Articles du Vendredi : Sélection du 7 février 2014 !

Climat : 2013 est la sixième année la plus chaude depuis 1850

AFP
www.sudouest.fr/2014/02/05/climat-2013-est-la-sixieme-annee-la-plus-chaude-depuis-1850-1452592-706.php

Météo : un mois de janvier 2014 exceptionnellement chaud en France

AFP
www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/energie-environnement/actu/0203291353701-meteo-un-mois-de-janvier-2014-exceptionnellement-chaud-en-france-647844.php#Xtor=AD-6001

Changement climatique: les députés veulent des objectifs contraignants pour 2030


www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/content/20140203IPR34510/html/Changement-climatique-les-d%C3%A9put%C3%A9s-veulent-des-objectifs-contraignants-pour-2030

Le plan Cancer d’Hollande zappe les facteurs environnementaux

Marine Jobert
www.journaldelenvironnement.net/article/le-plan-cancer-d-hollande-zappe-les-facteurs-environnementaux,42478?xtor=EPR-9

Le réseau Zero waste s’installe en France

Gilles van Kote
www.lemonde.fr/planete/article/2014/02/01/le-zero-dechet-s-installe-en-france_4358413_3244.html

La corruption coûte 120 milliards d’euros à l’Europe

Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
wwww.lemonde.fr/economie/article/2014/02/03/la-corruption-coute-120-milliards-d-euros-a-l-europe_4358939_3234.html

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Climat : 2013 est la sixième année la plus chaude depuis 1850

AFP
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Elle intègre directement le top 10. L’année 2013 a été la sixième année la plus chaude depuis 1850, ex-æquo avec 2007, confirmant l’inexorable réchauffement de la Planète, selon les statistiques de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).La température moyenne à la surface des terres et des océans a dépassé de 0,50°C la normale calculée sur la période 1961-1990 et de 0,03°C la moyenne de la dernière décennie (2001-2010), précise l’OMM, une institution des Nations Unies basée à Genève.

« La température moyenne de 2013 confirme la tendance au réchauffement sur le long terme », souligne le secrétaire général de l’OMM Michel Jarraud.  « C’est une réalité indéniable même si le rythme de réchauffement n’est pas uniforme. Vu les concentrations records de gaz à effet de serre qui sont mesurées dans l’atmosphère, la hausse des températures va se poursuivre sur plusieurs générations », a estimé le météorologue.

La température en surface est une variable météorologique bien connue et mesurée, note l’OMM, mais elle ne représente qu’un aspect des changements en cours car plus de 90% de la chaleur supplémentaire causée par l’homme est absorbée par les océans.

En 2012 c’est aux États-Unis qu’on avait relevé les températures annuelles records, en 2013 c’est en Australie qui a connu l’année la plus chaude de son histoire, à l’origine de très graves incendies.

Le 21e siècle compte déjà 13 des 14 années les plus chaudes jamais observées. Le record est détenu par 2010 et 2005, caractérisées par une température moyenne dépassant d’environ 0,55°C la normale, suivies de 1998.

Météo : un mois de janvier 2014 exceptionnellement chaud en France

AFP
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On n’avait pas observé un tel phénomène depuis plus d’un siècle. Le premier mois de l’année 2014 a été le mois de janvier le plus chaud observé en France depuis 1900, ex-aequo avec 1936 et 1988, a annoncé mardi Météo-France dans son bilan climatique mensuel. « Les températures ont été supérieures à la normale pendant tout le mois sur l’ensemble du pays (…). Les températures moyennes sur la France ont été supérieures aux normales de +2,7°C », indique l’organisme.

Les températures, en dépit d’un « ensoleillement déficitaire », ont été particulièrement clémentes en raison de « flux d’ouest à sud-ouest perturbés, apportant pluies et douceur maritimes ». Le nombre de jours de gel, notamment, a été très faible, souligne Météo-France.

