Articles du Vendredi : Sélection du 10 janvier 2014 !

Compte à rebours climatique : 693 jours avant la conférence de Paris. Chronique à suivre…

Claude-Marie Vadrot
www.politis.fr/Compte-a-rebours-climatique-693,25122.html

Climat: 2050, nous n’y sommes pas encore

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/climat-2050-nous-n-y-sommes-pas-encore,41383?xtor=EPR-9

Le gouvernement détricote à nouveau le droit de l’environnement

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/le-gouvernement-detricote-a-nouveau-le-droit-de-l-environnement,41257?xtor=EPR-9

1972-2012 : le Club de Rome confirme la date de la catastrophe

Jean-Paul Baquiast
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/080412/1972-2012-le-club-de-rome-confirme-la-date-de-la-catastrophe

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Compte à rebours climatique : 693 jours avant la conférence de Paris. Chronique à suivre…

Claude-Marie Vadrot
www.politis.fr/Compte-a-rebours-climatique-693,25122.html

693 jours. C’est le temps qui reste à la planète et aux politiques avant le début de la 18 ème conférence sur le climat qui se tiendra près de Paris, au Bourget, à partir du 30 novembre 2015. Comme le temps passera très vite pour la montée inexorable du dérèglement climatique, fait de réchauffement, de tempêtes, de froid inattendu et de graves variations pluviométriques, il est plus que temps d’en tenir une chronique politique, scientifique et économique. Le lecteur trouvera donc ici chaque semaine, plus souvent si nécessaire, les informations, bonnes ou mauvaises, liées au réchauffement de la planète et à la froideur des politiques.

Conscients que la Conférence de Paris devra prendre de vraies décisions et que la pression de l’opinion publique et de la société civile seront forte, les milieux « anti-réchauffistes », c’est-à-dire niant la réalité de l’influence des activités humaines sur le réchauffement, mettent les bouchées doubles. Surtout aux Etats-Unis où les événements climatiques des trois dernières années ont entrainé une évolution positive de l’opinion publique et de scientifiques avouant que leurs travaux avaient été orientés. La centaine de fondations, de groupes de pression et d’industriels qui inondent les milieux universitaires américains, africains, asiatiques et européens d’études trafiquées qu’ils ont financés sont donc plus que jamais à l’œuvre.

Le réseau journalistique Daily Climate qui recense les informations dans ce domaine, a expliqué il y a quelques jours dans une dépêche « qu’il s’agit d’une action organisée et délibérée pour induire le public en erreur et fausser la représentation du changement climatique dans l’opinion publique ». Les principaux financeurs et organisateurs de cette campagne qui renait, sont la Fondation des frères Koch, Exxon Mobil, les sociétés exploitant le gaz de schiste comme Schirephach ou Chesapeake (associée à Total), le Huston Institute, la Global Warming Policy Fondation ou le Fraser Institute. Ce conglomérat conservateur souvent lié au Tea Party, au parti Conservateur et aux Libertariens envisage d’augmenter son financement des dossiers « anti-réchauffistes » qui atteint déjà, selon les estimations de l’Université de Philadelphie et de Daily Climate, un milliard de dollars par an. Somme énorme quand on la compare aux moyens du GIEC…

Climat: 2050, nous n’y sommes pas encore

Valéry Laramée de Tannenberg
www.journaldelenvironnement.net/article/climat-2050-nous-n-y-sommes-pas-encore,41383?xtor=EPR-9

Alors que l’Union européenne doit prochainement présenter sa politique climatique à moyen terme, une étude de la Commission souligne que, sans efforts supplémentaires, les Européens ne réduiront pas suffisamment leurs émissions pour contribuer à une stabilisation du réchauffement.

Les semaines prochaines s’annoncent cruciales pour l’avenir climatique européen. Le 22 janvier, les mesures composant le paquet Energie Climat 2030 devraient être présentées par la Commission. Elles devront être validées par le Conseil européen de mars prochain pour avoir une chance d’entrer en vigueur. Ce tout constituant la position des 28 dans les négociations climatiques mondiales: lesquelles doivent, en principe, aboutir à la conclusion d’un accord «universel» en décembre 2015, au Bourget.

Pour tenter de surmonter les réticences de certains Etats membres à accepter des contraintes carbone croissantes jusqu’à 2030, Bruxelles a discrètement publié, quelques jours avant la fin de l’année passée, une estimation du résultat, à moyen et long terme, des actions menées dans l’Union pour réduire notre empreinte carbone.

