Articles du Vendredi : Sélection du 12 mai 2017

Emballement du réchauffement climatique : tous les indicateurs sont au rouge

Sophie Chapelle
www.bastamag.net/Emballement-du-rechauffement-climatique-tous-les-indicateurs-au-rouge

100 jours pour le climat, 100 jours pour geler l’extraction des combustibles fossiles


http://act.350.org/sign/paris-response_fr/

Elu, Emmanuel Macron sera-t-il un président socialement et écologiquement responsable ?


www.novethic.fr/presidentielle/isr-rse/elu-emmanuel-macron-sera-t-il-un-president-socialement-et-ecologiquement-responsable-144393.html

Après l’élection d’Emmanuel Macron, voici ce qui nous attend


www.rac-f.org/Apres-l-election-d-Emmanuel-Macron-voici-ce-qui-nous-attend

«Klima aldaketa gelditzeko ez da aski telebistari oihu egitea»

Beñat Alberdi
www.berria.eus/paperekoa/1845/032/001/2017-05-10/klima_aldaketa_gelditzeko_ez_da_aski_telebistari_oihu_egitea.htm

Emballement du réchauffement climatique : tous les indicateurs sont au rouge

Sophie Chapelle
www.bastamag.net/Emballement-du-rechauffement-climatique-tous-les-indicateurs-au-rouge

C’est dans une quasi indifférence médiatique que se tient jusqu’au 18 mai à Bonn, en Allemagne, la session annuelle des négociations climatiques. Or, tous les indicateurs concernant le réchauffement de la planète sont au rouge. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la température moyenne a excédé de 1,1 °C les niveaux de l’ère préindustrielle. Un troisième triste record après ceux de 2015 et de 2014 [1]. Alors que les surfaces de banquise en Arctique et Antarctique ont atteint des niveaux exceptionnellement bas en 2016, la montée des océans se révèle 25 à 30 % plus rapide entre 2004 et 2015 qu’entre 1993 et 2004 selon une étude relayée par Le Monde.

 

La perspective de maintenir l’augmentation de la température moyenne, par rapport à l’ère préindustrielle sous le seuil de 1,5°C, comme le mentionne l’accord de Paris adopté en décembre 2015, s’éloigne de plus en plus. « Le 5 mai, le dernier pointage de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) indiquait qu’un nouveau record était atteint, avec une concentration atmosphérique de CO2 de plus de 410 parties par million (ppm) relevé au laboratoire de Mauna Loa – un niveau jamais atteint depuis le pliocène, il y a quelque 2 millions d’années », énonce le journaliste Stéphane Foucart. En parallèle, la hausse rapide du méthane, un gaz 28 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone, alerte les climatologues, souligne le site Reporterre.

Ces tendances s’accompagnent d’événements extrêmes depuis le début de l’année 2017. Des canicule prolongées ont frappé de nombreux États d’Australie [2]. Une grande partie de l’Afrique de l’Est est actuellement victime d’une sécheresse intense à l’origine de graves pénuries alimentaires [3]. Au Pérou, des pluies torrentielles inédites depuis des décennies ont déclenché des inondations et des glissements de terrain ayant fait au moins 78 morts et quelque 70 000 sans-abri, justifiant la déclaration de l’état d’urgence [4].

C’est dans ce contexte que la Maison blanche devrait annoncer « d’ici fin mai » si les États-Unis sortent ou non de l’accord de Paris. « Pour couronner le tout, Donald Trump a récemment signé un décret sur l’indépendance énergétique qui abroge plus d’une demi-douzaine de mesures adoptées par son prédécesseur et qui aura de graves conséquences mondiales », dénonce Hoda Baraka de l’organisation écologiste 350.org. Face à l’irresponsabilité des politiques, l’ONG coordonne du 8 au 13 mai de multiples actions en faveur du désinvestissement des énergies fossiles (voir la carte mondiale des mobilisations). Une action est notamment prévue à Paris pour demander au musée du Louvre de rompre son partenariat avec la multinationale Total (notre enquête).

