Samedi 20 novembre, Bayonne – Plus de 8000 personnes ont manifesté ce samedi 20 novembre à Bayonne derrière le mot d’ordre “Vivre et se loger au Pays – Expekulazioari ez!” pour dénoncer la crise du logement et exiger une politique du logement ambitieuse et des mesures courageuses. Les 32 organisations diverses à l’origine de cette manifestation sans précédent la situent comme un début et non une fin. Elles commenceront à structurer dans les prochains jours un espace de travail en commun et ouvert. L’objectif est d’influer sur les politiques locales de l’habitat et d’urbanisme, mais aussi d’arracher les changements législatifs nécessaires.
Succès massif pour cette mobilisation inédite : plus de 8000 personnes ont répondu présentes à l’appel lancé par cent personnalités de divers secteurs (associatif, agricole, syndical, économie sociale et solidaire, artistique, culturel, politique, sportif…) et d’une trentaine d’organisations différentes. L’imposant cortège a démarré de la place Paul-Bert derrière une banderole disant “Vivre et se loger au pays. Espekulazioari ez! (= Non à la spéculation !)”. Haut en couleurs avec ses joaldunak (sonneurs de cloches), musiciens traditionnels, camion hip hop ou tracteurs, les slogans s’y succédaient les uns aux autres avec une énergie représentative de l’actuelle colère et préoccupation qui saisit la population du Pays Basque au sujet du logement et du foncier. La manifestation a remonté les allées Paulmy, et à hauteur de la sous-préfecture, symbole des politiques gouvernementales, et du siège de la Communauté d’agglomération Pays Basque, qui a récemment adopté son premier PLH, l’ensemble des manifestants ont brandi des milliers de trousseaux de clefs, produisant un bruit massif sonnant comme une alerte et une interpellation préoccupée destinée aux pouvoirs publics.
La manifestation s’est achevée au Palais des Sports de Lauga par des prises de paroles suivies d’un rassemblement festif où les stands sur le logement côtoyaient les animations musicales les plus diverses.
“ Tout le monde est touché ou peut être touché, mais les solutions existent” a déclaré Jean-Daniel Elichiry sur une scène installée dans le Palais des Sports de Lauga, sur laquelle était peinte une grande fresque reprenant le logo de la mobilisation, une main protégeant une maison. Il a rappelé les revendications de cette manifestation. “La régulation du marché immobilier passera par des décisions politiques qui permettront de garder la maîtrise publique du foncier, mais aussi avec des mesures comme la compensation pour lutter contre les locations meublées de tourisme de type AirBnB. Les pouvoirs publics doivent intervenir beaucoup plus fortement sur le marché en constituant notamment des réserves foncières sur le long terme et en sanctuarisant le foncier agricole. Parce que nous considérons que le droit d’avoir un logement doit passer avant celui d’en avoir deux, nous devons lutter contre les résidences secondaires qui sont autant de toits confisqués à la population qui souhaite vivre ici. Nous avons besoin de logement d’urgence, de logement d’insertion, ou encore de logement adapté. Nous devons limiter les constructions pour préserver le foncier, ne pas artificialiser les sols et protéger les ressources. Produire du logement pour toutes et tous ne passe pas forcément par des constructions à outrance. Cela demande systématiquement de se questionner sur le fait pour quoi et pour qui on produit ?”
Déterminés à influer les politiques de l’habitat et d’urbanisme au niveau local, et à arracher les changements législatifs nécessaires, les organisateurs l’ont affirmé : la manifestation d’aujourd’hui n’est que le début d’un processus. “ La mobilisation doit perdurer et le travail en commun se structurer. Nos 32 organisations s’engagent à poursuivre le travail collectif initié. Nous commencerons dès les prochains jours un espace de travail en commun, dans le respect de chaque organisation et ouvert aux citoyennes et citoyens qui souhaitent y participer. Il s’agira de faire face au marché libre et à ses dérives, pour que chacune et chacun ait le droit de vivre et se loger au pays !”” a conclu Jean-Daniel Elichiry.