Délicat exercice

Pour ce faire, les experts se sont, bien sûr, basés sur les politiques nationales, issues du paquet Energie Climat de 2008 et du renforcement des réglementations encadrant l’efficacité énergétique et les émissions des véhicules. Ils ont aussi pris en compte les projections démographiques, de PIB et de consommation jusqu’à 2050. Exercice toujours délicat et systématiquement dénigré.

A quoi ressemblera donc l’Europe dans une quarantaine d’années? Les rédacteurs de l’étude présentent une région dont la richesse (toujours évaluée en PIB, hélas) aura progressé de près de 80% par rapport à 2010. A comparer à la croissance de la consommation d’énergie finale: +8% pour la même période. Pas mal pour des Européens dont le nombre n’aura progressé que de 5% en 40 ans, et dont le PNB par tête se sera accru de 1,7% par an, en moyenne. (…)

Tous les secteurs ne suivent pas

Pareil effort (que celui qui sera effectué dans le domaine de l’électricité) ne sera pas fourni par les autres secteurs émetteurs. Les émissions de CO2 de l’industrie et du secteur résidentiel devraient décroître d’un tiers d’ici 2050: 15 points de moins que le secteur tertiaire. Sous l’effet de l’explosion du transport aérien, les transports (hors fret maritime) restent un domaine peu efficace: à peine 8% de réduction d’émission en 40 ans. Finalement, les Européens devraient relâcher 2.500 milliards de tonnes de CO2 par an en 2050, contre 4.500 milliards en 2010.

Mais il n’y a pas que le gaz carbonique. L’agriculture, l’électronique, les entreprises des déchets et du traitement de l’eau, le secteur de la climatisation relâchent des gaz à effet de serre au pouvoir de réchauffement global plus important que celui du CO2: 25 fois pour le méthane, 310 fois pour le protoxyde d’azote et jusqu’à 24.000 fois pour des gaz de synthèse fluorés. L’émission de ces GES surpuissants baissera bien de 20% entre 2005 et 2030, mais se stabilisera par la suite aux alentours de 730 millions de tonnes équivalent CO2 par an. Les trois quarts de ces rejets sont imputables à l’agriculture qui, selon les projections, ne réduira qu’à la marge ses rejets de GES.

Bien, mais doit mieux faire

Si rien n’est fait pour changer radicalement certaines de nos pratiques, l’Europe réduira de 44% ses émissions anthropiques de GES entre 2010 et 2050. Si elle se vérifiait, cette performance serait remarquable. Mais elle resterait très éloignée de l’effort qui nous est demandé. Pour contribuer, à hauteur de nos émissions passées, actuelles et futures, à la stabilisation du réchauffement à 2°C, les pays les plus industrialisées (les membres de l’OCDE, en résumé) doivent abattre de 80% à 95% leurs rejets de GES d’ici le milieu du siècle. C’est ce que prévoit la feuille de route de Bali, adoptée par l’ONU en 2007. Ce sont les objectifs que des lois fixent au Royaume-Uni et à la France. Mais ce n’est pas ce vers quoi nos politiques nous conduisent actuellement.

Le gouvernement détricote à nouveau le droit de l’environnement

Stéphanie Senet
www.journaldelenvironnement.net/article/le-gouvernement-detricote-a-nouveau-le-droit-de-l-environnement,41257?xtor=EPR-9

Publiée ce 3 janvier au Journal officiel, la loi habilitant le gouvernement à simplifier et sécuriser la vie des entreprises ouvre la porte à de nouvelles entorses au droit de l’environnement, au nom d’un «intérêt économique majeur».
C’est un énième détricotage du droit de l’environnement que vient d’opérer le gouvernement, à travers la loi du 2 janvier 2014 qui «l’habilite à simplifier et sécuriser la vie des entreprises». Son article 16, en particulier, lui offre désormais la possibilité de revoir, par ordonnance, l’actuel régime juridique auquel tout projet d’aménagement est normalement soumis, notamment en matière d’évaluation environnementale.

Cette disposition crée en effet de nouvelles «zones d’intérêt économique et écologique», que la loi décrit comme des «zones présentant un intérêt majeur pour l’implantation d’activités économiques dans lesquelles les enjeux environnementaux font l’objet d’un traitement anticipé».