Que faut-il attendre du nouveau président français sur ce sujet ? Le 10 février dernier, Emmanuel Macron a publié une vidéo sur twitter adressée aux chercheurs d’Outre-Atlantique. « Je sais que votre nouveau président a décidé de compromettre votre budget, vos initiatives car il se montre très sceptique sur le changement climatique. Moi, je n’ai aucun doute quant au changement climatique et l’on doit être attentifs à ce problème », déclare t-il. Avant de les inviter à se joindre aux chercheurs français et européens en venant travailler dans l’Hexagone sur le changement climatique et les énergies renouvelables, tout en garantissant des budgets. Une déclaration que ne lui manqueront pas de rappeler des organisations de la société civile, si Emmanuel Macron ne traduit pas son engagement en actes concrets dans les semaines qui suivront son investiture.

Notes

[1] Les données du Met Office (Royaume-Uni), de la NASA et de la NOAA (États-Unis) montrent sans équivoque que 2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée.

[2Voir cet article du Guardian sur la situation en Australie

[3Voir cet article sur la situation en Afrique de l’Est

[4Voir cet article sur la situation au Pérou.

100 jours pour le climat, 100 jours pour geler l’extraction des combustibles fossiles


http://act.350.org/sign/paris-response_fr/

Monsieur le Président de la République,

Au cours de la campagne présidentielle, vous avez clairement exprimé votre détermination à prendre des mesures fortes dans la lutte contre le réchauffement climatique, n’hésitant pas à vous opposer explicitement à Donald Trump.

Aujourd’hui, les États-Unis s’apprêtent à sortir de l’Accord de Paris, adopté à l’issue de la COP21.

La lutte contre le réchauffement ne peut donc plus attendre. Elle doit être une priorité de votre mandat. Pour cela, vous devez prendre des mesures aussi fortes que claires au cours des 100 premiers jours du quinquennat :

– geler définitivement tout développement de nouveau projet fossile en France (métropolitaine comme outre-mer, incluant les eaux territoriales françaises, forages exploratoires inclus)

– cesser d’investir de l’argent public dans le secteur des combustibles fossiles (en particulier via la Caisse des dépôts), conformément à la résolution pour une société bas carbone adoptée par l’Assemblée nationale en novembre 2015

– mettre fin à toutes les subventions versées à l’industrie fossile, ainsi qu’aux exonérations fiscales dont elle bénéficie.

Elu, Emmanuel Macron sera-t-il un président socialement et écologiquement responsable ?


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Dimanche 7 mai, Emmanuel Macron (En Marche) a été élu Président de la République Française avec plus de 66 % des voix face à Marine Le Pen (Front National). Cet élu, d’un genre nouveau, non issu d’un parti traditionnel, a fait son lot de promesses pendant la campagne, laissant espérer une présidence placée sous le signe de la chasse aux énergies fossiles, d’une agriculture plus responsable ou de la promotion de l’égalité homme-femme.

Vers une agriculture et une alimentation plus durable

Emmanuel Macron a promis un “programme d’investissement d’avenir agricole” de 5 milliards d’euros sur 5 ans pour moderniser les exploitations.  “Nous aiderons les agriculteurs à être payés au prix juste en soutenant les organisations de producteurs dans leurs négociations avec les industriels“, assure Emmanuel Macron.

Par ailleurs, il veut consacrer 200 millions d’euros par an aux agriculteurs qui se lancent dans des projets environnementaux. Il vise, à l’horizon 2022 à ce que 50% de l’alimentation dans la restauration collective soit issue de l’agriculture biologique, écologique ou locale. Enfin, il souhaite aussi renforcer la transparence du secteur en séparant, dès le début du quinquennat, “les activités de conseil aux agriculteurs et de vente des pesticides, qui peuvent susciter des conflits d’intérêts“.

Promouvoir l’égalité femmes-hommes

Emmanuel Macron a promis que l’égalité femmes-hommes serait une “cause nationale”. Pour cela, il mise sur l’utilisation du “name and shame”, une pratique anglo-saxonne qui vise à nommer et dénoncer des entreprises peu vertueuses. Dans ce cas, l’idée serait d’évaluer les pratiques de sociétés en matière d’égalité et de dévoiler les résultats via un baromètre désignant les bons et les mauvais élèves.  Par ailleurs, il veut créer un congé maternité  “unique garanti pour toutes les femmes quel que soit leur statut, aligné sur le régime le plus avantageux“.

Un plan de 30 milliards d’euros pour les énergies renouvelables

Emmanuel Macron a pour objectif d’ici 2022 “de doubler la capacité en éolien et en solaire photovoltaïque (…) L’Etat devra encourager l’investissement privé pour mobiliser 30 milliards d’euros d’investissements“. Là encore, il s’aligne avec la loi de transition énergétique afin d’atteindre 32 % de renouvelables dans le mix électrique français en 2030.

