La publicité dans l’espace public s’impose à nous. Avec elle, “l’idéologie de consommation est l’eau dans laquelle baigne le consommateur.”1 Les supports publicitaires sont nombreux, toujours plus concentrés dans certaines zones, et la publicité est toujours plus intrusive : grand format, publicité lumineuse ou animée, etc.
En matière d’alimentation, de transports, de climat, de santé, les messages publicitaires nous incitent à adopter des modes de vie opposés aux objectifs de la Communauté d’agglomération Pays Basque.
L’année 2025 sera cruciale en matière de publicité. Un règlement (RLPi) va concerner pour la première fois les 158 communes de la communauté d’agglomération. Son contenu sera voté au mois de juin.
Les lignes commencent à bouger après deux ans de travail de fond et d’actions du collectif Stop pub Pays Basque Adour. Nos propositions sont reconnues comme crédibles et faisables, cela n’est plus contesté. Certains élu·es s’en inspirent et demandent une limitation réelle de la publicité. Mais rien ne dit que la volonté politique sera majoritaire et que l’issue des débats nous sera favorable. Le système publicitaire est soutenu par des intérêts puissants. La mobilisation populaire sera décisive pour limiter la publicité au Pays Basque nord.
Mobilisons-nous ensemble cette année pour obtenir des avancées importantes et contraignantes !



