Bizi soupçonne des manipulations pouvant mener à une erreur judiciaire
Ce jeudi 31 janvier, l’association basque s’est présentée aux portes de l’Hôtel du Département 64 à Pau pour dénoncer l’acharnement dont ce dernier fait preuve à l’encontre de Moriba Koivogui, un jeune orphelin guinéen scolarisé à Bayonne. Alors que le Département 64 conteste le fait même qu’il soit orphelin, et prétend qu’il aurait avoué avoir 22 ans et donc être majeur, Bizi a rendu public les avis de décès officiels des deux parents de Moriba. Or, on y lit que la mère du jeune guinéen, décédée en 2005, était née en 1988.
Selon qu’elle soit née au début ou vers la fin de l’année 1988, si Moriba avait 22 ans en février 2018 comme le Département 64 prétend qu’il en aurait fait l’aveu, sa mère aurait accouché à l’âge de 7 ou 8 ans ! Ce fait nouveau versé au dossier du jeune Koivogui rend bien plus plausible la version qu’il défend depuis le début de cette affaire, à savoir qu’il est né en 2001 et qu’il a aujourd’hui 17 ans, ce qui indique que sa mère a accouché à 13 ou 14 ans. S’il avait 18 ans en février 2018 (donc qu’il était majeur au moment de son placement à l’ASE 64), cela supposerait que sa mère ait accouché à l’âge de 11 ou 12 ans, ce qui est improbable. Et bien sûr, de surcroît, ces documents attestent du fait qu’il s’agit bien d’un orphelin, contrairement aux démentis du Département 64.
Bientôt un an d’acharnement
Bizi a rappelé que Moriba Koivogui, qui s’est toujours déclaré mineur et orphelin, avait été placé, ainsi qu’un second orphelin guinéen, sous la protection des services d’aide à l’enfance du Département 64 en février 2018. Mais ce dernier avait, sans même procéder à l’évaluation de ces deux enfants, contesté leur statut de mineurs non accompagnés, avait porté plainte contre eux, réclamé des dommages et intérêts et provoqué leur incarcération à la prison pour majeurs de Bayonne.
Depuis, alors que ces deux jeunes ont été présumés mineurs par le Tribunal correctionnel de Bayonne qui a balayé toute la procédure à leur encontre, le Département n’a eu de cesse que de s’opposer à leur prise en charge et à la reconnaissance officielle de leur minorité.
Malgré les efforts déployés, l’un d’entre eux a été reconnu mineur non accompagné et placé sous protection de l’Aide Sociale aux Enfants 64. Mais Moriba Koivogui a été déclaré majeur, alors même que son évaluation osseuse concluait sur le fait qu’on ne pouvait le déclarer majeur et qu’il dispose d’une carte consulaire délivrée par l’ambassade de Guinée en France et certifiant qu’il est mineur, et a fait appel. Un des éléments à son encontre est l’aveu qu’il aurait fait d’avoir 22 ans, et qui serait mentionné dans un mystérieux mail adressé par la PAF (Police de l’Air et des Frontières) au Département 64 qui lui-même l’a transmis à la juge des enfants ayant ensuite déclaré majeur Moriba.
Il se trouve que ce mail n’a jamais été porté à la connaissance de l’avocat de Moriba et n’apparaît pas dans le dossier judiciaire. Dans ce dernier au contraire, tous les procès-verbaux de la PAF notent que Moriba Koivogui affirme être mineur et né en 2001.
Bizi accuse le Département 64 :
Les militant-e-s de Bizi brandissaient des banderoles aux messages accusateurs « Le Départe…ment, un an d’acharnement ! » ou « La Méditerranée ne les a pas coulés, le Département veut s’en charger ». L’un des porte-paroles de Bizi, Txetx Etcheverry, a interpellé officiellement le Département 64 : « Le Département 64 aura tout fait pour que ces deux enfants ne soient pas reconnus mineurs afin de ne pas officialiser l’énorme boulette, la faute grave commise à leur encontre : les avoir incarcérés sans même les avoir évalués, alors qu’ils avaient été placés sous sa protection. Quant à nous, nous n’arrêterons pas nos actions tant que nous n’aurons pas de réponses à nos questions : où est passé ce mystérieux mail de la PAF, dont le contenu est aujourd’hui démenti par l’avis de décès de la mère de Moriba, et que contient-il exactement ? Comment se fait-il que l’avocat de Moriba ne puisse pas en avoir connaissance ? D’autres pièces similaires ont-elles été soustraites de la procédure et dissimulées à la défense de Moriba Koivogui ? Existe-t-il un canal parallèle de communication entre la PAF, le Département 64 et la juge des enfants de Bayonne, concernant les mineurs non accompagnés, contournant les procédures judiciaires normales et échappant à la connaissance de la défense des migrants ? »