiak salaketa bat jarri zuen Publizitate Deontologia Epaimahaian, auto elektrikoaren publizitateetan ekologiko kalifikatiboa ken zezaten. Epaimahaiak arrazoi eman zien, eta Bordeleko auzitegian salaketa ezarri zuen Nuklearren Behatokiak, gezurrezko publizitateagatik: auzitegiak arrazoi eman zien, eta beraien publizitateetatik ekologiko hitza kentzera behartu zituen auto elektrikoen industrialak.

Bizi mugimendua, hala eta guziz ere, ez da auto termikoaren aldekoa: eguneroko bizi ohiturak aldatzeko beharra azpimarratu du. “Garraio kolektibo elektrikoetan da aterabidea eta etorkizuna”. Auto elektrikoen fabrikazioa eta erabilpena bultzatzeko nahiaren gibelean besterik ikusten du: “Sistema kapitalistak trantsizio ekologikoaren argumentua erabiltzen du jarduera ekonomikoa sortzeko. Badirudi trantsizio ekologikoa bultzatu nahi dugula, gure eguneroko jarduera aldatu gabe; ezinezkoa da”. Nuklearraren lobby-an ere ikusten du azalpenik, nuklearra baztertzea eztabaidagai den garaian, energia nuklearra ezinbestekotzeko modu izan litekeelako auto elektrikoaren hedapena.