Le 31 décembre 2023, les collectivités auront l’obligation légale de mettre en place un tri à la source des biodéchets (déchets alimentaires) pour l’ensemble de leur population. Pourtant, alors qu’une majorité des habitant·es ne dispose toujours pas d’une solution de compostage – le Syndicat Bil Ta Garbi, responsable de la réduction et du traitement des déchets au Pays Basque, ne semble pas prévoir de plan d’action, ni de moyens suffisants pour atteindre cet objectif.
Chaque année, en France, nous jetons en moyenne 83 kg de déchets organiques (ou biodéchets) à la poubelle par habitant, ce qui représente ⅓ du poids de nos ordures ménagères. Or les déchets alimentaires n’ont rien à faire dans notre poubelle noire. Composés de 60 à 90% d’eau, les biodéchets peuvent être valorisés spécifiquement pour produire du compost qui permet de nourrir les sols et mettre fin à notre dépendance aux intrants chimiques. Leur tri à la source peut entraîner une importante réduction des déchets et des économies de gestion.
Au Pays Basque, le tri à la source des biodéchets a été négligé. Depuis la mise en service en 2014 des usines Canopia (Bayonne) et Mendixka (Charritte-de-bas), le syndicat Bil Ta Garbi, en charge du traitement des déchets ménagers et assimilés, a préféré la solution du Tri Mécano-Biologique (TMB) pour le traitement de nos ordures ménagères. L’objectif de cette technologie est de séparer les biodéchets après qu’ils aient été mélangés au reste des déchets, afin de les valoriser sous forme de compost ou de biogaz.
Ces installations très coûteuses ont été contestées depuis le début par Bizi et le CADE à cause de la mauvaise qualité du compost produit, qui est pollué du fait d’avoir été en contact avec les autres déchets de la poubelle noire. De plus, la rentabilité des TMB est liée à la quantité de matière organique présente dans les ordures ménagères reçues, ce qui constitue une contre-incitation économique à développer le tri à la source. C’est pour ces raisons que la législation française a évolué pour mettre un coup de frein au déploiement de cette technologie en la classant comme non-pertinente et en interdisant d’ici 2027 l’utilisation du compost qui en est issu.
La priorité est maintenant au tri à la source des biodéchets qui sera obligatoire pour l’ensemble de la population d’ici le 31 décembre 2023. Le syndicat Bil Ta Garbi et la CAPB doivent donc répondre à l’objectif réglementaire de fournir à 100% des habitant·es, d’ici fin 2023, une solution pour qu’ils puissent trier et valoriser leurs biodéchets par :
- La mise à disposition d’une installation de compostage de proximité (individuelle ou partagée)
- La mise en place d’une collecte séparée des biodéchets et le développement de filières de valorisation spécifiques (compostage industriel ou méthanisation)
Pourtant, on est aujourd’hui loin du compte. Dans son dernier rapport d’activité (2020), Bil Ta Garbi indique que seulement 43% des maisons individuelles ont été équipées en composteurs domestiques depuis 2005. Et la piste du compostage partagé, pour les personnes vivant en appartement, a quant à elle été très peu exploitée avec seulement une soixantaine de composteurs collectifs installés. La CAPB n’a, elle, manifesté aucune volonté de mettre en place une collecte séparée des biodéchets.
L’ambition et les mesures ne paraissent pas au rendez-vous pour rattraper cet important retard : le tri à la source des biodéchets est totalement absent du plan d’actions du Plan Climat et Bil Ta Garbi ne fixe plus aucun objectif chiffré de développement des composteurs collectifs à partir de 2019 dans son Programme de prévention des déchets.
En termes de moyens mobilisés, Bil Ta Garbi ne dispose que d’un maître composteur pour accompagner un bassin de 330 000 habitant·es. A titre de comparaison, l’agglomération Pau Béarn Pyrénées mobilise une personne à temps plein pour un territoire 10 fois moins étendu et 2 fois moins peuplé.
Le Pays Basque est pourtant riche d’associations et de travailleurs indépendants engagés dans le développement du compostage de proximité. On dénombre ainsi une dizaine de guides et maîtres composteurs sur le territoire. Mais sans le soutien de la collectivité, il est difficile pour eux de déployer leur démarche à grande échelle.
La CAPB et le syndicat Bil Ta Garbi sauront-ils répondre aux attentes des citoyen·nes pour leur fournir une solution de tri à la source de leurs biodéchets avant l’échéance réglementaire du 31 décembre 2023 ?
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Pour rappel, les mesures du Pacte de Métamorphose écologique du Pays Basque :