Articles du Vendredi : Sélection du 07 juin

Record de chaleur, énergie fossile : le chef de l’ONU appelle à sortir de « l’autoroute vers l’enfer »
SudOuest.fr avec AFP
www.sudouest.fr/environnement/climat/rechauffement-climatique/record-de-chaleur-energie-fossile-le-chef-de-l-onu-appelle-a-sortir-de-l-autoroute-vers-l-enfer-20010364.php

Antonio Guterres a déploré « un moment critique pour le climat » lors d’un discours à New York ce mercredi à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement. Dans son viseur : les chiffres inquiétants du réchauffement climatique et le secteur des énergies fossiles

Les humains représentent le même « danger » pour la planète que « la météorite qui a exterminé les dinosaures », a lancé mercredi le secrétaire général de l’ONU au terme des douze mois les plus chauds jamais mesurés, réclamant de bannir la publicité pour le pétrole, le gaz et le charbon, principales causes du réchauffement.

« Nous sommes la météorite »

« Dans le cas du climat, nous ne sommes pas les dinosaures. Nous sommes la météorite », a déclaré Antonio Guterres lors d’un long discours à New York pour la Journée mondiale de l’environnement.

Son propos accompagne la publication coordonnée des dernières alertes scientifiques : mai 2024 été le mois de mai le plus chaud jamais enregistré dans le monde (sur terre et mer), le 12e mois d’affilée à battre son propre record, selon l’observatoire européen Copernicus.

Le mois de mai 2024 devient ainsi le 12e mois consécutif à battre son propre record de chaleur, selon l’observatoire Copernicus

Et il est à 80 % probable que la température moyenne mondiale sur une année calendaire dépasse « temporairement » de plus de 1,5°C les niveaux préindustriels d’ici 2028, a ajouté l’Organisation météorologique mondiale (OMM), alors que nous en sommes à environ 1,2°C sur la dernière décennie, selon une étude également publiée mercredi.

« Un moment critique pour le climat »

L’humanité flirte donc avec la limite de 1,5°C adoptée par quasiment toute la planète dans l’accord de Paris de 2015, à une différence près : ce +1,5°C doit être atteint en moyenne sur des décennies pour être considéré comme notre nouveau climat stabilisé.

Mauvais signe néanmoins : l’année 2023, la plus chaude dans les annales, s’est conclue avec une anomalie de 1,48°C par rapport à 1850-1900, selon Copernicus, sous l’effet du changement climatique et d’un surplus de réchauffement ponctuel apporté par le phénomène El Nino. Sur 12 mois glissants, le 1,5°C est même déjà franchi : la température moyenne de juin 2023 à mai 2024 a été à +1,63°C par rapport à 1850-1900.

« On pourrait s’attendre à ce qu’un réchauffement mondial de 1,5°C soit atteint ou dépassé dans les 10 prochaines années », estiment les auteurs d’une étude publiée ce mercredi

« Les émissions mondiales doivent diminuer de 9 % par an jusqu’en 2030 pour que la limite de 1,5°C ne soit pas dépassée », a rappelé Antonio Guterres. Mais le pic n’est pas encore officiellement atteint. Si l’humanité s’est accordée à la COP28 à Dubaï, en décembre, pour abandonner progressivement les énergies fossiles, leur déclin n’est pas encore imminent.

« J’appelle chaque pays à interdire la publicité pour les entreprises des énergies fossiles »

Dans ces conditions, Antonio Guterres a regretté que la crise climatique ne soit plus au centre de l’attention. « On ne peut pas laisser les conflits horribles » dans le monde « nous distraire de la menace existentielle pour l’humanité, le changement climatique ». Première cible de ses critiques, le secteur des énergies fossiles : « J’appelle chaque pays à interdire la publicité pour les entreprises des énergies fossiles », à l’image des interdictions pour d’autres « produits néfastes pour la santé humaine, comme le tabac », a lancé Antonio Guterres.

« C’est un moment critique pour le climat », a insisté le secrétaire général, appelant à « prendre la bretelle de sortie de l’autoroute vers l’enfer », alors que les pays du monde entier doivent soumettre d’ici début 2025 de nouveaux objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.

Comprendre, anticiper, agir
Enbata
www.enbata.info/articles/comprendre-anticiper-agir

DOSSIER : 3000 nouveaux arrivants annuels en Iparralde

Enbata poursuit ici l’interview de Denis Caniaux, urbaniste et directeur général de l’AUDAP (Agence d’urbanisme atlantique et Pyrénées). Nos interrogations portent sur l’évolution du mouvement migratoire dans le temps et ses causes possibles : fin de la lutte armée en 2011, construction de la LGV, politiques du logement, Covid 19, télétravail. En fin d’interview, Denis Caniaux évoque les politiques publiques à mettre en oeuvre dans divers domaines : aménagement du territoire, gestion de l’eau, ZAN, euskara. Autant d’esquisses sur un avenir à maîtriser au mieux. Ce débat est ouvert, il portera aussi sur les outils dont notre pays doit se doter.