En matière de nucléaire, Emmanuel Macron confirme l’objectif de la loi de transition énergétique de ramener la part de l’atome à 50 % en 2025. Cependant, il n’annonce pas de fermeture de réacteurs, ni ne s’engage sur la prolongation de leur durée de vie. Il réaffirme cependant la mise à l’arrêt de la centrale de Fessenheim en la conditionnant au démarrage du réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville, fin 2018 ou début 2019.

Enfin, il veut poursuivre la chasse aux énergies fossiles en engageant la fermeture “des centrales à charbon restantes en 5 ans“. Et il veut s’appuyer sur un outil puissant qu’est la taxe carbone : “Nous intégrerons le coût écologique dans le prix du carbone, en faisant monter en puissance la taxe carbone pour atteindre 100 euros par tonne de CO2 en 2030“.

Un investissement responsable pour une économie durable

Pendant la campagne, Emmanuel Macron a adressé un message au Forum pour l’Investissement Responsable (FIR). Il demande à ce que le secteur financier mette “ses capacités de financement et sa créativité au service de la transition vers une économie durable, en créant des supports financiers attractifs pour l’épargne de long terme et de façon plus générale en favorisant le long terme et en prenant conscience de sa responsabilité“.

Par ailleurs, les labels ISR (Investissement socialement responsable) et TEEC (Transition Énergétique et Écologique pour le Climat) doivent devenir “des références, en leur assurant notamment des moyens de production suffisants“. Le candidat se dit aussi “favorable à une obligation de proposer au moins un fonds labellisé dans toute offre bancaire ou d’assurance-vie” assure-t-il.

Plus d’électrique et moins de diesel pour la mobilité

En matière de mobilité, Emmanuel Macron s’aligne clairement sur le travail de l’ex-ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, devenue l’un de ses fervents soutiens. Ainsi, il axe sa politique avant tout sur la lutte contre le diesel (quand bien même il a défendu cette filière lors de son passage à Bercy) et le déploiement des véhicules électriques. Ainsi, il veut aligner la fiscalité du diesel sur l’essence, déployer 7 millions de bornes électriques et maintenir le bonus pour l’achat de véhicules électriques.

Valoriser le Travail

Emmanuel Macron veut instaurer un malus pour les entreprises qui “recourent excessivement aux contrats courts“. A contrario, celles qui privilégient “l’emploi durable” pourront profiter d’un bonus. Il souhaite par ailleurs augmenter de près de 50% le montant de la prime d’activité afin de “valoriser le travail“. “Tous les smicards qui bénéficient de la prime d’activité toucheront par exemple l’équivalent d’un 13ème mois de salaire, soit 100 euros nets de plus chaque mois“, explique-t-il. Une mesure chiffrée à  2,1 milliards d’euros.

En matière de temps du travail, le nouveau Président assure vouloir conserver la durée légale de 35h mais veut “déconcentrer l’organisation de la vie économique et sociale au niveau de la branche et de l’entreprise”. Enfin, l’ancien ministre de l’économie veut supprimer les cotisations maladie et les cotisations chômage, compensées par une augmentation de la CSG de 1,75 point.

Concernant le travail détaché, Emmanuel Macron préconise de limiter à un an la durée autorisée de séjour d’un travailleur détaché. Une mesure réaliste puisque ces salariés restent en moyenne quatre mois et demi en France.

Après l’élection d’Emmanuel Macron, voici ce qui nous attend


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Nous avons décrypté les engagements de campagne d’Emmanuel Macron sur les grands enjeux dans la lutte contre les changements climatiques

L’enjeu : relancer rapidement le développement des énergies renouvelables et leur fixer un cap à 100 % d’ici à 2050

Emmanuel Macron préconise une stratégie de sortie des énergies fossiles et une fermeture des centrales à charbon françaises avant la fin du quinquennat avec un accompagnement des personnes et des territoires. Il s’engage également à ne pas signer de nouveaux permis d’exploration d’hydrocarbure.
Emmanuel Macron confirme l’objectif de 50 % de nucléaire à l’horizon 2025 de la loi de transition énergétique et prendra les décisions stratégiques liées à l’atteinte de cet objectif une fois que l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) aura rendu ses conclusions, attendues pour 2018, sur la prolongation des centrales au-delà de 40 ans. La fermeture de la centrale de Fessenheim est liée, pour Emmanuel Macron, au démarrage de l’EPR de Flamanville.