Les précipitations ont par ailleurs été en moyenne « supérieures à la normale (c’est-à-dire la moyenne sur la période 1981-2010) de plus de 40% » sur l’ensemble de la France, avec des différences marquées selon les régions.

« Les pluies ont été très excédentaires dans le sud-est du pays ainsi que du Sud-Ouest à la Bretagne et au Cotentin », avec plusieurs épisodes d’inondations observés en janvier en Bretagne, dans le Sud-Est, puis dans le Sud-Ouest, rappelle l’organisme. Les précipitations ont en revanche « été proches de la normale de la Picardie au Bassin parisien et au Berry, et légèrement déficitaires localement dans un petit quart nord-est ». Dans le Roussillon, le déficit de précipitations « dépasse 50% ».

Changement climatique: les députés veulent des objectifs contraignants pour 2030


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Ce mercredi, les députés ont appelé à une réduction des émissions de CO2 de 40%, à une augmentation à 30% de la part des énergies renouvelables et à un objectif de 40% en matière d’efficacité énergétique d’ici 2030, conformément à la nouvelle politique de lutte contre le changement climatique à long terme de l’UE. Ces objectifs devraient être contraignants, selon les parlementaires. Ils ont aussi critiqué les propositions récentes de la Commission européenne qui manquent de vision et d’ambition.

 

Dans sa résolution adoptée par 341 voix pour, 263 voix contre et 26 abstentions, le Parlement appelle la Commission et les pays de l’UE à fixer des objectifs européens à l’horizon 2030 afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’UE d’au moins 40% par rapport aux niveaux de 1990. Le texte demande par ailleurs un objectif d’efficacité énergétique de 40%, conformément au potentiel d’économies d’énergie, et une augmentation à 30% minimum de la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale.

 

Selon les députés, ces objectifs devraient être contraignants et mis en œuvre par le biais d’objectifs nationaux individuels, en prenant en compte la situation et le potentiel de chaque État membre.

 

« Le prix de l’énergie touche fortement les entreprises, l’industrie, et de manière plus spécifique nos citoyens. Si nous voulons réduire nos importations d’énergie, nous devons produire davantage en Europe, en utilisant mieux et de manière plus efficace nos ressources », a déclaré le co-rapporteur de la commission de l’environnement, Anne Delvaux (PPE, BE). « Si nous disposons d’une combinaison énergétique élargie avec une efficacité énergétique accrue, nous pourrons mieux réduire nos émissions de gaz à effet de serre, encourager les nouvelles technologies et l’innovation, créer des emplois, et rendre nos économies plus vertes. C’est pourquoi nous avons besoin de trois objectifs contraignants », a-t-elle expliqué.

 

« Ce résultat n’est pas satisfaisant. Nous promettons aux Européens et à l’industrie de l’UE que cette nouvelle politique climatique sera réaliste, flexible et efficace. Ce sont des suppositions. Cependant, doubler l’objectif de réduction des émissions après 2020 n’est pas réaliste. Cela affaiblira la compétitivité de l’industrie européenne », a affirmé le co-rapporteur de la commission de l’industrie, Konrad Szymański (ECR, PL), qui a retiré son nom du rapport. « Adopter aujourd’hui ces objectifs avant les négociations de Paris en 2015 est une erreur. Nous ne devrions pas dévoiler toutes nos cartes dès maintenant. Des objectifs contraignants sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ne sont pas des dispositions souples. De plus, nous savons que les États membres et les divers secteurs ont des capacités différentes », a-t-il ajouté.

 

Craintes au sujet des faiblesses des nouvelles propositions sur le climat

 

La résolution non législative fait suite au livre vert de la Commission de mars 2013, qui a provoqué un débat sur le cadre d’action 2030 pour le climat et l’énergie, après l’expiration du cadre-politique actuel en 2020. La Commission a présenté ses propositions le 22 janvier, fixant des objectifs moins ambitieux, qui ont été accueillis par les députés avec scepticisme.