Les incidences du contexte ou de quelques événements récents Enbata : Le solde migratoire varie-t-il, quantitativement et qualitativement, sur la durée ? Y a-t-il des époques, des contextes ou des événements qui l’ont conditionné dans un sens ou dans un autre ? Nous pensons à deux faits. A-ton observé une évolution des mouvements migratoires depuis la fin de la lutte armée en Pays Basque (2011) ? La LGV Paris-Bordeaux a-t-elle eu une influence sur le solde migratoire du Pays Basque ? Quel est l’impact des différentes politiques du logement ? Quel est celui du Covid 19 sur ces mouvements migratoires ?
D.
C. : Je n’ai pas forcément la réponse à toutes vos questions. Pour être franc, je n’avais pas fait le lien avec la fin de la lutte armée de 2011. Nous avons étudié les soldes migratoires sur trois périodes décennales successives : 1990-1999, 2000 à 2009, et 2010-2021. Dans ces approches décennales, on regarde les moyennes annuelles. Sur la première décennie, 1990-1999, le solde moyen migratoire annuel, donc ce qui reste entre les entrants et les sortants, était de 1883 personnes, disons 1900 pour arrondir. Durant la décennie 2000-2009, ce solde se montait à 2727, arrondissons à 2700. Et sur la décennie 2010-2021, le solde migratoire moyen a été de 3000, 2989 exactement.

C’est donc la décennie des années 2000 qui marque une nette accélération. Durant la décennie précédente, nous étions sur un taux annuel d’évolution migratoire de 0,7 %, puis nous sommes passés à 1 %, et ensuite à 1,2 %. Le chiffre en valeur absolue est assez important et il augmente régulièrement, même s’il ralentit sur la dernière décennie. Mais je ne saurais pas dire avec précision quels sont les moteurs de cette évolution. Vous avez ciblé dans votre question ‘2011, fin de la lutte armée’, je ne suis pas certain que cela ait une incidence directe ; pour moi, non : les dates ne concordent pas.

Enb. : Les chiffres ne bougent pas sensiblement…

Non, mais c’est ce que l’on appelle en économie « un trend », un mouvement de fonds, de long terme, structurel en quelque sorte. Il peut y avoir quelques modifications, légère accélération ou décélération. l’augmentation est de 800 personnes par an en moyenne entre la décennie 90 et la décennie 2000, et dans la décennie 2010, l’augmentation n’a été « que » de 300 individus en moyenne par an.

Enb. : Nous avons un vrai changement entre la décennie 1990-1999 et la décennie 2000-2009. Ensuite…
D. C. : …
cela progresse, mais pas tant que ça. Le boom, vraiment, se situe dans la décennie 2000. Je pense donc qu’il faudrait fouiller, analyser plus finement le phénomène. A mon sens, le point le plus important se situe dans l’augmentation de l’attractivité résidentielle en Pays Basque qui s’est produite à ce moment- là, avec beaucoup de constructions réalisées. Alors, qui de l’oeuf ou de la poule ? difficile à dire pour être honnête… Le flux des arrivants a-t-il généré l’offre de logements, ou est-ce l’offre de construction qui a généré la demande ? Dans cette décennie 2000-2009, le dynamisme de l’activité économique a été important. La crise immobilière des subprimes n’est arrivée qu’en 2008-2009 : elle a « sanctionné » la période du début des années 2000 qui a été faste. Le marché de l’immobilier est très cyclique. Aujourd’hui, nous sommes plutôt dans une phase de cycle bas, mais elle a été précédée par un cycle fort entre 2010 et 2017- 2018. Une connexion existe entre tous ces éléments. Mais les liens de causalité entre eux sont difficiles à percevoir.

Enb.: La construction de la voie nouvelle LGV Bordeaux-Hendaye faisant gagner une heure de temps de voyage peut-elle avoir un impact sur les soldes migratoires ? Sur le phénomène des résidences secondaires ?

D. C. :Bordeaux-Tours en TGV en deux heures arrive le 2 juillet 2017. Un temps de parcours important a été gagné, mais cela n’a pas vraiment impacté les choses en Pays Basque. La démographie avait été « galopante » bien avant.

Enb.: A partir des années 2017, on ne constate pas une montée en puissance par rapport aux sept premières années de cette décennie-là ?