Emmanuel Macron s’engage à tenir l’objectif de la loi de 32 % d’énergies renouvelables en 2030. D’ici à 2022, son objectif est de doubler la capacité en éolien et en solaire photovoltaïque. Il publiera la totalité du calendrier des appels d’offres en début du quinquennat pour donner de la visibilité aux filières. Il annonce 30 milliards d’euros d’investissements privés sur 5 ans dans les énergies renouvelables. Il veut simplifier les délais sur la mise en œuvre des projets renouvelables, rendre plus simples les procédures, aider les exploitants agricoles à produire des renouvelables.

Au niveau européen, il prévoit une réforme du marché carbone, en agissant par la fixation d’un prix plancher de la tonne de carbone.

Notre  avis

Emmanuel Macron reprend les grandes orientations de la loi sur la transition énergétique et les politiques mises en œuvre depuis sa promulgation mais ne se prononce pas sur un cap au-delà de 2030. Il propose la fermeture des centrales à charbon avant la fin du quinquennat, comme le prévoit la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Sur le nucléaire, il confirme l’objectif présent dans la loi mais remet à après l’élection les précisions sur l’évolution du parc nucléaire créant une incertitude sur les choix d’investissement qui se posent aujourd’hui et un doute sur sa réelle volonté de respecter l’objectif de 50 % de nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025, et de laisser ainsi la place au développement des énergies renouvelables.

Emmanuel Macron s’inscrit également dans la continuité des politiques actuelles concernant les objectifs sur les énergies renouvelables, tout en proposant quelques améliorations comme une meilleure visibilité sur les appels d’offres et une simplification réglementaire.

L’interdiction des nouveaux permis d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbure devra s’appliquer dans tous les territoires terrestres et marins français, y compris l’outre mer, et aller plus loin qu’un gel provisoire par son inscription dans la loi (le code minier). Ce moratoire est actuellement appliqué sur la méditerranée et la côte atlantique.

Emmanuel Macron reste cependant faible sur la vision énergétique qu’il entend défendre sur la scène européenne. Seule la mise en place d’un prix plancher de la tonne de carbone sur le marché européen est évoquée alors que la priorité devrait être donnée à une politique énergétique européenne basée sur la sobriété, l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables.
 

 

 

L’enjeu : une fiscalité adaptée à une transition écologique juste

Emmanuel Macron prévoit :

Un alignement de la taxe diesel sur celle de l’essence sur la durée du quinquennat
L’intégration du coût écologique dans le prix du carbone, en faisant monter en puissance la taxe carbone pour atteindre 100 € la tonne de CO2 en 2030.

Une prime exceptionnelle de 1000 euros pour permettre à tous ceux dont les véhicules ont été fabriqués avant 2001 d’acheter des voitures plus écologiques, qu’elles soient neuves ou d’occasion.
Notre avis

Emmanuel Macron s’inscrit dans le cadre de la loi de transition énergétique en fixant le prix de la tonne de CO2 à 100 euros en 2030. Mais aucune indication n’est donnée concernant les taux de progression annuels qui seront à décider au plus tôt lors du prochain quinquennat.

Par ailleurs, une prime à la conversion pour une voiture plus écologique existe déjà. Le programme ne prévoit pas d’autres mesures de redistribution qui puissent garantir le développement de solutions de mobilité alternatives à la voiture pour tous (transports en commun, mobilité actives, solutions en milieu rural, etc.) De nombreuses niches fiscales sont absentes du programme (kérosène, transport routier) alors qu’elles restent incompatibles avec la transition écologique. Enfin aucune mesure n’est annoncée pour revenir sur l’abandon de la taxe kilométrique sur les camions, qui fait cruellement défaut pour la transition du secteur du transport de marchandises.

L’enjeu : enclencher une transition agricole et alimentaire écologique

Emmanuel Macron propose :

que d’ici 2022, 50 % des produits proposés par les cantines scolaires et les restaurants d’entreprise devront être bio, écologiques ou issus de circuits courts.

Un Plan de Transition Agricole de 5 milliards d’euros sur cinq ans qui soutiendra tous les projets de montée en gamme des exploitations, d’adaptation aux normes environnementales et de bien-être animal.
Notre avis

L’objectif sur les cantines et les restaurants d’entreprise va dans le bon sens. Cependant, la mesure devrait concerner l’ensemble de la restauration collective (et non les seules cantines scolaires : restaurants collectifs des ministères, hôpitaux, maisons de retraites, etc.) et contenir un sous objectif chiffré spécifique pour les produits biologiques.