 

Fruit d’un amendement déposé par le gouvernement au Sénat le 2 décembre dernier, cet article n’a curieusement fait l’objet d’aucun débat, ni à l’Assemblée ni au Sénat. Dès sa publication, ce 3 janvier, de nombreux juristes spécialistes de l’environnement ont tiré le signal d’alarme, comme l’avocat Arnaud Gossement, qui s’étonne que «cette mesure n’ait jamais été ni débattue ni même évoquée lors des Etats généraux de modernisation du droit de l’environnement».

 

Une nouvelle version de l’évaluation environnementale

 

En résumé, ce dispositif permet au préfet de région de délimiter ces «zones d’intérêt économique majeur» dans lesquelles les enjeux environnementaux feront l’objet d’un nouveau traitement. Au programme: la création d’un diagnostic environnemental réalisé en amont par l’aménageur, comportant un inventaire détaillé des espèces et des habitats protégés, ou encore la réalisation d’un plan d’aménagement, là encore par l’aménageur, et dont les conditions de l’évaluation environnementale et de l’enquête publique pourront être revues par ordonnance. L’évaluation environnementale pourra donc concerner plusieurs projets économiques au sein d’une même zone. A noter que ce dispositif est prévu à titre expérimental pour une durée de trois ans.

 

«En l’état actuel des choses, l’intérêt de ces zones apparaît très incertain, tant pour les acteurs économiques qui pourront ainsi dépendre d’une évaluation anticipée établie par un autre, que pour l’environnement dont l’évaluation se fait fort difficilement à un seul instant t», analyse Arnaud Gossement.

 

«Le gouvernement tente de sécuriser juridiquement des projets économiques tout en allant à l’encontre de la jurisprudence. Cela ne tiendra pas la route devant les tribunaux», décrypte de son côté Raphaël Romi, professeur en droit de l’environnement à l’université de Nantes, pour le JDLE.

 

Une disposition contraire au droit communautaire et à la Constitution?

 

«Ces dérogations au droit communautaire de protection des espèces et des habitats sont contraires à la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne, qui prévoit des dérogations, lorsqu’il existe un intérêt public majeur, uniquement par espèce, par projet et par zone et non sur un territoire global», poursuit-il.

 

Même impasse juridique avec l’enquête publique, «puisque le principe de participation du public est protégé au niveau constitutionnel par l’article 7 de la Charte de l’environnement».

 

Mais l’entorse la plus importante reste, selon Raphaël Romi, la possibilité que se réserve le gouvernement de revoir l’ouverture des recours juridictionnels, contre le plan d’aménagement ou le diagnostic environnemental par exemple. «La suppression d’un recours juridictionnel est contraire à la Convention européenne des droits de l’homme. Mais cette mesure permettra au gouvernement de réduire les possibilités et les délais de recours, dans le même esprit que ce qu’il a déjà fait en 2013 en matière de contentieux de l’urbanisme (1)», relève-t-il. «Il s’agit d’un détricotage pur et simple du droit de l’environnement, volontaire et inexcusable».

 

L’Etat à la place des intercommunalités?

 

De son côté, l’avocat François Benech, spécialiste des questions d’aménagement, d’environnement et d’urbanisme, note que «le gouvernement détricote très vite ce qui est par ailleurs tricoté lentement, depuis des années, pour renforcer les dispositifs de protection mis en place à l’échelon intercommunal, et en particulier le schéma de cohérence territoriale, dit Scot». Selon lui, «l’article 16 va totalement à l’encontre du mouvement qui a été lancé pour permettre aux élus locaux d’aller plus loin dans la protection des terres agricoles et naturelles, en balayant potentiellement leurs compétences au profit des préfets de région».

 

Notons que les ministères de l’écologie et du logement n’ont pas donné suite aux demandes de précisions formulées par le JDLE. Mais si cet amendement est jusque-là passé inaperçu à l’Assemblée ou au Sénat, gageons qu’il devrait très bientôt faire parler de lui, à l’occasion de quelques recours devant les tribunaux.

 

(1)par une ordonnance du 18 juillet 2013 et un décret du 1er octobre 2013

1972-2012 : le Club de Rome confirme la date de la catastrophe

Jean-Paul Baquiast
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/080412/1972-2012-le-club-de-rome-confirme-la-date-de-la-catastrophe

Début 2012 le Club de Rome célébrait le quarantième anniversaire de son célèbre rapport (surnommé «Halte à la croissance?»), dit aussi Rapport Meadows, du nom de son principal rédacteur. Ce rapport avait été présenté au public le 1er mars 1972, à partir d’une commande faite par le même Club de Rome (créé en 1968) au Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1970.