D.C. : Non, parce que je pense que le seuil de temps gagné « déclencheur » d’un mouvement démographique est encore assez loin. Aujourd’hui, depuis Bayonne, grosso modo, on met quatre heures pour aller à Paris, dans le meilleur des cas, avec un bon train. Si on gagne une heure, nous en sommes encore à trois heures de voyage. Je pense que le seuil qui permet de déclencher un flux migratoire résidentiel important est celui des deux heures. Cela s’est produit pour relier Paris à Rennes, Lyon, Strasbourg ; pour Marseille, le TGV a concurrencé l’avion. Marseille offrait tellement d’avantages d’une grande métropole qu’effectivement, être à trois heures de Paris depuis Marseille, reste concurrentiel. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas en ce qui concerne le Pays Basque. Mais je me trompe peut-être. En tout cas, les chiffres ne démontrent pas d’effet LGV sur les soldes migratoires en Pays Basque.

L’impact des politiques logement

Enb. : Quels sont les impacts passés ou potentiels des différentes mesures en matière de logement sur ces mouvements migratoires ?

D. C. : Encore une fois, qui de l’oeuf ou de la poule est arrivé le premier ? Quel élément a généré le suivant ? Le début des années 2000 correspond à une grande phase de production, d’investissement locatif en particulier. Le dispositif fiscal Périssol, né en 1996, et toute une série de propositions, ont permis effectivement d’augmenter l’offre. Il y avait du coup une possibilité améliorée de s’implanter, d’habiter dans des logements livrés. Effectivement, une politique du logement très incitative quant à la production de logements locatifs a pu influer sur un appel migratoire. Si et seulement si nous avons une offre économique, au regard de l’âge et du profil des clients possibles. Bien que le solde soit favorable aux personnes de 60 ans, près de 1900 ont entre 25 et 59 ans, ils sont actifs et c’est l’emploi qui génère leur besoin de logements, non la perspective d’une douce retraite.

Le début des années 2010 est également une période assez forte pour les investissements Pinel qui durent jusqu’à la fin de cette année 2024. Donc durant la décennie 2010-2020, le « moteur du Pinel » a produit beaucoup de logements locatifs sur le territoire.

Enb. : Des pics de production se sont produits autour des années 2015.

D. C. : Oui, de 2012 à 2016, la production de logements locatifs Pinel a fortement progressé. Il est possible que cela ait alimenté, selon un phénomène « d’appel d’air », ou a minima facilité l’accueil des apports migratoires qui existaient déjà. Je mettrais toutefois un bémol : la nature de l’offre de logements influe sur le public accueilli. Par exemple, le dispositif Pinel correspond à des loyers encadrés, pour des revenus, bien sûr plus élevés que ceux du parc HLM, mais plutôt des revenus moyens. Le « retraité doré » disposant d’une retraite à quatre ou cinq mille euros par mois, ne rentre pas dans le dispositif Pinel. Si ce type de produit « d’investissement défiscalisé encadré » disparaît et que l’offre de logements se limite à des appartements ou des maisons entre 700 000 € et un million d’€, forcément les gens à haut pouvoir d’achat seront accueillis en priorité. Je ne suis pas certain que cela fasse baisser le nombre de personnes entrant dans le territoire, mais cela peut changer la répartition qualitative du profil des arrivants.

Enb. : Quels ont pu être les impacts quantitatifs et qualitatifs de la période Covid sur ces mouvements migratoires ? On en parle beaucoup, cela correspond à un ressenti, autre chose est de voir les chiffres. L’intérêt pour la nature, la vie à la campagne aurait fait arriver massivement des gens, plus l’essor du télétravail qui a permis à ceux qui, travaillant à Paris ou ailleurs et en partie en Pays Basque, de disposer de deux domiciles.

D.C. : L’INSEE a procédé à un changement de mode de comptabilité et donc l’année 2022 va être blanche, on ne pourra analyser que l’année 2023.

Nous avons donc un problème de source de données sur la période post-Covid entière. Et nous devrons attendre une année supplémentaire pour disposer de ces éléments. Pour autant, toutes les analyses de chercheurs qui ont pu être menées en France sur les phénomènes migratoires pendant le Covid et postérieurement — avec effectivement ce discours un peu enflammé sur la fuite des métropoles— tout cela a été vraiment tempéré par les chercheurs. Ils disent que nous avons effectivement un phénomène, mais qui est loin d’être une fuite des métropoles. Une petite partie de la population a quitté les grands centres urbains, mais cela a plutôt accentué une tendance, n’en a pas créé une nouvelle.

Enb. : Il s’agit davantage de ceux qui gardent un pied dans les deux sites, qu’en est-il ?

D. C. :Nous essayons de travailler à l’AUDAP sur la connaissance de ces phénomènes de résidences secondes. L’INSEE ne sait pas le faire. Pourquoi ? Parce qu’ils ont quatre catégories : la résidence permanente, la résidence secondaire, le logement vacant et le logement occasionnel. Le logement occasionnel, correspond à la personne qui vit en couple et travaille à Bordeaux, par exemple.