Le Plan de transition agricole va également dans le bon sens mais devrait aller bien au delà de la simple application des normes environnementales, qui est un minimum et contenir des éléments sur la réduction des produits chimiques (engrais et phytosanitaires), l’élevage de plein air, etc. Par ailleurs, le programme ne précise pas d’où proviendront les 5 milliards d’euros du plan de transition agricole annoncés.
L’enjeu : accélérer la disparition des passoires énergétiques

Emmanuel Macron prévoit de :

Transformer le Crédit d’Impôt Transition Energétique (CITE) en prime immédiatement perceptible au moment des travaux et non l’année suivante. Et ce, afin de permettre à tous de pouvoir réaliser les travaux nécessaires, notamment à ceux qui n’ont pas aujourd’hui toutes les ressources pour investir.
Aider particulièrement les ménages les plus pauvres à rénover les passoires énergétiques et à mieux s’alimenter
Proposer un audit gratuit à tous les propriétaires occupants en situation de précarité énergétique : maisons à la campagne, pavillons du périurbain, copropriétés où les travaux ont été trop longtemps repoussés
Viser la rénovation de la moitié des logements-passoires des propriétaires les plus modestes dès 2022, afin de diminuer les émissions et de faire baisser les charges (électricité, fioul, gaz). Et de financer à cette fin, via un fonds public doté de 4 milliards, les travaux des propriétaires les plus précaires.
Interdire à la location les passoires énergétiques à partir de 2025

 

 

 

Notre avis

Le programme établit le lien entre précarité énergétique et rénovation des logements et cible spécifiquement les passoires énergétiques. De plus, il propose une réforme en matière de financement en proposant une forme de préfinancement. La question de l’accompagnement social des ménages en précarité énergétique n’est pas perçue au delà d’un audit énergétique gratuit. Si ce dernier va dans le bon sens, il faut le coupler à un dispositif d’accompagnement vers une solution adaptée pour ces ménages. Le soutien financier annoncé, s’il s’additionne au niveau de soutien actuel, soit 3 milliards d’euros par an pour les aides à la rénovation énergétiques des logements privés, montre que l’ampleur du problème est bien perçu. Si ce soutien financier vient se substituer à ce qui se fait actuellement cela signifierait une division par trois des montants d’aides actuels. Une clarification est donc importante sur ce point.

L’enjeu : donner accès à une mobilité propre à toutes et tous

Dans son programme Emmanuel Macron prévoit de :

Donner la priorité à la modernisation des infrastructures existantes en poursuivant le redressement entamé dans le secteur ferroviaire (pour les voyageurs et le fret) et en rattrapant le retard pris sur l’entretien des routes.

Remplacer les vieux véhicules polluants en créant une prime de 1000 euros pour acheter un véhicule neuf ou d’occasion moins polluant.

Accélérer le déploiement des véhicules électriques en maintenant le bonus-malus à l’achat et en accélérant le déploiement des bornes de recharge.

Opérer sous le quinquennat le rattrapage de la fiscalité diesel sur celle de l’essence.

Peser pour renforcer les normes anti-pollution européennes pour les véhicules neufs et les contrôles en conditions réelles (en tirant les enseignements du scandale Volkswagen), avec pour objectif de long terme de n’avoir plus, en 2040, aucune vente de véhicule thermique.

Développer le covoiturage, grâce à la mise en place des voies dédiées aux bus, VTC et covoiturages sur les autoroutes urbaines et une modulation des péages en fonction de l’occupation des véhicules.

Notre avis

La priorisation au redressement de l’existant en particulier du fret ferroviaire va dans le bon sens. Cependant, il conviendrait, pour rendre ce secteur compétitif, de restaurer l’écotaxe poids lourds et sur ce point, Emmanuel Macron ne formule pas de proposition.

Toujours dans le domaine des infrastructures, même si le programme n’en fait pas explicitement mention, Emmanuel Macron s’est engagé à mener à son terme l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes qui pourtant, du point de vue environnemental et climatique, devrait être abandonné.

