Bizi! a réalisé deux actions coup sur coup chez Total et Société Générale ce vendredi 12 décembre, 10 ans jour pour jour après la signature de l’Accord de Paris. L’association pointe la responsabilité des industries fossiles et la complicité des Etats dont la France dans la poursuite d’une trajectoire de réchauffement climatique de +3°C qui menace les conditions de vie sur Terre. Elle rappelle l’urgence à agir collectivement depuis l’échelle locale pour faire primer l’intérêt général sur les profits d’une minorité.

Les multinationales à contre-sens de l’histoire
Ce vendredi, des activistes de Bizi! se sont rendus à la station TotalEnergies située avenue du maréchal Juin à Bayonne et ont déployé le message “TotalEnergies sabote l’accord de Paris” pour dénoncer les actions de la multinationale. Conscient depuis des décennies des conséquences terribles de son activité fossile, le pétrolier la poursuit coûte que coûte. En 2024, il était le 6e plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde. “Tous les moyens sont bons pour faire primer ses intérêts économiques : refus de réduire la part des énergies fossiles, greenwashing (condamné par la justice française), fabrique du doute pendant des décennies, exploitation de nombreuses “bombes climatiques” comme le pipeline géant EACOP …” explique Lilas Dinclaux, porte-parole de Bizi!
La Société Générale a également été prise pour cible, sa vitrine recouverte d’une inscription “+3°C financés par Société Générale”. Malgré des avancées, la banque investit toujours dans les énergies fossiles. L’ONG Reclaim Finance indique ainsi que la Société Générale a augmenté son financement des projets pétroliers et gaziers de 91% entre 2023 et 2024. Depuis 2015, 1570 nouveaux projets pétroliers et gaziers ont été approuvés ; ils n’auraient pas été possibles sans les financements du secteur bancaire – BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole en tête – et les garanties d’assureurs comme AXA.

L’Etat complice
Les activistes de Bizi! ont brandi le portrait d’Emmanuel Macron tête en bas pour rappeler que l’Etat ne remplit pas son rôle : faire passer l’intérêt général avant les profits des multinationales en les encadrant strictement et en mettant en œuvre les transformations profondes qui s’imposent dans tous les domaines.
“L’Etat français, notamment sous les 8 ans de la présidence néolibérale d’Emmanuel Macron, a surtout brillé par ses manquements : la quasi totalité des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat ont été exclues de la loi Climat et Résilience en 2021, l’Etat a été condamné pour non respect des engagements climatiques, les mouvements écologistes sont criminalisés … En dix ans, les rares avancées au niveau français et Européen ont été obtenues sous la pression d’une large mobilisation populaire.” souligne Lilas Dinclaux, porte-parole de Bizi!.
“Depuis un an, l’offensive anti-écologiste menée par la droite et l’extrême droite a fortement fait reculer les politiques climatiques, opposant l’écologie aux conditions de vie. Une posture hypocrite et suicidaire qui condamne les générations actuelles et futures. Si l’“écologie” libérale a en effet laissé les classes populaires se débrouiller face à des mesures d’interdiction sans suffisamment de solutions d’accompagnement comme les ZFE, une véritable métamorphose écologique accompagnée d’une politique de redistribution des richesses permettrait de construire un monde plus juste tout en relevant le défi climatique.” poursuit-elle.


Les limites de l’Accord de Paris
Dix ans après la signature de l’Accord de Paris, Bizi! rappelle que nous sommes toujours sur une trajectoire de réchauffement mondial de +3°C, très loin de la volonté affirmée dans l’Accord de rester sous la barre des +2°C, voire des +1,5°C. Bizi! et Alternatiba soulignaient la faiblesse de l’Accord de Paris dès sa signature : “cet Accord est construit sur la base des engagements volontaires des Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Le total de ces engagements et leur effet sur le climat sont connus : ils nous placent sur une trajectoire de +3°C, et ont toutes les chances du monde de la dépasser car ces engagements ne sont ni contraignants, ni assortis de sanctions s’ils n’étaient pas tenus.”
La COP30 en a donné récemment un nouvel exemple, entre omniprésence des lobbies de l’industrie fossile, faiblesse des engagements des pays développés envers les pays du Sud plus vulnérables et moins responsables, ambiguïté du rôle de l’Union Européenne et hostilité ouverte des Etats-Unis qui se sont retirés de l’Accord de Paris.



Construire l’alternative
Localement, Bizi! estime que la société civile a bâti un écosystème d’alternatives qui était balbutiant en 2015 : monnaie locale eusko, production et fourniture d’énergie renouvelable citoyenne avec I-Ener et Enargia, ressourceries et repair cafés, autopartage, supermarchés coopératifs et bien d’autres services, que les communes et l’agglomération commencent à adopter.
“Perdre espoir, c’est laisser gagner le monde fossile. Rien n’est joué malgré un contexte défavorable. C’est en agissant et s’organisant collectivement, en partant du niveau local, qu’on peut mettre en place une société soutenable, solidaire et qui décide de son avenir. C’est ainsi que nous ferons pression efficacement sur les pouvoirs publics et les multinationales pour changer le système et pas le climat.” conclut Lilas Dinclaux.

