Elle a un studio ou un T2 à Bordeaux durant la semaine et elle rentre le week-end ; le logement occasionnel est la définition la plus courante de ce cas de figure. En fait, ils ne savent pas évaluer la double résidence. Nous essayons de travailler là-dessus, mais c’est compliqué. Si l’on travaille sur les fichiers fiscaux, c’est du déclaratif. Un personne déclare une résidence principale et une résidence secondaire, mais cela ne veut pas dire qu’elle fait la navette entre les deux.

Nous sommes ainsi en train de construire une méthodologie qui évaluerait les flux d’énergie ou de consommation d’eau, en les croisant avec les modes de connaissance des bases de données Airdna (Outils et ressources pour les hôtes Airbnb, investisseurs immobiliers, et observatoires du tourisme en France). Cela permettrait de suivre les occupations des logements et d’obtenir un résultat en croisant les données. Nous pourrions ainsi parvenir à une approche de cet usage de la résidence seconde.

J’ai l’impression, à partir des échanges avec quelques professionnels, que le phénomène a tendance à devenir une réalité. Que ce soit par des professionnels de l’immobilier, des élus, des salariés cadres, j’entends que ce type de comportement se répand. Des gens viennent trois jours, habitent deux jours ailleurs, reviennent. Pour l’instant, ce n’est qu’un ressenti, il reste à le chiffrer.

On ne peut pas définir pour celui qui télétravaille son mode de consommation. Où va-t-il acheter ses vêtements ou tel matériel ? Nous n’avons pas de données. Il n’est pas dans une résidence « secondaire » au sens de la définition de l’Insee. Que consomme-t-il ou que fait-il dans sa résidence première et que consomme-t-il ou que fait-il dans sa résidence seconde ?

Quelles politiques mettre en oeuvre ?

Enb. : Quelles sont les projections de l’évolution démographique du Pays Basque Nord pour les dix prochaines années ? En dispose-t-on ?

D. C. : Pour information, entre 1968 et 2020, la population du littoral et du rétro-littoral a été multipliée par 1,6 quand celle d’Amikuze s’est maintenue et celle de la Soule ou de Basse-Navarre ont baissé. L’Insee propose un outil de simulation démographique, le modèle Omphale (1), qui permet des projections démographiques à 2050 et 2070. Le problème est qu’il ne travaille que sur des mailles minimum de 50 000 habitants. Nous pouvons donc avoir une projection à l’échelle de la CAPB, mais pas à des périmètres infra-communautaires tels que la Soule par exemple, ou la Basse Navarre. L’Audap travaille à élaborer un modèle de projections démographiques plus fin. Le modèle est en phase de consolidation et nous ne pouvons pas encore diffuser les résultats. Toutefois, des tendances lourdes apparaissent : en particulier, la dégradation forte en 2050 du solde naturel (différence naissances- décès), ainsi qu’un ralentissement des flux migratoires. En première approche, les projections esquissent un maintien de croissance démographique sur le littoral et le rétro-littoral, sans reprise démographique à l’intérieur, cela en prolongation des tendances actuelles, sans aucun événement exogène au territoire ou de prise en compte de politiques publiques locales ou nationales. Ce qui ne sera bien évidemment pas le cas…

Ce qui est certain en revanche, c’est que, quels que soient les scénarios, l’évolution démographique de la CAPB est fortement marquée par le vieillissement de la population. Voilà l’enseignement majeur des données dont nous disposons. Je me souviens d’un maire au nord de l’Adour à qui nous présentions la situation qui m’a dit à peu après ceci : « J’ai une politique communale très orientée vers les jeunes et vous êtes en train de me dire que je me trompe, il faut que je m’occupe des personnes âgées ». Je lui ai répondu : «C’est bien que vous cherchiez à attirer des jeunes et à mener une politique en leur faveur. Mais demain, vous allez avoir encore davantage de personnes âgées et même très âgées ». Je caricature à peine, mais cela correspond dans les grandes lignes à l’avenir démographique que les perspectives nous tracent.

Il s’agit d’un phénomène très lourd de type « trend », la démographie est de ce type. Pour que cela change, il faudrait que se produise un énorme choc comme une guerre mondiale, entraînant d’un seul coup une modification de la structure démographique. Actuellement, la tendance du vieillissement est déjà dessinée. Un peu comme lorsqu’on dit que la ville de 2050 existe déjà à 80 %, nous avons la même chose concernant la démographie.

Il convient donc d’investir dans la silver- économie… En tout cas, le sujet est sur la table, il faudrait vraiment s’en occuper et en tenir compte.

Anticiper

Enb. : L’AUDAP accompagne les collectivités locales dans la définition et la mise en oeuvre de leurs projets et de leurs politiques publiques. Quel est l’impact de vos prévisions sur vos réflexions prospectives dans vos domaines d’action, habitat, mobilités, aménagement, économie, environnement…?
D. C.: J’ai déjà en partie répondu à cette question au sujet du vieillissement de la population.