 

Les députés ont fait part de leurs vives inquiétudes face à certaines propositions. Selon eux, la communication de la Commission manque de vision et d’ambition à plusieurs niveaux, notamment par rapport à l’absence d’objectifs nationaux pour les énergies renouvelables et de nouvelles mesures efficaces qui incitent à l’efficacité énergétique.

Le plan Cancer d’Hollande zappe les facteurs environnementaux

Marine Jobert
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Pesticides, perturbateurs endocriniens, radiofréquences… Politiques, scientifiques, institutions internationales et associations écologistes les évoquent de plus en plus souvent comme des causes plus que probables dans l’explosion du nombre de cas de cancer dans le monde. Mais François Hollande, qui vient d’exposer les grandes lignes du plan Cancer 2014-2018, n’en a guère parlé.

 

Le jour de la présentation du troisième plan Cancer 2014-2018 par François Hollande, l’Agence régionale de santé (ARS) de Languedoc-Roussillon annonce avoir décelé la présence dans l’eau potable de deux substances actives[1] (et surtout de leurs métabolites) interdites en France depuis 2003 et 2004. «Cette utilisation de pesticides interdits n’altère pas la qualité de l’eau de la région», précise l’ARS. Une affirmation qui ne laisse pas d’intriguer, quand les voix se multiplient parmi les associations, les politiques et les scientifiques pour que les facteurs environnementaux soient enfin pris en compte pour expliquer l’explosion des cas de cancer. Pour la seule année 2012, il y a eu 355.000 nouveaux cas et 148.000 personnes en sont mortes en France. Dans le monde, 14,1 millions de nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués et 8,2 millions de personnes en sont mortes. En 2025, il y aura 19,3 millions nouveaux cas par an sur toute la planète, prévoit le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), l’agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé sur le cancer, qui publiait récemment de nouvelles données sur l’incidence, la mortalité et la prévalence du cancer dans le monde.

 

L’environnement au sens large

Mais qu’est-ce que l’environnement pour les cancérologues? En 2013, le Comité de coordination inter-agences dédié au cancer du sein et à la recherche environnementale estimait qu’il s’agissait tout à la fois des modes de vie et des comportements individuels (absorption d’alcool ou activité physique), des agents chimiques auxquels les gens sont exposés (pesticides, polluants industriels, produits de consommation courante, médicaments), comme des facteurs physiques (radiations dans le milieu médical ou substances non chimiques), ou encore les influences culturelles, sociales et familiales. Une définition très large, qui n’a pas l’heur de faire l’unanimité dans le monde scientifique. Ainsi du rapport de préfiguration du plan Cancer rendu l’été passé par Jean-Paul Vernant[2], qui évoquait a minima les causes environnementales, au diapason de la stratégie nationale de santé, qui ne consacre pas une ligne à la qualité de l’air, à la qualité de l’eau potable, aux radiofréquences ou aux perturbateurs endocriniens.

 

Lien entre cancer et pollution

De tous ces sujets, il n’aura pas non plus été question dans le plan annoncé par le président de la République, qui a préféré consacrer l’essentiel des 1,5 milliard d’euros de budget à la résorption des inégalités sociales liées à la maladie. Seule concession de François Hollande: «Un tiers des cancers sont évitables, liés à l’environnement et aux comportements. Ces cancers sont trop nombreux dans notre pays et continuent à augmenter», a-t-il déclaré, se référant au tabagisme et aux risques professionnels. «Deux millions de travailleurs sont exposés à des produits chimiques cancérogènes. Il faut encourager les substitutions.»

