Pays Basque : Terre d’accueil ou terre d’écueil?

Face à l’instrumentalisation de l’immigration dans le spectre politique, des campagnes comme “Notre pays s’appelle Solidarité“, “Des Ponts pas des Murs” se sont organisées au Pays Basque invitant d’autres territoires frontaliers.

Un peu partout, des liens d’humanité se développent, et des réseaux de solidarité se sont tissés résistant à une montée d’idées nauséabondes dont l’histoire nous dit les conséquences.

L’élection présidentielle dernière ne nous a laissé que le choix de faire émerger un adversaire, celui qui est à l’origine des lois « asile immigration », « sécurité globale » de la répression policière judiciaire et politique, des lois d’exceptions qui s’installent.

Inquiète de cette situation, la Commissaire des Affaires Intérieures Européennes “cherche des mesures alternatives au durcissement des fermetures des frontières intérieures, notamment avec la France“.

La France a fait preuve d’une légitime générosité et capacité d’agir pour l’accueil de ceux qui, en Ukraine, sont contraints à chercher refuge et sécurité.

Pourtant aux abords de la Bidassoa, pour les migrants « aux visages sombres », les contrôles s’accentuent, les modalités légales sont bafouées, obligeant des hommes, des femmes, des enfants à prendre des risques inconsidérés qui peuvent les conduire à la mort.

Sur les trente kilomètres entre Hendaye et Bayonne, on traque ceux que les eaux n’ont pas encore engloutis et que les trains n’ont pas encore happés…

Pour ceux qui parviennent près d’un lieu d’accueil, parfois bien amochés, rien n’est encore gagné ! Ils peuvent être interpellés et reconduits à la frontière. De toute façon, ils retenteront de passer. Leur vie ne vaut pas plus que cela.

Poussés par la nécessité et la contrainte, ces “gens de peu”, passeront vivants, diffèreront(?) par accident ou renonceront par la mort.

Ils crieront “Asile ! Aide !” en regardant vers le “Pays de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme” où, sur les frontons on peut lire “Liberté, Égalité, Fraternité”. Une fraternité protégée par la Constitution mais bafouée par ces politiques migratoires, pour eux, de plus en plus sévères.

Des communes, situées sur ce “parcours du jeu de chat et de la souris” se mobilisent pour répondre à des urgences humanitaires. En réponse, là où des citoyens solidaires s’organisent « tel le réseau Comète à l’envers » ces derniers sont interpellés, menacés, poussés à l’épuisement.

Est-ce à dire que ces pratiques tiennent lieu de programmes électoraux ? Là encore, le gouvernement ne prend-il pas le risque d’ouvrir une boîte de pandore contenant tous les vices et les maux de l’humanité ?

Parce que les politiques d’état font le choix de militariser, de piéger et de criminaliser ceux qui véhiculent, abritent, hébergent, nous demandons la sécurisation de la route migratoire, une garantie pour le transit des personnes.

La solidarité n’est pas un délit !!!  

Si loin, depuis 2014, les ONG ont enregistré 40 555 morts et disparus sur la « route atlantique ». Cela représente la population entière de la Basse Navarre et les deux-tiers de la Soule.

Si près, sur notre territoire, 7 personnes sont décédées, ces derniers mois, en tentant d’éviter les contrôles policiers. Une a encore disparu dernièrement dans nos montagnes.

Au Pays Basque comme ailleurs, nous sommes témoins du fait que l’on ne peut compartimenter humanité et souveraineté, à l’heure où l’urgence climatique, la justice sociale et la solidarité entre les peuples sont d’une actualité brûlante.

Conscient de son histoire, notre territoire se mobilise, les « solidarités du quotidien » se multiplient, malgré l’intensité, l’accumulation, et la durée de pressions policières.

L’Agglomération du Pays Basque et la Communauté Autonome Basque ont scellé dernièrement un renforcement de coopération pour un accueil digne. De plus en plus de voix officielles, en appellent à une “sécurisation de la route migratoire”.

Un portail Web « EtorkiZUna » permet de mettre en relation ceux qui agissent et ceux qui souhaitent apporter un soutien à l’échelle locale. Déjà, 8 associations sont concernées et ce site souhaite se développer davantage en synergie de liens, de connaissances, et d’aides.

La nécessité de s’indigner, d’agir, de s’élargir, exigera des forces collectives, citoyennes, syndicales, associatives… soutenues par une volonté politique. Une plateforme de solidarité ?

Nous ne manquerons pas d’interpeller les futurs candidat-es aux élections législatives sur ces sujets.

Groupe Migrant-es Bizi !

Elise Eyrault- Clara Pires- Sarthou