Pour compléter, l’objectif politique de doter le territoire de formations universitaires ou supérieures est une orientation qui cherche à peser sur le phénomène de « sortie du territoire » des classes d’âge 15/24 ans.

Concernant l’accroissement de la population par le solde migratoire, il va falloir trouver des réponses en termes de logements. S’agit-il d’occuper l’existant, doit-on aller vers davantage de constructions ? Tout cela est contraint par les lois, le Zéro artificialisation nette (ZAN) qui sera à l’oeuvre en 2050, etc. Certes, le phénomène du vieillissement va se poursuivre, mais d’autres tendances démographiques existent : par exemple, sur le rétro-littoral, l’arrivée de populations avec enfants est forte et cela justifie des renforcements d’équipements, scolaires par exemple.

Il est important de comprendre que construire des outils de planification du territoire, tels les SCoT et les PLUi par exemple, est très compliqué. Pourquoi ? Nous ne travaillons pas sur les mêmes périodes de temps : temps « court » pour les PLUi, temps long pour les SCoT. Il est possible que dans la prochaine décennie, il faille encore pas mal s’occuper des jeunes et développer le logement, mais pour la décennie suivante, il conviendra d’anticiper sur un modèle tenant compte du vieillissement de la population. Un PLUi correspond à une perspective  d’environ six à sept ans, avec le SCOT, nous sommes sur vingt ans, donc nous n’avons pas la même échelle de temps entre les deux outils. Il y a donc nécessité d’obtenir une coordination, une cohérence entre les documents. Dans notre travail, cette anticipation doit être prise en compte sur les effets de masse qui jouent. Pour les dix prochaines années, ce n’est pas la même chose que pour les dix années suivantes.

Enb. : En termes de mobilités aussi, travailler en tenant compte d’un tel accroissement de la population sur un territoire qui est réduit, suppose une faculté d’anticipation. D’autant que nous sommes globalement sur le modèle de la voiture individuelle. Comment passer à un système plus collectif, sinon pourrons-nous encore circuler normalement ?

D. C. : La démarche est déjà un peu entamée avec les aménagements lourds, trambus, lignes sur le Pays Basque intérieur. Mais la prospective dépendra aussi de ce que voudront les habitants et les élus du rétro-littoral. L’avenir du territoire se situe sur cette zone. Pour le littoral, son avenir est posé : c’est la ville. Le gros du problème ne se situe pas là, mais bien davantage sur le rétro-littoral, la structuration de cet espace stratégique. Les axes Nive, Nivelle, Adour, l’axe nord-Landes, sont les espaces sur lesquels les changements de modèles en termes de mobilités et d’habitat doivent être les plus importants. Le ZAN veut que l’on renforce les centralités et les densités, cela signifie qu’il faut renforcer les centralités du rétro-littoral et ne pas s’étaler, il convient de densifier ces tissus-là.

Eau et environnement

Enb.: L’environnement, l’eau par exemple, vont être impactés. Qu’en pensez-vous ?
D. C. :
Bien entendu, nous en tenons compte mais nous ne sommes pas des spécialistes. En revanche, la CAPB a fait travailler des experts là-dessus et ils ont fait un excellent travail de prospective sur les besoins et les ressources en eau qu’ils ont présenté l’année dernière. La question de la ressource en eau, sur une perspective de trente ans, est assez grave dans tout le massif pyrénéen. L’étude PIRAGUA, publiée en juillet 2023, le confirme. Elle aboutit à deux conclusions : le climat des Pyrénées sera plus chaud et plus sec, avec une augmentation générale de l’aridité du massif, à la fois dans l’espace et dans le temps. La diminution progressive des débits annuels des rivières pyrénéennes s’accentuera au fur et à mesure que le siècle avance avec une augmentation des températures et des périodes de sécheresse. Deuxièmement, nous allons vers une « cévenolisation » du massif pyrénéen, c’est-à-dire une augmentation des périodes d’épisodes pluvieux extrêmement violents, sur des sols aridifiés, donc forcément des risques naturels accrus. Cela aura des effets sur les niveaux d’étiage des ruisseaux, des rivières et des fleuves, sur les nappes phréatiques, nous allons donc prochainement vers des situations beaucoup plus compliquées. Pour notre part, nous essayons d’en tenir compte le plus possible. Je sais que les PLUi font de même, cela fait partie des contraintes dans les décisions à prendre. Il convient par exemple d’arrêter de réaliser des puisages partout.