12 bonnes raisons de protéger notre territoire de la publicité
1. Biodiversité
“La pollution lumineuse perturbe le comportement des animaux ainsi que leurs fonctions physiologiques et métaboliques (perturbation des déplacements, des cycles de reproduction et de développement, des relations proies/prédateurs etc.).
Par exemple, la pollution lumineuse perturbe les oiseaux migrateurs nocturnes, les déviant de leurs trajectoires et menaçant ainsi leur reproduction ou leur survie. La pollution lumineuse contribue par ailleurs au déclin massif des populations d’insectes, en provoquant une surprédation ou une mort par épuisement ou brûlure.”2
2. Climat
La publicité incite directement à la consommation de biens et services fortement émetteurs de gaz à effet de serre comme les voyages en avion, ou l’achat de SUV. Greenpeace, dans le cadre de sa campagne “Stop à la publicité climaticide” explique que “en associant des produits nocifs pour le climat à des expériences faussement exaltantes, la publicité masque la réalité du réchauffement climatique, et nous incite à l’aggraver« . La Convention citoyenne pour le climat a ainsi recommandé en 2020 d’interdire toute publicité pour les produits les plus émetteurs de gaz à effet de serre.3
Plus globalement, la publicité est un outil majeur de diffusion de l’idéologie consumériste qui alimente la croissance matérielle, le gaspillage des ressources, et l’émission de toujours plus de gaz à effet de serre responsables du dérèglement climatique. “L’idéologie de consommation est l’eau dans laquelle baigne le consommateur.”
3. Education
La diffusion de la publicité dans l’espace public, et jusqu’aux abords des écoles, expose les enfants à l’idéologie consumériste, à la malbouffe, à la consommation de produits addictifs (alcool, jeu de pari en ligne, …).
4. Energie
La publicité lumineuse, en particulier les écrans numériques publicitaires représentent une consommation inutile d’énergie. Un panneau numérique consomme en moyenne 2 000 kWh/an, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle d’un ménage français (hors chauffage), comme l’indique l’ADEME.
Notre territoire ne pourra atteindre une souveraineté énergétique, en se passant des énergies fossiles, qu’à la condition de diminuer fortement sa consommation d’énergie. La publicité lumineuse est une des premières formes de gaspillage énergétique à interdire.
5. Libertés
L’envoi de messages publicitaires se fait à sens unique sans réponse possible. Ce système a le monopole de l’expression dans l’espace public, qu’il privatise du fait de son omniprésence. La publicité dans l’espace public s’impose à nous. C’est pourquoi la Convention Citoyenne pour le climat a proposé d’Interdire les panneaux publicitaires dans les espaces publics extérieurs, hors information locale et culturelle ainsi que les panneaux indiquant la localisation d’un lieu de distribution.
Les écrans numériques captent encore davantage notre attention et sont plus intrusifs, comme le montre les travaux du chercheur en neuroscience Mehdi Khamassi.
6. Paysages & cadre de vie
La prolifération de la publicité et des enseignes est un facteur d’enlaidissement des paysages naturels et de la beauté de nos villes et villages. Au Pays Basque nord, des dérogations introduites dans des Règlements Locaux de Publicité en cours permettent par exemple l’installation de publicités sur mobilier urbain à l’intérieur de sites patrimoniaux remarquables, normalement protégés par le Code de l’environnement.
Les publicités éclairées, voire numériques, ajoutent une nouvelle source de pollution lumineuse la nuit et dégradent notre cadre de vie. Elles contribuent au halo lumineux, responsable de “la perte de relation des êtres humains avec le ciel étoilé, patrimoine commun à préserver”.4
7. Relocalisation de l’économie
En France, seulement 1,6 % des entreprises font de la publicité. Parmi celles-ci, la moitié du marché est monopolisée par 200 grands annonceurs. On est donc loin d’un outil au service du développement du territoire et du commerce de proximité.5
8. Santé
La surconsommation des produits trop gras, trop sucrés ou salés est fortement encouragée par les 5,5 milliards d’euros de publicité et de communication du secteur agroalimentaire en 2023 (plus de 1 000 fois le budget de communication du Programme National Nutrition Santé incitant à manger 5 fruits et légumes par jour). Elle favorise les troubles du comportement alimentaire (obésité, anorexie) et le diabète.
Les problèmes d’addiction sont alimentés par les publicités pour l’alcool ou les jeux de pari en ligne. L’injonction à l’achat engendre aussi frustration et endettement.
9. Sécurité routière
La publicité est un danger pour les usagers de la route, elle trouble l’attention et provoque des accidents. Son implantation aux abords des intersections et la présence d’écrans numériques animés poussent ce risque à son maximum.
10. Sexisme
Le sexisme et la sexualisation du corps des femmes sont très présents dans la publicité avec des stéréotypes de genre, la culture du viol, des situations de domination (femme potiche, femme soumise) et la sexualisation des enfants. Le deuxième rapport de l’Observatoire de la publicité sexiste en dresse un bilan accablant.
11. Société de consommation
“La logique économique capitaliste incite les individus, grâce à la publicité, à consommer toujours davantage de produits pourtant non essentiels à leur bien-être. Pour cela, la publicité va, d’une part, contribuer à créer de nouveaux besoins et désirs chez les consommateurs et consommatrices, et d’autre part, les encourager à renouveler les produits qu’ils ont déjà en leur possession”.6
En France, seulement 1,6 % des entreprises font de la publicité. Parmi celles-ci, la moitié du marché est monopolisée par 200 grands annonceurs.7 “L’entreprise doit mobiliser un capital financier d’ampleur pour ensuite tenter, via des campagnes de communication diverses, de le convertir en capital symbolique. L’extrême richesse est la condition préalable à la participation.”8
La publicité promet l’élévation sociale par la consommation. “Les gens aspirent à s’élever dans l’échelle sociale, ce qui passe par une imitation de la classe supérieure. Celle-ci diffuse ainsi dans toute la société son idéologie du gaspillage.”9
12. Uniformisation des modes de vie
Du festival EHZ à la défense de la langue basque en passant le foisonnement des pratiques culturelles locales, notre territoire est riche de sa singularité et de son identité. La publicité joue au contraire le rôle de rouleau compresseur au service de la World Company, imposant son imaginaire unique, ses normes et ses pratiques culturelles à travers le monde entier.



