10 juin 2010 15h20 | Par Pierre Penin
Au Pays Basque, des militants écologistes dénoncent le gaspillage énergétique
Reportage entre Bayonne et Saint-Jean-de-Luz où les militants écologistes de Bizi ! ont éteint une quinzaine d’enseignes commerciales lumineuses dans la nuit de mercredi à jeudi.
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Les jeunes militants de BIZI ont réalisé une action débranchage électricité le long de la nationale 10 dans la nuit de mercredi à jeudi pour lutter contre le gaspillage de l’éclairage nocturne (Photo Jean-Daniel Chopin)
Bizi! a donné le rendez-vous discrètement, pour ne pas compromettre l’opération. Les militants du mouvement écologiste et social l’ont préparée avec soin. Ils sont huit à se retrouver, au local bayonnais de l’association. Cette nuit-là, c’est « l’action débranchage », autrement appelée « opération luciole ».
Le long de l’ex nationale 10, ils vont éteindre les lumières d’une quinzaine d’enseignes, pour dénoncer « le gaspillage énergétique » et l’encouragement implicite à « consommer toujours plus ». La nuit et ses heures clandestines relèvent le « mini road-trip » militant d’une saveur transgressive. Mais les « extincteurs » en vert relativisent : « Ce que nous faisons n’a rien d’illégal. On ne dégrade rien. On ne risque rien. La dernière fois, on a eu un contrôle d’identité, mais ça n’est pas allé plus loin. C’était le 21 avril dernier, sur le BAB ».
Première cible : route du Maréchal Soult, à Bayonne, un garage auto. « En fait, c’est tout bête. Vous avez un boîtier inter-pompier, qui permet aux pompiers de couper l’alimentation en cas de besoin. C’est obligatoire. Vous voyez, là, vous avez un levier. Il suffit de le baisser. » Pour atteindre la manette, ils ont bricolé des cannes avec des bambous, un peu de scotch et du fil de fer. Le coup est enfantin, et cela fait partie du message : « On interpelle les gens en leur disant que c’est très facile de faire pareil. Donc, c’est très facile de faire des économies d’énergie. On les encourage à faire comme nous. »
Certes, Bizi! convient que « l’éclairage nocturne des magasins représente une faible part de la consommation énergétique globale ». Mais l’escouade vise le symbole. « C’est un double symbole, même. Il y a le gaspillage de l’énergie, au premier degré. Mais aussi, avec les magasins, c’est la séduction de la consommation que l’on dénonce. Avec ces enseignes lumineuses, elle agit même la nuit. »
Discours contre la « surconsommation », donc, elle aussi énergivore et productrice de déchets.
L’équipe se coordonne par talkie walkie. Sur une banque, le boîtier interrupteur est trop haut. « On l’avait vu pendant nos repérages. On n’a pas de canne assez grande. » Courte échelle. Chaque extinction ne demande que quelques secondes. Mais les Bizi! prennent le temps de filmer, voire d’une scénarisation sommaire. Deux caméras enregistrent l’opération et bientôt, sur internet, un montage dévoilera l’action.
Au petit matin, leurs «victimes» découvriront un message signé, sur leur porte. «Ah la la! Vous avez encore oublié d’éteindre la lumière en partant ce soir ! Heureusement Bizi! passait par là et l’a fait à votre place.» Le petit mot explique le pourquoi de l’intervention nocturne. Guéthary, puis Saint-Jean-de-Luz : pour finir, la zone Jalday et le grand «paquebot» Quiksilver. Mission accomplie pour ce soir.
Bizi ! avait déjà réalisé une « opération débranchages » mercredi 21 avril 2010.