«Face à l’explosion des cancers hormonodépendants, il faut accentuer la prévention environnementale et cesser de nier le lien entre cancer et pollution (chimique, atmosphérique, exposition des travailleurs, amiante, etc.), a réagi l’eurodéputée écologiste Michèle Rivasi dans un communiqué. Il est urgent que les responsables politiques européens, que ce soit au niveau de la Commission européenne ou des Etats membres, fassent montre d’une véritable ambition en matière de prévention des maladies liées aux comportements et à l’environnement. Et ce, quelles que soient les pressions exercées par des lobbies puissants comme les industries du tabac, de l’alcool, de la téléphonie mobile (ondes électromagnétiques), ou encore les industries chimiques et singulièrement celle de l’agro-alimentaire (pesticides) et des emballages (perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A).» L’étiquetage transitoire des contenants avec du BPA pour les publics sensibles, pourtant obligatoire en France depuis le 1er janvier 2013, n’a toujours pas été mis en œuvre. Le Circ a classé les ondes électromagnétiques comme cancérigènes possibles et la pollution au plan mondial comme cancérigène avéré.

Interactions à étudier

Trois médecins spécialisés dans les liens entre cancer et environnement viennent de prendre la plume pour faire part de l’urgence à «penser autrement» le problème soulevé par l’explosion du nombre des cancers, notamment à cause de «l’absence de seuil [à partir duquel une substance produirait des effets identifiés] et du rôle des faibles doses». Selon Thierry Philip (directeur du département Cancer et environnement au Centre Léon Bérard de Lyon), Francelyne Marano (présidente de la société française de santé environnement) et Béatrice Fervers (coordinatrice de l’unité Cancer et environnement au Centre Léon Bérard), «la perception des risques change, les citoyens acceptent les risques qu’ils peuvent contrôler (fumer ou ne pas fumer, s’exposer au soleil ou se protéger, faire ou ne pas faire de sport), alors qu’ils n’acceptent pas les risques qui leurs sont imposés comme la pollution de l’air, les pesticides dans l’alimentation, les risques au travail».

 

C’est dans ce contexte mouvant que les médecins appellent à encourager «l’étude des expositions multiples aux interactions encore mal connues et la compréhension des effets et mécanismes impliqués, [qui] requiert des approches interdisciplinaires associant épidémiologie, méthodes spatiales, toxicologie, biologique moléculaire, génétique… (…) Certes, il faut soigner les malades (…) Penser autrement le lien entre cancer et environnement, ça commence à venir. Financer autrement la recherche et la prévention dans ce domaine, ça devient urgent», concluent-ils. Les annonces du jour ne sont pas de nature à les rassurer.


[1] La simazine et le terbuthylazin, dont les demi-vies (temps nécessaire pour que la moitié du produit soit éliminée) sont respectivement estimées à 2 ans et à 46 jours.

[2] Jean-Paul Vernant, professeur d’hématologie à la Pitié Salpêtrière (Paris)

Le réseau Zero waste s’installe en France

Gilles van Kote
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Né en Californie dans les années 1980, le concept du zéro déchet avait fait une tentative avortée d’implantation en France au début des années 2000. N’était-ce que partie remise? Le lancement officiel de Zero Waste France a eu lieu, samedi 1er février, à l’hôtel de ville de Bobigny, devant un parterre de militants et de citoyens convaincus que l’incinération et la mise en décharge ne sont pas des fatalités.

« Nous avons choisi l’appellation Zero Waste plutôt que Zéro Déchets France, parce qu’en anglais, waste signifie à la fois déchets et gaspillage, et que nous nous inscrivons dans le cadre du réseau Zero Waste Europe », explique Flore Berlingen, directrice du Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid), association porteuse du projet.

Pour l’occasion, Zero Waste Europe avait délégué à Bobigny sa « star » Rossano Ercolini, un enseignant italien dont les convictions ont fait de la petite ville de Capannori, en Toscane, le pionnier européen du zéro déchet. Lauréat du Goldman Prize 2013, le « Nobel de l’environnement », et reçu à ce titre à la Maison Blanche par Barack Obama, il a expliqué dans un vibrant plaidoyer comment l’engagement de ses concitoyens avait permis de faire reculer de 39 % en dix ans la quantité de déchets produite par habitant et de parvenir à un taux de recyclage de 82 %, soit plus du double de la moyenne européenne.