Hormis une proposition intéressante et concrète sur le covoiturage, le programme reste insuffisant pour réduire la place de la voiture, alors que les transports en commun et les mobilités actives (marche et vélo) devraient être priorisés, notamment par un soutien financier de l’Etat aux collectivités locales souhaitant les développer. C’est en effet le développement de ces alternatives qui permettra d’opérer un véritable report modal depuis le véhicule particulier.

Le problème de la qualité de l’air est bien identifié dans le programme et l’un des moyens principaux pour y remédier, le rattrapage fiscal diesel-essence au cours du quinquennat est mentionné.
Emmanuel Macron s’exprime par ailleurs sur un renforcement des normes européennes sur les émissions de polluants des véhicules en conditions réelles ainsi que des contrôles renforcés au niveau européen, ce qui va dans le bon sens. Néanmoins, le renforcement des normes européennes ne vise pas que les émissions de polluants mais également les émissions de CO2 de tous les véhicules et à cet égard, des objectifs doivent être fixés pour 2025.

L’enjeu : concrétiser et amplifier les engagements financiers de la France pour une justice climatique au Sud

Emmanuel Macron propose dans son programme de respecter l’objectif de 0,7 % du revenu national brut consacré à l’aide publique au développement. Il conditionne cependant cette promesse aux résultats économiques de la France et conditionne également l’APD au respect des pays bénéficiaires des politiques migratoires (évaluées lors d’une conférence annuelle).

Il mentionne spécifiquement le développement durable (au même titre que l’éducation, la santé et la promotion des femmes) comme priorité de l’aide publique au développement, tout en définissant des zones d’intervention prioritaires : Afrique sub-saharienne, le Sahel, le Maghreb, pays en crise. Enfin, Emmanuel Macron propose une hausse de la part des dons gérés par l’Agence française de développement.
Notre avis

L’engagement d’Emmanuel Macron de consacrer 0,7 % du revenu national brut pour l’aide publique au développement va dans le bon sens mais il ne doit pas être conditionné aux résultats économiques de la France et au respect des politiques migratoires. De plus, Emmanuel Macron a précisé son engagement en annonçant que ce pourcentage ne serait atteint qu’en 2030 : cela rend cette promesse hors mandat.

L’engagement d’aide publique au développement, tout comme l’engagement financier de la France de consacrer 5 milliards d’euros par an pour soutenir les pays les plus vulnérables aux changements climatiques sont des engagements pris indépendamment du respect de telle ou telle autre politique.

Les conditionner a posteriori équivaut à revenir sur ces engagements.

La volonté d’aider les zones les plus vulnérables et d’augmenter la part du don est un élément positif du programme d’Emmanuel Macron, mais qui ne prend de sens que si les promesses financières de la France en matière de solidarité climatique sont tenues. Le programme devrait, à ce titre, rappeler et soutenir l’engagement de fournir 5 milliards d’euros par an d’ici à 2020 pour aider les pays les plus pauvres à lutter contre les impacts des changements climatiques et développer des sociétés résilientes et bas carbone grâce aux énergies renouvelables.

Enfin, Emmanuel Macron s’est exprimé au cours de la campagne pour la suspension des négociations de la taxe sur les transactions financières européenne tant que le statut de la Grande Bretagne vis-à-vis de l’Union européenne et du marché unique ne serait pas réglé. Cela va à l’encontre de la nécessité de développer des outils de financements innovants, pour permettre de lever des financements supplémentaires en soutien aux pays en développement.

«Klima aldaketa gelditzeko ez da aski telebistari oihu egitea»

Beñat Alberdi
www.berria.eus/paperekoa/1845/032/001/2017-05-10/klima_aldaketa_gelditzeko_ez_da_aski_telebistari_oihu_egitea.htm

Ingeniari informatikoa da Romain Lauferon (Paris, 1981); bai, behintzat, ikasketei erreparatuz gero. Lanak, ordea, ez zuen asebetetzen haren sineste sendoa. Borroka desobediente ez-biolentoa iruditzen zaio bidea. Koherentzia bila, aktibista hasi zen, eta eragile desobedienteendako informatika lanak egiten bukatu du. Frantziako Les Desobeissants mugimenduak egindako Désobéir: le petit manuel (Desobeditu, eskuliburu txikia) aurkeztu berri du Bilboko Louise Michel liburu dendan. Borrokak antolatzeko gida eta ilusioa pizteko bide izan nahi du liburuak.