En lien avec les questions d’environnement, la question numéro un pour nous, urbanistes, est celle de la limitation de l’imperméabilisation des sols. Cela veut dire que le modèle urbain doit changer. Donc quand j’entends aujourd’hui que le nouveau ministre du logement a été séduit par le BIMBY (Build in my backyard), je suis inquiet. Nous avions le NIMBY, Never in my backyard, jamais près de chez moi ; maintenant, nous avons le Build in my backyard. Le principe étant que dans un lotissement, nous devenons tous promoteurs et quand on est propriétaire d’un petit lot, on va couper en deux son lot, faire une autre maison dessus, et tout cela va se multiplier. Je crains que cela ne solutionne pas grand-chose, la richesse sera à ceux qui ont déjà un pavillon. Cela ne répondra pas aux besoins larges de la population. Le ministre prétend qu’une offre phénoménale sera ainsi générée en France…

Peut-être, mais surtout cela bloquera la structure des lotissements, resserrera encore ce tissu. Avec pour effet une imperméabilisation plus forte des parcelles, donc cela ne va pas dans le bon sens.

Je pense qu’il faut plutôt travailler sur le modèle urbain, y compris dans les zones rurales. Le lotissement pavillonnaire est encore trop souvent un réflexe pour répondre par exemple à une baisse d’effectifs scolaires. « J’ai un problème de risque de fermeture de classe dans l’école de mon village, je vais créer un lotissement de sept, dix, quinze lots ». Cela ne fera que reporter le problème de quatre ou cinq ans. Une fois les enfants des pavillons partis au collège, le problème reviendra. Il est plus intéressant de faire plutôt du collectif, avec du locatif et de l’accession à la propriété. Nous devons travailler collectivement sur des modèles urbains qui sont par exemple plutôt ceux de la grosse ferme basque, avec 300 mètres carrés au sol sur trois niveaux. On réalise facilement à l’intérieur huit appartements, des petits logements en locatif comme en accession à la propriété. Cela permet un parcours résidentiel : quelqu’un, à 30 ans, achète un T2, par exemple à Béhasque ou à Orègue. Il va y rester cinq ou six ans ans et il va le revendre, pour peut-être acheter un pavillon déjà existant, dans un lotissement d’il y a quinze ans. Cela crée du parcours résidentiel. En évitant de créer quinze nouveaux lots de maisons individuelles à bâtir sur un ou deux hectares de terres agricoles. Demain, il conviendra de travailler comme cela, c’est indispensable. Faire du logement locatif social bien évidemment également : il faut un peu de tout pour ouvrir la voie à ces parcours résidentiels.

Enjeux politiques et culturels

Enb.: Qu’auriez-vous à ajouter pour conclure ?

D. C. :Je voudrais insister sur le contrepoint des migrations résidentielles, à savoir le solde naturel. Il est négatif au Pays Basque et est appelé à se dégrader. Donc notre croissance démographique ne tient que par l’apport migratoire, lequel comporte déjà une part conséquente de personnes de 60 ans et plus. Nous avons là une tendance structurelle. Pour autant, le flux migratoire apporte des réponses aux besoins en emplois du territoire.

Il implique des réponses en matière d’offre de logements. Le solde migratoire positif est une chance pour le territoire car il alimente aussi la vie sur ce territoire, son entretien, y compris celui des terres nourricières, à condition d’aller vers des modèles urbains plus denses.

Enb. : En Corse, on observe de fortes crispations parce que 4000 nouvelles personnes arrivent chaque année sur l’île. On entend : « Nous devenons complètement minoritaires et du coup, la Corse va disparaître, c’est-à-dire son identité avec sa langue ». En Pays Basque, certains ont déjà ce sentiment d’être en position minoritaire, en danger de perdre leur langue et leur culture. Peut-on prévoir l’impact de ces tendances démographiques en ce domaine ?

D. C. : Une récente étude de l’Office public de la langue basque (OPLB) a indiqué les derniers résultats d’une enquête socio-linguistique. Les résultats sont mitigés. En chiffres absolus, le nombre de bascophones se maintient, mais il baisse en pourcentage. L’OPLB nous a sollicités au regard des projections démographiques, pour voir comment les choses évolueraient par rapport aux différentes catégories de populations qui arrivent ou quittent le Pays Basque. Effectivement dans le temps, si rien n’est fait, la tendance sera que la pratique de langue basque continuera à baisser. Quand on réalise une projection démographique par tranches d’âge des locuteurs basques, nous parvenons à peine à maintenir le nombre de bascophones dans 30 ans. En pourcentage, le taux mécaniquement régresse. La situation est donc fragile. Pour autant, l’apport migratoire est-il une cause de cette situation ? Je pense qu’il peut apporter une solution. J’ai par ailleurs le sentiment qu’il y a un lien absolument fondamental entre la pratique ou la connaissance de la langue, son apprentissage, et le respect de l’environnement, les transitions et les défis climatiques. Je n’ai pas de démonstration à l’appui de mon propos, mais la langue peut être un vecteur essentiel de la sensibilisation aux enjeux environnementaux, pas seulement ceux de la culture et de l’identité…

Enb . : Sur le plan électoral, ce solde migratoire amène-t-il le Pays Basque plutôt vers la gauche ou vers la droite, peut-on évaluer cela ?