« Le zéro déchet, c’est un voyage plus qu’une destination », a joliment complété Enzo Favoino, le coordinateur scientifique de Zero Waste Europe, signifiant ainsi qu’il ne s’agit pas de poursuivre une utopie mais d’aller le plus loin possible dans la réduction de la part non recyclable de déchets. Pour cela, les responsables du réseau européen insistent sur trois nécessités : l’abandon du recours à l’incinération, la collecte en porte-à-porte des déchets organiques et le développement de l’écoconception des produits de consommation.

UN ENGOUEMENT SUSPECT

Le réseau Zero Waste Europe, lui-même membre de Zero Waste International Alliance, revendique environ 300 villes membres, situées pour l’essentiel en Italie et dans le nord de l’Espagne, « parce que c’est là que le problème des déchets se pose le plus gravement, en raison de l’inaction de la classe politique et de la corruption », affirme Joan Marc Simon, son directeur exécutif.

En Italie, le nombre de villes adhérentes au mouvement est passé en trois ans de 25 à plus de deux cents, en engouement presque… suspect. « Il faut faire attention, c’est en train de devenir une mode, avertit Rossano Ercolini. Il nous faut suivre ce que réalisent vraiment ces municipalités. »

A Bobigny, où les élus ne se bousculaient pas, Zero Waste France n’a pas été en mesure d’annoncer l’adhésion d’une première collectivité. Ce sera pourtant un passage nécessaire pour espérer faire décoller le mouvement. « Il faut trouver une ville qui ne soit pas trop grande, qui fasse le choix de porter ce projet politique, et élargir le réseau à partir de cet exemple », conseille Joan Marc Simon.

Qui sera le premier à se lancer ? Des communautés d’agglomération ou de communes comme le Grand Besançon ou la Porte d’Alsace, dans le Haut-Rhin, sont déjà en pointe sur la question des déchets ménagers. Le Capannori français se trouve peut-être parmi elles.

La corruption coûte 120 milliards d’euros à l’Europe

Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
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La corruption – « abus de pouvoir à des fins d’un profit personnel » – coûterait quelque 120 milliards d’euros par an aux 28 pays de l’Union européenne. Aucun d’entre eux n’est épargné, même si leur situation varie fortement. C’est l’une des conclusions du rapport – le premier du genre – que devait présenter, lundi 3 février, la Commission.

L’initiative a été lancée en juin 2011, alors que la crise financière bat son plein, met sous pression les gouvernements et coûte cher aux citoyens. Or, « la corruption sape la confiance de ces derniers dans les institutions démocratiques et l’Etat de droit, nuit à l’économie et prive les pouvoirs publics des recettes fiscales dont ils ont besoin », explique Cécilia Malmström, la commissaire européenne aux affaires intérieures.

Ses services ont examiné la situation dans chaque pays membre de l’Union et dressent, pour la France, un diagnostic mitigé. « Paris a légiféré sur de nombreuses questions touchant à la corruption mais n’a pas élaboré de stratégie nationale spéciale de lutte contre ce phénomène », relève la Commission.

DES PROGRÈS DEPUIS 2007

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les Nations unies (qui s’appuient sur une convention multilatérale anticorruption, l’Uncac) et le groupe compétent du Conseil de l’Europe (Groupe d’Etats contre la corruption, Greco) saluent cependant les progrès accomplis depuis 2007, avec une réforme législative importante, dont une loi anticorruption contenant des dispositions pénales et créant sept nouvelles infractions.

En 2012, le rapport « Pour un renouveau démocratique » de la commission présidée par Lionel Jospin a recommandé une série de mesures, dont la restriction du cumul des mandats, la limitation de l’immunité présidentielle ou le renforcement des règles sur le financement des partis.

Mais le gouvernement a suspendu les débats sur les projets qu’il avait élaborés alors que les institutions internationales recommandent des pas supplémentaires. Notamment l’allongement des délais de prescription et l’extension de l’incrimination du délit de trafic d’influence à des responsables étrangers.

L’opinion, elle, juge la corruption « très répandue » dans le pays : c’est ce qu’affirment 68 % des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage, – l’Eurobaromètre spécial 2013 –, réalisé en février et mars 2013. Un score qui reste toutefois inférieur à la moyenne européenne, de 76 %.