Cette célébration a donné lieu à un symposium le 1er mars 2012, dont les conclusions sont présentées sur le site du Club de Rome. Dans le même temps, un des organisme en charge du rapport, le Smithsonian Institution, rend public une version actualisée pour 2012 du rapport de 1972. Il s’agit, en fait d’un second rapport, utilisant la même méthodologie que le premier, avec les mêmes acteurs, le Club de Rome commanditaire et le MIT exécutant. Les instruments d’analyse ont cependant été modernisés, pour tenir compte des importants progrès accomplis dans les méthodes d’observation et de prévision.

Le point essentiel, que tous les gouvernements, que toutes les entreprises, tous les média auraient dû noter, est que le rapport de 2012 confirme celui de 1972. Celui-ci donnait soixante ans au système économique mondial pour s’effondrer, confronté à la diminution des ressources et à la dégradation de l’environnement.  La situation est confirmée par la formule du Smithsonian Magazine, «The world is on track for disaster…», autrement dit, “tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre”.

Ce désastre, comme le résume le physicien australien Graham Turner, qui a succédé à Dennis Meadows comme rédacteur coordonnateur, découlera du fait que, si l’humanité continue à consommer plus que la nature ne peut produire, un effondrement économique se traduisant par une baisse massive de la population se produira aux alentours de 2030.

Le désastre n’est donc plus loin de nous, mais tout proche. 2020 est d’ailleurs considéré par certains experts comme une date plus probable. L’effondrement pourrait se produire bien avant 2030. Autrement dit tous les projets envisagés pour le moyen terme de 10 ans seraient impactés, voire rendus inopérants. Les rapporteurs font cependant preuve d’optimisme, en écrivant que si des mesures radicales étaient prises pour réformer le Système, la date buttoir pourrait être repoussée.

Rien ne sera fait

Mais nous devons pour notre part considérer, y compris en ce qui concerne nos propres projets, collectifs ou individuels, qu’aucune de ces mesures radicales ne seront prises. Le système économico-politique, selon nous, ne peut se réformer. Ce sont en effet les décisions des gouvernements, des entreprises et des médias qui convergent pour que tout continue comme avant, business as usual, ceci jusqu’au désastre. Une petite preuve peut en être fournie par le fait que pratiquement aucune publicité n’a été donnée par aucun des acteurs que nous venons d’énumérer à la publication de cette seconde version du Rapport.

Insistons sur le fait que ce n’est pas seulement le réchauffement global qui est incriminé par les rapporteurs, mais plus généralement l’épuisement des ressources et, au-delà, d’une façon plus générale, le saccage catastrophique de l’environnement sous toutes ses formes, autrement dit “la destruction du monde”. Pour l’empêcher, il ne faudrait pas seulement réduire notre production de gaz à effets de serre, mais s’imposer une décroissance radicale, à commencer par celle qui devrait être mise en oeuvre dans les pays riches, qui sont les plus consommateurs et les plus destructeurs.

Vains espoirs. Il suffit de voir comment, lors des élections françaises de cette année 2012, la question a été évacuée des enjeux politiques. Dans le même temps, on envisage sérieusement de relancer la recherche des gaz de schistes et d’entreprendre des forages profonds en Méditerranée…Petit exemple, car des mesures autrement plus dangereuses se préparent en Arctique et ailleurs.

Les opinions publiques se rassureront en faisant valoir que si ce nouveau rapport n’est pas discuté, si des milliers d’ « experts » de tous ordres ne le mentionnent pas, c’est parce qu’il est le produit d’un étroit groupe de pression comptant sur le catastrophisme pour prospérer.

Nous pensons pour notre part que certains décideurs, discrets mais influents, prennent au contraire ces prévisions très au sérieux et se préparent, évidemment par la force, à protéger leurs avantages face à la révolte des milliards d’humains qui seront touchés par le futur effondrement.

Sources

Nouveau rapport du Club de Rome www.clubofrome.org/?p=3392

Article du Smithsonian Magazine www.smithsonianmag.com/science-nature/Looking-Back-on-the-Limits-of-Growth.html#ixzz1rEEVUFqq

Rapport du Club de Rome 1972. Halte à la croissance http://fr.wikipedia.org/wiki/Halte_%C3%A0_la_croissance_%3F