D. C. :Je ne suis pas politologue… En prenant le profil des catégories socio-professionnelles, en cumulant employés et ouvriers, nous avons 2900 personnes, les professions intermédiaires 2000, les cadres supérieurs 1400, et les retraités 1950… Si l’on pouvait considérer, il y a quelques années, que les retraités votaient plutôt à droite, que les cadres et les professions intermédiaires étaient plutôt de centre-droit ou de droite, que les employés penchaient vers le centre, le centre-gauche, que les ouvriers étaient à gauche, finalement nous serions à peu près à du 50-50. Mais ces considérations sont loin de ce que la sociologie électorale constate aujourd’hui. Les votes traditionnels sont brouillés… Je laisse aux analystes politiques le soin de vous répondre !

(1) Omphale, Outil méthodologique de projection d’habitants, d’actifs, de logements et d’élèves, est une application qui comprend un modèle théorique de projection de la population, des bases de données démographiques, des techniques d’analyse démographique et des outils de construction de scénarios pour le futur.

« Il faut apporter de l’espoir » : Alternatiba repart pour un Tour de France

Héloïse Leussier et Quentin Hulo (photographies)
https://reporterre.net/Le-Tour-de-France-des-alternatives-se-remet-en-selle

Un nouveau Tour de France d’Alternatiba vient de s’élancer de Nantes. À vélo, les militantes et militants du mouvement veulent rallier de nouvelles personnes en imaginant des actions de transformation.

Dans un grand parc au pied des immeubles du quartier Dervallières à Nantes, l’ambiance est à la fête ce samedi. Il fait beau. Un concert de musique orientale vient de débuter devant des familles assises sur la pelouse. Des enfants du quartier, tout sourire, s’essaient à la quadriplette au milieu d’une foule bigarrée. Bar, plats végé à prix libre, stands associatifs, conférences… Des militantes et militants d’Alternatiba, reconnaissables à leurs vêtements verts ou jaunes, s’activent un peu partout. Le mouvement pour le climat est rodé à ce type d’événement. C’est même sa première raison d’être. Alternatiba a été créé en 2013 dans le but de proposer des « villages des alternatives » partout en France.

Après avoir organisé deux Tours des alternatives à vélo en 2015 et 2018, l’organisation remet le couvert. Treize cyclistes vont se relayer sur deux triplettes et une quadriplette pour parcourir la France en dix-huit semaines, avec un final à Marseille le 4 octobre. À chaque étape sont prévus une « action de transformation » avec un groupe local, une présentation de la stratégie d’Alternatiba et une formation à l’action non-violente.

Lors de certaines étapes, la programmation sera étoffée avec des villages des alternatives, des tables rondes, des concerts… « Dans les mobilisations actuelles liées au climat, en ce moment, il y a beaucoup de résistances. Résister, c’est bien, mais il faut aussi proposer, apporter un message d’espoir… et faire la fête ! » dit Silene Parisse, salariée du mouvement et participante au Tour.

Neuf ans après son premier Tour, Alternatiba souhaite garder le même esprit. « Certains disent que ça ne sert à rien d’alerter sur le climat, que tout le monde est déjà au courant. Ce n’est pas ce que nous pensons », affirme Anthony Yaba, militant à Alternatiba Nantes.

« Ne pas faire que de l’écologie de centre-ville »

Contrairement aux éditions précédentes organisées en centre-ville, l’organisation a délibérément choisi, cette fois, un quartier plus excentré et populaire. Les Dervallières, « l’une des premières cités de France », 5 000 habitants. Même s’il n’a pas été simple de mobiliser — « des habitants nous ont dit que leur priorité n’était pas le climat mais le pouvoir d’achat » —, le militant revendique ce « choix fort » qui contribue à « démystifier » les mouvements écolos.

« Nous avons organisé plusieurs réunions publiques. Nous avons sollicité des associations du quartier pour participer à la programmation de l’événement », explique-t-il. « Il faut veiller à ne pas faire que de l’écologie de centre-ville », abonde Silene Parisse.

Au centre du « village des alternatives », des habitants de tous âges clouent des planches autour de bacs de culture. D’autres s’affairent à monter une structure en bois. Ces installations préfigurent une grande ferme urbaine, portée par la métropole et l’association Océan, régie de quartier.