Se mobiliser pour un RLPi ambitieux avec le collectif Stop pub Pays Basque Adour
L’enjeu du RLPi
Un Règlement Local de Publicité intercommunal (RLPi) encadre localement les publicités extérieures, enseignes et préenseignes. Comme le rappelle la Communauté d’agglomération Pays Basque dans la prescription du RLPi Pays Basque, il “a pour objet de définir une ou plusieurs zones où s’applique une réglementation plus restrictive que les prescriptions du règlement national”.
Lancée fin 2020, l’élaboration du RLPi Pays Basque va concerner pour la première fois les 158 communes de la communauté d’agglomération. Après les phases de diagnostic et d’échanges sur les orientations générales, la concertation est actuellement en cours avec les communes, conseillers communautaires, associations, publicitaires et habitants autour des zones à définir et règles qui s’y appliqueront. L’arrêt du projet est prévu en 2025, il sera ensuite soumis à l’avis des personnes publiques associées et à une enquête publique avant l’approbation en février 2026.
Nous sommes actuellement dans la phase la plus importante : l’essentiel se joue d’ici à juin 2025, ensuite les changements ne seront possibles qu’à la marge.



(sur un abri voyageur)



Les 9 propositions du collectif Stop pub Pays basque Adour
Le RLPi ne permet pas de réglementer le contenu des publicités qui constitue pourtant souvent l’aspect le plus problématique. C’est pourquoi le collectif Stop pub Pays Basque Adour défend une protection la plus forte possible pour réduire au maximum l’exposition aux messages publicitaires.



Nous rejoindre
L’action du collectif Stop pub Pays Basque Adour
Le Collectif Stop pub Pays Basque Adour a été créé en 2019 à l’occasion de l’élaboration du Règlement Local de Publicité Côte Basque Adour (Bayonne, Biarritz, Boucau, Bidart, Anglet). Il a pour but de fédérer les énergies sur notre territoire afin de lutter contre la pression publicitaire extérieure. Il rassemble à ce jour plusieurs organisations : le CADE, Bizi!, Paysages de France et Résistance à l’agression publicitaire.
Le collectif Stop pub Pays Basque Adour a participé activement aux premières phases de concertation. Envoyant ou distribuant aux différentes étapes des informations et propositions par lettre et courriel aux mairies, élus communautaires et élus du comité de pilotage, le collectif a rencontré les élus et agents en charge du RLPi à plusieurs reprises. Il a mené une démarche de sensibilisation de la population en diffusant une pétition signée par plus de 3600 personnes, des lettres ouvertes et organisé plusieurs actions de désobéissance civile non-violente de recouvrement, retrait, extinction ou réutilisation parodique de publicités.
Suite à cette mobilisation, les élus ont plusieurs fois affirmé une volonté de restreindre très fortement la publicité extérieure sur le territoire. Pour autant, le collectif déplore que ce volontarisme annoncé n’ait pas trouvé de concrétisation dans la formulation d’orientations générales claires et ambitieuses. Celles-ci sont restées vagues mais les élus ont assuré que leurs ambitions se manifesteront dans le choix des zones et règles qui s’y appliqueront.
Comment s’impliquer ?
Il y a de très nombreuses façons d’apporter son aide aux activités du collectif, quel que soit le temps dont on dispose :
- participation aux réunions publiques,
- communication sur les réseaux sociaux,
- campagnes d’affichage (dans la rue, les commerces, les événements…)
- actions non-violentes de recouvrement ou de détournement publicitaire,
- rédaction d’argumentaires,
- organisation d’événements…
Rejoignez-nous !
- La fabrique du consommateur, Anthony Galluzzo, 2020 ↩︎
- https://zerowattpourlapub.org/ ↩︎
- https://propositions.conventioncitoyennepourleclimat.fr/objectif/reguler-la-publicite-pour-reduire-les-incitations-a-la-surconsommation/ ↩︎
- À la reconquête de la nuit, ministère de la transition écologique, 2018 ↩︎
- La communication commerciale à l’ère de la sobriété. Institut Veblen, 2022 ↩︎
- Publicité : pour une loi Evin climat, Greenpeace, Réseau Action Climat, Résistance à l’Agression Publicitaire ↩︎
- La communication commerciale à l’ère de la sobriété. Institut Veblen, 2022 ↩︎
- La fabrique du consommateur, Anthony Galluzzo, 2020 ↩︎
- Comment les riches détruisent la planète, Hervé Kempf, 2007 ↩︎