Quelque 62 % des Français pensent qu’on ne peut réussir en affaires sans avoir de relations dans le monde politique (56 % pour l’ensemble de l’Union) et 58 % pensent que les abus de pouvoir et l’usage de pots-de-vin sont répandus parmi le personnel politique (moyenne des Vingt-Huit : 56 %). Quelque 2 % des sondés disent avoir été personnellement confrontés à des affaires de corruption.

LES PATRONS DÉNONCENT LE FAVORITISME

Du côté des patrons, interrogés pour un autre Eurobaromètre, le diagnostic n’est pas plus positif. Selon 73 % d’entre eux, le favoritisme et la corruption entravent la concurrence entre les entreprises. Et 59 % des sociétés françaises affirment que la corruption est l’un des problèmes auxquelles elles sont confrontées dans l’exercice de leurs activités. Sur ces deux derniers points, c’est plus que la moyenne européenne, respectivement de 69 % et 43 %.

Et c’est dans le domaine des marchés publics, à l’échelon national ou local – soit, au total, une activité qui pesait, en 2011, 369 milliards d’euros et 18,5 % du produit intérieur brut – que le phénomène serait le plus prégnant. Soumissions concertées, critères de sélection imprécis, invocation abusive de l’urgence ou cahier des charges rédigé « sur-mesure », ces pratiques ne conduisent pas toujours à des faits de corruption mais accroissent les risques, juge le rapport.

Le Service central de prévention de la corruption (SCPC), créé en 1993 et placé sous l’autorité du garde des sceaux, décèle des dangers spécifiques aux marchés locaux, où les mécanismes de contrôle sont très insuffisants. Les manquements, y compris pour « délit de favoritisme », sont rarement punis et, s’ils le sont, débouchent généralement sur des condamnations avec sursis ou des amendes légères. Même constat pour le délit d’enrichissement illicite (douze affaires dénoncées depuis 1988 et classées sans suite par le parquet).

S’appuyant sur les rapports du SCPC, Bruxelles juge par ailleurs que le cumul des mandats est « l’un des facteurs les plus propices à la corruption » dans un pays où plus de sept parlementaires sur dix occupent au moins une autre fonction.

La corruption transnationale est un autre souci des services de Bruxelles. « Si les autorités françaises ont obtenu des résultats lors de leurs enquêtes très médiatiques sur le plan national, leur participation à la lutte contre la corruption dans les transactions commerciales internationales est moins probante », affirme le rapport, qui vise sociétés privées et entreprises publiques.

Pour l’OCDE, le fait que les juridictions françaises soient compétentes seulement si l’auteur d’un délit est de nationalité française explique ces lacunes. Tout comme les dispositions qui prévoient que l’acte doit constituer un délit à la fois en France et dans le pays où il a été commis.

D’autres points méritent « une attention accrue », conclut le chapitre sur la France : « La poursuite des efforts » pour assurer l’indépendance des procureurs, les moyens de certains services – la section financière du pôle économique et financier de Paris a perdu un tiers de ses magistrats – ou la nécessité de clarifier le financement des partis et des campagnes électorales.

Avec, en 2011, sa décision d’établir tous les deux ans un rapport sur la corruption de l’Union européenne, la Commission affirmait « vouloir ouvrir le débat » avec les pays membres et le Parlement. En 2012, Bruxelles a présenté une proposition de directive sur les atteintes aux intérêts financiers de l’Union et une définition de la notion d’« agent public » incluant les élus.

Dans une communication, en janvier, sur une « renaissance industrielle européenne » et sa Stratégie Europe 2020 pour la croissance, Bruxelles évoque la qualité de l’administration publique et la maîtrise de la corruption comme des aspects importants pour la relance. Les recommandations anticorruption adressées à chaque pays feront l’objet d’un programme de « partage des expériences » avant une nouvelle étude, en 2016.