Irina, 17 ans, vient rejoindre le chantier après sa journée de travail en centre de loisirs. La jeune femme a créé le collectif « JDD », « Jeunes des Dervallières ». Elle partage volontiers son point de vue sur l’événement : « Ça nous a fait plaisir d’être contactés par Alternatiba, car d’habitude, nous, les jeunes, on n’est jamais consultés pour rien. C’est vrai qu’avant de les rencontrer, on avait pas mal de clichés sur l’écologie. On pensait que c’était surtout trier ses déchets. Alors qu’en fait, c’est plus complexe que ça ». Et d’ajouter, en jetant un regard complice à Mathilde, salariée de l’association Océan : « On avait peur que les militants soient des extrémistes. Mais, en vrai, ils sont comme nous ! »

 

« Cet événement de lancement donne le ton et annonce ce qu’il va se passer durant les quatre prochains mois. Notre objectif est de rallier de nouvelles personnes à cette mobilisation et d’imaginer des actions de transformation en fonction des besoins des habitantes et habitants, explique Zoé Pelegry, porte-parole d’Alternatiba. Le Tour Alternatiba donne envie à des collectifs d’intégrer notre mouvement. »

Des collectifs locaux continuent de se créer, comme récemment à Concarneau ou Saint-Brieuc. Il y a actuellement 110 groupes locaux Alternatiba en France. Mais il y a en aussi à l’étranger. « Nous avons 37 groupes locaux à Haïti », rapporte la militante.

Alternatiba garde son cap. Non sans quelques à-coups. Récemment, Alternatiba Paris, Lyon et Montpellier ont fait scission en raison de désaccords stratégiques. « Mais nous allons continuer à travailler ensemble », affirme Zoé Pélegry.

Selon elle, Alternatiba et ANVCOP21, son mouvement de désobéissance civile, ont su développer des modes d’actions « organisés et efficaces ». « Il faut montrer que notre stratégie fonctionne partout », dit-elle. Dans sa « conférence du Tour Alternatiba », l’organisation insiste sur ses « victoires » : abandon de l’agrandissement du centre commercial Rosny 2 en Île-de-France, instauration de menus végétariens dans les cantines scolaires de l’agglomération de Bayonne… À Nantes, elle a obtenu l’engagement des joueurs du FC Nantes de ne plus prendre l’avion pour aller à Paris.

« Tous ceux qui veulent nous rejoindre pour pédaler avec nous sur un bout de chemin sont les bienvenus ! » annonce Silene Parisse. Direction la Bretagne, avec de prochaines étapes à Arzon, Lorient et Concarneau.

Ikusten banauzu, egin negar
Nagore Irazustabarrena Uranga
www.argia.eus/argia-astekaria/2874/ikusten-banauzu-egin-negar

Elba ibaiaren arroa, 1417. Lehorteak eraginda ibaiaren mailak nabarmen egin zuen behera, eta norbaitek ur maila markatu zuen harri batean, idazkun bat zizelkatuta: “Harri hau berriro ikusten baduzu, negar egingo duzu. Ura maila honetan zegoen 1417 urtean”.

Hurrengo idazkuna 1616koa da: “Ikusten banauzu, egin negar”. Harri horretan beste hainbat urte daude markatuta: 1707, 1746, 1790, 1800, 1811, 1830, 1842, 1868, 1892 eta 1893.

Ez da antzeko markak eta inskripzioak dauzkan harri bakarra. Elba ibaiaren arroan beste asko daude eta Rin, Mosel, Mündesee edo Weser ibaietan ere aurkitu dituzte halakoak. “Ikusi ninduenak negar egin zuen. Orain ikusten nauenak negar egingo du” dio horietako batek; “Bizitza berriro loratuko da harri hau desagertzen denean” beste batek.

Europa erdialdeko ibai horien ur maila baxuak lehortea adierazten zuen, uzta txarrak eta, beraz, urritasuna egungo Alemanian, Txekian, Eslovakian, Austrian eta Hungarian

Europa erdialdeko ibai horien ur maila baxuak lehortea adierazten zuen, uzta txarrak eta, beraz, urritasuna egungo Alemanian, Txekian, Eslovakian, Austrian eta Hungarian. Alemanian bada markatutako harri bat “Hungerjahr 1947” dioena (“Gose urtea 1947”, alegia). Horregatik alemaneraz hungersteine esaten diete harri hauei, gosearen harriak. Bigarren Mundu Gerraren ostean, baldintzak berez gogorrak zirenean, 1947ko negu hotz eta lehorrak are gogorragoak egin zituen bizi baldintzak. Eta ez soilik uzta txarren eraginez: ur maila asko jaisteak edo urak izozteak eremu horietan hain garrantzitsua izan den ibaien nabigagarritasuna oztopatzen du eta, beraz, lehengaien garraioa ere bai.

Hasieran aipatutako harria, 1417ko marka zaharrena duena, 2013an aztertu zuten txekiar ikerlariek eta 2022ko udan geratu zen agerian azkenekoz. Oro har, azken urteetan gero eta harri gehiago agertzen ari dira, eta aurrez ezagutzen zirenak geroz eta maizago geratzen dira ur mailatik gora, klima aldaketak eragiten dituen lehorteen ondorioz. Hala, gosearen harriek, iraganeko zorigaitzak gogorarazteaz gain, etorkizunekoak iragartzen dituzte.