 

Liburua eskuliburu bat da teoriatik praktikara pasatzeko. Gaur egun, arazoak al daude salto hori emateko?
Politizatze lan bat falta da gizartean. Lehen, sindikatuek eta langileen alderdiek egiten zuten lan hori. Baina orain, ikusi dugu Frantzian nola igo den eskuin muturra politizatze faltagatik.

Desobedientziak gogobeteko luke behar hori?

Desobedientziak badauka gaitasun hori, baina, era berean, pedagogia egiten du ekintzen bidez: jendeak ikusten du nola hamabost pertsonak traba egin diezaioketen aurkariari, eta mila borroka irabazi.

Mezu bitxia zeukan aurkezpenean jantzita zeneukan kamisetak: «Mundua aldatu daiteke, baina ez da bakarrik aldatuko». Nork aldatuko du?

Guk geuk, ez dago beste inor. Ohitu gaituzte men egitera eta gogogabetzera. Egun, agintariak ez gauzka zapaldu beharrik: aski du herria deprimitzearekin. Liburuaren helburua da jendeari ilusioa eta konfiantza ematea berriro. Irabaztea da benetan lortu nahi duguna.

Mundua aldatzeko gogoa behar da, beraz?

Bai, bai. Pedagogia beharra ere badugu. Aurrez aurre makina indartsu bat daukagu: indibidualismoa bultzatzen du, eta, badirudi, norberak bere burua salbatu behar duela. Baina klima aldaketa gelditzeko ez da aski telebistari oihu egitea. Elkartuta indartsuagoak gara.

Desobedientzia zibila babesteko, esaten duzue egun erabiltzen diren tresnek indarra galdu dutela, hala nola manifestazioek. Bukatu da haien garaia?

Agintea moldatu egin da gure borroka tresnetara. Adibidez, 50.000 funtzionario bota nahi badituzte, esango dute 80.000 bota nahi dituztela. Kexatzeko, manifestazio bat egingo dugu, eta esango dute bakarrik 50.000 botako dituztela. Garaipen bat dirudi, baina hasieratik garbi zuten zenbat langile bota nahi zituzten.

Hurrengo urratsak biolentziarik gabeko desobedientzia ekintzak izan behar dira?

Horrek indarra ematen du. Gandhik eta Martin Luther Kingek irakasgaiak utzi dizkigute. Gandhik esaten zuen helburuak ez dituela bitartekoak zuritzen, eta munduan bakea lortu nahi badugu horra iristeko ezin dugula gerra erabili. Irakasgai hori garrantzitsua da guretzako. Izan ere, biolentzia ezak jende gehiago batzeko balio du. Eraginkortasuna ere garrantzitsua da.

Zergatik da garrantzitsua eraginkortasuna?

Ondo antolatu behar duzu borroka: helburu lorgarriak aukeratu, eta metodologia hori guztia estrategia global baten barruan erabili.

Antolakuntzari kapitulu bat eskaintzen dio liburuak. Garrantzitsua da ekintza bat aurrez ondo prestatzea?
Puntu asko ondo pentsatu behar dira aurrez, baina erraza izan behar da egiteko eta errepikatzeko. Adibide ona da Parisko COP21 goi bileran egin genuen kontragailurra. Dirua behar dute klima aldaketari aurre egiteko. Non dago dirua? Zerga paradisuetan. Zerga eskandaluetan murgildutako bankuetara jo genuen: aulkiak lapurtu genizkien. Horren ondo prestatuta zegoen ekintza, hiru minutuan banku kanpoan geundela aulkiekin. Hainbat egunetan errepikatu genuen ekintza. Egun batean, tankera horretako 30-40 ekintza izan ziren hainbat tokitan.

Gabeziak al dauzka antolakuntzak, egun?

Bi korronte daude. Batetik, maila politikoan hausnartzen duen jendea dago. Bilera asko egiten dituzte zer egin erabakitzeko. Askotan, bileretan hurrengoa noiz izango den erabakitzen dute soilik. Bestetik, korronte erradikalagoak daude, iraultzaileagoak. Sinetsita daudenei helarazten diete euren mezua, eta errepresioaren aurka indar handia galtzen dute: isunei erantzuten edo presoen aldeko borrokan.

Liburuak egiten al du alde baten alde?

Ikuspuntu kritiko bat sortzea du helburu. Politizatuak bultzatu nahi ditu egindako ekintzen eraginkortasuna neurtzera; eta erradikalak konbentzitu nahi ditu estrategiaren garrantziaz eta biolentzia ez erabiltzeaz.